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La France fait face à une recrudescence des infections respiratoires hivernales, et notamment la grippe, qui met les hôpitaux sous pression. De nombreux établissements hospitaliers ont dû activer leur "plan blanc" face à l'afflux de malades, un peu partout en France. On fait le point sur la situation avec le président de la Fédération hospitalière de France, Arnaud Robinet, également maire (Horizons) de Reims.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 09 janvier 2025.

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Transcription
00:00RTL Soir. Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Bonsoir Arnaud Robinet.
00:05Bonsoir.
00:05Vous êtes le maire à horizon de Reims, vous présidez la Fédération Hospitalière de France.
00:08Je le rappelle, la grippe continue de progresser dans notre pays.
00:11Elle atteint même, je cite, un niveau d'intensité exceptionnellement élevé à l'hôpital
00:16par comparaison aux saisons antérieures selon Santé Publique France.
00:21La situation est grave Arnaud Robinet ?
00:23Oui, la situation est préoccupante au moment où on se parle
00:27et notamment dans de nombreux établissements hospitaliers publics, CHU ou CH,
00:32où des plans blancs ont été mis en place,
00:36ce qui signifie avec une mobilisation de l'ensemble de la communauté hospitalière.
00:40Qu'est-ce que c'est exactement qu'un plan blanc ?
00:42Un plan blanc, en fait, c'est une mobilisation de l'ensemble de la communauté hospitalière.
00:48C'est aussi le rappel de certains agents hospitaliers qui sont en congé.
00:52C'est également une redisposition, entre guillemets, du service sanitaire,
00:57notamment des déprogrammations dans certains services,
01:01c'est-à-dire qu'on ne prend pas en charge d'autres pathologies,
01:04des interventions ne se font pas.
01:07C'est quantifié ce que vous venez de nous expliquer à l'instant même ?
01:10Alors, on l'avait quantifié au moment de la crise Covid.
01:13À titre d'exemple, la crise Covid et ses déprogrammations
01:16avaient fait que plus de 30 millions de visites et de prises en charge n'avaient pas pu être faites.
01:20C'est pour ça que je parle de bombes à retardement à chaque fois de cette crise sanitaire.
01:25Et donc, dès qu'il y a un plan blanc,
01:27ce sont des personnes qui ne sont pas prises en charge pour d'autres pathologies.
01:30Et ce sont des morts qui s'annoncent ?
01:32Dans les années à venir, parfois, ce sont des cancers qui ne sont pas dépistés.
01:35Ce sont des prises en charge qui se font trop tard.
01:37C'est bien évidemment une bombe à retardement en termes de santé publique.
01:42Comment expliquez-vous l'intensité de cette épidémie ?
01:45Est-ce qu'on a des éléments d'appréciation ?
01:47Un virus qui est peut-être plus virulent que les années précédentes,
01:53mais je le dis avec force et je pourrais dire même avec colère,
01:56c'est ce faible taux de vaccination.
01:59Au moment où on se parle, il y a une augmentation de 44% des patients de plus de 75 ans.
02:05Et on a un faible taux de vaccination sur l'ensemble de la population.
02:09Je crois qu'on a le plus faible taux au niveau européen.
02:13Je le dis avec force, vaccinez-vous aussi bien pour vous que pour les autres.
02:18Il faut aussi que le personnel soignant soit vacciné.
02:21Ça évitera ce que l'on connaît aujourd'hui, cette crise aux urgences hospitalières.
02:26Que se passe-t-il ? Comment expliquez-vous cette crise ?
02:28Parce qu'il y a une crise dans la crise, c'est celle de la vaccination.
02:30Vous nous le dites très clairement ce soir sur l'antenne d'RTL.
02:33Mais je le dis, on a un très faible taux de vaccination.
02:36Et depuis la crise Covid, certains responsables politiques,
02:42certains influenceurs, je le dis comme je le pense,
02:45ont des discours anti-vax que l'on ne peut accepter.
02:49Aujourd'hui, on le voit dans la population,
02:51malgré les efforts qui sont mis aussi par les collectivités.
02:54À Reims, on a un centre communal de vaccination.
02:57Dans nos maisons de quartier, il est facile de se faire vacciner.
03:00Chez le pharmacien, chez le médecin, à faible coût,
03:03gratuit d'ailleurs, pris en charge à 100% par l'assurance maladie
03:07pour les personnes âgées de plus de 65 ans, à titre d'exemple.
03:10On ne se vaccine pas en France.
03:12C'est une aberration.
03:13Le vaccin protège, protège soi-même, protège les autres.
03:17Et aujourd'hui, malheureusement, il y a cette défiance
03:19vis-à-vis du vaccin en général.
03:20Une aberration qui fait plusieurs milliers de morts chaque année.
03:24Une aberration qui fait qu'aujourd'hui, nous avons une saturation
03:27dans un grand nombre de services d'urgence,
03:30une fatigue des personnels soignants et non soignants,
03:33et bien évidemment, un nombre de morts qui risque d'augmenter
03:36avec ce virus de la grippe.
03:38Elle a une intensité particulière cette année, cette épidémie ?
03:41Alors, on n'a pas trop d'informations,
03:43je n'ai pas trop d'informations sur l'intensité,
03:44en tout cas par rapport au virus,
03:48mais il est clair de constater au moment où on se parle
03:50qu'on a une nette augmentation sur l'ensemble du territoire français,
03:53que le pic n'est pas atteint en termes de transmission.
03:57Donc oui, le virus est assez virulent
03:59et en tout cas, l'intensité est assez forte cette année.
04:01Les vacances de Noël où toutes les familles se retrouvent
04:04peuvent-elles contribuer à ces chiffres exceptionnels ?
04:07Bien évidemment, parce que derrière,
04:09on a vite oublié les gestes barrières.
04:11Rappelons-nous, les années ou l'année après Covid,
04:15il y a une diminution des cas sévères de la grippe,
04:19mais également de broncolite, également de gastro,
04:22parce qu'on avait mis en place ces gestes barrières,
04:24le lavage des mains et autres.
04:25Et aujourd'hui, on a un peu oublié l'importance de ces gestes dits de barrières.
04:30Oui, c'est vrai que les fêtes de Noël, les fêtes de fin d'année
04:35ont permis peut-être ce brassage et donc permis d'intensifier,
04:38en tout cas, la circulation du virus.
04:40On va peut-être rappeler ce que sont tous ces gestes barrières qui sont nécessaires.
04:44Je ne sais pas, on se lave les mains, on porte son masque dans les transports publics.
04:47Excusez-moi, je prends le métro tous les jours en ce moment.
04:50Personne, à Paris, personne ne porte son masque.
04:53Oui, alors c'est vrai que si je dis publiquement qu'il faut porter le masque,
04:57on va me dire que je suis liberticide.
04:59Mais bien évidemment que dans des périodes telles que nous les connaissons
05:02où un virus circule, les gestes barrières, c'est très simple.
05:06C'est des gestes du quotidien.
05:07C'est se laver les mains plusieurs fois par jour.
05:11C'est bien évidemment se mettre la main devant sa bouche quand on est ternu ou lorsque l'on tousse.
05:18C'est le port du masque dans des milieux confinés,
05:20surtout dans cette période et notamment dans le métro.
05:23C'est se protéger et protéger les gens.
05:25Je dirais que ce sont des gestes simples, des gestes du quotidien.
05:28Oui, on a un peu perdu, je dirais, cette notion de geste barrière.
05:33Il faut en avoir conscience, ça protège.
05:36C'est peu coûteux, pas coûteux du tout,
05:38mais ça protège des vies et ça ne met pas en difficulté notre système de santé.
05:42Est-ce qu'on ne devrait peut-être pas entendre un peu plus notre ministre de la Santé
05:44et d'ailleurs toutes nos autorités du pays ?
05:46Vous le faites pour nous aujourd'hui en tant que président de la Fédération hospitalière de France,
05:51mais je n'ai pas entendu beaucoup de rappels à l'ordre,
05:52si je puis dire, au bon sens du terme chez nos ministres en ce moment.
05:56Alors, j'ai pu m'entretenir avec Catherine Vautrin hier
06:00et avec le ministre de la Santé Yannick Nodeur sur ce sujet.
06:04Je pense que le gouvernement, et je n'en doute pas, va intensifier l'information, la communication.
06:10Les ministères d'un point de vue communication institutionnel sur les chaînes de télé ou radio,
06:15notamment la question des gestes barrière ou autres, il le faut.
06:17C'est aussi de la prévention et je ne doute pas que les pouvoirs publics vont être mobilisés, le sont sûrement.
06:22Et puis, l'autre message aussi à faire passer à nos concitoyens,
06:26c'est de ne pas aller aux urgences directement, c'est d'appeler le 15.
06:29D'appeler le 15 où ils auront au téléphone un médecin régulateur
06:33et en fonction, bien sûr, des symptômes qu'ils décriront,
06:36ils seront soit envoyés aux urgences ou envoyés dans d'autres établissements
06:39ou tout simplement chez le médecin de ville, chez le médecin généraliste.
06:43Donc, si je prends l'exemple du CHU de Reims aujourd'hui,
06:47il n'y a aucune entrée aux urgences qui ne se fait sans avoir appelé le 15 auparavant.
06:52Vous faites bien de le préciser.
06:53Une dernière question, une porte-parole du syndicat Samurgences de France
06:56estime qu'on n'anticipe pas ces crises hivernales parfaitement prévisibles.
07:00Elle a raison ?
07:01Je dirais qu'on a plusieurs périodes chaque année,
07:06la période estivale au niveau des urgences et la période hivernale,
07:10notamment durant cette période avec la crise de la Covid,
07:13aujourd'hui, la crise de la grippe.
07:15Heureusement d'ailleurs qu'il n'y a pas une double ou une triple épidémie
07:18comme on a pu le connaître il y a quelques années.
07:20Je dirais que l'anticipation, elle se fait,
07:24mais en tout cas, moi, ce que je vois, c'est la réactivité encore une fois,
07:27l'adaptabilité du service public hospitalier et des agents hospitaliers.
07:32On me posait la question tout à l'heure de savoir s'il y avait assez de moyens.
07:35Nous le disons, et je le dis clairement,
07:36c'était mes discussions et mes échanges avec les ministres concernés hier au ministère,
07:40nous demandons des financements qui sont à la juste valeur des missions de l'hôpital public.
07:45Mais le vrai sujet et la mer des batailles, c'est les ressources humaines.
07:49Il nous faut former, il nous faut recruter dans les établissements de santé.
07:55Et il n'est pas trop tard pour se faire vacciner,
07:56c'est l'un des messages que vous nous lancez ce soir.
07:59Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France et maire horizon de cette bonne ville de Reims.
08:04Merci beaucoup d'avoir pris la parole, Arnaud Robinet.
08:06Merci à vous.
08:07Bonne soirée à vous.
08:08Bonne soirée.
08:09Et dans un instant, un homme pas très sain d'esprit, mais rassurez-vous, son état est stable.
08:13Marc-Antoine Lebray pour le Breaking News.

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