Emploi des Cadres : «Les intentions de recrutement en 2023 sont quasiment au même niveau que 2022», se réjouit Gilles Gateau

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Gilles Gateau, directeur général de l'Association pour l'Emploi des Cadres, répond aux questions de Lionel Gougelot. Il annonce de très bons résultats avec plus de 300.000 embauches de cadres pour l'année 2022.

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00:00 - Excellente matinée à l'écoute d'Europe 1, il est 6h40. Votre invité Lionel Gilgato, directeur général de l'APEC, l'association pour l'emploi des cadres.
00:07 - Bonjour Gilgato. - Bonjour. - Merci d'être en ligne ce matin sur Europe 1.
00:12 Vous êtes donc le directeur général de l'APEC et vous annoncez de très bons résultats concernant l'emploi des cadres pour l'année 2022.
00:19 La barre des 300 000 recrutements a été franchie l'an dernier pour les cadres. Comment vous l'expliquez d'abord tout simplement ?
00:27 - Alors c'est un record, on n'a jamais embauché autant de cadres en France et on est revenu maintenant sensiblement au-dessus du niveau de l'avant crise sanitaire.
00:38 On est au-dessus de l'année 2019. Il y a clairement eu en 2021 un effet de rattrapage après la crise Covid qui a mis entre parenthèses beaucoup de projets.
00:50 Là en 2022, notre sentiment c'est qu'on est au-delà de ce rattrapage. On est vraiment dans une dynamique qui a été très tirée évidemment par la croissance et notamment la croissance de l'investissement
01:03 et une confiance des entreprises malgré la guerre en Ukraine, malgré l'inflation, malgré la crise énergétique.
01:11 On voit bien que, en tout cas pour ce qui concerne le recrutement des cadres, des ingénieurs dont on a besoin pour croître, les entreprises ont gardé une dynamique très forte.
01:22 - Cette tendance, vous pensez la confirmer pour cette année 2023 ? Je crois savoir qu'il y a des perspectives d'embauche au-delà des 300 000 encore une fois qui sont envisagées.
01:34 - Alors c'est ce que nous disent les entreprises qu'on a effectivement interrogées dans notre panel. Les intentions de recrutement de 2003 sont quasiment au même niveau record qu'en 2022.
01:44 Ça montre que cette confiance est là. Honnêtement, ça nous a un petit peu surpris ce très très bon résultat parce que on voit bien qu'en 2023, les instituts de prévision nous annoncent une croissance plutôt plus faible
02:03 qu'en 2022. Je pense qu'un phénomène qui joue probablement aussi dans les entreprises, c'est les grandes tensions, les grandes difficultés que l'on connaît aujourd'hui à recruter.
02:16 Le délai moyen pour recruter un cadre est passé en un an de 8 à 11 semaines. Il faut presque en moyenne 3 mois pour trouver un candidat sur un poste.
02:27 Et encore, on ne trouve pas toujours. 25% des entreprises ont renoncé au moins à un recrutement de cadre l'année dernière, faute d'avoir trouvé le candidat.
02:37 Donc peut-être que beaucoup d'entreprises se disent "Ok, il y a des incertitudes dans le paysage économique, mais si je mets sur pause mes recrutements, j'aurai plus de mal demain à trouver les compétences dont j'ai besoin."
02:51 - Je risque de le payer plus tard, effectivement.
02:53 - Sans doute ça joue.
02:55 - Quels sont les profils qui sont particulièrement recherchés par les employeurs et selon les secteurs ?
03:03 - Alors, on trouve à peu près le même tiercé de tête, on va dire, qu'avant la crise de 2020. L'informatique, d'abord. Les ingénieurs de recherche et développement, d'études.
03:20 Et puis les commerciaux, commerce et marketing restent aussi un très gros pouvoir d'emploi.
03:26 Ces trois fonctions-là regroupent à peu près la moitié des embauches de cadres en France.
03:32 Après, on trouve différentes fonctions dans l'industrie, dans le tertiaire.
03:38 Ce qui tire beaucoup les prévisions 2023 d'embauche de cadre, c'est ce qu'on appelle les services à forte valeur ajoutée.
03:46 Les activités informatiques de télécom, l'ingénierie, la R&D, les activités de conseil, les comptables aussi, de banque, d'assurance, tout ce qui accompagne le développement des entreprises.
03:57 Et puis il y a des secteurs dans lesquels on n'est pas revenu au niveau de l'avant-crise, et où l'année 2023 est à peu près au même niveau que 2022, voire en dessous, c'est l'industrie.
04:11 On souffre toujours dans l'industrie, alors il faut entrer dans le détail, il y a par exemple l'aéronautique, ça repart très fort en 2023,
04:19 mais d'autres secteurs industriels, notamment dans l'alimentaire, sont plus en difficulté et moins en dynamique.
04:27 Et puis la construction également, on voit le signe là du ralentissement des mises en chantier,
04:32 -7% d'intention d'embauche en 2023 par rapport à 2022 dans le secteur de la construction.
04:38 - Est-ce que vous êtes touché, concerné, impacté par ces phénomènes de démission ?
04:44 Est-ce que les cadres sont également concernés par ce phénomène dont on parle de plus en plus actuellement sur le marché de l'emploi ?
04:52 - Alors, un peu plus qu'avant la crise de 2020, c'est vrai.
04:57 On le voit d'ailleurs dans nos chiffres, puisqu'on suit aussi les sorties de cadres des entreprises pour différents motifs.
05:06 La retraite, c'est assez stable, le nombre de départs en retraite.
05:11 Mais par contre, c'est vrai, les sorties pour démission ou rupture conventionnelle ont augmenté l'année dernière.
05:20 On est à un niveau là aussi historique en 2022, 292 000 versus 260 000 en 2021, donc ça augmente.
05:31 Mais ça n'est pas non plus un raz-de-marée, vous savez aux États-Unis, ils sont confrontés à un phénomène qu'on appelle vraiment la grande démission.
05:39 Ça n'est pas le cas en France, il n'y a pas de grande démission.
05:41 - C'est pas une inquiétude pour les entreprises ?
05:43 - Non, évidemment que les entreprises, elles sont préoccupées et inquiètes à l'idée de voir des cadres qui sont essentiels à leur fonctionnement partir.
05:53 Et quand il y a un marché très dynamique comme celui que je vous décris, évidemment ça veut dire qu'il y a beaucoup d'opportunités d'embauche.
06:00 Notamment quand on aspire à une progression salariale ou parfois qu'on cherche d'autres choses que le salaire, un meilleur équilibre de vie, perso, vie pro,
06:10 on peut plus facilement changer d'entreprise.
06:14 Il y a une volonté des entreprises de fidéliser, comme on dit, leurs collaborateurs, leurs cadres,
06:19 mais il n'y a pas ce phénomène de grande démission qu'on a pu connaître aux États-Unis où là les chiffres ont quasiment doublé.
06:26 Vous voyez, ce que je vous ai cité tout à l'heure, c'est pas un doublement, c'est un accroissement, mais c'est pas un doublement.
06:32 - Une question également sur l'embauche des cadres, mais cette fois des seniors.
06:36 Est-ce que dans les observations que vous faites, l'embauche des seniors est également sur une bonne tendance ?
06:45 Et vous devinez le pourquoi de ma question, parce que dans le cadre de la réforme des retraites, ça peut être une notion importante dans les mois et les années qui viennent.
06:54 - Alors, s'agissant des cadres, disons que les grands bénéficiaires de cette forte dynamique d'embauche en 2022,
07:04 et qui, comme je le disais, va se poursuivre certainement en 2023,
07:08 les premiers bénéficiaires, ce sont les jeunes diplômés.
07:12 Leur situation s'est considérablement améliorée.
07:16 La promotion sortie en 2021 avec son diplôme, licence, master, doctorat, 88% sont en emploi en 2022.
07:26 Donc on voit que c'était à peine 60% dans la promotion qui est arrivée sur le marché du travail pendant la crise Covid.
07:35 Donc ça a beaucoup profité aux jeunes diplômés.
07:37 - Les seniors, en quelques mots s'il vous plaît.
07:38 - Malheureusement, on ne peut pas dire que ça ait profité beaucoup aux seniors.
07:42 Il reste chez les cadres le sujet numéro 1, le taux de chômage des cadres de 55 ans et plus,
07:48 il est de 6,8% quand le taux de chômage moyen des cadres est de 4%.
07:53 Donc on voit que pour eux, après 50-55 ans, c'est beaucoup plus difficile de revenir dans un emploi quand on l'a perdu,
08:01 ou quand on en est parti pour telle ou telle raison.
08:04 Et ça reste le sujet numéro 1 sur le marché du travail, celui des cadres seniors.
08:10 C'est le genre qui sont expérimentés, qui sont diplômés, qui sont qualifiés, hautement qualifiés,
08:16 et qui pour la plupart sont en bonne santé, parce que chez les cadres,
08:19 on n'a pas le phénomène d'usure professionnelle qu'on peut avoir dans des métiers pénitentiaires.
08:23 - Ça reste donc un enjeu essentiel.
08:25 Merci Gilles Gâteau d'avoir été en ligne ce matin sur Europe 1.
08:29 Gilles Gâteau, directeur général de l'APEC, l'Association pour l'Emploi des Cadres.
08:32 Bonne journée.

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