Midi News du 07/02/2023

  • l’année dernière
Sonia Mabrouk reçoit les acteurs de l'info du jour, nos experts et nos journalistes dans #MidiNews

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00:00:00 Bienvenue à tous, un mardi noir, mardi de blocage et de contestation contre la réforme des retraites.
00:00:07 Alors au moment où le texte est en débat à l'Assemblée Nationale, combien de Français vont descendre dans la rue ?
00:00:13 Le mouvement va-t-il tenir, voire s'amplifier ? Les jeunes vont-ils le rejoindre ?
00:00:18 Quel risque aussi de débordement alors que les esprits s'échauffent, même si tout s'est très bien passé jusque là ?
00:00:24 Nos équipes, CNews, mobilisées dans différentes villes pour prendre la température sociale, Lyon, Avignon, Brest, Paris, Marseille, justement.
00:00:33 On va prendre la direction de la ville fosséenne pour vous retrouver tout de suite.
00:00:38 L'Orpara, ce sera dans quelques instants, me dit-on, à Marseille où, il faut le noter d'ailleurs, comme dans plusieurs villes et régions de France,
00:00:45 l'intersyndicale tient. On le verra derrière les bandeaux, il y a toujours ce même mot d'ordre contre la réforme des retraites.
00:00:54 On présente nos invités, Caroline Pilastre est avec nous, Naïma M. Fadel, Miquel Chadoun, Grégory Joron, qui est secrétaire générale Unité SGP Police.
00:01:02 Bonjour à vous, Philippe Guibert. Et évidemment, pour l'analyse, notre journaliste Élodie Huchard.
00:01:07 Bonjour à vous. Grand défi aujourd'hui. Est-ce qu'il y aura autant de monde, au moins, que les précédentes journées de mobilisation ?
00:01:15 Il faut dire que c'est le troisième rendez-vous. Troisième rendez-vous. On peut comprendre certaines personnes, Miquel Chadoun,
00:01:22 c'est une journée de travail, c'est une journée de salaire aussi en moins. Pas évident dans ce contexte.
00:01:28 Oui, tout à fait. C'est d'ailleurs drôle. Il y a aussi un impact économique de la grève sur le pays, puisque un jour de grève coûte en moyenne 2 milliards
00:01:35 avec la baisse de l'activité et de la consommation sur la journée. Il y a une baisse de 2 milliards, normalement, du PIB.
00:01:40 C'est drôle, mais avec ces grèves, la réforme va finir par coûter plus cher que ce qu'elle nous rapporte.
00:01:45 Ah oui, donc tout ça pour ça. C'est ce que vous nous dites.
00:01:47 Oui.
00:01:48 Élodie Huchard, quel est le défi aujourd'hui ? Et quel message politique pourrait-en tirer l'exécutif, qui donne quand même l'impression
00:01:55 qu'il a déjà enjambé ses mobilisations ?
00:01:57 Oui, alors d'un côté, l'exécutif nous dit qu'il respecte ceux qui se mobilisent. Elisabeth Borne, Première ministre,
00:02:03 mardi dernier, disait à ses députés qu'il ne faut pas être dans la provocation, il faut comprendre les manifestations.
00:02:08 Et en même temps, si j'ose dire, l'exécutif nous dit déjà qu'il ne veut pas plier face à la rue, mais ils ont quand même conscience
00:02:13 qu'un bras de fer qui s'installe avec des manifestations qui se succèdent, avec toujours plus de gens, ou au moins avec une mobilisation constante,
00:02:20 c'est un mauvais signal, surtout quand dans le même temps, ils vantent le travail parlementaire. On le voit depuis hier,
00:02:25 le travail parlementaire, c'est extrêmement compliqué à l'Assemblée nationale. L'ambiance est agitée, c'est même peu de le dire.
00:02:32 Et donc forcément, on voit d'un côté l'Assemblée qui n'arrive pas à avancer sur le texte, de l'autre, les Français de plus en plus opposés.
00:02:37 Et même Laurent Berger qui disait qu'il y avait quasiment ce week-end un déni de démocratie, puisque le gouvernement ne semblait pas vouloir entendre la rue.
00:02:44 Alors le mouvement va-t-il perdurer dans le temps ? Ça va être très scruté, évidemment. En même temps, il y a un débat vif, le stanofémisme,
00:02:52 à l'Assemblée nationale. On va prendre la température déjà dans certaines villes, régions. On va se rendre à Brest pour vous retrouver
00:02:59 Mikaël Chahyouf. Ce qui nous intéresse aussi aujourd'hui, Mikaël, c'est la composition, la diversité de ceux qui manifestent.
00:03:07 Est-ce qu'il y a plus peut-être de jeunes que les précédentes mobilisations ? Qu'avez-vous remarqué depuis que les cortèges se sont élancés ce matin ?
00:03:14 Alors le cortège a été lancé vers 11h ici à Brest. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a en début de cortège, en effet, une grosse délégation de jeunes,
00:03:24 des lycéens, étudiants, qui sont juste derrière la banderole de l'intersyndicale. Et puis derrière, c'est la CGT, cette fois-ci, qui ouvre le bal.
00:03:33 Un mot sur la mobilisation. Je peux vous dire qu'ils étaient 20 000, un peu plus de 20 000 même, selon les syndicats, le 31 janvier dernier.
00:03:41 Difficile de dire s'ils sont autant aujourd'hui. Moi, je pense qu'ils sont un petit peu moins. Aujourd'hui, on avait moins cette sensation de foule
00:03:49 que le 31 janvier. Mais c'est quand même conséquent, notamment pour une ville de 140 000 habitants. Vous l'avez dit dans les slogans, il faut
00:03:57 évidemment noter toujours ce refus du recul de l'âge de la retraite. « Macron, tu dépasses les bornes ». « Métro, boulot, caveau », pouvait-on lire
00:04:07 ici sur les pancartes. Et puis peut-être deux slogans typiquement bretons. Le premier, « 1664, c'est une bière, pas une carrière ». « La retraite, c'est comme la galette,
00:04:17 on la veut complète », pouvait-on lire en tête de cortège. Quel florilège, Michel ! Je vois qu'il y a beaucoup d'inspiration dans les cortèges.
00:04:24 Merci de nous avoir fait part de tout cela. Mais c'est très juste, là, ce que dit Michel. Il a cité aussi les autres villes. Philippe Hibert, il y a des
00:04:32 villes moyennes, il y a des sous-préfectures, il y a des petites régions, comme on dit, qui sont mobilisées. Ça, souvent, ça donne quand même un indicateur
00:04:40 sur colère. Oui, oui, oui, ça a été d'ailleurs une des caractéristiques des deux premières journées, c'est la forte mobilisation dans les villes moyennes.
00:04:49 Donc là, on voit bien les villes moyennes, ou en tout cas, en dehors des métropoles les plus importantes. Là, on voit bien Brest, qui a à nouveau une mobilisation forte.
00:04:57 Moi, je pense qu'il y aura une mobilisation forte aujourd'hui. En revanche, ce sera peut-être difficile de faire autant que mardi dernier, dans la mesure où, pour un certain
00:05:07 nombre de gens, enchaîner trois journées ou trois demi-journées de grève, tout simplement, ça pose des problèmes de fin de mois. Et d'ailleurs, déjà, les regards sont tournés vers
00:05:15 samedi. Exactement, le temps brusque à samedi, qui va être un enjeu important et où les familles peuvent se mobiliser. Donc peut-être qu'aujourd'hui, c'est une journée de transition
00:05:27 vers la mobilisation de samedi. Avec un enjeu de sécurité aussi, on va en parler dans quelques instants avec vous, Grégory Jauron, et avec vous tous, évidemment, de ce qui est en train de se passer.
00:05:35 On a nos équipes, comme on dit, mobilisées, mais aussi, il se passe évidemment beaucoup de choses. Malheureusement, on a une actualité assez lourde, actualité internationale.
00:05:42 On développe tout ça dans le journal. Bonjour à vous, Michael. Bonjour Sonia, bonjour à tous. La grève dans les transports, épisode 3. La journée est évidemment très perturbée
00:05:52 à la SNCF, mais moins que lors des deux autres journées d'action. Journée qui semble rimer désormais pour beaucoup avec télétravail. Regardez ces images de la gare de Lyon, presque vides ce matin.
00:06:02 Les voyageurs ont, pour la plupart, pu anticiper, se sont donc organisés autrement. Pour la plupart, mais pas tous, écoutez certains d'entre eux interroger au micro de Clémence Barbier et Marion Bréchet.
00:06:12 C'est la troisième journée. C'est la deuxième fois qu'on rate notre train. C'est quand même incroyable. On ne va pas passer la nuit à la gare pour essayer d'attraper son train.
00:06:20 On va peut-être changer de gare. Je pense qu'on va partir à la gare de l'Est. J'ai dû changer mon billet de train. Il y a une heure à peu près d'écart avec le premier.
00:06:27 Il faut que je vois dans quelle mesure ils vont me rembourser le train précédent. J'imagine qu'il faut que je fasse une réclamation.
00:06:33 Le WeGo a été annulé. On nous a remboursé les billets. On a repris des tickets. Et ça a été plus bonheur que ce qu'on devait prendre avant.
00:06:45 Et puis grève également chez Total Energy dans les raffineries. Plus d'un salarié sur deux est en grève aujourd'hui, selon la direction.
00:06:52 Selon les syndicats, cette troisième journée d'action serait suivie par 75 à 100 % des salariés.
00:06:58 Dans l'actualité également, la suite du procès de la rue Erlanger à Paris. Il y a quatre ans, quasiment jour pour jour, l'incendie d'un immeuble du 16e arrondissement avait fait 10 morts.
00:07:08 Noémie Schultz, vous suivez ce procès pour ces news. Depuis hier, une femme est jugée devant la cour d'assises de Paris.
00:07:14 Elle est suspectée d'avoir mis le feu en raison d'un différent avec un voisin. Noémie, sa famille était entendue ce matin.
00:07:20 Oui, la mère d'Essia Boulares, Michel, a raconté comment sa fille cadette avait, dès l'enfance, montré des signes de fragilité.
00:07:27 Une addiction au sucre d'abord, qui à l'adolescence se transforme en addiction à l'alcool. Une hypersensibilité.
00:07:33 C'est quelqu'un qui est dans une grande souffrance depuis l'âge de 11 ans, reconnaît cette professeure d'université à la retraite.
00:07:39 Avant de décrire le parcours du combattant pour faire soigner cette fille qui souffre d'un mal qu'aucun médecin n'arrive vraiment à diagnostiquer.
00:07:46 L'un d'eux a parlé de bipolarité, un autre de personnalité borderline. En 25 ans, Essia Boulares est hospitalisée une trentaine de fois.
00:07:53 Une dizaine de fois à la demande de sa famille. A chaque fois, au bout de quelques jours, on me disait "mais elle va très bien".
00:07:59 Elle sortait et puis trois semaines après, elle recommençait. Ce sont des alcoolisations massives qui la mettent en danger, qui peuvent mettre en danger les autres.
00:08:06 Oui, on en est conscient. On appelait au secours, insiste Michel, qui se souvient de la crise très violente de sa fille en janvier 2019.
00:08:13 Elle disait qu'elle était descendue du ciel pour sauver les Indiens et pourtant, huit jours après, on l'a laissée sortir de Saint-Anne.
00:08:20 Je ne comprends pas pourquoi. Je voudrais rappeler que mon mari, moi-même, toute notre famille avons fait tout ce que nous pouvions faire.
00:08:26 Merci Noémie Schultz en direct de la cour d'assises de Paris. Le bilan des séismes tragiques qui ont frappé la Turquie et la Syrie ne fait que s'alourdir.
00:08:36 Plus de 5000 morts ont été recensées pour le moment et les recherches se poursuivent ce mardi.
00:08:41 Regardez les images incroyables de ce bébé sauvé miraculeusement des décombres.
00:08:46 Vous voyez, ça s'est passé il y a quelques heures en Turquie.
00:08:50 Ce secouriste allemand est arrivé en renfort ce matin.
00:08:54 La zone touchée vers laquelle nous nous dirigeons maintenant se trouve à environ deux heures et demie de route au sud de Gaziantep, dans la province turque de Hatay et le district de Kirikane.
00:09:05 Cet endroit a été fortement touché. Nous nous attendons à un grand nombre de victimes.
00:09:12 Nous serons probablement la première équipe internationale sur place et nous commencerons immédiatement les opérations de sauvetage.
00:09:22 Et voilà, c'est la fin de ce journal. Retour à présent des débats de Midi News avec Sonia Mabrouk et ses invités.
00:09:28 Merci à vous, Miquel. Et puis dans les rues de France avec nos journalistes sur place.
00:09:33 On va prendre la direction, je vous le disais tout à l'heure, de la cité phocéenne, Lorpara, Marseille.
00:09:38 Alors, du monde dans les rues, difficile pour vous déjà de savoir s'il y a autant de monde que les fois dernières.
00:09:44 Lorpara, peut-être quelque chose qui est sûr, c'est une intersyndicale là encore qui tient.
00:09:48 C'est important à Marseille, derrière la grande banderole, on a bien les 7 ou 8 syndicats.
00:09:57 Effectivement, les 8 représentants des syndicats pour le département des Bouches-du-Rhône sont toujours unis.
00:10:02 Ils tiennent bon, ils tiennent aussi à ce que le gouvernement entende qu'ils tiennent bon.
00:10:06 Vous savez, à Marseille, historiquement, entre Force Ouvrière et la CGT, ça a toujours été un petit peu compliqué.
00:10:11 Mais là, ils s'entendent, ils se serrent la main, ils sont dans une bonne ambiance et surtout, ils ne veulent rien lâcher.
00:10:16 Quant à l'intensité de cette mobilisation, autant vous dire que depuis maintenant 11 heures, le cortège a quitté le Vieux-Port.
00:10:25 On est toujours sur les quais, le long de la mairie de Marseille et il y a énormément de monde.
00:10:31 Pour savoir s'ils sont autant que le 31 août et le 12 novembre, c'est encore un petit peu tôt.
00:10:35 Mais à l'image, le cortège est assez intense.
00:10:38 On a vu passer pas mal de manifestants mobilisés sur des agents du port, des dockers,
00:10:44 ainsi que les salariés des raffineries qui ont fait le show avec des fumigènes,
00:10:49 comme dans les virages, j'ai envie de vous dire, au Vélodrome lors des matches de l'Olympique de Marseille.
00:10:54 Visiblement, ils ont l'intention de se poursuivre.
00:10:58 Ils savent que samedi, pour la zone B, ça va être un petit peu plus difficile de mobiliser
00:11:01 parce qu'ils sont en vacances à partir de samedi dans les Bouches-du-Rhône.
00:11:05 Mais ils veulent continuer à faire une démonstration de force et à cultiver ce rapport de force avec l'État
00:11:11 parce que leur objectif est simple, le retrait de cette réforme des retraites qu'ils disent injuste.
00:11:16 Merci beaucoup, Laura Parra. On vous retrouvera tout à l'heure en direct depuis Marseille.
00:11:20 Quel message pourrait délivrer demain Emmanuelle Fadel au gouvernement ?
00:11:25 S'il y a un peu moins de monde, est-ce qu'il va commencer à dire "regardez l'essoufflement d'un mouvement"
00:11:31 ou alors "attention, prudence, ne pas se montrer méprisant" ?
00:11:34 Vous avez la provocation là.
00:11:36 En fait, j'ai le sentiment que maintenant les gens sont complètement focalisés sur les 64 ans.
00:11:41 Donc il n'y a même pas de discussion. On voit bien que les Français sont vraiment focalisés sur ça
00:11:51 et qu'en fait ils ne veulent même pas entendre les avancées qui ont été faites, notamment au LR.
00:11:56 Parce qu'il faut dire qu'il y a eu quand même des avancées et on a le sentiment qu'on ne peut plus discuter du tout.
00:12:01 Donc soit le gouvernement décide quand même de passer cette réforme, soit il la retire.
00:12:07 Ce qui me semble impossible.
00:12:10 Donc vous dites que tout ce qui est en train d'être fait, concessions, ouvertures, ce n'est pas entendu.
00:12:14 Donc est-ce qu'on peut dire aussi, d'ailleurs, directement, franchement, que la bataille de l'opinion est perdue
00:12:19 et que le gouvernement en a fait le deuil selon vous, Caroline Pilastre ?
00:12:23 Ah mais moi j'en suis persuadée. C'est un rapport de force entre les manifestants et ceux d'ailleurs qui peuvent ou qui ne peuvent pas manifester.
00:12:30 Parce que quand on voit les enquêtes d'opinion, c'est une majorité des Français qui sont contre cette réforme.
00:12:36 Mais je pense, en dehors des 64 ans, de l'histoire des annuités, que c'est évidemment contre la Macronie,
00:12:45 contre la politique de M. Macron et son gouvernement que tous ces gens manifestent aussi.
00:12:49 Il y a une détestation qui a semblé...
00:12:52 Oui, détestation.
00:12:54 Oui, il y a une détestation pour une partie de ces manifestants.
00:12:57 Je ne parle pas de ceux qui sont opposés par opposition et qui détestent ce que représente M. Macron,
00:13:05 l'ultralibéralisme et les propos des uns ou des autres au fur et à mesure de ces dernières années,
00:13:11 le quinquennat précédent et ce nouveau.
00:13:14 Mais vous avez beaucoup de Français qui ne se sont pas sentis considérés.
00:13:17 Je pense surtout que c'est une question de mépris qu'a eu le gouvernement vis-à-vis de beaucoup de ces Français qui ne se sont pas entendus.
00:13:22 La forme, pour vous, la méthode. Mais il faut reconnaître, Grégory Joron aussi, d'ailleurs, pour le policier que vous êtes,
00:13:27 il y a des crises multiples. La crise du pouvoir d'achat dont on parle le moins,
00:13:30 mais sous les pavés de la réforme de la retraite, il y a encore le pouvoir d'achat.
00:13:33 Oui, évidemment, le pouvoir d'achat. Et puis, même en se reportant un peu plus loin, l'enchaînement de la crise Covid.
00:13:39 Tout ça, c'est assez marquant pour une société comme la nôtre.
00:13:43 On a enchaîné justement un certain nombre de crises qui ont quand même tendu le climat social, quoi qu'on en pense.
00:13:47 Et globalement, c'est peut-être aussi la dernière goutte d'eau qui a fait déborder le vase, sur fond peut-être de mépris.
00:13:53 Moi, je ne suis pas certain, pour avoir assisté aux deux cortèges, et j'y serai encore tout à l'heure,
00:13:57 qu'il y ait vraiment une détestation absolue de la politique de Macron.
00:14:02 C'est surtout la réalité que, finalement, les gens veulent défendre leur modèle social, ne veulent pas travailler plus.
00:14:08 Et ce qui est intéressant, moi, je trouve, c'est justement quand vous êtes au milieu du cortège,
00:14:11 c'est de faire un petit tour à 360 degrés et voir qu'il y a à peu près toutes les générations.
00:14:15 Et finalement, c'est des gens qui travaillent, qui viennent manifester.
00:14:17 On n'est pas du tout sur une émanation des gilets jaunes, avec quelque chose d'assez politisé à la fin.
00:14:23 Je pense que c'est vraiment le monde du travail, pour le coup, qui se mobilise d'ailleurs au travers.
00:14:26 Il a fait ses calculs, j'allais dire, sur la réforme de la retraite.
00:14:29 En fait, Philippe, c'est très simple, chacun fait ses calculs.
00:14:32 C'est-à-dire, c'est têtu, les chiffres, et on voit ce qu'on perd ou ce qu'on gagne, ou ce qu'on perd, perd.
00:14:38 Puis cette réforme tombe à un moment où le rapport des Français au travail a évolué.
00:14:42 La pandémie a joué son rôle, mais il y a d'autres phénomènes qui jouent.
00:14:46 Et donc, ça tombe à un moment, effectivement, où la question des retraites est quand même existentielle.
00:14:50 C'est pour ça, moi aussi, j'ai été frappé dans les manifs où je suis allé la semaine dernière.
00:14:55 Je n'ai pas vu de slogans anti-Macron.
00:14:57 Ce n'est pas du tout comme à l'époque des gilets jaunes, où il y avait une focalisation très...
00:15:02 – C'est... ça pointe quand même, Philippe, quoi qu'on pense, mais sûr, je veux dire...
00:15:06 – Je ne vous dis pas que c'est des admirateurs...
00:15:08 – Demandez-leur ce que vous pensez de M. Macron.
00:15:10 – Je ne vous dis pas que c'est des admirateurs du président de la République qui défiaient l'un, je ne dis pas ça.
00:15:15 Mais je dis simplement que les slogans et la tonalité,
00:15:18 qui est quand même nettement plus détendue d'ailleurs que ce qu'on a connu dans des manifs
00:15:21 depuis plusieurs années, parce que l'absence de groupuscules violents
00:15:25 ou la quasi-absence détend quand même tout le monde, moi, c'est le sentiment que j'ai eu.
00:15:30 Et donc, on est vraiment sur une manif sociale.
00:15:33 – Donc, essentiel, sur le fond, sur notre avenir.
00:15:36 – Je pense que le gouvernement a fait l'impasse là-dessus.
00:15:38 – Si ça avait été quelqu'un d'autre que Macron, je pense qu'il y aurait eu exactement la même mobilisation.
00:15:42 – Oui, je crois aussi.
00:15:43 – Je ne pense peut-être pas autant, parce qu'il cristallise quelque chose de très particulier.
00:15:47 C'est-à-dire que toutes les histoires liées à la Covid, la guerre en Ukraine, l'inflation,
00:15:53 fait que beaucoup n'arrivent plus à le supporter quand ils l'entendent.
00:15:56 Je suis narrée à temps et à jour.
00:15:58 – Ce qu'on peut dire, c'est que les prises de parole de certains ministres ont été un peu nourries.
00:16:01 – Et puis, beaucoup se demandent, soyons honnêtes, pardonnez-moi Sonia,
00:16:04 beaucoup se demandent pourquoi faire cette réforme maintenant ?
00:16:06 – Parce que quand vous écoutez… – Il n'y a pas de bon moment.
00:16:09 – Non, mais la manière dont ça a été expliqué et exprimé a été très mauvaise,
00:16:13 une fois de plus, en termes de rémunération.
00:16:15 – Je voudrais qu'on écoute, parce que là, qu'est-ce qui se passe ?
00:16:17 Il y a plusieurs journées de mobilisation, celle-ci, samedi.
00:16:20 Mais est-ce que la forme pourrait changer ?
00:16:22 Est-ce qu'on pourrait aller vers une autre nature, une grève reconductible ?
00:16:26 Je voudrais qu'on écoute Fabien Vildieu de Sud-Rail à ce sujet.
00:16:30 – Pour l'instant, c'est vrai que la question de partir en grève reconductible
00:16:35 à partir du 8 mars, pourquoi le 8 mars ?
00:16:37 D'abord parce que c'est un symbole, un petit clin d'œil,
00:16:39 c'est la journée des droits des femmes, et par ailleurs, c'est après les vacances scolaires,
00:16:42 y compris ça pose une date suffisamment à l'avance pour qu'on puisse préparer la mobilisation,
00:16:46 parce qu'une mobilisation sur une grève reconductible, ça se construit,
00:16:49 il faut discuter avec les collègues, les gens risquent de perdre de l'argent sur plusieurs jours,
00:16:53 donc ça se construit, ça ferait dans un mois, donc ça permettrait de poser ça dans le décor,
00:16:57 y compris d'autres secteurs professionnels, parce que les cheminots tout seuls ne gagneront pas.
00:17:01 Et ça, voilà, ça donne du rythme et du souffle de mobilisation, et ça donne une perspective.
00:17:05 Et je pense qu'il y a des chances, c'est pas encore tranché,
00:17:08 mais il y a des chances quand même que Sud Rail emporte cette question
00:17:11 de la grève reconductible à partir du 8 mars.
00:17:13 – Ah, c'est une hypothèse, on va en parler, on est passé par Marseille,
00:17:17 Brest, je voudrais qu'on aille à Avignon, Stéphanie Rouky est sur le pont, elle est facile.
00:17:22 Stéphanie, est-ce qu'il y a du monde ?
00:17:24 C'est la question qu'on va poser là, forcément, après les premiers cortèges
00:17:27 qui se sont élancés par rapport à la précédente journée de mobilisation.
00:17:31 – Oui, mais effectivement, vous le disiez, il y a même du monde sur le pont d'Avignon,
00:17:37 car le début du cortège, la tête du cortège vient d'arriver,
00:17:40 vous le voyez au pont Saint-Bénézé, le point final de cette manifestation.
00:17:44 Et en termes de participation, je vous repasse un petit peu les chiffres des dernières fois.
00:17:49 Ils étaient à Avignon, selon les syndicats, 15 000 la première fois,
00:17:53 20 000 le deuxième rassemblement, et là, ils m'ont expliqué que,
00:17:57 eh bien non, ils ne seront pas si nombreux, ils ne seront pas 20 000,
00:18:00 ils seront peut-être 10 000 ou 15 000 comme le premier rassemblement.
00:18:03 Mais ils m'ont expliqué que c'est normal, et c'était pas triste,
00:18:06 ils ne sont pas déçus pour autant, car il faut maintenant, selon eux,
00:18:09 faire durer ce mouvement, le perdurer dans la longueur,
00:18:12 donc forcément, une grève, ça coûte cher à tous ces salariés,
00:18:15 donc bien évidemment, ils ne peuvent pas participer
00:18:17 à toutes ces journées de grève et de mobilisation.
00:18:19 Ils se donnent déjà rendez-vous samedi, se sont dispersés plusieurs groupes,
00:18:22 toi tu fais la manifestation mardi, toi tu la feras samedi,
00:18:25 mais je peux vous dire qu'ils ne sont pas du tout déçus ici,
00:18:28 il faut faire durer le mouvement.
00:18:30 - Annie, on reviendra vers vous et vers la belle ville d'Avignon,
00:18:34 est-ce que, Grégory Girond parlera tout à l'heure du dispositif de sécurité,
00:18:38 est-ce que samedi, il pourrait y avoir un autre type de mobilisation,
00:18:42 peut-être des familles aussi qui vont davantage descendre dans la rue ?
00:18:47 - Oui, oui, je pense, je pense que ça attirera une autre population,
00:18:50 mais il y a à craindre aussi que ça attire un peu plus d'éléments ultra ou radicaux,
00:18:56 parce que là, en effet, sur Paris, entre 2 et 3 sont annoncés,
00:19:00 plutôt d'ultra gauche et pas des black blocs,
00:19:02 donc c'est quand même un peu différent,
00:19:04 donc je ne suis pas sûr qu'il y ait énormément de risques sur l'après-midi
00:19:08 qui va se passer tout à l'heure,
00:19:10 mais par contre, samedi, forcément, il y a peut-être un peu plus d'attention
00:19:14 sur les éléments radicaux qui pourraient justement profiter en plus
00:19:17 qu'il y ait une autre population, un peu moins peut-être ordonnée, organisée
00:19:23 que celle qui est sous la contrainte des services d'ordre des confs,
00:19:28 qui est plutôt bien faite, et c'est ce qu'il y a à craindre pour samedi,
00:19:32 notamment sur Paris.
00:19:33 - Est-ce qu'on peut parler d'ores et déjà du dispositif actuel, peu ou prou ?
00:19:36 Je crois quasiment le même que la fois dernière,
00:19:38 11 000 policiers et gendarmes, 4 000 à Paris.
00:19:41 - 4 000 à Paris, 48, force mobile, ça fonctionne, oui, c'est très bien fait.
00:19:44 - Les ordres en sont donnés ?
00:19:45 - Les ordres sont donnés, ça se passe bien parce que c'est plutôt bien fait
00:19:49 en lien avec les services d'ordre des confs, je l'ai dit.
00:19:52 Il y a même des cordes qui sont tirées autour des cortèges
00:19:54 pour éviter qu'il y ait justement des pénétrations transversales,
00:19:57 d'éléments qui viendraient et qui veulent de toute façon
00:20:00 venir noyauter les cortèges, donc c'est très bien fait.
00:20:02 Il y a des interlocuteurs de la préfecture de police
00:20:06 dans chaque partie de cortège, extrêmement bien identifiés,
00:20:09 qui viennent au contact, donc il y a un vrai dialogue.
00:20:11 Je pense que c'est le plus important dans le maintien de l'ordre,
00:20:13 on est dans la gestion de foules.
00:20:15 Et ensuite, il y a une stratégie d'éloigner les éléments radicaux
00:20:18 justement des cortèges en les cristallisant sur les forces de l'ordre.
00:20:21 - Que ne l'a-t-on fait avant ?
00:20:23 - Et de les attraper.
00:20:24 - Avec le préfet de police Laurent Nunes qui a la bonne méthode.
00:20:27 Enfin, je le dis, j'espère qu'on ne va pas lui porter la poisse.
00:20:29 - C'est un ensemble, oui, parce qu'il n'y a que le préfet qui a changé
00:20:32 à la préfecture de police et son cabinet.
00:20:34 Après, ça reste le même directeur d'ordre public et de la circulation.
00:20:37 - On va dire qu'on a tiré les leçons.
00:20:39 - Moi, je l'ai rencontré au mois de septembre l'année dernière,
00:20:42 et je lui ai demandé de remettre...
00:20:44 Alors, je ne dis pas que ça vient de nous,
00:20:46 mais globalement, je lui ai demandé de remettre un peu de sens
00:20:49 à l'organisation des maintiens de l'ordre
00:20:51 et à ne pas inverser les grilles de lecture.
00:20:53 C'est-à-dire, en première ligne, il y a les éléments lourds,
00:20:55 les CRS, les escadrons de gendarmerie, les compagnies d'intervention.
00:20:58 Ensuite, éventuellement, les braves ou les bacs qui viennent en plus.
00:21:01 Mais ce n'est pas ces éléments-là qu'on met en gestion de foules
00:21:04 en première ligne.
00:21:05 - Moi, je voudrais juste rebondir, si vous me permettez,
00:21:07 sur ce que disait tout à l'heure Caroline.
00:21:09 Pour rejoindre un petit peu ce que vous disiez, Caroline,
00:21:12 c'est que j'ai l'impression que vraiment, cette réforme des retraites
00:21:15 cristallise les passions et qu'aujourd'hui, on n'a plus aucun discernement
00:21:18 pour l'aborder, pour la comprendre.
00:21:20 Moi, autour de moi, j'ai interrogé les gens, je vous assure,
00:21:23 ce qu'ils s'arrêtent, effectivement, comme on a dit, sur les 64 ans.
00:21:25 Là, quand je vois des jeunes, qui aujourd'hui, des jeunes étudiants
00:21:28 qui ont 24, 25, 26 ans, on sait très bien qu'ils n'auront pas
00:21:31 au-delà de 67 ans, qu'il faut la grève.
00:21:33 - Mais il faut dire pourquoi ?
00:21:34 - Oui, mais justement...
00:21:35 - Parce que le gouvernement a changé, a varié dans ses arguments.
00:21:37 - Exactement, et c'est ça, effectivement.
00:21:39 C'est que tout ce travail de volonté d'expliquer, d'être pédagogue, etc.
00:21:44 - Ah, ce mot !
00:21:46 - Ah, elle m'a sentie supportable.
00:21:48 - Alors, on va parler de la concertation.
00:21:51 Et moi, je sais que c'est important.
00:21:53 - C'est pire !
00:21:54 - Il y a deux mots à éviter. Pédagogie, concertation.
00:21:56 - Sonia, je vous ai appris.
00:21:57 - Sonia, non, ce que je veux vous dire, Sonia, c'est que tout ce travail,
00:22:00 en fait, ils se sont, pour rejoindre ce que vous disiez tout à l'heure,
00:22:03 Caroline, à un moment, laissant entendre qu'ils méprisaient.
00:22:06 Et du coup, qu'ils ne laissaient pas une marge de manœuvre pour justement...
00:22:10 - Regardez, comment ça a commencé ?
00:22:12 - Discuter, et c'est ça le problème, je pense.
00:22:14 - Elodie, est-ce que c'est le cas ?
00:22:15 - Ça a commencé en nous disant "elle est nécessaire, voilà les économies".
00:22:18 - Circuler, il n'y a rien à voir.
00:22:20 - Elle est juste, surtout, et ensuite, non mais en fait, non.
00:22:22 - Eh oui.
00:22:23 - Parce qu'il y avait les femmes, etc. Elle est nécessaire.
00:22:25 - Pour finalement se rendre compte qu'elle n'était pas très juste,
00:22:27 et pas très sociale, et aussi bien rapportée.
00:22:29 - Attendez, attendez, qu'Elodie nous fasse l'analyse.
00:22:31 - En fait, trop de pédagogie, tu la pédagogistes.
00:22:33 - Merci.
00:22:34 - À force de mettre en place des explications, on a l'impression qu'il y a au début une réforme,
00:22:38 et après, on se dit en fait, chaque Français a presque sa réforme des retraites,
00:22:41 donc plus personne ne comprend rien.
00:22:42 Quand on interroge les gens, personne ne comprend à quel âge il va partir à la retraite.
00:22:46 Et puis, avec les négociations qu'il y a eues, quand ils nous disaient
00:22:48 "c'est l'équilibre du système qui est menacé, mais finalement, comme on cède au LR,
00:22:52 on va devoir trouver des milliards supplémentaires, mais ce n'est pas si grave,
00:22:54 parce qu'en fait, on va les trouver",
00:22:56 à un moment donné, même le gouvernement s'y perd.
00:22:58 Parce que quand ils donnent des gages aux Républicains, ils en perdent dans leur propre majorité.
00:23:02 Il y a un moment donné, c'est ce que disait d'ailleurs Elisabeth Borne aux Républicains,
00:23:05 mercredi dernier, on ne va pas sans cesse revoir le texte.
00:23:08 On a l'impression qu'il y a autant de réformes des retraites que de jours qu'il y a dans la semaine, en fait.
00:23:12 - Et que de Français, peut-être.
00:23:13 - Et que de Français, aussi.
00:23:14 - Une courte pause.
00:23:15 On va revenir, c'est très intéressant.
00:23:16 Vous voyez là, c'est Marseille, on sera à Brest, Avignon, Paris, évidemment, avec un tracé particulier.
00:23:22 On va vous détailler une courte pause et on se retrouve.
00:23:26 - Combien de monde y aura-t-il dans la rue ?
00:23:29 Troisième journée de mobilisation.
00:23:31 On fera le décompte.
00:23:32 Pour le moment, ce qui est important, c'est d'être dans les régions,
00:23:35 de voir les arguments, il faut le dire, qui sont les mêmes depuis le début de ce mouvement de contestation,
00:23:41 notamment à Avignon.
00:23:42 On va revenir vers vous, Stéphanie Héroquier.
00:23:44 Vous êtes auprès d'un manifestant qui est chauffagiste de profession.
00:23:48 - Oui, effectivement, c'est un artisan chauffagiste.
00:23:52 Il est à son compte, c'est un patron et ça fait trois fois qu'il vient ici manifester.
00:23:57 Dites-moi, c'est un vrai manque à gagner pour vous ?
00:23:59 - Oui, c'est un manque à gagner, mais je suis vraiment opposé à tout ce qui se passe aujourd'hui.
00:24:04 J'en ai marre.
00:24:05 Ma compagne est enseignante et je ne suis pas d'accord pour travailler autant.
00:24:09 Et même si moi, en tant qu'artisan, je n'aurai pas forcément une retraite comme tout le monde,
00:24:14 on va dire, je suis contre, je veux m'opposer.
00:24:17 Là, je suis vraiment...
00:24:18 J'en ai marre.
00:24:19 - C'est un métier difficile, vous ?
00:24:22 - Oui, bien sûr.
00:24:23 Tous les jours, des chaudières, des pompes à chaleur, des panneaux solaires sur les toits,
00:24:27 dans les villes sanitaires.
00:24:28 C'est juste inenvisageable d'envisager de travailler jusqu'à 64 ans.
00:24:32 Et même en tant qu'embaucher un salarié de plus de 60 ans aujourd'hui,
00:24:35 je ne sais pas comment c'est possible.
00:24:37 Je ne peux pas l'envisager, honnêtement.
00:24:38 - Vous parlez de vos salariés.
00:24:39 Ils sont ici avec vous aujourd'hui ?
00:24:41 - Oui, j'ai un salarié qui est avec moi aujourd'hui.
00:24:43 Et j'ai mon apprenti la dernière fois qu'il était là.
00:24:46 Alors, il est à l'école, donc je peux pas l'emmener.
00:24:48 Il est à l'école, donc je préfère qu'il soit à l'école.
00:24:50 Mais non, je les paye à venir, s'ils le souhaitent, évidemment.
00:24:53 Mais je les paye à venir, s'ils le souhaitent.
00:24:55 - Vous les encouragez à venir manifester ?
00:24:57 - Pas spécialement les encourager.
00:24:58 Mais s'ils veulent, ils viennent et ils sont payés.
00:25:00 Je les paye.
00:25:01 - Vous êtes prêt à durer comme ça ?
00:25:02 - Pardon ?
00:25:03 - Vous êtes prêt à durer dans le mouvement ?
00:25:04 - Ah oui, sans problème.
00:25:05 Je serai là samedi.
00:25:06 Et je serai là les autres jours.
00:25:07 Je lâcherai pas.
00:25:08 Je veux me le permettre, je le fais.
00:25:10 - Merci, Laurent.
00:25:11 - Merci, Stéphanie.
00:25:13 Très, très intéressant, là, le témoignage que vous nous donnez à voir et à écouter
00:25:17 de cet artisan chauffagiste à son compte, qui est prêt quand même à payer, hein,
00:25:22 donc ses salariés pour qu'il soit là, qui a un vrai manque à gagner pour lui.
00:25:26 Et ça, j'en ai marre.
00:25:28 J'en ai marre du tout.
00:25:29 - Oui, et puis c'est des types de parcours et de profils qui ne défilent pas,
00:25:33 habituellement, qui ne manifestent pas.
00:25:35 Les artisans, c'est pas ceux qu'on retrouve le plus dans les manifestations.
00:25:39 C'est pas leur tradition.
00:25:40 Et donc, ça montre vraiment que la question du rapport au travail,
00:25:44 du rapport personnel au travail est vraiment touchée par cette réforme
00:25:48 et que le gouvernement, en fait, n'a jamais assumé le fond de son argumentaire
00:25:52 qui était "on fait une réforme financière parce qu'on a besoin de rassurer
00:25:56 marché financier, Commission de Bruxelles".
00:25:59 Et donc, on va juste un peu l'atténuer pour éviter qu'elle soit trop brutale.
00:26:03 Mais sur le fond, on a besoin de faire entrer de l'argent.
00:26:06 Et on a besoin de dire qu'on est capable de faire des économies.
00:26:09 - Mais ils l'ont jamais assumé.
00:26:11 Et donc, ils ont tout parié sur un compromis parlementaire avec les Républicains
00:26:16 en se disant la mobilisation.
00:26:17 Il y aurait une mobilisation, mais ils n'ont fait un compromis avec les Républicains.
00:26:21 Pas de chance, ils tombent en pleine crise, les Républicains.
00:26:23 Et donc, le compromis, il a du mal à se concrétiser dans la mesure où,
00:26:28 à chaque fois qu'il y a une avancée, il y a une partie des Républicains qui...
00:26:31 - Vous avez raison.
00:26:32 Philippe, je trouve que cet artisan a quasiment tout dit, en réalité.
00:26:35 Les difficultés qu'il a pour venir manifester, ce n'est pas rien.
00:26:38 C'est un manque à gagner de ses salariés et des seniors.
00:26:42 Ce mot, d'ailleurs, "à partir de quel âge est-on senior" ?
00:26:45 Mais il dit, moi, plus de 60 ans.
00:26:47 Franchement, c'est très difficile à embaucher.
00:26:49 Et en plus, dans ce secteur-là.
00:26:51 C'est une réalité.
00:26:52 Alors, l'index senior, pardon, ça paraît riquiqui par rapport à cette montagne de difficultés.
00:26:57 - Oui, c'est clair.
00:26:58 Je pense que quand même, le gouvernement a montré qu'il a fait des efforts,
00:27:01 notamment sur le sujet des carrières longues et sur les gens qui ont commencé très tôt,
00:27:04 puisque ces gens-là, en général, commencent tôt,
00:27:06 c'est déjà pris en compte par la réforme actuelle.
00:27:08 Mais, en effet, il y a, je pense, un déficit de communication.
00:27:12 Je rejoins ce qui a été dit tout à l'heure.
00:27:14 Je pense que ce n'est pas un problème de pédagogie, c'est un problème de sincérité.
00:27:18 - C'est plus grave parce que…
00:27:19 - C'est très grave et c'était le même problème au moment du coronavirus.
00:27:22 - On ne peut pas corriger l'insincérité.
00:27:23 - Bien sûr.
00:27:24 Et on se souvient d'Edouard Philippe, la popularité qu'il avait prise
00:27:27 en étant le seul à véhiculer un message de sincérité au moment du coronavirus.
00:27:31 C'est le même écueil aujourd'hui.
00:27:33 Le gouvernement n'avance pas les vraies raisons de la réforme.
00:27:36 - Vous savez qu'il avait parlé de 67 ans quand il n'était plus Premier ministre.
00:27:39 - Oui, bien sûr, mais je parle au moment du coronavirus.
00:27:42 - Ta phrase était « je ne sais pas ».
00:27:44 - C'est ça.
00:27:45 - Donc là, les vraies raisons de la réforme ne sont jamais évoquées.
00:27:48 Les raisons, c'est celles que Philippe a évoquées, bien sûr.
00:27:50 Il faut rassurer les marchés financiers parce qu'on emprunte beaucoup
00:27:53 depuis qu'on a levé énormément de dettes.
00:27:55 Et donc, il faut les rassurer.
00:27:56 Il faut générer des économistes.
00:27:58 C'est ce que tous les économistes proches du gouvernement,
00:28:01 Philippe Aguillon ou Agnès Benassiké, qui dirigent le Trésor,
00:28:04 c'est les raisons qu'ils mettent en avant.
00:28:06 Ce ne sont des raisons qui ne sont jamais évoquées par les ministres,
00:28:09 qui évoquent toujours une réforme juste,
00:28:11 alors que les gens voient bien qu'on leur demande quand même des efforts.
00:28:13 - Mais pardonnez-moi, si vous allez dire « écoutez, on va suivre les recommandations de Bruxelles
00:28:17 et on va écouter les ordres du marché »,
00:28:19 je ne sais pas si tout le monde va venir derrière vous applaudir pour la réforme des retraites.
00:28:22 - Il faut expliquer aux gens que quand on s'endette,
00:28:24 on se met dans la main des marchés financiers.
00:28:26 - Vous faites du sang et des larmes.
00:28:27 - Je voudrais qu'on écoute, juste parce qu'il y a un contexte particulier, Philippe,
00:28:30 ça se passe à l'Assemblée nationale.
00:28:32 Il y a eu hier, et Elodie, vous allez nous en parler aussi, des menaces.
00:28:36 Il y a eu des appels téléphoniques auprès d'élus,
00:28:39 en particulier de rassemblements nationaux,
00:28:41 indiquant qu'un de leurs proches était hospitalisé.
00:28:44 C'était pour, évidemment, qu'ils sortent de l'hémicycle
00:28:46 et pour que la motion référendaire ne passe pas.
00:28:48 Yael Brown-Pivet, la présidente de l'Assemblée, s'est exprimée à ce sujet
00:28:51 et aussi sur des dégradations qui ont eu lieu,
00:28:54 notamment sur une statue devant le Palais Bourbon.
00:28:57 On l'écoute.
00:28:58 C'est vraiment la représentation nationale qui peut être en danger par ces agissements.
00:29:04 Très grave, je ne sais pas si vous vous rendez compte,
00:29:07 pour un parent d'être appelé de façon fausse,
00:29:12 en vous indiquant que vous avez un enfant qui est hospitalisé.
00:29:16 C'est gravissime.
00:29:18 C'est gravissime, c'est honteux et c'est indigne.
00:29:21 C'est la raison pour laquelle, je pense que collectivement,
00:29:24 il ne faut pas laisser passer ces agissements.
00:29:27 On va en parler, mais tout d'abord, le rappel de l'actualité.
00:29:29 Audrey Berthaud, les titres.
00:29:31 Le bilan ne fait que s'alourdir.
00:29:36 Plus de 5 000 personnes ont perdu la vie dans les séismes
00:29:39 qui ont touché la Turquie et la Syrie.
00:29:41 23 millions de personnes pourraient être impactées, selon l'OMS.
00:29:44 Regardez cette image miraculeuse, cette séquence.
00:29:48 Les secours ont réussi à sauver deux petites filles
00:29:51 qui étaient coincées dans les décombres.
00:29:53 La première, que vous voyez, avait seulement 3 ans.
00:29:56 Dans le reste de l'actualité, en Alsace,
00:29:59 un mariage avait été annulé début octobre,
00:30:01 car l'un des invités avait tiré plusieurs balles à blanc
00:30:04 pour avoir refusé de célébrer cette union.
00:30:06 Le maire de la ville est poursuivi par les futurs mariés.
00:30:09 Le couple lui réclame 12 500 euros.
00:30:12 L'audience est prévue mardi prochain.
00:30:15 Et puis cette étonnante découverte en Corrèze.
00:30:17 Les gendarmes n'ont pas saisi du fromage de chèvre,
00:30:19 mais de la cocaïne.
00:30:20 Ils procédaient à un simple contrôle d'identité
00:30:22 sur des passagers d'un Flixbus
00:30:25 et ont eu la surprise de découvrir 350 grammes de drogue
00:30:28 cachée dans un faux fromage.
00:30:30 Une quantité de cocaïne qui représente environ 25 000 euros.
00:30:33 C'est original. Merci Audrey.
00:30:37 C'est mal acquis pour tout le monde.
00:30:38 Alors, sans transition, on va rejoindre en quelques instants
00:30:41 Laurent Berger et Philippe Martinez dans les cortèges.
00:30:44 On va écouter aussi ce qu'ils vont dire,
00:30:45 leurs premières impressions.
00:30:47 Ils sont là, on va les voir.
00:30:48 Les deux têtes syndicales qui s'entendent pour le moment.
00:30:54 Ça tient.
00:30:56 Ils sont d'accord sur les journées de mobilisation,
00:30:58 sur ce qui va venir.
00:30:59 On va voir.
00:31:00 On ne va pas jouer les esprits s'échauffant.
00:31:03 On va voir que s'il y a une mobilisation un peu moindre,
00:31:05 qu'est-ce qui va se passer.
00:31:07 Et l'audiuchart, ce n'est pas anecdotique
00:31:09 qu'il y ait vraiment la même ligne CFDT-CGT.
00:31:11 Et au-delà d'ailleurs.
00:31:12 Oui, et surtout, le gouvernement avait un peu l'espoir
00:31:15 qu'il n'y ait pas justement cette union entre les syndicats.
00:31:18 Ils espéraient, comme lors des précédentes mobilisations,
00:31:21 qu'il y ait des syndicats qui soient finalement assez désunis.
00:31:24 Ce qui, évidemment, permet d'avoir des cortèges moins importants.
00:31:26 Non seulement, ils sont alignés, alors qu'on sait que, d'habitude,
00:31:29 Laurent Berger est beaucoup plus prompt à s'entendre avec le gouvernement.
00:31:32 Ça n'est pas du tout le cas cette fois-ci.
00:31:34 Et d'ailleurs, à intervalles assez réguliers,
00:31:36 il tape fort sur le gouvernement.
00:31:38 Je le disais tout à l'heure, il parle de déni de démocratie.
00:31:40 Et puis, forcément, ça permet d'avoir des cortèges
00:31:42 beaucoup plus importants.
00:31:44 Et on voit que la lutte globale et ensemble,
00:31:46 elle tient et elle tient aussi.
00:31:48 Avec un certain nombre de partis politiques,
00:31:50 notamment l'ANUPS, etc., qui rejoint les cortèges.
00:31:53 Et on voit que tout ce petit monde-là arrive à s'agréger.
00:31:56 Alors, est-ce qu'on est vraiment dans la convergence des luttes,
00:31:58 la grande rentrée sociale que craignait le gouvernement ?
00:32:00 Peut-être pas, mais en tout cas, il y a déjà une première étape
00:32:03 qui est franchie, c'est celle que les syndicats arrivent
00:32:05 à s'accorder pour se mobiliser ensemble.
00:32:07 - Avec Philippe Martinez qui a indiqué ce matin,
00:32:09 chez nos confrères d'RTL, qu'Emmanuel Macron,
00:32:12 en réalité, selon lui, menait cette réforme pour lui-même,
00:32:16 pour son égo.
00:32:18 Donc, c'est une réforme politique.
00:32:20 Mais bon, moi, je trouve, on découvre le...
00:32:22 Qui ne l'a pas fait aussi un peu pour soi,
00:32:25 en tant que président, pour apparaître réformateur ?
00:32:27 - C'était un de ses rares engagements électoraux
00:32:29 de premier tour. On ne peut pas lui retourner ça.
00:32:31 - Vous êtes d'accord, D. Jorand, même si vous êtes
00:32:33 dans les cortèges, il n'a pris personne en traître,
00:32:35 Emmanuel Macron ? - Oui, clairement.
00:32:37 Après, je ne sais pas si c'est que son égo
00:32:39 qui fait qu'on en est là. J'espère pas.
00:32:41 Ce serait inquiétant. Maintenant, chaque président,
00:32:43 à mon avis, veut quand même laisser une trace
00:32:45 dans l'histoire, au moins de son passage.
00:32:47 Ça me semble aussi être un peu normal.
00:32:49 J'ose espérer que ce n'est pas la seule raison.
00:32:51 - On va les écouter dans quelques instants.
00:32:53 Est-ce qu'il sera intéressant de voir, Caroline Pellas,
00:32:55 la diversité des manifestants, de ceux qui s'y mobilisent ?
00:32:58 Est-ce qu'il y a, par exemple, le privé ?
00:33:00 On posera la question à nos journalistes
00:33:02 et correspondants à Avignon, à Brest, à Marseille ?
00:33:04 Parce que ça donne quand même une autre tonalité.
00:33:06 Est-ce que le privé descend, alors pas en masse,
00:33:09 mais aussi pour rejoindre le cortège des manifestants,
00:33:12 ça peut donner des indications aussi ?
00:33:14 - Évidemment que ça peut donner des indications.
00:33:16 Mais sur le plan sociologique, c'est très intéressant
00:33:18 parce que moi, j'ai beaucoup de personnes, justement,
00:33:20 qui travaillent dans le privé, qui ne peuvent pas,
00:33:22 pour x ou y raison, aller dans les cortèges.
00:33:24 Ils sont en télétravail, mais ils sont contre
00:33:26 cette réforme des retraites, soit pour eux,
00:33:28 soit pour des proches.
00:33:30 Donc, je pense que vraiment, il y a un côté protéif,
00:33:33 il y a un côté protéiforme, si je devais faire un parallèle,
00:33:35 avec les Gilets jaunes, la genèse des Gilets jaunes,
00:33:38 sans parler, évidemment, du côté extrémiste.
00:33:41 Mais je voudrais juste, si vous me le permettez, Sonia,
00:33:44 revenir sur les propos du monsieur qu'on a entendus en Avignon.
00:33:48 Je pense qu'en dehors de cette réforme pure et dure,
00:33:51 qu'on peut critiquer ou non, chacun est libre de penser
00:33:54 ce qu'il veut après tout, il y a un côté,
00:33:57 un sentiment de déclassement pour une majorité de ces Français.
00:34:00 Justement, lié à la Covid, à l'inflation,
00:34:03 la guerre en Ukraine. Et pour moi, il parlait de ras-le-bol généralisé.
00:34:07 Et je le dis depuis le départ, c'est un mélange des genres,
00:34:12 sous couvert de cette réforme des retraites,
00:34:14 parce que les gens n'ont plus l'impression d'être représentés
00:34:17 par une partie des élus, et surtout, les élus à l'Elysée,
00:34:21 qui ne sont pas sur le terrain.
00:34:23 - Alors, d'où la question. Donc, le gouvernement est prêt
00:34:26 à faire passer une réforme pour laquelle, de combien ?
00:34:29 68% des Français sont en cours ?
00:34:32 - C'est pour lui.
00:34:34 - Alors, Philippe Martinez et Laurent Berger.
00:34:36 - Laurent, d'abord.
00:34:38 - Dites-nous, M. Martinez, ce matin, vous avez indiqué
00:34:41 chez nos confrères d'RTL, qu'Emmanuel Macron jouait avec le feu.
00:34:44 Expliquez-nous.
00:34:46 - Non, j'ai juste voulu dire que quand...
00:34:49 On attend tout le monde, parce que sinon, ça va être le bordel.
00:34:52 - Alors, c'est qui, là ? C'est Stilo ?
00:34:55 - C'est le micro.
00:34:57 - C'est le micro ou Stilo, là ?
00:34:59 Vous devriez reculer un peu, parce que sinon, j'organise tout.
00:35:02 - C'est le roi des géos.
00:35:04 - Ça y est ? C'est bon ?
00:35:06 - Non, ce matin, j'ai dit que quand il y a une telle opposition
00:35:10 de l'opinion publique, tant de manifestants et de grévistes
00:35:14 dans la rue, que Emmanuel Macron faisait une affaire personnelle
00:35:19 et qu'il se discréditait vis-à-vis des citoyens
00:35:24 et des citoyennes de ce pays, voilà.
00:35:28 - Une nouvelle mobilisation après deux mobilisations majeures
00:35:32 et le gouvernement qui ne recule pas ou qui fait des changements
00:35:35 à la marche, qu'est-ce que ça vous inspire ?
00:35:37 - Ça nous inspire qu'il ne faut pas lâcher.
00:35:40 Ce que je vois, c'est que globalement, le gouvernement
00:35:44 essaye de faire peur, alors qu'il annonçait une réforme
00:35:47 de progrès social et de justice sociale, il essaye de faire peur.
00:35:51 Chaque fois que j'entends un député de la majorité parler,
00:35:55 on en est arrivé à 300 milliards de déficit.
00:35:58 Donc, ils essayent de faire peur à l'opinion publique.
00:36:01 Pour l'instant, les modifications sont juste faites
00:36:05 pour donner des gages à de potentiels élus de droite
00:36:09 qui pourraient voter cette réforme, mais ça ne change rien sur le fond,
00:36:13 c'est du bricolage et ça ne remet pas en cause
00:36:17 les injustices que génère cette loi.
00:36:19 - La Première Ministre Elisabeth Borne a commencé à faire des concessions,
00:36:22 ça ne vous suffit pas ?
00:36:24 - Ce ne sont pas des concessions, c'est du bricolage.
00:36:27 Ce que l'on constate, c'est que la loi va continuer
00:36:31 à pénaliser les plus faibles, ceux qui ont des carrières incomplètes,
00:36:35 les jeunes, les femmes notamment.
00:36:38 Ce qui est annoncé, pour l'instant ce ne sont que des annonces,
00:36:42 ça ne change en rien le fond de la réforme qui est injuste
00:36:46 pour une très grande majorité du monde du travail.
00:36:49 - On ne discute pas en ce moment de cet article
00:36:52 qui repousse l'âge légal à 64 ans, à la place on a de la cacophonie
00:36:56 et des milliers d'amendements qui sont déposés, vous le regrettez ?
00:36:59 - Je ne suis pas un spécialiste des débats parlementaires,
00:37:02 je ne connais pas les procédures.
00:37:04 Ce que je regrette d'abord, c'est que le gouvernement
00:37:07 et le président de la République sur un texte aussi important
00:37:10 aient limité le temps de débat.
00:37:12 Ça c'est un problème.
00:37:14 Ensuite, je pense qu'il y a besoin sur un certain nombre de sujets
00:37:19 que le Parlement relaie ce que disent les salariés dans la rue.
00:37:24 Après les formes du débat, ce n'est pas moi qui les maîtrise.
00:37:28 - C'est quoi la suite ? On voit qu'il y a des mobilisations,
00:37:31 ce serait peut-être encore très nombreux aujourd'hui,
00:37:33 et on voit bien que le gouvernement, quoi qu'il en soit,
00:37:35 a un outil 49.3 pour faire passer cette réforme des retraites.
00:37:38 Pour une réforme qui est censée améliorer la situation du monde du travail,
00:37:44 faire passer ça en 49.3, je ne pense pas que ce soit un signe de force
00:37:48 de la part du gouvernement.
00:37:50 La suite, c'est samedi, et on sait déjà qu'il y aura beaucoup de monde samedi,
00:37:54 c'est pour ça qu'on a positionné ces deux journées,
00:37:57 parce que la grève, ça pèse dans le budget des médias,
00:38:00 ce qui est déjà bien impacté, et donc beaucoup de gens que j'ai croisés
00:38:04 me disent que deux jours c'est beaucoup,
00:38:07 certains qui me disent qu'on viendra samedi,
00:38:09 en tout cas les chiffres qu'on a dès à présent des manifestations de ce matin
00:38:12 montrent qu'on est au moins au niveau du 19, si ce n'est plus,
00:38:16 donc la mobilisation reste très importante.
00:38:18 – Le risque de rapprocher les mobilisations, de les faire plus fréquentes,
00:38:21 c'est pas qu'il y a un petit peu moins de monde,
00:38:23 et de donner l'image d'un essoufflement ?
00:38:25 – Écoutez, pour l'instant c'est le gouvernement qui est essoufflé,
00:38:29 et qui cherche des arguments pour essayer d'inverser la vapeur,
00:38:33 et ça ne marche pas beaucoup, vu les sondages,
00:38:35 et vu les gens qui sont dans la rue, il y a une vraie,
00:38:38 enfin je pense que vous le constatez comme moi,
00:38:40 ou peut-être différemment, mais c'est difficile de trouver des personnes
00:38:44 qui sont d'accord avec cette réforme,
00:38:47 et je trouve qu'il y a plutôt une bonne dynamique,
00:38:49 j'étais ce week-end à Bordeaux, j'ai fait quelques pas dans la rue,
00:38:55 je me fais aborder par plein de gens,
00:38:57 qui me disent "il ne faut pas lâcher, on ira jusqu'au bout",
00:39:00 voilà c'est ça l'ambiance du pays aujourd'hui.
00:39:02 – Au vu des premiers débats qui ont commencé hier,
00:39:04 est-ce que vous avez confiance ?
00:39:06 Est-ce que vous pensez faire plier le gouvernement ?
00:39:09 – Non mais les débats de l'Assemblée doivent être le relais
00:39:12 des mobilisations dans la rue, et de ce que vit le monde du travail,
00:39:18 et il faut que ce débat soit poussé, et c'est pour ça que je dis
00:39:21 que la méthode utilisée par le gouvernement, c'est-à-dire de limiter
00:39:24 le temps du débat, est presque une insulte vis-à-vis de tous ceux
00:39:28 qui se mobilisent, c'est une réforme importante
00:39:31 qui risque de bouleverser la vie de plusieurs générations.
00:39:36 On ne peut pas se contenter d'un débat haché, y compris avec
00:39:40 des manœuvres politiciennes qui ne sont pas dignes du besoin
00:39:45 de débattre sur l'enjeu de la retraite.
00:39:47 – Vous souhaitez toujours le retrait ?
00:39:49 – Votre mobilisation a toujours été pacifique,
00:39:51 il n'y a pas eu de dégâts majeurs ou d'incidents,
00:39:54 ça n'a pas été le cas des manifestations, on pense notamment aux Gilets jaunes,
00:39:57 où il y a eu beaucoup de violence, on a le sentiment que les gouvernements
00:39:59 ont eu plus d'oreilles pour ces mouvements-là que pour le vôtre.
00:40:02 Aujourd'hui ça dit quoi en termes de démocratie ?
00:40:04 – Je ne sais pas, je ne veux pas me prononcer, en tout cas nous,
00:40:07 nos manifestations elles sont toujours pacifiques,
00:40:09 et j'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises,
00:40:12 il faut que les mots d'ordre, les revendications,
00:40:15 c'est ça qui fasse la une de vos journaux,
00:40:17 et pas ce qui se passe en marge des manifestations.
00:40:20 – Justement la mobilisation, quels sont les chiffres que vous avez ?
00:40:23 – Écoutez, je n'ai pas les détails encore, mais je vous dis,
00:40:26 on est dans un très haut niveau, les premiers chiffres qu'on a
00:40:30 c'est entre le 19 et le 31, en termes de mobilisation,
00:40:34 il y a des grèves dans les entreprises,
00:40:36 et pourtant on est dans une période de congés scolaires,
00:40:38 et vous savez que ça pèse évidemment sur les mobilisations,
00:40:41 mais avec tous ceux qui viendront samedi et qui ne sont pas venus aujourd'hui,
00:40:45 on sera largement au-dessus du 31.
00:40:47 – Les syndicats ont décidé d'épargner les Français
00:40:49 lors de ce week-end de départ en vacances pour l'instant,
00:40:52 mais est-ce qu'il va falloir faire plus dur,
00:40:53 est-ce qu'il va falloir faire plus contrainte les Français
00:40:56 à un moment pour marquer les esprits ?
00:40:58 – Les syndicats, ils agissent en fonction des débats qu'ils ont
00:41:02 avec les salariés de leur secteur, voilà c'est ça la réalité.
00:41:05 Après, tout ne dépend pas de nous,
00:41:08 si le gouvernement continue à s'entêter malgré les mobilisations,
00:41:12 oui, je l'ai toujours dit, il faudra passer à la vitesse supérieure,
00:41:15 avec des actions plus marquées, plus longues dans le temps,
00:41:21 mais ça vous le verrez…
00:41:23 – Des blocages, vous êtes d'accord avec la salleté là-dessus ?
00:41:26 – Moi je suis d'accord avec ce que décident les salariés, d'accord ?
00:41:30 – S'il y a des blocages, vous ne vous opposerez pas ?
00:41:32 – Il n'y a pas de blocages, il y a des grèves,
00:41:34 voilà, je ne vais pas vous le répéter 105 fois,
00:41:37 quand personne ne travaille dans une entreprise,
00:41:39 vous vous appelez ça des blocages,
00:41:41 moi j'appelle ça un arrêt de l'activité parce qu'il n'y a personne pour bosser.
00:41:46 Si le gouvernement persiste à ne pas écouter,
00:41:52 eh bien forcément il faudra monter d'un cran,
00:41:54 d'ailleurs il y a des salariés qui nous le disent déjà.
00:41:56 – C'est-à-dire ?
00:41:57 – Des grèves plus dures, plus nombreuses, plus massives et reconductibles.
00:42:03 – Mais là quand vous voyez que les gens ont du mal à se mobiliser,
00:42:05 peut-être plus de mal que le samedi ?
00:42:07 – Moi je ne vois pas ça moi.
00:42:08 – Ce n'est pas plus dur justement pour des raisons financières
00:42:11 de se mobiliser dans la grève ?
00:42:12 – Les gens sont mobilisés, c'est le troisième jour de grève
00:42:17 dans l'espace de 15 jours et je vous le dis,
00:42:21 c'est pour ça qu'on a fait le choix aussi ensemble de proposer un samedi,
00:42:25 parce qu'on écoute aussi ce que nous disent les gens,
00:42:27 vous savez on est dans les entreprises, on est dans la rue, on écoute
00:42:31 et on sait bien que quand on n'arrive pas à finir le mois avec la paie totale,
00:42:35 eh bien avec deux jours en moins c'est encore plus dur.
00:42:38 – Vous avez dit qu'Emmanuel Macron avait un égo surdimensionné,
00:42:40 qu'est-ce que sa personnalité a à voir avec la réforme ?
00:42:43 – Ça vous ?
00:42:46 – Non, non, non, j'assume ce que j'ai dit,
00:42:50 je crois qu'il en fait, mais c'est le personnage qui est comme ça,
00:42:54 il en fait une affaire personnelle pour montrer peut-être, je ne sais pas à qui,
00:43:01 la postérité que lui il tient bon, mais on ne gouverne pas un pays comme la France
00:43:08 en en faisant une affaire personnelle, vous l'avez entendu comme moi,
00:43:13 au moment de son élection il a dit "je vais échanger, je vais écouter",
00:43:17 il y a de quoi écouter là.
00:43:19 – On voit que c'est les mouvements de gauche qui sont dans la rue aujourd'hui,
00:43:21 il y aura des politiques aussi bien sûr, en plus des syndicats,
00:43:23 vous craignez qu'au final ce soit d'autres qui retirent les marrons du feu,
00:43:27 si je puis dire politiquement ?
00:43:28 – Écoutez c'est les syndicats qui appellent à ces mobilisations,
00:43:32 c'est bien qu'on soit soutenu par des associations, des ONG,
00:43:35 si vous allez du côté de l'Opéra, vous verrez il y a même un tracteur,
00:43:38 dans Paris c'est suffisamment rare que dans les manifestations de salariés,
00:43:42 on voit des paysans, je pense que c'est ça, après il y a un relais politique,
00:43:47 c'est normal que les politiques qui sont élus par le peuple
00:43:50 essayent de relayer les mobilisations de rue,
00:43:53 ce que je crains c'est que si le gouvernement et le président de la République
00:43:59 n'écoutent pas, eh bien il y ait évidemment encore plus d'abstention,
00:44:03 et puis des choix dans les élections qui aillent vers l'extrême droite,
00:44:08 c'est déjà beaucoup le cas, et seul le président de la République
00:44:13 en portera la responsabilité.
00:44:14 – Ils doivent vous écouter en direct, vous avez un message
00:44:16 pour le gouvernement ou le président de la République ?
00:44:18 – Le message c'est qu'ils regardent le monde qui est derrière moi,
00:44:22 aujourd'hui à Paris, le monde qui était dans la rue ce matin,
00:44:26 et puis leur dire, le peuple quand il est aussi en colère,
00:44:30 ça vaut le coup de l'écouter et ne pas s'obstiner sur une réforme injuste
00:44:34 et non justifiée.
00:44:36 – La retirer.
00:44:37 – C'est ce qu'on demande depuis le début.
00:44:39 – Merci Philippe Martinez.
00:44:40 – Merci.
00:44:41 – Merci monsieur Martinez.
00:44:42 – Un syndicat ultra digne, ultra responsable,
00:44:44 je crois qu'il faut que le débat à l'Assemblée soit dans le même tonneau,
00:44:47 c'est-à-dire qu'il faut du débat, et je crois qu'on est nombreux
00:44:49 à partager l'idée qu'il faut que le Parlement se prononce
00:44:52 sur cet article 7, particulièrement, parce que ça sera l'occasion
00:44:57 de rejeter les 64 ans, mais moi je ne suis pas,
00:45:01 la CFDT n'est pas du tout pour l'obstruction,
00:45:05 parce que ça n'a pas de sens démocratiquement.
00:45:08 – Vous demandez à une partie de l'opposition de retirer
00:45:10 une partie de leur amendement pour accéder…
00:45:12 – Vous savez, je n'ai rien à demander à personne en tant que tel,
00:45:14 mais je crois qu'il faut aller au débat,
00:45:16 il faut aller au débat pour faire la démonstration que cette réforme,
00:45:19 et notamment cet article 7 qui reporte l'âge légal de 62 à 64 ans,
00:45:23 il est rejeté par la population, je crois que c'est assez net
00:45:25 dans les enquêtes d'opinion et dans les manifestations,
00:45:27 il doit être rejeté, je le souhaite, au Parlement,
00:45:30 parce qu'on ne peut pas faire une réforme des retraites
00:45:32 qui devrait être une réforme du travail, même si ce n'est pas le cas,
00:45:35 contre le monde du travail.
00:45:37 – Quelle est la prochaine étape, Monsieur Berger ?
00:45:39 – La prochaine étape, c'est clairement aujourd'hui d'abord dans la rue,
00:45:42 et puis c'est samedi prochain dans une mobilisation,
00:45:44 qu'on souhaite populaire, qu'on souhaite massive, qu'on souhaite festive,
00:45:47 parce que ça donnera l'occasion à ceux et celles
00:45:50 qui ne peuvent pas toujours manifester en semaine,
00:45:52 qui ont des pertes de salaire, de pouvoir le faire un week-end.
00:45:55 – Ce sera la mobilisation de la dernière chance ?
00:45:57 – Non, on n'est pas dans cette logique-là, vous savez le débat,
00:45:59 il ne s'est fini pas maintenant, il y a encore plus d'un mois
00:46:02 de débat au Parlement, le Parlement c'est l'Assemblée nationale,
00:46:05 mais c'est aussi le Sénat, donc on monte les mobilisations
00:46:08 les unes après les autres pour faire la preuve de notre détermination,
00:46:11 de notre mobilisation, de notre responsabilité aussi, je crois,
00:46:15 et maintenant c'est au gouvernement d'entendre.
00:46:18 – Si vous étiez encore plus nombreux,
00:46:20 vous n'alliez pas faire plus de manifestation,
00:46:22 le nombre de manifestants au gouvernement fait plutôt la sourde oreille.
00:46:24 – C'est au gouvernement d'entendre, affirme Laurent Berger de la CFDT,
00:46:28 quant à Philippe Martinez de la CGT,
00:46:30 ils affirment que la mobilisation reste importante,
00:46:33 que peut-être que l'enjeu sera plus important encore
00:46:36 pour la journée de samedi, quant aux concessions,
00:46:39 ouverture d'Elisabeth Borne y parle de bricolage,
00:46:42 et puis il dit que rien n'est fermé pour des grèves plus dures,
00:46:45 des actions plus marquées.
00:46:47 Élodie Huchard, alors des grèves plus dures, des actions plus marquées,
00:46:51 c'est la question, c'est-à-dire après ces journées-là,
00:46:53 est-ce qu'on peut aller vers un mouvement qui est plus dur,
00:46:56 vers des blocages, en tous les cas la porte reste ouverte ?
00:46:59 – Oui parce que c'est un moyen aussi de pression
00:47:01 et on sent bien aussi dans la bouche de Philippe Martinez
00:47:03 que comme il craint une mobilisation moins forte aujourd'hui,
00:47:06 il se projette en disant "attention, aujourd'hui il y aura peut-être
00:47:08 moins de monde mais on peut faire mieux"
00:47:10 et puis les syndicats sont forts de ce sondage qui expliquait
00:47:12 que 60% des Français pourraient comprendre un blocage du pays,
00:47:16 alors entre dire qu'on comprend le blocage du pays
00:47:18 et subir le pays bloqué, sans doute qu'il y a quand même un fossé
00:47:22 mais le gouvernement a quand même conscience que les Français
00:47:24 non seulement sont opposés à la réforme des retraites
00:47:27 mais sont aussi très favorables à ces mobilisations
00:47:30 qui, on le rappelait tout à l'heure, en plus se passent plutôt bien,
00:47:32 on n'a pas eu énormément d'images comme on l'avait vu
00:47:34 pendant les Gilets jaunes de violences, de dégradations,
00:47:37 ce qui avait très clairement pesé aussi sur ces mobilisations
00:47:40 et on voit de toute façon un front syndical mais comme les députés
00:47:43 de l'opposition qui sont dans un vrai bras de fer et qui eux
00:47:46 ont une stratégie à long terme, c'est de se dire là on est sur
00:47:48 des mobilisations plutôt calmes, on peut en faire plus souvent,
00:47:50 on peut en faire plus durs, on peut bloquer, alors qu'on sent
00:47:53 que le gouvernement lui n'a pas autant d'options en réalité.
00:47:55 Il y a deux fronts pour le gouvernement finalement,
00:47:57 Philippe Guibert, il y a le front de la rue et on le voit
00:48:00 avec des mobilisations qui restent quand même conséquentes
00:48:02 et on le verra aussi samedi, il y a le front du Parlement,
00:48:04 Philippe Martinez, on lui a posé la question, il a été posé,
00:48:08 ils ne veulent pas interférer sur le débat parlementaire
00:48:10 mais enfin on va en parler dans quelques instants,
00:48:12 hier c'était la foire d'Empoigne.
00:48:15 C'était le début de la foire d'Empoigne,
00:48:17 elle n'est pas tout à fait terminée,
00:48:19 il va y avoir plusieurs épisodes alors.
00:48:21 On peut espérer que la qualité du débat puisse éventuellement
00:48:24 s'améliorer mais clairement le gouvernement et l'exécutif
00:48:28 ont fait le choix du débat parlementaire, enfin du débat,
00:48:31 de la procédure parlementaire, parce que le débat,
00:48:34 ils cherchent à l'accélérer.
00:48:35 Et où est-ce que ça se joue, au Parlement ou dans la rue ?
00:48:38 Le point de rencontre c'est, est-ce que des députés républicains
00:48:42 et macronistes vont être influencés par ce qui se passe dans la rue,
00:48:46 dans leurs circonscriptions ?
00:48:48 Est-ce que le week-end ils se font assez aiguler ?
00:48:50 Est-ce qu'ils pensent que s'ils revenaient devant les électeurs
00:48:53 en ayant voté cette réforme de retraite,
00:48:55 ils seraient renvoyés et battus par leurs propres électeurs ?
00:48:59 C'est ça le point de contact entre la rue et puis le Parlement.
00:49:04 Donc le problème pour le gouvernement,
00:49:06 c'est qu'en fait il n'y a plus de parti des républicains.
00:49:09 Il a passé un deal avec un parti qui en fait est en train de se diviser
00:49:14 et à chaque fois que la discussion avance et que les négociations avancent,
00:49:18 le parti continue de se diviser.
00:49:20 Donc c'est ça la difficulté parlementaire pour le gouvernement.
00:49:23 Donc l'allié sur lequel il pouvait, devient une méquille tremblante.
00:49:27 La rue continue de se mobiliser, tous les syndicats sont contre
00:49:31 et vous avez une opposition vent debout au Parlement, dis donc.
00:49:34 Oui mais il faut tenir.
00:49:37 Justement on attendait l'opposition, les parlementaires qui puissent aussi débattre,
00:49:41 sans que ce soit le CHAEU, c'est à quoi on assiste aujourd'hui.
00:49:44 Mais qui est responsable du CHAEU ? Qui aborde l'Elysée et l'Assemblée ?
00:49:46 Est-ce que c'est seulement la NUPES ou est-ce que c'est le gouvernement
00:49:49 qui ne donne pas un peu le débat ?
00:49:51 Moi de ce que je vois en tant que citoyenne lambda,
00:49:53 c'est qu'aujourd'hui la NUPES a quand même présenté presque entre 13 000 et 18 000 amendements,
00:49:58 avec du grand grand n'importe quoi et que moi j'attends que les élus puissent avancer.
00:50:03 Est-ce qu'il y a le vrai temps nécessaire à cette réforme ?
00:50:06 Non mais sincèrement, sans...
00:50:09 Non mais je sais pas, moi je me dis, parlementaire, ce qu'on attend d'un parlementaire,
00:50:16 c'est qu'il aborde ça avec raison, c'est ça le problème.
00:50:20 Aujourd'hui on a que du passionnel.
00:50:22 Moi je sais pas, est-ce qu'il y a par exemple, aujourd'hui, moi j'ai envie de savoir,
00:50:26 est-ce qu'il y a, alors, est-ce qu'aujourd'hui, on peut se dire les choses,
00:50:30 est-ce qu'il y a une nécessité d'une réforme ? Oui ou non.
00:50:34 Non mais d'accord, mais maintenant alliez, alliez.
00:50:36 Non mais ça y est, ils ne se comprennent plus rien.
00:50:38 Et quand vous êtes voté l'ordi, non non, circulez, il n'y a rien à voir.
00:50:41 Le problème c'est aussi la méthode et en fait,
00:50:44 Macron essaye d'utiliser la même méthode que dans le premier quinquennat,
00:50:47 c'est-à-dire qu'il essaye de passer rapidement et en force au-dessus du parlement.
00:50:50 Il n'a pas pris acte des élections législatives qui ont changé la composition politique du pays
00:50:54 et qui fait qu'il ne peut plus utiliser ce genre de technique,
00:50:57 surtout avec une opposition comme LFI qui n'est pas totalement conforme au cadre des institutions,
00:51:03 qui préfère lutter dans la rue qu'au parlement.
00:51:05 On a bien vu qu'ils n'étaient même pas présents pour la motion référendaire du Rassemblement national,
00:51:09 ce qui montre quand même une absence de sérieux politique.
00:51:12 Je dirais que ces gens-là croient moins en leurs convictions qu'en leurs petites postures.
00:51:17 Donc le débat parlementaire est totalement bloqué dans la situation.
00:51:21 Le débat est bloqué, oui.
00:51:23 On parlait tout à l'heure du gouvernement, moi je pense qu'il a beaucoup plus peur
00:51:26 de ce qu'il se passe dans le Parlement que de ce qui se passe dans la rue.
00:51:28 Il faut rappeler juste qu'il y a une phrase, l'obstruction parlementaire,
00:51:31 elle existe en France depuis 40 ans, 50 ans, depuis la fin des années 70,
00:51:36 et elle existe dans tous les parlements du monde.
00:51:38 Mais le 49.3 aussi dans ce cas-là, Philippe.
00:51:40 Le 49.3 existe aussi, donc ce n'est pas pour autant que c'est un bon outil.
00:51:44 Oui, mais on est dans un système où le gouvernement va avancer vite,
00:51:47 et donc un des moyens de l'opposition pour le ralentir, c'est l'obstruction.
00:51:50 C'est triste, je n'aime pas l'obstruction, mais c'est une réalité institutionnelle.
00:51:54 Je vais devoir en faire, puisque je vais lancer la publicité.
00:51:57 Non, ce n'est pas de l'obstruction, c'est d'où en tous les cas.
00:52:00 Une obstruction douce, on va se retrouver.
00:52:02 On va continuer le tour de France, on va aller dans les petites régions,
00:52:05 prendre la température, et puis on rejoindra l'Assemblée justement.
00:52:08 On va voir ce qui s'y passe.
00:52:10 Merci Elodie, c'est Éric de Ritmaten qui va nous rejoindre pour la deuxième heure.
00:52:14 À tout de suite.
00:52:20 Merci d'être avec nous à Mardi Noir, mardi de contestation contre la réforme des retraites, acte 3.
00:52:26 Alors combien de monde dans la rue ?
00:52:29 C'est conséquent, le mouvement perdure, peut-être moins de monde, notamment en région.
00:52:34 On verra aussi avec la mobilisation parisienne qui s'élancera et le cortège à partir de 14h.
00:52:38 Nous sommes dans quelques instants dans la capitale avec Augustin Donadieu,
00:52:41 à l'Assemblée nationale avec Gauthier Lebret, avec Miquel Chahyou à Brest.
00:52:45 Mais pour l'instant, nous sommes ici en studio avec Miquel Dorian pour le journal.
00:52:48 Bonjour Sonia, bonjour à tous.
00:52:50 La grève dans les transports, épisode 3.
00:52:53 Le trafic est encore une fois très perturbé à la SNCF, mais moins semble-t-il que lors des deux précédentes journées d'action.
00:52:59 Regardez les derniers chiffres des syndicats qui parlent de 25% de grévistes aujourd'hui contre 36% le 31 janvier et 46% le 19.
00:53:08 Les syndicats qui ont proposé ce matin l'idée d'une grève reconductible à compter du 8 mars.
00:53:13 Les précisions, Gare de Lyon avec Clémence Barbier.
00:53:16 À la Gare de Lyon, les syndicats de cheminots ont évoqué la possibilité d'une grève reconductible à partir du 8 mars.
00:53:24 Aucun vote n'a été fait aujourd'hui.
00:53:26 Pour les syndicats de Sudrat, conserver l'opinion publique en leur faveur est primordial.
00:53:31 Voilà pourquoi cette éventualité d'une grève reconductible après les vacances scolaires a été évoquée.
00:53:37 Les syndicats se sont accordés sur cette stratégie l'urgence d'une mobilisation massive, et particulièrement ce samedi.
00:53:45 Il faut qu'il y ait une déferlante et donc pas de problème de transport.
00:53:48 On veut une manifestation populaire en famille partout en France.
00:53:52 On ferme les syndicats pour la CGT.
00:53:54 Le gouvernement inflexible pour le moment finira par céder face à la pression de la rue.
00:53:59 Demain, une nouvelle Assemblée Générale aura lieu pour affiner la stratégie des syndicats de cheminots dans les prochaines semaines.
00:54:07 Dans le reste de l'actualité, une des portes de l'Assemblée Nationale a été taguée.
00:54:12 C'est le cas également d'une statue située à quelques pas de l'hémicycle Place du Palais-Bourbon avec cette inscription "60 ans".
00:54:19 Un acte revendiqué par le groupe de militants écologistes Attac et dénoncé tout à l'heure par la présidente de l'Assemblée Nationale, Yael Broun-Pivet.
00:54:27 A Toulon, deux hommes ont été placés en garde à vue après avoir violemment agressé trois policiers.
00:54:32 Ça s'est passé samedi soir.
00:54:34 Les policiers, qui n'étaient pas en service, sortaient d'un bar quand ils ont été interpellés par un groupe d'individus.
00:54:39 Ils les ont frappés à coups de bouteilles et de ceintures.
00:54:42 Un des agents s'est vu prescrire 30 jours d'ITT.
00:54:45 10 jours pour les deux autres.
00:54:46 Écoutez le secrétaire national Unité SGP Police, Bruno Bartocchetti.
00:54:50 Ils ont été pris à partie, mais très violemment, très violemment, puisqu'on a trois policiers très sérieusement blessés,
00:54:58 deux avec 10 jours d'ITT et le troisième avec, à ma connaissance, 30 jours d'ITT, ce qui est énorme.
00:55:04 Donc ça démontre la violence avec laquelle ils ont été pris à partie.
00:55:08 Ils ont été pris à partie avec des bouteilles, des coups de ceinture.
00:55:15 Et vous imaginez ce que ça peut donner lorsque vous avez une dizaine d'individus autour de trois policiers hors service,
00:55:24 sans armes, sans moyens de défense, bien évidemment.
00:55:28 Et puis les recherches se poursuivent en Turquie et en Syrie pour tenter de retrouver des survivants après les séismes,
00:55:35 qui ont fait plus de 5000 morts.
00:55:37 Et ces images, deux petites filles sauvées miraculeusement des décombres tout à l'heure,
00:55:42 alors que ce matin, un groupe de secouristes français a atterri, ça y est, en Turquie,
00:55:47 pour venir en aide aux équipes de sauveteurs sur place.
00:55:50 Voilà, c'est la fin de ce journal.
00:55:52 Les débats se poursuivent dans Midi News avec Sonia Mabrouk et ses invités.
00:55:56 Merci Mickaël. Évidemment, on a dépensé, faut-il le rappeler, pour les peuples turcs, pour les peuples syriens, avec ces images.
00:56:04 Forcément, quand vous voyez un sauvetage, même s'il y a un bilan qui est dévastateur,
00:56:08 c'est toujours une lueur d'espoir dans un tableau aussi noir et dévastateur.
00:56:12 On en revient à l'actualité sociale qui est la nôtre, actualité politique également.
00:56:17 Nous serons à l'Assemblée dans quelques instants.
00:56:19 Pour l'heure, on va continuer à prendre la température sociale dans les rues de France et dans les villes.
00:56:24 La capitale, nous sommes avec Augustin, don adieu à Paris-Augustin qui est boulevard des Italiens.
00:56:29 Les cortèges, voilà, ils sont déjà là.
00:56:32 Officiellement, tout va se lancer vers 14h.
00:56:35 Augustin, je vais donner quelques chiffres à Toulouse, c'est 80 000 manifestants selon les syndicats.
00:56:40 À Avignon, 20 000. On verra ce qu'il en sera à Paris.
00:56:45 Mais quel est le contexte et le climat autour de vous pour le moment ?
00:56:48 Ce qu'on peut dire Sonia, c'est qu'effectivement, les syndicats sont déterminés et motivés pour cette troisième journée de mobilisation.
00:56:57 Philippe Martinez et Laurent Berger, vous les avez entendus sur notre antenne,
00:57:01 ils ont répété vouloir poursuivre ce mouvement jusqu'au retrait de la réforme.
00:57:05 Ils préviennent, si le gouvernement n'écoute pas la rue, ils appelleront à l'intensification du mouvement
00:57:10 et à la multiplication des grèves dans tous les secteurs à travers le pays, même si cela pouvait engendrer des blocages.
00:57:17 Alors pour l'heure, le cortège que vous voyez sur ces images de Charles Pousseau va se lancer à 14h de la place de l'Opéra en direction de la Bastille
00:57:26 et on attend plusieurs milliers de manifestants.
00:57:29 Vous avez rappelé ces chiffres, Philippe Martinez nous les a confirmés tout à l'heure.
00:57:33 Les premiers chiffres font état d'une mobilisation similaire à celle du 19 janvier partout en France, mais dans les têtes.
00:57:40 Ici, évidemment, la mobilisation d'aujourd'hui, mais également le point d'orgue, c'est cette mobilisation de samedi prochain que les syndicats souhaitent massive.
00:57:48 Merci à vous Augustin, on vous retrouve tout à l'heure avec un tracé parisien, Grégory Jean, qui va être très scruté.
00:57:55 Un cortège qui se lancera à partir de 14h de la place de l'Opéra, République, Bastille, classique.
00:58:03 Rien de plus, pas d'inquiétude particulière.
00:58:07 Non plus, encore une fois, on va parvenir à la stratégie qui est posée, qui me semble être la bonne.
00:58:13 Un gros service d'ordre, on l'a vu déjà, qui était en place tout à l'heure avec les cordes pour vraiment faire en sorte de ne pas avoir de gens qui essayent de pénétrer par les côtés.
00:58:23 Donc ça c'est très bien et globalement des positionnements de force de l'ordre qui sont un peu éloignés des cortèges, qui me semble aussi être intéressant en forme de stratégie.
00:58:30 Elles peuvent soit attirer les éléments ultra qui n'arrivent pas à aller dans les cortèges et du coup ça facilite la manœuvre policière et on ne se trompe pas de cible et c'est très bien comme ça.
00:58:37 Et les policiers qui seront aussi parmi les manifestants ?
00:58:40 Et on y sera évidemment comme les deux dernières journées avec de nombreux policiers dans tous les cortèges de France.
00:58:48 Je reçois déjà des photos de Lyon, etc. où il y a des policiers dans les cortèges aussi.
00:58:52 Oui, il y a du monde. Toulouse, 80 000, Marseille, 180 000, Avignon, 20 000, ce sont les chiffres à l'heure actuelle des syndicats.
00:58:59 Je salue Éric de Ritmatten qui est avec nous, avec nos invités.
00:59:03 On va prendre la direction de l'Assemblée nationale où on retrouve notre journaliste Gauthier Lebret.
00:59:09 Gauthier, il y a deux actualités en tous les cas. Il y a d'abord ce qui s'est passé hier et l'image qu'a donnée le Parlement.
00:59:16 Alors au choix, certains ont dit cours de recré, d'autres ont dit ZAD. Enfin bref, ce n'est pas très reluisant.
00:59:22 Oui, alors d'abord effectivement, il y a la bataille entre la NUPES et le Rassemblement national pour prendre le leadership de la contestation à cette réforme des retraites.
00:59:33 C'est vrai que ces derniers jours, on avait entendu moins le Rassemblement national que la France insoumise
00:59:38 puisque le Rassemblement national ne fait pas d'obstruction et n'est pas non plus dans la rue.
00:59:42 Les syndicats l'ont dit plusieurs fois, Marine Le Pen et ses députés ne sont pas les bienvenus.
00:59:46 Alors après, est-ce que le spectacle offert hier par la NUPES va jouer contre eux ? Trop tôt pour le dire.
00:59:52 Les députés de la NUPES vous répondraient que lors des dernières élections législatives partielles,
00:59:56 ils ont gagné un député quand le Rassemblement national, lui, en a perdu un.
01:00:00 Et puis, il y a un climat de tension vraiment très important ici à l'Assemblée avec trois exemples que je prendrai.
01:00:06 Déjà, les trois députés RN femmes qui ont reçu des messages vocaux anonymes hier sur leur téléphone portable
01:00:13 leur disant qu'un proche était à l'hôpital, c'était complètement faux.
01:00:16 L'objectif selon le Rassemblement national, c'était de leur faire quitter l'hémicycle
01:00:20 parce qu'il fallait que les députés signataires de la motion référendaire qui demande donc un référendum
01:00:26 soient présents dans l'hémicycle pour que les députés puissent en débattre.
01:00:30 Donc si ces députés quittaient l'hémicycle, la motion référendaire du REN tombait et impossible d'en débattre.
01:00:36 Donc Marine Le Pen a même dit qu'elle en avait récupéré une par la manche.
01:00:39 Ensuite, il y a une députée renaissance, la présidente de la Commission des affaires sociales.
01:00:44 C'est là que se sont tenus les débats la semaine dernière sur la réforme des retraites.
01:00:47 Donc c'est un personnage central dans cette réforme des retraites qui a reçu dans sa permanence une lettre anonyme
01:00:52 avec de la poudre, dit-elle, menaçant sa famille.
01:00:56 Et puis troisième point, ce qui s'est passé ce matin, le groupe Écolo-Attac qui a tagué avec 60 ans
01:01:02 puisqu'ils veulent une réforme des retraites à 60 ans et non à 64.
01:01:05 Ils ont tagué la porte de l'Assemblée Nationale ainsi qu'une statue qui se trouve à quelques mètres de l'hémicycle.
01:01:10 C'est dans ce contexte que Yael Brun-Privé a donc pris la parole ce matin pour dire notamment
01:01:14 que ces militants d'attaque avaient été interceptés et arrêtés par les forces de l'ordre
01:01:18 et pour dire son soutien aux députés menacés, que ce soit les députés du REN ou de la majorité.
01:01:23 Merci beaucoup Gauthier Lebrecht en direct et en duplex de l'Assemblée Nationale.
01:01:27 On continue notre tour de France. Je vous propose d'aller, si vous êtes d'accord, à Brest.
01:01:31 Allons-y. On va retrouver Mikaël... Pardonnez-moi.
01:01:35 Vous allez mieux trouver quelque chose pour chaque ville ? Ça va être intéressant.
01:01:39 Je peux essayer.
01:01:41 Mikaël Chahyou qui est accompagné d'une aide soignante.
01:01:44 Alors très intéressant, touché au premier plan par les conséquences de la réforme, Mikaël.
01:01:51 Vous le voyez, c'est écrit sous le switcher de Sylvie, 1961.
01:01:58 C'est sa date de naissance. Vous êtes aide soignante dans une clinique privée.
01:02:02 Comment vous vivez cette réforme ? Vous êtes la première concernée.
01:02:05 Très dure en fait, puisque je travaille depuis 1980, le mois de juin 1980.
01:02:12 Et là aujourd'hui, je devrais terminer le 1er janvier 2024.
01:02:17 Et là, on me prolonge de 3 mois, puisque j'ai eu la chance de prendre un congé parental de 3 ans pour élever mes 3 enfants.
01:02:25 Yann, Maïna et Kevin. Et aujourd'hui, ce n'est pas cotisé.
01:02:30 Donc on me fait aller jusqu'à 62 ans, plus 3 mois.
01:02:33 Ça veut dire que... C'est ça. Vous vous êtes arrêtée pour élever les enfants.
01:02:37 Je me suis arrêtée pour élever mes enfants, mais là je me sens pénalisée.
01:02:41 J'ai une carrière complète. Et voilà, la chance d'élever mes 3 enfants.
01:02:46 Mais aujourd'hui, on ne me laisse pas partir.
01:02:48 Avec un métier difficile.
01:02:50 Avec un métier difficile, puisque je suis aide-soignante à la clinique de Quai Raudrin, sur Brest, dans le 29.
01:02:56 Dans un service de médecine cardio.
01:02:59 Donc voilà, beaucoup de travail, beaucoup de manutention, beaucoup de problèmes de TMS un peu partout dans les services.
01:03:07 Donc, charge très lourde pour tout le personnel.
01:03:10 Qu'est-ce que vous demandez aujourd'hui au gouvernement par rapport à cette réforme des retraites ?
01:03:14 Alors, ce que je demande, c'est de reconnaître notre congé parental.
01:03:20 Le congé de maternité est reconnu, mais pas le congé parental.
01:03:25 Donc on est quand même pénalisé sur ces 2 années, lorsqu'on élève nos enfants.
01:03:30 Et pourtant, on a nos 2 ans, et on a cotisé avec la CAF, si on veut dire.
01:03:36 C'est ça. Doublement pénalisé, j'ai envie de dire.
01:03:38 À la fois parce que vous êtes femme, vous avez eu ces enfants, et puis cette année de 1961 qui fait que vous êtes les premiers concernés par la réforme.
01:03:46 Oui, tout à fait. Donc on attend quelque chose de M. Macron et d'Elisabeth Borne également.
01:03:53 J'espère qu'on sera écoutés, que toutes les femmes seront écoutées.
01:03:57 Merci Sylvie. Donc qu'est-ce à la CFDT ? Ça se voit de la tête aux pieds, j'ai envie de dire, tout en couleur, le orange de ce syndicat ici à Brest.
01:04:06 Où la manifestation est en train de se terminer en ce moment même, et tout le monde s'est donné rendez-vous samedi prochain à 14h30.
01:04:13 Sylvie sera là, elle a fait toutes les manifs depuis le début.
01:04:15 Tout à fait. Merci à vous.
01:04:17 Merci Michael. Et avec le sourire, Sylvie, on a bien compris, CFDT et 1961.
01:04:22 Vous réagirez, pardonnez-moi Eric Durette-Matin, sur les arguments mis en avant par Sylvie.
01:04:28 Le temps d'aller pour nous vers Olivier-Madignal.
01:04:31 Olivier est à Lyon, là encore, c'est un portant, ville importante pour prendre la température sociale.
01:04:38 Olivier, difficile à l'heure actuelle de savoir s'il y a plus ou autant de monde que la fois dernière.
01:04:44 Quel est le climat, le contexte social autour de vous ?
01:04:47 Écoutez, oui, effectivement, pour l'instant nous n'avons pas d'indication concernant les chiffres de manifestants.
01:04:57 Il faut savoir que Lyon est en pleine vacances scolaires, donc ça peut jouer sur la mobilisation aujourd'hui à Lyon.
01:05:05 En tout cas, le cortège est parti il y a environ une demi-heure sur un parcours extrêmement classique à Lyon.
01:05:11 On va vous retrouver dans quelques instants, Olivier, justement à Lyon.
01:05:17 Mais Eric, justement, sur Sylvie, sa tête soignante qui a répondu à Michael et les arguments qu'elle a mis en avant.
01:05:24 Oui, que le congé maternité soit pris en compte, ça c'est normal.
01:05:27 Et je ne comprends même pas que ce ne soit pas encore fait, puisque comme ces femmes ont travaillé deux ans de plus, théoriquement,
01:05:33 elles vont perdre le bénéfice des trimestres qu'elles ont eu grâce à la maternité, puisque c'est décalé de deux ans.
01:05:39 Et puis, il faut trois mois pour avoir ce trimestre en plus.
01:05:43 Donc souvent, vous voyez, il y a des carrières arrachées.
01:05:45 Donc oui, elles sont perdantes, les femmes.
01:05:46 Donc là, il faut résoudre ça.
01:05:47 Deuxièmement, elle dit "je vais travailler deux mois de plus".
01:05:50 Bon, trois mois, elle a dit trois mois de plus, bon, ce n'est pas la mort, si je puis me permettre.
01:05:54 Mais simplement, alors je dirais une chose quand même.
01:05:57 Moi, je m'inscris maintenant dans la pensée solidaire, puisque en France, on parle de solidarité.
01:06:02 Il ne faut pas oublier que ce système de retraite, on le paye aujourd'hui pour nos parents ou nos grands-parents.
01:06:08 Et que cette dame, Sylvie, finalement, quand elle touchera sa retraite, elle sera bien contente que ses enfants cotisent, ou ses petits-enfants.
01:06:16 Vous voyez, c'est un système en cascade.
01:06:17 Et s'il y a moins de gens pour payer, je le vois comme ça.
01:06:20 La solidarité, il faut tous y aller.
01:06:22 Si on vous demande de travailler plus, c'est certain que pour beaucoup de gens, ce n'est pas drôle, ce n'est pas un plaisir.
01:06:27 Quand on vous dit "il faut que tu travailles plus", on l'a dit quand on était à l'école, il faut que tu travailles plus, on l'a fait.
01:06:31 Non, mais pour vous, je suis sûre que c'est un plaisir.
01:06:33 Oui, mais alors Sonia...
01:06:36 Elle soignante à l'hôpital, je vous assure que ce n'est pas une signature.
01:06:39 Alors, attendez, vous me permettez de dire quelques mots ?
01:06:41 D'abord, je ne peux pas vous laisser dire que c'est plus facile pour moi, journaliste, ou pour vous.
01:06:46 Parce qu'on a eu des carrières, ça fait très longtemps que je travaille, il y a eu des moments très difficiles.
01:06:50 Quand j'étais journaliste à Europe 1, c'était les nuits entières qu'on passait sur place.
01:06:53 Il n'y avait pas de nuit, on était d'alerte à l'époque.
01:06:56 On avait le rossignol, on vous appelait à 3h du matin.
01:06:58 Ça, c'était dur, on ne s'en replaît pas.
01:07:01 Donc, après, deuxièmement, il y a la formation.
01:07:03 Et quand on n'aime plus son métier ou qu'on se plaît moins dans son métier, il faut oser changer.
01:07:07 Alors la dame, elle est soignante, c'est sûr que c'est moins facile.
01:07:10 Mais la dernière fois, on avait une pouponnière.
01:07:12 C'est très connu.
01:07:14 C'est intéressant aussi d'entendre les arguments d'Éric.
01:07:16 La formation, sinon vous êtes victime.
01:07:18 C'est une autre pression.
01:07:19 Vous êtes victime, surtout qu'il ne faut pas subir.
01:07:23 C'est de Gaulle, c'est ce que disait le général de Gaulle, ne pas subir.
01:07:26 Le problème, c'est que dans les métiers, souvent, on subit parce qu'on n'aime plus son métier.
01:07:29 Et se faire en sorte d'évoluer, d'avoir des formations.
01:07:32 C'est bien fait en France, les formations.
01:07:34 Tout est gratuit. C'est incroyable.
01:07:36 Mais c'est abandonné aussi, sa carrière.
01:07:38 C'est pas que cette dame n'aime plus son métier.
01:07:42 En particulier, je ne parle pas d'elle.
01:07:44 Je parle de l'univers de la fonction publique hospitalière dont elle fait partie.
01:07:48 Je ne crois pas que c'est qu'ils n'aiment plus leur métier.
01:07:50 La crise de l'hôpital, c'est que ça rend le métier extrêmement difficile et que ça le vide de son sens.
01:07:56 Il y a un autre débat.
01:07:58 Il y en a aussi qui changent à un moment de métier, qui se forment.
01:08:02 Tout le monde ne peut pas se reconvertir.
01:08:04 Arrêtez avec les métiers de services à la personne.
01:08:06 Je pense que vous le maîtrisez extrêmement bien.
01:08:08 Je sais, caroline, moi aussi.
01:08:10 Mais le côté inhumain qu'on peut entendre concernant ces métiers de services, je trouve ça lamentable.
01:08:16 On parle des autres, on parle des aidants, on parle des assistantes.
01:08:18 Vous dites la même chose en fait.
01:08:20 Caroline, je ne dis pas ça.
01:08:22 C'est fatigant.
01:08:24 Elle est venue à Montréal, quand on est allée à Marseille.
01:08:26 Je trouve que, au contraire, il faut se pencher sur ces personnes-là.
01:08:28 À un moment, quand le corps ne peut plus, ou quand l'envie n'est plus là, il faut se donner les moyens.
01:08:32 Et même l'administration, une collectivité ou une entreprise doit donner les moyens de changer.
01:08:38 Je n'ai pas qu'une question d'administration.
01:08:40 Attendez, attendez, s'il vous plaît. Grégory, je vous vois les yeux grand ouverts.
01:08:44 Non, mais ce que je veux dire, juste, je termine ça, c'est qu'à un moment, j'entends autour de moi,
01:08:48 beaucoup de gens qui sont...
01:08:50 Moi aussi c'est pénible.
01:08:52 Moi aussi c'est pénible.
01:08:54 Excuse-moi, est-ce que tu penses qu'une personne de 64 ans, qui est soignante, qui est infirmière,
01:08:58 qui est aidante, peut laver une personne handicapée ou une personne âgée ?
01:09:00 Bien sûr que non, mais je ne te parle pas de ce que je disais tout à l'heure.
01:09:02 Soyons simplement rationnels.
01:09:04 Caroline, attention, il ne faut pas me faire dire ce que je n'ai pas dit.
01:09:06 Moi, au contraire, je trouve que c'est...
01:09:08 Il ne faut pas faire techno sur tous les sujets.
01:09:10 Non, mais si on ne me laisse pas terminer, ça ne va pas le faire.
01:09:12 Caroline, je ne peux pas laisser dire ça.
01:09:14 Moi, je le répète, moi, les personnes qui ont des difficultés, les déménageurs, les aides-soignants, etc.
01:09:20 L'affaiblité, il faut en tenir compte.
01:09:22 Les maçons, ils font en tenir compte.
01:09:24 Je suis d'accord avec toi.
01:09:26 La personne ne vous entend, là, c'est inaudible.
01:09:28 Elle en a parlé du monde du travail.
01:09:30 Rachel Keke, dans l'Assemblée...
01:09:32 Je la rejoins.
01:09:34 Attendez, on va l'écouter et vous allez en parler, puis on va aller vers Marseille.
01:09:37 On l'écoute, Rachel Keke, députée.
01:09:39 Vous ne comprenez pas à quel point il y a des métiers difficiles.
01:09:44 Vous ne comprenez pas ceux qui disent avoir mal au dos au réveil.
01:09:49 Vous ne comprenez pas, parce que vous prenez...
01:09:52 Pour ceux qui prennent des médicaments pour pouvoir tenir au travail.
01:09:56 Vous ne comprenez pas, parce que vous ne le vivez pas.
01:09:59 À tous les ministres et les députés qui sont favorables pour faire travailler les gens jusqu'à 64 ans.
01:10:06 Qui d'entre vous a déjà fait un métier pénible ?
01:10:10 Qui d'entre vous peut lever la main et dire...
01:10:14 Moi, aujourd'hui, j'ai dû pousser des chariots avec 52 kilos de ciment.
01:10:20 J'ai dû m'occuper de 20 personnes âgées.
01:10:23 J'ai dû répéter mille fois le même geste en une seule journée.
01:10:28 Qui peut lever la main ? Personne.
01:10:31 Alors je vous le dis de manière très sincère.
01:10:34 Vous n'avez pas le droit de mettre en genoux les gens qui tiennent la France debout.
01:10:40 Alors, il y a de la verve. Vous allez réagir. Je sens que vous allez réagir.
01:10:45 Permettez-moi de prendre la direction de Marseille.
01:10:47 Le soleil de Marseille où se trouve Laure Parra.
01:10:53 Laure, alors, est-ce que vous êtes déjà arrivée, peut-être déjà, au point d'arrivée de la manifestation ?
01:11:00 Oui, effectivement Sonia, je suis arrivée au point final de la manifestation Porto-Dex
01:11:06 et que j'ai avec moi un employé de Kemouane.
01:11:09 Vous êtes mobilisée aujourd'hui.
01:11:12 Expliquez-nous, la retraite à 64 ans par rapport à ce que vous faites aujourd'hui, ça vous paraît inconcevable ?
01:11:16 Clairement, on fait des 3-8.
01:11:19 Partir à 64 ans en faisant des nuits, des matins, c'est inconcevable.
01:11:24 Vous pensez qu'à force de battre le pavé, vous pouvez faire bouger les lignes du gouvernement ?
01:11:29 Oui, on va faire reculer ce gouvernement et on veut faire reculer ce gouvernement.
01:11:34 Quoi qu'il en soit, il faut qu'on soit mobilisés.
01:11:37 Il faut qu'il y ait de plus en plus de monde qui vienne manifester avec nous.
01:11:40 Clairement, on arrivera à le faire reculer.
01:11:42 Kemouane, c'est beaucoup de salariés ?
01:11:44 Kemouane-Fos, c'est à peu près 350 salariés.
01:11:47 En tout, sur tout le groupe, on est à peu près 1300 salariés.
01:11:50 Vous étiez beaucoup mobilisés aujourd'hui ?
01:11:51 Oui, il y en avait pas mal, il y en avait quelques-uns.
01:11:53 On sait qu'on a des collègues qui sont dans notre ville comme Lyon.
01:11:57 Et samedi, pour recommencer ?
01:11:59 Et samedi, on recommence. On a un appel à la grève pour samedi encore aussi.
01:12:02 Donc on continue. Et on continuera tant que le gouvernement ne reculera pas.
01:12:06 Sonia, je rajouterais que par rapport à l'appel à la grève,
01:12:10 certains secteurs comme la pétrochimie ou encore l'énergie
01:12:13 appellent à une grève reconductible, c'est-à-dire ne pas reprendre le travail demain.
01:12:17 Par exemple, pour la raffinerie de la MED près de Fos-sur-Mer,
01:12:21 ils disent que rien ne rentrera et rien ne sortira
01:12:24 s'ils font une grève reconductible au moins jusqu'à demain.
01:12:27 Eh bien voilà, c'est dit. Merci beaucoup. Merci à vous.
01:12:30 On vous retrouve tout à l'heure.
01:12:32 Alors, Philippe Martinez avait évoqué l'hypothèse.
01:12:36 Il a dit précisément des grèves plus dures, des actions plus marquées.
01:12:40 Je reviens sur Rachel Kiké.
01:12:42 Parfois, quand on a des responsables politiques qu'on interroge le matin,
01:12:47 je leur demande dans quelle entreprise vous avez travaillé.
01:12:50 Ça arrive assez souvent qu'on me dise "mais non, je ne suis pas passée par une entreprise"
01:12:55 ou alors ça fait très très longtemps.
01:12:57 Donc quand même, leur expérience du monde du travail, elle est limitée.
01:13:02 Ça ne veut pas dire qu'ils ne travaillent pas au gouvernement.
01:13:05 C'est vrai, Mickaël.
01:13:07 Dans les très grandes boîtes, franchement, c'est presque aussi stagnant que dans les grandes administrations.
01:13:13 Je trouve qu'on se fait parfois vraiment une caricature du fonctionnaire
01:13:18 qui n'est pas rémunéré à l'objectif ou au résultat
01:13:21 comparé au salarié du privé qui lui serait tout le temps dans la grande stimulation.
01:13:24 Personnellement, moi j'ai aussi vu l'environnement des grandes boîtes.
01:13:27 Ce n'est pas toujours ultra ultra dynamique, même dans les secteurs qu'on imagine les plus dynamiques.
01:13:32 Par ailleurs, sur la question de la pénibilité qui est très importante,
01:13:34 oui, je considère qu'il y a des métiers plus pénibles que d'autres.
01:13:36 Oui, je considère qu'il y a des métiers plus essentiels que d'autres.
01:13:39 Ceci dit, là encore, je trouve qu'il y a beaucoup de caricatures
01:13:42 puisqu'on associe tout le temps les métiers pénibles à des métiers physiques.
01:13:45 Je m'excuse, il y a une autre forme de pénibilité.
01:13:48 Je pense à des médecins qui côtoient toujours la difficulté et la maladie.
01:13:51 Ce sont des métiers qui sont très pénibles.
01:13:53 Je pense à des salariés, même du privé.
01:13:55 Dans ce cas-là, tout le monde va trouver son métier pénible.
01:13:58 Il n'y a plus de critère.
01:14:00 Ça débat autrement que "est-ce que je porte des poids ou pas ?"
01:14:04 À un moment, par contre, le gouvernement doit aussi pouvoir faire une liste,
01:14:09 mais pas à l'après-midi.
01:14:11 Il a enlevé quelques critères de pénibilité, ce gouvernement.
01:14:13 Les enseignants aujourd'hui, c'est très, très difficile.
01:14:18 On voit bien que ce n'est plus du tout la même.
01:14:20 Mais dans ce cas-là, tout le monde a un métier pénible.
01:14:22 Je ne suis pas d'accord.
01:14:23 La difficulté, là, ne vient pas du travail, mais des conditions dans lesquelles on peut appliquer.
01:14:26 Un métier pénible, c'est pour la pénibilité.
01:14:28 Un métier pénible, un policier, quelqu'un qui se lève le matin,
01:14:31 et il peut y avoir, en termes de pénibilité,
01:14:33 une âme morale et pourrir à son système.
01:14:35 Je vais se finir, une phrase, et psychologique, c'est très grave.
01:14:38 Et qui vit le danger, en plus, au quotidien.
01:14:40 Merci de m'avoir terminé ma phrase.
01:14:41 Les militaires, les policiers, les maçons, les femmes de ménage, les aides-soignants,
01:14:46 les déménageurs.
01:14:48 On va faire de concours de pénibilité.
01:14:49 Je pense qu'en effet, chacun racontera son histoire
01:14:52 et démontrera que le métier est pénible.
01:14:54 C'est forcément toujours relatif.
01:14:56 Un mot sur les policiers, parce qu'on a une carrière
01:15:00 qui est considérée comme étant active,
01:15:02 donc forcément on a une bonification par rapport à ça.
01:15:04 Mais quand même, jusqu'où dire qu'on a 20 000,
01:15:06 que le ministère de l'Intérieur, c'est quand même le premier employeur de nuit.
01:15:09 On a 20 000 fonctionnaires de police qui sont nuiteux.
01:15:12 Et ils n'ont aucune reconnaissance par rapport à ce travail-là,
01:15:15 mis à part une prime d'indemnité,
01:15:17 qui ne rentre pas dans leur calcul de retraite.
01:15:19 Et quand on sait qu'au-delà de 5 à 7 ans de nuit,
01:15:22 on vieillit plus mal une personne qui a travaillé,
01:15:25 qui a pas vécu justement ces 7 ans de nuit.
01:15:27 Et que nous, on a en général des collègues qui font
01:15:29 l'ensemble de leur carrière de nuit,
01:15:31 jusqu'à être des fois poussés dehors pour des raisons médicales,
01:15:33 mais en tout cas qui ont trouvé un rythme, etc.
01:15:35 et qui se complaisent dans le travail de nuit.
01:15:37 Malheureusement, cet aspect pénibilité, nous, il ne nous est pas reconnu.
01:15:40 Et ils n'ont pas de bonification supplémentaire
01:15:42 après des fois 32 ou 34 ans de travail de nuit.
01:15:45 On va poursuivre le débat.
01:15:46 Après une courte pause, vous aurez la parole.
01:15:48 On va continuer notre tour de France.
01:15:50 Allez aussi sur ce qui a été dit.
01:15:51 Est-ce qu'on va, est-ce qu'on se dirige vers des actions plus marquées,
01:15:54 des grèves plus dures, des grèves reconductibles ?
01:15:57 Et puis on sera aussi au Parlement.
01:15:58 A tout de suite.
01:15:59 Merci d'être avec nous.
01:16:04 Que retiendra-t-on de cette journée de mobilisation ?
01:16:07 Alors attention, tout n'est pas terminé.
01:16:08 Nous serons à Paris, dans la capitale,
01:16:11 dans quelques instants où le cortège va se lancer.
01:16:14 Nous serons au boulevard Haussmann dans quelques instants.
01:16:17 Mais tout d'abord, les titres.
01:16:18 C'est News Info.
01:16:19 Audrey Bertheau.
01:16:21 C'est un retraité de 77 ans, escouatté depuis fin janvier.
01:16:28 Une famille d'origine roumaine occupe les lieux.
01:16:31 Neuf personnes, dont cinq enfants.
01:16:33 Ils ont déposé un cadenas à l'entrée,
01:16:35 vidé les meubles de la maison.
01:16:37 Problème, le propriétaire veut vendre sa propriété
01:16:39 pour payer les frais de sa maison de retraite.
01:16:41 Mais la vente est désormais impossible.
01:16:44 Des distributeurs de la BNP Paris Bas,
01:16:46 vandalisés à Paris et partout en France.
01:16:49 Des militants écologistes d'extinction rébellion
01:16:51 ont bétonné une trentaine de distributeurs.
01:16:54 Une manière pour eux de protester
01:16:56 contre les financements de projets non écologiques
01:16:58 de cette banque, selon eux.
01:17:00 Et puis au Pérou, une série de glissements de terrain
01:17:03 ont fait au moins 15 morts, 20 blessés et deux disparus.
01:17:06 Des centaines de maisons ont été endommagées.
01:17:08 C'est coulé de boue, en suite à des pluies torrentielles.
01:17:11 L'état d'urgence pour catastrophe naturelle a été déclaré.
01:17:16 La manifestation à Paris va se lancer dans quelques instants,
01:17:20 dans une demi-heure, ça sera à partir de 14h.
01:17:22 Mais déjà les cortèges sont prêts.
01:17:24 Sont-ils fournis ? Nous sommes avec vous, Simon Guillin.
01:17:27 Vous êtes boulevard Haussmann dans la capitale.
01:17:30 Tout se prépare, on le voit, avec également cette banderole.
01:17:34 Oui, Sonia, ce boulevard des Italiens
01:17:39 qui est en train de se remplir au fur et à mesure.
01:17:41 Nous sommes arrivés sur place il y a environ une heure.
01:17:44 Vous pouvez le voir sur ces images de Léo Marcheguia.
01:17:46 Les manifestants qui sont en train d'arriver, nombreux.
01:17:49 Nous avons parlé à des manifestants
01:17:51 depuis que nous sommes arrivés ici sur place.
01:17:53 Ce que je peux vous dire, c'est que la colère, la détermination,
01:17:55 ces manifestants ne faiblit pas, ils ne veulent pas
01:17:58 de cet âge de départ à la retraite à 64 ans.
01:18:01 Vous le disiez, le cortège qui va se lancer d'ici une demi-heure.
01:18:04 On va emprunter le boulevard Haussmann,
01:18:06 direction la place de la République,
01:18:08 pour ensuite rejoindre la place de la Bastille aux alentours de 19h.
01:18:11 On attend peut-être un petit peu moins de monde aujourd'hui,
01:18:13 selon les autorités, dans les rues de la capitale.
01:18:15 On parle de 40 à 70 000 manifestants.
01:18:17 Mais vous le voyez sur ces images de Léo Marcheguia.
01:18:20 Il fait très beau aujourd'hui à Paris.
01:18:22 Alors on peut imaginer que peut-être bien que les manifestants
01:18:25 vont descendre plus nombreux dans la rue avec ce beau soleil
01:18:28 pour manifester contre cette réforme de la retraite.
01:18:31 Donc voilà, je vous le disais, un cortège qui se lancera
01:18:33 dans une demi-heure ici, boulevard des Italiens.
01:18:36 Merci Simon. Et on suivra évidemment le départ de ce cortège.
01:18:39 Pour le moment, on va prendre la direction de Lyon.
01:18:42 Avec Olivier Madini.
01:18:44 Olivier, vous nous avez parlé tout à l'heure des cortèges qui se sont lancés.
01:18:49 Est-ce qu'il y a, de votre point de vue, de ce que vous avez vu,
01:18:52 des gens que vous avez rencontrés, une diversité des profils ?
01:18:55 On s'interroge notamment sur la présence en nombre ou pas du privé.
01:18:59 Alors écoutez, les participants à cette manifestation
01:19:06 que nous avons rencontrée sont pour beaucoup des salariés
01:19:09 de la fonction publique.
01:19:11 Nous avons vu beaucoup de pompiers, des enseignants.
01:19:15 Donc pour l'instant, il est difficile de dire si le secteur privé
01:19:20 est surreprésenté ou très représenté.
01:19:23 Quoi qu'il en soit, le but de cette manifestation,
01:19:26 le but des organisateurs, c'est d'arriver à mobiliser
01:19:29 au moins autant que la semaine dernière.
01:19:32 La semaine dernière, la préfecture avait compté 25.000 manifestants.
01:19:37 Les syndicats en avaient compté 45.000.
01:19:40 Aujourd'hui, ce sera peut-être compliqué d'atteindre ces chiffres
01:19:43 puisque nous sommes en pleine vacances scolaires.
01:19:46 Quoi qu'il en soit, cette manifestation est sur le point d'arriver.
01:19:51 Place Belcourt, quelques petits échauffourés en tête de manifestation
01:19:56 au niveau de la place de la guillotière,
01:19:59 où des ultras qui ont pris place au début du cortège
01:20:03 ont essayé d'en découdre avec les forces de l'ordre.
01:20:06 Merci Olivier Grégory-Jeron.
01:20:09 Il y a évidemment ces individualités, ces radicaux,
01:20:12 on sait qu'ils sont présents, qu'ils vont essayer.
01:20:15 Là, à Lyon, c'est le cas.
01:20:18 C'est très maîtrisé pour l'instant.
01:20:21 En termes ne serait-ce, parce que c'est un bilan qui est assez intéressant,
01:20:24 regarder s'il y a des moyens utilisés,
01:20:27 le nombre de grenades lacrymogènes utilisés pendant une manifestation d'ampleur,
01:20:31 parce que c'est plus d'un million de personnes,
01:20:34 notamment mardi dernier.
01:20:36 On était sur un niveau très faible de moyens utilisés,
01:20:39 ce qui démontrait bien que globalement,
01:20:42 ça s'était soit très bien passé, soit passé ne serait-ce qu'avec des manœuvres
01:20:45 et des mouvements qui suffisaient à régler le problème.
01:20:48 Donc c'est plutôt bien.
01:20:49 Vous avez raison de le souligner.
01:20:51 Eric de Ritmettan, il y a un sujet, ça y est, dont on ne parle plus du tout,
01:20:54 du tout, du tout, depuis que la réforme des retraites est sur la table,
01:20:58 les salaires. Fini.
01:21:00 Mais je pense que c'est le lien un peu.
01:21:03 Aujourd'hui, cette rancœur contre son travail,
01:21:06 cette ennuie, ce plein un petit peu de souffrance au travail,
01:21:09 c'est sûrement lié à la question des salaires.
01:21:12 Elle a été éclipsée.
01:21:13 C'est vrai que les salaires, là, actuellement, il y a des négociations.
01:21:16 Les entreprises, on sait bien que l'inflation est à 6 % au mois de janvier,
01:21:19 sur un an, c'est-à-dire sur 12 mois consécutifs.
01:21:22 En rythme annuel, c'est 6 %, l'an dernier, elle était à 5,2.
01:21:25 Mais quand une entreprise propose 2 % de hausse des salaires,
01:21:29 ce n'est pas considéré comme suffisant.
01:21:31 Il y a cette rancœur.
01:21:32 On se dit qu'on ne gagne pas suffisamment.
01:21:34 Ça me fait penser à un phénomène, vous savez, avec les éboueurs.
01:21:37 Rappelez-vous, à une époque, les éboueurs étaient souvent en grève.
01:21:40 Ce n'est pas qu'ils n'aimaient pas leur travail, mais c'est quand même pas très...
01:21:43 Là, pour le coup, c'est vraiment des métiers très difficiles.
01:21:45 Et puis, ces salaires ont été revalorisés.
01:21:47 Et aujourd'hui, vous avez des salaires bruts de 30 000 €.
01:21:51 On ne peut même pas le croire quand on voit la fiche d'un éboueur
01:21:54 avec en plus les primes pour le travail de nuit.
01:21:56 Donc, 30 000 € bruts, je précise.
01:21:58 Ça fait 23 000 € net, ce qui n'est pas négligeable.
01:22:01 Et là, effectivement, il y a une sorte de paix du travail
01:22:03 qui est grâce à ce phénomène qui fait que quand on paye,
01:22:06 le salaire doit payer, si vous voulez.
01:22:08 Le travail doit payer, comme on entend souvent dire.
01:22:10 Ce n'est pas toujours le cas dans beaucoup de métiers,
01:22:12 ce qui fait qu'on n'est pas content.
01:22:14 Mais Eric a raison, parce que le salaire est...
01:22:17 Dans toutes les études sur le travail,
01:22:19 l'insatisfaction par rapport au salaire
01:22:21 est le premier motif d'insatisfaction au travail.
01:22:24 Je pense néanmoins que dans ce mouvement,
01:22:26 il y a la question des salaires, vous avez évidemment raison.
01:22:29 Il y a aussi une césure qui existait pendant la pandémie
01:22:33 entre ceux qui étaient en première ligne
01:22:35 et qui devaient aller bosser,
01:22:37 et puis ceux qui étaient confinés
01:22:39 ou qui étaient en couvre-feu ou qui étaient en télétravail.
01:22:42 Je crois que cette césure, elle ressort à l'occasion
01:22:44 de cette réforme des retraites
01:22:46 et que chez ceux qui ont été travaillés,
01:22:48 tous les métiers qui sont d'ailleurs plus souvent
01:22:50 que les autres pénibles physiquement,
01:22:53 je crois qu'il y a une certaine rancœur
01:22:55 qui ressort aussi à travers cette réforme des retraites.
01:22:58 - Moi j'ai une question, sur la pénibilité.
01:23:01 Non mais c'est important, est-ce qu'il faut tenir compte,
01:23:03 parce qu'on voit bien que c'est un vrai sujet
01:23:05 et que tout le monde n'est pas d'accord,
01:23:07 est-ce qu'il faut tenir compte du caractère du poste qu'on occupe
01:23:09 ou de son état de santé physique ?
01:23:12 Et donc c'est à la médecine du travail de juger...
01:23:15 - Il y a des critères objectifs de pénibilité physique.
01:23:19 - Non, tout à l'heure Eric vous a présenté des critères,
01:23:21 il a travaillé la nuit pendant des années,
01:23:23 il a travaillé à n'importe quel moment,
01:23:25 avec des carrières parfois qui ne sont pas linéaires,
01:23:27 vous retrouvez...
01:23:29 - La médecine du travail le prévoit ça, la pénibilité.
01:23:32 - La médecine du travail, normalement...
01:23:34 - Donc les deux, il faut tenir compte des deux.
01:23:36 - Voilà, la médecine du travail à un moment,
01:23:38 elle peut dire "écoutez, cette personne n'est plus apte à ce travail-là,
01:23:40 il faut lui trouver un autre..."
01:23:42 - C'est ça, on ferme l'aptitude au poste en fait.
01:23:45 - Voilà, exactement.
01:23:47 Et déjà, alors est-ce qu'il faut laisser ça comme ça ?
01:23:49 - J'espère que la médecine du travail
01:23:51 est un peu plus développée dans le monde du privé
01:23:53 que dans la police nationale.
01:23:55 On compte 97 médecins du travail pour 100...
01:23:57 - Combien ?
01:23:59 - 97 médecins de prévention
01:24:01 pour l'ensemble des agents du ministère de l'Intérieur.
01:24:03 - Mais c'est une blague ?
01:24:05 - Non, c'est la réalité.
01:24:07 - Et c'est partout pareil dans toutes les administrations.
01:24:09 - Non mais là c'est un chiffre...
01:24:11 - Donc si vous voulez, par exemple, je reviens à mes nuiteux,
01:24:13 une visite médicale normalement obligatoire tous les ans,
01:24:15 je pense qu'on a des collègues qui travaillent de nuit,
01:24:17 qui n'ont pas vu un médecin de prévention
01:24:19 depuis plusieurs années.
01:24:21 - Oui mais, excusez-moi,
01:24:23 mais on peut voir un médecin en dehors aussi
01:24:25 du médecine du travail.
01:24:27 On peut aussi aller voir un médecin de ville
01:24:29 pour justement acter qu'il y a un problème
01:24:31 d'aptitude au travail.
01:24:33 - C'est le vrai sujet.
01:24:35 - Non, quand on parle de médecine du travail,
01:24:37 non, pardon, c'est pas du travail.
01:24:39 - Non mais regardez...
01:24:41 - Oui mais qu'on se fasse suivre physiquement,
01:24:43 évidemment, par un médecin.
01:24:45 Mais le rôle de la médecine de prévention
01:24:47 d'un docteur, qu'il soit privé ou de fonctionnaire,
01:24:49 c'est quand même super important.
01:24:51 C'est obligatoire, madame.
01:24:53 - Oui, non mais je sais bien,
01:24:55 mais vous pouvez aller aussi en ville.
01:24:57 - Bien sûr.
01:24:59 - Vous avez une liste de médecins de ville
01:25:01 qui ont un accord avec l'entreprise
01:25:03 ou la collectivité, c'est ça que je veux dire.
01:25:05 - Concernant l'appellibilité,
01:25:07 la réforme prévoit justement
01:25:09 d'avoir un médecin du travail
01:25:11 ou un médecin généraliste qui, à 61 ans,
01:25:13 pourrait décider un arrêt
01:25:15 de difficultés au travail, de souffrance,
01:25:17 de pénibilité. Là, c'est ce qui est prévu
01:25:19 dans le texte de loi.
01:25:21 - On voit bien le fait que le gouvernement
01:25:23 n'ait pas travaillé la question de la pénibilité
01:25:25 avant cette réforme.
01:25:27 - Mais a-t-il travaillé la question du travail ?
01:25:29 - C'est exactement ça.
01:25:31 C'est ça le cœur du problème.
01:25:33 - Il y avait tout ça à avoir avant.
01:25:35 - C'est exactement ça, plus, pardon,
01:25:37 le travail des seniors.
01:25:39 On est considéré par le pôle emploi
01:25:41 comme senior, qu'est-ce qu'on fait ?
01:25:43 C'est la question de l'invalidité que je connais bien.
01:25:45 Donc on fait quoi de ces personnes ? On les met à l'écart ?
01:25:47 Elles sont bonnes à jeter à la poubelle ?
01:25:49 Alors que dans des pays nordiques ou anglo-saxons,
01:25:51 c'est une vraie expertise, une expérience de vie.
01:25:53 - Il y a un dernier sujet
01:25:55 qu'on n'évoque jamais, c'est aussi
01:25:57 la participation à l'économie des gens qui sont déjà
01:25:59 à la retraite. Je veux dire, les gens qui sont à la retraite
01:26:01 ne font pas rien. Parfois, ils s'occupent des petits-enfants,
01:26:03 ils participent à des associations,
01:26:05 ils font partie de l'activité économique du pays.
01:26:07 Ce n'est pas pris en compte directement dans le PIB,
01:26:09 mais il ne faut pas les voir
01:26:11 comme des rebuts, des lords qui quittent une carrière,
01:26:13 je dirais classique. - Et si je peux ajouter un point,
01:26:15 vous avez raison. Alors bon, les retraités,
01:26:17 ils ne payent pas la cotisation retraite.
01:26:19 Plus il y aura de monde au travail,
01:26:21 c'est-à-dire que si on augmente le taux d'activité
01:26:23 des plus de 55 ans, là, ça va être extraordinaire
01:26:25 parce qu'il y aura plus de cotisations payées
01:26:27 et ça aurait pu résoudre d'ailleurs le problème de la retraite.
01:26:29 Il y a des salaires qui montent aussi.
01:26:31 - L'État devra aussi supprimer
01:26:33 toutes les possibilités de mettre en prêt retraite.
01:26:35 - Et maintenant, chers amis,
01:26:37 qu'est-ce qui va se passer ? Il y a cette journée,
01:26:39 il y a samedi, il y a ce que prévoit
01:26:41 ou espère, je ne sais pas,
01:26:43 Philippe Martinez, c'est-à-dire des actions marquées
01:26:45 et plus dures. Moi, ce qui m'intéresse,
01:26:47 c'est le gouvernement. Est-ce qu'il va continuer
01:26:49 à faire des concessions, comme on dit, des ouvertures
01:26:51 pour obtenir,
01:26:53 eh bien, ces quelques députés LR ?
01:26:55 Mais, vous avez entendu, Philippe Martinez
01:26:57 et Laurent Berger, Éric Derritte-Matin,
01:26:59 ces ouvertures, c'est du bricolage, c'est de la restaurant.
01:27:01 Donc, 200 millions pour l'extension
01:27:03 de carrière longue, c'est... - Vous savez,
01:27:05 j'ai regardé ce que l'État a lâché.
01:27:07 Il a lâché presque 5, pas loin de 6 milliards,
01:27:09 déjà, en mesure adoucissante,
01:27:11 puisqu'on l'appelle ça, déjà. - Mais Laurent...
01:27:13 - Vous voyez, ça veut dire que là,
01:27:15 parfois, on peut même dire qu'on est en train de recréer des régimes
01:27:17 spéciaux parallèles pour, justement,
01:27:19 contenter les mécontents. - C'est ça, pour ça.
01:27:21 - Et là, vraiment, le bénéfice
01:27:23 de la réforme, maintenant, commence à être
01:27:25 supporté d'un point d'interrogation.
01:27:27 - Alors que c'est le principal argument,
01:27:29 on est mal. On est mal, Philippe.
01:27:31 - C'est 17 milliards d'économies, je crois.
01:27:33 - Oui, c'est ça. - Et je crois qu'ils ont dépensé
01:27:35 6 ou 7 milliards. - 12.
01:27:37 - 12.
01:27:39 - Le déficit, c'est 13.
01:27:41 - Le déficit, c'est 2027. - Le déficit, c'est 13.
01:27:43 Ça va générer 17 milliards. - Voilà, c'est ça.
01:27:45 - Et la différence devait être compensée par les mesures
01:27:47 adoucissantes. Mais c'était 4 au départ.
01:27:49 Et maintenant, on arrive à 5 et 6. - Surtout que si on comprend
01:27:51 ce que Nicolas Sarkozy avait cédé
01:27:53 pendant la réforme Werth en 2010,
01:27:55 je crois que, lui, ses concessions étaient de l'ordre de
01:27:57 1 ou 1,5 milliard, mais il a dit
01:27:59 "je ne monterai pas au-dessus".
01:28:01 - Nicolas Sarkozy, qui est au soutien, d'ailleurs,
01:28:03 de cette réforme sur le fond,
01:28:05 je pense que quand on a lu, entre les lignes, son interview
01:28:07 dans le Figaro magazine sur la forme,
01:28:09 il voit bien que ça ne se passe pas comme il faut.
01:28:11 Et d'ailleurs, il y a un déjeuner en ce moment
01:28:13 entre Emmanuel Macron... Non, mais ce n'est pas une information,
01:28:15 tout le monde le sait.
01:28:17 Je ne vous donne pas un scoop, parce que Philippe se réveille...
01:28:19 - Avec qui déjà, Emmanuel Macron ?
01:28:21 - Avec Nicolas Sarkozy.
01:28:23 Pour parler de quoi, selon vous ?
01:28:25 Des institutions. - La diplomatie, sans doute.
01:28:27 - Je pense aussi à la réforme des retraites.
01:28:29 - Et l'état des LR, peut-être ?
01:28:31 - Vous voyez, les LR, c'est incroyable.
01:28:33 Vous avez une partie des députés LR
01:28:35 qui rentrent de leur circonscription,
01:28:37 qui se disent "mais jamais on pourra
01:28:39 conserver notre circonscription
01:28:41 si on n'écoute pas les citoyens".
01:28:43 Et puis, vous avez
01:28:45 les têtes pensantes
01:28:47 qui ont soutenu François Fillon et Valérie Pécresse
01:28:49 sur la retraite à 65 ans.
01:28:51 - Mais l'électorat LR a changé.
01:28:53 L'électorat LR, je pense, a muté
01:28:55 depuis quelques années. - Qui ?
01:28:57 - Il est surtout réduit. - Il y en a encore ?
01:28:59 - Non, non, je ne vous ai pas dit.
01:29:01 - Une partie est partie chez Emmanuel Macron
01:29:03 et l'autre, c'est une partie de la France
01:29:05 populaire qui compte, cette réforme.
01:29:07 - Exactement, c'est les gens qui
01:29:09 ne sont pas encore passés au RN,
01:29:11 mais qui, je pense, le pourraient, si LR
01:29:13 ne fait pas un travail de représentation
01:29:15 assez efficace. C'est pour ça que beaucoup d'entre eux
01:29:17 hésitent. Bon, après,
01:29:19 évidemment, les vieilles figures, Nicolas Sarkozy,
01:29:21 François Fillon, ils sont favorables à cette réforme.
01:29:23 Nicolas Sarkozy, par contre, a critiqué
01:29:25 les méthodes de communication du gouvernement.
01:29:27 Il a dit "moi, au moment où j'ai fait ma réforme,
01:29:29 j'ai fait mon discours devant le Congrès,
01:29:31 j'ai réuni l'Assemblée nationale
01:29:33 et le Sénat, je leur ai fait un grand discours,
01:29:35 on sortait d'une période de crise économique,
01:29:37 je leur ai annoncé que ça allait être compliqué
01:29:39 et ensuite on a lancé la réforme". Il avait évidemment
01:29:41 une majorité derrière lui, etc. - Ça, il était compliqué,
01:29:43 parce qu'il y a eu énormément de contestations.
01:29:45 - Bien sûr, mais il n'a pas utilisé les rendements.
01:29:47 - Et peut-être que Sarkozy perd la présidentielle
01:29:49 de 2012, il recette...
01:29:51 - Oui, il le conteste.
01:29:53 - En sortant d'une crise économique, il avait bien géré.
01:29:55 - Oui, oui, c'est vite dit.
01:29:57 - Il a quand même, il a empêché...
01:29:59 - On va pas faire l'inventaire de Nicolas Sarkozy.
01:30:01 - On ne parle jamais par "donnez-moi", pardon.
01:30:03 Dans les médias, c'est que oui,
01:30:05 les LR étaient pour les 65 ans, certes,
01:30:07 mais Mme Pécresse a toujours dit
01:30:09 qu'elle voulait ramener le SMIC
01:30:11 pour les retraités, le SMIC net
01:30:13 à 1 200 euros et il voulait absolument
01:30:15 revoir les métiers liés à la pénibilité.
01:30:17 - C'est vrai, c'est pas ses 65 ans
01:30:19 avec des mesures adoucissantes,
01:30:21 comme vous l'avez dit. C'est joliment dit.
01:30:23 - Est-ce qu'on peut aller à Brest,
01:30:25 dans la belle ville de Brest,
01:30:27 avec Mickaël ?
01:30:29 Mickaël, je sais pas où ça en est,
01:30:31 peut-être déjà un premier bilan ?
01:30:33 Est-ce que vous pouvez nous présenter un premier bilan,
01:30:35 une première photographie de ce qui s'est passé
01:30:37 dans les cortèges et de la mobilisation sur place ?
01:30:39 - Oui, c'est terminé ici,
01:30:43 Sonia, à Brest.
01:30:45 Et selon les premiers chiffres donnés
01:30:47 notamment par les syndicats,
01:30:49 ils étaient un petit peu moins nombreux ce matin
01:30:51 que le 31 janvier.
01:30:53 18 000, peut-on lire,
01:30:55 selon les syndicats, ils étaient environ
01:30:57 20 000, un peu plus de 20 000, même,
01:30:59 le 31 janvier dernier. Mais ce qu'il faut retenir
01:31:01 de ce défilé de ce matin à Brest,
01:31:03 c'est la volonté
01:31:05 d'être encore plus fort samedi prochain.
01:31:07 On a bien compris que samedi,
01:31:09 c'était un moment particulier,
01:31:11 qui doit être un moment fort de la mobilisation
01:31:13 contre ce projet
01:31:15 de réforme des retraites.
01:31:17 C'est ce qu'on a beaucoup entendu
01:31:19 ce matin, une volonté que ce samedi,
01:31:21 puisque évidemment les salariés
01:31:23 ne travailleront pas, les salariés du privé
01:31:25 puissent venir beaucoup plus nombreux qu'ils ne l'étaient
01:31:27 par exemple ce matin ou même le 31 janvier
01:31:29 ici à Brest. C'est en tout cas
01:31:31 l'objectif affiché, c'est ce qu'on a
01:31:33 beaucoup entendu. Et puis
01:31:35 également, peut-être à retenir,
01:31:37 la présence de beaucoup
01:31:39 plus de jeunes que
01:31:41 lors des précédentes journées de
01:31:43 manifestation. Ils ouvraient
01:31:45 notamment ici la manifestation à Brest,
01:31:47 derrière la banderole de l'intersyndical.
01:31:49 Vous l'avez compris,
01:31:51 on sent qu'on arrive à un moment de basculement
01:31:53 peut-être dans ce mouvement, avec
01:31:55 cette volonté de faire de samedi prochain
01:31:57 un moment très important.
01:31:59 Et puis, dernière information que je voulais vous donner,
01:32:01 vous en parliez il y a quelques minutes, sur la pénibilité.
01:32:03 Cette question de la pénibilité,
01:32:05 elle revient en permanence
01:32:07 dans les conversations. Alors certes, il y a
01:32:09 le point d'achoppement principal,
01:32:11 le report de l'âge de la retraite à 64 ans,
01:32:13 et puis cette question de la pénibilité,
01:32:15 elle vient très très vite derrière dans les conversations.
01:32:17 On veut une prise en compte
01:32:19 de la pénibilité des métiers,
01:32:21 nous ont dit ce matin les personnes
01:32:23 qu'on a pu rencontrer dans ce
01:32:25 défilé ici à Brest.
01:32:27 Merci beaucoup, Michael Chayou.
01:32:29 Vous nous avez présenté un tableau
01:32:31 très complet, des arguments qui ont été mis
01:32:33 en avant, et je remercie tous nos correspondants
01:32:35 qui sont en région. On va continuer évidemment à suivre
01:32:37 la manifestation, nous serons à Paris,
01:32:39 elle se lancera à 14h.
01:32:41 Votre débat, vos échanges sur la pénibilité
01:32:43 et ce dont on vient de parler, Michael, a
01:32:45 suscité beaucoup de réactions. Alors je vous cite
01:32:47 quelqu'un qui me dit "Mais non,
01:32:49 seul le médecin du travail peut donner un avis
01:32:51 d'inaptitude au travail. La médecine de ville
01:32:53 et du travail sont cloisonnées. Attention de ne pas
01:32:55 dire tout, etc."
01:32:57 Après, quelqu'un
01:32:59 qui me dit "Mais dans le privé, la visite
01:33:01 médicale c'est tous les 5 ans."
01:33:03 Eh oui, c'est vrai.
01:33:05 Le temps que j'y pense, c'est tous les 5 ans.
01:33:07 Vous pouvez passer à côté de certaines pathologies.
01:33:09 Ah bah oui, en 5 ans, il faut même passer à côté
01:33:11 de la maladie, de l'essentiel.
01:33:13 Depuis quand date votre
01:33:15 dernière visite médicale ?
01:33:17 Une seule fois ici, à Cannelle.
01:33:19 Une seule fois. Donc vous voyez, ça fait 5 ans,
01:33:21 ça fait 6 ans que je suis ici, donc il faut qu'il
01:33:23 la refasse vite, attention.
01:33:25 Non mais je vous rassure, j'ai un médecin général.
01:33:27 Je n'allais pas dire que je suis hypochondriac.
01:33:29 Les collectivités, notamment,
01:33:31 ont une liste de médecins de ville
01:33:33 qui peuvent dire si la personne est apte
01:33:35 ou inapte au travail.
01:33:37 Voilà. Et moi-même, je l'ai passé
01:33:39 dernièrement. Voilà.
01:33:41 Merci.
01:33:43 Oh là là, tout va bien.
01:33:45 Non, parce que comme ça...
01:33:47 Bon, on va être précis.
01:33:49 Mais enfin, le débat,
01:33:51 c'est ça, en réalité. C'est qu'il y a
01:33:53 plein de tiroirs dans cette réforme des retraites
01:33:55 qui n'ont pas été suffisamment regardés
01:33:57 par le gouvernement avant qu'il balance sa réforme
01:33:59 des retraites dans le débat. Il y a
01:34:01 notre rapport au travail, il y a la pénibilité
01:34:03 et quand on engage une réforme aussi importante,
01:34:05 eh bien, je ne sais pas, Eric,
01:34:07 on va travailler avant d'abord. Et j'aimerais me faire
01:34:09 le porte-parole des "jeunes"
01:34:11 puisque il y a aussi la question... Vous avez 27 ans, vous nous l'avez dit tout à l'heure.
01:34:13 On ne t'attendra pas à cette heure. Allez-y, allez-y.
01:34:15 Profitez ! Ça passe vite.
01:34:17 On te regarde.
01:34:19 Il nous garde en plus.
01:34:21 Il y a la question de la solidarité
01:34:23 intergénérationnelle qui se pose et de ce point de vue-là,
01:34:25 je trouve que cette crise des retraites
01:34:27 est la continuation de la crise du coronavirus.
01:34:29 Qu'est-ce qu'on a dit au moment du coronavirus aux jeunes ?
01:34:31 On a dit "nous n'allons pas faire des mesures
01:34:33 ciblées sur les plus âgés"
01:34:35 alors que ce sont ceux qui sont touchés.
01:34:37 Donc on confine toute la société.
01:34:39 Pas d'activité économique.
01:34:41 On est obligé de lever des centaines de milliards de dettes
01:34:43 pour pallier à cette activité
01:34:45 économique défaillante.
01:34:47 Quelques mois plus tard, on revient vers eux pour leur dire
01:34:49 "vous allez payer pour ce confinement
01:34:51 dont vous n'avez pas bénéficié
01:34:53 et qui ont bénéficié aux plus âgés qui sont déjà à la retraite".
01:34:55 Donc, les jeunes,
01:34:57 je pense qu'il y a aussi un agacement dans ce pays.
01:34:59 Ils ont toujours l'impression d'être le dindon de la farce,
01:35:01 peu importe la période qu'on traverse.
01:35:03 - Paris, direction la capitale,
01:35:05 les rues de Paris avec Augustin.
01:35:07 Augustin, les cortèges vont s'élancer
01:35:09 dans quelques instants.
01:35:11 C'est une image en direct où nous voyons
01:35:13 Philippe Martinez,
01:35:15 Laurent Berger, et tous les autres.
01:35:17 Ce front, ce mur syndical
01:35:19 qui s'apprête justement avec les différentes
01:35:21 bannières CGT,
01:35:23 CFDT, et d'autres à s'élancer.
01:35:25 - Effectivement, vous venez de le dire.
01:35:29 Tous ces leaders syndicaux,
01:35:31 derrière les bannières en tête de cortège,
01:35:33 juste derrière eux, une foule
01:35:35 extrêmement compacte de
01:35:37 syndicalisés, de salariés,
01:35:39 de retraités, de jeunes également,
01:35:41 qui s'apprêtent à s'élancer sur ce
01:35:43 parcours qui part donc de la place de la Bastille
01:35:45 en direction de la place de la République.
01:35:47 Pardon, en direction de la place de la Bastille.
01:35:51 Et ces leaders syndicaux
01:35:53 qui, dans les différents camions,
01:35:55 commencent à chauffer la foule
01:35:57 en les incitant à se mobiliser
01:35:59 dans une ambiance festive.
01:36:01 C'est en tout cas le maître mot de la journée.
01:36:03 En tout cas, les syndicats espèrent une mobilisation
01:36:05 massive, à l'image des
01:36:07 deux précédentes journées de mobilisation.
01:36:09 Mais les premiers chiffres, remontés à Philippe Martinez,
01:36:11 le leader de la CGT, font état d'une mobilisation
01:36:13 similaire à celle du
01:36:15 19 janvier partout en France.
01:36:17 Donc des syndicats motivés, déterminés
01:36:19 qui vont s'élancer dans quelques minutes
01:36:21 dans les rues de la capitale. - Et on aura l'occasion
01:36:23 de le suivre avec vous notamment, Augustin.
01:36:25 Donne adieu, et puis on continuera avec nos
01:36:27 différents duplex dans les régions,
01:36:29 même si là, certaines mobilisations se sont déjà
01:36:31 achevées. On verra
01:36:33 ce qu'on va retenir de cette journée. Et surtout,
01:36:35 moi, ce qui m'intéresse, c'est quel message politique
01:36:37 du gouvernement. Est-ce qu'ils vont dire "On vous a
01:36:39 compris, mais..."
01:36:41 "On vous a compris, mais on vous a pas entendu."
01:36:43 - On vous entend, mais on vous égoute pas.
01:36:45 - On vous entend, mais on vous égoute pas.
01:36:47 - Grégory Joron, vous allez...
01:36:49 Opéra ? - Oui.
01:36:51 - Dans le maintien de l'ordre ou dans...
01:36:53 - Manifestant, manifestant.
01:36:55 - Merci d'avoir été avec nous.
01:36:57 On va poursuivre nos émissions et nos auditions spéciales.
01:36:59 Merci à vous. C'était un plaisir
01:37:01 de vous avoir autour de cette table.
01:37:03 Restez avec nous et je vous donne rendez-vous
01:37:05 comme d'habitude demain à midi.
01:37:07 ...

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