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00:00Vous écoutez Céline Giroy avec vous aujourd'hui, Céline Julterès, Nathan Devers et William Mollinier du service police-justice d'Europe 1 vous a rejoint.
00:06Des tirs, alarmes lourdes, des véhicules incendiés, on en a parlé sur Europe 1.
00:10Après les attaques coordonnées qui ont visé plusieurs prisons depuis dimanche, le parquet national antiterroriste a ouvert une enquête.
00:16Alors qui se cache derrière ces attaques contre les prisons ?
00:20C'est le narcotrafic pour le ministre de la Justice, Gérald Darmanin.
00:23Le garde des Sceaux était l'invité de Sonia Mabrouk ce matin sur CNews et Europe 1.
00:26Il y a manifestement, on voit bien, des gens qui essaient de déstabiliser l'État en l'intimidant.
00:32C'est une intimidation grave et on essaye de voir si l'État va reculer.
00:35Nous mettons en place, dans la loi narcotrafic que j'ai portée, un régime carcéral inédit,
00:41semblable à la loi antimafieuse italienne qui a montré son efficacité en Italie.
00:46Nous créons des prisons de haute sécurité qui n'ont jamais existé en France.
00:49Et pourquoi êtes-vous sûr que c'est la main des narco-bandits ?
00:52Vous excluez la piste de la mouvance d'ultra-gauche à cet instant ?
00:55En nature, ayant été mises à l'intérieur, je n'exclus rien.
00:57Mais quand on tire à la Kalachnikov contre des centres pénitentiaires comme il ira à Toulon,
01:03c'est plutôt un mode opératoire de délinquants, de jeunes délinquants
01:08qui sont peut-être payés quelques milliers d'euros pour faire ce genre de choses.
01:11Alors, Jules Torres, vous avez suivi, Gérald Darmanin en déplacement à Toulon.
01:14Et William Molinier du service pour les justices d'Europe 1 nous a rejoint dans le studio.
01:18Qui se cave d'ailleurs ces attaques ?
01:20Alors, c'est assez flou.
01:24C'est un mouvement assez hybride.
01:27Alors, Gérald Darmanin, effectivement, a raison d'y voir très certainement la main du...
01:32Alors, il parle de narco-banditisme.
01:35Moi, je parlerais plutôt de banditisme de cité
01:38parce que, effectivement, le mode opératoire à Toulon,
01:42tir d'armes automatiques type Kalachnikov, ça fait penser évidemment à ça.
01:47En revanche, ce qui est un peu plus complexe,
01:50et je pense que Gérald Darmanin évacue ce sujet-là pour ne pas complexifier l'histoire,
01:56mais il y a des inscriptions, des tags qui sont retrouvées quasi systématiquement
02:02sur ces scènes d'incendie ou de dégradation de véhicules,
02:06des DPF, droits des prisonniers français, ça c'est...
02:09Qui dit, on n'est pas, qui dit, nous, on ne sommes pas des terroristes.
02:12Oui, alors, là encore...
02:14Il faut prendre ça avec prudence, évidemment.
02:16Non, simplement, ce terme-là, il ne sort pas d'un...
02:21Il ne sort pas de ce milieu du banditisme de cité.
02:24C'est quelque chose de très politique.
02:26L'Italie a connu la même chose,
02:28notamment avec les mouvements narco-syndicalistes
02:30qui étaient très très forts et engagés sur la cause des droits des prisonniers,
02:36justement, en Italie, face à un régime carcéral dur.
02:43Et il y a une troisième hypothèse, une troisième piste,
02:45c'est un peu un mélange des deux qui s'agrègent, en fait,
02:48via les réseaux sociaux, via les messageries cryptées,
02:51d'une rencontre entre deux mondes
02:53qui trouvent, finalement, un intérêt, celui de...
02:57Les deux mondes, c'est...
02:58Bah, le monde du banditisme de cité et...
03:02Et ce monde de...
03:05Voilà, de l'ultra-gauche, violent...
03:08Qui s'allie, quelque part, pour coordonner tout cela.
03:10Oui, qui s'allie parce qu'ils ont, finalement,
03:12des intérêts convergents.
03:13Les intérêts convergents, c'est quoi ?
03:14C'est qu'eux, soit ils veulent libérer leurs collègues
03:18qui sont dans les prisons.
03:21Il y a 17 000 personnes, aujourd'hui,
03:22qui sont incarcérées pour trafic de drogue.
03:25Et de l'autre côté, il y a des gens, l'extrême-gauche,
03:28qui veulent que les prisons soient désengorgées.
03:30Donc, c'est là où se retrouve leur intérêt convergent.
03:32Et moi, je suis tout à fait d'accord avec William.
03:34Il y a ces trois hypothèses.
03:35La première, c'est celle de Toulon.
03:37C'est pas le mode d'action de l'extrême-gauche
03:39de tirer 15 balles à la Klasnikov sur une porte de prison.
03:43En revanche, dans toutes les autres prisons,
03:46ce qui s'est passé dans les établissements pénitentiaires,
03:48notamment à Valence,
03:49ça ressemble davantage à ce que peut faire l'extrême-gauche.
03:52C'est-à-dire, on n'utilise pas d'armes,
03:54mais en revanche, on brûle des voitures.
03:55On a beaucoup discuté ces dernières semaines, vous savez...
03:58Y compris au domicile, des agents pénitentiaires.
04:00Y compris au domicile.
04:02Donc, il y a cela.
04:03Moi, j'ai participé hier à une réunion,
04:06enfin, j'ai assisté à une réunion
04:07avec les chefs d'établissements pénitentiaires
04:09et le patron de l'administration pénitentiaire.
04:12Et il y avait évidemment ces deux motifs qui étaient avancés.
04:18Mais pour l'instant, on ne sait pas.
04:19Tout ce qu'on sait, c'est que ces dernières semaines,
04:21il y a une volonté pour ces groupements-là d'attaquer les prisons.
04:25Il y a eu notamment plusieurs alertes il y a 15 jours
04:28sur les deux prisons de Condé-sur-Sarthe et de Vendin-le-Vieille.
04:31Vous savez, c'est les deux prisons qui ont été choisies par Gérald Darmanin
04:33pour accueillir les 100 plus grands narco-trafiquants
04:36dont on devrait connaître la liste.
04:38D'ailleurs, ça devait intervenir hier,
04:39mais il y a eu une actualité un petit peu plus grande.
04:41Donc voilà, ce qu'on sait en tout cas,
04:43c'est que les prisons aujourd'hui sont attaquées.
04:45C'est que bien souvent, les policiers,
04:47l'administration pénitentiaire est démunie.
04:50Et c'était le cas à Toulon,
04:51comme ça a été le cas la nuit d'avant et cette nuit encore.
04:54Je pense qu'il ne faut pas forcément voir ça
04:56aussi comme un réseau très structuré et hyper vertical.
05:00c'est-à-dire qu'y compris, par exemple,
05:03depuis deux, trois jours aussi,
05:05il y a encore des survols de drones au-dessus de certaines prisons.
05:10Ça, c'est quelque chose, on va dire, d'assez classique
05:12dans la criminalité autour,
05:15dans les alentours des prisons
05:16qui n'ont pas forcément de lien
05:18avec cette réitération de fait depuis dimanche.
05:22Nathan Devers ?
05:23Alors, coordonnée ou non,
05:24il s'agit d'une attaque simultanée, massive,
05:28contre l'État, en fait,
05:29contre ce que représente l'État.
05:33Selon la base, je vais être très prudent
05:34parce qu'il y a plusieurs hypothèses,
05:35mais à supposer que ce soit la troisième hypothèse
05:38qui soit la bonne,
05:39c'est-à-dire qu'on est à la fois la marque
05:41de groupuscules, d'ultra-gauche
05:43et de narcotrafiquants organisés,
05:47là, ça enverrait un signal extrêmement grave
05:50pour deux raisons.
05:51D'abord parce que, du côté des narcotrafiquants,
05:53on le voit bien,
05:54on le voit de manière générale en dehors des prisons.
05:56De jour en jour,
05:58ils expriment qu'ils n'ont pas peur de l'État,
06:00qu'ils sont plus puissants que l'État.
06:02Et c'est de l'intimidation ou pas ?
06:03Évidemment.
06:04Comme le suggérait Gérald Darmanin.
06:06Si c'est en effet eux,
06:07c'est évidemment de l'intimidation.
06:09Dans tous les cas, c'est de l'intimidation.
06:10Dans tous les cas, bien sûr.
06:11Mais là, ça s'inscrirait dans un contexte
06:13qui est le contexte dans lequel
06:15les grandes mafias de drogue
06:16montrent qu'elles sont plus puissantes que l'État,
06:18qu'elles n'ont pas peur de cette autorité-là,
06:20et que quoi que fasse l'État...
06:21C'est une réaction ?
06:22Vous pensez à ce qu'a proposé Gérald Darmanin ?
06:24Donc à la fois ces prisons haute sécurité
06:26et la fermeté dont fait preuve l'État désormais...
06:30Bien sûr, non seulement c'est une réaction,
06:32mais la modalité même de l'action de ces mafias,
06:35c'est de systématiquement réagir aux actions de l'État
06:38en montrant que quoi qu'il fasse,
06:40qu'il soit répressif ou qu'il ne le soit pas,
06:42les mafias de drogue en sortent plus puissantes.
06:45Vous fermez un point de deal, il ouvre à côté,
06:46vous mettez un dealer en prison,
06:48il continue de travailler depuis sa cellule,
06:50vous essayez d'empêcher la vente réelle,
06:53et bien la vente se déploie davantage
06:54sur les plateformes numériques, etc.
06:56Et si ce sont des groupuscules d'ultra-gauche
06:59qui sont engagés là-dedans,
07:01cela prouve deux choses.
07:02Premièrement, une faillite morale absolue.
07:04On ne peut pas être d'ultra-gauche
07:05et être dans la moindre connivence vis-à-vis des mafias
07:09de drogue qui représente le pouvoir
07:11dans sa violence la plus terrible,
07:12le capitalisme débridé dans sa grande barbarie,
07:15la verticalité, tout ce qu'on est censé détester.
07:18Et deuxièmement, qu'il y a en effet cette longue histoire
07:20entre l'ultra-gauche et la violence
07:22qui est le signe, un, d'une absence
07:25de colonne vertébrale morale,
07:27et deux, d'une absence d'imagination.
07:29Parce que la cause des prisonniers,
07:30en effet, les conditions de détention en France,
07:31elles sont indignes,
07:32elles peuvent être portées,
07:33elles peuvent être défendues
07:34de façon pacifiste,
07:35de façon non-violence,
07:36et ce serait même beaucoup plus efficace
07:37d'employer la non-violence
07:39que des méthodes aussi barbares.
07:41Oui, à Molinier, l'enquête, elle avance ?
07:43Alors l'enquête, oui, effectivement,
07:44vous avez vu que c'était la DGSI,
07:46la police judiciaire qui ont été saisies,
07:49et j'allais dire,
07:50c'est une réponse judiciaire
07:51à la mesure de la menace et du risque,
07:54parce que si demain,
07:56les armes des trafiquants de stupéfiants
08:01servent, sont utilisées pour servir une cause,
08:04là, on touche du doigt quelque chose
08:06qui peut être très très compliqué à gérer.
08:08Vous savez que chaque année,
08:11il y a une arme sur trois
08:12qui est saisie en France
08:14qui provient d'un trafic de stupéfiants,
08:16qui provient des trafiquants de stupéfiants.
08:19Donc il y a une masse d'armes
08:22et de munitions
08:23qui peuvent être servies,
08:26enfin en tout cas,
08:27mises au service
08:28d'une cause politique.
08:30Oui, parce que pour l'instant,
08:32les armes sont plutôt utilisées entre eux.
08:34C'est-à-dire que c'est des batailles
08:36entre bandes rivales,
08:37on a beaucoup vu à Marseille,
08:39on en voit parfois à Lyon.
08:41C'est rarement,
08:42même si c'est parfois le cas,
08:43contre les cas,
08:44l'État que ces armes sont portées.
08:46Et c'est là où le changement serait gravissime,
08:48c'est que ces armes-là pourraient,
08:50cette fois-ci,
08:51être contre l'État,
08:52contre les policiers,
08:53contre les gendarmes,
08:53contre nos forces de l'ordre.
08:54et à ce titre-là,
08:56c'est vrai que ça provoquerait
08:57un cocktail pour le moins explosif.
08:59Allez, 13h41,
09:0113h41,
09:01on reste ensemble.
09:02Merci beaucoup,
09:02William Olinier.
09:03Merci.
09:04Jules Torres,
09:04Nathan Devers,
09:04vous restez avec moi.
09:05Dans quelques instants,
09:06on va parler de ces tensions
09:07entre la France et l'Algérie.
09:09Est-on proche du point de rupture ?
09:11La France rappelle son ambassadeur
09:12à Alger pour consultation
09:13et expulse à son tour
09:1512 agents consulaires algériens.
09:17On va en parler.
09:18A tout de suite.
09:18Vous écoutez Europe 1
09:19et Céline Giroud
09:19est avec vous
09:20de 13h à 14h.