CHAPRON, Françoise – Bouteille à la mer.

  • il y a 9 ans
La vieillesse cette folle aux doigts crochus
Berce maintenant mes angoisses nocturnes
Déposées là depuis la nuit des temps
Bouteille à la mer des choses indicibles
Les mots se perdent dans le fracas de l’océan.
Mots éparpillés comme des embruns,
Qui s’évaporent dans l’infini
Puis reviennent , en pluie douce et fine
Chuchoter les secrets de l’insondable ,
Murmurer les mystères de l’absolu.
Entendez-vous bruire le vide ?
Est-ce l’éternité qui cogne à la porte ?
La vie, cette danseuse de corde lisse
Funambule agrippée à son balancier
Et qui sait que tôt ou tard
À la fin d’une valse macabre
La mort défera le canevas
coupera le fil, et qu’il ne restera rien
d’un amour qui finit sa course
Dans le ravin sombre du silence
Les mots se gèlent au fond de mon âme
Et mon cœur est glacé comme marbre
Le néant peut-il s’anéantir rien qu’un instant ?
Tiens, offre-moi donc un verre de « la fée verte »
L’absinthe nous distillera son venimeux oubli
Avant de sombrer, accrochons-nous fort l’un l’autre
Viens, n’aie pas peur de plonger, je te retiens !
© Françoise Chapron

Illustration : Femme fatiguée, ivre (1902)
de Pablo Picasso.

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