Mer Noire : "la destruction de ce drone est un acte volontaire"

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Transcription
00:00 On en parle avec le général Jérôme Pellistrand, rédacteur en chef de la revue Défense Nationale.
00:04 Bonsoir, merci d'être avec nous.
00:05 Cet incident, il est vraiment la première confrontation directe entre les États-Unis et la Russie
00:09 depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie ?
00:12 Officiellement, oui. Et donc c'est quand même quelque chose qui est très spectaculaire
00:15 puisque cela aboutit donc à la destruction de ce drone qui est un gros engin.
00:21 Ce n'est pas un petit drone tel qu'on peut le voir par exemple sur le champ de bataille.
00:25 C'est un gros engin.
00:26 Le Reaper, c'est celui-là ?
00:28 Voilà. Nous avons d'ailleurs le même type d'engin d'origine américaine que nous utilisons en opération.
00:34 Donc c'est quelque chose qui est très visible, qui est facilement repérable
00:38 et qui était dans une mission d'observation.
00:40 Donc le fait que les Russes l'aient en quelque sorte précipité au fond de la mer Noire
00:47 est quelque chose qui n'est pas très fin dans le contexte actuel.
00:49 Mais qu'est-ce qui se passe autour de la mer Noire, général ?
00:52 C'est encombré de drones et d'avions.
00:54 Il y a des risques effectivement de collision, de se tromper de cible ?
00:58 Non. En fait, très clairement.
01:00 Et d'ailleurs, c'est très intéressant, quand vous allez sur le site internet Flightradar,
01:03 chacun peut aller voir, y compris l'avion qu'il va utiliser pour se déplacer.
01:08 Eh bien, on voit les drones.
01:10 On voit également tout le dispositif que l'OTAN a mis en place depuis le 24 février l'année dernière
01:16 pour surveiller ce qui se passe.
01:18 Et donc en gros, de la mer Noire jusqu'à la Baltique, du côté...
01:21 Alors bien sûr, à l'ouest de l'Ukraine, vous avez des drones, vous avez des avions de ravitaillement,
01:27 vous avez des avions de surveillance qui surveillent ce qui se passe.
01:31 Et le drone qui a été détruit hier était au-dessus de la mer Noire,
01:35 dans une zone qui, en fait, est libre, et dans laquelle ce type d'engin peut se déplacer.
01:41 Et comment analyser la réaction des deux puissances ?
01:43 Est-ce qu'elles s'efforcent de minimiser l'impact justement de ce drone abattu en mer Noire ou pas ?
01:50 Elles minimisent ?
01:50 Oui, elles minimisent.
01:52 On le voit, alors, l'ambassadeur russe a été convoqué immédiatement à Washington.
01:56 Il faut rappeler qu'il est ambassadeur à Washington depuis 2017,
01:59 donc il commence quand même à bien connaître les arcanes de la Maison-Blanche.
02:04 Et donc on voit bien qu'il y a une volonté de...
02:07 Alors, avec bien sûr des narratifs différents, que l'on soit du côté américain ou du côté russe.
02:12 Du côté américain, c'est dire "mais nous sommes de plein droit et c'est un drone d'observation",
02:17 et du côté russe, en essayant en quelque sorte de dire "c'est un acte hostile",
02:22 mais sans pour autant chercher une escalade verbale du moins.
02:26 Est-ce qu'il peut déraper effectivement cet incident et entraîner un conflit plus large ?
02:30 Alors, c'est un risque.
02:31 C'est un risque parce que, bien sûr, il manque encore un certain nombre d'informations.
02:36 On peut estimer quand même que les Américains ont beaucoup plus d'informations qu'ils n'en communiquent.
02:41 Par exemple, certainement que les conversations entre les pilotes russes qui étaient autour du drone
02:46 et les officiels russes ont été enregistrées.
02:51 En tout état de cause, oui, il pourrait y avoir une escalade,
02:54 à condition que les Américains veulent cette escalade, ce qui n'est pas le cas actuellement.
02:59 On essaye au maximum de limiter le conflit, tout en bien sûr continuant à supporter l'Ukraine.
03:04 La France, elle a déclaré aujourd'hui que les actions d'intimidation n'étaient pas acceptables.
03:08 Qu'est-ce qu'elle signifie lorsqu'elle dit ça ?
03:10 La destruction de ce drone est un acte volontaire.
03:13 Bien sûr, les Russes ont dit qu'ils ont intercepté, mais que c'est pas...
03:16 Oui, pour l'instant, ils n'ont pas dit que c'était volontaire.
03:18 Oui, mais enfin...
03:19 Ni les Russes ni les Américains, d'ailleurs.
03:21 Mais vraisemblablement, ces drones sont extrêmement fiables,
03:25 donc il ne peut y avoir qu'un acte, un des succoïs qui est passé un petit peu près,
03:30 ou ainsi de suite, qui a entraîné la destruction de l'engin.
03:32 Donc pour vous, ça ne peut être que volontaire ?
03:34 Ça ne peut être que volontaire, ce n'est pas une rencontre fortuite, d'autant plus que...
03:40 Une malencontreuse ?
03:42 Oui, non, c'est d'autant plus que les Russes auraient volé à côté du drone pendant 30 à 40 minutes,
03:48 donc ils avaient largement le temps de voir ce qui se passait.
03:51 Donc c'est une décision qui a été mûrement prise, au moins par les pilotes.
03:56 Et donc ça veut dire que là, on teste ?
03:58 Depuis le début, on teste.
04:00 Depuis le début, on voit bien que, d'une part, l'objectif, c'est à la fois de protéger le flanc ouest de l'Europe,
04:09 enfin le flanc est de l'Europe par rapport aux ambitions russes,
04:12 tout en soutenant l'Ukraine, parce qu'il faut se rappeler que cela se passe dans le contexte de la guerre en Ukraine,
04:18 et on voit aussi que les Russes cherchent à chaque fois à aller à la limite pour voir jusqu'où iront les Occidentaux.
04:25 Alors justement, le fait qu'ils minimisent l'incident côté États-Unis, Russie, est-ce que ça fait jurisprudence ?
04:32 Alors je pense aussi que... Bon, les Russes sont pragmatiques.
04:37 Ils savent que même si, entre guillemets, ils pourraient s'enorgueillir d'avoir détruit un drone américain,
04:43 bon, ils ne sont pas de taille à affronter l'US Air Force.
04:47 Ils savent que s'ils voulaient engager une épreuve de force par rapport à la puissance américaine,
04:53 ils seraient rapidement balayés, et sans tomber même dans la menace nucléaire.
04:58 Donc je pense qu'il est de l'intérêt des Russes d'essayer de minimiser,
05:02 mais ils continueront cette stratégie de voir jusqu'où iront les Occidentaux, d'où la déclaration française de ce soir.
05:10 — Merci beaucoup d'avoir été avec nous, général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale.

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