• l’année dernière
Transcription
00:00 *Générique*
00:19 Nous débutons ensemble une nouvelle semaine du Book Club et un grand merci à toutes celles
00:23 et tous ceux qui ont interagi avec nous sur le compte Instagram du Club de lecture de
00:28 France Culture durant tout le week-end.
00:31 Ce midi, nous nous plongeons ensemble dans la littérature jeunesse, celle que l'on
00:36 choisit pour nos enfants, celle qui nous a marqués quand nous étions nous-mêmes de
00:40 jeunes lecteurs et de jeunes lectrices.
00:42 Alors quelle place prend l'illustration dans nos mémoires ? Peut-on aborder tous les thèmes
00:47 dans les livres jeunesse ? Et qu'apporte l'illustration ? On en parle avec nos invités
00:52 jusqu'à 13h30 et avec toute la communauté du Book Club.
00:55 *L'album de ma jeunesse n'a jamais quitté ma bibliothèque.*
00:57 *Comme l'intérieur d'une pierre précieuse.*
00:59 *Cette pauvre poupée qui fond au soleil.*
01:01 *Elle entendit de drôles de craquements tout près d'elle.*
01:04 *Et Ernestine qui était si malheureuse à la page précédente peut à nouveau s'occuper
01:09 de son pingouin si méhant.*
01:11 *Et moi j'ai eu la momie de Rascar Capac.*
01:13 *Et c'est ça qui m'a accroché.*
01:14 *Générique*
01:20 Il y a du monde ce midi, Clémence, Anne-Laure, Noemi, Chloé, Tiffel, la communauté du Book Club
01:24 donc mobilisée pour nous parler de leurs souvenirs jeunesse.
01:27 Bonjour Marine Schneider.
01:28 *Bonjour*
01:29 Vous êtes autrice, illustratrice, vous êtes belge et vous vivez et travaillez à Bruxelles.
01:33 Merci d'être venue jusqu'à nous.
01:35 Vous nous faites voyager, nous les plus âgés mais aussi les plus jeunes lecteurs, dès
01:41 l'âge de 6 ans grâce à cet album poétique éclat et l'acquis aux éditions Albain Michel Jeunesse.
01:47 C'est un voyage en Islande au milieu des volcans et à la rencontre de deux personnages
01:51 récits initiatiques dans lequel on va se plonger ensemble, salués par la profession d'ailleurs
01:56 puisque vous avez reçu la pépite d'or 2022 au Salon du Livre Jeunesse de Montreuil.
02:01 Vous dites, dès l'âge de 5 ans, vous avez affirmé avec détermination que plus grande,
02:08 vous feriez des livres pour enfants.
02:09 Alors est-ce que c'est une fable ou est-ce que c'est la réalité ? Dès 5 ans déjà, vous saviez ?
02:12 *Alors moi je ne m'en souviens pas mais j'ai récemment demandé à ma maman qui m'a dit que c'est la vérité.
02:18 Apparemment j'ai dit que je voulais faire des livres pour les enfants.
02:20 Je ne savais pas encore comment ça s'appelait.
02:22 Et je pense que dans ma tête c'était plutôt au niveau du dessin parce que je dessinais
02:25 beaucoup beaucoup beaucoup.
02:26 Mon papa était peintre aussi, est toujours d'ailleurs peintre.
02:30 Il avait son atelier dans notre garage et j'adorais aller l'observer et sentir l'odeur
02:34 de la peinture à l'huile.
02:35 Et je me disais un jour j'ai envie de faire pareil.
02:38 Sauf que je pensais déjà aussi en termes de narration je crois.
02:41 Et j'avais tellement d'histoires dans ma tête que je me suis dit qu'il fallait que j'en fasse
02:45 mon métier.
02:46 Après j'ai changé d'avis énormément mais ça a toujours gravité un peu autour des enfants.
02:49 - Qu'est-ce que vous lisiez à l'époque ? Vous vous en souvenez ou pas ?
02:53 - Moi j'ai un souvenir de lecture très fort mais je pense comme beaucoup d'autres enfants
02:57 c'est "Les trois brigands" de Tom Younger.
02:59 Et en fait on habitait pas loin d'une maison où il y avait un toit en forme de chapeau
03:04 de brigand.
03:05 Trois toits d'ailleurs en forme de chapeau de brigand.
03:07 Et ma maman nous disait "ça c'est la maison des trois brigands".
03:09 Et ça m'impressionnait beaucoup.
03:11 A la fois j'étais super attirée par ce bâtiment et à la fois j'en avais quand même un peu
03:15 peur.
03:16 Et voilà c'est vraiment un livre qui a marqué mon enfance et qui est toujours très présent
03:20 aussi dans mon esprit quand je crée aujourd'hui.
03:21 - C'est l'un des titres qui est revenu aussi auprès de la communauté du Book Club sur
03:25 notre compte Instagram.
03:26 Alors pour réfléchir avec nous sur les liens entre la narration et l'illustration dans
03:30 cette littérature jeunesse, nous avons convié Nadja.
03:32 Bonjour ! - Bonjour !
03:33 - Autrice, illustratrice également de livres pour enfants et de bandes dessinées.
03:37 Et vous avez marqué des générations de jeunes lecteurs avec votre célèbre "Chien bleu".
03:42 Le voici, je l'ai dans la main, publié à l'école des loisirs, prix totem du salon
03:46 du livre de jeunesse en 1989.
03:49 Comment vous êtes arrivée à la littérature pour enfants ? Est-ce que c'est dû à votre
03:54 parcours scolaire un peu atypique ? C'est-à-dire que vous n'avez pas été à l'école jusqu'à
03:58 l'âge de 13 ans, vous avez reçu des cours par correspondance et vous avez surtout reçu
04:05 les histoires racontées et dessinées par votre maman.
04:08 Oui, ça paraissait assez naturel d'écrire des histoires et de faire des dessins qu'elle
04:18 est avec quand on était… parce que j'ai deux frères et une sœur, quand on était
04:23 petit on faisait ça quotidiennement.
04:26 Mais j'en ai fait un métier seulement vers 35 ans parce que je voulais être peintre,
04:35 je ne pensais pas du tout faire des livres pour enfants.
04:38 Et je l'ai fait, les circonstances ont fait qu'on m'a dit « mais pourquoi tu… »
04:46 Enfin c'était une façon de gagner ma vie et j'aimais toujours quand même raconter
04:52 des histoires et les illustrer pour moi.
04:55 Donc c'était très bien.
04:57 C'est amusant dans vos deux parcours, dans vos deux histoires, il y a beaucoup d'influence
05:01 des parents.
05:02 C'est les parents qui mettent, pas le pied à l'étrier, mais le pinceau ou le crayon
05:06 dans la main.
05:08 C'est étonnant de se dire ça.
05:10 En tout cas, moi je sais que mes parents faisaient très attention à nous raconter des histoires.
05:16 On était entourés de livres et ça déjà je crois que c'est déjà un pied.
05:19 J'avais déjà un pied dedans parce que je voyais tous ces livres aussi, ces romans
05:22 que mon père dévorait.
05:23 Puis on habitait un peu… moi j'habite à Bruxelles, on habitait un peu en dehors
05:27 et une fois par mois on allait à la librairie à Bruxelles et ça c'était vraiment moi,
05:31 c'est ce que je préférais.
05:32 Et on avait le droit, mes soeurs et moi, de choisir un, deux, trois livres et c'était
05:35 vraiment la grande expédition.
05:37 Puis on les ramenait et ça constituait notre bibliothèque comme ça.
05:39 Mais je pense que c'est aussi le fait de voir mes parents non seulement dessiner, peindre,
05:44 mais aussi lire énormément.
05:46 Elle entendit de drôles de craquements tout près d'elle.
05:54 Elle se mit à courir, mais les bruits se rapprochèrent.
05:57 Il faisait sombre, elle ne voyait pas les pierres sur le chemin et buta contre l'une
06:00 d'elles.
06:01 Elle tomba de tout son long.
06:02 Terrifiée, elle vit une immense silhouette se précipiter sur elle.
06:08 Lorsque l'animal fut tout près, Charlotte poussa un cri de surprise.
06:11 Cet échin bleu qui l'avait suivi à la trace et retrouvé dans la forêt, elle l'enlaça
06:18 de toutes ses forces.
06:19 Si je ne devais garder qu'un seul album de mon enfance, ce serait celui-ci.
06:23 L'amitié de ce drôle de protagoniste à quatre pattes m'a fait rêver petite et
06:27 continue de trotter dans la tête des plus jeunes.
06:28 D'ailleurs, l'album de ma jeunesse n'a jamais quitté ma bibliothèque.
06:31 C'est la puissance des illustrations qui m'ont surtout marquée.
06:34 Les nombreuses références artistiques empruntées par Nadja nous transportent dans un univers
06:37 fantastique et énigmatique.
06:39 A chaque nouvelle lecture, on peut trouver un nouveau détail ou une nouvelle interprétation.
06:43 En parallèle, le fort attachement du chien et de la petite fille ne peut pas laisser
06:47 un enfant indifférent.
06:48 On peut y voir un récit initiatique ou juste le lien de loyauté entre un animal et son
06:51 maître.
06:52 Mais quoi qu'il en soit, Nadja se sert autant de sa plume que de son crayon, avec un style
06:55 très expressif qui fait le charme de cet album.
06:58 Les aplats de couleurs, le regard de chien bleu ou les sentiments qui se dégagent de
07:01 la petite Charlotte plongent les petits autant que les plus grands dans ce monde onirique.
07:05 Lorsque je vois mon fils absorbé par l'histoire, ses renforts s'appelent les chiens bleus
07:08 dans ses bras, je suis persuadée que ce grand classique de la littérature jeunesse va encore
07:12 faire rêver ou frissonner plusieurs générations d'enfants.
07:15 Nadja, pourquoi ne pas voir raconter d'autres aventures de Charlotte, comme vous avez pu
07:19 le faire pour Ninou ou Momo ?
07:21 - Eh bien c'est ce que je vais faire bientôt justement.
07:24 - Ah ! Racontez-nous.
07:25 - Ce sera plutôt des aventures de… Parce que je trouve qu'elle est assez parable
07:31 de l'histoire de chien bleu.
07:33 C'est la rencontre qui est le sujet du livre.
07:38 - Ça vous surprend encore plusieurs années après que ce livre reste un classique, qu'il
07:44 est encore transmis, on vient de l'entendre avec Clémence, à ses propres enfants.
07:49 - Oui, ça me touche beaucoup ça.
07:51 - Comment ça s'explique selon vous ? Qu'est-ce qui fait que dans ce livre, il y ait quelque
07:55 chose presque d'universel, d'intemporel ?
07:57 - Pour moi, c'est une histoire d'amour, dont on a tous besoin en fait.
08:05 Enfin, pas du livre, mais de l'amour.
08:08 - De l'amour.
08:09 - Et je pense que… Et moi-même, j'étais vraiment entièrement dedans, avec les personnages,
08:17 avec l'histoire et ce sentiment amoureux qui est à la fois fort et triste et gai.
08:24 Donc je pense que c'est la présence de quelqu'un au moment où il fait quelque chose.
08:32 Si la présence est forte au moment de faire un livre, je pense que ça se ressent.
08:40 - Qu'est-ce que vous allez raconter ? Quelle est la suite alors ? Vous ne pouvez pas nous
08:45 dire encore.
08:46 - Ah non.
08:47 - C'est dur.
08:48 - Mystère, mystère.
08:49 - En tout cas, il y a dans cette histoire quelque chose, pour ceux qui ne la connaîtraient
08:51 pas, Charlotte donc, qui rencontre ce chien bleu, qui n'est pas vraiment le bienvenu
08:56 jusqu'au moment où Charlotte se perd dans la forêt et il y a cette rencontre, cette
09:02 aide venue de ce chien bleu.
09:05 Vous avez parlé d'amour, c'est aussi de l'amitié dans ce livre.
09:10 Ce sont des thématiques qui parlent aux plus jeunes, aux enfants, aux jeunes garçons et
09:15 aux jeunes filles que l'on est, que l'on a hérité ?
09:17 - Oui, je pense que c'est aussi le sentiment de ne pas être seul.
09:27 Je crois que c'est plus fort que beaucoup de choses.
09:35 - Et pour ne pas être seul, c'est d'ailleurs tout l'intérêt de ce jeu qui est adapté
09:42 de votre histoire et qui vient d'être publié par Playback, l'école des loisirs, un jeu
09:47 de mémoire.
09:48 C'est intéressant aussi pour aider Charlotte à retrouver son chemin dans cette forêt
09:54 et la mémoire aussi intéressante parce que c'est évidemment cette histoire et ces liens
09:59 très forts entre les deux personnages qui restent dans la mémoire de ceux qui l'ont
10:02 lu il y a plusieurs années aussi.
10:04 C'est amusant ça, ce jeu ?
10:06 - Oui, j'aime bien parce que j'estime qu'une histoire c'est comme un chemin.
10:13 En effet, c'est un chemin avec des objets concrets pour raconter ce chemin.
10:21 C'est amusant.
10:22 - Et d'ailleurs Clémence disait que son fils avait aussi la peluche du chien bleu.
10:26 Donc c'est vraiment quelque chose qui marque et qui a marqué des lecteurs et des lectrices.
10:32 Ce qui est aussi très commun, c'est un des points communs entre toutes les deux, c'est
10:38 ces ambiances que vous arrivez à créer.
10:40 Vos deux livres sont deux grands formats, si je peux le dire ainsi, deux grands livres
10:46 avec la place de mettre de l'illustration au cœur de ces doubles pages.
10:51 Comment avez-vous travaillé, Nadja, d'abord pour peindre ces doubles pages dans "Chien
10:59 bleu" ?
11:00 - Vous voulez dire quelle intention ou quelle technique ?
11:05 - L'intention d'abord.
11:06 Pourquoi utiliser toute la page ?
11:08 Qu'est-ce que ça apporte d'avoir un format si grand ?
11:12 - C'est une façon de rentrer dans l'univers comme quand on regarde un film et que l'écran
11:19 est plus grand que soi.
11:20 Par rapport à un enfant, ça représente à peu près ce rapport de la personne à
11:30 l'image.
11:31 Et ça permet aussi, au point de vue du dessin, d'être ample, d'avoir une espèce de vision
11:40 d'ensemble.
11:41 - Marie-Hélène, vous avez la même démarche, vous aussi, ce format.
11:46 J'imagine que vous le décidez avant avec votre éditeur, quel va être le format, ou
11:51 vous adaptez ensuite une fois que les dessins ont été faits ?
11:54 - Non, j'ai proposé, en fait, parce que pour moi c'était vraiment important qu'on
11:59 puisse se plonger dans les dessins et qu'on puisse être face à ces paysages comme par
12:03 exemple en Islande ou dans d'autres pays où il y a une place importante pour la nature,
12:08 où on a une espèce de paysage très vaste où on peut se plonger.
12:12 J'avais envie de retrouver la même ambiance dans mes dessins, donc j'ai proposé à l'éditeur
12:16 qui était d'accord.
12:17 Mais c'est quelque chose qui se décide en amont.
12:19 J'ai un autre livre qui s'appelle « Tu t'appelleras lapin » qui est beaucoup plus
12:21 petit parce que moi j'avais envie que ce soit un livre qui puisse être lu sous la
12:25 couette avec une lampe de poche par les enfants.
12:27 Quelque chose de beaucoup plus intime.
12:29 Donc oui, c'est quand même une réflexion qui se fait en amont et qui est importante.
12:33 - Là, on se plonge dans vos univers, dans cette forêt.
12:36 Nadja, par exemple, dans « La petite fille » du livre, là aussi très grand format,
12:41 des pages entières où on se plonge avec cette petite fille dans cette forêt qui est
12:46 terrifiante.
12:47 C'est aussi ça l'intérêt physiquement pour l'enfant de se plonger dans l'histoire ?
12:51 - Oui, et je trouve ça important de ne pas avoir trop de recul quand on regarde des
12:57 tableaux.
12:58 C'est-à-dire que le recul implique la distance mentale.
13:04 Alors que là, c'est du direct.
13:07 - Alors vous nous faites évidemment voyager aussi avec ces livres, même nous en tant
13:13 qu'adultes.
13:14 Et c'est ce que nous a confié Chloé qui a lu « Éclat » et « Laquie » Marine
13:18 Schneider.
13:19 Je vous propose d'écouter.
13:20 - J'ai découvert le travail de Marine Schneider à la suite de mon voyage en Islande.
13:24 Complètement nostalgique des paysages et du calme ressenti sur place, j'ai cherché
13:27 des livres qui me permettraient de prolonger l'excursion.
13:30 C'est comme ça que je suis tombée sur « Éclat » et « Laquie ». Je me suis
13:33 d'abord laissée bercer par l'imagerie unique de Marine Schneider à travers ses
13:36 illustrations lâchées, chatoyantes, vibrantes, d'une énergie qui leur est propre et surtout
13:40 d'une grande sensibilité.
13:41 Mais c'est en prêtant une plus grande attention au texte que j'ai été emportée.
13:44 En fait, Marine Schneider a un don pour conter les histoires, tant dans la narration visuelle
13:49 que dans l'écrit.
13:50 Et c'est ça qui m'a accrochée.
13:51 La corrélation du texte et de l'image est si forte en cet album que j'ai été
13:55 émue.
13:56 Pour moi, c'est quelque chose que je cherche dans mes lectures graphiques et j'ai rarement
13:58 été touchée de la sorte.
13:59 Je ne suis toujours pas certaine d'avoir saisi toutes les subtilités de la narration
14:02 portée par Marine Schneider dans cet album, mais en vérité, c'est ce qui en fait sa
14:06 force.
14:07 « Éclat » et « Laquie » est un album dans lequel on veut retourner et s'attarder.
14:11 Pour conclure cette petite note élogieuse, je m'adresse directement à vous, Marine
14:15 Schneider.
14:16 J'aimerais savoir, comment envisagez-vous la relation entre écriture et illustration
14:20 dans votre travail ?
14:21 Alors, moi j'ai aussi une pratique d'illustratrice de textes d'autres auteurs.
14:29 Mais je trouve que quand je fais les deux, ça me permet de créer… Pour moi, le rapport
14:34 entre le texte et l'image, il est important parce qu'il se passe des choses entre aussi.
14:38 Donc, on peut laisser beaucoup plus, selon moi, de mystères et peut-être aussi de choses
14:43 auxquelles moi je n'ai même pas les réponses.
14:44 Elle parle de subtilité de la narration.
14:47 En fait, parfois, je me rends compte que moi non plus, je n'ai pas toutes les réponses
14:51 aux questions qu'on me pose.
14:52 Je laisse beaucoup planer comme ça un espèce de mystère parce que je fonctionne beaucoup
14:57 à l'intuition.
14:58 Donc, quand j'écris mes images et quand… Quand j'écris mes images, oui.
15:00 Jolie lapsus.
15:01 Voilà, très jolie lapsus.
15:02 Quand j'écris mes textes et que je fais mes images, je me laisse beaucoup porter
15:07 par une espèce d'intuition et je lâche prise, on va dire.
15:10 Et il se passe des choses, en fait.
15:12 Donc, par exemple, Écla, ce petit être qui est humain mais pas trop, a un espèce de
15:17 capuchon ou une petite flamme sur la tête.
15:19 Et en fait, c'est seulement à la fin que j'ai appris que Écla, en islandais, ça
15:22 voulait dire capuchon.
15:23 Donc, c'est un peu comme s'il était obligé d'avoir cette forme-là.
15:26 Je ne sais pas.
15:27 C'est un truc un peu magique qui se passe.
15:28 Et ça, je trouve que ça se… Le fait de créer de A à Z, on va dire, avec texte et
15:34 image permet ça.
15:35 - Il y a quelques surprises.
15:37 Vous n'êtes pas responsable.
15:39 - Voilà, c'est comme si j'étais un peu le canal qui permet… Enfin, voilà.
15:43 - Nadia, justement, vous, comment vous travaillez ? Vous pensez d'abord le récit, l'histoire,
15:48 le texte et ensuite les illustrations ou alors les deux viennent en même temps ou alors
15:52 l'illustration d'abord prime sur le reste ? Comment vous imaginez ?
15:55 - Ça dépend.
15:56 Je peux avoir envie d'un univers.
15:58 Par exemple, j'avais fait un livre sur le rocher de Vincennes avec les petits sages
16:04 qui s'appelait « Tiens bon, dis-non ! » parce que j'étais obsédée par le fait de peindre
16:10 ce rocher.
16:11 Et tous ces petits personnages me font toujours penser à des tas d'histoires et tout.
16:15 Donc, c'est parti plutôt de l'univers entier.
16:19 On peut dire que quand une histoire apparaît, c'est assez vague et que je la cerne au
16:30 fur et à mesure que je travaille dessus.
16:32 Et je travaille dessus beaucoup avec les images.
16:35 C'est-à-dire que les images me donnent des idées de textes, de dialogues, etc.
16:42 - Des images que vous avez vues ?
16:44 - Non, le fait de dessiner.
16:46 Le fait de dessiner, c'est comme si je donnais vie à mes personnages.
16:52 Donc, ce sont eux, assez rapidement, qui me disent des choses plutôt que…
17:04 - Il y a des surprises là aussi.
17:05 J'ai cru comprendre la façon avec laquelle vous créez.
17:10 Il y a évidemment aussi la question du langage, du texte, de ce qu'on écrit quand on s'adresse
17:15 à un public très jeune.
17:17 Marine Schneider, parfois vous dites que vos livres sont un peu difficiles ou détonnants,
17:23 en tout cas dans la façon d'être lus par des jeunes.
17:28 Ça veut dire que vous n'avez pas peur de mettre un peu de difficultés aussi dans votre
17:33 roman ?
17:34 Il ne faut pas que tout soit trop simple, même si on parle à des enfants ?
17:36 - Oui, déjà, moi, je n'ai pas l'impression…
17:37 Enfin, je ne dis jamais que je fais des livres pour les enfants.
17:40 Je fais des albums et il s'avère qu'ils s'adressent aux enfants, mais j'espère
17:44 aussi aux adultes.
17:46 Et je pense que, déjà, au niveau des sujets, je ne me retiens pas de raconter quoi que
17:51 ce soit.
17:52 Et aussi au niveau du langage que j'utilise, parce que moi, j'adore les mots.
17:54 Et je trouve que j'adore quand ça sonne bien et quand ça coule dans la bouche.
17:58 Par exemple, à un moment, au début de l'album, je parle des samar d'un érable sycomore.
18:02 Et donc, déjà, dans cette petite phrase-là, il y a déjà deux mots.
18:06 À mon avis, les enfants doivent se dire « mais qu'est-ce que c'est ? ». Et même
18:08 parfois, certains adultes…
18:09 - C'est vrai.
18:10 - Moi, d'ailleurs, les samar, par exemple, les hélicoptères qui tombent des arbres,
18:13 je ne savais pas que ça s'appelait des samar.
18:14 Je l'ai appris aussi grâce à Eklah El Aki.
18:18 Et ça, j'aime beaucoup, en fait.
18:19 Déjà, parce que c'est un plaisir de prononcer ces mots à voix haute, vu que je fais des
18:22 albums qui, j'espère, vont être lus, racontés à voix haute.
18:25 Donc, ça doit bien sonner dans la bouche.
18:28 Et puis aussi, si en plus, on peut apprendre des choses, c'est merveilleux.
18:30 - Nadia, c'est des questions que vous vous posez aussi.
18:33 Comment vont résonner les textes dans la voix peut-être de l'adulte qui va lire
18:36 aux enfants ?
18:37 - Oui, moi, je pense toujours que… Évidemment que j'aimerais que… Enfin, ça s'adresse
18:46 à qui le capte.
18:49 Mais je trouve qu'on parle aux enfants de sujets qui les intéressent plus ou moins.
19:01 Je ne vais pas commencer à raconter mes histoires de cul ou de troubles psychologiques à des
19:09 enfants qui ne sont pas capables de les recevoir.
19:12 Il y a quand même une différence de sujet, surtout que… On en parlait tout à l'heure.
19:22 Moi, je fais des livres pour adultes.
19:24 Donc, je peux employer mon envie de discuter entre adultes à travers les bandes dessinées
19:33 que je fais pour adultes.
19:34 Et pour enfants, non pas que… Je n'emploie pas de langage spécialement pour les enfants,
19:47 quoique je suis un peu comme… C'est un jeu, en fait, je trouve.
19:53 Quand on lit une histoire à un enfant, on lui dit… C'est un jeu partagé.
19:58 On lui dit « viens, je t'emmène du côté des fées ». Et même de prendre une voix
20:04 spéciale, etc.
20:05 Quand on la raconte, ça fait partie du plaisir.
20:07 Donc, les enfants sont toujours d'accord pour jouer, de toute façon.
20:12 Et dans tous les contes de fées que j'adorais quand j'étais petite et tout, j'adorais
20:18 la phrase « il était une fois, il y a fort longtemps… » qui permettait de rentrer
20:23 dans le jeu.
20:24 Et je n'emploie pas cette formulation exacte, mais je suis consciente du fait que je raconte
20:31 quelque chose à un enfant.
20:32 Et quand je raconte vraiment, directement des trucs à un enfant, c'est presque une
20:42 façon d'être un peu… Enfin, d'avoir un peu de recul, d'être un peu en distance,
20:50 un peu légèrement humoristique, de dire « il y avait une petite fille qui ne croyait pas
20:57 du tout au Père Noël, par exemple.
20:58 » Je commence comme ça.
21:00 Et quand je vois que ça allume quelque chose…
21:04 - Ça fait réagir les enfants.
21:06 - Voilà.
21:07 C'est aussi un truc… Je trouve que c'est très proche du conte oral pour enfants.
21:14 - Oui, moi j'aime beaucoup l'idée d'accompagner l'enfant.
21:17 Parce que je pense que, par exemple, je ne laisserais pas avec la Elaki un enfant de
21:20 5 ans en lui disant « tiens, le livre, fais ta vie, lis-le ». Parce que ça va faire
21:26 émerger des questionnements.
21:28 Et j'aime bien le fait que ça puisse faire émerger une discussion avec un adulte ou
21:33 avec un autre enfant, d'ailleurs, de ce qu'ils ont compris.
21:36 En fait, ils ne vont pas comprendre la même chose.
21:37 Et c'est très bien de laisser aussi cet espace-là…
21:40 - Peut-être une double lecture.
21:42 - Et du coup, l'idée aussi d'y revenir plus tard et de découvrir à chaque fois
21:46 des nouvelles choses, des nouvelles idées qu'on n'avait pas vues la première fois.
21:49 C'est aussi un livre… Et que la Elaki, si vous nous racontez en quelques mots l'histoire,
21:54 mais une histoire qui parle… Un livre qui parle de deuil, de la perte d'une figure
21:59 rassurante, de l'absence, de la solitude.
22:02 On en disait un mot tout à l'heure.
22:03 Ce n'est pas évident d'aborder ces thématiques-là pour un public plus jeune.
22:08 Est-ce que justement, les dessins vous aident ?
22:11 - En tout cas, c'était important pour moi qu'Ecla soit vraiment un enfant.
22:17 Il a beaucoup de caractéristiques qui sont propres à l'enfance.
22:21 Il est vivant, il est chaleureux, il joue, il ose, il désobéit.
22:27 Et ça, c'était important.
22:29 Et puis aussi qu'il y ait cette figure, au départ, assez distante de l'Aki, mais
22:33 finalement qui va créer un lien très très fort et rassurant aussi.
22:38 C'était important aussi pour que Ecla ne se sente pas seule et qu'on arrive finalement
22:43 à la résolution, à la fin de la première partie où en effet l'Aki meurt, qui fait
22:47 partie de la vie, mais d'une façon légère et douce.
22:51 Et qu'Ecla ait toutes les clés en main pour continuer.
22:56 - Double page très poétique.
22:59 La mort de l'Aki est vraiment très belle.
23:03 Ce n'est pas le bon terme, mais évidemment c'est fait de manière très douce, très
23:07 subtile.
23:08 L'Aki, c'est quoi ? Un gros monstre ? Un titan ? Bleu ?
23:12 - Oui, en fait, l'Aki, moi je me pose souvent des questions.
23:15 L'Aki habite dans un cratère, dans une cabane tout seul, avec un grand lac.
23:19 Et je me pose souvent des questions, par exemple, sur l'enfance de l'Aki, ou qui était l'Aki
23:23 avant d'être dans ce cratère ? Est-ce qu'il a toujours été là ? Et ça, c'est un peu
23:26 les mystères dont je parlais.
23:27 Je ne sais pas, en fait, je n'ai pas les réponses.
23:28 Mais il est mystérieux, l'Aki, parce qu'il est très très grand, il a de très grandes
23:32 mains.
23:33 Je ne dirais pas que c'est un monstre, je dirais que c'est aussi humain, mais pas tout
23:39 à fait, en fait, un peu comme Eclat.
23:40 - Ce qui est amusant, et ça nous a sauté aux yeux un tout petit peu, c'est les deux
23:46 personnages qui sont un peu effrayants au début.
23:49 L'Aki, ce petit titan bleu, en quelque sorte, et ce chien bleu qui lui aussi est démesuré
23:56 quand on est le petit personnage de Charlotte.
23:59 Deux figures, d'un personnage rassurant dans les deux cas.
24:03 C'est important qu'il y ait, même quand on va sur le terrain de la peur, pour les
24:08 plus jeunes, un personnage qui est là pour les rassurer, pour les entourer, pour les
24:12 envelopper.
24:13 Nadja ?
24:14 - Oui, et ça fait partie aussi peut-être des fantasmes féminins.
24:18 Le personnage impressionnant, fort, mais qui vous aime.
24:23 C'est une des…
24:27 - Et puis ce bleu, quand même, il se passe quelque chose avec le bleu, je ne sais pas,
24:30 ça permet une intensité, je trouve.
24:32 - Oui, c'est un bleu, le bleu, oui.
24:36 - Dans lequel on peut se perdre, je ne sais pas.
24:38 Enfin, moi, en tout cas, pour moi, c'est une couleur importante.
24:41 - C'est évidemment des personnages qui marquent l'enfance, quand on découvre ces histoires.
24:48 Surtout quand il y a cette émotion, ce sentiment qui envahit les enfants, celui de la peur,
24:55 qui est un sentiment assez étonnant.
24:56 On a Anne-Laure, elle a un souvenir de jeunesse, de lecture de jeunesse, qui la terrifie quasiment
25:03 encore, on va l'écouter.
25:05 - Dans mes souvenirs d'enfance, c'est de bande dessinée et d'illustration pour
25:08 enfants.
25:09 C'est vraiment la momie de Raskar Kapak qui m'aura peut-être le plus marquée, parce
25:14 qu'elle est absolument terrorisante, cette momie.
25:18 Et en plus, Hergé, quand il nous la présente, il ne se contente pas de juste nous montrer
25:23 le mouvement de ce personnage terrible qui jette des sphères de cristal.
25:29 Mais en plus, il la détaille, il fait des gros plans où on voit les yeux sans orbite.
25:36 C'est absolument atroce.
25:38 Et moi, ça m'a donné des cauchemars quand j'étais petite.
25:41 Et mes enfants auront eu Voldemort dans leur vie.
25:44 Et moi, j'ai eu la momie de Raskar Kapak.
25:47 - Raskar Kapak dans les 7 boules de cristal, c'est le 13e album des aventures de Tintin,
25:52 bien sûr.
25:53 Cette idée de provoquer des cauchemars chez les plus jeunes, est-ce que ça vous terrifie
26:00 ? Vous, est-ce que ça vous arrête ? Ça vous stoppe dans le dessin, dans l'écriture,
26:05 dans le fait de raconter une histoire ? Ou alors vous vous dites, il se passera ce qui
26:09 se passera pour les plus jeunes ?
26:10 - Moi, je trouve ça difficile de savoir l'impact que ça peut avoir.
26:16 Parce que les cauchemars, on peut les faire sur n'importe quoi.
26:19 Et que c'est peut-être au contraire une façon de catalyser les angoisses sans aller trop
26:26 loin non plus.
26:27 C'est un débat qui existe depuis toujours.
26:30 Est-ce qu'il y a un phénomène de catharsis qui permet de se défouler avec des choses
26:39 violentes ou le contraire ? Pas de réponse à cette question.
26:44 - Marie-Luce Nader ?
26:45 - Je ne sais pas, mais en tout cas, je trouve que ce jeu sur la peur, c'est quand même
26:48 très intéressant et aussi assez propre à l'enfance.
26:53 Par exemple, là j'ai fini un album qui va sortir chez Pastel, qui s'appelle presque
26:56 « Une histoire de loups », qui joue vraiment sur cette dualité qu'ont les enfants à
27:00 la fois être très très attirés par quelque chose et à la fois en être terrorisés.
27:04 Et par exemple, le loup, pour les petits, ça peut vraiment être ça.
27:07 Et je trouve ça très intéressant.
27:09 Et je pense que, j'espère en tout cas, que personne ne va faire des cauchemars terrorisants
27:13 avec mes albums.
27:14 Parce que j'espère qu'encore une fois, il y aura cet accompagnement qui va leur permettre
27:20 de poser les bonnes questions et d'être accompagné, rassuré.
27:23 - Mais moi, je trouve que c'est quand même une histoire de pouvoir.
27:26 Parce que la peur a toujours été employée par le Vatican, la crainte de l'enfer ou
27:37 tout ce qui peut vous arriver si on fait du mal, par exemple.
27:40 Ou la crainte des punitions si on n'obéit pas aux règles, etc.
27:48 C'est un instrument de pouvoir quand même.
27:50 - Et je trouve que peut-être la littérature jeunesse de nos jours est peut-être un peu
27:53 trop lisse à ce niveau-là.
27:54 On osait beaucoup plus de choses avant.
27:56 On pouvait se permettre beaucoup plus de fins un peu cruelles, peut-être qui sont trop
27:59 cruelles.
28:00 - Oui, mais ça répondait à une société qui était peut-être plus dure, peut-être.
28:05 - Mais les fins qui… Tout est bien qui finit bien, je pense que peut-être ce n'est
28:09 pas non plus…
28:10 - Moi j'aime les fins qui finissent bien.
28:11 - C'est vrai ?
28:12 - Ah oui, j'aime les… Je trouve ça malhonnête de la part d'un auteur de ne pas faire une
28:20 fin heureuse parce que c'est lui qui vous a mis dans la situation d'assister à des
28:25 événements, etc. et qui vous rend consciemment malheureux à la fin d'une histoire.
28:33 - C'est vrai que si tout le monde pleure à la fin, ce n'est pas possible.
28:35 - Je suis indignée.
28:36 - Par exemple, l'idée de la mort, dans Eclat et Laky, le personnage qui meurt, vous, vous
28:43 auriez jamais raconté l'histoire d'un personnage qui meurt ?
28:46 - Non, ça dépend parce que si c'est inscrit dans l'ADN profond de l'histoire…
28:52 - Ce n'est pas à la fin la mort.
28:53 - Voilà, c'est ça que j'allais dire.
28:54 - Ce n'est pas gratuit.
28:55 - Dans Eclat et Laky, la mort, si c'était à la fin, ça aurait été peut-être vraiment
28:59 traumatisant alors que là, c'est une première partie.
29:02 - Oui, là, il y a presque le sujet.
29:04 - Qu'est-ce qui se passe après pour ce petit personnage ? C'est ça qui est important.
29:10 - On ne va pas dire la fin de votre album, évidemment.
29:13 On laissera les lecteurs, auditeurs, lectrices le découvrir.
29:16 On a posé à notre communauté la question "Quelle est l'image qui a le plus marqué
29:19 votre enfance ?" On a eu Raskar Kapak d'Anne-Laure, on a Hélène qui nous propose Mimi Cracra,
29:23 et bien oui, pourquoi pas, Pamolico qui nous dit la couverture de L'Ami du petit tyrannosaure
29:29 de Florence Sévos et Danaïs Vogelag.
29:32 Et puis, on a aussi Noémie qui nous parle d'Ernest et Célestine.
29:36 Alors, on va écouter Noémie.
29:37 - Dans le salon, habituellement si épuré, trône l'immense sapin vert.
29:43 Dessus, il n'y a pas de boule puisque ce sont des peluches et des poupées qui attendent
29:47 d'être choisis et choyés par les souriceaux du village qu'a invité Ernest.
29:52 Ce soir, c'est la fête, c'est Noël.
29:55 Et Ernestine, qui était si malheureuse à la page précédente, peut à nouveau s'occuper
30:01 de son pingouin Siméon qu'Ernest lui a refait à l'identique suite à sa perte dans la neige.
30:06 - Et puis, il y a Elsa qui nous parle d'Olaf et Marjorie de Grégoire Solotareff qui est
30:12 votre frère.
30:13 Nadja, ce livre est fabuleux, nous dit Elsa.
30:15 Vous avez ensuite évolué aussi dans votre façon de raconter les histoires avec des
30:21 livres qui sont plus petits, des livres un peu humoristiques, vous disiez, en décalage
30:25 aussi avec peut-être ce que des enfants imaginent.
30:28 Qu'est-ce qu'on fait pour se renouveler aussi dans cet exercice ?
30:32 - Vous voulez dire pour les livres humoristiques ?
30:38 - Oui.
30:39 - C'est une espèce de dialogue avec Grégoire qui, étant mon frère, est assez proche de
30:48 moi et c'est comme si on continuait à jouer.
30:52 C'est une question d'envoi et de réponse.
30:57 Il m'envoie des textes et je réponds avec des images et on doit tous les deux se faire
31:03 marrer.
31:04 C'est assez stimulant.
31:07 - Blanche neige et Grise pluie, ça vous a fait marrer avec votre frère ?
31:12 - Oui, j'adore ces titres.
31:13 - Parlons de la technique pour terminer.
31:16 Comment vous dessinez, comment vous créez ?
31:18 Ce qui est très beau dans ces grands ouvrages aussi, c'est le choix du papier, de la texture,
31:24 des couleurs.
31:25 Marine Schneider, comment vous faites ? Vous avez une technique très particulière ?
31:27 C'est-à-dire qu'une fois que vous commencez une planche, vous ne l'arrêtez plus, vous
31:30 ne revenez plus en arrière, vous ne la déchirez pas ?
31:32 Comment ça fonctionne ?
31:33 - C'est vrai.
31:34 C'est quelque chose que j'ai commencé à faire quand mon fils était vraiment tout
31:37 tout petit et j'avais juste la nuit pour travailler.
31:39 Du coup, je ne pouvais pas me permettre de chaque fois de recommencer.
31:42 J'ai découvert un vrai plaisir à créer mes images couche par couche.
31:47 Je commence par le fond, par exemple au pastel.
31:50 Je remplis le papier et puis je vais peindre par-dessus avec de l'acrylique.
31:53 Puis je vais venir rajouter des éléments à l'aquarelle.
31:57 Puis je vais peut-être « gommer » mon pastel en rajoutant de la peinture blanche qui rappelle
32:01 le papier.
32:02 Je vais créer comme ça des couches.
32:05 Le plus dur, c'est de savoir s'arrêter.
32:07 Parce que parfois, je vais trop loin et j'essaie de revenir.
32:10 Je perds un peu la sensibilité.
32:12 Mais oui, c'est chouette de me dire, presque comme un peintre, de parfois passer plusieurs
32:20 jours, voire une semaine sur la même planche et de prendre quelques pas de côté, de recul,
32:27 de revenir dessus et de mélanger toutes les techniques aussi.
32:30 Parce que j'ai un grand plaisir de la texture, aussi de la couleur.
32:35 - J'allais vous faire une confidence.
32:37 Je me suis vu en train, pendant la lecture, de caresser les pages pour savoir s'il y
32:41 avait ou pas du vrai relief.
32:42 Parce qu'on voit le relief de ces volcans islandais dans votre livre.
32:46 C'est vrai que c'est très agréable.
32:48 On rentre encore plus, j'ai envie de dire, dans ce voyage que vous nous proposez.
32:53 Nadja, vous, votre technique, il y a peut-être un point commun, c'est l'aquarelle qui est
32:57 aussi proche entre vos deux travaux.
33:00 - Moi, c'est plutôt de la gouache.
33:02 Récemment, c'était amusant et agréable.
33:08 J'ai repris des images de Chien Bleu, d'autres images, pour préparer une exposition, là,
33:17 qui est ces jours-ci.
33:18 Le fait de reprendre la même technique et de me retrouver avec les mêmes personnages
33:26 m'a fait très plaisir.
33:28 Parce que c'est une façon de leur donner vie à nouveau.
33:31 - Et c'est l'histoire qui se poursuit.
33:33 Évidemment, merci beaucoup, Nadja, d'être venue dans le Book Club.
33:37 Je rappelle que votre best-seller, on peut le dire, Chien Bleu, est toujours disponible
33:41 à l'École des loisirs et qu'il vient d'être adapté en jeu à partir de 4 ans chez Playback.
33:45 On replonge dans votre univers et on va retrouver les autres références de vos livres sur
33:48 la page du Book Club, sur franceculture.fr.
33:51 Merci Marine Schneider d'être venue jusqu'à nous depuis Bruxelles.
33:55 Éclat et Laquille, disponible chez Albain Michel Jeunesse, qui a reçu, on le rappelle,
34:02 la pépite d'or.
34:03 C'était au salon du livre Jeunesse à Montreuil en 2022.
34:06 Merci à toutes les deux.
34:07 - Merci.
34:08 - Et restez encore un instant avec nous, puisque dans un instant on découvrira l'épilogue
34:15 du Book Club.
34:16 Mais à 13h24 sur France Culture, voici Charles Danzig, les 4 items.

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