• l’année dernière
À l'occasion de la publication du septième baromètre sur l'utilité du journalisme réalisé par Viavoice pour les assises internationales du journalisme de Tours en partenariat avec Radio France, Adrien Broche responsable des études politiques à Viavoice est l'invité de 6h20.

Retrouvez les invités de 6h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Les 16e assises du journalisme ont lieu toute cette semaine à Tours, l'occasion pour
00:03 la profession de s'interroger et d'échanger sur ses propres pratiques.
00:07 D'autant que le baromètre qui accompagne cet événement n'est pas très élogieux
00:11 pour le métier, baromètre de l'institut Via Voice que nous vous dévoilons ce matin
00:14 avec notre invité.
00:15 Bonjour Adrien Broch.
00:16 Bonjour.
00:17 Vous êtes le responsable des études politiques et des études publiées chez Via Voice.
00:21 Alors la thématique de cette année c'est « Retrouver le goût de l'info ». Formuler
00:25 ainsi c'est pas bon signe, ça veut dire que les français n'aiment plus l'info ?
00:27 Ça veut pas forcément dire que les français n'aiment plus l'info.
00:31 Premier renseignement de ce baromètre, effectivement, et c'est pour ça qu'on commence aussi
00:35 par là, on a une chute de 6 points sur ce qu'on appelle le sentiment d'utilité
00:38 du journalisme dans la société française.
00:40 On était, pour donner un exemple, à 90% l'année dernière de la population française
00:46 qui estimait que le journalisme était un métier utile.
00:48 On descend cette année à 84%, donc une chute de 6 points qui s'explique essentiellement.
00:53 Et c'est le plus bas, c'est le niveau le plus bas depuis que ce baromètre existe,
00:56 c'est la 7ème édition, c'est même plus bas que durant la crise des Gilets jaunes.
00:59 Tout à fait, on était à 86% de la société française au moment des Gilets jaunes, début
01:04 2019, on descend à 84, donc avec même 2 points en moins qu'à ce moment-là, qui
01:10 s'explique notamment par des baisses chez un certain nombre de segments de la population,
01:14 les cadres, les 60 ans et plus, les retraités qui peuvent, dans un contexte évidemment,
01:19 le journalisme étant aussi un thermomètre de l'état de santé de la société française,
01:24 être brusqué ou en tout cas émettre des critiques envers ce circuit intermédiaire
01:29 de l'information que peut représenter le journalisme.
01:31 Oui parce qu'il faut préciser dans quel contexte ce sondage a été réalisé, c'était
01:34 il y a deux semaines, petite parenthèse, donc vous avez interrogé un millier de personnes
01:38 par internet, donc il y a deux semaines, c'est-à-dire pendant la crise de la réforme des retraites,
01:43 les débats, les manifestations, et ça, ça a pesé donc sur le résultat.
01:46 Exactement, les dates, ce qu'on appelle les dates de terrain dans le milieu, c'est-à-dire
01:50 les dates d'interrogation des personnalités comptent toujours dans les résultats.
01:56 Donc on est actuellement dans une conjoncture de crise sociopolitique assez aiguë, ça
02:01 n'aura échappé à personne.
02:02 Et puis on a aussi d'autres phénomènes journalistiques ces dernières semaines qui
02:05 se sont abattus sur l'espace public.
02:07 L'affaire Pierre Palmade a occupé une couverture médiatique importante aussi.
02:10 Ce sont des choses qui peuvent compter dans ce type de questions.
02:13 Peut-être juste une information aussi qui est intéressante sur l'âge et le rapport
02:16 générationnel.
02:17 On a en fait une homogénéité assez globale sur les tranches d'âge, que ce soit les
02:21 plus jeunes comme les plus seniors.
02:23 On a un rapport à l'utilité informationnelle qui est assez égal.
02:26 En revanche, on fait un peu plus confiance à l'information dite professionnelle quand
02:30 on est senior, en gros 60 ans et plus, que quand on est les plus jeunes, 18-24.
02:33 Ça veut dire quoi l'information professionnelle ?
02:35 L'information qu'on trouve dans les médias professionnels.
02:37 On l'oppose dans le baromètre depuis maintenant 2018 à l'information relayée sur les réseaux
02:42 sociaux.
02:43 On est à 65% des plus jeunes qui ont confiance dans cette information professionnelle.
02:47 85 chez les plus de 60 ans, c'est 20 points de plus.
02:50 Est-ce que les personnes que vous avez sondées continuent malgré tout à s'informer régulièrement
02:54 ?
02:55 Tout à fait.
02:56 On parle parfois dans les commentaires politiques d'apathie démocratique.
02:58 Les Français n'iraient plus, ou en tout cas un certain nombre de Français n'iraient
03:01 plus au vote, se réfugieraient dans l'abstention.
03:03 On n'a pas d'apathie informationnelle.
03:05 On a 95% aujourd'hui de la population française.
03:08 C'est en fait la quasi-totalité qui déclare s'informer tous les jours.
03:12 En revanche, on en a effectivement à peu près un quart, 25% de la population, un tiers
03:18 de la population française qui a moins le goût de s'informer.
03:21 Alors quand on leur demande pourquoi, c'est d'abord une information trop anxiogène,
03:25 considérée comme trop anxiogène par les trois quarts de ces personnes-là, et puis
03:28 une information de la répétition.
03:29 Mais attends, si c'est la réalité ?
03:30 Voilà, c'est la difficulté.
03:33 Comment parler des incendies, de la guerre en Ukraine, du Covid ou de la réforme des
03:37 retraites de manière peu anxiogène ?
03:39 C'est évidemment une équation quasiment insoluble.
03:41 Mais c'est une critique qui est émise et on le verra peut-être un peu plus tard.
03:45 C'est en revanche une information qui est une thématique à laquelle les Français
03:50 en appellent, c'est-à-dire quelque chose de plus positif peut-être sur certains aspects.
03:53 Et donc ça veut dire que dans votre étude, vous n'avez pas observé cette fatigue informationnelle
03:57 dont certains parlent depuis plusieurs mois ?
03:58 On n'a pas observé cette fatigue informationnelle.
04:01 En revanche, je pense que le climat de surcharge informationnelle, d'obésité informationnelle,
04:05 peu importe comment on l'appelle, est plan tout au long du résultat de ces études.
04:10 Encore une fois, cet aspect de la répétition des journalistes, ça peut être la répétition
04:15 des médias et des canaux d'information entre eux.
04:17 Évidemment, les radios peuvent et les télés diffuser une information commune ou alors
04:22 à l'intérieur même d'un média, c'est le cas plutôt des chaînes d'info, un phénomène
04:26 de répétition en répétant un certain nombre de sujets heure par heure.
04:30 Et ça, c'est effectivement quelque chose d'important qui explique aussi qu'on a
04:35 un peu plus de la moitié de la population française aujourd'hui qui estime que l'information
04:38 s'est dégradée, notamment en raison d'une information parfois trop vite relayée, mais
04:43 aussi qui se répète.
04:45 Mais alors comment redonner envie ? Comment faire pour que ce baromètre… on récupère
04:51 des petits points quand même au fur et à mesure des années.
04:54 Alors il y a un enjeu qui nous apparaît important quand on a demandé à l'opinion est-ce
04:59 que pour elle une information, une bonne information, ça doit être une information qui confirme
05:03 une opinion ou qui infirme une opinion.
05:05 On nous dit ni l'un ni l'autre à hauteur de 70%.
05:09 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, l'information à laquelle l'opinion en appelle, la bonne
05:13 information à laquelle on appelle, ça n'est pas forcément, pas nécessairement une information
05:17 de la déconstruction mais de la construction d'avis.
05:19 Et encore une fois dans ce climat de démultiplication des canaux d'information, priorité est
05:24 donnée à une information qui nous aide à nous forger notre propre avis.
05:28 C'est d'ailleurs le seul item dans les questions qu'on pose chaque année depuis
05:31 maintenant 2018 qui est en augmentation.
05:34 Donc priorité à cette information-là qui soit toujours mieux vérifiée, encore une
05:38 fois.
05:39 Multiplication des canaux où on veut une information qui soit vérifiée, une information
05:43 impartiale, une information claire et utile au quotidien.
05:46 C'est aussi pour ça que le défi et l'information scientifique sur le climat peut être intéressant.
05:49 Il y a un point important aussi dans votre étude.
05:52 Vous dites qu'il y a des infos qui ont incité les Français à davantage s'informer des
05:56 sujets d'actualité, les incendies, la sécheresse qui était liée à l'urgence climatique,
06:00 le débat sur les retraites.
06:01 Mais ce sont ces mêmes infos que les personnes que vous avez sondées trouvent trop anxiogènes.
06:07 Ce n'est pas contradictoire ?
06:08 Alors ça peut être contradictoire.
06:10 On peut aussi avoir envie de davantage s'informer sur des sujets qui sont anxiogènes.
06:14 C'est évidemment une question difficile.
06:17 Je pense que le bon critère pour juger de l'envie de davantage s'informer, même
06:22 avant le critère de l'anxiogène, c'est celui de l'utilité.
06:26 On se rend compte qu'aujourd'hui, s'informer sur les incendies, les sécheresses, ça devient
06:30 absolument essentiel et c'est pour ça qu'on a un peu plus de la moitié de la population
06:33 française qui nous dit que ces phénomènes-là leur ont donné envie de davantage s'informer.
06:37 Ça peut être le cas aussi sur des débats un peu techniques.
06:39 La réforme des retraites, maintenant on y est tous plus ou moins habitués, mais ce
06:42 n'était pas forcément le cas au début.
06:44 La guerre en Ukraine, sur ces sujets-là, aussi anxiogènes soient-ils, ils sont techniques,
06:48 ils sont compliqués et ils donnent envie de davantage s'informer.
06:50 Merci beaucoup Adrien Broch d'être venu ce matin sur France Inter.
06:53 Nous détailler ce baromètre réalisé par votre institut Via Voice.
06:58 Vous êtes le responsable des études politiques chez Via Voice.
07:01 Baromètre dévoilé à l'occasion des Assises du journalisme.
07:05 Ça se passe à Tours jusqu'à vendredi.
07:07 Et Radio France est partenaire de cet événement.

Recommandations