Maman, j'ai arrêté l'avion - L'appel de la forêt
Nos forêts peinent à assurer leur mission première : stocker du carbone, dégager de l'oxygène et être un refuge à la biodiversité. Comment faire pour préserver ces écosystèmes qui régulent le climat, si la forêt est d'abord et avant tout envisagée comme un enjeu industriel et économique ?
Pour répondre à ces questions, Daphné Roulier, en collaboration avec Raphaël Hitier reçoit :
- Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes de l'association Canopée Fôrets Vivantes,
- Tammouz Helou, secrétaire général de l'UCFF - Union de la Coopération Forestière Française,
- Brigitte Musch, coordinatrice nationale des ressources génétiques forestières à l'ONF.
"Maman j'ai arrêté l'avion" est un magazine sur la transition écologique présenté par Daphné Roulier.
Chaque mois, Daphné Roulier aborde un thème lié à l'actualité suivi d'un débat avec ses invités.
Ensemble ils se posent des questions concrètes et politiques quant à la transition écologique que nous devons tous mener.
Comment agir ? Comment s'organiser collectivement ? Quelles solutions sont à notre portée ? Quelles sont les fausses pistes à éviter ? Comment réduire notre empreinte carbone dans un monde en bascule ?
L'émission est construite autour de reportages tournés sur le terrain ("Le tout oppose" et "Le monde de demain") et d'interviews de politiques et d'experts en plateau menées par Daphné Roulier. Avec à ses côtés Raphaël Hitier, docteur en neuroscience et réalisateur de documentaires scientifiques, qui décrypte les données avec son "Climatoscope". Enfin, "Carte verte" pour la militante écologiste Camille Etienne, qui participe également à l'émission sous une forme artistique et percutante.
Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5
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#LCP #ecologie
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Comment agir ? Comment s'organiser collectivement ? Quelles solutions sont à notre portée ? Quelles sont les fausses pistes à éviter ? Comment réduire notre empreinte carbone dans un monde en bascule ?
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NewsTranscription
00:00Les arbres, c'est le temps devenu visible, disait Paul Valéry.
00:03Aujourd'hui, ce temps est de plus en plus menacé face au dérèglement climatique.
00:06Nos forêts sont en première ligne.
00:08Sécheresse, méga-feux, parasites, maladies, maladaptation ou encore gestion intensive.
00:13Elles sont de moins en moins capables de jouer leur rôle.
00:16Un rôle pourtant essentiel, Raphaël.
00:18Oui, en France métropolitaine, les arbres poussent de moins en moins vite
00:22et leur mortalité a grimpé brutalement de 80% par les dix dernières années
00:27en cause des maladies et la hausse des températures.
00:29Le phénomène est tel que les forêts peinent de plus en plus à absorber le CO2
00:33que nous émettons dans certaines régions.
00:35Corse et Grand Est notamment, la forêt est même devenue émettrice de carbone.
00:40Alors la forêt est-elle capable de fournir tout ce que l'on attend d'elle
00:43si elle peine déjà à assurer sa mission première,
00:46stocker du carbone, dégager l'oxygène et être un refuge à la biodiversité ?
00:50Comment faire pour préserver ces écosystèmes qui régulent le climat
00:54si la forêt est d'abord et avant tout envisagée comme un enjeu industriel et économique ?
00:58Concrètement, planter un milliard d'arbres d'ici à 2030 comme le souhaite le chef de l'État,
01:03est-ce vraiment la solution ?
01:05C'est ce que nous allons tenter de déboursailler avec nos invités.
01:09Maman, j'ai arrêté l'avion, c'est maintenant sur LCP évidemment.
01:28Pour en parler, j'accueille deux ingénieurs forestiers,
01:39Thamuz Elou, secrétaire général des coopératives forestières
01:42et Sylvain Angerand de l'association Canopée.
01:45Sur ce plateau également, Brigitte Much, en charge des ressources génétiques à l'ONF.
01:49Bienvenue à vous trois.
01:51Avant de vous laisser la parole, partons d'abord faire un tour en forêt,
01:53voir l'état de nos massifs et ce qu'il s'y passe,
01:55comme souvent quand les intérêts divergent, deux visions s'affrontent, le tout oppose.
02:00C'est un sujet d'Emma Guizot, Aibar Aibar.
02:09Dans le parc naturel régional du Morvan, en Bourgogne.
02:14C'est vraiment plus efficace avec le drone.
02:18Jean-Luc Pillard est photographe et vidéaste pour des associations environnementales.
02:23Ce jour-là, avec Philippe Canal, représentant syndical de l'Office national des forêts.
02:29Il va réaliser des images du paysage forestier.
02:33Vu du ciel, trois zones se distinguent très nettement.
02:37Ici, on a les plantations d'origine qui ont à peu près une quarantaine d'années.
02:40Donc là, on a vraiment la coupe rase sur une trentaine d'hectares.
02:44Et là, ici en bordure, et on voit bien que c'est vraiment grignoté par les plantations.
02:48On a la forêt d'origine, la forêt de Feuillus, hêtres, chaînes, etc.
02:52Boulots, constitutive un peu des massifs du Morvan à l'origine.
02:57En 50 ans, la forêt originelle dite Feuillus, riche en essences diverses,
03:02a perdu une grande partie de sa surface au profit des plantations de pins, des résineux.
03:07L'industrie du bois les fait pousser pour ensuite les couper quand ils sont jugés suffisamment grands.
03:12Comme sur ce terrain qui ressemble désormais à un champ de patates.
03:16Oui, il n'y a plus rien. Il n'y a plus rien. C'est vraiment impressionnant.
03:21Pour Philippe et Jean-Luc, ces coupes rases posent un problème majeur et pas seulement pour la région.
03:26Ils ont fait propre dans les techniques de l'agronomie.
03:30On pourrait même se demander si on ne s'apprête pas à planter du maïs ou refaire une prairie.
03:36Donc, quand le but est de dire que la forêt doit stocker un maximum de carbone pour la transition écologique.
03:44Là, c'est le contraire qui a été fait. En dessouchant, en déstructurant le sol,
03:49c'est du carbone qui est reparti dans l'atmosphère de manière massive.
03:53Le sol, c'est un peu comme une couche de millefeuille extrêmement fragile qui a aéré au-dessus, etc.
03:58C'est quelque chose de très, très, très sensible. Et dès qu'on y touche, à chaque fois, on l'appauvrit.
04:02Et au bout de 1, 2, 3, 4 fois, eh bien, il produit moins. Il ne joue plus son rôle.
04:08Et on est obligé, c'est là où souvent, on est obligé de rajouter des produits en plus pour favoriser un petit peu la pousse.
04:15C'est évidemment pas bon du tout.
04:19La forêt française est vitale. Elle séquestre le carbone, filtre l'eau et protège la biodiversité.
04:25Pour certains, elle est aussi une source de bois et d'énergie renouvelable.
04:29Mais son exploitation pose problème et fragilise un secteur déjà bien malmené par les sécheresses et le réchauffement climatique.
04:36Alors, la forêt est-elle un bien commun à protéger ou doit-elle être au service de l'homme?
04:43Deux visions s'opposent. Antoine Damécourt est président de France Ylva, la fédération des syndicats de forestiers privés de France.
04:51Et Nathalie Nollet est technicienne forestière et agricole au RAF, le Réseau pour les Alternatives Forestières.
04:59Le bois, aujourd'hui, il est partout dans la vie de l'homme. Et puis, c'est renouvelable, contrairement au béton où le gravier ne se renouvelle pas.
05:08Aujourd'hui, on demande à la forêt d'être un puits de carbone, de produire du bois pour le chauffage, pour la construction, pour tout.
05:15Et en plus, on la maltraite. Donc, à un moment donné, ça va coincer. C'est certain.
05:22Nous sommes à Charmois, toujours dans le Morvan. Cet engin sur la route est une abatteuse, un monstre de 25 tonnes.
05:30Des dizaines circulent dans la région tous les jours pour couper des arbres et produire du bois.
05:36Catherine Derivoire et Xavier Finou travaillent à la CFBL, une coopérative forestière de la région.
05:43Vu la météo, je crois qu'on va mettre des bottes. C'est vraiment l'outil essentiel.
05:48Je me permets de parcourir la parcelle sans être trop mouillé.
05:53Ce jour-là, ils se rendent sur une parcelle gérée par leur coopérative où sont coupés des doux glaces, des arbres résineux.
06:04Bonjour.
06:05Ça va bien ?
06:07On est essentiellement sur l'éclaircie.
06:11Oui, c'est essentiellement palette et trituration.
06:14Parce qu'on est dans une deuxième éclaircie où on enlève donc les bois les plus petits pour laisser les plus gros pousser.
06:25La machine est impressionnante. Avec sa pince géante, l'abatteuse arrache les arbres.
06:31Elle a un mètre du pied, le train en rond.
06:39Elle élague leurs branches et débite ensuite les troncs sur place.
06:51Tous les 10 ans environ, 15% des arbres sont sciés sur cette parcelle et vendus pour faire principalement du bois de construction.
07:00Après la seconde guerre mondiale, le Morvan, une région très pauvre, a misé sur les arbres pour s'enrichir.
07:06Des plantations de résineux qui représentent aujourd'hui plus de 60% du paysage forestier.
07:13Le doux glace en moyenne montagne est un arbre qui va en effet pousser beaucoup plus vite qu'un hêtre ou un chêne planté au même endroit.
07:21Cette opération d'élagage est un moyen supplémentaire pour accélérer la pousse.
07:26Là, vous pouvez voir des premiers arbres qui ont été récoltés.
07:30Vous voyez qu'ici, chaque année, en fait, l'arbre grossit d'une cerne.
07:34Et on voit très bien quand l'arbre s'est de nouveau retrouvé en concurrence avec ses arbres voisins.
07:39Les cernes se resserrent, les forestiers sont revenus éclaircir et nous sommes repartis sur un cycle.
07:45Les arbres les plus petits partent en premier, mais également ceux qui ne respectent pas les standards industriels.
07:52En revanche, celui-ci est mal conformé et qui ne répondra jamais aux enjeux de production de bois d'arbre.
08:01Cet arbre a été marqué car vous pouvez constater sa grande courbure au pied.
08:05Son diamètre est important. On aurait pu penser que c'était celui à privilégier parce qu'il avait en effet pris le dessus par rapport aux autres.
08:11Mais à l'avenir, lorsqu'il s'agira de faire une planche pour une utilisation finale du consommateur, ce ne sera pas possible.
08:20Contrairement à son voisin, qui va mieux pousser de par le fait que celui-ci va être prélevé.
08:26A la fin de la journée, il ne restera dans cette forêt plus que des arbres presque tous identiques.
08:32Pourquoi on gère la forêt ? C'est pour qu'elle réponde à nos besoins.
08:36Un arbre qui soit tordu, qui soit planché, qui soit tout ce qu'on veut, il rendra le même service à tout l'ensemble de la forêt que s'il était bien droit.
08:45Et que si dedans, on va pouvoir faire de très belles planches ou des meubles, etc.
08:49Quelques kilomètres plus loin, à Aligny en Morvan, 4-1-Xavier attaque leur deuxième mission.
08:57L'industrie forestière ne fait pas qu'entretenir les arbres. Elle en plante aussi.
09:01Ce jour-là, ils viennent vérifier que la végétation indésirable, comme les ronces et les fougères, ne perturbe pas leurs jeunes plants.
09:10Là, c'est un pin que nous avons planté il y a 3 ans. Et vous voyez, il a tout l'espace nécessaire pour se développer normalement.
09:18Donc sur cet endroit, il n'y a rien de particulier à prévoir.
09:22Sans leur intervention, ils sont convaincus que les jeunes plants ne survivraient pas, même ceux issus d'une régénération naturelle.
09:29La graine aurait certainement été se planter, mais sans doute, le plant n'aurait pas pu se développer.
09:35Nous aurions eu cet amas de ronces sur l'ensemble de la parcelle.
09:39Donc la fonction de production de bois aurait été nulle.
09:43La fonction de biodiversité aurait pu être respectée, mais finalement, on aurait eu une diversité tout de même un peu limitée.
09:50Et la fonction récréative sociale aurait été également nulle, parce que là, se promener dans un fond de ronces n'a guère d'intérêt.
09:58La forêt primaire, honnêtement, elle n'est pas très accueillante.
10:02Si on laisse tout faire, tout s'étouffe.
10:04On n'aurait pas les grandes forêts qu'on aime beaucoup aujourd'hui, comme les forêts d'Omanyal, qui sont celles qui ont le plus subi la main de l'homme.
10:11Quand on montre des photos de forêts, les gens préfèrent la grande futée, bien percée d'allées, que la forêt un peu broussie dans laquelle on ne sait pas par où rentrer.
10:22Je tiens quand même à rappeler que la forêt était là avant l'homme.
10:25Je ne sais pas si elle sera là après nous, mais en tout cas, elle était là avant nous.
10:28Si l'homme ne touchait pas à la forêt, elle aurait une toute autre tête, c'est à dire qu'il y aurait beaucoup plus de bois morts sur pied, au sol.
10:38Il y aurait beaucoup plus de mélange, mais elle se porterait d'un point de vue naturalité et d'un point de vue dynamique.
10:45Elle se porterait beaucoup mieux qu'avec les traitements qu'on lui fait subir en grande majorité aujourd'hui.
10:50Or, cette forêt naturelle perd du terrain chaque année.
10:54Les habitants du Morvan ont décidé de se mobiliser pour la préserver à Vauclay, dans un petit café restaurant.
11:01L'association Adrè Morvan lutte depuis des années contre les couperases.
11:10Ce jour là, quelques adhérents se réunissent pour discuter de leur forêt morvandelle, inquiète de la voir disparaître définitivement.
11:18En un quart d'heure, je vous emmène voir une couperase. Il y en a partout, partout, partout, partout.
11:23On est dans un secteur, un très, très beau secteur.
11:27Il y a plein de couperases. Aucun problème. Ils ont l'autorisation.
11:31Donc la mobilisation citoyenne, au bout d'un moment, il n'y a plus que ça, parce que toutes les autorisations sont données.
11:37Plus de 85% de la surface forestière du Morvan est privée.
11:41Les propriétaires peuvent décider de planter ce qu'ils veulent, mais aussi de couper tous les arbres sur les surfaces de moins de 4 hectares sans autorisation.
11:50Mais alors, si vous discutez avec les citoyens, alors oui, mais ils sont propriétaires.
11:54Donc, on ne peut pas faire grand chose. Et puis, ils ont les lois pour eux. Et puis, ils ont aussi le droit de faire ça parce qu'ils travaillent.
12:03L'association planche sur deux propositions de loi déposées à l'Assemblée nationale il y a quelques mois.
12:09Au cœur de leurs demandes, la redéfinition de ce qu'est vraiment la forêt.
12:13La forêt est forêt, parce que bien que tout au niveau légal soit considéré comme de la forêt, les grandes plantations de monoculture en randonnion, pour nous, c'est des champs d'arbres.
12:22Ça n'a rien à voir avec la forêt que l'on a, qui est vivante, avec un mélange d'essence, un mélange d'âge. Et on peut se promener avec de la biodiversité.
12:31C'est marrant qu'on arrive à comprendre pour la forêt amazonienne, parce qu'en fait, la population a l'air de comprendre les coupes rases, que c'est une catastrophe pour la forêt amazonienne.
12:40Et on n'arrive pas à le comprendre dans nos forêts françaises, alors que c'est la même chose.
12:45Le gouvernement a, lui, son propre plan pour faire revivre la forêt. Un projet présenté en octobre 2022 par Emmanuel Macron avec un objectif très ambitieux.
12:56Notre cap, c'est de pouvoir replanter un milliard d'arbres en 10 ans.
13:00Un milliard d'arbres, un chiffre fou qui permettrait de renouveler 10% de la forêt française. Mais ce n'est pourtant pas si simple.
13:09A Brassy, nous retrouvons Jean-Luc Pillard et Philippe Canal. Ils sont justement sur un site de reboisement subventionné.
13:18Le plan de relance.
13:20En fonction des dossiers, l'aide peut couvrir jusqu'à 80% du prix des plantations.
13:25Selon eux, certains forestiers profitent abusivement de ce financement.
13:29Un arbre planté est comptabilisé, même s'il meurt juste après.
13:34Montant de l'aide, 97 000 euros.
13:36On a des exemples de plantations effectuées dans le cadre du plan de relance qui ont été faites une fois, deux fois, trois fois.
13:43On replante à chaque fois la même chose. Et ça compte.
13:47On met 10 000 plants. Si on les refait, ça fait 20 000. Encore une fois, 30 000.
13:52Et à la fin, on aura peut-être le milliard d'arbres, mais ça part peut-être d'un bon sentiment.
13:57Mais l'application est vraiment très aléatoire.
14:02Et parmi ces nouveaux arbres subventionnés, aucune obligation ce qui concerne les choix d'essence.
14:07Résultat, les résineux sont encore une fois les grands favoris.
14:11C'est là où le bas blesse, c'est qu'on manque d'un certain nombre de contrôles.
14:15Les gens replantent, mais ils replantent la même chose souvent.
14:18Et en monoculture, en résineux, etc., etc.
14:22Pourtant, diversifier les essences est précieux pour préserver la forêt de certaines maladies et l'aider à lutter contre le réchauffement climatique.
14:30Juste à côté, à Saint-Martin-du-Puy, le drame a déjà commencé.
14:38Dans cette forêt d'épicéa, les arbres tombent les uns après les autres.
14:42Dévorés par les scolites, ces insectes ravageurs qui tuent les résineux.
14:4780% de la population d'épicéa a disparu de la forêt publique du Morvan ces cinq dernières années.
14:55Les adultes rentrent sous l'écorce après avoir fait des trous.
14:59C'est le mâle qui perce.
15:01Deux ou trois femelles rejoignent pour la reproduction.
15:04De larves qui, à leur tour, font des galeries.
15:07Et au printemps, les scolites adultes s'envolent pour aller attaquer d'autres arbres.
15:13Une attaque massive de ces insectes peut faire mourir une parcelle d'arbres entière en moins de six mois.
15:20À partir du moment où la circulation de la sève ne peut plus se faire, c'est comme nous, la circulation sanguine.
15:29C'est très rapide, c'est très brutal.
15:31C'est tous les arbres.
15:33Depuis 2015, le taux de mortalité des épicéas liés aux scolites a doublé, passant de 10 à 20%.
15:40Et cela risque de ne faire qu'augmenter, car la montée des températures accélère le cycle de vie des insectes.
15:48La reproduction commence plus tôt, finit plus tard.
15:51Et au lieu d'avoir deux générations en plaine et une en montagne, on est passé à trois, quatre en plaine et deux en montagne.
16:00La forêt, ce puits de carbone qui doit nous aider à lutter contre le réchauffement climatique, est en train d'en mourir.
16:06En moins de dix ans, ses capacités à stocker du CO2 ont été divisées par trois.
16:11Alors on le voit, nos forêts se meurent.
16:13A-t-on une idée, Brigitte Much, de la superficie des forêts menacées par le changement climatique d'ici à 2050 et d'ici la fin du siècle ?
16:20Alors donner un chiffre, c'est assez compliqué, parce que comme on l'a vu, finalement, c'est assez dépendant d'une part des espèces,
16:27d'autre part de l'endroit où vous vous trouvez.
16:31Grand Est, par exemple, très fortement menacé.
16:34La Bretagne, beaucoup moins.
16:36Parce que j'ai vu qu'à l'échelle nationale, deux à trois millions d'hectares risquent de disparaître d'ici à dix ans.
16:41Soit environ 15 % de couverts végétaux, vous confirmez ?
16:44Oui, on a en effet ce type de surface.
16:46Et si l'on regarde les taux de mortalité qui sont donnés par le DSF, le département santé des forêts,
16:55entre 2017 et 2022, on est bon an mal an à un million d'hectares.
17:02Alors effectivement, le taux de mortalité a doublé ces dix dernières années,
17:05et pour les épicéaires, on l'a vu, c'est carrément l'hécatombe.
17:08Le paradoxe, c'est qu'il n'y a jamais eu autant de surface forestière en France,
17:11mais ces nouveaux boisements sont-ils vraiment aptes à rendre les mêmes services écosystémiques qu'une forêt centenaire ?
17:18Alors justement, l'idée, c'est que cette expansion de la forêt, elle a doublé quasiment en deux siècles.
17:24Elle est principalement due à des accrus agricoles,
17:26donc des espaces qui ont été délaissés par l'agriculture et qui se sont ensauvagés avec de la forêt, des arbres.
17:33Il y a également des problèmes de reboisements importants, notamment en montagne,
17:36sur la restauration des terrains de montagne, qui permet de stabiliser les sols par rapport à l'érosion.
17:40Oui, mais est-ce que ces replantations peuvent rendre les mêmes services écosystémiques qu'une forêt centenaire ?
17:45Ces mêmes plantations, elles vont pouvoir apporter ce qu'on attend de la forêt,
17:50c'est-à-dire qu'on attend d'une forêt qu'elle soit vivante, qu'elle puisse fournir du bois dont la société a besoin,
17:55qu'elle puisse accueillir une faune spécifique.
17:57Moi, je parle en termes de biodiversité.
18:00Une faune spécifique et une flore spécifique, et également un usage récréatif.
18:04Et donc encore faut-il qu'elle soit entretenue, gérée et aménagée pour que des randonneurs puissent y promener.
18:09Brigitte Much, vous n'avez pas l'air d'être d'accord.
18:11Alors, juste un élément, en effet, toutes les espèces, si on prend des espèces d'insectes,
18:18les espèces d'insectes sont inféodées, par exemple à des vieux arbres,
18:22donc dans une plantation, ils ne vont pas les trouver.
18:25Par contre, vous aurez une végétation qui va pouvoir se trouver dans une plantation
18:31ou une régénération naturelle, donc un peuplement jeune que vous n'aurez pas dans un peuplement âgé.
18:38Mais ça, c'est logique, ce ne sera pas la même biodiversité.
18:42Ce ne sont pas les mêmes services rendus en fonction du temps.
18:46Mais pour être encore plus clair, les trois quarts de la biodiversité forestière,
18:50les espèces strictement liées aux forêts, en fait, on les trouve dans les stades âgés de la forêt.
18:54Et les stades âgés en France, vous pouvez les chercher.
18:57Vous parlez de forêts centenaires, il n'y en a pas beaucoup en France des forêts centenaires.
19:01D'après même les chiffres de l'IFN, donc l'Institut Forestier National,
19:04la moyenne d'âge des forêts en France, elle est de l'ordre de 65 ans,
19:07pour les raisons qui ont été données par Tammuz.
19:10C'est une forêt qui est essentiellement issue de la déprise agricole, donc jeune.
19:13C'est des forêts aussi qui ont été faites après la guerre,
19:16avec l'équivalent du milliard d'arbres qu'on a appelé à l'époque le Fonds Forestier National,
19:20et qui a amené à pas mal de problèmes, notamment ces fameuses épicéas.
19:24C'est-à-dire que quand on parle de dépérissement, en fait, on mélange des choses très différentes.
19:28Dans le Grand Est, on a planté massivement de l'épicéa, qui est un arbre de montagne, en pleine.
19:32Et aujourd'hui, il meurt.
19:34Mais ce n'est pas la faute du changement climatique, c'est juste un révélateur.
19:37Le scolite, il fait partie de l'écosystème.
19:39C'est juste un insecte qui vient lorsque la forêt est fragilisée,
19:42mais qui se propage beaucoup plus avec le dérèglement climatique.
19:45C'est un rôle de révélateur.
19:47Derrière, quand je dis ça, je veux faire attention.
19:50La mortalité, elle est réelle.
19:52Mais ce n'est pas pour autant qu'on peut prédire que la forêt va mourir.
19:56On parlait de modèles climatiques.
19:58Tout ce que les modèles climatiques peuvent dire,
20:00et le président de Canopée travaille sur ce sujet au CNRS,
20:04c'est juste que certaines essences vont peut-être sortir de leur zone de confort.
20:08Mais qu'est-ce qui va se passer ? On ne sait pas.
20:10Ce que nous amène la science, c'est qu'une essence à un endroit
20:13n'aura pas le même comportement en mélange avec d'autres essences,
20:16peut-être sur une pente, peut-être qu'il va y avoir des phénomènes d'adaptation,
20:20de la variabilité phénotypique.
20:22On rentre dans une zone d'incertitude.
20:24Face à l'incertitude, qu'est-ce que vous faites ?
20:26C'est ça, l'objectif du débat.
20:28On diversifie.
20:29La diversité, c'est pas la solution, c'est les solutions.
20:34On va en parler de la diversité.
20:36Y a-t-il des essences qui décarbonent davantage que d'autres ?
20:39Ah, alors...
20:41Dès que vous prononcez le mot carbone,
20:43il faut prendre le temps de parler et de stocks et de flux.
20:47Le stock, c'est assez net, assez clair.
20:49Une vieille forêt aura des stocks de carbone incomparables.
20:52Sous nos latitudes, si vous laissez vivir une forêt,
20:55ce qui n'est pas le cas aujourd'hui,
20:57vous allez avoir autant de carbone dans les arbres que dans le sol.
20:59C'est pour ça que nous, on questionne ces coupes-rases.
21:02Coupes-rases, on prendra le temps de dissocier.
21:04Quand vous rasez une forêt existante qui avait du temps,
21:07vous détruisez les sols, vous émettez du carbone
21:09et vous replantez des arbres.
21:11Et là, effectivement, vous allez générer un flux.
21:13Mais le temps que ce flux rattrape le stock,
21:15en fait, ce temps-là, on l'a pu.
21:17Et on n'est même pas sûr que ces arbres vont survivre,
21:19parce qu'ils meurent.
21:20Et ça, on va en parler sur le plan de relance.
21:22Pour que l'on comprenne bien pourquoi la destruction
21:24de nos écosystèmes met en péril la lutte
21:27contre le changement climatique,
21:29il faut d'abord comprendre pourquoi ce dérèglement
21:31tue nos forêts.
21:32C'est l'heure du Climatoscope.
21:33Et c'est à vous, Raphaël Itier,
21:34je vous passe le bâton de parole.
21:37Générique
21:43Alors, moi, en préparant cette émission,
21:45j'ai appris que les arbres ne mouraient pas de soif
21:48quand il y avait une sécheresse,
21:50mais plutôt d'embolie, c'est-à-dire
21:52d'une bulle qui se coince dans la tuyauterie.
21:54Et pour comprendre ça, il faut savoir
21:56que l'essentiel de l'eau qui est consommée
21:58par un arbre, en fait, ne sert pas
22:00à le désaltérer ou à le réhydrater,
22:03mais plutôt à le rafraîchir.
22:05Toute l'eau qui est pompée dans le sol
22:07va arriver au niveau des feuilles
22:08où il fait très chaud pendant l'été,
22:11en particulier quand le réchauffement climatique
22:13est à l'action.
22:14Et donc, du coup, l'eau qui arrive dans les feuilles
22:16va s'évaporer.
22:17Et comme quand on sort d'humain,
22:18ça fait chuter la température.
22:20C'est à ça que sert essentiellement l'eau.
22:23Alors, qu'est-ce qui se passe
22:24quand il y a une sécheresse ?
22:25Il se trouve que physiquement,
22:26c'est beaucoup plus dur d'extraire l'eau des sols,
22:29parce que le sol retient l'eau.
22:31Et quand il fait chaud,
22:32l'arbre tire beaucoup plus fort en haut,
22:35parce qu'il doit extraire l'eau du sol.
22:37Il y a une espèce de tension
22:38qui se forme dans les tuyaux de l'arbre
22:40et qui va jusqu'à la rupture.
22:42Si on considère que l'eau est une corde,
22:44ça finit par casser,
22:45ça tire en haut, ça tire en bas,
22:47la bulle se forme
22:48et ça continue à tirer des deux côtés
22:50parce que le phénomène ne s'est pas arrêté.
22:51Et la bulle augmente,
22:52et c'est un peu comme dans un chauffage chez soi.
22:55C'est-à-dire que si vous n'avez pas purgé l'appareil,
22:57vous avez une bulle qui bloque la circulation.
22:59Dans un chauffage,
23:00vous pouvez balancer de la pression
23:02pour virer la bulle,
23:03mais là, l'arbre ne fonctionne pas comme ça.
23:05Du coup, la bulle augmente,
23:07obstrue le système
23:09et va finir par bloquer la circulation.
23:11Si c'est sur une part importante de l'arbre,
23:13il va perdre sa capacité à faire de la fosson de synthèse
23:16parce qu'il n'est plus capable de se refroidir,
23:18donc il n'a plus de sucre
23:19et il rentre dans ce qu'on appelle une famine hydraulique.
23:22Et ça, c'est un des éléments très importants
23:24du dépérissement des arbres
23:25qui sont confrontés à des températures
23:27auxquelles ils ne sont pas habitués.
23:28Mais ce n'est pas le seul problème, évidemment.
23:30Le botaniste mondialement connu Francis Allais
23:33se bat pour faire renaître des forêts primaires,
23:35et notamment une forêt primaire dans l'est de la France.
23:3770 000 hectares sans aucune intervention humaine,
23:40recréer des forêts primaires de toutes pièces,
23:42c'est une douce utopie ou c'est une solution ?
23:45C'est une ambition qui est assez impressionnante,
23:47de pouvoir considérer qu'en Europe, en 2024,
23:50on puisse focaliser 70 000 hectares de forêt
23:53sans aucune intervention de l'homme,
23:55sans aucun promeneur,
23:56sans aucun chercheur de champignons ou autre,
23:59alors que le changement climatique impacte nos forêts.
24:01C'est une ambition qui est...
24:03Et vous y croyez ou c'est...
24:05Je ne connais pas le détail de son projet.
24:07Maintenant, la question pour nous de le forestier,
24:09quel est son rôle ?
24:10Le rôle du forestier, c'est de pouvoir aménager des forêts
24:13en vue de maintenir différentes fonctions,
24:15qui sont une fonction de production de bois,
24:17que nous avons besoin,
24:18une fonction d'accueil de la biodiversité,
24:20une fonction récréative, de loisir.
24:22La grande question, Tamuzelou,
24:24c'est est-ce que les forêts gérées décarbonent
24:27autant que les forêts en libre évolution ?
24:29C'est cela, toute la question.
24:30C'est toute la question.
24:31Maintenant, quand nous gérons des forêts,
24:33quand nous récoltons du bois,
24:34c'est un des actes de la gestion forestière,
24:36ce n'est pas le seul,
24:37ce bois, il sert à décarboner l'économie.
24:40Donc, il faut analyser ce sujet,
24:41la décarbonation de la forêt,
24:42sur l'ensemble de la chaîne de valeur
24:44de notre filière forêt-bois française.
24:46Nous, on considère qu'une forêt qui est aménagée,
24:48qui est gérée,
24:49conformément à des règles de gestion durable,
24:51qui permet de récolter du bois,
24:53d'accueillir de la biodiversité,
24:54d'accueillir des randonneurs,
24:55si on arrive à produire du bois d'oeuvre,
24:57qui est le bois le plus noble,
24:59avec une grande durée de vie,
25:00on participe à décarboner l'économie.
25:02Vous avez fait une émission sur le béton récemment,
25:04quand on utilise du bois,
25:06ça nous permet d'utiliser moins d'autres types de matériaux.
25:09Donc, c'est aussi analysé par rapport à d'autres...
25:11Oui, mais à l'heure du stress climatique,
25:13et du changement et du dérèglement climatique,
25:15est-ce que cette gestion de la forêt
25:16est encore viable et souhaitable ?
25:18Elle est même plus que souhaitable,
25:19elle est nécessaire.
25:20C'est-à-dire que nous devons adapter les forêts
25:22au choc qu'elles subissent.
25:24Actuellement, nous avons les canicules,
25:26des épisodes de grêle, des tempêtes,
25:28des risques d'incendie,
25:30et nous faisons des tests,
25:31et l'ONF pourra en parler tout à l'heure,
25:33de faire migrer des essences d'arbres
25:36qui sont présentes dans le sud de la France
25:38ou dans d'autres pays, vers le nord de la France,
25:40parce qu'on suppose que les températures vont augmenter.
25:42C'est ce qu'on appelle la migration assistée,
25:44je voudrais que vous m'en parliez, Brigitte Much.
25:46Tout de suite ?
25:48Oui.
25:49Tout de suite.
25:51Oui, l'hypothèse, en effet,
25:53c'est que dans des conditions de sécheresse
25:57et de températures élevées,
25:59les espèces et les peuplements se sont adaptés,
26:02et donc l'objectif, c'est de les identifier,
26:05de récolter des graines,
26:07et d'aller les planter dans des conditions
26:10plus optimales par rapport au climat,
26:14mais climat que ces forêts vont connaître dans le futur.
26:19En fait, ce que l'on fait,
26:21c'est imiter la nature.
26:23Si on reprend le dernier réchauffement climatique,
26:28donc il y a 12 000 ans,
26:30on a pu constater cette migration naturelle des espèces
26:35à partir des refuges glaciaires,
26:37Espagne, Italie, Balkans,
26:40et on a pu quantifier réellement
26:43la vitesse de migration des arbres.
26:45Et là, on se rend compte que
26:47si on met face à face ces chiffres
26:50et la vitesse du réchauffement actuel,
26:53on est à un facteur de 10.
26:55Naturellement, les espèces méridionales...
26:58Ne pas trop vite d'un facteur de 10.
27:00...pourraient recoloniser.
27:02On le voit sur la côte atlantique,
27:04vous avez du chêne vert...
27:06Il faut aider la nature à se régénérer ?
27:08Il faut aider la nature.
27:10Vous n'êtes pas pour le ré-ensauvagement
27:12et les forêts en libre évolution ?
27:14Si je peux développer...
27:17À l'ONF, ils font de la libre évolution.
27:19De la même façon, nous, on n'est pas pour dire
27:21qu'il ne faut que de la libre évolution
27:23ou que de la forêt gérée.
27:25La libre évolution,
27:26ce que vous appelez forêt primaire,
27:28je crois qu'on en a besoin.
27:29On a besoin, un minimum,
27:30pour pouvoir aller promener M. Antoine Damécourt,
27:32qu'il voit ce que c'est qu'une forêt primaire.
27:34Contrairement à ce qu'il nous explique,
27:36dans une forêt primaire,
27:37vous pouvez vous promener dans le sebois.
27:39C'est des arbres majestueux, très grands,
27:41et ce qu'il a décrit, c'est broussailles,
27:43ça, c'est de la forêt secondaire.
27:45Rien que pour ça, j'aimerais bien
27:46qu'on ait un peu plus de forêts primaires en France,
27:48c'est 1 ou 2 % maximum.
27:50Maintenant, la forêt gérée.
27:51La forêt gérée, elle n'est pas...
27:53La gestion n'est pas vertueuse, par définition.
27:55On regroupe des types de gestion très différents
27:57et c'est ça dont il faut débattre.
27:59Moi, j'ai aucun problème,
28:00et encore une fois, je suis ingénieur forestier,
28:02de dire qu'on coupe des arbres sans détruire la nature.
28:05Mais on est en train de déformer beaucoup de choses.
28:07C'est-à-dire que, par exemple, dans mon approche...
28:10Vous voulez dire qu'il y a une civiculture douce
28:12et une civiculture industrielle ?
28:13C'est pas forcément un mot que j'en pourrais.
28:15Déjà, je dirais qu'il y a une civiculture,
28:17imitez la nature, attestez son oeuvre.
28:19Dans une forêt que vous gérez,
28:20a priori, vous n'avez pas besoin de planter d'arbres.
28:22Ça, s'il y a une seule chose que j'aimerais bien
28:24que les spectateurs tiennent...
28:25Vous êtes d'accord avec ça ?
28:26Je développe juste et après je nuance.
28:27C'est qu'effectivement, on évite de planter des arbres.
28:30C'est qu'il y a les grands arbres,
28:31à un moment, vous allez en couper quelques-uns,
28:33ça fait un puits de lumière,
28:34et les jeunes arbres prennent le relais.
28:3680-90 % de la forêt française est gérée comme ça.
28:39Quand on plante, c'est parfois
28:41parce qu'il y a quelque chose qui ne marche pas.
28:43Alors, il peut y avoir des bonnes raisons.
28:44Effectivement, un peuplement d'épisac,
28:46on a mis un endroit où il ne fallait pas,
28:48et là, ça a du mal à revenir.
28:49Et des fois, il y a des mauvaises raisons.
28:51Et nous, ce qu'on dénonce, c'est ces mauvaises raisons.
28:52C'est quand on va raser des forêts semi-naturelles,
28:56c'est le terme que j'utiliserais,
28:57c'est pas des forêts primaires,
28:58c'est des forêts semi-naturelles,
28:59saines, soit par anticipation,
29:02en disant, attention, il y a le changement climatique,
29:04soit parce qu'on les considère pauvres.
29:05Et c'est le sujet de débat qu'on a avec les coopératives.
29:07Vous voulez dire peu rentable économiquement.
29:08Exactement.
29:09C'est le sujet de débat qu'on a avec les coopératives.
29:10Pour les remplacer par des Douglas,
29:12et quand je voyais le reportage,
29:13est-ce que ça, c'est de l'adaptation au changement climatique ?
29:15A Brassy, dans le Morvan, que je connais bien,
29:17on est à 400 mètres d'altitude.
29:19Le Douglas, il n'est pas adapté à 400 mètres d'altitude.
29:22C'est un arbre, au mieux, avec un climat qui se réchauffe,
29:25il faut le planter au-dessus de 600 mètres.
29:26Et pourtant, c'est le premier arbre planté par le plan de relance,
29:29et on n'a pas distingué.
29:31On a un problème.
29:32Pas à l'ONF.
29:33Pas à l'ONF.
29:38Il y a une réalité.
29:39Effectivement, les industriels de la filière bois
29:41choisissent des essences à croissance rapide
29:43parce qu'elles sont plus rentables,
29:44mais plus vulnérables aux attaques d'insectes,
29:46aux parasites, aux dérèglements climatiques.
29:48Est-ce vraiment compatible, au fond,
29:50avec l'intérêt général, l'intérêt commun,
29:52à savoir la préservation de ces écosystèmes ?
29:54Il faut bien avoir en tête que tous les arbres sont sensibles
29:57au changement climatique,
29:58soit du résiné ou du feuillu.
29:59Nous avons des problématiques sanitaires sur le châtaignier.
30:02Ils le sont moins quand ils sont d'âge et d'essence diversifiées.
30:05Ils le sont moins quand ils sont en mélange.
30:08Ce qu'on appelle les forêts mosaïques.
30:10Les forêts mosaïques.
30:11C'est un concept qui est appliqué par l'ONF
30:14et que l'on voit également en forêt privée.
30:16Il faut bien avoir en tête que la forêt privée,
30:18c'est trois quarts des forêts françaises,
30:20quasiment 13 millions d'hectares.
30:22Vous êtes le premier gestionnaire de forêts privées en France
30:25qui représente plus de 2 millions d'hectares.
30:28Nous intervenons sur l'ensemble de la France
30:30et nous adaptons nos techniques sylvicoles
30:32aux enjeux de la station forestière,
30:35c'est-à-dire le sol, l'altitude, l'exposition,
30:37les prédictions que nous donnent les scientifiques
30:40par rapport aux outils qu'ils ont développés
30:42pour ce qui va arriver en 2075-2100,
30:45par rapport également au choix du propriétaire forestier,
30:48quelle est sa vision de sa propriété.
30:50Techniquement, on essaie de lui proposer des solutions
30:52qui peuvent être différentes.
30:53Des fois, c'est de la plantation,
30:54des fois, c'est de la régénération naturelle,
30:56des fois, c'est du couvert continu,
30:58des fois, c'est du peuplier parce que c'est adapté au sujet,
31:01mais nous le faisons dans un but,
31:03un moment d'arriver à pouvoir récolter du bois
31:06qui est utile à la société.
31:07C'est qu'il n'y a aucun gestionnaire forestier
31:09qui se dit que je vais couper un arbre pour mon simple plaisir.
31:12Il y a une utilité dans l'usage du produit.
31:14Pas tellement couper un arbre pour son simple plaisir,
31:16mais ce qu'on voit, c'est que,
31:18faute d'éco-conditions suffisantes, voire rigoureuses,
31:21les aides du plan France Relance
31:23auraient été détournées par une partie des acteurs
31:25pour planter des monocultures,
31:27parfois, effectivement, en remplacement
31:29de forêts tout à fait saines
31:31et en couperase.
31:33Vous l'avez constaté.
31:34Bien sûr, je vous laisse le conditionnel,
31:36c'est-à-dire qu'à l'époque, on en parlait au conditionnel,
31:38le bilan est tombé officiellement,
31:40on a financé massivement des couperases.
31:42Certaines couperases peuvent se justifier,
31:44dans l'Est de la France, quand vous avez de l'épicéas colité.
31:47Déjà, on n'est pas toujours obligé de raser,
31:49on peut laisser l'épicéas mort,
31:51et vous avez une super régénération naturelle qui peut revenir,
31:54On va pas couper les quelques-uns qui sont vivants.
31:56Voilà, parce que ça enrichit le sol.
31:57Moi, j'étais dans les Ardennes il y a trois semaines.
31:59On le voit dans le reportage, les couperases mettent les sols à nuit.
32:01Oui, mais quand vous laissez ces épicéas qui sont morts,
32:03j'étais dans les Ardennes, c'était incroyable.
32:05Sous les vieux épicéas qui sont morts,
32:07vous en avez qui sont tombés,
32:09ça a protégé les sols, ça a ramené de l'humidité,
32:11ça a même fait des fourches naturelles
32:13pour que le gibier ne vienne pas boulotter dedans,
32:15et j'ai trouvé des endroits, au milieu de la régénération
32:17d'épicéas, une dizaine d'essences différentes.
32:19Ce qu'on voit, par contre, c'est qu'il y a une partie de ce plan de relance,
32:21à peu près 30-40% des projets,
32:23qui ont financé des couperases
32:25qui ont été détournées.
32:27Ce que vous avez vu dans le Mormont.
32:29C'est-à-dire des forêts semi-naturelles,
32:31qui n'étaient absolument pas dépérissantes,
32:33pour mettre à la place
32:35des plantations, soit des monocultures,
32:37soit très peu diversifiées.
32:39Comment expliquer qu'on puisse
32:41effectivement raser des parcelles saines
32:43pour replanter au même endroit ?
32:45Attention, les mots ont un sens.
32:47Vous évoquez qu'il y a eu de l'argent public
32:49qui a été détourné. Ce n'est pas le cas.
32:51Le financement du plan de relance
32:53finance du reboisement.
32:55Donc, le fait de planter des arbres.
32:57Il n'a pas été détourné.
32:59Vous avez un cahier de charges très précis.
33:01Planter des arbres à des endroits
33:03où les forêts sont saines et on les coupe
33:05pour replanter, ça semble être une hérésie.
33:07Je vais développer.
33:09L'ambition du plan de relance, c'était d'arriver
33:11à reboiser des parcelles
33:13qui sont mortes, ce qu'on appelle le volet 1
33:15du plan de relance.
33:17C'est-à-dire que 60 % du financement
33:19du plan de relance a permis de remettre
33:21des forêts vivantes à la place
33:23de forêts quasiment mortes ou mortes
33:25dûes à des problématiques sanitaires
33:27ou à des incendies.
33:29Vous confirmez, Brigitte Muche ?
33:31Essentiellement, c'était l'épicéen,
33:33c'est du châtaignier avec de l'encre,
33:35c'est le pain maritime
33:37du côté de Bordeaux,
33:39entre
33:41La Teste, d'une part,
33:43et puis Austin,
33:45où il y a eu des plantations.
33:47C'est du privé.
33:49C'est-à-dire que nous,
33:51on est beaucoup moins critiques vis-à-vis de ce qui s'est fait à l'ONF.
33:53On a vu que l'argent a été utilisé.
33:55On est un peu critiques quand même, mais il faut bien.
33:57Globalement, il a bien été utilisé.
33:59On parlera des îlots d'avenir un peu plus tard.
34:01Mais en forêt privée, ce qu'on voit,
34:03c'est qu'effectivement, il a été utilisé pour raser des forêts saines,
34:05pour mettre à la place soit du Douglas,
34:07soit du pain maritime.
34:09OK, il a adapté, lui,
34:11à la sécheresse un peu plus que le Douglas.
34:13Par contre, on voit qu'il va être très sensible
34:15à le nématode du pain.
34:17Et donc, à un moment, c'est chronique d'une catastrophe annoncée.
34:19Et pareil, la sensibilité au feu.
34:21Donc, on est en train de créer, effectivement,
34:23quelque chose qui n'est pas adapté,
34:25pas qu'un climat,
34:27on en parlait avant l'émission, à différentes choses.
34:29C'est-à-dire que nous, ce qu'on demande,
34:31c'est que la forêt, en fait, aujourd'hui,
34:33on parte de ce qu'elle est.
34:35Et il y a plein de forêts qui sont améliorables.
34:37C'est un peu compliqué à dire, mais plutôt que de raser une forêt,
34:39en fait, à chaque fois qu'on peut,
34:41on va venir faire de l'enrichissement.
34:43S'il y a la régénération naturelle qui ne marche pas,
34:45on va faire des petites plantations en appui.
34:47On va profiter du couvert forestier
34:49qui va donner une ambiance qui va protéger les jeunes plants.
34:51Et là, du coup, on va permettre de maintenir les stocks,
34:53de relancer un petit peu de production.
34:55Et c'est cet équilibre, c'est cette finesse,
34:57c'est ce détail.
34:59C'est du travail de terrain, c'est du travail d'ingénierie.
35:01Et aujourd'hui, le plan de relance, en fait,
35:03il nous a amené dans un fichier Excel
35:05où ce qui compte, c'est juste planter des arbres.
35:07Oui, dans le cas du plan de relance,
35:09c'est un peu technique, mais nous avons bien
35:11un diagnostic qui est porté.
35:13Et toutes choses égales, par ailleurs,
35:15tout à l'heure, on a évoqué que le dépérissement des forêts
35:17en France, c'est quasiment un million d'hectares.
35:19Là, nous parlons de 45 000 hectares
35:21financés par l'Etat en trois ans.
35:23Donc, on est sur, j'allais dire,
35:25l'épaisseur du trait sur le sujet.
35:27Maintenant, là où il y a un vrai sujet,
35:29une vraie problématique, c'est d'arriver
35:31à se dire, que faisons-nous au jour d'aujourd'hui ?
35:33Donc, on travaille avec humilité
35:35de se dire, tiens, quel va être le climat
35:37dans 50 ans, dans 150 ans ?
35:39Ça, c'est le rôle du forestier.
35:41Quelles vont être les températures ?
35:43Y aura-t-il une tempête dans 3 ans ?
35:45Y aura-t-il une sécheresse dans 10 ? On n'en sait rien.
35:47Par contre, ce que nous savons, c'est que nous devons agir
35:49le mieux possible avec les outils de la science.
35:51Pour vous adapter au climat du futur.
35:53En supposant que les choix qui vont être faits
35:55aujourd'hui vont se venir
35:57aux besoins futurs. Et la science nous aide
35:59en faisant des prédictions.
36:01Ce sont des prédictions. Que va-t-il arriver ?
36:03Encore une fois, dans le document
36:05des coopératives forestières, le dossier de presse,
36:07on nous annonce que la science dit que dans 50 ans,
36:09il va rester que 1 à 10% des arbres.
36:11Ça n'est pas la science.
36:13Le comité français
36:15de l'UICN, qui est composé
36:17par des instituts plus que raisonnables,
36:19a annoncé qu'avec plus
36:213,35 degrés de plus, alors qu'on annonce
36:23plus 4 degrés, 10%
36:25des arbres survivraient. Nous, nous annonçons
36:27entre 1 et 10 à 4 degrés de plus.
36:29Donc, on est sur des problématiques
36:31qui sont complexes.
36:33L'UICN ne dit pas ça. Personne ne peut
36:35extrapoler à partir de modèles de cartes
36:37climatiques ce qui va se passer.
36:39Sans extrapoler,
36:41j'aimerais vous poser
36:43une question très précise. L'eucalyptus,
36:45par exemple, s'est glissé dans la liste
36:47des arbres agréés pour être replantés
36:49avec des aides publiques, alors même
36:51que cette essence, vous parliez des feux, est hautement
36:53inflammable. Comment est-ce possible ?
36:55A ma connaissance, il n'est pas éligible au plan de relance.
36:57Non, il est éligible au plan de relance.
36:59On l'a fait sortir en demandant s'il ne soit pas éligible
37:01à France 2030. Et Tammouz...
37:03...a écrit à la Commission européenne
37:05pour demander également à ce qu'il soit
37:07intégré aux aides européennes. On a l'email.
37:09Donc, à un moment, il faut assumer qu'il plante de l'eucalyptus.
37:11Aujourd'hui,
37:13c'est un long sujet. Nous, ce qui nous inquiète,
37:15c'est que ça devienne un sujet.
37:17Très bien, on ne voulait pas d'eucalyptus.
37:19Est-ce que c'est OK pour dire qu'on ne financera pas
37:21d'eucalyptus ? Vous avez soutenu ça ?
37:23Ce que vous évoquez n'a absolument
37:25rien à voir avec les aides publiques.
37:27Nous avons une réglementation européenne qui vise à
37:29encadrer l'usage
37:31de différentes essences. Et ce qu'on a demandé,
37:33c'est qu'on puisse élargir cet encadrement
37:35à différentes essences, pour ne pas
37:37laisser, justement, une libre circulation
37:39de différentes essences à travers l'Europe.
37:41C'est exactement ce que vous voulez. Vous voulez intégrer
37:43l'eucalyptus dans la liste des essences éligibles
37:45effectivement à ces plantations. Non, il permettra de l'encadrer
37:47réglementairement. Ça n'a rien à voir avec le
37:49financement. C'est deux sujets différents.
37:51L'eucalyptus, on ne le veut pas en France. C'est simple.
37:53Et certainement pas avec des aides publiques.
37:55Actuellement, l'eucalyptus est la 60e essence plantée
37:57en France. Restons là.
37:59La raison, c'est parce qu'il est inflammable
38:01ou parce que c'est une essence exotique ?
38:03Non seulement il est inflammable,
38:05il aborde les sols. Encore une fois,
38:07on a suffisamment
38:09d'essence dans notre forêt
38:11pour pouvoir trouver des solutions avec les forêts existantes.
38:13On n'a pas besoin de jouer à l'apprenti sorcier.
38:15Parce qu'il y a un risque
38:17d'avoir une essence exotique
38:19à un endroit, parce qu'on ne sait pas comment elle se comporte.
38:21Les essences exotiques présentent de nombreux risques.
38:23Elles peuvent être envahissantes.
38:25Elles peuvent amener des parasites.
38:27Ce qui se passe sur le freine aujourd'hui,
38:29c'est parce qu'on a introduit du freine de marcherie
38:31avec des parasites.
38:33Elles ont tout un tas d'impacts
38:35qui ont été documentés par la Société
38:37botanique de France, qui recommandent
38:39une évaluation scientifique approfondie.
38:41Qui commence, mais aujourd'hui, on voit bien
38:43que les aides publiques précèdent ces évaluations.
38:45Nous, là-dessus, on est assez critiques.
38:47On dit, allons-y mollo, et essayons plutôt de jouer
38:49en priorité, encore une fois,
38:51sur la diversité des essences de la forêt française.
38:53Il y a 140 essences de la forêt française.
38:55Il y en a beaucoup, effectivement, qui peuvent aider.
38:57On peut faire de la migration assistée,
38:59remonter un peu de chaîne plus baissant,
39:01entrouer dans le nord de la France.
39:03On peut faire des choses, mais avec
39:05tâtonnement, avec parcimonie.
39:07Sur l'eucalyptus, c'est un petit peu différent.
39:09C'est une espèce
39:11qui est réglementée actuellement
39:13en France.
39:15Elle ouvre, en dehors du plan de relance,
39:17l'autorisation
39:19d'un propriétaire forestier,
39:21s'il veut en planter, à des aides de l'Etat.
39:23Actuellement, la réglementation,
39:25elle est celle-là.
39:27Avec des... Voilà.
39:29Le plan de relance, par contre,
39:31elle n'est pas éligible, si ma mémoire est bonne...
39:33France 2030, pardon.
39:35Elle n'est pas éligible,
39:37en France 2030,
39:39pour des financements,
39:41mais, par contre, dans la gestion courante,
39:43elle l'est,
39:45puisque c'est, dans notre jargon,
39:47un matériel forestier de reproduction.
39:49Il faut réfléchir,
39:51en effet, à comment on l'utilise
39:53si on l'utilise,
39:55et c'est un vrai sujet,
39:57en effet, mais pas mélanger, peut-être,
39:59les espèces et la civiculture
40:01qu'on en fait aussi.
40:03La sécheresse accroît considérablement les risques d'incendie
40:05et on sait que les monocultures sont aussi
40:07l'un des facteurs aggravants.
40:09Comment est-ce qu'on... Vous n'êtes pas d'accord ?
40:11C'est un faux procès ?
40:13Dans le risque d'incendie, c'est la température,
40:15la vitesse du vent
40:17et l'hygrométrie des végétaux.
40:19Donc la monoculture...
40:21Sur le sujet, il y a trois facteurs,
40:23les trois que j'ai évoqués.
40:25Maintenant, l'incendie ne se déclenche pas tout seul.
40:27Il n'y a jamais eu un arbre qui a pris feu tout seul.
40:299 cas sur 10,
40:31c'est dû à une activité humaine,
40:33soit volontaire, malheureusement,
40:35soit involontaire ou autre.
40:37Maintenant, ce que nous avons vu,
40:39notamment dans le cas d'en 2022,
40:41dans les Landes de Gascogne,
40:43le feu est parti d'une camionnette
40:45bord de route.
40:47Cette camionnette a permis d'incendier,
40:49malheureusement, une forêt qui avait
40:51des arbres de petite taille, de grande taille,
40:53du résineux, du feuillu,
40:55un couvert continu global,
40:57et le feu s'est propagé parce que les conditions
40:59météo étaient vraiment très défavorables.
41:01Est-ce que la structure industrielle de la forêt
41:03joue pour les incendies ?
41:05Je suis partiellement d'accord avec ce que dit Tamu.
41:07À un moment, ça va dépendre de l'intensité
41:09de l'incendie. Quand vous avez un méga-incendie,
41:11quel que soit le type de gestion forestière,
41:13tout brûle. Ça, c'est facile. Par contre,
41:15sur les incendies de faible ou moyenne intensité,
41:17là, il faut commencer à réfléchir.
41:19Mais les choix de gestion forestière aussi jouent.
41:21On prend l'exemple de la Thèse de Buges.
41:23La forêt a brûlé, mais elle repousse
41:25toute seule, sans l'homme, sans les coopératifs.
41:27Nous, ce qu'on demande, c'est un encadrement
41:29des coupes rases. Aujourd'hui, vous avez
41:31des territoires entiers, les Landes.
41:33Vous avez des grandes parcelles de pins maritimes
41:35tous du même âge. C'est un champ d'allumettes.
41:37Le pin maritime est coupé plutôt jeune.
41:39Vous êtes d'accord là-dessus ?
41:41Quand on plante des arbres du même âge, oui.
41:43Si vous avez des limites
41:45de taille de coupe rase,
41:47vous allez avoir une vraie mosaïque.
41:49Vous allez éviter d'avoir des champs d'allumettes
41:51au même endroit. Si vous mélangez
41:53et vous faites en sorte de ne pas détruire des forêts
41:55mélangées pour mettre du pin maritime,
41:57ce qui est le cas dans l'ouest de la France,
41:59vous avez un vrai aménagement du territoire.
42:01Globalement, sur ces feux de faible et moyenne intensité,
42:03oui, il y a un sujet,
42:05et dire qu'on va remplacer par mettre
42:07des monocultures de pins maritimes,
42:09qui est un arbre qui se gère plutôt comme ça,
42:11notamment chez Alliance Forêt-Bois,
42:13ça ne marche pas, ça accroît le risque d'incendie.
42:15Donc ça, c'est des sujets dont il faut parler.
42:17Et à minima que l'argent public
42:19n'aide pas ça.
42:21Je vais vous mettre d'accord sur un point,
42:23on ne défend bien que ce que l'on connaît.
42:25Partons de ce principe, il y a des écoles
42:27qui commencent à emmener leurs enfants
42:29et leurs élèves en forêt, et ce, dès le plus jeune âge.
42:31Promenons-nous dans les bois, c'est le monde de demain.
42:33C'est un sujet d'Emma Guizot et Ibarra Ibarre.
42:35...
42:41A Angoulême, en Poitou-Charentes.
42:45Tous les jeudis, dès 9h du matin,
42:47les élèves de cette école maternelle
42:49quittent leur salle de classe
42:51équipée de leurs bottes et de leurs cirés.
42:53Car toute l'année, et par tous les temps,
42:55les institutrices font école
42:57à leurs élèves dans la forêt.
43:01Catherine est l'une des quatre maîtresses
43:03et l'autre l'accompagnatrice.
43:05Je trouve que c'est très important
43:07pour les enfants d'avoir ce contact
43:09avec la nature,
43:11de pouvoir sortir un peu du quartier,
43:13parce que là, c'est des enfants
43:15qui habitent dans des environnements
43:17très urbains, et du coup,
43:19qui n'ont pas du tout accès
43:21à cette nature-là.
43:2330 minutes de marche suffisent
43:25pour arriver au coeur du bois des Galochets.
43:29Et comme on est à l'école,
43:31la journée commence
43:33par des ateliers pédagogiques.
43:35Et puis surtout, les arbres, ça ?
43:37Ça respire.
43:39Mais ça respire comme nous ou pas ?
43:41Non.
43:43Ça nous donne quoi, pour nous,
43:45qui est important, vous savez, ça ?
43:47De l'air, de l'oxygène.
43:49On a besoin de l'oxygène pour respirer, non ?
43:51Avec Katia, directrice
43:53de l'association Les Jardins d'Isis,
43:55les enfants de grande section
43:57vont fabriquer des mandalas,
43:59et faire connaissance avec
44:01toutes les espèces d'arbres.
44:03Est-ce que vous savez ce que c'est, ça ?
44:05L'érable.
44:07Qu'est-ce qu'elle a en haut,
44:09cette petite feuille ?
44:11Une pointe.
44:13Et puis surtout, sur les côtés,
44:15elle a plein de petites piques,
44:17comme dit des petites dents.
44:19Alors l'arbre, il s'appelle le ?
44:21Le rocher.
44:23Je vais vous demander
44:25d'aller me chercher des feuilles
44:27pour faire notre mandala.
44:295 feuilles d'aubépine, 5 feuilles d'aubépine.
44:31A chaque fois,
44:335 feuilles d'érable, 5 feuilles d'érable.
44:35Pas plus, hein ! C'est parti !
44:39De quoi semer des petites graines
44:41dans l'esprit des enfants.
44:49On en a trouvé une !
44:51Je dis 5 chacun.
44:53Oh ! J'ai trouvé, regarde !
44:55Une des choses les plus importantes,
44:57c'est qu'ils ne considèrent pas
44:59la forêt, le bois, en tout cas,
45:01tout ce qui est le vivant
45:03à l'extérieur de nous
45:05comme un danger, en fait.
45:07Ils considèrent que c'est un espace
45:09qu'on partage
45:11parce que ça va faire des futurs citoyens
45:13qui auront envie, quand même,
45:15de se dire que ça leur a fait du bien,
45:17déjà, enfant.
45:19Une leçon de choses, mais pas seulement.
45:21Les enfants doivent aussi apprendre
45:23à se protéger.
45:25En balade avec leur maîtresse,
45:27les petites sections explorent
45:29chaque recoin de la forêt.
45:31Ils nous expliquent ce qu'on fait
45:33avec cette poche ?
45:35Pour jeter quoi ? Regarde, là, par exemple.
45:37On ramasse les...
45:39Les déchets.
45:41On nettoie notre forêt.
45:45En Angleterre, il existe
45:47plus de 700 écoles dans la forêt.
45:49La France s'y met tout doucement.
45:51Une quarantaine d'écoles, déjà,
45:53adhèrent au projet.
45:55Pour Virginie, directrice de l'établissement,
45:57c'est important aussi
45:59pour la santé mentale des enfants.
46:01Ce qu'on observe, surtout, c'est
46:03quand on ne peut pas aller en forêt,
46:05faute d'accompagnateurs
46:07ou si jamais il y a des intempéries
46:09trop importantes,
46:11on annule la sortie forêt.
46:13Et là, on remarque que nos élèves
46:15ne tiennent plus en classe.
46:17Ils sont énervés.
46:19C'est un changement physique
46:21de nature et de forêt.
46:31En les familiarisant, forcément,
46:33on les amène à prendre conscience
46:35que c'est important pour les générations futures.
46:37Et s'ils ont déjà vu ça
46:39dans leur plus jeune âge,
46:41espérons que ça continue
46:43et que ça sorte du cadre de l'école.
46:4915h30,
46:51il est temps de remercier les arbres
46:53pour cette belle journée.
47:15Mieux Canada, c'est mieux défendre.
47:17Un collectif d'acteurs d'éducation
47:19a appelé dans une tribune
47:21à ce qu'il y ait plus d'enseignement dans la nature.
47:23C'est à encourager ?
47:25Oui.
47:27Quelle autre piste
47:29ferait-il privilégier
47:31pour revitaliser nos forêts ?
47:33Il y a plein de pistes.
47:35Vous travaillez sur la génétique ?
47:37Je suis généticienne de formation.
47:39C'est la piste la plus prometteuse ?
47:41La génétique est partout.
47:43Ce que disait tout à l'heure
47:45Sylvain en disant
47:47que je me suis promenée dans les Ardennes,
47:49j'ai vu des épicéas
47:51qui repoussaient.
47:53Les épicéas qui repoussent,
47:55les descendances, il y a de fortes chances
47:57qu'elles ont été sélectionnées pour une meilleure
47:59résistance à la sécheresse.
48:01Déjà qu'on a eu un cran.
48:03Il y a des travaux qui le montrent.
48:05Il y a de la génétique dans la régénération naturelle.
48:07C'est clair.
48:09Lorsqu'on dit qu'on va faire du mélange,
48:11il va bien falloir
48:13choisir les espèces,
48:15comment les mettre les unes
48:17par rapport aux autres pour qu'elles puissent échanger
48:19des gènes. Oui, il y a encore de la génétique.
48:21En fait, la génétique
48:23est partout. Lorsque vous regardez un peuplement,
48:25là, au printemps, vous avez des arbres
48:27qui n'ont pas mis leurs feuilles en même temps,
48:29la même espèce. C'est de la génétique.
48:31C'est-à-dire que ça montre que
48:33les arbres, génétiquement, sont différents puisqu'ils
48:35ne mettent pas leurs feuilles, alors qu'ils sont côte à côte,
48:37dans les mêmes conditions, de la même façon.
48:39Vous parlez de recherche. Est-ce que les moyens alloués
48:41de la recherche en foresterie sont suffisants,
48:43aujourd'hui ? Ces 20 dernières années, vous avez perdu
48:4532 % d'effectifs, et ça s'est accéléré
48:47ces cinq dernières années. Alors, à l'échelle
48:49de l'ONF, on a perdu
48:51énormément d'effectifs,
48:53en effet. L'hémorragie est stoppée.
48:55L'hémorragie est stoppée, puisque, depuis
48:572022,
48:59il n'y a plus de suppression
49:01de postes, voire on commence à
49:03parler de réaugmenter.
49:05Planter un milliard d'arbres, il va falloir...
49:07Il va falloir
49:09des gens qui soient en forêt pour observer
49:11la forêt, pour bien
49:13être capables de réagir en cas de crise,
49:15et planter, en fait, c'est le bout
49:17de la chaîne. Il faut des gens qui aillent
49:19en forêt. C'est ça qui est vraiment important.
49:21Et l'autre souhait à avoir
49:23dans la baguette magique, effectivement,
49:25ça peut paraître curieux, mais moi, je pense qu'il faut
49:27plus de ciri, de ciri, de feuillus.
49:29C'est-à-dire qu'à un moment, il faut créer
49:31un débouché économique pour tous ces arbres qu'on a en forêt.
49:33Les deux tiers de la forêt française, c'est des feuillus.
49:35Ça pourrait vous intéresser, Thamuz El Nour.
49:37Effectivement, le rôle du gestionnaire,
49:39c'est d'arriver à pouvoir aménager une forêt
49:41pour maintenir les différentes fonctions.
49:43Est-ce que vous arrivez à sensibiliser
49:45les propriétaires privés sur ces
49:47différentes fonctions, et pas juste
49:49sur la fonction économique et rentable ?
49:51Bien sûr. Actuellement, la moitié
49:53de la forêt privée n'a aucune trace de gestion.
49:55Donc, vous avez 6 millions
49:57d'hectares en forêt privée où vous n'avez absolument rien
49:59qui s'y passe. Mais ils ne sont pas chez vous, justement, ceux-là ?
50:01Il ne s'y passe rien. Du coup, ils ne rendent pas
50:03tous les services dont on importe. On importe du bois
50:05d'autres pays. La balance commerciale
50:07est déficitaire. Moins de 9,5 milliards
50:09d'euros de déficit sur la balance commerciale
50:11sur le bois. On a perdu 1 milliard d'euros
50:13en un an, alors que nous avons
50:15du bois autour de nous.
50:17Maintenant, comment faire pour revaloriser
50:19les feuillus ? Donc, oui, plus de scierie,
50:21plus d'industrie du bois. Il faut réindustrialiser
50:23la France et leur permettre
50:25d'avoir un provisionnement du bois durable,
50:27local. Mais ne faudrait-il pas également
50:29conditionner les aides publiques à des stratégies
50:31d'adaptation durable ?
50:33C'est exactement ça, l'idée. Non seulement mieux
50:35conditionner les aides publiques et les réorienter.
50:37Aujourd'hui, vous avez plus de 60 % des aides publiques
50:39qui vont vers le bois énergie.
50:41On est en train de créer un peu partout, comme des champignons
50:43des usines à bois énergie.
50:45La France est le premier consommateur de bois
50:47en Europe d'énergie. Proportionnellement
50:49à la récolte, on est celui qui utilise la plus grande
50:51part pour du bois énergie. Demain,
50:53on va faire voler des avions avec du bois énergie.
50:55Donc, nous, l'idée, ce n'est pas de dire
50:57on ne fait pas de bois énergie, mais ça doit rester un coproduit.
50:59C'est pour ça qu'il faut remettre, effectivement,
51:01on doit se dire, la forêt, on n'augmente pas
51:03la récolte de bois, la forêt souffre, on fait
51:05avec ce qu'on a, on fait mieux le bois qui sort,
51:07on le valorise au mieux en le transformant avec des ciris.
51:09Il y a une coopérative qui fait du super boulot,
51:11pour en citer une dans le Nord de la France,
51:13Forêt d'Issy,
51:15qui a racheté des ciris de hêtre
51:17justement pour que les propriétaires puissent
51:19transformer ce bois et le vendre localement.
51:21C'est ça qu'il faut encourager.
51:23Il y a vraiment un acte militant, c'est le consommateur.
51:25Vous, moi, et toi.
51:27C'est de pouvoir dire, est-ce que je peux
51:29acheter un produit à base de bois ou pas ?
51:31Ou est-ce que je privilégie du plastique ?
51:33Le choix doit être fait, maintenant.
51:35Notre enjeu, c'est que le produit à base de bois
51:37soit issu d'une production locale,
51:39française, transformée en France.
51:41Si on a vu parqué sur un des charpentes,
51:43on a vu dans le premier reportage,
51:45la dame brûle du bois,
51:47elle a du parqué en bois,
51:49donc il faut qu'à un moment, ça soit accessible
51:51au plus grand nombre. Et ce bois
51:53permettra de décarboner l'économie.
51:55Le chercheur et physicien
51:57au commissariat de l'énergie atomique
51:59craint qu'en 2026, les forêts françaises
52:01émettent plus de carmone
52:03qu'elles n'en absorbent. Est-ce qu'il a raison
52:05d'avoir peur ?
52:07C'est un énorme sujet,
52:09et c'est un vrai souci.
52:11Et ça se comprend bien, finalement.
52:13Alors, 2026, moi, je ne suis pas capable
52:15d'être aussi précise sur une date,
52:17mais on a vu
52:19l'épicéa.
52:21Quand des arbres meurent...
52:23Voilà.
52:25Tout à l'heure, on nous a expliqué
52:27les colonnes d'eau.
52:29OK, ça permet de rafraîchir,
52:31mais ça permet aussi de stocker
52:33du carbone.
52:35Quand il fait trop chaud,
52:37les égouttiers, j'allais dire, se ferment,
52:39et donc on ne stocke plus de carbone.
52:41Donc si on a des épisodes
52:43de sécheresse
52:45récurrents comme on les a eus
52:47en 2018,
52:49en 2019, en 2020,
52:51en 2021...
52:53Il faut surtout arrêter.
52:55Et donc, on a
52:57ce risque-là qui est important
52:59de ne plus stocker suffisamment
53:01de carbone avec nos forêts.
53:03C'est exactement le sujet.
53:05Il y a des choses sur lesquelles vous avez la main
53:07et des choses sur lesquelles vous n'en avez pas.
53:09La mortalité, vous n'avez pas la main dessus.
53:11Le fait que les arbres poussent moins vite, vous n'en avez pas.
53:13Par contre, il y a un troisième paramètre
53:15sur lequel on a la main, c'est la récolte de bois.
53:17Et dans ce contexte-là, vouloir augmenter la récolte de bois,
53:19c'est un problème.
53:21Ça dégrade le puits de carbone.
53:23Ça a été montré dans une étude qui est sortie récemment.
53:25Donc, ce que vous dites, c'est que les forêts sont surexploitées,
53:27qu'il y a trop de prélèvements ?
53:29En tout cas, la gestion forestière doit être interrogée.
53:31Ce qu'on voit, objectivement, c'est que le plan de relance,
53:33le plan de renouvellement, il va accroître
53:35justement ce déficit
53:37de puits de carbone.
53:39Il détériore les choses à court terme.
53:41Mais qui peut savoir le long terme ?
53:43Qui peut savoir, comme on vient d'en discuter,
53:45que planter du doux glace en 2080, il va pousser ?
53:47Moi, je ne crois pas que le maritime ne va pas flamber.
53:49Donc, il vaut mieux trouver des solutions
53:51qui concilient l'ensemble et qui se disent
53:53dans cette période difficile, quand je suis dans l'incertitude,
53:55parce que je ne sais pas ce qui va se passer,
53:57j'essaie d'y aller par totonnement,
53:59j'envoie des forestiers sur le terrain,
54:01j'ajuste les choses.
54:03Il ne faudrait pas réfléchir
54:05à un autre mode de gestion des forêts,
54:07ne serait-ce que public-privé, notamment par des regroupements
54:09forestiers ?
54:11Ou une cohérence, une cohésion ?
54:13Il y a forcément une cohésion.
54:15C'est le code forestier, le code rural,
54:17c'est la cohésion entre nos règles de gestion
54:19en forêt publique, en forêt privée.
54:21Ce qui est important de voir, c'est que la récolte en France,
54:23elle stagne depuis des dizaines d'années.
54:25Nous sommes toujours aux alentours de 39 millions
54:27de mètres cubes, alors ça peut paraître astronomique
54:29pour les téléspectateurs, mais ce n'est pas grand-chose
54:31au vu des 2,8 milliards
54:33de mètres cubes de bois de nos forêts françaises.
54:35Maintenant, notre question, c'est de dire
54:37est-ce que ce bois peut venir
54:39en substitution d'autres types de matériaux,
54:41plus énergivores,
54:43importer d'autres pays, que ce soit de forêt énergique,
54:45que ce soit sur du matériau ?
54:47Comment faisons-nous pour que ce bois qui sorte des forêts,
54:49privées dans mon cas, et forêts publiques
54:51pour l'ONF, se vase le mieux possible
54:53alors que les enjeux et les contraintes sont
54:55de plus en plus compliqués ?
54:57Nous sommes d'accord sur un point, les arbres sont dotés
54:59de super-pouvoirs, puis de carbone planétaire,
55:01pompes à eau et usines à biodiversité,
55:03et ne serait-ce qu'à ce titre, ils méritent
55:05d'être bichonnés. La forêt, c'est
55:07à la fois un sanctuaire, un laboratoire
55:09parfois, et toujours un havre, comme chaque mois.
55:11Charlotte Epal est allée fouiller dans les archives
55:13de l'INA et nous a exhumé
55:15ceci, hier encore, c'est notre coup d'œil
55:17dans le rétro, et c'est maintenant.
55:25Exploité, vulnérable,
55:27que va devenir la forêt ?
55:29Dans un laboratoire à ciel ouvert,
55:31près d'Épinal, des ingénieurs pensent
55:33aujourd'hui à la forêt de demain.
55:35Monsieur Lajournade, vous avez réussi
55:37à recréer, tout à fait artificiellement,
55:39la frontière Oder-Neisse au milieu de la forêt des Vosges.
55:41En quelque sorte, oui.
55:43Vous avez sur votre gauche
55:45des épicéas qui viennent de l'Europe de l'Est,
55:47des Carpathes, en gros,
55:49et nous avons ici, nous sommes dans la partie
55:51qui vient de l'Europe de l'Ouest,
55:53ce sont ici des épicéas
55:55qui sont des épicéas français
55:57ou autrichiens, et nous avons
55:59essayé, ici, de voir
56:01dans cette station du Centre National
56:03de la Recherche Forestière,
56:05quelles étaient les provenances les meilleures,
56:07les provenances qui pourraient donner les meilleurs résultats,
56:09parce que nous avons voulu
56:11essayer, ici, de créer
56:13les conditions idéales pour la forêt de l'an 2000.
56:15Mais est-ce qu'on aura le droit de se promener
56:17dans ces forêts qui produiront des bois
56:19de haute qualité?
56:21Bien entendu, parce que nous pensons, bien entendu,
56:23à la production, mais nous pensons aussi
56:25à l'homme qui habitera ou qui sera
56:27juste à côté de cette forêt,
56:29nous sommes ici tout près de la ville,
56:31les promeneurs viendront dans cette forêt
56:33et nous essayerons de continuer à préserver
56:35en havre pour ces
56:37habitants, ces citadins qui
56:39voudront toujours venir dans la forêt,
56:41nous espérons, en tout cas.
56:43Vous êtes optimiste ou vous l'espérez, tout simplement?
56:45Je suis optimiste et pessimiste.
56:47Optimiste dans le sens que
56:49je pense qu'il est bon que les hommes reviennent dans la forêt.
56:51Pessimiste parce que nous craignons
56:53un petit peu l'invasion de certains citadins,
56:55je ne veux pas dire de tous, mais enfin,
56:57il y en a certains qui se comportent assez mal en forêt.
56:59Ils font du mal, d'ailleurs,
57:01la plupart du temps, parce qu'ils sont un peu inconscients.
57:03Ils imaginent que la forêt, c'est quelque chose
57:05dans laquelle on peut faire à peu près
57:07tout ce qu'on veut, mais là, la forêt, c'est constitué
57:09par des choses vivantes, c'est un ensemble vivant
57:11qu'il ne faut pas trop chahuter
57:13parce qu'autrement, la forêt
57:15réagit et elle réagit mal
57:17quelquefois.
57:19Elle meurt.
57:21Voilà, un mot de conclusion les uns les autres.
57:23Il faut diversifier les approches
57:25et puis il faut s'écouter
57:27et travailler ensemble. Diversifier, le maître mot.
57:29Il faut agir avec humilité
57:31pour préparer les forêts de demain.
57:33On ne sait pas.
57:35On agit avec prudence et en s'appuyant
57:37sur la science.
57:39Pour résumer, il faut planter sans se planter
57:41et préserver au maximum ce qui peut l'être.
57:43Je crois que vous êtes d'accord avec ça.
57:45Merci à tous les trois.
57:47Avant de nous quitter, quelques recommandations.
57:49Lecture et d'abord, l'incontournable
57:51Baron Perchet d'Italo Calvino,
57:53l'un de mes livres de chevet chez Folio,
57:55a signalé également cet ouvrage
57:57sobrement intitulé Forêt, signé par un collectif
57:59de scientifiques et d'amoureux du végétal.
58:01C'est très complet, très beau à feuilleter
58:03et c'est publié par La Relève et La Peste.
58:05Et enfin, une ode
58:07à la nature, que ma joie
58:09demeure, de Jean Giono
58:11chez Grasset. Voilà, c'est fini pour aujourd'hui.
58:13Pour cette saison, on se retrouve après les vacances.
58:15D'ici là, privilégiez autant
58:17que faire se peut le train, les transports doux
58:19et le local. Prenez soin de vous.
58:31Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org