Chaque lundi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Philippe Val livre son regard sur l'actualité.
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00:00 Mais d'abord, Philippe Val, bonjour Philippe, vous avez écouté avec attention le chant
00:04 entonné par les Insoumis à la fin du débat parlementaire sur la retraite vendredi soir.
00:09 - Même nos Insoumis les plus farouches se souviennent qu'ils sont députés d'un pays
00:14 littéraire, celui de Verlaine, de La Fontaine, d'Apollinaire et de Patrick Sébastien.
00:20 Pour clore la séance de l'Assemblée nationale, vendredi dernier, ils ont chanté ce joli
00:26 poème que nous allons analyser ensemble ce matin.
00:29 On est là, on est là, même si Macron ne veut pas, nous on est là.
00:35 Pour l'honneur des travailleurs et pour un monde meilleur, même si Macron ne veut pas,
00:41 nous on est là.
00:42 - On dirait que c'est vous qui l'avez écrite cette chanson Philippe, c'est une chanson
00:45 des Gilets jaunes si je crois bien me souvenir.
00:47 - Oui parce que la chef de la Chorale, Mathilde Panot, n'a pas eu le temps de composer une
00:52 nouvelle chanson pour l'occasion.
00:54 Son planning est trop chargé.
00:56 Entre refuser de serrer la main à Olivier Véran et Jordane Bardella et se faire photographier
01:02 en train de serrer la main à Salah Hammoumi, expulsé d'Israël pour sa tentative d'assassinat
01:07 du Grand Rabbin et pour ses liens avec le FPLP, mouvement classé terroriste par l'Union
01:12 Européenne, la pauvre Mathilde Panot est débordée.
01:16 - Certes, toutes ces activités ne lui laissent pas le temps de composer des chansons Philippe.
01:21 - Non, alors elle a recopié en vitesse l'hymne des Gilets jaunes.
01:24 Peu importe qu'après des revendications légitimes et nécessaires, au bout de quelques semaines
01:29 ce mouvement s'est discrédité en défonçant un ministère au bulldozer, en vandalisant
01:35 l'Arc de Triomphe, en saccageant les Champs-Elysées, en menaçant de mort des policiers, en brandissant
01:40 des pancartes à tonalités antisémites et des effigies du président Macron décapité.
01:45 Mais revenons au poème.
01:47 Il commence par "On est là" répété deux fois, clin d'œil donc aux Gilets jaunes
01:52 pour leur rappeler que les députés et les filles, eux aussi, savent décapiter un ministre
01:56 en effigie, comme l'a fait Thomas Porte en posant le pied sur un ballon représentant
02:01 la tête coupée d'Olivier Dussopt.
02:03 C'est d'ailleurs étrange que plus de 40 ans après que Robert Badinter a convaincu
02:09 un pays réticent d'abolir la peine de mort, on trouve encore un parti de gauche pour lequel
02:15 la décapitation reste la référence en termes d'actes politiques.
02:19 Alors, revenons au poème.
02:20 Philippe, on est là, on est là.
02:22 Oui, on est là pourquoi ? Pour l'honneur des travailleurs et pour un monde meilleur.
02:28 Il s'agit là d'une élégante figure de style qu'on appelle l'antiphrase.
02:33 Elle consiste à dire le contraire de ce que l'on suggère, car il s'agit bien de la
02:37 honte des travailleurs d'être représentés par des pignoufs aux ordres de Mélenchon.
02:42 Ils prétendent refuser l'article 7 concernant la retraite à 64 ans, mais ils accumulent
02:48 juste ce qu'il faut d'amendements pour qu'on ne puisse pas en débattre avant la clôture
02:53 de la séance.
02:54 Ce qui signifie qu'ils ne veulent pas débattre, mais se battre.
02:57 Ou plutôt envoyer le populo aux casse-pipe pendant qu'ils continueront à parader avec
03:02 leurs échappes tricolores.
03:04 Les insoumis ne sont pas fous.
03:05 Ils savent très bien qu'avec leur pitrerie, tel Jean Gabin dans La Bête Humaine, pour
03:11 faire advenir un monde meilleur, ils envoient des pelletés de charbon dans la chaudière
03:15 du Rassemblement National.
03:16 - Bon Philippe, quel est le but de la manœuvre ?
03:18 - Je l'ignore, mais tout se passe comme si Mélenchon recevait ses ordres de Moscou à
03:24 l'exemple des staliniens français aux plus belles heures des empoignades parlementaires
03:28 de l'après-guerre.
03:29 Parce que si on est là, même si Macron ne veut pas, Poutine en revanche veut qu'il
03:33 soit là.
03:34 Aucun doute que le Kremlin regarde avec gourmandise notre Parlement, clé de voûte de nos libertés
03:40 sombrées dans le déshonneur et le ridicule.
03:42 Aucun doute non plus que Poutine, qui parfois se sent seul parce qu'il n'a plus d'amis,
03:48 se console en se disant qu'avec des ennemis comme ça, il n'a pas besoin d'amis.
03:53 - Merci beaucoup Philippe Valle, c'était votre signature du lundi.
03:58 Demain c'est Gaspard Proust qui sera à votre place.
04:00 Il est 8h38.