Chaque lundi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Philippe Val livre son regard sur l'actualité.
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00:00 D'abord Philippe Ball. Bonjour Philippe. Bonjour Dimitri. Votre sujet préféré ce matin, les femmes.
00:05 Ah oui oui. Dites-moi, croyez-vous qu'il y aurait eu des citoyens...
00:10 Croyez-vous que s'il n'y avait pas eu des citoyens blancs et libres pour épouser la cause des esclaves,
00:15 on aurait mis la fin à l'esclavage en Amérique ?
00:17 Probablement pas. Bah non.
00:19 Pensez-vous que s'il ne s'était pas trouvé des blancs révoltés par l'apartheid en Afrique du Sud
00:24 et pour militer aux côtés de Nelson Mandela, on serait venu à bout d'un régime criminel ?
00:28 Je dirais même réponse. Il y a peu de chance en effet.
00:31 Et en France, sans les Français d'origine européenne qui ne supportaient pas la brutalité des discriminations,
00:37 aurait-on voté les lois qui pénalisent le racisme ?
00:40 Je dirais non mais où est-ce que vous voulez en venir ?
00:41 J'y arrive.
00:43 Et sans les hommes engagés à leur côté, le combat des femmes pour l'égalité des droits,
00:48 ne serait-il pas resté l'être morte comme il l'a été pendant des millénaires ?
00:52 Et le sort des misérables, aurait-il connu quelques embellies notables sans le richissime Victor Hugo
00:58 ou le bourgeois Léon Blum ?
01:00 En résumé, Philippe, les injustices n'auraient jamais reculé sans la solidarité de ceux qui n'en souffrent pas.
01:07 Et bien voilà, c'est ça. Jusqu'à maintenant, je le pensais, mais aujourd'hui je constate que ce temps est révolu.
01:14 L'idéologie woke, si l'on en croit ses militants, n'existe pas.
01:18 Mais bien qu'elle n'existe pas, désormais toute personne qui, par son statut social, son sexe, sa sexualité, son origine
01:25 ou son positionnement politique n'est pas personnellement victime, est accusée d'appropriation culturelle
01:31 et de récupération politique quand elle combat une injustice dont elle ne souffre pas.
01:37 Pour illustrer mon propos, je voudrais rappeler deux événements de la semaine dernière.
01:42 Aurore Berger, à l'Assemblée Nationale, défendait une proposition de loi visant à rendre inéligibles les hommes convaincus de violences envers les femmes.
01:51 Je comprends qu'on débatte de la pertinence de la modalité de cette loi.
01:55 L'Assemblée Nationale est là pour ça.
01:58 Mais le débat s'est transformé en torrent d'invectives venus des bancs de la NUPES, d'où il ressortait
02:04 qu'Aurore Berger, parce qu'elle est macroniste, n'a aucune légitimité à parler au nom des femmes battues.
02:11 Le pire ennemi n'est plus donc celui qui commet le crime, mais l'adversaire politique qui ose militer
02:19 pour la cause dont on prétend avoir l'exclusivité.
02:22 Comment ne pas en déduire qu'on préfère désormais que les femmes continuent à être battues
02:28 plutôt que les voir défendues par un adversaire ?
02:31 Certes, Aurore Berger n'a pas été physiquement agressée ce jour-là, mais humiliée, blessée, injuriée,
02:37 comme le sont souvent les femmes, en toute impunité, par ceux-là même qui ont brillé par leur silence,
02:42 quand par exemple Marie Trintignant a succombé sous les coups de son compagnon,
02:45 l'embarras venait du fait que Bertrand Cantat était dans le bon camp politique.
02:50 - Je vous sens en colère Philippe là.
02:51 - Oui, parce que le soir suivant dans l'émission de Service Public,
02:54 "C'est ce soir", animée par Karim Rissouli, on a remis ça patron.
02:59 Marlène Schiappa, invitée en territoire ennemi, s'est vue interdire de défendre la cause des femmes
03:04 au prétexte qu'elle appartient à la majorité présidentielle.
03:07 Elle s'est fait hurler dessus par une intermittente du spectacle de gauche,
03:10 apparemment seule à habiter à parler au nom des femmes.
03:14 A bout de nerfs, Marlène Schiappa a voulu quitter le plateau,
03:18 mais Karim Rissouli lui a intimé l'ordre de rester,
03:21 sans doute pour sauver la bonne réputation de ces débats judicieusement équilibrés.
03:27 On peut ne pas partager toutes les idées de Marlène Schiappa,
03:30 mais lui interdire le droit de parler de la cause des femmes,
03:33 relève non pas d'un wokisme médiatique, parce qu'il paraît que ça n'existe pas,
03:37 mais bien d'une méthode fascistoïde maquillée en vertu politique.
03:41 - En quelle conclusion vous tirez de cet état des choses, de ces deux affaires ?
03:44 - Qu'à moins d'être un cabotin qui préfère voir triompher son numéro d'indigné
03:50 plutôt que l'idée qu'il prétend défendre,
03:52 chacun sait que la cause de la moitié féminine de l'humanité
03:56 a besoin de toutes les bonnes volontés pour progresser sur le chemin du droit.
04:01 - Merci beaucoup Philippe Valle.
04:02 Votre signature a retrouvé sur Europe 1.