Crises dans les hôpitaux : "On se retrouve avec la détresse des patients"

  • il y a 2 semaines
Marine Loty, présidente du syndicat des internes des hôpitaux de Paris et Arnaud Robinet, maire de Reims et le président de la Fédération hospitalière de France sont les invités du Grand Entretien de 8h20.
Transcript
00:00A l'hôpital, les étés se suivent et se ressemblent.
00:03Vous l'entendiez tout à l'heure dans le journal, des services d'urgence contraints
00:06de fermer la nuit, une nouvelle fois en Mayenne, en Vendée, dans la Sarthe, à Carpentra ou
00:10encore Sarla.
00:11Qu'en d'autres, beaucoup d'autres instaurent désormais le filtrage de l'accès par le
00:15SAMU.
00:16Le plan blanc déclenché hier à l'hôpital de Belfort, pas assez de personnel face à
00:20l'afflux de patients.
00:21Bref, notre système hospitalier semble devoir s'habituer à une crise désormais permanente.
00:26Alors que d'autres nuages s'amoncèlent à l'horizon, 1500 internes de moins à la
00:31rentrée.
00:32On en parle ce matin avec Arnaud Robinet, bonjour, maire horizon de Reims et président
00:37de la Fédération hospitalière de France, vous êtes en duplex des studios de France
00:41Bleue Champagne-Ardennes.
00:42Et Marine Lotti, bonjour, en studio à Paris, vous êtes présidente du syndicat des internes
00:47des hôpitaux de Paris, nous serons aussi en ligne dans quelques instants avec une aide
00:51soignante de Belfort.
00:52Et on attend bien sûr vos questions, vos témoignages peut-être en tant que patient
00:55aussi au 01 45 24 000 et via l'application France Inter.
01:00Arnaud Robinet, je viens de donner quelques exemples un peu partout en France.
01:04Est-ce que vous pouvez nous donner un état des lieux un peu global en cette sortie d'été
01:10de la situation à l'hôpital ?
01:11Alors, même si la saison estivale n'est pas encore terminée, il est encore trop tôt
01:17pour fournir des éléments chiffrés sur l'activité hospitalière dans sa globalité
01:22cet été.
01:23On communiquera bien sûr dès que possible sur l'ensemble de ces chiffres.
01:27Néanmoins, vous avez résumé, les années se suivent et se ressemblent puisqu'à ce
01:32stade, la situation estivale est comparable aux années précédentes avec des situations
01:40très hétérogènes suivant les territoires avec, vous l'avez dit, des difficultés à
01:44maintenir des services d'urgence ouverts et puis la mise en place de régulation de
01:49l'accès aux urgences dans certains territoires.
01:52Et donc, nous avons une situation très contrastée et hétérogène en fonction des territoires.
01:57Mais ce qui est peut-être un peu nouveau, parce qu'en effet, des urgences fermées,
02:01on les a eues les étés derniers aussi, c'est ce qu'on a entendu dans le journal de 8h,
02:04c'est-à-dire qu'on parle désormais d'hôpitaux assez importants.
02:08On a parlé de Laval, on n'est pas sur une petite ville.
02:10Laval, c'est 40 nuits de fermeture des urgences cet été.
02:13En septembre, elles ne seront ouvertes que 6 nuits.
02:15À Rennes, CHU de Rennes, accès régulé pendant 10 jours début août.
02:19Comment on en est arrivé là ?
02:20Vous savez, la mer des batailles, ce sont les ressources humaines.
02:26Et il faut être clair, nous avons un déficit en termes de personnel, d'agents hospitaliers.
02:33Il faut faire face aussi, et je le dis sans polémique, chaque été bien évidemment,
02:37et ce qui est tout à fait normal et légitime, à des fermetures de services dans le secteur
02:42privé, dans la médecine de ville, et l'hôpital public, qui est un établissement qui est
02:46ouvert tous les jours de l'année 24-24, compense l'afflux de patients.
02:53Et ça, vous le rajoutez, avec un déficit et un manque de personnel, on arrive à certains
02:57encombrements dans des services d'urgence.
02:59C'est la capacité d'assumer un service à 100%, ce que nous observons dans certains
03:04territoires, dans certains établissements, et comme vous le dites, non pas uniquement
03:07dans des petits établissements, mais aujourd'hui sur des établissements de ville moyenne,
03:11c'est important de déliciter l'aval à titre d'exemple.
03:13Alors il y a des fermetures sèches la nuit, voire une partie de la journée dans certains
03:17endroits, et puis il y a cette régulation par le 15, ce filtrage par le SAMU, qui était
03:21il y a deux ans, quand on a commencé à en parler, expérimental, exceptionnel, c'est
03:26en train de devenir la norme ? On va devoir partout maintenant appeler le SAMU pour vérifier
03:30si on peut aller aux urgences ?
03:32Aujourd'hui, vous le savez, et on le sait, des études ont montré que le nombre de passages
03:37aux urgences a doublé en 20 ans, on estime qu'entre 15 et 20% des passages aux urgences
03:43pourraient être pris par la médecine de ville, et une des solutions, ce n'est pas l'alpha
03:48et l'oméga, bien évidemment, pour régler le sujet des urgences, c'est aussi une meilleure
03:52régulation à travers le 15, notamment, qui va se généraliser, comme le SAS d'ailleurs,
03:59sur l'ensemble du territoire, c'est une volonté du gouvernement régulée...
04:02Donc ça c'est assumé pour le coup ?
04:05C'est assumé, réguler c'est une bonne chose, mais vous savez, d'une manière générale,
04:09ce qu'il faut c'est renforcer cette complémentarité entre le public et le privé, et surtout entre
04:14la médecine de ville et l'établissement public de santé.
04:17Aujourd'hui, on n'a plus les moyens de se regarder en chien de faillance, il n'y a pas
04:21les gentils et les méchants d'un côté, nous devons travailler main dans la main avec
04:24nos spécificités, et avec un seul objectif, c'est bien sûr l'accès aux soins pour le
04:28patient, c'est le seul objectif qui doit nous animer.
04:30On va revenir sur les raisons de cette problématique devenue permanente, d'abord un mot avec vous
04:35Marine Lotti, vous représentez les internes des hôpitaux de Paris, les internes évidemment
04:40en première ligne aussi quand ça va mal à l'hôpital, vous êtes 40% des médecins
04:45dans les CHU, qu'est-ce qui remonte du terrain, qu'est-ce qui remonte de vos camarades sur
04:51l'été qu'on traverse ?
04:53Pour le moment, nous en fait c'est une situation qui est difficile effectivement sur l'été,
05:00mais en fait chez les internes qui est déjà difficile sur l'année, on sait que nous
05:05effectivement on représente 40% du personnel médical, ce qui est relativement non négligeable.
05:11Aujourd'hui, la question des internes, c'est surtout sur le manque de seniors qu'on peut
05:20avoir nous dans les urgences et le fait qu'on soit devenu indispensable plus qu'en formation
05:27dans nos services, et donc ça nous met en difficulté effectivement sur beaucoup de
05:33plans puisqu'on se retrouve à devoir gérer les problématiques des patients alors que
05:37parfois on est jeune semestre.
05:39Comme un médecin à part entière finalement, vous allez acquérir le statut de médecin
05:47dans quelques années mais vous l'êtes déjà dans les faits ?
05:49C'est ça, dans les faits, on est dès notre premier semestre projeté comme des médecins
05:55et donc on fait de notre maximum, alors on est effectivement impliqué aussi dans toutes
06:02ces fermetures puisque parfois c'est aussi pour nous très compliqué, et puis on est
06:06aussi impliqué dans ce flux de patients où on fait de notre maximum pour réguler, pour
06:10apporter aussi notre pierre à l'édifice, mais ça demande beaucoup d'énergie, beaucoup
06:16de connaissances, et puis de faire au mieux puisqu'on se retrouve avec la détresse des
06:20patients puisque finalement ces patients qui ont de nombreux centres fermés, quand ils
06:24arrivent à trouver un centre d'ouvert, ils ont beaucoup de demandes, ils sont souvent
06:26en détresse puisqu'ils ont essayé beaucoup d'endroits avec leurs problématiques et que
06:29parfois ça fait très longtemps qu'ils cherchent un médecin, donc ça fait beaucoup de choses
06:33pour une seule personne à régler.
06:34Vous, vous travaillez en région parisienne, on sait que les hôpitaux de Paris s'étaient
06:37préparés pour les JO en augmentant leurs capacités, est-ce que ça a permis plus qu'ailleurs
06:43de mieux vivre cet été Arnaud Robinet par les situations assez hétérogènes ? Est-ce
06:47que ça va mieux en Ile-de-France qu'ailleurs sur le territoire ?
06:50Alors en fait effectivement il y a eu un nombre de lits ouverts qui étaient assez importants
06:56et finalement ça a pu permettre pour des personnes venant pour les JO d'avoir ces places
07:02mais en fait ça a surtout permis d'éviter tout ce qu'on appelle les lits brancards aux
07:05urgences quand on a ouvert des places dans des services de gériatrie, c'était pour
07:09nous l'occasion surtout en tant qu'urgentiste de me dire bah en fait ma personne âgée
07:14le petit papy de 90 ans que j'ai en face de moi bah en fait cette nuit il va peut-être
07:18pas dormir sur un brancard, cette nuit il va avoir un lit, donc en fait on s'est retrouvés
07:21avec effectivement beaucoup de lits ouverts et ça a été un peu l'opulence, c'était
07:26super.
07:27Comme pendant le Covid, ce qu'on avait vécu finalement où les personnels soignants trouvaient
07:30que les conditions d'accueil étaient meilleures, c'est finalement une situation qui devrait
07:35être normale ce que vous avez vécu ?
07:37C'est exactement ça en fait, c'est une situation qu'on a trouvée vraiment avec plein de lits,
07:41plein de possibilités pour les patients, pour nous c'était vraiment beaucoup plus
07:44confortable et c'est vrai que c'est très difficile là de se dire que finalement ces
07:48lits vont être refermés puisqu'il n'y aura pas assez de personnel pour les maintenir.
07:51Alors les raisons de cette crise Arnaud Robinet, vous l'avez déjà un peu dit, multiples
07:55facteurs, ce qu'il faut bien comprendre c'est à la fois en amont et en aval des urgences
08:01que se pose le problème.
08:03Bien évidemment, c'est bien sûr déjà l'accueil aux urgences, c'est ce flux de patients extrêmement
08:09important qui ne cesse d'augmenter au fil des années et ensuite derrière c'est bien
08:14évidemment l'aval parce que lorsque vous avez des difficultés dans l'aval, forcément
08:18vous ne désengorgez pas les urgences et aujourd'hui c'est une vraie difficulté.
08:22Alors attention, vous savez moi je suis de nature optimiste et la FHF a fait une étude
08:27relativement importante et intéressante au début de l'année 2024, l'activité de l'hôpital
08:32a retrouvé son niveau d'avant Covid en 2019.
08:35Malgré ça, il y a des spécialités, il y a des thématiques qui sont moins, où il
08:43y a une sous-consommation, mais en tout cas des patients qui ne viennent pas et c'est
08:48là les objectifs que le gouvernement doit avoir, c'est de mettre les moyens sur ces
08:52spécialités qui sont aujourd'hui, ne sont pas, entre guillemets, je cherche mes mots
09:00qui ne sont pas pris par les patients.
09:03Donc là c'est une vraie difficulté, il y a des priorités à mettre en place.
09:06Mais encore une fois, le vrai sujet c'est une réorganisation interne des hôpitaux
09:11et c'est surtout améliorer l'attractivité de nos établissements et surtout la fidélisation
09:16des agents hospitaliers.
09:17Des choses ont été faites, il faut être objectif, il faut aller beaucoup plus loin
09:22aujourd'hui.
09:23A ce sujet on a une question au Standard sur l'attractivité de ces carrières hospitalières.
09:26Bonjour Clémentine.
09:28Bonjour, merci de prendre ma question, oui effectivement ma question concernait l'attractivité
09:32du métier de médecin urgentiste qui n'est pas la première spécialité qui est choisie
09:36par les internes et puis aussi l'attractivité des hôpitaux de périphérie pour les médecins
09:42seniors dont parlait votre interne intervenante, qui est plafonnée, en fait leur rémunération
09:48est plafonnée par la Loiriste et donc ils ne vont plus sur des centaines de kilomètres
09:53pour aller faire les remplacements dans ces petits hôpitaux, notamment Phar La, et enfin
09:56pourquoi on n'accorde pas la reconnaissance de la pénibilité aux médecins urgentistes ?
10:00Merci beaucoup Clémentine, Arnaud Robinet sur cette question et plus largement, pourquoi
10:06on n'arrive pas à inverser la courbe des recrutements ? Il y a eu, vous l'avez dit,
10:09les revalorisations des gardes, il y a eu les ségures, ça ne marche pas ?
10:13Alors attention à savoir de quel agent nous parlons, aujourd'hui concernant les infirmières,
10:20les aides-soignantes, il y a un frémissement en termes d'attractivité, nous le voyons
10:23dans les salons qui sont organisés, les job-datings, etc., il y a une augmentation
10:27du recrutement et l'attractivité pour les infirmiers ou infirmières et aides-soignants.
10:32Il y a le vrai sujet qui est celui des médecins, aujourd'hui il y a une forte concurrence
10:36bien évidemment entre les établissements, mais l'attractivité ne va pas uniquement
10:41concerner la rémunération, parce qu'aujourd'hui nous travaillons notamment en direction des
10:45jeunes médecins avec des organismes logeurs, il y a la question du logement pour ces jeunes
10:52la question des transports, la question de la vie de la ville où se situe l'établissement,
10:56donc c'est multifactoriel et derrière tout ça c'est vraiment une chaîne qui se met
11:00en place entre les établissements de santé, entre les collectivités, les villes qui jouent
11:04un rôle important et divers organismes pour renforcer l'attractivité des villes et donc
11:09des établissements.
11:10Et derrière il y a le projet d'établissement qui doit être aussi attractif pour les jeunes
11:13praticiens, que ce soit en termes de recherche, en termes d'innovation, en termes de travail
11:19en équipe et de conditions de travail.
11:21Marine Lotti, avec votre regard de médecin en formation, comment on peut redonner de
11:26l'attractivité à ces carrières hospitalières parmi les médecins ?
11:29Je rejoins le fait qu'effectivement c'est multifactoriel, la rémunération c'est quelque
11:36chose dont beaucoup de monde parle, mais finalement ce n'est pas du tout le seul facteur pour
11:42l'attractivité des médecins, alors même en étant urgentiste, c'est vrai qu'effectivement
11:46avant il y avait des médecins qui allaient remplacer parfois sur juste une garde dans
11:51des CH qui sont en périphérie, qui manquaient et qui le font moins, aujourd'hui il manque
11:57de monde partout, donc finalement ce qu'on a besoin en étant urgentiste, c'est de se
12:02dire dans quelles conditions on va travailler dans les urgences, où on va arriver, comment
12:05elles sont faites.
12:06Ce n'est pas qu'une question de salaire ?
12:08Non, c'est une question avec beaucoup de choses, le matériel aux urgences, est-ce
12:11qu'on a accès à de la biologie facilement, est-ce qu'on a accès à de l'imagerie, est-ce
12:15qu'il y a des lits d'aval pour nos patients, ça c'est une grosse question, les transports
12:20effectivement ça marche beaucoup, c'est-à-dire qu'aujourd'hui on a envie d'être proche
12:24d'un transport, à nous-mêmes les internes on voit qu'ils vont facilement à des endroits
12:28peut-être loin mais où il y a un accès avec le RER, quand il faut prendre 4 bus différents
12:32effectivement ça pose beaucoup de questions.
12:33Et pourtant il faudra faire dans ce contexte avec 1500 postes d'internes en moins à la
12:38rentrée, que s'est-il passé Marine Lotil ? Le gouvernement dit non, on n'y peut rien,
12:42il y a 1500 candidats de moins au concours de l'internat.
12:45C'est une question qui est un peu plus complexe que ça, c'est lié à la réforme, il y a
12:51eu une réforme dans l'accès au concours de l'internat, l'accès au troisième cycle,
12:56effectivement cette réforme a été discutée à partir de 2020, le fait est que ces étudiants
13:00qui ont passé le concours là actuellement, ils ont trois années pour préparer ce concours
13:06qui maintenant sont plus que deux, et au milieu de leur cursus ils avaient déjà débuté,
13:11on leur a dit que les modalités changeaient, en fait les modalités ont beaucoup changé,
13:15c'est-à-dire qu'on a changé les épreuves, il y a eu des nouvelles épreuves d'ajoutées,
13:18ce qui pour eux a été une charge de stress supplémentaire, sachant que quand on est étudiant
13:22en médecine, des études qui le montrent, plus de 60% ont quand même une anxiété
13:27majeure avec 20% d'idées suicidaires.
13:31Aujourd'hui ce sont des étudiants qui sont dans un état mental très compliqué, à
13:34qui on a dit tout va changer au milieu de votre cursus, donc effectivement il y a 1500
13:40en moins, c'est plutôt environ 1000 internes qui ne se sont pas présentées au concours
13:44et qui ont fait le choix de redoubler.
13:45Qui préfèrent redoubler.
13:46Effectivement, c'est des internes qui ont fait le choix.
13:48Mais ça c'est une conséquence de la réforme qu'on n'avait pas vu venir ?
13:50Je pense qu'on ne s'attendait pas à ce qu'il y en ait autant, et en fait là effectivement
13:56ce qui est difficile est le fait qu'on en parle, parce qu'en fait des étudiants qui
13:59redoublent, moi je l'ai fait, on n'en a pas parlé autant, en fait des étudiants
14:03qui redoublent il y en a tous les ans, là ils se sont beaucoup mobilisés en disant
14:06en fait vous ne nous avez pas prévenus, c'était hyper précipité, on n'a pas eu
14:09le temps de se préparer, on préfère redoubler, et en fait on en parle beaucoup parce que
14:12ce sont les conséquences finalement qui nous inquiètent sur ces 1000 internes, parce
14:17qu'on dit oui les internes vous êtes 40% du personnel médical, ce qui est vrai, mais
14:22normalement on est censé être en formation et on n'est pas censé être indispensable
14:25au fonctionnement de l'hôpital, donc on fait notre travail sur le soin, mais on n'est
14:28pas censé être indispensable.
14:29Aujourd'hui on est devenu indispensable, et le fait qu'il en manque 1000, et bien
14:33maintenant on le voit.
14:34Arnaud Robinet, comment on va pallier ces manques, ces internes en moins, à la rentrée
14:39à l'hôpital, notamment dans les CHU où ils sont très nombreux ?
14:41Alors il est vrai, je rejoins ce qu'a dit la représentante des internes, c'est vrai
14:47qu'il y a cette année un effet conjoncturel, comme cela a été précisé, lié à la réforme
14:51des études voulue par le gouvernement, et qu'un fonds d'étudiants ont fait part
14:54de leur souhait de redoubler volontairement.
14:57Alors autrement dit, ce sont des internes que l'on va retrouver l'année prochaine.
15:02Alors attention, cette dynamique ne doit pas cacher la très forte augmentation d'internes
15:09qui est prévue pour l'année 2025.
15:11Alors cette baisse, bien évidemment, elle peut inquiéter, et je le comprends totalement,
15:15et nous avons aussi des remontées, des inquiétudes, interrogations de la part de nombreux établissements,
15:19mais ce n'est pas un effondrement en tant que tel, c'est déjà un chiffre qui est
15:22en hausse par rapport à 2023, et qui normalement va se rétablir sur les prochaines années,
15:29et notamment l'année prochaine.
15:31Donc soyons optimistes, en attendant, et ça c'est encore une fois, je dirais, l'adaptabilité
15:38du service public qui va être mise à l'épreuve, la réactivité, l'ensemble des agents,
15:44l'ensemble des internes dans nos différents services, il va falloir pallier, entre guillemets,
15:50à ce manque d'internes cette année, mais aujourd'hui il est trop tôt pour faire un
15:55diagnostic.
15:56Pourquoi ?
15:57Mais avec des médecins étrangers par exemple ?
15:58Alors, cela a été dit, il y a des médecins étrangers qui vont être recrutés de façon
16:02temporaire, de façon conjoncturelle, mais l'objectif bien évidemment du gouvernement,
16:07alors moi je ne suis pas porte-parole du gouvernement, je suis là pour défendre l'hôpital public,
16:10et c'est bien évidemment, et nous faisons pression, c'est d'avoir un nombre d'internes
16:13suffisant l'année prochaine, dans les années qui suivent.
16:15Alors, ce qui est intéressant également, et ce qu'il faut savoir, c'est qu'aujourd'hui
16:21on n'a que des données, on devait dire techniques, et un chiffre par rapport à ce nombre d'internes
16:27pour la rentrée.
16:29Nous attendons, nous, d'avoir quelque chose de beaucoup plus affiné, en termes de spécialité,
16:34et notamment dans les spécialités qui sont l'objet de sous-recours, comme je le disais
16:38il y a quelques instants, dans nos établissements.
16:40Donc nous allons mettre en place une étude très précise sur ce sujet, que nous allons
16:44présenter lors de notre conférence de presse de rentrée en septembre prochain.
16:48Alors, autre situation locale très tendue, un autre exemple ce matin sur le terrain,
16:52c'est l'hôpital Nord-Franche-Comté, qui couvre toute la zone Belfort-Montbéliard.
16:56Bonjour Mélanie Meyer, vous y êtes aide-soignante, représentante du syndicat CFDT, votre hôpital
17:02a déclenché son plan blanc hier, pour tenter de mobiliser des moyens supplémentaires face,
17:05je cite, à la « saturation des capacités d'hospitalisation », ça veut dire quoi
17:10concrètement, ça se traduit comment chez vous cette saturation cet été ?
17:13Alors la saturation des capacités d'hospitalisation, elle est due surtout à un manque d'effectifs
17:20médicaux et paramédicaux au sein de l'hôpital Nord-Franche-Comté, donc par manque de personnel
17:24on est contraint de fermer des lits d'hospitalisation et notamment en médecine, ce qui provoque
17:29un embouteillage aux urgences des patients qui attendent dans les couloirs, parce que
17:33même si on dispose de moins de ressources humaines et de moins de places d'hospitalisation,
17:38ça n'empêche pas pour autant le flux important de patients qui transitent par les urgences
17:41de l'hôpital Nord-Franche-Comté.
17:42Mais ça veut dire des journées entières sur des brancards par exemple pour des patients ?
17:46Oui, ça arrive, des journées entières sur des brancards, 50, 60 heures, à attendre
17:52aux urgences, une place d'hospitalisation.
17:5460 heures, on peut aller jusqu'à 60 heures ?
17:56Oui.
17:57Et c'est un peu un effet ciseau, vous le disiez, afflux de patients, moins de personnel,
18:02comment vous l'expliquez aussi cet afflux de patients cet été ? Parce que vous êtes
18:05le seul et ultime recours, l'hôpital ?
18:08Alors malheureusement, l'afflux de patients beaucoup trop important pour notre établissement
18:12n'est pas que l'été, j'entendais tout à l'heure dire que l'hôpital doit
18:15pallier aux fermetures d'établissements privés, qu'on est le seul à assurer ce
18:20qu'on appelle la permanence des soins, mais nous c'est notre quotidien en fait,
18:24puisque l'hôpital a beau être situé sur un tout petit territoire, il draine un bassin
18:27de population de 350 000 habitants, nous ne sommes pas un CHU, donc nous ne sommes pas
18:31autant dotés, comme vous pouvez le dire, en interne et en personnel, donc effectivement
18:36c'est toute l'année que c'est compliqué, avec un nombre de passages trop important
18:39aux urgences, et être le seul à assurer la permanence des soins sur le territoire.
18:43Ce plan blanc déclenché, c'est pas la première fois chez vous, je crois qu'il
18:46a déjà été déclenché l'an dernier, est-ce qu'au moins, à court terme, c'est
18:50efficace, ça soulage un peu le personnel et les services ?
18:53Si vous voulez, c'est un pansement sur une jambe de bois, puisque le plan blanc a été
18:58déclenché à 4 reprises l'année dernière, si vous voulez, c'est la seule arme, le signal
19:03de détresse finalement envoyé par l'hôpital pour dire qu'on ne s'en sort plus, ce n'est
19:08plus possible, j'ai aussi entendu dire tout à l'heure que la situation est comparable
19:11aux autres étés, et bien chez nous ce n'est pas le cas, on a pu voir que ça dépendait
19:15selon les territoires, et bien chez nous la situation est pire que les autres étés,
19:19nous n'avons jamais eu autant de lits fermés, et nous n'avons jamais manqué d'autant
19:22de personnel dans notre établissement.
19:24Merci pour ce témoignage, Mélanie Meyère, représentante CFDT à l'hôpital Nord-Franche-Comté.
19:29Arnaud Robinet, ce contexte de crise, sans gouvernement, sans ministre de la santé,
19:36sans nouveau ministre de la santé en face de vous, ça va devenir urgent d'en avoir
19:40un ?
19:41Ça devient très urgent, parce que normalement, à l'époque où on se parle, c'est aussi
19:46les négociations, les échanges dans le cadre du projet de loi de finances de la sécurité
19:49sociale.
19:50Aujourd'hui, aucun échange, aucune négociation n'a pu être fait, à part avec les parlementaires
19:55qui ont été élus ou réélus récemment, et c'est vrai que cela devient urgent.
20:01Derrière, nous demandons aussi symboliquement, et je ne remets pas du tout en cause le travail
20:06qui a été fait par nos deux ministres, Catherine Vautrin et Frédéric Valthou, qui ont fait
20:09avec les moyens du bord et qui ont été réactifs et qui ont pu mener un certain nombre de
20:13choses, mais derrière, nous souhaitons aussi, symboliquement, avoir un ministre de la santé
20:18de plein exercice.
20:19La santé mérite la situation, elle est critique, il y a de nombreux défis pour l'hôpital
20:24public et pour le système de santé dans sa globalité.
20:26Et puis, il y a cette nouvelle menace, celle du Mpox, la variole du singe, son nouveau
20:30variant plus dangereux, plus contagieux, les autorités sanitaires s'attendent à voir
20:33émerger des cas sporadiques en France, ont-elles dit ? Ces cas, il faudra les gérer à l'hôpital,
20:39est-ce qu'on est prêt dans ce contexte à le faire ?
20:40Oui, alors il va falloir les gérer, bien évidemment, l'OMS, vous l'avez dit, a déclenché
20:47une urgence de santé publique, le Premier ministre démissionnaire a placé le système
20:52de santé français en état de vigilance, le risque, il est réel, des premiers cas
20:57ont été enregistrés en Europe, il nécessite que tous les acteurs fassent preuve de vigilance
21:03et les hôpitaux publics sont, comme lors de l'épidémie de Covid, en pointe dans ce
21:07combat, étant le plus souvent les acteurs de référence dans leur territoire, alors
21:12il y a la collaboration avec les ARS dans tous les territoires, avec notamment des
21:18dépistages, des prises en charge, une veille renforcée, des déclarations systématiques
21:23auprès des ARS en cas de cas suspects, définition des conduites à tenir, mais c'est vrai
21:29que malgré un contexte estival comme chaque année compliqué, les hôpitaux publics informeront
21:35et assureront la prise en charge de l'ensemble des patients atteints par le NPOX.

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