Au lendemain de la réforme des retraites, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez se réjouit de la mobilisation massive et envisage la suite. Deux autres journées de grève sont attendues. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-01-fevrier-2023-9279947
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00:00 Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le secrétaire général de la CGT.
00:04 Questions et réactions au 01-45-24-7000 et sur l'application de France Inter.
00:10 Philippe Martinez, bonjour.
00:11 - Bonjour.
00:12 - Et bienvenue à notre micro "Questions simples" pour commencer.
00:15 Il y a donc eu hier dans les rues de France pour la deuxième journée de mobilisation
00:19 contre la réforme des retraites, 1,3 millions de personnes selon la police, 2,5 millions
00:24 selon les syndicats.
00:25 En même temps, on notait une baisse du nombre de grévistes dans plusieurs secteurs comme
00:30 l'éducation nationale ou à la SNCF.
00:33 Alors donc cette question simple, quel enseignement tirez-vous de la journée d'hier ?
00:37 - Le premier, c'est que la mobilisation est toujours plus forte.
00:42 Et puis, vous l'avez souvent signalé, elle est étendue sur l'ensemble du territoire.
00:47 Je regardais 248 lieux de manifestation, de rassemblements.
00:52 Mes copains me disaient dans un village de 600 personnes, 107 manifestants.
00:57 Ce qui montre que ce n'est pas un problème, c'est un problème général.
01:00 Ça, c'est la première chose.
01:01 La deuxième chose, c'est qu'évidemment, mais on l'avait dit, il y a apparemment un
01:08 taux de grévistes qui s'est un peu affaibli dans certains secteurs, ceux qui sont en général.
01:12 Mais il y a beaucoup plus de grévistes dans le secteur privé.
01:15 Par exemple, dans des entreprises comme Airbus, Thales, j'ai vu que les chiffres de grévistes
01:19 avaient augmenté.
01:20 - Et dans le secteur public, juste sur ce, est-ce que vous êtes déçu que le nombre
01:24 de grévistes baisse dans le secteur public, dans l'éducation nationale, notamment, dans
01:28 les transports également ? Est-ce que vous avez une explication ? Est-ce que vous êtes
01:31 déçu ?
01:32 - Les explications, on les connaît.
01:34 Il y a un problème de pouvoir d'achat.
01:37 Et vous savez que chez les fonctionnaires, 59 minutes de grève, c'est une journée en
01:43 moins.
01:44 Donc, deux jours de grève, c'est deux jours de moins.
01:47 Ça, c'est la première chose.
01:49 Je pense aussi que les enseignants, je suis convaincu, pensent aussi à leurs élèves.
01:54 Et donc, c'est important de le souligner.
01:57 Après, la détermination, elle est toujours aussi importante.
02:00 Et il y avait beaucoup de primo-manifestants.
02:03 C'est important.
02:05 J'ai croisé une intérimaire qui venait sur son temps de repos.
02:10 Parce que quand on est intérimaire, c'est difficile de faire grève.
02:13 Voilà, c'est une mobilisation qui s'amplifie et qui s'élargit.
02:17 Vous appelez à deux nouvelles journées de mobilisation.
02:21 La première le mardi 7 février.
02:22 La seconde le samedi 11.
02:24 Pour mardi prochain se pose donc clairement la question du coût de la grève pour ceux
02:29 qui la font.
02:30 Est-ce que vous redoutez, vous avez vous-même souligné à l'instant la question du coût,
02:35 est-ce que vous redoutez un essoufflement du mouvement ces journées-là où il faut
02:42 faire grève et donc en payer le prix ?
02:44 On essaye avec l'ensemble de mes collègues et l'ensemble des organisations syndicales
02:48 de permettre au maximum de salariés, de citoyens, de jeunes de participer.
02:54 Et donc, c'est pour ça que la question du samedi a été posée depuis très longtemps.
02:58 On entend les réflexions de gens qui nous disent pourquoi le samedi ça nous arrangerait
03:03 mieux, on peut venir en famille, etc.
03:05 Donc c'est ce qu'on essaye de faire.
03:06 Mais effectivement, en plus comme vous le savez on est le 1er février, l'électricité
03:15 augmente, les péages augmentent.
03:17 15%, 5%.
03:18 Exactement.
03:19 C'est la mise en application de la deuxième phase de la réforme de l'assurance chômage
03:24 qui va de nouveau pénaliser encore plus les chômeurs.
03:26 Tout ça, ça pèse.
03:27 Pour vous, les gens qui étaient dans la rue hier, c'est uniquement contre la réforme
03:32 des retraites ou c'est une colère qui est plus large ?
03:34 C'est une colère qui est plus large.
03:35 Parce que ceux qui sont touchés par la réforme de l'assurance chômage sont mobilisés depuis
03:42 longtemps.
03:43 La question des salaires est présente depuis longtemps, y compris dans les mobilisations.
03:48 Il y a eu des grèves d'ailleurs là-dessus.
03:49 Donc c'est un tout.
03:50 Mais là, la retraite, ça touche tout le monde.
03:52 Et tout le monde se sent concerné.
03:53 C'est ce qui rassemble un peu tout le monde.
03:55 La journée de mobilisation de samedi prochain, en 10 jours, c'est le premier jour de vacances
04:01 de la zone A.
04:02 Ça risque de perturber les départs en vacances des Français ?
04:06 Ça risque peut-être de changer les lieux de manifestation pour ceux qui sont en vacances.
04:12 Ceux qui vont partir en vacances pourront aller manifester sur leur lieu de vacances.
04:15 Est-ce qu'ils pourront prendre le train pour aller en vacances ?
04:17 Pour l'instant, de ce que j'ai vu et lu, il y a des journées d'action annoncées
04:24 à la SNCF le 7 et le 8.
04:27 Donc ils pourront prendre le train.
04:29 Les grèves reconductibles, vous y allez pour les cheminots, pour les...
04:33 Dans l'énergie, on y va ?
04:36 Écoutez, c'est même...
04:37 J'ai même...
04:38 Je pense même que c'est la première ministre et le président de la République qui nous
04:41 incitent à y aller.
04:43 Encore plus.
04:44 Ben oui.
04:45 Encore ?
04:46 Plus le nombre de manifestants augmente, plus ils disent "oui bon d'accord, il y a
04:49 du monde dans la rue, mais ça nous fera pas changer de cap".
04:52 Et donc c'est eux qui jouent le rapport de force, le bras de fer.
04:57 Elisabeth Borne a réagi hier, Philippe Martinez, elle prend acte des interrogations et des
05:03 doutes suscités par la réforme des retraites et elle dit "nous les entendons".
05:07 Si elle explique plus, si elle vous dit "revenez à la table des négociations", vous y retournez ?
05:12 Mais pour quoi faire ?
05:14 Et pour discuter de quoi ? On a beaucoup discuté, tout le monde le sait.
05:19 Elle a même dit "les 64 ans c'est plus négociable".
05:23 Ça n'a jamais été négociable.
05:25 Jamais.
05:26 Mais les propositions, elle les connaît, les propositions de l'ensemble des organisations.
05:29 Ils sont passés de 65 à 64 tout de même.
05:31 Les 64 ans.
05:32 Oui, oui, non, j'entends, mais à l'origine ça devait être 65.
05:36 Elle a dit "les 64 ans ça n'est pas négociable, c'est sur la table, comme vous dites, depuis
05:41 un petit moment".
05:42 Donc ça n'a jamais été négociable.
05:44 Mais les propositions des organisations syndicales, dont certaines se rejoignent, elles n'ont
05:49 jamais été étudiées.
05:50 Alors là, permettez-moi l'expression, il rame un peu pour essayer d'expliquer,
05:55 mais le discours a aussi changé.
05:57 On est passé d'une présentation d'une réforme de justice sociale, de progrès social,
06:03 à une réforme indispensable.
06:04 Parce qu'on ne peut pas faire autrement.
06:06 Parce qu'il faut sauver le système par épartition, c'est ce qu'ils disent aujourd'hui.
06:09 Oui, ça c'est un élément de langage.
06:12 Et vous n'y croyez pas ? Vous n'y croyez pas ? Vous pensez qu'il ne faut rien faire ?
06:15 Non, non, nous on pense qu'il faut faire quelque chose.
06:17 Il faut améliorer le système actuel.
06:19 On est d'accord.
06:20 Ce n'est pas en faisant travailler les gens plus longtemps, notamment pour les métiers pénibles.
06:25 Il y en a beaucoup, je pense par exemple des camarades qui m'ont interpellé, là aussi
06:31 dans la manifestation, les manutentionnaires des plateformes logistiques qui font des métiers pénibles.
06:39 Donc oui, il faut faire rentrer plus de cotisations.
06:42 Or, et j'ai encore entendu le ministre tout à l'heure, qui fait peur, et d'ailleurs
06:47 vous l'avez bien repris, qui fait peur en faisant l'amalgame entre impôts et cotisations sociales.
06:54 Vous voyez, c'est un langage trouble où on essaye de faire peur et on ne règle pas les problèmes.
06:58 Mais vous, vous voulez revenir à 60 ans sans baisse des pensions.
07:01 En augmentant les pensions même, vous voyez ?
07:03 Oui, oui, en augmentant même, pardon, effectivement, vous avez raison de me reprendre.
07:06 Comment vous financez ? Qui paye ?
07:08 Eh bien, les cotisations, ça s'appuie sur le travail.
07:13 Donc il faut que ceux qui tournent autour du travail, c'est-à-dire les travailleurs,
07:18 les travailleuses, par exemple, une augmentation de salaire de 1%, c'est plus d'un milliard
07:24 de recettes de cotisations, vous voyez ? Dans le privé, rien que dans le privé.
07:27 Par exemple.
07:28 Donc qui paye, les entreprises ? C'est ça votre réponse ?
07:30 Les entreprises, pour l'instant, dans cette réforme, elles ne payent rien.
07:33 Rien.
07:34 Oui, oui, on lui a fait remarquer à Gabriel Attal.
07:36 Vous avez raison.
07:37 Vous avez entendu ce qu'il a répondu.
07:38 Il a répondu, dans le cas d'une augmentation de cotisations, ce que veut la gauche notamment,
07:42 ce serait de demander aux boulangers d'augmenter de 700 euros par mois.
07:46 C'est ça qu'il dit.
07:47 On ne parle pas des boulangers.
07:48 On parle de faire, par exemple, le point sur l'utilité des exonérations de cotisations
07:53 sociales dans les grands groupes.
07:55 Les grands groupes se portent bien.
07:57 Moi, je fais la différence entre le boulanger et LVMH.
08:01 Les actionnaires se portent très bien.
08:04 On va abattre leur corps en 2022.
08:06 Il y a des efforts à demander à ces grandes entreprises sur l'utilisation des exonérations
08:15 de cotisations sociales.
08:16 On devrait demander une contribution aux actionnaires.
08:19 Ils ne payent pas de cotisations sociales.
08:21 Après, il y a la question de la fiscalité qui est autre chose.
08:25 Et vous avez entendu la réponse de Gabriel Attal qui vous dit que c'est le pays le plus
08:28 imposé au monde et qu'on ne va pas demander encore plus, qu'il y a eu un record en 2022
08:33 de l'impôt sur les sociétés.
08:35 Il vous répond ça.
08:36 Et les pauvres entreprises du CAC 40 viennent de péter les scores, comme on dit, sur les
08:42 dividendes versés aux actionnaires.
08:44 Ça, il a oublié de vous le dire.
08:45 Philippe Martinez, les journées de mobilisation vont s'enchaîner.
08:50 Le gouvernement, lui, peut s'appuyer sur un précédent historique, c'est celui de
08:54 la réforme VEURT de 2010.
08:55 Il y avait eu 14 journées de mobilisation entre mars et novembre 2010, qui avaient réuni
09:00 des millions de personnes, évidemment.
09:02 Et à la fin, la réforme des retraites était passée.
09:04 Comment comptez-vous déjouer ce scénario ?
09:06 Premièrement, la mobilisation démarre plus fort qu'en 2010.
09:11 Je pense qu'il y a une plus grande sensibilité autour des retraites, mais au-delà.
09:15 La situation n'est pas la même qu'en 2010.
09:17 Ça, c'est la première chose.
09:18 La deuxième chose, c'est qu'effectivement, on tire les leçons de 2010 et je vous en
09:23 ai parlé, il y a besoin de réfléchir sur la notion de grève et de grève reconductible.
09:28 Mais ce n'est pas Martinez ni Berger qui décident, c'est les salariés.
09:32 La CFDT est contre.
09:34 Au niveau national.
09:36 Après, il y a dans les équipes syndicales, ça discute.
09:40 C'est ça l'information de ce matin, vous êtes favorable, vous, à des grèves reconductibles.
09:45 Ce n'est pas une information de ce matin, je l'ai toujours dit.
09:47 Oui, mais jusqu'à maintenant, pour l'instant, il n'y avait pas de grève reconductible.
09:52 Là, on y va.
09:53 Je vous dis que le gouvernement, à force de minimiser le mécontentement, il va falloir
10:00 passer à la vitesse supérieure.
10:02 Et puis la grande différence avec 2010, c'est qu'en 2010, le président de la République
10:07 avait une majorité absolue au Parlement.
10:09 C'est une grande différence.
10:11 C'est une grande différence.
10:12 C'est-à-dire que vous espérez que…
10:15 Non, je fais un constat.
10:16 Et puis, cette mobilisation qui s'étend sur tout le territoire, les élus du peuple
10:23 doivent rendre les comptes au peuple.
10:24 Et ils sont interpellés par leurs concitoyens, y compris ceux qu'on votait pour.
10:30 Qu'est-ce que vous dites à ceux de la majorité ou ceux de droite qui hésitent à voter la
10:33 réforme ?
10:34 Moi, je le dis à tous les élus.
10:37 Vous êtes élus par le peuple.
10:38 Ce n'est pas une fois qu'ils sont élus qu'ils disent « pendant 5 ans, je fais
10:42 ce que je veux ». Il faut aussi…
10:43 La démocratie, elle n'est pas tous les 5 ans, la démocratie.
10:47 Elle est au quotidien.
10:48 Et quand il y a un tel mécontentement, enfin les sondages d'opinion le montrent, il faut
10:52 réfléchir, il faut écouter.
10:53 C'est ça la démocratie.
10:55 Allez, on va passer au Standard d'Inter où nous attend Alexandre.
10:58 Bonjour, bienvenue.
10:59 Oui, bonjour.
11:00 On vous écoute.
11:01 Oui, j'ai une question pour Yves-Martinez.
11:02 En fait, ce qui m'interpelle, c'est que tous les pays de l'OCDE et les pays de
11:08 l'UE en particulier ont fait le choix de reculer l'âge de départ dans la recrète.
11:13 Alors j'aimerais que Yves-Martinez m'explique comment il fait de vie.
11:17 Moi, je trouve qu'il y a quand même…
11:19 Enfin, ça, ce qui m'interpelle, c'est que, en fait, l'une et l'autre, on ne peut
11:25 pas faire autrement et nous, on aurait trouvé la pierre philosophale.
11:29 Je trouve qu'il y a une certaine, je ne vais pas dire naïveté, ou peut-être même
11:34 centaine de prétentions françaises à vouloir trouver une solution originale que les autres
11:38 n'ont pas trouvé.
11:39 Merci.
11:40 Dites-moi, Alexandre, allez-y.
11:42 Oui, après, la deuxième question, c'est comment on fait avec un actif, un, j'ai
11:46 que cinq actifs pour avoir retraité.
11:48 On finance des retraites qui vont durer de plus en plus longtemps.
11:51 On va avoir certainement, à l'église, l'amélioration de l'espérance de vie des retraités qui
11:57 vont avoir des retraites de 40, 40, 45 ans.
12:00 Comment on fera pour financer ça ?
12:02 Oui, bien compris.
12:03 Merci, Alexandre, pour les deux points.
12:05 Le premier était sur la comparaison entre la France et d'autres pays européens.
12:10 Argument qu'a pris Emmanuel Macron lundi soir en jugeant la réforme indispensable
12:15 quand on se compare en Europe.
12:17 Sur ce premier point, déjà.
12:18 Alexandre ne le sait peut-être pas, mais Emmanuel Macron le sait sûrement.
12:22 Il n'y a aucun système en Europe qui se ressemble.
12:25 Premièrement.
12:26 Donc l'histoire des modes de financement de la protection sociale sont différents.
12:30 Ça, c'est la première chose.
12:32 La deuxième chose, c'est que moi, je discute avec mes homologues européens et vous avez
12:37 certainement noté que la Confédération européenne des syndicats, c'est-à-dire
12:40 la Confédération qui rassemble tous les syndicats en Europe, soutient massivement
12:45 les mobilisations en France et on reçoit des courriers de soutien de l'ensemble des pays européens.
12:50 Tous les systèmes sont différents, vous avez raison.
12:52 Ils ne sont pas comparables.
12:53 Mais il y a un âge de départ pour tout le monde et cet âge de départ, il est à 65,
12:58 67 ans, ailleurs.
12:59 Parce que les systèmes sont différents.
13:01 D'ailleurs, on avait eu le débat il y a deux ans.
13:03 Il y a des systèmes en Europe qui prévoient que selon la conjoncture, l'âge peut augmenter, etc.
13:09 Il y a des systèmes par capitalisation.
13:12 C'est complètement différent.
13:14 Et puis, après, il faut aussi regarder...
13:17 D'ailleurs, on entend certains députés de droite dire clairement, posons la question
13:21 de la retraite par capitalisation, en tout cas d'une partie de retraite par capitalisation
13:24 sur la table.
13:25 Ce n'est pas nouveau.
13:26 Non, non, ce n'est pas nouveau, ça fait 15 ans.
13:28 Déjà en 2010, peut-être même en 1995.
13:30 Donc voilà, les systèmes ne sont pas comparables.
13:32 Ce qu'il faut regarder aussi, c'est les atouts de notre système.
13:35 Pourquoi en France, on a le plus faible taux de pauvreté des retraités ?
13:40 C'est parce qu'on a un système solidaire et je pense que c'est important.
13:43 Donc les éléments de comparaison, faisons attention.
13:45 Il faut mettre à contribution les retraités aisés ?
13:48 Non, non.
13:49 Il faut mettre à contribution les revenus du capital par le biais, par exemple, des
13:56 cotisations sociales sur les dividendes versés aux actionnaires.
14:00 Mais il y a des tas d'éléments de rémunération qui pourraient aussi être assujettis aux
14:04 cotisations sociales, l'intéressement, etc.
14:06 Mais vous comprenez que vous changez le système totalement.
14:08 Je veux dire, si vous faites payer les cotisations sociales, si vous financez le système d'or
14:13 aujourd'hui, c'est moi actif qui paye pour les retraités.
14:16 Si vous faites payer Bernard Arnault, c'est autre chose.
14:19 Ça peut se défendre, mais c'est autre chose.
14:21 On n'est plus dans la répartition.
14:23 Lui, il faudrait qu'il paye proportionnellement autant d'impôts que nous.
14:26 Ça, c'est de la fiscalité.
14:28 Il y a des ressources du travail que sont les dividendes versés aux actionnaires qui
14:35 sont non assujettis aux cotisations sociales.
14:38 C'est le fruit du travail, ce qui est versé aux actionnaires.
14:40 Vous voyez la nuance ? Je voudrais répondre à la deuxième question.
14:44 Oui, il y a besoin de regarder ces questions entre relations actives-retraités.
14:51 Mais il faut aussi regarder qu'il y a encore des chômeurs dans ce pays.
14:57 Il y a beaucoup de femmes qui sont à temps partiel subies.
15:01 Il y a encore des inégalités très importantes entre les femmes et les hommes.
15:06 D'ailleurs, ça augmente les écarts de pension entre les femmes et les hommes.
15:12 C'est un vrai sujet.
15:13 Donc vous voyez, il y a encore plein de ressources de cotisations sociales à récupérer pour
15:19 financer notre système solidaire.
15:21 La parole à Charles au Standard Inter.
15:23 Charles, vous nous appelez, d'Aubervilliers.
15:25 Soyez le bienvenu à l'antenne.
15:27 Bonjour, Mathieu.
15:29 Bonjour à toutes et à tous.
15:31 Je pense que les journées de grève pèsent de plus en plus sur les salariés, en tout
15:36 cas financièrement.
15:37 Pensez-vous qu'il est temps ou qu'il est possible d'inventer une nouvelle forme de
15:41 manifestation ? Je pense par exemple à appeler les citoyens à ne pas consommer le temps
15:46 d'une journée.
15:47 Merci Charles pour cette question.
15:49 Sur les autres modalités de contestation, Philippe Martinez.
15:52 Il y a des tas de personnes qui réfléchissent sur différentes formes d'actions.
15:58 La question que pose Charles, si je comprends bien, c'est un peu boycott de produits.
16:04 Quand on boycotte quelque chose, il y a forcément des conséquences sur d'autres travailleurs.
16:08 Et donc il faut réfléchir.
16:10 Il ne faudrait pas qu'on s'oppose entre nous.
16:12 Mais je vois par exemple la pétition intersyndicale qui permet à des salariés en difficulté
16:18 financière, je crois qu'on approche les 900 000 signatures.
16:21 C'est aussi un élément du rapport de force.
16:24 Mais la grève reste aussi un moyen de pression très important.
16:27 Philippe Martinez, si la réforme suscite un rejet massif de l'opinion, ça c'est clair.
16:32 En revanche, il y a un point qui suscite une allésion massive également, c'est la suppression
16:36 des régimes spéciaux qui a été votée en commission.
16:38 7 Français sur 10 y sont favorables.
16:40 Qu'est-ce que vous leur dites ce matin ?
16:42 Je pense qu'il faut qu'on explique ce que c'est qu'un régime spécial.
16:46 C'est lié à une histoire et c'est lié aussi à des conditions de travail particulières.
16:53 Et donc plutôt que de supprimer des régimes dits spéciaux, il faudrait que tous ceux
16:58 qui font le même type de travail puissent bénéficier par exemple de départs anticipés.
17:03 Et puis je constate aussi que...
17:05 Oui mais les Français veulent la suppression.
17:07 Vous me faites une réponse, le gouvernement dit pareil.
17:11 Quand ça ne marche pas, il dit c'est un problème d'explication.
17:13 Vous dites qu'ils sont contre les régimes spéciaux.
17:16 Faut faire de la pédagogie.
17:18 Non, non, je n'ai pas dit ça.
17:19 Nous on en fait beaucoup d'ailleurs.
17:20 C'est pour ça qu'il y a 90% des actifs qui considèrent que cette réforme est mauvaise.
17:23 Notre pédagogie elle est très bonne.
17:25 Par contre, je vous le redis, il y a besoin de casser des clichés.
17:33 D'ailleurs, si ces métiers-là étaient des métiers privilégiés, est-ce qu'on aurait
17:38 des problèmes de recrutement à la SNCF et à la RATP ?
17:41 Avec les privilèges, les régimes spéciaux.
17:43 Ça c'est une question qu'il faudrait se poser.
17:45 Charles vous pose la question sur l'appli de France Inter.
17:48 Les grands groupes vont partir ailleurs.
17:50 Ça c'est le coup qu'on nous fait à chaque fois.
17:53 À chaque fois ils vont partir ailleurs.
17:56 Pour l'instant, je vois qu'il y a des groupes qui viennent en France parce qu'ils sont
18:01 beaucoup aidés.
18:02 Le niveau de productivité en France est un des meilleurs du monde.
18:06 Et puis les services publics, même s'ils sont beaucoup attaqués, sont quand même un atout.
18:12 Vous savez, je travaille dans une multinationale.
18:14 J'ai vu arriver des collègues japonais qui ont découvert les écoles publiques en France,
18:21 les comités d'entreprise, les services publics.
18:24 Ils avaient du mal à retourner au Japon après leur mission.
18:27 C'est renault quand les collègues de Nissan sont arrivés.
18:29 Exactement.
18:30 Fabienne est au Standard.
18:32 Vous nous appelez Fabienne de Marseille.
18:35 Bonjour et bienvenue.
18:36 Oui, bonjour à tout le monde.
18:38 Écoutez, moi je vous appelle parce que j'ai fait toutes les manifs.
18:43 Et nous, dans les manifs, on se dit mais pourquoi, pourquoi on ne dit plus grève générale ?
18:51 Est-ce que c'est un mot tabou chez les syndicats ?
18:54 Merci Fabienne pour cette question.
18:57 Alors effectivement, souvent Laurent Berger à qui on pose la question répond qu'il ne croit pas à ce mot ou à ce concept.
19:04 Et vous Philippe Martinez, grève générale ?
19:06 Moi je crois à la grève, aux grèves reconductibles.
19:09 Après, grève générale, je ne sais pas si Fabienne est prête, ou en tout cas dans son établissement, dans son entreprise, à voter la grève reconductible.
19:17 C'est ça qu'il faut se poser comme question.
19:19 Parce que quand on parle de grève générale, trop souvent on regarde quelques métiers faire grève.
19:25 Et puis on se contente parfois de verser à des collectes ou des caisses de solidarité.
19:32 Il faut qu'il y ait des grèves partout.
19:34 Si Fabienne veut appeler ça grève générale, je n'ai pas de problème, mais il faut généraliser les grèves.
19:40 Je pense que c'est plus juste.
19:41 Est-ce qu'il y a des points à sauver dans le texte du gouvernement, où tout est à jeter à vos yeux, Philippe Martinez ?
19:47 Je l'ai cité, il y a des points, d'ailleurs c'est nous qui l'avons porté.
19:51 Etuc ?
19:52 Voilà, exactement. Ce qu'on appelait les petits boulots, vous savez.
19:56 Les travaux d'utilité collective.
19:57 Il y en a eu d'autres derrière.
19:59 C'était des jeunes en général.
20:01 Ça, évidemment, on l'a porté et ça fait partie des choses qui doivent être prises en compte.
20:08 Et qui sont prises en compte dans le texte.
20:10 Vous voyez que les syndicats ont fait des propositions et les ont mises sur la table.
20:14 Mais il faudrait se poser la question aussi des étudiants.
20:18 Parce que maintenant, on démarre dans la vie active, comme on dit, à 25-26 ans.
20:23 Vous additionnez 43 ans.
20:26 Et vous voyez comment on fait que les périodes d'études supérieures, par exemple, soient considérées comme assimilées.
20:32 Pas cotisées, mais assimilées.
20:34 Voilà des propositions que nous avons mises sur la table.
20:36 Celles-là n'ont pas été reprises.
20:38 Philippe Martinez, à l'autre bout du spectre, la réforme prévoit pour les entreprises de plus de 300 salariés,
20:44 la création d'un index senior avec des sanctions en cas de non-publication jusqu'à 1% de la masse salariale.
20:52 Est-ce que ça peut améliorer le réel problème du taux d'emploi des seniors en France ?
20:58 Écoutez, il y a des index. C'est comme ça. On vous monte du doigt.
21:02 Mais s'il n'y a pas de sanctions...
21:06 Vous êtes pour des sanctions, c'est ça ?
21:08 Il y a un index sur l'égalité.
21:10 Ce serait quoi les sanctions qu'il faudrait faire ?
21:12 Premièrement, pénaliser les entreprises qui font des plans de licenciement déguisés pour virer les seniors.
21:18 Moi, je crois que je vous l'ai déjà dit.
21:21 Je vais donner des exemples de grands groupes. Le mien, par exemple, où tous les ans, on vire...
21:25 Ça s'appelle un plan de départ volontaire.
21:27 Mais on vire 2000 personnes qui, avant l'âge légal de la retraite, c'est des cotisations en moins, c'est des chômeurs en plus.
21:35 On nous dit "vous inquiétez pas, vous serez exonérés de recherche active d'emploi".
21:39 On les connaît. Moi, j'ai donné des exemples à la Première Ministre.
21:42 Il n'y a pas besoin de faire un index. Il faut aller voir ces groupes-là et leur dire "c'est plus possible".
21:47 Vous voulez interdire aux entreprises de licencier les seniors, c'est ça ?
21:50 Interdire, oui. Ou en tout cas les sanctionner.
21:54 On ne peut pas se plaindre du taux d'activité des seniors et fermer les yeux sur ce genre de situation.
21:59 Par contre, je pense que ça pose un autre problème.
22:01 C'est la question du rapport au travail.
22:03 Parce que oui, je fais le constat, moi dans mon entreprise,
22:07 les salariés en ont tellement marre de faire du boulot qu'ils ne considèrent pas utile ou qu'on ne prend pas assez en compte
22:14 que quand il y a un plan de départ volontaire, ils partent.
22:17 Il y a même des problèmes dans les entreprises. Il y a tellement de volontaires que parfois il y a des métiers essentiels,
22:22 des métiers en tension, où on laisse partir et après on est obligé de rappeler les retraités pour faire le boulot.
22:29 À l'instant, Marine Le Pen sur France Info déclare qu'elle met les syndicats dans le même panier.
22:34 Ils défendent leurs propres intérêts, pas celui des Français.
22:37 Qu'est-ce que je voulais vous dire ?
22:42 Qu'est-ce que je voulais vous répondre ?
22:45 Ça approuve la nature encore plus du Rassemblement National.
22:49 Les mobilisations et comment on bloque la réforme des retraites, ce n'est pas leur problème.
22:55 Eux, ce qu'ils veulent, c'est leur petite place.
22:58 Ce sont vos derniers mois, Philippe Martinez à la tête de la CGT.
23:03 Vous êtes secrétaire général depuis 2015.
23:06 Vous allez passer la main fin mars.
23:08 Vous avez une successeur désignée, Marie Buisson.
23:10 - Proposée. - Ah pardon, proposée.
23:12 On lit dans la presse qu'elle serait contestée, qu'un voire plusieurs candidats pourraient se lancer dans la course.
23:18 Est-ce que vous êtes favorable à ce qu'elle vous succède, Marie Buisson ?
23:22 Vous déploriez dans le monde début janvier la persistance à la CGT d'une culture misogyne.
23:28 En fait, elle l'effraie.
23:30 - Oui, oui, je pense que le congrès de la CGT, c'est l'occasion de parler des orientations.
23:35 Est-ce que la CGT s'ouvre plus au monde du travail tel qu'il est, y compris avec des choses qu'on contexte,
23:41 mais un monde du travail qui est différent, les précaires, les Uber.
23:44 Est-ce que la CGT, elle s'ouvre vers les associations, les ONG, parce que les questions climatiques, elles sont essentielles aujourd'hui.
23:50 Et puis, on ne peut pas dire que la CGT est un syndicat féministe.
23:55 Et puis, dès que des femmes veulent prendre les responsabilités,
23:58 il y a une partie de machos qui s'élèvent, qui sortent les banderoles pour dire
24:04 "oui, une femme, vous croyez que c'est le moment, etc."
24:06 Il faut que la CGT, elle soit en phase avec ce qu'elle dit et en phase avec son temps.
24:10 - Oui, d'ailleurs, on avait vu cette fameuse photo de vous tous, le Front Syndical Uni, très masculin.
24:16 - Oui, oui, tout le monde l'a remarqué. Vous voyez qu'il faut que ça change.
24:20 - Ça, c'est sûr. Ça ne va pas vous manquer ?
24:22 - De quoi ?
24:24 - De diriger la CGT, ça ne va pas vous manquer ?
24:26 - Il y a plein de choses à faire dans la vie.
24:28 Vous savez, moi je pense que 8 ans, c'est bien, c'est passionnant, ça fatigue de temps en temps.
24:36 Et puis, j'ai plein de choses à faire, mais je serai toujours dans les manifs et je serai toujours à la CGT.
24:41 - Et vous serez toujours dans les micros ? Devant les micros ?
24:43 - Ah non, quand on n'est plus secrétaire générale de la CGT, on ne représente que soi-même.
24:49 Je ne vois pas l'intérêt d'inviter quelqu'un qui ne représente que lui-même.
24:52 Invitez la secrétaire générale de la CGT, j'espère, et elle parlera pour la CGT.
24:57 - Ça ne va pas vous manquer, ça ?
24:59 - Pas du tout.
25:01 Ce n'est pas mon métier, contrairement à vous, de mettre devant un micro.
25:05 - On ne va pas vous manquer.
25:07 - Je vais vous enverrer des cartes postales, s'il vous plaît.
25:09 - C'est gentil. Merci Philippe Martinez d'avoir été au micro de France Inter ce matin.