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"Il faut agir à la racine." Demain aura lieu une minute de silence dans les centres hospitaliers en hommage à l'infirmière tuée à Reims en début de semaine, un moment "de communion" pour les soignants et la communauté infirmière, estime Daniel Guillerm, président de la Fédération nationale des infirmiers. Mais, a-t-il poursuivi en réaction à cette agression mortelle, "aujourd'hui, il faut distinguer la situation des incivilités qui dérapent, et l'autre partie liée aux irresponsables pénaux que sont les malades psychiatriques comme ce qu'il s'est passé à Reims", jugeant qu'il ne fallait "pas faire l'amalgame" entre les deux.

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Transcription
00:00 Il est 6h20, une minute de silence dans tous les hôpitaux aujourd'hui à midi après
00:07 celle observée hier à l'Assemblée Nationale.
00:09 Le recueillement après la mort d'une infirmière au CHU de Reims.
00:12 Elle a été poignardée par un homme qui souffre de troubles psychiatriques et qui
00:15 a également blessé une secrétaire médicale.
00:17 Bonjour Daniel Guilherme.
00:18 Bonjour.
00:19 Vous êtes le président de la Fédération Nationale des Infirmiers qui est la première
00:21 organisation syndicale de cette profession.
00:23 C'est important ces minutes de silence ?
00:25 C'est important de communier dans ce moment-là avec l'intégralité de la communauté infirmière.
00:34 Il y aura des minutes de silence pas seulement dans les hôpitaux mais également en ville.
00:39 Je pense qu'aujourd'hui chacun aura en tête ce qui s'est passé et ce terrible
00:44 drame qui s'est passé hier.
00:45 Et maintenant vous dites quoi ? Il faut agir, prendre des mesures concrètes ?
00:48 Il faut agir et agir à la racine.
00:51 Je pense qu'aujourd'hui il faut distinguer deux situations.
00:55 Il y a la situation des incivilités qui dérapent où vous avez des personnes qui sont responsables
01:02 et qui font des actes en responsabilité pénale.
01:04 Et puis l'autre partie qui est la partie liée aux irresponsables pénaux que sont
01:10 les malades psychiatriques.
01:11 Sans doute ce qui s'est passé à Rhin-Savant-Tierre.
01:13 C'est ce qui s'est passé à Rhin-Savant-Tierre.
01:14 Et donc il faut distinguer les deux ?
01:16 Je pense qu'il ne faut pas faire d'amalgame puisque les situations sont différentes.
01:19 L'hôpital psychiatrique s'est ouvert à la ville il y a maintenant plusieurs années.
01:25 Il faut des moyens pour gérer ces patients-là en ville.
01:28 Il y avait autrefois des équipes mobiles de soins psychiatriques qui suivaient ces
01:33 patients.
01:34 Aujourd'hui la psychiatrie en France est le parent pauvre du système de santé et
01:38 n'a plus les moyens de les suivre comme elle les suivait auparavant.
01:43 Donc vous avez dans la nature des patients inobservants en termes de traitement qui peuvent
01:48 passer à l'acte à certains moments.
01:51 Pas tous les patients évidemment mais une partie de ces patients.
01:54 C'est ce qui s'est passé probablement à Rhin-Savant-Tierre.
01:57 Donc pour eux plus de moyens et pour les autres, ceux qui sont responsables de leurs actes
02:01 comme vous dites ?
02:02 Alors vous avez les responsables pénaux.
02:05 Là effectivement il faut peut-être augmenter l'arsenal répressif au même titre en fait
02:11 que ce qui se passe aujourd'hui avec les élus, les politiques et les policiers.
02:16 Il est inadmissible aujourd'hui qu'on se fasse agresser en réalisant ces missions
02:23 et des missions de soins en particulier.
02:25 Dans le journal de 6 heures, on a diffusé une cour interview, un petit son de la ministre
02:33 qui est chargée des professions de santé, Agnès Firmin-Lebaudot, qui dit qu'il faudrait
02:37 former les soignants à la gestion de l'agressivité.
02:40 Est-ce que ça fait partie des pistes aussi selon vous ? Des pistes intéressantes ?
02:43 C'est une piste intéressante.
02:45 Il faut savoir qu'en psychiatrie en tout cas, les infirmiers sont formés à cette
02:49 thématique.
02:50 Dans les services en métier socle, peut-être un peu moins.
02:54 C'est une partie de la solution mais ça ne va pas résoudre tout le problème.
02:58 Mais ça veut dire quoi les former à la gestion de l'agressivité ?
03:00 En fait il faut savoir faire redescendre ces patients-là quand ils montent en pression.
03:04 Il y a des techniques pour cela.
03:06 Des techniques qui sont enseignées en termes de coaching.
03:12 Maintenant ça ne va pas tout résoudre.
03:14 Il y a un problème aussi peut-être de l'accessibilité des hôpitaux et des urgences en particulier.
03:19 J'entendais une infirmière hier qui disait que dans son hôpital, n'importe qui peut
03:24 rentrer n'importe quand.
03:25 C'est ça un hôpital ? Rendons-nous comme dans un moulin ?
03:27 L'hôpital aujourd'hui peut être assimilé à une forme de cours des miracles parfois.
03:34 Vous avez toute la misère humaine qui s'y déverse.
03:37 Il y a des traitements à appliquer en amont.
03:42 C'est-à-dire comment gérer les files actives au niveau de ces services qui sont particulièrement
03:46 exposés.
03:47 Là on parle des urgences.
03:49 On parle des urgences bien sûr.
03:51 Ils sont en première ligne.
03:53 L'accessibilité c'est la mission première.
03:59 C'est l'ouverture au niveau de ces services.
04:03 C'est ça qui est compliqué.
04:04 Il faut sécuriser les hôpitaux mais il faut les laisser accessibles aux malades.
04:08 Il faut quand même les laisser accessibles aux malades.
04:11 Est-ce qu'il faut des opérateurs en amont de l'entrée dans les services ?
04:16 Ça peut être une solution.
04:19 Mais en tout état de cause, aujourd'hui, faire dans l'ultra sécuritaire, c'est-à-dire
04:24 mettre des portiques, des gardes armés comme on peut voir dans certains pays dans ces services-là,
04:29 je ne pense pas que ce soit une partie de la solution.
04:30 Il n'y a pas de vigile aujourd'hui dans les hôpitaux ?
04:32 Pas partout.
04:33 Il y a bien sûr des services de sécurité dans ces établissements mais pas dans le
04:40 sens où on l'entend, en tout cas dans certains pays anglo-saxons.
04:42 On parlait des urgences mais pour reprendre ce qui s'est passé avant-hier au CHU de
04:46 Reims, l'agression a eu lieu dans les vestiaires.
04:49 Comment quelqu'un d'extérieur peut accéder à un tel endroit ?
04:51 Vous n'avez pas de sas de sécurité.
04:55 A partir du moment où vous êtes rentré dans l'hôpital, les ascenseurs sont en
04:59 accès libre pour le public.
05:01 Vous avez les familles de patients qui vont visiter leur malade en établissement.
05:06 Vous n'avez pas de sécurité à ce niveau-là.
05:09 A partir du moment où vous avez franchi le sas des urgences et que vous êtes rentré
05:14 dans l'établissement, vous pouvez accéder à tous les services.
05:17 Le ministre de la Santé, François Braune, veut réunir dès demain les syndicats de
05:20 soignants pour voir s'il y a des solutions rapides à prendre tout de suite avant éventuellement
05:27 d'autres mesures de plus long terme.
05:28 Le gouvernement consulte, il cherche des solutions en ce moment, mais ça ce sera pour plus tard.
05:32 Mais là, pour les solutions rapides, qu'est-ce qu'il pourrait prendre ?
05:35 Qu'est-ce qu'il faudrait prendre là tout de suite selon vous ?
05:37 Très difficile.
05:39 On voit effectivement aujourd'hui les autorités sanitaires au travail pour déployer des mesures
05:46 rapides.
05:47 Des mesures rapides qui amèneraient des résultats rapides, je n'en connais pas.
05:51 Je n'en connais pas parce qu'il faut effectivement revenir à la racine du mal.
05:56 Je vous disais en propos de Limière qu'on avait un distinguo à opérer entre les patients
06:01 psychiatriques et la population qui éventuellement est amenée à déraper en agression verbale
06:08 ou physique.
06:09 Je pense que pour les psychiatriques, il faut effectivement mettre les moyens pour faire
06:15 en sorte que les patients en ville soient observants, c'est-à-dire prennent leur traitement et
06:21 soient suivis.
06:22 Et puis pour ce qui concerne les patients en droit commun, la solution est peut-être
06:31 par l'éducation, la sensibilisation et la répression si effectivement il y a des dérapages.
06:36 Mais pourquoi cette violence ? Pourquoi s'en prendre à des soignants ? Pourquoi ils sont
06:39 devenus des cibles ?
06:40 Le système de santé n'échappe pas à un courant sociétal.
06:45 Aujourd'hui vous avez un courant dans la société qui ne supporte pas la frustration.
06:51 On voit qu'il s'applique au domaine de la santé, ce qui s'applique à l'intégralité
06:57 des domaines, une forme de consumérisme.
06:58 Il y a du consumérisme médical.
07:01 Et quand les patients n'ont pas ce qu'ils veulent, ces patients sont frustrés et peuvent
07:09 être amenés à déraper.
07:10 Une dernière question à Daniel Guillem parce qu'on n'a pas évoqué le problème.
07:12 On a beaucoup parlé des hôpitaux, des urgences.
07:14 C'est pareil pour les infirmiers libéraux ?
07:16 C'est pareil et c'est peut-être même exacerbé puisque vous avez des professionnels
07:23 qui sont isolés.
07:24 Dans un établissement vous avez un service, vous avez des collègues de travail dans un
07:30 service, vous avez une longueur de couloir qui n'est pas du tout la même que la longueur
07:34 du couloir en ville.
07:35 Et là vous avez des infirmières libérales qui se déplacent dans les cités, qui se
07:39 déplacent en secteur rural en ville de manière tout à fait isolée.
07:43 Donc on a régulièrement, très régulièrement des violences non déclarées au péril en
07:49 ville.
07:50 Merci Daniel Guillem.
07:51 Président de la Fédération Nationale des Infirmiers, vous est-il invité du 5-7 ?

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