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Crises de larmes, pensées très noires, léthargie… Avant leurs règles, certaines femmes traversent un état dépressif profond qui peut être dû au trouble dysphorique prémenstruel. On a posé 4 questions à Charline, sage-femme, pour mieux comprendre ce trouble.

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Transcription
00:00 Je me sens perdue, je pleure pour rien, j'ai des pensées négatives, je deviens sans vie.
00:04 Des idées noires ont traversé mon esprit, impossible de sortir du lit, aucune énergie.
00:08 C'est pesant de passer pour la nana qui parle sans cesse de ses règles.
00:11 J'ai reçu plusieurs témoignages de femmes qui traversent un état dépressif quelques jours avant leur règle.
00:15 Crise de larmes, pensées très noires, léthargie.
00:17 Ces symptômes peuvent être dus à ce que l'on appelle le trouble dysphorique prémenstruel.
00:21 C'est une version exacerbée du SPM qui est plus connue et plus répandue.
00:25 Alors pour mieux comprendre ce trouble, j'ai posé quelques questions à Charline qui est sage-femme.
00:28 [Musique]
00:32 À la différence du SPM, les symptômes psychologiques, vraiment en fait,
00:36 on s'apparente plus à quelque chose du trouble des maladies mentales,
00:40 en fait des troubles dépressifs.
00:42 C'est vraiment une maladie mentale qui est répertoriée dans le DSM, pour ceux qui connaissent.
00:47 C'est le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux.
00:51 La supposition qu'on a, c'est que c'est un déséquilibre hormonal en faveur d'un manque de progestérone.
00:57 Donc ça va être des humeurs dépressives pendant plusieurs jours d'affilée,
01:00 donc spécifiquement avant les règles.
01:02 Ça peut être un manque d'intérêt pour les activités du quotidien,
01:06 avec vraiment une difficulté de se mettre en mouvement.
01:09 Ça peut être des troubles alimentaires spécifiquement à ce moment-là,
01:13 donc plus du tout envie de manger ou un appétit très important.
01:16 Et vraiment tout ça souvent de manière cumulée, de manière très importante,
01:20 au point que ça puisse être handicapant dans la vie quotidienne.
01:23 [Musique]
01:27 C'est quelque chose qui est plus important que la volonté.
01:30 C'est quelque chose qui vient submerger, c'est quelque chose qui est illogique.
01:34 Et il n'y a que quand on en sort qu'on se dit "mais comment j'ai pu avoir ce type de pensée il y a quelques jours ?"
01:41 En plus, contrairement à la dépression, c'est juste avant les règles.
01:46 À partir du moment où les règles arrivent, ça va mieux.
01:49 Et il y a vraiment ce temps, un peu cette fenêtre de respiration,
01:52 qui peut durer une semaine, deux semaines, jusqu'à revenir à la phase luthéale, donc après l'ovulation.
01:57 Et donc c'est vrai qu'on peut avoir l'impression d'être fou en se disant
02:00 "mais comment j'ai pu avoir ce type de pensée alors que là je vais si bien ?"
02:02 [Musique]
02:06 Je comprends qu'on n'ait pas envie d'être la personne qui parle de ses règles,
02:09 la personne qui se plaint de ses règles.
02:12 En plus, c'est vrai qu'on a tellement entendu "ah bah t'es de mauvaise humeur, c'est quoi ta té-règle ?"
02:18 que du coup on se dit "bah ça va légitimer toutes ces paroles sexistes"
02:21 si en plus moi je dis que "bah en fait, oui, je suis de mauvaise humeur
02:25 parce que je vais avoir mes règles" et du coup ça peut créer une espèce d'ambivalence.
02:29 Je pense que c'est déjà important de trouver un professionnel de santé
02:32 qui est capable d'être à l'écoute, de mettre des mots sur ce qu'on vit,
02:35 pour légitimer ce qu'on vit, savoir qu'on n'est pas seul.
02:39 Ça peut toucher 5 à 10% des personnes, selon les études.
02:43 Ça paraît pas beaucoup, mais en fait c'est énorme
02:46 d'en parler avec des personnes de confiance, même si elles ne vivent pas ça,
02:49 ça fait du bien de pouvoir avoir des proches qui sont juste à l'écoute,
02:52 non jugeants, curieux et soutenants, et c'est déjà super.
02:56 Si je tiens un carnet et que je note les symptômes mois par mois,
02:59 il y a un côté qui peut être déjà assez rassurant de se dire "ok, potentiellement,
03:03 si demain j'ai un gros coup de déprime, je sais, c'est parce que c'est souvent comme ça,
03:07 5 jours avant mes règles". Du coup le fait de le savoir, je peux adapter mon quotidien aussi
03:11 et moi me confronter à des situations qui pourraient amplifier ces symptômes-là.
03:16 Comment on fait pour pallier à ces déséquilibres ?
03:22 On sait que quand on est très stressé et très fatigué,
03:27 ça peut causer des déséquilibres hormonaux, donc on va essayer d'agir là-dessus.
03:31 Bien évidemment, avoir un suivi par un ou une psychologue, voire psychiatre.
03:35 Et on se poserait également la question des hormones.
03:38 En fait, les hormones, donc les contraceptions hormonales,
03:41 ça ne va pas soigner la cause, donc parfois ça met un tapis sur le déséquilibre.
03:46 Mais par contre, ça peut juste permettre de rendre le quotidien plus agréable.
03:50 Mais ça, c'est une discussion qu'on a avec les patientes.
03:52 Et enfin, ça c'est pas moi en tant que sèche-femme qui le propose,
03:55 il y a certains médecins qui parfois proposent des antidépresseurs
03:59 juste pendant cette période du mois.
04:01 Au niveau de l'alimentation, bien évidemment, au plus c'est équilibré, au mieux c'est.
04:04 Mais également, on sait qu'avoir une alimentation riche en magnésium,
04:08 voire de ce supplémentaire magnésium, ça peut aider.
04:11 Également, parfois, c'est un manque de vitamine B6.
04:14 En l'occurrence, on sait que la vitamine B6, elle est hyper importante
04:17 pour la synthèse de la sérotonine.
04:19 Et vu que je parle d'alimentation, je pourrais conseiller à cette patiente
04:22 d'avoir un suivi par un ou une diététicienne.
04:25 J'y aime !
04:25 [Explosion]
04:27 Merci à tous !

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