Régulation de l'intérim dans les hôpitaux : la Fédération hospitalière de France appelle à réquisitionner du personnel

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Arnaud Robinet, maire Horizons de Reims, président de la Fédération hospitalière de France, était dimanche 12 mars l’invité du 8h30 franceinfo.

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00:00 vont-ils devoir réduire leur offre de soins dans moins d'un mois ?
00:03 Le 3 avril entrera en vigueur la loi RIST.
00:06 Elle prévoit de plafonner le tarif des gardes, des médecins intérimaires,
00:11 1170 euros par jour.
00:12 Il faut savoir qu'aujourd'hui, ça peut atteindre parfois les 2000 euros par jour.
00:15 Une forme, voire davantage, de mercenariat,
00:19 mais qui permet quand même de faire tourner certaines petites structures.
00:23 Est-ce que ça veut dire que vous craignez qu'il y ait une grande migration,
00:28 finalement, de certains médecins intérimaires vers des cliniques privées ?
00:32 Tout d'abord, l'application de la loi RIST, partie du 3 avril,
00:35 la FHF le demandait et elle soutient cette application.
00:37 On ne pouvait pas continuer comme ça avec, je dirais,
00:40 des intérimaires payés entre 2000 et 5000 euros.
00:44 5000 euros la journée ?
00:45 La journée, la journée. Pourquoi ?
00:48 Dans une équipe, c'est-à-dire que dans la même équipe,
00:50 vous aviez des médecins, des pratiques hospitaliers,
00:53 qui étaient payés deux fois moins que l'intérimaire
00:57 qui venait passer 24 heures dans le service.
00:59 Et donc cela, bien évidemment, peut amener à certaines difficultés
01:03 et surtout une incompréhension.
01:04 Et derrière ça, c'est de l'argent public.
01:07 On est l'intérim, pour l'hôpital public, c'est 1,5 milliard d'euros chaque année.
01:12 Et donc, ce n'est pas être contre l'intérim, bien au contraire,
01:15 mais de réguler et de plafonner le coup.
01:17 Mais vous allez décourager certains de faire de l'intérim ?
01:20 Bien évidemment que nous sommes conscients des difficultés
01:23 que vont connaître les établissements de santé publique,
01:27 les urgences en particulier, à partir du 3 avril.
01:30 Et donc, nous avons rencontré avec l'ensemble de l'équipe de la FHF,
01:34 le ministre de la Santé, en lui demandant que les ARS soient mobilisés.
01:39 Les agences régionales de santé.
01:41 Soit mobilisés auprès de tous les établissements de santé de leur région respective,
01:45 mais également auprès des élus.
01:48 Et puis derrière...
01:48 Qu'est-ce que ça veut dire Arnaud Robinier ?
01:50 Déjà, c'est informer les élus.
01:53 Parce que depuis une semaine, je suis contacté par des collègues maires,
01:57 des conciers départementaux, des présidents de départements
02:00 qui sont inquiets sur les conséquences de l'application.
02:02 Pour être extrêmement concret, Arnaud Robinier,
02:04 est-ce que pour ceux qui nous écoutent ce matin,
02:06 qui habitent par exemple dans une ville moyenne,
02:07 ça veut dire qu'il va y avoir peut-être des services dans leur hôpital
02:12 qui vont fermer ou qui ne seront plus accessibles ?
02:14 C'est le risque, de façon temporaire, mais nous demandons...
02:17 Sur combien de temps ? Vous voulez régler le problème au bout de 10 secondes ?
02:20 Je dirais que malheureusement, ce n'est pas nous, la FHF, qui allons régler le problème.
02:24 On espère que cette période soit la plus courte possible.
02:26 Et vous avez identifié les endroits ?
02:28 Alors, la FHF a identifié.
02:30 Si je prends la Fédération régionale Grand Est de la FHF,
02:34 nous avons identifié les établissements...
02:36 Ce sont les villes ou les... ?
02:37 Mais, je dirais...
02:39 C'est les villes moyennes, j'imagine.
02:40 Les villes moyennes, je veux dire, un grand nombre de villes sont concernées.
02:42 C'est plus Saint-Dizier que Strasbourg.
02:44 Sûrement.
02:45 Mais derrière ça, il faut que les ARS prennent en main ce sujet,
02:49 qu'elles informent les élus, mais surtout que les préfets
02:52 puissent réquisitionner les personnels.
02:54 Le moment venu, il n'est pas question de mettre en danger la santé de nos concitoyens.
03:00 Mais malheureusement, je crois qu'on faisait face à des dérives qui sont aujourd'hui inacceptables.
03:05 Est-ce que vous avez un chiffre, une estimation du nombre d'hôpitaux en France
03:10 qui seront concernés par potentiellement des fermetures partielles de services ?
03:16 Tous les établissements font appel à de l'intérim.
03:18 Aujourd'hui, nous n'avons pas le nombre précis d'établissements sur le territoire français.
03:23 C'est pour ça que nous demandons aux ARS de s'emparer pleinement,
03:26 il ne reste qu'un jour, trois semaines, de s'emparer pleinement du sujet,
03:29 de faire un état des lieux.
03:31 Mais la FHF est là pour, si le gouvernement le souhaite, accompagner le gouvernement,
03:35 parce que nous, avec nos fédérations régionales, nous avons des remontées.
03:38 Donc nous sommes en train d'affiner cette carte
03:40 pour localiser l'ensemble d'établissements qui seraient accusés à difficulté.
03:44 Est-ce que vous souhaitez que les directions d'hôpital puissent mettre à contribution leurs soignants,
03:51 par exemple en leur faisant décaler leurs vacances,
03:53 pour essayer de lisser un petit peu les effets de cette perte de personnels ?
03:56 Moi je suis plutôt favorable à ce qu'on réquisitionne un certain nombre de personnels,
04:00 et notamment aussi des intérimaires.
04:02 Le nombre de soignants dans le public, on leur a trop demandé,
04:04 beaucoup trop demandé depuis maintenant trois ans.
04:07 Ils sont épuisés.
04:08 On le voit dans certaines collectivités ou certaines villes,
04:11 lorsqu'il y a des fermetures d'urgence dans le privé,
04:14 on réquisitionne encore une fois les agents hospitaliers.
04:17 À un moment, stop.
04:19 Ils prendront leurs responsabilités, comme ils l'ont toujours fait,
04:23 et je tiens encore une fois à leur rendre hommage.
04:25 Mais il va falloir à un moment ou à un autre taper du poing sur la table,
04:27 et il faudra que les préfets fassent des réquisitions.

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