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Virginie Girod vous raconte l’histoire du souverain macédonien, Alexandre le Grand. Écoutez ce récit inédit en deux parties dans lequel le divin est omniprésent. Alexandre le Grand… son nom évoque les conquêtes de la Grèce en 333 av. J.-C jusqu’aux portes de l’Inde. Élève d’Aristote, fils de Philippe II, ce souverain macédonien est connu pour avoir fondé Alexandrie, le port le plus florissant d’Égypte. C’est là que se trouve le phare considéré comme l’une des 7 merveilles du monde. Jules César, Louis XIV et Napoléon… tous les grands hommes ont voulu lui ressembler. Il incarne à la fois la virilité triomphante et les amours homosexuelles. Virginie Girod se replonge dans sa biographie et va tenter de démêler ce qui relève de la légende et de l’histoire vraie. « Au Cœur de l'Histoire » est une production Europe 1.
Retrouvez "Au Cœur de l'Histoire - Des récits pour découvrir et apprendre l'Histoire" sur : http://www.europe1.fr/emissions/au-coeur-de-l-histoire
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Virginie Girod vous raconte l’histoire du souverain macédonien, Alexandre le Grand. Écoutez ce récit inédit en deux parties dans lequel le divin est omniprésent. Alexandre le Grand… son nom évoque les conquêtes de la Grèce en 333 av. J.-C jusqu’aux portes de l’Inde. Élève d’Aristote, fils de Philippe II, ce souverain macédonien est connu pour avoir fondé Alexandrie, le port le plus florissant d’Égypte. C’est là que se trouve le phare considéré comme l’une des 7 merveilles du monde. Jules César, Louis XIV et Napoléon… tous les grands hommes ont voulu lui ressembler. Il incarne à la fois la virilité triomphante et les amours homosexuelles. Virginie Girod se replonge dans sa biographie et va tenter de démêler ce qui relève de la légende et de l’histoire vraie. « Au Cœur de l'Histoire » est une production Europe 1.
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NewsTranscription
00:00 Bienvenue au cœur de l'histoire, je suis Virginie Giraud.
00:07 Alexandre le Grand, son nom évoque les conquêtes de la Grèce jusqu'aux portes de l'Inde.
00:13 Ce souverain macédonien est aussi celui qui a fondé Alexandrie, le port le plus florissant
00:19 d'Egypte.
00:20 C'est là que se trouve le phare considéré comme l'une des sept merveilles du monde.
00:24 Jules César, Louis XIV et Napoléon, tous les grands hommes ont voulu lui ressembler.
00:30 Il incarne à la fois la virilité triomphante et les amours homosexuels.
00:35 Je me suis replongée dans sa biographie pour tenter de démêler ce qui relevait de la
00:40 légende et de l'histoire vraie de ce chef de guerre invincible pour contempler à la
00:45 fois sa face lumineuse et son côté sombre.
00:48 C'est son histoire qui semble bénie des dieux que je vais vous raconter dans un récit
00:53 en deux parties.
00:54 Alexandre le Grand, l'ivresse des conquêtes.
00:58 Épisode 1.
01:01 Le fils de Zeus.
01:06 Nous sommes près de la ville de Samarkand, sur le territoire de l'Ouzbékistan actuel,
01:12 en 328 avant Jésus-Christ.
01:16 Alexandre le Grand vient de se rendre maître de la région.
01:21 Cela fait six ans qu'il ne connaît aucune défaite.
01:24 Tous les territoires allant de la Grèce jusqu'aux portes de l'Inde lui appartiennent.
01:29 Pour fêter sa victoire, le jeune roi de 28 ans a organisé un dîner fastueux avec ses
01:35 généraux.
01:36 Le vin coule à flot et comme d'habitude, Alexandre boit trop.
01:41 À l'ivresse du vin se mêlent celles des paroles flatteuses.
01:48 Les officiers, les uns après les autres, se lancent dans son éloge.
01:53 Soudain, du fond de la salle, une voix s'élève.
01:58 Malgré les brumes de l'alcool, Alexandre reconnaît celle d'un de ses officiers les
02:05 plus proches.
02:06 Klaitos le Noir est un soutien de la première heure.
02:09 Il est aussi le frère de son ancienne nourrice.
02:12 Son ton acide tranche avec les accents mielleux des flagorneurs.
02:17 Ses victoires, Alexandre les a obtenues grâce à son armée.
02:21 Et lui-même, Klaitos lui a sauvé la vie à la bataille du Granic six ans plus tôt.
02:27 Sans lui, le roi n'en serait pas là.
02:30 Alexandre se tourne vers Klaitos et l'insulte copieusement.
02:34 Pour éviter un drame, les gardes font sortir l'officier de la salle de banquet.
02:39 L'heure est à la fête, inutile d'en venir aux mains.
02:42 Mais Klaitos estime qu'à presque 50 ans, il est en droit de dire ce qu'il pense au
02:47 jeune roi.
02:48 Pris de fureur, Alexandre attrape une lance et transperce le corps du trouble-fête.
02:54 Sa colère tombe instantanément.
02:58 Alors que Klaitos s'effondre dans une mare de sang, Alexandre réalise la gravité de
03:04 son geste.
03:05 Effondré, il se jette sur le cadavre encore chaud de son vieil ami, il sort une arme et
03:11 retourne la lame contre lui.
03:12 Quand le jeune Alexandre naît le 21 juillet 256 avant Jésus-Christ, le royaume de Macédoine,
03:28 dont son père Philippe II est le roi, est prospère.
03:31 Vu d'Athènes, ce territoire au nord de la Grèce est peuplé de barbares.
03:36 Mais pour Philippe II, la Macédoine, c'est le cœur de la Grèce.
03:41 A ce titre, il mène une politique expansionniste.
03:45 Il rêve d'unifier la région composée de petits royaumes et de cités-états.
03:50 La naissance d'un héritier est de bonne augure pour un roi.
03:54 Sauf qu'aux yeux de sa femme, Olympias, Alexandre n'est pas le fils de Philippe II.
03:59 Vous allez comprendre pourquoi.
04:01 Olympias est une princesse d'Épire, une région qui correspond à l'Albanie d'aujourd'hui.
04:09 C'est aussi une mystique, connue pour ses danses en l'honneur des dieux avec d'énormes
04:14 serpents qui s'enroulent le long de son corps.
04:17 Comme ses serpents sont sacrés, elle les garde dans son lit la nuit, ce qui horrifie
04:22 son époux.
04:23 Il préfère rejoindre celui de ses concubines et de ses autres femmes, avec les risques
04:29 que cela comporte pour Olympias, la naissance d'autres héritiers.
04:32 Mais Olympias est certaine de la supériorité de son fils.
04:37 Le jour de la conception d'Alexandre, le tonnerre a grondé.
04:42 Et le tonnerre, c'est le symbole de Zeus.
04:45 Son fils est donc celui du roi des dieux.
04:48 Ça peut nous paraître fou aujourd'hui, cette fable inventée par Olympias.
04:56 Mais à son époque, les grecs sont très superstitieux.
05:00 Elles croient donc sincèrement que Zeus est le père de son fils.
05:04 Et en lui mettant ça dans le crâne, elle lui offre une confiance en lui à toute épreuve
05:10 et une légitimité de roi conquérant.
05:13 C'est un cadeau de la part d'une mère très ambitieuse à un fils prometteur.
05:17 Les macédoniens élèvent les enfants à la dure.
05:24 Il faut savoir se battre et être le plus fort.
05:28 Mais cette violence n'exclut pas le raffinement.
05:31 Philippe II a fait venir le célèbre philosophe Aristote à sa cour.
05:35 Celui-ci dispense souvent ses leçons dans la nature.
05:39 Ses élèves sont des garçons issus de l'aristocratie.
05:42 Il leur apprend la philosophie bien sûr, l'art de faire des discours, la rhétorique,
05:47 mais aussi l'art de la politique.
05:50 Souvent, il les emmène en promenade pour leur apprendre à observer les animaux et
05:54 les plantes.
05:55 Pour inspirer au jeune Alexandre le goût des conquêtes, Aristote lui fait lire l'Iliade.
06:03 L'Iliade, c'est le chef d'œuvre du poète Homère qui raconte la guerre de Troie.
06:08 Même si ce récit est plus mythologique qu'historique, il a été le livre d'école de tous les
06:14 enfants du monde gréco-romain pendant près de mille ans.
06:17 Aristote en offre même une copie annotée à son élève qui l'emmènera partout avec
06:21 lui.
06:22 Mais ce n'est pas à l'école que le jeune Alexandre, maintenant adolescent, va devoir
06:26 faire ses preuves de futur roi.
06:28 Un jour, un maquinion vient vendre des chevaux à Philippe II.
06:40 L'un d'eux est un puissant cheval noir qu'aucun homme ne parvient à monter.
06:43 Alexandre l'observe et comprend d'un coup pourquoi le cheval se cabre.
06:49 Il demande à son père l'autorisation de monter l'animal.
06:53 Philippe II se moque de son fils, mais il lui laisse une chance.
06:58 Alexandre s'approche du cheval, il le tourne face au soleil, il grimpe sur son dos et il
07:06 part au galop.
07:07 Il avait compris que l'animal avait peur de son ombre et qu'il fallait le tourner
07:12 vers le soleil pour qu'il ne soit pas effrayé.
07:14 Alexandre appelle sa nouvelle monture Bucéphale.
07:18 Il sera désormais son compagnon dans toutes ses conquêtes.
07:22 Pour nous les historiens, c'est toujours un peu difficile de démêler la part de mythe
07:29 et la part de réel dans ce genre d'histoire.
07:31 Je pense qu'il faut plutôt y voir un rite de passage de l'enfance vers l'âge adulte.
07:35 Maintenant, Alexandre est prêt à suivre son père sur le champ de bataille, mais avant,
07:41 il doit montrer qu'il est un homme.
07:43 Oui, vous me voyez venir, il doit se conduire comme un homme avec les femmes.
07:48 Les textes anciens racontent que c'est Olympias, sa mère, qui a choisi la femme avec qui son
07:53 fils perdrait sa virginité.
07:54 Elle a jeté son dévolu sur la plus belle courtisane de Macédoine, Calixène.
08:00 Il semblerait que cette professionnelle ait passé la nuit entière à discuter avec lui
08:05 avant de réussir à le déniaiser.
08:08 Alexandre n'a apparemment aucune passion pour les femmes.
08:12 En revanche, il est très proche de son camarade Héphaïstion.
08:16 À cette époque, l'homosexualité fait partie des mœurs, ça ne gêne personne si l'amitié
08:22 d'Alexandre pour son camarade est teintée de désir.
08:24 Elle n'empêche pas le mariage qui a d'autres fonctions sociales, forger des alliances politiques
08:29 et mettre au monde des héritiers.
08:31 Nous sommes maintenant en 338 avant Jésus-Christ.
08:39 Alexandre a 18 ans.
08:42 Il suit son père pour la première fois sur le champ de bataille de Kéroné, au nord
08:46 de la Grèce.
08:47 Les Athéniens et les Thébains se sont coalisés contre la Macédoine pour l'empêcher d'étendre
08:53 son pouvoir politique sur la péninsule.
08:55 Philippe II et Alexandre sont à la tête de 30 000 hommes.
09:00 En phase 2, il y a 35 000 fantassins dont le bataillon sacré de Thèbes, un corps d'élite
09:07 composé de 150 couples de soldats.
09:10 Ceux-ci se battent à la fois pour leur patrie et la vie de leur aimée.
09:15 Cette double motivation les rend particulièrement pugnaces.
09:19 Alexandre décide d'affronter le bataillon sacré et il parvient à l'écraser.
09:25 Cette victoire lui vaut l'admiration et le respect de ses soldats.
09:29 Philippe II en vient lui-même à jalouser son fils.
09:33 Mais l'essentiel est ailleurs.
09:35 Les Grecs sont vaincus et le roi de Macédoine assoie sa domination sur la région.
09:41 Deux ans plus tard, un événement tragique précipite le destin du jeune Alexandre.
09:48 Son père Philippe II est assassiné par un de ses gardes pendant une fête familiale.
09:54 Alexandre, qui a 20 ans, lui succède.
09:58 Pour prouver qu'il n'a pas ourdi de complot contre son père, il lui offre des funérailles
10:04 fastueuses et un sublime tombeau, le tumulus de Vergina, dont les archéologues ont retrouvé
10:11 les vestiges dans les années 1970.
10:13 Maintenant, Alexandre rêve de poursuivre la politique expansionniste de son père et
10:21 de diffuser la culture grecque dans le monde.
10:23 Philippe et Aristote l'ont éduqué pour ça.
10:32 Le regard du jeune roi se tourne vers l'Asie mineure, le berceau de l'Empire perse.
10:37 Alexandre voudrait se rendre maître de cet empire aussi vaste que riche.
10:42 Mais pour ça, il faut vaincre l'empereur Darius III.
10:46 Pour être sûr d'y parvenir, Alexandre veut avoir la bénédiction des dieux.
10:51 Pour ça, il se rend à Delphes, l'un des sanctuaires les plus sacrés de Grèce.
10:57 C'est là que la pitié rend ses oracles.
11:00 Dit comme ça, c'est un peu mystérieux.
11:02 Laissez-moi vous en dire davantage.
11:04 Dans le temple d'Apollon à Delphes, il y aurait une faille de laquelle montraient
11:13 des gaz volcaniques.
11:15 C'est au-dessus de cette faille qu'on plaçait celle qu'on appelle la pitié.
11:21 Grâce à l'entremise des dieux, elle pouvait voir l'avenir.
11:24 Cette femme était choisie dans les villages de montagne alentour par les prêtres du temple.
11:30 Elle ne devait avoir aucune éducation et craindre les dieux.
11:34 En d'autres termes, elle devait être un peu simplette.
11:38 La jeune femme élue devenait donc la pitié de Delphes, ce qui était un statut prestigieux
11:45 à l'époque.
11:46 En respirant les gaz volcaniques, elle entrait en trance et proférait des sons et des mots
11:53 énigmatiques que les prêtres traduisaient en prophéties.
11:56 Ces prophéties pouvaient généralement être interprétées de plusieurs manières différentes.
12:02 Chacun y voyait donc ce qu'il arrangait, un peu comme dans nos horoscopes.
12:05 Le jour où Alexandre arrive à Delphes, la pitié refuse de siéger.
12:11 Le roi la traîne de force dans le temple.
12:14 Jeté au-dessus de sa faille par le fils de Philippe, la pitié se serait écriée
12:20 "personne ne résiste au roi de Macédoine".
12:23 Pour Alexandre, c'en est assez.
12:27 Les dieux lui promettent qu'il sera vainqueur.
12:29 Il peut partir conquérir l'Asie.
12:34 Alexandre a 22 ans en 334 avant Jésus-Christ quand il débarque en Asie mineure, c'est-à-dire
12:47 en actuelle Turquie, avec 40 000 hommes.
12:50 Son premier réflexe est religieux.
12:52 Il va visiter le tombeau d'Achille, le héros de l'Iliade.
12:57 Avant d'entrer dans le tombeau, il se déshabille complètement et il vient faire son offrande
13:03 nue sur la tombe d'Achille.
13:05 Il faut bien comprendre qu'à l'époque, sa confiance en lui est poussée à son paroxysme
13:10 par ses superstitions.
13:11 Quelques semaines plus tard, au mois de mai, il affronte pour la première fois les soldats
13:18 perses à la bataille du Granic.
13:21 Chaque garnison se trouve d'un côté de la rivière.
13:23 Alexandre doit la traverser pour continuer à avancer en terrain perse.
13:28 Il a 10 000 hommes de moins que ses ennemis.
13:31 Mais pour prendre le dessus, le roi de Macédoine va avoir une idée brillante.
13:38 Pour découvrir la suite de ce récit consacré à Alexandre le Grand, je vous donne rendez-vous
13:50 sur votre plateforme d'écoute préférée.
13:52 A bientôt !
13:55 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]