Thierry Blandinières, directeur général d’InVivo, répondait aux questions d’Emmanuelle Ducros dans les allées du Salon de l’Agriculture 2023.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Nous sommes au Salon de l'agriculture, édition 2023.
00:02 Il y a tout juste un an, nous sortions de la crise Covid,
00:05 la guerre en Ukraine démarrait et Thierry Blandinière,
00:08 le directeur général d'Invivo, a été un des premiers à alerter
00:12 sur les grandes transformations face auxquelles nous étions.
00:15 Un an après, c'est le moment de faire avec lui un petit point.
00:18 Où en est Invivo qui a depuis intégré le groupe Soufflé ?
00:21 Comment est-ce que ce grand groupe agricole qui fait désormais
00:25 12 milliards et demi de chiffres d'affaires peut entraîner
00:27 les grandes transformations dans la ferme France ?
00:30 Un petit bilan tout de suite avec lui.
00:32 Vous l'avez dit Emmanuel, c'est vrai qu'on a vécu des années folles
00:41 parce que d'abord il y a eu Covid, donc il a fallu gérer la crise
00:44 et puis ensuite, effectivement, la crise en Ukraine.
00:46 Au même moment, on a acheté Soufflé,
00:48 Soufflé qui est très exposé en Ukraine et en Russie.
00:50 Donc on s'est retrouvé vraiment en première ligne
00:53 pour régler toutes ces questions de souveraineté alimentaire notamment.
00:57 Et donc finalement, qu'est-ce qui s'est passé un an après ?
00:59 Finalement, on a appris après des hauts et des bas,
01:01 beaucoup de volatilité.
01:03 On est plutôt content aujourd'hui d'avoir intégré Soufflé,
01:05 d'avoir réussi cette intégration majeure.
01:07 Vous l'avez dit, 5 milliards d'euros chez Soufflé,
01:10 6 milliards chez Invivo, un ensemble combiné à 12,5 milliards aujourd'hui.
01:13 Donc une entreprise solide, installée et qui a quelque part
01:17 une grande mission, une grande responsabilité maintenant,
01:19 c'est s'engager dans ces transitions agricoles et alimentaires
01:23 parce que la taille au service de la transition.
01:26 On sait qu'aujourd'hui, on a changé d'échelle.
01:28 On doit travailler sur de nouveaux programmes d'innovation,
01:31 démontrer que l'agriculture peut être une solution
01:33 avec le changement climatique,
01:34 travailler sur notre bilan carbone.
01:36 Et nous, ce qu'on souhaite faire, c'est qu'à grande échelle,
01:38 Soufflé et Invivo, on peut démontrer que l'économie est possible,
01:41 que le sens économique de la transition est possible.
01:43 C'est notre enjeu.
01:44 Et voilà, nous sommes aujourd'hui en mouvement
01:47 pour réaliser cet objectif de long terme,
01:50 mais en même temps, engager sur le court terme.
01:51 Pour moi, le monde a complètement changé, complètement basculé.
02:04 Le consommateur français a compris que l'essentiel,
02:06 c'était de pouvoir se nourrir dans de bonnes conditions
02:09 en préservant la planète et que c'était très précieux
02:12 de pouvoir maîtriser son alimentation.
02:13 La question de souveraineté alimentaire est cruciale aujourd'hui.
02:16 On n'en parlait pas il y a trois ans.
02:18 Donc tout le monde a compris, l'opinion publique a compris
02:20 que maintenant il était essentiel de pouvoir sécuriser son approvisionnement
02:24 et que l'agriculture était toujours là.
02:26 L'agriculture française, l'agroalimentaire français était là, tenu debout.
02:30 Pendant ces crises-là, on a vu que notre industrie était partie,
02:32 qu'on avait des problèmes d'approvisionnement,
02:34 mais pas en agriculture.
02:35 Donc je crois que ces crises ont révélé que l'agriculture française était là
02:39 et que le grand public a bien compris qu'il fallait préserver ses agriculteurs.
02:41 Nous, depuis 2014, on a engagé dans ces transitions agricoles,
02:53 produire plus, mieux et durable.
02:55 C'est la solution.
02:56 C'est la troisième révolution agricole, c'est la troisième voie
03:00 pour trouver un chemin entre le bio et l'agriculture conventionnelle.
03:03 Et donc nous, on se situe vraiment dans cette logique de transition,
03:06 réinventer une agriculture compétitive,
03:09 à des coûts compétitifs malgré l'inflation,
03:11 pour que tout le monde puisse consommer à un prix attractif.
03:14 Et en même temps, montrer que ce que l'on produit,
03:15 on le fait dans de bonnes conditions.
03:17 Donc quelque part, on va travailler la qualité des sols,
03:19 revoir la biodiversité,
03:20 travailler tout ce qui est agro-sauveresterie,
03:22 réinventer le mode de production,
03:24 tout en regardant aussi l'enjeu de compétitivité du prix.
03:28 Parce que le prix est essentiel, on le sait,
03:29 et le consommateur veut consommer à un prix compétitif.
03:31 On va travailler sur une offre-produit
03:34 qui conjugue l'ensemble de ses objectifs.
03:37 Et c'est notre enjeu.
03:38 Le projet de loi de l'agriculture
03:41 est-il un projet de loi qui a été réalisé ?
03:47 On a cet enjeu d'agriculture de précision,
03:49 dans un premier temps, de réduire l'utilisation des intrants,
03:52 pour baisser l'impact des intrants sur l'environnement.
03:55 Ça c'est un travail de fond.
03:56 Et ensuite, on peut réinventer quelque part l'agriculture
03:59 au niveau du travail du sol.
04:00 On peut enrichir le sol en repensant le système agricole,
04:03 en rentrant dans une agriculture régénérative,
04:07 qui permet, avec des rotations de culture,
04:09 de changer de modèle agricole,
04:11 de diversifier l'offre,
04:13 et en même temps d'enrichir les sols,
04:15 pour que les sols deviennent des puits de carbone,
04:17 ce qui permet d'avoir un revenu complémentaire
04:19 potentiellement pour l'agriculteur,
04:20 qui pourra externaliser une valeur du crédit carbone,
04:23 et donc sécuriser et financer sa transition.
04:26 Et donc nous sommes mobilisés, justement,
04:28 pour qu'à grande échelle,
04:29 on puisse accélérer cette nouvelle agriculture.
04:33 Et l'ATA, Issoufflé et Invivo, nous donnent les moyens aujourd'hui.
04:36 Un grand groupe au service de cette transition.
04:37 Ce qui est essentiel quand on dirige un groupe
04:48 de la taille d'Invivo Issoufflé maintenant,
04:50 c'est apporter de l'agilité dans notre façon de fonctionner.
04:53 Et depuis très longtemps, chez Invivo,
04:55 on a apporté beaucoup d'agilité.
04:56 On a travaillé avec beaucoup de startups
04:58 pour emporter de l'innovation, pour nous challenger.
05:01 On a créé une Digital Factory.
05:02 On a investi 100 millions d'euros dans les datas agricoles.
05:05 On sait que l'enjeu des datas, ça va être essentiel.
05:07 Pourquoi des datas ?
05:08 Pour comprendre et démontrer, quelque part, aux consommateurs,
05:11 que ce que l'on dit, on le fait.
05:14 C'est-à-dire qu'on est capable de tracer complètement
05:16 la chaîne alimentaire, de démontrer que,
05:19 pour telle baguette, par exemple,
05:20 elle sera produite à l'issue de toute une chaîne alimentaire
05:24 dans telle parcelle,
05:26 et cette parcelle aurait été complètement décarbonée, par exemple.
05:29 Et ça, c'est notre enjeu.
05:30 L'enjeu, c'est effectivement de participer,
05:32 justement, à décarboner la filière.
05:34 Ce qui est l'enjeu majeur, c'est de montrer que
05:37 ces nouveaux produits vont aider à lutter contre le réchauffement climatique.
05:39 Alors nous, on a une vision très claire.
05:45 En même temps, ça peut être un rêve,
05:46 mais ça peut être aussi une réalité.
05:47 Ce n'est pas qu'une utopie.
05:49 On voit une Ferme France beaucoup plus diversifiée sur ses cultures,
05:52 en même temps très compétitive,
05:54 avec, engagée dans les grandes transitions,
05:57 d'être la première agriculture qui est en capacité de communiquer
06:00 sur, demain, des céréales avec une qualité RSE engagée
06:04 sur la société, engagée sur l'environnement.
06:06 Et du coup, d'avoir un premium, un prix payé à l'agriculteur
06:09 que le consommateur comprendra et achètera,
06:12 et si ça permettra de transformer le modèle.
06:14 Et de faire rayonner l'agriculture française dans le monde entier,
06:17 parce qu'avec Soufflé et Invivo, on est présent dans nombre de pays.
06:20 Et donc, on aimerait que l'agriculture française redevienne
06:24 l'agriculture de référence mondiale.
06:25 Et c'est l'enjeu.
06:26 [Musique]
06:35 Fier parce que c'est leur terroir.
06:37 On est tous des fils, petits-fils, petites-filles de paysans.
06:41 On est dans un monde où, quelque part, ce sont nos racines.
06:43 Il faut exprimer ce savoir-faire, le faire connaître,
06:46 faire rayonner la France dans le monde,
06:47 et quelque part, être fier de ça, fier de nos origines,
06:50 et fier de notre capacité et notre savoir-faire
06:52 pour innover et transformer, réinventer le modèle agricole.
06:56 C'est la troisième révolution agricole.
06:58 La France doit être le leader mondial de cette troisième révolution.
07:00 [Musique]
07:09 Au-delà du rugby, qu'on apprécie tous en France,
07:12 parce qu'on a une grande équipe, en tant qu'anciens joueurs,
07:15 effectivement, il y a une certaine sensibilité.
07:16 Mais au-delà de ça, ce qui est intéressant, c'est qu'il n'y a plus du monde.
07:18 C'est le premier grand événement mondial,
07:20 après les crises, en tout cas la crise de Covid.
07:22 Donc, ce sera un coup de projecteur formidable
07:25 sur la France, et sur la France et ses terroirs,
07:28 parce que la Coupe du Monde de rugby
07:29 va être dans toutes les villes de France.
07:31 Et ce qui nous a plu dans le projet Coupe du Monde,
07:33 ce n'est pas simplement le côté sportif,
07:35 mais le côté engagement territorial des territoires,
07:38 derrière, pour justement soutenir cette Coupe du Monde,
07:40 mettre en avant les filières régionales,
07:42 les produits locaux, au service du festif,
07:45 autour de la fameuse troisième mi-temps,
07:47 autour de ces matchs de rugby
07:49 qui vont se jouer dans les plus grandes villes de France.
07:51 ♪ Musique ♪