Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la grève du 7 mars contre la réforme des retraites.
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00:00 Europe 1
00:02 Punchline, Laurence Ferrari sur Europe 1
00:07 18h35 on est dans Punchline sur CNews et sur Europe 1. Le 7 mars c'est a priori une journée de blocage
00:19 dans toute la France, à l'appel des syndicats. On va juste écouter Philippe Martinez qui s'est exprimé aujourd'hui sur cette journée du 7 mars.
00:24 Vous l'avez noté,
00:27 un certain nombre de professions sont déjà prêtes pour le 7 et au delà du 7, c'est le cas à l'SNCF,
00:33 mais c'est aussi le cas dans les IOG où
00:36 évidemment les militants discutent des formes d'action, mais en tout cas la détermination, ils n'ont pas besoin de Martinez pour l'avoir.
00:43 Voilà pour la CGT.
00:45 Marc Twaty, on s'achemine vers une journée de gros blocage, grève reconductible.
00:49 N'oublions pas que c'est déjà plusieurs journées effectivement, il y a eu quelques petits milliards d'euros qui ont été
00:54 perdus, mais là si c'est un blocage global,
00:57 alors là évidemment, et surtout durable, je vous rappelle que l'écolie française est aux bords de la récession,
01:01 alors si ça s'aggrave, les faillites d'entreprise sont en train d'augmenter, il y a beaucoup d'entreprises
01:06 qui ne pourront pas tenir, donc derrière il y aura de la casse sociale en termes d'emplois bien entendu, donc c'est sûr que
01:12 c'est un risque énorme qu'on est en train de prendre aujourd'hui sur l'économie française, est-ce que ça va durer ou pas ? J'ai envie de dire
01:17 quoi qu'il arrive, c'est-à-dire que
01:19 malheureusement, au delà de cette réforme de la retraite, je pense que les Français ont un vrai ras-le-bol, on va en parler tout à l'heure sur
01:24 chiffres d'inflation qui sont là, et donc c'est ce qui fait que, au delà de la retraite encore une fois, ce ras-le-bol peut être dangereux pour la
01:30 stabilité sociale et sociétale, et même économique de la France.
01:33 Avant de vous passer la parole, Monsieur Amart, je veux juste me tourner vers Henri Guaino, parce que les sénateurs veulent surtout
01:37 mettre le doigt sur la fin accélérée des régimes spéciaux, alors là on imagine bien que la fin des régimes spéciaux
01:42 et les manifs du 7, ça va faire un cocktail détonnant.
01:45 Oui, alors d'abord, là aussi c'est pas vraiment le bon moment,
01:48 parce que ce qu'ils veulent faire sur les régimes spéciaux, c'est
01:53 supprimer ce qu'on appelle la clause du grand-père, c'est-à-dire
01:55 le fait que la réforme s'applique à ceux qui sont déjà, enfin qui sont sous le statut des
02:00 cheminots, et non pas des cheminots ou des hommes dans le régime spécial, et non pas les nouveaux arrivants,
02:06 voilà, pas seulement les nouveaux arrivants. Donc là c'est tout le stock,
02:09 je pense que c'est pas vraiment le moment de faire ça. La deuxième remarque que je voudrais faire, c'est que
02:16 on est là quand même, je suis désolé de le dire pour mes amis, on est dans la politique des marqueurs, vous savez,
02:22 mon marqueur, je suis un
02:24 je suis un parti de gouvernement, je suis sérieux, donc voilà, et puis mes électeurs ils aiment pas tellement les régimes spéciaux,
02:31 je pense qu'il faut arriver, d'abord il faut arrêter de faire de la politique qui dresse les gens les uns contre les autres,
02:36 qui regardent toujours l'autre comme un privilégié,
02:38 voilà, parce que c'est le propre des sociétés en crise, mais il faut faire attention quand on fait de la politique,
02:45 dans les sociétés en crise plus encore, de ne pas jouer ce jeu-là qui est un jeu malsain et qui finit toujours mal.
02:51 Enfin, je voudrais dire que, enfin, la troisième remarque, c'est que
02:54 aujourd'hui on a du mal à trouver des conducteurs de bus, on a du mal à trouver des gens pour aller travailler dans les centrales nucléaires, donc
03:01 dire, on s'en moque, on rabote tous leurs avantages, c'est très bien, mais le jour où on n'a plus personne, il va bien falloir
03:10 il va bien falloir céder quelque chose.
03:12 - Il y a pas de résidus de partout.
03:14 - Non mais c'est comme...
03:16 - C'est très dur de trouver partout, il n'y a pas de résidus de serrure.
03:18 - Allez, terminé Aurigueno.
03:20 - Vous êtes un serrurier, vous êtes devant votre porte,
03:22 à Paris ça vous coûte plus de 200 euros pour un quart d'heure de travail,
03:26 et bien, ou vous l'appelez ou vous restez devant votre porte.
03:28 En général vous l'appelez et vous payez même quand vous ne pouvez pas payer.
03:32 Donc il y a un vrai problème, là on a une pénurie, c'est pareil pour les enseignants, c'est pareil pour...
03:38 Il y a des moments où il va falloir de toute façon répondre à leur demande.
03:42 Et la dernière chose, c'est que la pire façon de gouverner, la pire, la pire, c'est de ne pas se mettre de limite,
03:48 et de se dire "je m'en fiche, j'ai les CRS, j'ai les gendarmes, ils s'useront,
03:54 et puis l'opinion publique se retournera, et puis voilà".
03:58 Et je tiens parce que moi je ne risque rien, je suis à Matignon, à l'Elysée, et...
04:04 - Donc là c'est le cas, vous pensez ?
04:06 - On va voir, mais je pense que c'est la pire façon.
04:10 - C'est le terminé.
04:12 - C'est extrêmement dangereux, c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas d'avoir le consensus de tout le monde,
04:16 de chercher le consensus, mais le consentement, il est indispensable pour pouvoir gouverner un pays.
04:22 Encore une fois, même le général de Gaulle a cédé pour ne pas casser le consentement.
04:28 Il a cédé sur la grève des mineurs en 1963 parce qu'il avait fait la réquisition,
04:33 et puis ça ne marchait pas, il a abandonné la pension des combattants,
04:38 qu'il fallait réduire ou supprimer en 1958, et en 68 on a fini par les accords de Grenelle.
04:44 Donc il faut toujours se fixer une limite et pas se dire "c'est pas grave, ils vont s'user".
04:50 Donc dans la situation de la société française, je rejoins la colère,
04:54 mais ce n'est pas seulement de la colère, c'est des gens qui ne peuvent plus aller trop loin,
04:58 on a vu ce que ça a donné en 1995, mais là ça risque d'être pire,
05:02 aller trop loin n'est pas une bonne idée, ni pour l'économie, ni pour la société, ni pour la démocratie.
05:07 Voilà, c'est ce que je voulais dire.
05:09 - Très bien, très bon message. Benjamin Amart, je vous laisse la parole de Marc Tottier.
05:12 - D'abord plusieurs choses, sur la remarque concernant un certain nombre de professions
05:18 qu'on a largement présentées comme des nababes et des grands privilégiés,
05:22 effectivement il y a un problème de déficit, il faut que ça nous interroge,
05:25 ensuite sur la question qui est pointée là, c'est-à-dire la question de la répression,
05:29 elle est extrêmement importante et elle existe déjà, et je vous le dis, ce genre de procédés...
05:34 - Mais quand elles sont pacifiques... - Je vais vous donner des exemples précis.
05:37 - Elles sont très pacifiques pour l'instant.
05:39 - Oui, très bien, pour ce qui est des magnifiques, mais il n'y a pas que ça.
05:42 Je vais mettre au débat un certain nombre de situations.
05:45 Il y a eu dans le cadre des grandes mobilisations sur les salaires à la fin de l'année dernière,
05:49 par exemple de grands mouvements sur les salaires dans l'entreprise Sanofi.
05:52 Directement, il y a eu un certain nombre de délégués CGT qui sont en procédure de licenciement pour faire grève.
05:59 Aujourd'hui même, il y avait un rassemblement, je pense d'ailleurs que c'était les images que vous aviez là,
06:05 devant le palais de justice, pour plusieurs camarades de la CGT RTE,
06:09 qui là aussi sur la question des salaires l'année dernière, se sont fait interpeller par la DGSI,
06:15 qui est quand même en charge de la lutte contre le terrorisme,
06:17 qui ont été soulevés chez eux à 6h du mat, et effectivement mis en garde à vue pendant plus de 48h,
06:23 et qui sont traînés en justice.
06:26 Avec RTE, l'entreprise derrière qui a gonflé, qui a monté la mayonnaise,
06:29 qui a raconté n'importe quoi, pour les faire passer pour des terroristes.
06:32 Bien évidemment, la CGT est à leur côté, et je leur témoigne de toute ma solidarité,
06:36 mais on est bien là, et l'État pourrait, je rappelle que RTE est une entreprise
06:39 dans laquelle l'État peut largement intervenir, vu son poids dans l'entreprise.
06:43 Donc on est bien dans cette situation, où on a effectivement de la contestation sociale,
06:48 parce que, effectivement, vous avez raison, les gens n'en peuvent plus,
06:52 les gens n'en peuvent plus sur la question des salaires,
06:54 sur la question du pouvoir d'achat, sur la question des conditions de travail,
06:58 et si derrière, le gouvernement veut s'amuser à jouer la carte de la répression syndicale,
07:03 il va se retrouver avec un cocktail explosif.
07:05 Mais je voudrais vous dire une chose, parce que vous l'avez évoqué là, rapidement,
07:09 y compris dans le petit reportage, à la SNCF, ou dans le secteur énergétique,
07:15 il y a effectivement des inter-syndicales qui sont soit actés, soit en cours,
07:20 et ça va être le cas dans d'autres secteurs, où vous avez...
07:22 - Et ça va bien bloquer ? Ça va beaucoup bloquer ?
07:24 - Mais vous avez une unanimité des organisations syndicales.
07:27 Représentatives, par exemple, à la SNCF.
07:29 Vous rendez-vous compte que, effectivement, sur l'idée d'un mouvement reconductible,
07:32 à partir du 7 mars, il y a une unanimité des quatre organisations représentatives.
07:37 Ça vous dit un petit peu, comment dire, ce gouvernement aura réussi,
07:41 avec brio, avec virtuosité, à faire l'unanimité parmi nous, et je m'en félicite.
07:46 Et donc, bien évidemment, ça augure à partir du 7 mars, monsieur Twaddy...
07:50 - Vous voulez finir par voter Macron ?
07:52 - Je ne crois pas. Il n'y a pas beaucoup de risque.
07:54 Il y a plus de risque que les cheveux recoussent sur ma tête.
07:56 - Je ne vais pas voter Macron.
07:58 - Je ne sais pas. Je ne le ferai pas grand-chose.
08:01 Mais, honnêtement, tous ceux qui ont peur sur les finances publiques,
08:04 sur l'impact économique, ils peuvent sortir les mouchoirs,
08:07 parce qu'à mon avis, ça va être bien gratiné,
08:09 mais surtout, il va falloir aller toquer à la porte de l'Elysée.
08:12 Parce que le responsable, ce ne sont pas les organisations syndicales...
08:15 - C'est leur physique mort, monsieur Damas ?
08:17 - Non, non, allez toquer. Si vous voulez aller chercher le responsable de l'impact,
08:20 il va falloir aller voir monsieur Macron et son gouvernement d'apprentis sorciers,
08:23 qui jouent avec le feu, qui, effectivement, alimentent la colère sociale,
08:27 comme si on n'avait pas d'autres préoccupations.
08:29 - Alors, avant de... François Duboni a pas parlé d'infrastructures...
08:31 - Le gouvernement social est à la croisée des chemins.
08:33 Soit, effectivement, il est capable de bloquer et de faire s'éliminer le gouvernement,
08:37 parce qu'il n'y a aucun gouvernement dans le contexte actuel
08:39 qui pourra tenir une grève longue et dure.
08:41 À un moment, il dit surtout que les Français n'en peuvent plus.
08:44 La seule solution, c'est celle-là.
08:46 Parce que, je le répète, au niveau législatif, ça peut aller très très vite.
08:49 Et après, effectivement, le pire des salauds pour le gouvernement,
08:52 c'est le repourrissement, l'indurcissement.
08:54 On fait voter la loi pendant malins ou on la fait pas voter.
08:57 Et si on la fait voter, le Conseil constitutionnel, la censure en tant que parti.
09:00 Et de toutes les manières, avec ce qui va se passer au Sénat,
09:03 on va finir avec une loi déficitaire. On sait très bien que...
09:05 - Elle est déjà déficitaire. - Elle est déjà.
09:07 - Moins déficitaire. - Donc là, on va en rajouter.
09:09 - Il est encore moins déficitaire que la loi.
09:11 - Voilà. À chaque fois que le Sénat en rajoute, c'est 300 millions d'euros.
09:15 - Non, mais là, c'est pas énorme. - Hé, nous, hélas.
09:17 - Non, mais à chaque fois, ça en rajoute. - Hélas.
09:19 - À chaque électorat, à chaque conseil, le gouvernement, c'est 64 ans.
09:22 On sent bien que c'est sortir de la réforme avec uniquement cela.
09:25 - Tu peux me faire juste une petite remarque ?
09:28 D'abord, on n'en sait rien, on ne sait pas si c'est déficitaire.
09:31 On ne sait plus rien parce qu'on ne sait pas d'où viennent les chiffres.
09:33 Et on ne sait pas mesurer ça. On ne sait pas, aujourd'hui. Voilà.
09:37 - Et c'est un grand serviteur de l'État qui le dit.
09:40 - On ne sait pas combien de gens sont concernés par chaque...
09:42 - Vous regardez l'étude d'impact ? - On ne sait pas.
09:44 - Le gouvernement qui est joint au projet de loi...
09:46 - Mais l'étude d'impact, c'est le gouvernement qui...
09:48 - Non, non, non ! Honnêtement.
09:50 - Mais combien même ce sont des fourchettes basses,
09:52 le texte devrait donc être largement plus déficitaire qu'il l'est actuellement.
09:56 - C'est possible, mais on parle de chiffres.
09:58 - Et vous avez même des ministres qui reconnaissent le côté déficitaire.
10:00 - La deuxième remarque, c'est celle-ci.
10:03 On peut être en désaccord avec les syndicats,
10:05 on peut être en désaccord avec leur politique,
10:07 mais une société comme la nôtre, elle a besoin de syndicats
10:10 pour encadrer les mouvements sociaux, pour servir d'intermédiaires.
10:13 Elle a besoin de corps intermédiaires qui ont le pouvoir de négociation.
10:16 Et le jour où vous passez par-dessus,
10:18 vous prenez un risque, un risque considérable.
10:21 On a vu en 68 le gouvernement négocier avec les syndicats.
10:27 Les syndicats, vous me souvenez de M. Segui,
10:30 allant à Boulogne-Bianco, rapportant les résultats de la négociation.
10:34 Il s'est fait huer, il est sorti sous les colibés, il est retourné négocier
10:39 avec Georges Pompidou et le gouvernement,
10:41 pour tenir compte de ce que disait la rue.
10:43 Et le gouvernement a cédé. Pourquoi ?
10:45 Pas du tout parce qu'il était laxiste,
10:47 mais parce qu'il était indispensable, dans ces circonstances,
10:50 de garder des syndicats qui ont encore une prise sur le mouvement social.
10:55 Sinon, c'est le chaos.
10:56 Et tout ça, dans un contexte inflationniste absolument dingue.
11:01 Les chiffres, vous le disiez, M. Segui, au mois de février,
11:04 6,2 pour l'inflation générale, et on est à 14,5% sur l'alimentation.
11:09 Encore une fois, il y a eu également vendredi dernier
11:12 l'indicateur de confiance des médias, que ce soit fait, qu'on suit.
11:14 Parce que ça aussi, c'est un indicateur INSEE, c'est assez objectif.
11:18 On a du mal à comprendre comment...
11:20 Qui a encore, évidemment, baissé.
11:22 On est quasiment sur des plus bas historiques.
11:24 Plus bas pendant le Covid-19, on croit que c'était la fin du monde.
11:26 Plus bas pendant que les Gilets jaunes, etc.
11:28 Il y a vraiment quelque chose qui est en train de se passer.
11:30 Il faut faire attention. Ce mépris est très dangereux.
11:33 Il faut coller à ce que veulent aujourd'hui les Français.
11:36 Et je pense que le problème numéro un,
11:38 il est sur le déni des réalités qu'on a fait sur l'inflation.
11:41 Depuis deux ans, j'avais annoncé que l'inflation est en train d'arriver.
11:44 On nous a dit que l'inflation n'arriverait jamais.
11:47 Après, on nous a dit que le pic, c'était le mois dernier.
11:49 Et ainsi de suite. On voit que ça n'arrête pas d'augmenter.
11:51 Et c'est ça qui est dangereux.
11:52 Parce que les Français font leurs courses au quotidien.
11:54 Parce que l'inflation, c'est une moyenne.
11:56 Bien sûr, c'est 6,2% d'inflation.
11:58 Mais dedans, il y a tous les biens qu'on consomme.
12:00 Un ordinateur, une télé, etc.
12:02 Mais on n'achète pas un ordinateur tous les jours.
12:03 Par contre, l'alimentaire qu'on achète tous les jours, on est à 14,5%.
12:07 Là où ça dure encore plus longtemps, c'est que cette inflation est très inégalitaire.
12:10 Pourquoi ? Parce que, encore une fois, l'inflation, c'est une moyenne.
12:12 Donc, pour beaucoup de ménages, effectivement, le poste alimentaire,
12:15 notamment les ménages modestes, est beaucoup plus élevé que pour la moyenne des Français.
12:19 Ce qui fait que pour eux, malheureusement, l'inflation est déjà à 12%.
12:23 Donc, il y a un vrai danger social et sociétal.
12:26 Et on l'a vu aujourd'hui, là aussi.
12:28 Le président de la République a dit, il y a deux jours, au Sénat de l'agriculture,
12:31 "Bon, il faudrait que les distributeurs et les agriculteurs se mettent d'accord."
12:35 - Il a demandé un effort à la grande distribution. - Oui, mais je veux dire,
12:38 l'État a son rôle à jouer en réduisant peut-être la pression fiscale,
12:42 en réduisant certaines charges, etc., pour redonner du pouvoir d'achat.
12:46 Mais là, le danger, c'est ça, c'est que, malheureusement, on est dans cette fuite en avant,
12:49 et cette dégénéralité qui est permanente, et c'est ça que les Français n'arrivent pas aujourd'hui à comprendre.
12:53 Et cette inflation, malheureusement, juste pour terminer, elle va malheureusement encore durer.
12:57 - Elle va durer, malheureusement. Henri Guaino et ensuite Benjamin Macron.
12:59 - Plus important, c'est effectivement, nous vivons dans la dictature des moyennes,
13:02 et à force d'opposer à l'avis des gens des moyennes,
13:06 les gens finissent par penser qu'on leur ment, et perdent confiance dans les institutions.
13:10 Donc, il ne faut pas utiliser les chiffres n'importe comment, c'est la première chose.
13:15 La deuxième, c'est que, là encore, on ne peut pas continuer comme ça.
13:19 D'abord parce qu'il y a aussi dans le revenu, dans les dépenses des gens,
13:24 des choses qui sont incomprécibles, et que donc, il ne leur reste plus,
13:27 comme variable d'ajustement, que des choses vitales, comme l'alimentation.
13:33 Et même si c'est une partie faible de la totalité de leurs dépenses,
13:37 c'est une partie qui est vitale.
13:39 Donc, s'ils ne peuvent plus manger, bon, ça ne peut pas continuer.
13:43 Et on est sur des chiffres, pour certains, sur des chiffres d'inflation,
13:47 qui sont en matière alimentaire, donc on est à 14,5, mais pour certains, c'est bien plus.
13:52 - Donc, aujourd'hui, 33 % de l'impôt.
13:54 - Oui, on est dans une impasse.
13:56 Moi, on va dire encore que je suis un révolutionnaire, mais je ne crois pas.
14:00 Je pense qu'on ne peut plus éluder la question de l'indexation des salaires et des pensions.
14:05 On ne peut plus.
14:07 On ne peut plus pourquoi ? Parce que faire des chèques à tout le monde, c'est très bien.
14:12 La TVA remonte un peu, c'est très bien, mais les finances publiques,
14:16 elles vont s'écrouler à force.
14:19 Moi, je ne suis pas un maniaque des équilibres budgétaires,
14:22 mais si vous n'indexez pas les salaires,
14:26 c'est-à-dire l'essentiel de l'assiette sur laquelle reposent les recettes sociales
14:31 et fiscales de l'État, vous allez créer un problème de finances publiques considérable.
14:36 C'est-à-dire qu'au lieu que l'inflation vienne rogner les dettes,
14:39 l'inflation rogne les dettes quand les revenus augmentent en même temps que les prix.
14:43 Si les revenus augmentent en même temps que les prix, l'inflation ne rogne plus les dettes.
14:47 Le service à la dette, il s'alourdit.
14:49 Là, on retombe sur la question posée tout à l'heure sur les taux d'intérêt.
14:55 Ce n'est pas grave si les recettes augmentent, si les revenus augmentent en même temps.
14:59 Mais si les revenus n'augmentent pas en même temps, alors ça devient une impasse.
15:03 Donc il faut y réfléchir.
15:05 Comment pour les entreprises privées ?
15:07 C'est pareil pour les commerçants, c'est pareil pour les artisans.
15:09 Si les gens n'ont plus de pouvoir d'achat, s'ils gronnent sans arrêt, ils vont tous crever.
15:14 Il n'y a qu'un moyen autre.
15:16 Je termine.
15:18 Quand on a un décès de 5,8, c'est une minute.
15:20 Dans ce contexte, c'est très important.
15:22 Il faut savoir que ça alimente l'inflation.
15:24 La dernière fois qu'on a fait 0,80 avec 8 érants, on est monté à 14,5% d'inflation.
15:27 Par contre, il y a un moyen très simple aujourd'hui de ne pas avoir cette boucle d'inflation salaire.
15:32 C'est de réduire les charges qui pèsent sur les salaires et d'augmenter les salaires nets.
15:36 D'abord, première chose, M. Douati, je vous ai déjà dit qu'on ne dit pas "charges sociales", mais "quotisations".
15:41 Vous avez du mal, vous le redis, c'est "quotisations" au terme.
15:44 C'est bien parce que ça abonde le budget de la Sécu.
15:46 Première chose, d'abord sur l'aspect social.
15:50 J'ai raconté une anecdote qui m'a profondément marqué.
15:53 Il y a quelques jours, au supermarché, il y a une dame qui est juste devant moi et qui a quelques courses.
15:58 C'est une femme qui a 55-60 ans et qui n'a pas assez d'argent pour pouvoir payer ses courses alimentaires.
16:06 Il y a eu une réaction, on a compris, à deux ou trois, et la personne qui était la plus proche lui a payé le supplément de course.
16:14 Honnêtement, c'était détestable comme situation.
16:16 D'ailleurs, on a discuté entre nous ensuite et il y avait un consensus, un constat partagé sur l'aspect insupportable.
16:24 Tous les gens autour travaillaient, et on n'imagine même pas ce qu'il en est pour des gens qui sont en situation de précarité et de chômage,
16:30 mais tous les gens travaillaient et évoquaient effectivement le fait qu'ils font leurs courses avec la boule au ventre.
16:34 C'est-à-dire qu'en fait, maintenant, le fait de se nourrir devient quelque chose de stressant.
16:38 Il y a des gens qui vous disent, d'ailleurs moi je ne regardais jamais, maintenant je suis en train de tout comparer, c'est sidérant.
16:43 Et ça renvoie à la question des salaires, bien évidemment.
16:46 Et là, il y a quand même une remarque économique puisqu'on nous dit "mais alors comment on va faire ?"
16:50 Je rappelle que la consommation des métages, c'est à peu près 55% du PIB.
16:53 Donc il y a une vraie question économique.
16:56 Et derrière, moi je suis tout à fait bien évidemment d'accord avec cette histoire de revenir sur l'indexation des salaires sur les prix.
17:03 Alors on nous dit depuis longtemps, les adversaires effectivement de cette mesure,
17:07 qui a donc été effectivement abrogée au début des années 80, c'était de nous dire "mais ça va faire la fameuse boucle prix-salaires".
17:12 C'est-à-dire qu'à cause de l'augmentation effectivement des salaires, l'augmentation des prix va effectivement suivre.
17:19 Mais c'est formidable, parce qu'en fait depuis maintenant 40 ans, on a les augmentations des prix, mais par contre les salaires, eux, ils stagnent.
17:25 Donc bien évidemment...
17:27 - C'est nouveau ! - Maintenant depuis plusieurs années, je ne sais pas vous autour de vous,
17:31 mais moi ça fait un bout de temps que les gens autour de moi me disent que tout augmente sauf les salaires.
17:36 - Ça dépend pour qui ? - Pour la majorité des salariés.
17:40 Donc là maintenant, il est évident qu'il faut avoir une vraie question de fond sur les salaires.
17:46 Et là, on a eu, je rappelle, pendant toute l'année 2022, des grèves partout sur la question des salaires.
17:52 Il y avait des augmentations de salaires.
17:54 Je vais vous donner un exemple très rapidement.
17:57 Dans une petite entreprise du 94, de nettoyage, il y avait une exigence d'avoir 5% d'augmentation.
18:03 "Impossible", nous disait l'entrepreneur, "c'est pas possible, vous voulez que je mette la clé sous la porte, etc."
18:08 Et bien après une bonne semaine de grève, comme par magie, il y a eu les 5% effectivement d'augmentation de salaire.
18:14 Donc la question c'est comment on s'en empare politiquement, contrairement à ce que dit M. Macron.
18:18 Et le levier sur cette question est par exemple, effectivement, l'outil des cotisations et des exonérations.
18:24 C'est 75 milliards d'exonérations et de cotisations.
18:26 Cet outil est largement utilisé, et bien trop d'ailleurs.
18:29 Maisons la fin avec Henri Guaino.
18:31 Le chef d'entreprise, s'il est tout seul à augmenter ses salaires, il peut avoir un vrai problème.
18:36 Si tout le monde augmente les salaires, le pouvoir d'achat,
18:39 pour tous ceux en tout cas qui ne sont pas trop soumis à la contrainte de compétitivité internationale,
18:44 mais moi je préférerais qu'on fasse une indexation générale qui permet aux gens d'avoir du pouvoir d'achat
18:49 et à ceux qui leur vendent de pouvoir leur vendre,
18:52 et qu'on aide à ce moment-là les secteurs qui sont très confrontés à la concurrence internationale,
19:01 ou à ceux qui ont des produits particuliers où ils ne peuvent pas répercuter leur salaire.
19:06 La deuxième remarque que je ferai, il faut en discuter, c'est un sujet compliqué.
19:12 Ça veut dire aussi qu'il faut prévoir des procédures dans certaines entreprises
19:15 pour que l'entreprise ne meure pas parce qu'elle est dans une situation difficile,
19:20 peut-être avec des référendums d'entreprise, pour ne pas appliquer l'indexation dans ces cas-là.
19:25 Mais il y a autre chose, il y a l'électricité.
19:28 Mais enfin, là encore, on se moque du monde.
19:31 On se moque du monde quand on dit qu'on ne peut pas sortir du marché unique de l'électricité,
19:35 qu'il y ait des problèmes politiques et juridiques, oui, des problèmes techniques, non !
19:38 L'argument avancé des interconnexions est absurde, est absurde !
19:43 On restera interconnectés, mais on n'appliquera plus les règles du marché unique,
19:47 et le prix de gros sur le marché européen, il ne s'appliquera qu'à la quantité d'importation.
19:55 Et on paiera l'électricité à prix normal.
19:57 Si on importe 10% de notre consommation, les prix de gros ne joueront que sur 10% du prix de revient.
20:04 Mais ça, on peut le faire, il faut arrêter de dire qu'on ne peut pas.
20:08 Et c'est un sujet majeur dans l'inflation.
20:11 C'est absolument majeur.
20:13 Oui, par le gouvernement.
20:14 Merci à tous. En tout cas, tous les sujets sont mêlés.
20:17 On peut pas avoir une discussion sérieuse sur ces sujets sans se ramasser des insumes,
20:23 des colibis complètement ridicules de la part de gens qui sont parfaitement incompétents.