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Écoutez la suite de l’histoire de Auguste, le premier empereur de Rome, racontée par l’historienne Virginie Girod, dans un récit inédit en deux épisodes. Le fils adoptif de Jules César a mis fin à une longue guerre civile en devenant l’unique homme fort de la République. Son nouveau projet est de fonder sa dynastie dans un régime politique qui a la royauté en horreur… Il va constater que les obstacles viennent davantage de l’extérieur que de sa propre famille que du sénat.
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00:00 Bienvenue au cœur de l'histoire, je suis Virginie Giraud.
00:05 Dans le premier épisode de ce récit consacré à Auguste, le premier empereur de Rome,
00:10 le fils adoptif de Jules César a mis fin à une longue guerre civile en devenant l'unique homme fort de la République.
00:17 Son nouveau projet est de fonder sa dynastie dans un régime politique qui a la royauté en horreur.
00:23 Il va constater que les obstacles viennent davantage de sa propre famille que du Sénat.
00:30 Nous sommes à Rome en 25 avant Jésus-Christ.
00:43 Auguste n'a qu'une fille unique, Julie, née de sa première femme avant son mariage avec Lévi.
00:49 Il décide de faire d'elle le pivot de sa politique dynastique.
00:54 Cette année-là, il la marie à Marcellus qui n'est autre que son neveu.
00:59 Le jeune homme est brillant et deviendrait un héritier parfait.
01:03 Mais à Rome, la fortune est versatile.
01:06 Marcellus meurt prématurément et Julie est veuve à 16 ans.
01:11 Auguste remarie rapidement sa fille à l'un de ses fidèles amis, Agrippa, le vainqueur de la bataille d'Axiome.
01:18 Le couple aura cinq enfants.
01:20 Auguste adopte rapidement deux de ses petits-fils, Caius et Lucius.
01:25 Il veille à les faire aimer du Sénat, des militaires et du peuple romain pour qu'ils puissent lui succéder un jour.
01:33 Mais encore une fois, c'est un échec.
01:36 Les deux garçons meurent dans la fleur de l'âge vers 20 ans.
01:39 Il faudra donc trouver une autre solution.
01:43 Pour Auguste, la politique dynastique ce n'est pas tout.
01:46 Il veut aussi réformer Rome et laisser sa marque sur la ville.
01:50 C'est un vaste chantier.
01:52 La chose la plus urgente est de réformer le Sénat.
01:56 Pour y entrer, il y a deux critères à remplir.
01:59 Être né dans une famille patricienne, c'est-à-dire de la haute aristocratie,
02:03 et posséder une force politique.
02:06 Être né dans une famille patricienne, c'est-à-dire de la haute aristocratie,
02:11 et posséder une fortune estimée à 1 million de sesterces.
02:15 Une fortune en terre, bien sûr, car le commerce n'est pas une activité noble pour les vieux Romains.
02:21 Malgré ces deux critères qui sont censés garantir la probité des sénateurs,
02:26 le Sénat est gangréné par les luttes d'influence et les compromissions.
02:31 Pour la saignir, Auguste va avoir une idée brillante.
02:35 Il demande à chaque sénateur de choisir un collègue digne de rester au Sénat.
02:40 Les sénateurs qui n'ont jamais été cités par un collègue sont priés de quitter l'institution.
02:46 La manœuvre est dangereuse, mais habile.
02:49 Les sénateurs se cooptent entre eux, sans son intervention,
02:53 et excluent d'eux-mêmes leurs pairs problématiques sans les stigmatiser.
02:58 Pendant les journées de remaniement du Sénat, Auguste, qui craint un complot,
03:03 va la curer avec une tuyrasse sous sa toge, au cas où quelqu'un essaierait de le poignarder.
03:08 Et oui, c'est en effet au Sénat que son père adoptif, Jules César, a été assassiné.
03:13 Mais tout se passe bien.
03:15 Finalement, les sénateurs sont satisfaits et leur institution gagne en prestige,
03:20 car elle est maintenant réservée à l'élite de l'élite.
03:24 Pour encourager les jeunes garçons à s'intéresser à la politique,
03:29 Auguste autorise les fils de sénateurs à venir aux séances du Sénat.
03:33 Mais cette mesure n'a qu'un succès mitigé.
03:36 Auguste, qui est probablement ce qu'on appelle aujourd'hui un haut potentiel intellectuel,
03:40 oublie que les adolescents préfèrent bien souvent leurs amis, les barres et les filles.
03:45 Et ça, ça n'a pas beaucoup changé en 2000 ans.
03:48 Une fois le Sénat réformé, Auguste s'intéresse à la justice.
03:56 Les carrières juridiques attiraient moins les Romains depuis plusieurs décennies
04:00 et les tribunaux devenaient plus lents et moins performants.
04:03 Trop de délits étaient classés sans suite faute de moyens.
04:07 Or, Rome est fondée sur le droit et le tribunal est un lieu central
04:11 pour régler les conflits de toute nature, des différents commerciaux jusqu'au crime.
04:16 Auguste abaisse l'âge auquel on peut devenir juge,
04:20 de 35 à 30 ans pour avoir plus de candidats,
04:23 et siège lui-même ponctuellement dans les tribunaux
04:26 pour montrer qu'il s'agit d'une fonction importante.
04:29 Il donne l'exemple en étant clément avec les auteurs de délits mineurs
04:33 et les coupables sincèrement repentis.
04:35 Auguste s'efforce encore de valoriser le travail,
04:40 dans une Rome où les aristocrates ont fait de l'oisiveté une vertu
04:44 et où le peuple compte sur les aides sociales pour manger à sa faim.
04:48 Auguste envisage de réduire les distributions de blé au peuple
04:52 pour le pousser à travailler davantage.
04:54 Mais le peuple s'insurge.
04:56 Pour rester populaire, Auguste revient sur cette mesure.
05:00 C'est bien la seule fois qu'il cède.
05:02 Pour autant, quand les hivers sont rudes et que le blé vient à manquer,
05:06 Auguste supprime les distributions pour les étrangers,
05:09 les esclaves invendus et les artistes qui ont un statut social inférieur à Rome.
05:14 En temps de disette, il réserve les distributions de blé aux citoyens romains.
05:19 Les autres n'ont qu'à aller traîner leur misère ailleurs.
05:22 Après avoir réformé les institutions,
05:31 Auguste s'attaque aux mœurs, là encore, vastes chantiers.
05:35 La longue guerre civile a favorisé un relâchement général.
05:39 On croit souvent, à cause des péplumes,
05:41 que les Romains étaient décadents, qu'ils faisaient toujours la fête
05:44 et n'avaient aucune limite.
05:46 C'est tout le contraire.
05:48 L'idéal romain, c'est le mos maiorum, la coutume des anciens en latin.
05:54 Cette coutume qui est un art de vivre charrie des valeurs
05:58 telles que l'austérité, la gravité et la sévérité.
06:02 Les vrais Romains ne sont pas des plaisantins.
06:04 Or, avec la guerre civile, les hommes préfèrent parfois éviter le mariage
06:09 parce qu'ils trouvent la vie conjugale pénible
06:11 et les femmes, de leur côté, préfèrent avoir des amants plutôt que des enfants.
06:15 Cette façon d'envisager la vie, qui a des côtés très modernes,
06:19 impacte la natalité.
06:21 Pour pousser les Romains à fonder des familles,
06:23 Auguste pénalise fiscalement les célibataires et les parents de moins de trois enfants.
06:28 Évidemment, les Romains rechignent,
06:31 mais ils retrouvent le chemin du domicile conjugal
06:34 parce que le célibat devient un luxe.
06:37 Pour encourager les femmes à devenir mères,
06:39 Auguste crée le iustrium liberorum,
06:43 le droit des trois enfants en latin.
06:46 Dès qu'une femme a mis au monde trois enfants, garçons ou filles,
06:49 elle est émancipée juridiquement.
06:52 Cela veut dire qu'elle cesse d'être une mineure sur le plan juridique,
06:55 elle ne dépend plus ni de son père, ni de son mari, ni d'un tuteur.
07:00 Elle peut gérer son propre argent.
07:02 Cette loi pourrait être vue comme une loi féministe,
07:05 mais en réalité, c'est une loi nataliste.
07:09 La récompense vaut bien trois grossesses,
07:11 encore faut-il pour en profiter,
07:13 survivre à trois accouchements
07:15 quand le taux de mortalité en couche est évalué à 5%.
07:19 Pour inspirer les Romains,
07:25 Auguste donne le droit des trois enfants à sa femme Lévie.
07:28 Il l'érige en modèle, alors que Lévie n'a été mère que deux fois
07:31 et elle n'a même pas donné d'enfants à Auguste.
07:34 Certes, il y a de la propagande dans cette décision
07:36 parce qu'il lui fait un cadeau,
07:38 mais si vous voulez mon avis, il y a aussi un peu d'amour.
07:41 Faire des enfants, c'est bien, mais pas avec n'importe qui.
07:45 Auguste fait passer plusieurs lois sur le mariage
07:48 qui interdisent des unions entre groupes sociaux trop différents.
07:52 Les membres de la classe sénatoriale
07:54 n'ont plus le droit d'épouser une personne issue du milieu du spectacle.
07:58 Fini les actrices et les prostituées
08:00 sauvées du caniveau par un aristocrate amoureux.
08:03 Pas question de faire des petits citoyens romains
08:06 portant en eux les miasmes de la servitude et des bafouns.
08:10 Pour Auguste, c'est une forme d'eugénisme
08:13 qui doit garantir la supériorité des Romains sur le reste du monde,
08:17 c'est-à-dire les barbares.
08:19 Barbare étant le terme de l'époque
08:21 pour désigner les étrangers vivant au-delà des frontières.
08:25 Est-ce que vous saviez que barbare est en réalité une onomatopée
08:29 qui pourrait se traduire aujourd'hui par blabla
08:32 pour désigner un langage étranger qu'on ne comprend pas ?
08:35 Les barbares, ce sont donc les gens qui parlent en faisant "bar-bar-bar".
08:39 Après la paix des ménages,
08:45 Auguste Veil a ramené la paix dans les théâtres et les édifices de spectacle.
08:49 Les gradins d'un théâtre, c'est comme le monde en miniature.
08:53 Chacun doit être à sa place selon son rang et son groupe social.
08:58 Aux places d'honneur, les sénateurs, puis les chevaliers,
09:02 les plébéens, classés par corporation,
09:05 les affranchis, les esclaves,
09:08 et tout en haut des gradins, les femmes.
09:11 Auguste considère qu'il vaut mieux maintenir les femmes loin de la scène
09:14 pour leur éviter de fantasmer sur les artistes.
09:17 Et si elles sont séparées des hommes,
09:19 ces édifices ne seront plus des lieux de drague comme il l'était jusqu'à présent.
09:23 Une exception cependant, la loge impériale.
09:27 Auguste la partage avec sa femme et tous les membres de sa famille.
09:31 Mais après tout, lui, il est le premier citoyen.
09:35 Il mérite bien quelques privilèges.
09:38 Enfin, Auguste rénove la ville.
09:42 Il a l'habitude de dire "j'ai reçu une rome de briques, je la laisse de marbre".
09:47 Il finance plusieurs nouveaux édifices publics,
09:50 des théâtres, des basiliques, des portiques,
09:53 dans lesquels on peut voir des statues à son effigie et à celles de sa famille.
09:58 Cette générosité contribue à l'imposer dans l'opinion publique
10:02 comme le protecteur de Rome et après lui,
10:05 ses successeurs continueront son œuvre.
10:08 Avec toutes ces réformes, 20 ans sont passés
10:13 et il n'a toujours pas de successeur officiel.
10:16 Après la mort de son neveu et de ses deux petits-fils préférés,
10:19 la maison d'Auguste commence à manquer de mâle.
10:23 Sa femme Lévie insiste pour que Julie, la fille d'Auguste,
10:26 épouse son fils à elle, Tibère, née de son premier mariage.
10:30 Elle espère ainsi faire de lui le successeur de son époux.
10:34 Après une longue hésitation, Auguste suit l'avis de sa femme.
10:38 Mais Julie et Tibère se détestent.
10:41 Par vengeance et par amour du pouvoir,
10:44 parce qu'elle est la digne fille de son père,
10:46 Julie va canter un coup d'État contre Auguste.
10:52 En deux après Jésus-Christ, Auguste a 65 ans.
10:56 Sa fille Julie monte un complot contre lui
10:59 dans l'espoir de placer son amant à la tête de l'Empire
11:02 et de régner avec lui.
11:04 En tant que femme, elle ne peut exercer aucune magistrature.
11:07 Il lui faut bien un homme pour tirer les ficelles.
11:11 Mais l'homme qu'elle a choisi n'est pas n'importe qui.
11:13 C'est Julius Antonius, l'un des fils de Marc-Antoine,
11:17 le vieux rival d'Auguste.
11:20 Le vieil empereur découvre le complot
11:22 et il apprécie assez peu l'audace de sa fille.
11:25 Il fait condamner à mort le fils de Marc-Antoine
11:28 et Julie est exilée sur l'îlot de Pandataria en Erre tyrénienne.
11:33 Le peuple demande la clémence pour Julie,
11:35 mais Auguste est inflexible.
11:37 Il ne pardonnera jamais à sa fille.
11:40 En 14 après Jésus-Christ, Auguste est devenu un vieillard de 76 ans.
11:49 Il n'a jamais lâché le pouvoir.
11:52 Il est maintenant entendu que le fils de Livy, Tiber, sera son successeur.
11:56 Personne n'aime cet homme taiseux, dénué d'humour et solitaire,
12:00 mais Auguste, lui, voit ça d'un bon oeil.
12:03 Après sa mort, tout le monde le regrettera.
12:06 Cet été-là, la santé d'Auguste se détériore.
12:11 Il affuie la chaleur et l'agitation de Rome
12:13 pour sa villa de Nol en bord de mer.
12:16 À cause de ses problèmes de digestion,
12:18 il ne mange plus que les figues de son jardin
12:21 que sa femme Livy cueille pour lui.
12:24 Alors qu'il agonise, il réunit ses proches autour de son lit.
12:28 Il réclame un miroir et observe son image.
12:32 Son visage n'a plus rien de commun
12:34 avec celui qui l'a fait immortaliser grâce à ses statues.
12:37 L'Auguste politique ne vieillit plus depuis 40 ans.
12:41 Mais dans ce miroir, il voit un vieil homme,
12:44 un homme qui s'est plutôt bien débrouillé dans son existence.
12:48 Avec un peu d'espièglerie, il demande à ses proches
12:51 s'il a bien joué la farce de la vie.
12:55 Il s'éteint le 19 août 14 après Jésus-Christ,
12:58 dans les bras de la femme à qui il a été marié pendant 52 ans.
13:03 Quelques jours après sa mort, son testament est ouvert.
13:13 Livy constate qu'Auguste lui a réservé une surprise.
13:17 Il l'adopte post-mortem.
13:20 En devenant sa fille, sa femme prend ses noms.
13:23 Elle s'appelle désormais Livy Augusta.
13:27 Par cet acte, Auguste invente le statut d'impératrice,
13:31 un nouveau jalon dans une politique dynastique subtile
13:34 qui permettra à quatre de ses descendants de devenir empereurs.
13:39 Auguste, quant à lui, restera très longtemps dans l'esprit des Romains,
13:43 l'incarnation de l'empereur idéal,
13:46 un modèle à suivre pour l'éternité.
13:50 C'est la fin de ce récit en deux parties consacré à l'empereur Auguste.
14:03 Merci de l'avoir écouté.
14:06 "Au coeur de l'histoire" est un podcast original produit par Europain Studio.
14:10 Je suis l'auteur du récit que vous venez d'écouter.
14:13 La direction artistique est assurée par Julien Tharaud.
14:16 Cet épisode a été réalisé par Clément Ibrahim.
14:19 Julien Tharaud a composé la musique originale
14:22 ainsi que les musiques additionnelles avec la complicité de Sébastien Guidis.
14:26 Kelly Decroix est chargée de la communication
14:29 et Héloïse Bertil de la diffusion.
14:32 Et Nîmes Anjeun a créé l'identité visuelle d'"Au coeur de l'histoire".
14:36 À bientôt !
14:39 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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