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« La seule arme que je tolère, c'est le tire-bouchon » disait joliment Jean Carmet. Il est vrai que le vin est à la fois une culture, un art et une industrie. Avec 600 à 700.000 emplois directs et indirects et pas moins de 48 millions d'hectolitres de vin produits en 2024, la France est LE premier producteur de vin au monde. Pourtant, la consommation de vins recule dans l'Hexagone, alors que le dérèglement climatique progresse dans nos vignobles.

Le déclin de la demande, combiné aux catastrophes récurrentes, soulève des questions : faut-il repenser le modèle, adapter nos pratiques, relocaliser la production ? Quels leviers d'action peuvent aider à résister aux aléas climatiques sans sacrifier la qualité ni détériorer nos sols ? La viticulture va-t-elle migrer vers le Nord, et que deviendront alors les régions viticoles du Sud ? Enfin, à quoi ressemblera le vin du futur ?

Pour répondre à ces questions, Daphné Roulier, en collaboration avec Raphaël Hitier reçoit :
- Alicia Dorey, journaliste, responsable éditoriale du Figaro Vin,
- Bernard Farges, président du Comité National des Interprofessions des Vins, vigneron à Mauriac,
- Hervé Gillé, sénateur de la Gironde, groupe Socialiste, Écologiste et Républicain,
- Christine Saurel, vigneronne en biodynamie à Sarrians dans la Vallée du Rhône.

"Maman j'ai arrêté l'avion" est un magazine sur la transition écologique présenté par Daphné Roulier.
Chaque mois, Daphné Roulier aborde un thème lié à l'actualité suivi d'un débat avec ses invités.
Ensemble ils se posent des questions concrètes et politiques quant à la transition écologique que nous devons tous mener.
Comment agir ? Comment s'organiser collectivement ? Quelles solutions sont à notre portée ? Quelles sont les fausses pistes à éviter ? Comment réduire notre empreinte carbone dans un monde en bascule ?
L'émission est construite autour de reportages tournés sur le terrain ("Le tout oppose" et "Le monde de demain") et d'interviews de politiques et d'experts en plateau menées par Daphné Roulier. Avec à ses côtés Raphaël Hitier, docteur en neuroscience et réalisateur de documentaires scientifiques, qui décrypte les données avec son "Climatoscope". Enfin, "Carte verte" pour la militante écologiste Camille Etienne, qui participe également à l'émission sous une forme artistique et percutante.

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Transcription
00:00Salut à toutes et à tous et bienvenue à ceux qui nous rejoignent sur LCP.
00:03La seule arme que je tolère, c'est le tire-bouchon, disait Jean Carmet, qui aimait passionnément le vin.
00:07Le vin qui, rappelons-le, bien plus qu'un breuvage, est à la fois une culture, un art et une industrie.
00:12Avec 600 à 700 000 emplois directs et indirects et pas moins de 48 millions d'hectolitres de vin produit en 2024,
00:20la France est le premier pays producteur de vin au monde, à ceci près que la consommation recule en Hexagone,
00:26alors que le dérèglement climatique progresse dans nos vignobles Raphaël.
00:30Oui, Daphné, sécheresse, gelée tardive et le mildiou en pleine recrudescence avec le dérèglement climatique.
00:36Plus d'une année sans coup dur pour les viticulteurs en 2023, pardon.
00:40La conversion au bio, qui est pourtant dynamique dans le secteur, a même marqué le pas.
00:45La vigne reste donc un gros consommateur de produits chimiques.
00:48Elle représente 4% de la surface agricole en France et pourtant elle reçoit 20% des pesticides utilisés.
00:54Autre chiffre clé, Daphné, les Français boivent trois fois moins de vin qu'il y a 60 ans et ce désamour s'accélère.
01:02Conséquence, 100 000 hectares de vignes en trop, il y a de la surproduction, l'arrachage a déjà commencé.
01:0710% du vignoble bordelais pourrait disparaître rapidement.
01:11Alors, le déclin de la demande ajouté aux catastrophes à répétition interroge.
01:15Faut-il repenser le modèle, adapter nos pratiques, relocaliser la production ?
01:19Quels sont concrètement les leviers d'action pour résister aux aléas climatiques sans perdre en qualité ni détériorer nos sols ?
01:26La viticulture va-t-elle migrer vers le nord, mais alors quid des régions viticoles du sud ?
01:30Et à quoi ressemblera le vin du futur ? Autant de questions que nous allons poser à nos invités.
01:36Maman, j'ai arrêté l'avion.
01:38Saison 3, c'est parti et c'est maintenant sur LCP.
01:50Alors, comment continuer à lever son verre dans un monde à plus de 2 degrés ?
01:54Faudra-t-il faire moins, mieux et autrement ?
01:56Et comment résister aux aléas climatiques qui, d'exceptionnels, sont devenus la règle ?
02:01Camille Etienne, notre écoactiviste préférée, qui carbure actuellement davantage au houblon coraisin, s'en inquiète.
02:07Alors, comment continuer à lever son verre dans un monde à plus de 2 degrés ?
02:10Faudra-t-il faire moins, mieux et autrement ?
02:12Et comment résister aux aléas climatiques qui, d'exceptionnels, sont devenus la règle ?
02:15Camille Etienne, notre écoactiviste préférée, qui carbure actuellement davantage au houblon coraisin, s'en inquiète.
02:20Bonjour, j'espère que vous allez bien. Je suis vraiment désolée.
02:23LCP, je ne pourrai pas être avec vous pendant cette chronique et pendant quelques autres suivantes
02:27pour la simple et bonne raison que j'étudie maintenant pendant un an à l'université de Oxford.
02:31Et d'ailleurs, je vous enregistre cette petite vidéo depuis le club d'avion.
02:34Alors, parmi les 3 questions qu'on me demande peut-être le plus ici, c'est d'abord
02:38est-ce que le matin, je déjeune uniquement d'un café et d'une cigarette ?
02:42Ensuite, est-ce que je connais Emeline Paris ? C'est la troisième.
02:44Est-ce que, s'il te plaît, quand tu rentres chez toi, tu pourrais nous ramener du bon vin français ?
02:48Eh bien, la réponse est oui, mais peut-être plus pour très longtemps,
02:51pour la simple et bonne raison que le dérèglement climatique affecte aussi la production viticole.
02:56Eh bien, il y a des scientifiques très sérieux qui sont penchés sur la question
03:00et qui ont publié les conclusions suivantes dans la prestigieuse revue Nature.
03:04C'est qu'avec un réchauffement global de 2 degrés par rapport à l'ère préindustrielle,
03:08il y aurait plus de 90% en Europe des régions viticoles qui seraient affectées
03:14et qui, simplement, ne pourraient plus produire faute de rentabilité.
03:17Concrètement, ce que ça veut dire, c'est que c'est 90% du territoire viticole européen
03:22qui, simplement, à cause principalement des canicules, des excès de chaleur,
03:27mais aussi des événements climatiques extrêmes et enfin des parasites,
03:31ne pourraient plus produire dans des conditions rentables, donc tout simplement,
03:34devraient arrêter leur activité.
03:35Et il faut savoir que les vignerons français s'y préparent déjà.
03:37C'est le cas, par exemple, du domaine alziprato, quels je pense,
03:40qui sont en train d'aller planter des vignes dans la montagne
03:44pour essayer de s'adapter, finalement, aux dérèglements climatiques.
03:46Alors, ça peut paraître anodin, comme ça, de parler du vent,
03:49mais c'est évidemment très important pour la culture française.
03:51On rappelle, enfin, évidemment que, bien évidemment, le vent doit être consommé,
03:55comme tous les autres types d'alcool, avec modération.
03:57Mais c'est aussi avec cette même modération qu'on aurait peut-être dû considérer
04:00les limites planétaires.
04:01Et avec cette même modération, qu'on devrait continuer d'habiter le monde.
04:04À bientôt.
04:05Voilà, Camille, que j'embrasse sans modération,
04:07à poser très sobrement les termes du débat.
04:09Alors, pour en parler, j'accueille Bernard Farge,
04:11le président du Comité national des interprofessions des vins,
04:15et lui-même vigneron à Mauriac.
04:17Face à lui, la journaliste et spécialiste du Pinard, Alicia Doré.
04:21Une femme du terroir également, Christine Sorel,
04:24vigneronne en biodynamie à Sarriant, dans la vallée du Rhône.
04:27Enfin, le sénateur de Gironde, Hervé Gillet.
04:32Bonjour et bienvenue à tous les quatre.
04:34En France, comme vous le savez, il y a autant de vins que de vignobles,
04:38mais 80% d'entre eux sont exploités en conventionnel.
04:41Or, face aux grands maux, tout le monde ne préconise pas les mêmes remèdes.
04:45Comme souvent, quand les intérêts divergent, les visions s'affrontent.
04:48Le Toutopo, c'est un sujet d'Emma Guizot et Ibar Aïbar.
05:02Nous sommes à Pomerol, une commune réputée du vignoble de Bordeaux.
05:06Dans la région, la production viticole a baissé de 10% cette année.
05:10Dominique Técher est viticulteur en bio depuis 1997.
05:16Ce rang, il est particulièrement décartonné.
05:19Vous voyez, j'ai des beaux...
05:23Des rangs là-bas, j'ai de la récolte pas mal.
05:26Là, ici, je ne sais pas ce qui s'est passé.
05:29Le printemps 2024 a été deux fois plus pluvieux que la normale.
05:34Résultat, les maladies se sont multipliées sur les vignobles.
05:39On sent bien qu'on est dans un climat qui est en train de déraper totalement.
05:45Et c'est apocalyptique.
05:47On vous dit, il faut vous assurer.
05:50Mais l'assurance, vous savez, c'est pour un aléa.
05:54C'est pour quelque chose d'exceptionnel.
05:56Là, aujourd'hui, on n'est plus dans l'aléa.
06:00Tous les ans, on a quelque chose.
06:05Dominique n'est pas le seul à subir les conséquences du dérèglement climatique.
06:13Dans la commune voisine, Damien Biel, lui, a perdu toute sa récolte en juin dernier
06:19à cause d'une autre intempérie extrême, la grêle.
06:27Le matin, quand on est arrivés, il n'y avait plus rien.
06:30Plus de feuilles, plus de rameaux.
06:32Ça, c'est une feuille qui reste après l'orage de grêle,
06:35avec tous les trous, les impacts.
06:37Cette feuille, elle est morte.
06:39Il n'y avait plus de raisins.
06:40Il reste une grappe par-ci, par-là,
06:42là où il devrait y en avoir six ou huit par pied.
06:44C'est à chaque fois qu'il y a eu un grêlon qui est arrivé.
06:47Et sur tous les bois.
06:49Donc tous les bois sont abîmés.
06:52Jusqu'à il y a peu, les orages provenant de l'océan
06:55se disloquaient avant d'arriver jusqu'aux vignes de la Gironde.
06:58Aujourd'hui, l'intensité est si forte
07:01que le fleuve de la Dordogne ne suffit plus à faire barrage.
07:08On n'était pas du tout habitués à avoir de la grêle qui tombe chez nous.
07:13Donc il y a eu un décalage de quelques kilomètres et c'est tombé sur nous.
07:18C'est énormément de tristesse,
07:20parce qu'on est totalement démunis par rapport à ce qui arrive.
07:25On travaille toute l'année pour ça.
07:27C'est vrai que ça fait un peu mal de voir tout perdre d'une récolte
07:33en un claquement de doigts.
07:35Ça, ça fait mal.
07:42Les catastrophes se multiplient pour le vignoble français.
07:46Alors que notre pays est le plus gros producteur de vin au monde.
07:51Dans le bassin méditerranéen, les fortes chaleurs et sécheresses s'enchaînent.
07:55Je n'ai jamais vu ça, je ne sais pas comment je vais faire.
07:59Les dates de vendanges surviennent désormais
08:01deux à trois semaines plus tôt en moyenne que dans les années 80.
08:06Tandis qu'en Gironde, le climat humide et chaud
08:08favorise des pluies torrentielles et des maladies.
08:11Résultat, dans notre pays,
08:13la production viticole a baissé de 18% cette année.
08:16Alors, quel avenir pour notre vignoble ?
08:19Nous nous intéresserons particulièrement au modèle bordelais,
08:22premier département viticole,
08:24mais aussi premier consommateur de pesticides.
08:27Comment peut-il s'adapter à la crise climatique ?
08:30Deux visions s'opposent.
08:32Cyril Giraud est militant à Génération Futur Bordeaux
08:36et Céline Vlostovisser est viticultrice et présidente de Terre de Vigneron,
08:40une cave coopérative en Gironde.
08:43La viticulture bordelaise,
08:45elle utilise beaucoup de produits phytosanitaires de synthèse.
08:48Ces produits sont dangereux
08:51et on les retrouve dans la pollution du milieu,
08:54un peu partout, dans l'air, dans l'eau, dans les sols.
08:57Aujourd'hui, dans les conditions actuelles,
08:59avec le climat océanique que l'on connaît,
09:01il est nécessaire et indispensable de protéger le raisin,
09:04sans quoi on ne peut pas récolter.
09:07Au sud de Bordeaux, à Castres-sur-Gironde.
09:1397 hectares de vignes entourent le château Ferrand.
09:17Un domaine en conventionnel,
09:19comme 86% de la viticulture française.
09:22Cédric Pla est directeur des Châteaux Castel,
09:25groupe propriétaire de ce vignoble
09:27et un des premiers producteurs de vin au monde.
09:30Ici, tout est mécanisé.
09:32Le traditionnel tri des raisins se fait sur tapis roulant,
09:35juste avant le pressoir.
09:37Et quand il y a un défaut sur une baie,
09:39c'est toute la grappe qui part.
09:41Ce type de grappe, on ne va pas les conserver.
09:45On ne peut pas la retrire.
09:47Ça représente une préfable proportion,
09:49et donc on préfère évacuer toute la grappe
09:51pour éviter tout risque de goût
09:53qui ne correspondrait pas à ce qu'on attend.
10:01Juste à côté, une immense remorque réfrigérée.
10:04Un investissement qui a été fait il y a quelques années
10:07pour faire face à l'augmentation des températures
10:09et conserver les raisins au frais.
10:11Pour presser les raisins,
10:13il faut les presser si possible en dessous de 10 degrés.
10:16Ce système nous permet de presser en dessous de 10 degrés
10:18puisque, avec le climat qu'on a aujourd'hui,
10:21la plupart du temps,
10:23dès 8-10 heures du matin,
10:26la température est largement au-dessus de 10 degrés.
10:35Enfin, sur cet immense domaine,
10:37on ne vendange plus les raisins rouges à la main.
10:40Mais avec d'autres machines encore,
10:42comme celles-ci, qui peuvent enjamber deux rangs d'un coup
10:44et trier toutes seules les raisins.
10:49Pour récolter un hectare à la main aujourd'hui,
10:53il va vous falloir une vingtaine de personnes dans la journée,
10:56dans les grandes masses,
10:58alors que pour la machine,
11:00il va lui falloir une heure avec une seule personne
11:02et un chauffeur pour amener la remorque.
11:04Des machines qui permettent de réduire les coûts de production.
11:08Mais sous leur poids allant jusqu'à 8 tonnes,
11:10elles tassent les sols,
11:12détruisent la vie microbienne du vignoble et l'asphyxient.
11:16En plus de la mécanisation,
11:18le château a recours à des pesticides
11:20qui protègent les vignes contre les maladies et les champignons,
11:23surtout en cas de mauvaise météo.
11:27Quelle est l'estimation que tu as, Thomas ?
11:29Aujourd'hui, on va atteindre pratiquement les rendements,
11:31je pense qu'on sera entre 50 et 55 hectares,
11:35et on a des rendements maximum à 60,
11:38malgré cette année qui a été quand même pluvieuse,
11:41intense pour la partie traitement.
11:44Cette année, il a fallu traiter entre 25 et 30% de plus
11:47que ce qu'on peut traiter d'habitude.
11:49Et ce système de production semble efficace.
11:52Tous les ans, le château produit autour de 500 000 bouteilles
11:55vendues dans le monde entier.
11:57Mais traiter l'ensemble d'un vignoble de 97 hectares
12:00avec des pesticides chimiques
12:02a des conséquences sur la biodiversité,
12:04les sols, et pas seulement.
12:08Toute cette biodiversité, déjà,
12:10est en partie détruite par ces produits de synthèse,
12:13elle meurt, et donc nos sols,
12:15au lieu d'être vivants, deviennent morts.
12:17On sait bien que si on utilise des produits
12:19qui tuent un certain nombre d'insectes ou de champignons,
12:22on peut comprendre qu'on a des effets sanitaires
12:24aussi sur les humains.
12:27Les pesticides portent atteinte à l'environnement.
12:30Pourtant, ce qui a provoqué une prise de conscience
12:33de leurs méfaits dans le bordelais,
12:35ce sont les problèmes de santé.
12:37Sylvie Noni et Henri Plandé sont professeurs à la retraite.
12:40Ils ont fondé l'association
12:42Alerte Pesticides Haute-Gironde en 2014.
12:46A l'époque, c'est un scandale dans l'école de Villeneuve-de-Blaye,
12:49au nord de Bordeaux, qui leur a ouvert les yeux.
12:52Des pesticides sont épendus
12:54alors que des élèves se trouvent en cours de récréation.
12:57Les enfants sont pris de malaise
12:59et les pompiers doivent intervenir.
13:04Pour nous, ça nous a paru
13:06vraiment impossible
13:08qu'on continue
13:10de faire des traitements
13:12phytosanitaires, comme on dit,
13:14à proximité d'établissements sensibles.
13:17On appelle établissements sensibles
13:19les écoles, les centres aérés,
13:21les EHPAD aussi d'ailleurs.
13:23Moi, sur l'affaire de Villeneuve-de-Blaye,
13:25où j'étais sur place,
13:27parce que je travaillais à l'inspection départementale à l'époque,
13:30on s'en sera très vite compte
13:32que les parents travaillent dans les vignes.
13:34Evidemment, ils ne vont pas porter plainte.
13:37Il y a une oumerta locale
13:39qui se met en place très très rapidement.
13:41Un tiers de la population de la Haute-Gironde
13:44habite à moins de 50 mètres des vignes.
13:46Soit environ 30 000 habitants
13:48qui se trouveraient exposés à des risques de cancer
13:50comme des leucémies,
13:52des maladies neurodégénératives
13:54ou encore des tumeurs.
13:56Je pense qu'aujourd'hui,
13:57les vignerons ont tellement pris conscience
13:59de ces enjeux
14:01qu'ils sont extrêmement attentifs
14:03à la façon dont ils appliquent
14:05au respect des zones
14:07près des riverains, près des écoles.
14:09Il y a un énorme travail de fond qui a été fait.
14:11Les distances qui sont aujourd'hui en vigueur,
14:13elles sont de l'ordre de 3 mètres, 5 mètres,
14:1510 mètres et 20 mètres
14:17entre la pulvérisation
14:19et la limite de propriété des riverains.
14:21On estime qu'il faudrait au moins
14:23150 ou 200 mètres pour avoir
14:25un niveau de protection qui commence
14:27à être satisfaisant.
14:31C'est ainsi que dans toute la région,
14:33une prise de conscience a eu lieu progressivement.
14:37Aujourd'hui, 23% des vignobles bordelais
14:39sont passés en culture bio
14:41sans pesticides.
14:43Un chiffre qui a presque doublé depuis 2019.
14:47Hélène Ponty possède 7 hectares de vignes en bio
14:49à Fronsac.
14:51Ici, on est sur une parcelle de blanc.
14:53C'est du sémillon.
14:55On va commencer par ce côté-là.
14:57On va se mettre une personne par rang
14:59parce que ce ne sont pas des rangs qui sont très longs
15:01et il n'y a pas énormément de raisins.
15:03Ce matin, elle entame ses premières vendanges
15:05de la saison avec son équipe.
15:07C'est parti.
15:09En prenant bien le premier rang,
15:11un rang chacun.
15:15Si vous coupez, vous me dites.
15:17Nous, on fait des vendanges manuels
15:19déjà par tradition.
15:21On a toujours fait ça.
15:23Moi, j'aurais un peu du mal à imaginer
15:25les vendanges autrement.
15:27C'est toute une atmosphère, toute une ambiance.
15:31Une viticulture sans machine
15:33et sans pesticides.
15:35Hélène a fait ce changement drastique en 2019
15:37pour un vignoble plus respectueux des écosystèmes.
15:41L'agriculture biologique,
15:43elle travaille sur des sols vivants.
15:45C'est qu'on a dedans
15:47tout un écosystème
15:49qui abrite aussi
15:51des auxiliaires, des cultures.
15:53En plus, toute cette biomasse
15:55vivante qui est dans le sol,
15:57c'est une captation de carbone.
15:59Et donc, ça nous permet
16:01en agriculture biologique de pouvoir remettre
16:03du carbone dans le sol.
16:05Mais si leurs pratiques sont plus respectueuses
16:07des sols et de la biodiversité,
16:09les choses se compliquent aujourd'hui.
16:11Car les viticulteurs bio sont plus vulnérables
16:13face aux aléas climatiques
16:15qui s'aggravent d'année en année.
16:17Ce jour-là, pour Hélène,
16:19un gros tri s'impose.
16:21Certaines grappes ont pourri à cause de la pluie.
16:23D'autres sont asséchées par le mildiou,
16:25ce champignon qui raffole de l'humidité.
16:29En fait, le mildiou, ça fait
16:31des petits grains tout secs comme ça.
16:33Donc vraiment tout ce qui est tout sec,
16:35comme si ça avait été un peu brûlé.
16:37Et là, on a quand même du jus.
16:39Si c'est de la bonne pourriture,
16:41c'est positif de le garder.
16:45En viticulture conventionnelle,
16:47des fongicides efficaces sont appliqués
16:49contre le mildiou.
16:51Ici en bio, Hélène utilise de la bouille bordelaise,
16:53un mélange de cuivre et de chaux,
16:55souvent insuffisante.
16:57On recouvre les grappes
16:59et les feuilles d'un produit
17:01qui vient protéger
17:03un peu en surface
17:05contre les pluies et les champignons
17:07qui peuvent se développer.
17:09Ces dernières années, par exemple,
17:11on a eu énormément de pluies très fortes
17:13et très intenses,
17:15où il pouvait pleuvoir 50 mm dans la nuit.
17:17Les 20 premiers millimètres, on est protégés
17:19et puis pour le reste, on n'est plus protégés.
17:21Sur une quarantaine de caisses de raisins
17:23ramassées, Hélène récoltera
17:255 hectolitres de jus de raisin
17:27contre les 8 habituels.
17:29La culture biologique
17:31a aussi ses limites dans certaines conditions
17:33et certains vignerons
17:35ont pris la décision il y a 2-3 ans
17:37d'investir, d'aller dans ce type de démarche
17:39et qui au final
17:41n'ont pas les résultats escomptés
17:43parce qu'à la fois ils ont investi,
17:45ils n'ont pas forcément la récolte
17:47et en plus ils ont parfois des difficultés de mise en marché.
17:49En 2023,
17:5170 exploitations ont arrêté la viticulture bio
17:53en Nouvelle-Aquitaine,
17:55faute de rendement.
17:57Et en 2022,
17:59elles étaient 60% de moins à se convertir
18:01en agriculture biologique
18:03que l'année précédente.
18:05Si le réchauffement climatique
18:07dépasse les 2 degrés d'ici la fin du siècle,
18:09les vignobles historiques de la région
18:11de Bordeaux, qu'ils soient bio
18:13ou pas, ne seront plus en capacité
18:15de produire du vin de qualité.
18:17Alors Camille, vous le disiez, certaines
18:19régions pourraient perdre du terrain,
18:21d'autres en gagner comme la Bretagne, la Normandie,
18:23le nord de la France ou encore le sud de l'Angleterre.
18:25Va-t-on assister à une
18:27recomposition des régions viticoles ?
18:29C'est possible.
18:31Aujourd'hui, il y a beaucoup de questions qui sont posées
18:33sur des évolutions,
18:35à la fois des assolements et au niveau géographique
18:37des plantations.
18:39Et ces questions sont parfaitement légitimes.
18:41Mais est-ce qu'avec plus de 2 degrés de réchauffement,
18:43pourra-t-on encore cultiver
18:45des vignes dans le sud ?
18:47Alors, ce n'est pas le même vin,
18:49et il ne faut pas faire l'impasse non plus sur des évolutions
18:51aussi technologiques et des pratiques
18:53qui nous permettent quand même, pendant un certain temps,
18:55de conserver les plantations
18:57tout en le faisant évoluer.
18:59C'est une question de fond à ce niveau-là.
19:01C'est juste que la viticulture, aujourd'hui,
19:03c'est un démonstrateur, justement, du changement climatique.
19:05Et ça doit être aussi un démonstrateur
19:07de l'adaptation au changement climatique.
19:09C'est-à-dire qu'il y a des champs du possible,
19:11mais il faut qu'on soit sur une approche globale.
19:13Et pour cette approche globale,
19:15il faut réunir l'ensemble des acteurs,
19:17l'ensemble des parties prenantes et valider,
19:19justement, les pistes...
19:21Vous avez le sentiment qu'on est vers un changement global
19:23de ce modèle ?
19:25Je pense qu'il est en cours. On était un peu au pied du mur.
19:27Un peu trop dans les cordes, d'ailleurs.
19:29C'est un dialogue qu'on ouvre régulièrement ensemble
19:31en disant qu'il faut que la filière réagisse
19:33et qu'elle se structure et qu'elle s'organise.
19:35Elle le fait, bien sûr.
19:37À mon sens, pas forcément assez vite.
19:39Mais on voit bien qu'aujourd'hui, il y a des signaux
19:41qui sont posés sur la table. Et c'est ce qu'il faut retenir.
19:43Vous êtes tous les deux, Christine Sorel
19:45et Bernard Farge, vignerons depuis plusieurs générations.
19:47On peut dire que vous avez
19:49la mémoire de la Terre dans la peau,
19:51si j'ose dire. Vous êtes en première ligne
19:53du dérèglement climatique. Qu'est-ce que vous constatez,
19:55tous les deux, sur le terrain ?
19:57Par rapport au reportage qu'on vient de voir,
19:59les vendanges se sont avancées à peu près un mois
20:01en 30 ans. C'est une évidence.
20:03Et ça n'est pas du tout sans effet sur la vigne ?
20:05Et sur le degré d'alcool ?
20:07Alors, là, c'est une
20:09vaste question qui demanderait
20:11beaucoup d'explications. Dans le sens où
20:13effectivement, si on le regarde sur un plan de l'agriculture
20:15tel que nous, on l'a pratiqué il y a 30 ans,
20:17effectivement,
20:19il y a des changements qui ont eu lieu. C'est vrai aussi
20:21qu'on a des cépages qui ont été rajoutés.
20:23Par exemple, chez nous, c'est la Syrah, qui est un cépage
20:25plus précoce, et donc, il est cueilli plus tôt.
20:27Donc, il y a le réchauffement
20:29climatique, effectivement, mais il y a aussi
20:31certains cépages qui ont été rajoutés, qui sont
20:33plus précoces. Et aussi, j'ai envie
20:35de dire, la méthode culturelle.
20:37Ça fait... Enfin, nous,
20:39on a été précurseurs dans notre région.
20:41Dans les années 90, alors que nous...
20:43On était en biodynamie. On était, à l'époque,
20:45je crois que la biodynamie en viticulture
20:47représentait, si je n'ai pas de bêtises,
20:49moins de 0,3 % des vignerons.
20:51Aujourd'hui, ça représente ?
20:53Maintenant, je crois que c'est un ou deux,
20:55mais il faudrait vérifier, j'ai pas les chiffres.
20:57Les terroirs, là où sont les vignes, pas toujours,
20:59mais très souvent, dès que vous êtes sur des coteaux,
21:01dès que vous êtes dans des endroits avec des argiles,
21:03vous êtes sur des terroirs magnifiques.
21:05Mais on les a fait mourir, ces sols, avec les produits chimiques.
21:07Justement, Bernard Farge va nous expliquer
21:09comment est-ce qu'on peut continuer
21:11à cultiver la vigne
21:13en tuant les sols et la biodiversité.
21:15C'est une question
21:17qui est posée très directement.
21:19Oui, très directement.
21:21Juste pour revenir à la question
21:23que vous posiez à Christine et à ma collègue,
21:25il n'y a pas de vignerons climato-sceptiques
21:27en France. Ça n'existe pas,
21:29parce que nous sommes vraiment en première ligne.
21:31Vous êtes vraiment en première ligne.
21:33Et d'un devant d'ange, les chocs climatiques
21:35qui sont extrêmement importants.
21:37Cette année, nous avons des collègues
21:39qui ont perdu toute leur récolte par le milieu,
21:41ça a été dit. La Loire,
21:43l'an passé, c'était le sud-ouest.
21:45Nous avons des collègues qui voient leurs vignes mourir
21:47de sécheresse dans l'Aude,
21:49les Pyrénées-Orientales, en ce moment.
21:51Donc ces évolutions climatiques sont très brutales
21:53et nous les vivons complètement.
21:55Les sols ne sont pas morts.
21:57Une partie de mon vignoble
21:59est en bio.
22:01Depuis quelques années, une partie
22:03est en conventionnel.
22:05Les deux vivent quand même, je vous assure.
22:07Petite question. Est-ce que
22:09la partie en bio résiste mieux aux aléas climatiques
22:11que la partie en conventionnel ?
22:13Parce que les avis divergent sur cette question.
22:15Je ne sais pas si on peut...
22:17Vous disiez le tout oppose.
22:19Je pense qu'il ne faut pas opposer le modèle.
22:21On ne peut pas l'opposer.
22:23On doit faire évoluer nos modèles, ça c'est sûr.
22:25De même que le modèle bio
22:27aujourd'hui doit évoluer aussi.
22:29Le modèle conventionnel doit évoluer.
22:31Il évolue.
22:33La transition est extrêmement rapide en viticulture.
22:35On peut se protéger
22:37en bio
22:39de certains chocs climatiques,
22:41mais ça ne préserve pas de tout.
22:43Le bio est plus sensible
22:45aux maladies parce que les produits
22:47que l'on peut utiliser sont souvent
22:49moins efficaces qu'en conventionnel.
22:51Ça ne veut pas dire qu'on sera
22:53mieux prémunis de la grêle en bio
22:55que en conventionnel.
22:57Face au gel, ça n'existe pas. Mais sur la protection
22:59des maladies, nous savons qu'en bio,
23:01et Céline, ma collègue l'a dit
23:03tout à l'heure aussi, on n'est plus désarmé
23:05parce que les produits sont moins efficaces.
23:07C'est connu depuis longtemps.
23:09Juste une question. Est-ce que vous êtes d'accord
23:11pour dire que les produits phytosanitaires tuent
23:13la biodiversité et les sols ?
23:15Est-ce que vous êtes d'accord sur ce constat ?
23:17Je ne suis pas scientifique, mais c'est montré,
23:19c'est prouvé, et je ne veux pas contester ça.
23:21On est d'accord. On sait qu'un sol vivant
23:23en bonne santé est le meilleur allié de la vie.
23:25Donc il faudrait à terme
23:27sortir du conventionnel
23:29pour mieux se protéger des maladies climatiques.
23:31C'est une question simple.
23:33Par principe, peut-être, mais ce n'est pas possible.
23:35Et ce ne sera pas possible tant que
23:37l'on n'a pas des produits
23:39bio ou biocontrôle qui soient capables
23:41d'être aussi efficaces que des produits conventionnels.
23:43Est-ce que vous pensez que c'est possible ?
23:45Avec l'agroforesterie, la vitiforesterie,
23:47est-ce que c'est possible de sortir du conventionnel ?
23:49Oui, je pense que des méthodes existent.
23:51Et en fait, on voit que sur
23:53une certaine durée, les sols
23:55qui ont été travaillés en bio, en biodynamie,
23:57ont une meilleure résilience, c'est-à-dire
23:59qu'ils sont moins sensibles aux mildews.
24:01Après, c'est difficile de généraliser parce que,
24:03comme vous le disiez, il y a des diversités
24:05de sols qui font que les réalités sont
24:07différentes partout en France.
24:09Je pense que certains s'accordent à dire
24:11qu'un jour, on ne parlera plus de vin nature
24:13parce qu'en fait, le vin nature sera juste le vin
24:15et que le conventionnel n'existera plus.
24:17Après, ce qui est important, c'est de dire aussi que
24:19quand vous rajoutez des préparations en biodynamie,
24:21pour répondre à la question du monsieur tout à l'heure,
24:23oui, on n'a pas de produits chimiques. Effectivement,
24:25quand on est en bio, on est avec la bouillie bordelaise,
24:27du soufre, et on apporte des préparations,
24:29on peut des principes de l'homéopathie,
24:31mais sur des quantités infinitésimales de matière,
24:33mais qui ramènent la vie dans vos sols, par exemple.
24:35Et le fait de ramener la vie dans vos sols,
24:37c'est-à-dire avec sa région humique.
24:39On avait peut-être plus le temps que ce que l'on a
24:41aujourd'hui pour les gens qui veulent se convertir,
24:43de faire cette transformation.
24:45Quand on a fait ça il y a 30 ans,
24:47il n'y avait pas de si gros...
24:49Il y a eu 2002, il y a eu 2003 dans notre région,
24:51mais ça n'a pas été la norme.
24:53Cette norme, elle est en train d'être plus fréquente
24:55aujourd'hui, et c'est là où je pense que
24:57les gens se sentent démunis,
24:59mais les solutions existent.
25:01Alors, les solutions existent. L'INRAE,
25:03qui travaille sur des cépages plus résistants,
25:05affirme que ces nouvelles variétés permettraient
25:07de réduire de 90% les pesticides.
25:09Donc c'est possible, à un moment donné,
25:11de sortir du conventionnel ?
25:13Bien sûr. Si nous changeons
25:15tout l'insépagement et tous les pieds de vigne de France
25:17avec des
25:19pieds résistants,
25:21qui peuvent avoir
25:23parfois des contournements
25:25à la résistance.
25:27Donc il faut être quand même très vigilant.
25:29Et d'ailleurs, les plants résistants,
25:31il faut quand même les traiter une à deux fois par an
25:33pour éviter justement le contournement
25:35de ces résistances.
25:37Mais je souhaite
25:39insister sur l'idée de
25:41progression et de transition.
25:43Lorsque le vignoble français passe
25:45de 5% à 20 et quelques pourcents
25:47et que des régions passent de 8 à 23%
25:49en à peine 10 ans, c'est tout le vignoble français qui progresse
25:51beaucoup en bio. Mais lorsque nous voyons
25:53aussi
25:55l'évolution de la consommation des produits,
25:57des pesticides et des produits
25:59de défense de la vigne,
26:01de 10% de produits
26:03de bio au biocontrôle à 65%
26:05aujourd'hui, ça veut dire que les
26:07viticulteurs conventionnels utilisent
26:09beaucoup plus de produits bio
26:11et biocontrôle que par le passé.
26:13Et donc ils éliminent
26:15dans leur programme beaucoup
26:17de produits de synthèse
26:19pour les remplacer par des produits de bio au biocontrôle.
26:21Aujourd'hui encore,
26:23la vigne est quand même plus utilisatrice
26:25de produits chimiques
26:27que le reste de l'agriculture.
26:29Oui, parce que c'est une...
26:31C'est vrai.
26:33C'est un fait.
26:35Quand on parle de tonnage,
26:37évidemment, lorsqu'on utilise du cuivre
26:39et du soufre, qui sont des produits
26:41utilisés dans 95%
26:43du vignoble français, c'est du tonnage
26:45et même
26:47paradoxalement, plus on a des
26:49vignerons qui vont vers ces produits de bio
26:51et biocontrôle, plus la quantité augmente.
26:53Donc on doit relativiser ce chiffre-là
26:55et regarder dans la qualité de ce chiffre.
26:57Hervé Gillet, vous parliez
26:59de la nécessité de l'adaptation.
27:01De plus en plus de viticulteurs
27:03dus aux canicules et aux sécheresses
27:05irriguent leurs vignes
27:07pour pallier la sécheresse. Dans l'ancien Languedoc-Roussillon,
27:09un cinquième des vignes
27:11y sont arrosées. C'est deux fois plus
27:13qu'il y a dix ans. Est-ce que ce n'est pas précisément
27:15l'exemple type de la maladaptation ?
27:17Alors, c'est une
27:19question vraiment de fond. Vous le savez sans doute,
27:21je travaille en particulier aussi sur
27:23ces sujets, sur la gestion quantitative
27:25et qualitative de l'eau.
27:27Et ça va être un sujet presque un peu
27:29explosif, d'ailleurs. Très explosif,
27:31parce que les ressources sont rarifiées.
27:33Il va falloir créer aussi les conditions d'une écoute, d'une médiation
27:35pour trouver toujours les lignes de crête.
27:37C'est toujours le plus difficile.
27:39Alors, d'une manière générale,
27:41l'irrigation devra s'entendre demain après demain.
27:43À partir du moment où on mobilise
27:45des nouveaux process, des nouvelles technologies
27:47qui nous permettent d'économiser la goutte
27:49d'eau de la meilleure façon possible.
27:51Donc le goutte-à-goutte, par exemple,
27:53est un process qui est intéressant,
27:55si vous voulez. Mais, il a un coût.
27:57Ça veut dire qu'il faudra l'accompagner.
27:59C'est pour ça que j'insiste toujours que l'adaptation
28:01aujourd'hui et l'accompagnement doivent
28:03s'inscrire dans une démarche globale.
28:05On doit retrouver l'ensemble des parties prenantes.
28:07Ça veut dire l'État, derrière. Ça veut dire aussi l'Europe
28:09pour accompagner au processus
28:11de transformation.
28:12Il existe des variétés à maturation
28:14plus tardive ou des sébages plus résistants
28:16au stress hydrique ?
28:17Oui, oui. En fait, moi je ne suis pas contre les hybrides
28:19mais je trouve que ça nie
28:21un petit peu l'idée de terroir et le fait
28:23qu'on puisse reconnaître un vin en fonction de son terroir.
28:25Ce qu'on constate aujourd'hui, c'est que
28:27certains sépages qu'on avait abandonnés
28:29parce qu'ils n'étaient pas assez matures,
28:31ils n'étaient pas adaptés au climat
28:33de l'époque, aujourd'hui reviennent en état de grâce
28:35et on les réutilise.
28:37C'est une sorte de mémoire végétale qui va permettre
28:39de garder cet effet terroir
28:41et d'être utilisé dans les assemblages dans le futur
28:43pour en garder plus de fraîcheur et plus d'équilibre.
28:45Je trouve qu'il y a quelque chose d'intéressant à explorer
28:47avec ça.
28:48Le profil aromatique du vin va de plus en plus bouger
28:50avec ces nouveaux sépages, avec ces variétés.
28:52Du coup, le terroir lui-même va évoluer.
28:54Le terroir va évoluer.
28:56D'autres variétés ou pas.
28:58Ce que je voudrais dire, ça paraît peut-être parfois
29:00un peu provocateur, mais je pense que certaines régions
29:02ont bénéficié du changement climatique.
29:04Dans des régions dans lesquelles les rouges étaient
29:06relativement austères, les blancs relativement acides,
29:08avec le réchauffement, ça leur a permis d'avoir
29:10des meilleures maturations et donc
29:12d'avoir des vins qui sont meilleurs. Je pense à l'Alsace
29:14sur l'épinot noir, je pense à la Champagne
29:16sur leur vin tranquille aussi.
29:18Mais il y a aussi eu ce phénomène d'ajustement
29:20qui, pour certains vignerons, et ils le reconnaissent eux-mêmes,
29:22a été bénéfique.
29:23Un mot quand même sur ces vendanges plus précoces.
29:25Elles ont un effet très clair sur le taux d'alcool.
29:27On gagne, je crois, un degré par décennie.
29:29Ce qui est énorme.
29:31C'est énorme. Alors c'est vrai qu'en plus,
29:33aujourd'hui, il y a une inadéquation complète
29:35entre le dérèglement climatique
29:37et les goûts des gens.
29:39Oui, ils veulent des vins de plus en plus légers,
29:41de moins en moins d'acide,
29:43de moins en moins de sulfite, et on leur propose
29:45tout à fait autre chose.
29:47Donc il faut s'adapter.
29:49Il y a certains cépages qui permettent aussi
29:51de faire des assemblages avec des vins plus frais,
29:53plus légers, notamment dans le sud.
29:55Mais certains vins, aujourd'hui,
29:57si on les vendait aux dates classiques,
29:59atteindraient 15-16 degrés.
30:01Et ça, ils ne seraient plus du tout vendables.
30:03C'est une question de gamme.
30:05Une question d'évolution de la gamme.
30:07Parce qu'on a plusieurs niveaux de consommateurs.
30:09Il ne faut pas croire.
30:11Il y a toute la typicité des vins en fonction du terroir.
30:13C'est tout un travail
30:15pour trouver ces équilibres.
30:17Mais il y a aussi des vins
30:19qui correspondent à des niveaux,
30:21à des niches de consommation,
30:23et sur lesquelles il faut créer les conditions
30:25de pouvoir conquérir des marchés.
30:27Parce que l'adaptation, elle fera aussi
30:29qu'on aura des modèles économiques
30:31qui permettront de répondre à différents types de marchés
30:33pour pouvoir consolider ces modèles.
30:35Sinon, effectivement, ces derniers auront beaucoup de difficultés.
30:37Donc il faut élargir la gamme
30:39et l'adapter.
30:41J'aimerais juste comprendre quelque chose.
30:43Le salut du vin français
30:45se trouve au nord.
30:47Y a-t-il des régions viticoles du sud
30:49qui ne pourront plus du tout produire de vin, concrètement ?
30:51Je ne pense pas.
30:53Si, en effet,
30:55il n'y a pas d'adaptation,
30:57Hervigile a raison d'utiliser ce mot.
30:59C'est d'ailleurs le choix qu'a fait la filière viticole en France
31:01après un vaste
31:03programme d'études
31:05qui s'appelait le programme LACAV,
31:07longue observation d'adaptation
31:09aux changements climatiques,
31:11et notamment le scénario
31:13nomade.
31:15Évidemment, nous avons choisi plutôt le scénario d'adaptation.
31:17L'adaptation, elle est évidemment nécessaire.
31:19Sinon, il se passera ce que vous dites,
31:21la vigne disparaîtra de beaucoup d'endroits.
31:23Pratiquement tous les endroits que l'on connaît
31:25au sud de la Loire, peu ou prou.
31:27Donc l'adaptation par
31:29les méthodes culturelles, par les cépages
31:31et cahiers des charges.
31:33Il y a déjà 25 appellations en France
31:35qui ont intégré dans leurs cahiers des charges
31:37certains des cépages grecs, d'autres des cépages
31:39portugais, ou des cépages.
31:41Donc vous voyez des régions qui sont déjà
31:43plus chaudes. Derrière, il y a
31:45l'adaptation aussi des méthodes culturelles.
31:47Christine le disait,
31:49il y a une forme de gestion des
31:51sols différentes pour justement
31:53s'adapter aux changements climatiques.
31:55Plus d'énervement dans certaines régions,
31:57un peu moins dans d'autres. Le paillage, l'exposition,
31:59la topographie. Et cette évolution
32:01aujourd'hui, cette transition, cette révolution
32:03agronomique dans les vignobles,
32:05elle n'est pas... Bien sûr, elle est
32:07le collègue, un bio d'un ami,
32:09bien sûr, un bio aussi, mais aussi
32:11chez les conventionnels. Il y a
32:13des fleurs partout dans les vignes dorénavant.
32:15Il y a de la féverole,
32:17de la vesse, de l'orge.
32:19Nous semons tous des végétaux dans la vigne
32:21pour passer l'hiver et qui sont extrêmement
32:23positifs pour l'ensemble de la vigne.
32:25Vous constatez ça également ?
32:27Moi, je pense qu'il y a une prise de conscience qui est
32:29quand même générale. Par contre, ce qu'on constate
32:31aussi, c'est que certains vignerons
32:33qui sont passés en bio, mais plus pour des raisons
32:35un peu cosmétiques, font marche arrière
32:37parce qu'effectivement, ça rend la vigne parfois
32:39plus vulnérable, il y a des baisses de production.
32:41On constate que lorsque, après un passage
32:43en bio ou même, je crois, en biodynamie,
32:45il y a une baisse
32:47de la production qui est naturelle,
32:49mais qui remonte après et qui
32:51permet, après, sur le long terme... C'est vraiment
32:53une vision long terme. C'est pour ça qu'en fait,
32:55le choix du bio, le choix de la biodynamie,
32:57il faut absolument que ce soit vraiment une conviction
32:59et pas simplement quelque chose qu'on fait
33:01pour correspondre à un marché.
33:03Mais il ne reste pas moins qu'en termes de chiffres,
33:05de toute façon, la viticulture a
33:07plus de conversion en bio que l'agriculture
33:09de manière générale. Donc du coup, il y a
33:11peut-être une réticence, mais
33:13le mouvement général est quand même plus important
33:15en viticulture que dans le reste de l'agriculture.
33:17Est-ce que ça va assez vite, Hervé Gillet ?
33:19Alors...
33:21Pour amortir la casse ?
33:23L'idée, c'est d'amortir la casse.
33:25L'idée, c'est que les vignerons s'en sortent.
33:27En tant que responsable politique,
33:29on est effectivement sur des évolutions qui touchent
33:31l'économique, le social et l'environnemental.
33:33Donc on a envie de pousser
33:35pour que l'organisation soit la plus
33:37parfaite possible et qu'on aille le plus vite possible.
33:39Alors bien sûr, il y a des échanciers
33:41qui sont à respecter, mais c'est pourquoi
33:43je parle, moi, toujours de la nécessité
33:45d'une mobilisation, d'une organisation
33:47collective qui soit la plus stratégique
33:49et la plus prospective possible. Pourquoi ? Parce que
33:51aujourd'hui, l'ensemble des parties prenantes
33:53sont inquiètes, et notamment les banquiers
33:55aussi qui sont derrière, et il faut regarder les choses
33:57d'un peu plus près. Et ils ont besoin aussi
33:59de lignes de visibilité pour penser
34:01que le vignoble pourra s'adapter, mais qu'il a quand même
34:03un avenir, et donc il est logique
34:05de pouvoir l'accompagner dans des bonnes conditions.
34:07Et il faut créer ces éléments de la confiance.
34:09Il faut faire en sorte aussi que
34:11chaque exploitation puisse avoir
34:13les moyens de pouvoir accompagner
34:15ces processus de changement. Ça veut dire que
34:17derrière nous, politique, on doit réfléchir
34:19sur la fiscalité,
34:21les moyens de les accompagner aussi au niveau européen,
34:23parce que c'est un enjeu européen, et l'accompagnement,
34:25l'adaptation, doit s'inscrire dans la politique
34:27PAC, et les viticulteurs doivent également
34:29en bénéficier. Bref, vous voyez,
34:31il faut créer toutes les conditions pour
34:33accompagner véritablement ce processus
34:35de transformation, jouer ensemble
34:37et jouer collectif. Et la viticulture
34:39joue de plus en plus collectif,
34:41mais parfois est un monde un peu divisé
34:43et un peu parcellisé en fonction
34:45de sa gouvernance.
34:46Qu'est-ce que vous en pensez madame Farge ? La viticulture est...
34:48Nous sommes très
34:50divers, de nombreuses régions,
34:52de nombreux crus, de nombreuses appellations,
34:54de nombreux
34:56modes de pensée régionaux,
34:58des caractères régionaux assez forts,
35:00assez marqués, tout ça s'améliore.
35:02Évidemment, lorsque
35:04nous subissons ces
35:06chocs climatiques, qui ne sont pas forcément les mêmes,
35:08en même temps, au même moment,
35:10ça montre la nécessaire adaptation
35:12qu'on doit avoir. Vous posez la question
35:14juste un instant, est-ce qu'on va assez vite en bio ?
35:16On est allé un peu trop vite
35:18pour l'instant, parce qu'il y a eu un
35:20taux de conversion très fort ces
35:22dernières années, le marché n'a pas forcément
35:24répondu totalement, donc on
35:26a quelques vignerons qui reculent,
35:28encore une fois, cette année, il y a des vignerons qui ont quasiment tout
35:30perdu, parce qu'ils ont été plus en
35:32danger en bio qu'ailleurs.
35:34Ça ne veut pas dire que dans dix ans, on ne soit
35:36pas à un niveau de conversion...
35:38Il faut l'envisager sur un temps long.
35:40Et en plus, il ne faut pas le décréter.
35:42On ne peut pas décréter qu'on veut faire passer des gens
35:44en bio ou en biodynamie, parce que
35:46on est en train de parler économique,
35:48changement climatique et brutal,
35:50avec la nature qui prend son temps.
35:52C'est-à-dire que, oui, elle est brutale
35:54sur ses actions, et en même temps,
35:56quand une vigne pousse, elle prend son temps.
35:58On parlait tout à l'heure de vins qui
36:00vont changer si on change
36:02le type de cépage. Mais moi, j'ai envie de vous
36:04dire qu'avec les mêmes cépages dans une même vie,
36:06parce que vous avez changé les méthodes de culture,
36:08vous changez le goût de vos raisins, et c'est toujours le même
36:10raisin. Comment ça se fait ?
36:12C'est juste parce que vous avez
36:14ramené cette vie dans le sol, on en revient là,
36:16et que le goût du raisin, parce que
36:18ce qui est puisé dans ce sous-sol, il est différent,
36:20et ça se sent dans le goût du raisin.
36:22Mais toute cette approche-là du vignoble,
36:24elle prend du temps.
36:26Et on passe notre temps à faire, finalement,
36:28un grand écart entre ce qu'on nous demande
36:30économiquement, ce que les banquiers veulent,
36:32ce qu'il faut qu'on arrive à fournir
36:34chaque année, parce que sinon, on s'en sort pas,
36:36on a des salaires à payer. On travaille aussi
36:38avec les humains. Je sais
36:40qu'il est compliqué de travailler avec des humains aujourd'hui
36:42pour trouver des gens qui veulent venir travailler.
36:44Ça fait plus recette, notre métier.
36:46Hervé Gilles, comment l'État peut les aider, concrètement ?
36:48L'État et l'Union européenne.
36:50L'Union européenne, qui a financé beaucoup
36:52les intrants et les produits phytosanitaires, quand même.
36:54Oui, bien sûr, il y a toujours des paradoxes
36:56politiques qu'il faut savoir gérer
36:58à quelques niveaux.
37:00Il y a des réunions, en ce moment, qui sont particulièrement
37:02importantes, sur dispositifs aussi
37:04d'accompagnement, mais au-delà de cela,
37:06il y a aussi des éléments
37:08macro, au niveau mondial,
37:10sur des prises de positions européennes. Vous savez qu'il y a des conflits,
37:12notamment avec le marché chinois,
37:14qui sont à venir, qui pourraient impacter
37:16l'Armagnac et l'Armaniac. Il faut espérer, bien sûr,
37:18que l'Evignum ne soit pas touché, mais on a déjà
37:20connu ça, c'est-à-dire des refermements de marché,
37:22à un moment donné, chinois, aux États-Unis,
37:24et l'impact politique est considérable.
37:26Sur l'accompagnement de la filière,
37:28il y a eu déjà des premiers niveaux d'accompagnement,
37:30bien sûr, au niveau national,
37:32avec les dispositifs d'arrachage.
37:34Nous attendons, avec beaucoup d'impatience,
37:36la sortie du plan filière
37:38et surtout, qui était attendu, quand même,
37:40depuis déjà de nombreux mois,
37:42il a été un peu retardé, mais bon, le but du jeu,
37:44c'est qu'il sorte. Nous, on sera très attentifs
37:46à ce dialogue, d'une part, avec le gouvernement
37:48et de quelle manière, au niveau du Parlement,
37:50on va pouvoir relayer, dans les meilleures
37:52conditions, les propositions qui
37:54pourraient être faites. Malheureusement, dans un
37:56contexte budgétaire qui est terrible, il faut quand même dire les choses
37:58comme elles sont, ça veut dire qu'il va y avoir
38:00une bataille, mais les enjeux qui sont derrière
38:02la filière sont considérables, je les ai cités
38:04tout à l'heure, économiques, mais sociales.
38:06Il faut regarder, aujourd'hui, la dimension
38:08humaine. On vit, à l'heure actuelle, dans
38:10certains secteurs, des drames humains,
38:12des drames humains. Il faut qu'on y soit
38:14vraiment très attentifs, et c'est de notre responsabilité
38:16d'accompagner au mieux
38:18les propositions. Alors, effectivement,
38:20la consommation baisse de vin,
38:22et il y a un tabou qui est tombé, c'est le French
38:24Paradoxe, Raphaël Kier.
38:26C'est l'heure de votre Climatoscope,
38:28et je veux, on veut, tout savoir
38:30sur ce French Paradoxe.
38:32Musique
38:34Musique
38:36Musique
38:38Alors, en préparant cette émission,
38:40je me suis un petit peu promené sur les sites
38:42web de Vigneron, Grand Château,
38:44Coopérative, et j'ai vu traîner une idée
38:46que j'avais moi-même en tête, je dois reconnaître,
38:48qui est celle de ce qu'on
38:50appelle le French Paradoxe, le Paradoxe français.
38:52La consommation modérée de vin protège
38:54la santé. J'avais ça en tête.
38:56Et même bon pour la santé. Oui, mais j'avais quand même un doute
38:58sur la question. Moi, j'ai entendu ça toute ma vie.
39:00Un verre de vin, c'est excellent pour nos
39:02artères. Je suis reparti retracer
39:04cette histoire, et donc je me suis rendu compte que
39:06ça avait commencé en 1981, avec un article
39:08scientifique qui était intitulé
39:10« Particularité épidémiologique de la maladie
39:12coronarienne en France ». Alors,
39:14pour faire simple, il s'agit simplement
39:16de dire ou de démontrer que
39:18une alimentation riche en graisse animale, en France,
39:20ne conduit pas au taux de maladie
39:22cardiovasculaire attendu.
39:24Alors, à l'époque, on ne parle pas de vin,
39:26ni encore de French Paradoxe,
39:28puisque le terme, lui, va arriver en 1986,
39:30dans la lettre de
39:32l'Organisation internationale
39:34de la vigne et du vin. Et dans cette lettre,
39:36cette curiosité épidémiologique,
39:38en fait, est rapprochée de la consommation de vin.
39:40Le premier élément
39:42scientifique sur ce paradoxe
39:44français, en fait, intervient en 1992.
39:46C'est une étude qui montre une
39:48corrélation entre la consommation de vin
39:50et des risques réduits de maladies
39:52coronariennes. Ceux qui boivent
39:54un peu de vin ont une meilleure santé
39:56que ceux qui n'en boivent pas du tout,
39:58et à l'époque, déjà, les auteurs soupçonnent
40:00les polyphénols, les antioxydants
40:02qui sont présents dans le vin. Et l'année
40:04après, des scientifiques américains, effectivement,
40:06vont arriver à démontrer que le
40:08resveratrol, qui est un polyphénol très
40:10abondant dans le raisin, inhibe l'oxydation
40:12des graisses qui sont responsables des maladies
40:14coronariennes. En gros,
40:16dans un tube à essai, il y a moins de sang
40:18coagulé quand on rajoute du resveratrol.
40:20Et on s'est dit, bon, ok, ça doit être
40:22la même chose dans nos artères. Donc, on avait
40:24le phénomène, la corrélation statistique
40:26et l'explication du phénomène.
40:28Donc, du coup, le paradoxe français a été
40:30adoubé dans cette décennie.
40:32Un verre de vin par jour, c'est plutôt bon
40:34pour la santé. Mais une corrélation,
40:36ce n'est pas un lien de cause à effet. Et les tests
40:38sur le resveratrol ont été majoritairement faits
40:40en tube, en gros, et vaguement
40:42sur les animaux.
40:44Ensuite, le paradoxe français va se
40:46fissurer progressivement, puisque des études
40:48ne retrouvent pas cette
40:50corrélation. Et en 2016,
40:52il y a un scientifique américain qui va
40:54trouver un défaut méthodologique. Dans les études
40:56qui montraient l'effet protecteur,
40:58ces études, elles consistent à comparer
41:00des gens qui boivent pas du tout de vin
41:02aux gens qui en boivent très peu.
41:04Mais parmi ceux qui n'en boivent pas,
41:06ceux qu'on va qualifier d'abstinents, en fait,
41:08on avait inclus des gens qui étaient
41:10abstinents, mais qui avaient
41:12beaucoup bu. En gros, il y avait
41:14d'anciens alcooliques dans la cohorte
41:16des abstinents, et donc, du coup,
41:18des gens dont la santé
41:20a déjà été abîmée par l'alcool.
41:22Et donc, quand vous comparez les deux,
41:24vous arrivez avec l'illusion, à la fin,
41:26que l'alcool protège
41:28partiellement la santé.
41:30Donc, le paradoxe français avait un peu de plomb
41:32dans l'aile, et en 2018,
41:34c'est un peu le coup de grâce, avec une étude internationale
41:36qui suivait
41:3828 millions de personnes sur
41:4025 ans, et dont les conclusions
41:42ont été qu'un seul verre
41:44par jour augmente le risque de développer
41:46l'un des 23 problèmes de santé associés à l'alcool.
41:48Alors, un verre
41:50d'alcool par jour, l'augmentation
41:52du risque est faible, mais, je cite,
41:54toute consommation d'alcool est nuisible pour la santé.
41:56C'est la position officielle de l'Inserm,
41:58qui considère désormais le French Paradoxe
42:00comme une illusion.
42:02Et comme c'est une illusion agréable
42:04à entendre et utile pour vendre du vin,
42:06on a peu envie de continuer à y croire.
42:08Bannar Farge, je vous vois
42:10opiner du chef.
42:12Non, Nico, je ne suis pas scientifique, je ne vais pas...
42:14Mais si vous contestez les études
42:16de l'Inserm.
42:18En tout cas, on peut se faire plaisir
42:20aussi en buvant
42:22raisonnablement du vin
42:24qu'on aura choisi, avec un vigneron
42:26qu'on aura choisi aussi, parce qu'on le connaît,
42:28avec un plat qui nous fera plaisir,
42:30avec des amis ou avec la famille.
42:32Le French Paradoxe, chez vous, il n'est pas tombé.
42:34Non, il n'est pas tombé.
42:36Le tabou persiste.
42:38On ne parle pas de santé,
42:40c'est ce dont vous parlez.
42:42Le plaisir, ça...
42:44Je pense que
42:46viser l'abstinence
42:48n'est pas forcément une bonne réponse
42:50à la santé.
42:52Une question sur la taille des domaines.
42:54À Bordeaux, notamment, tous les vignerons
42:56qui font du vin de masse, essentiellement
42:58destinés à l'exploitation, sont en train de se ramasser.
43:00Est-ce qu'on arrive à la fin d'un modèle ?
43:02Je pense qu'on arrive à la fin
43:04d'un modèle, parce que ce qu'on constate à Bordeaux,
43:06c'est en fait une sorte de polarisation
43:08entre des grands creux classés
43:10qui continuent à vendre, même s'ils vendent
43:12moins qu'avant, et c'est un peu l'arbre qui cache la forêt,
43:14parce qu'eux fonctionnent, parce qu'ils ont une image,
43:16parce qu'ils ont une force de frappe qui est énorme.
43:18Après, on a des vignerons,
43:20des domaines qui sont incarnés.
43:22Aujourd'hui, les gens veulent du récif,
43:24que les domaines soient rattachés,
43:26non pas à des propriétaires ou à des groupes d'assurance
43:28ou que sais-je, mais vraiment à des personnes.
43:30Et on voit que des domaines à taille humaine,
43:32qui, eux, ont une histoire
43:34et qui, notamment,
43:36marchent très bien aux États-Unis,
43:38eux, continuent à bien marcher, mais ils sont un peu à la marge.
43:40Ils sont souvent, justement, en biodynamie, etc.
43:42Je pense que, de toute façon, il faudra,
43:44même chez les grands, il faudra revenir
43:46sur des exploitations à taille humaine qui sont
43:48plus fragiles, en fait,
43:50et beaucoup plus à même de réagir
43:52facilement aux...
43:54Aux aléas climatiques.
43:56Mais l'adaptation,
43:58et on a parlé des chocs climatiques jusqu'à présent,
44:00les chocs commerciaux
44:02ont été très nombreux depuis
44:042018, avec
44:06un marché chinois qui était très important
44:08pour de nombreuses régions, notamment le Bordelais,
44:10mais qui... Nous avons vu
44:12un retournement du marché chinois parce que les Chinois
44:14ont noué des accords commerciaux avec
44:16l'Australie, le Chili et autres. Ensuite,
44:18les taxes Trump,
44:20liées en conflit, Airbus-Boeing,
44:22vous voyez, on sort loin.
44:24Ce qui nous intéresse ici, c'est vraiment la transition,
44:26la vie foresterie.
44:28Oui, mais le lien du choc commercial
44:30fait que l'affaiblissement
44:32de la résilience des entreprises
44:34par les chocs commerciaux
44:36permet plus difficilement de faire face
44:38aux chocs climatiques.
44:40Christine Soral, faudrait-il, au fond,
44:42revenir à une viticulture
44:44régénérative, une pratique ancestrale,
44:46sur de plus petits domaines ?
44:48Est-ce qu'on serait mieux armés ?
44:50Alors, c'est sûr qu'il faut être...
44:52C'est important d'avoir une taille
44:54humaine, c'est-à-dire qu'avec vos mains
44:56et votre équipe
44:58que vous avez avec vous, humainement,
45:00combien pouvez-vous
45:02prendre soin d'hectares
45:04de vignes pour avoir des jolis raisins
45:06pour pouvoir faire du bon vin, puisque c'est ça le processus.
45:08On est planté d'une
45:10certaine façon, c'est-à-dire que dans nos
45:12régions sud, les rangs de vignes sont plantés
45:14plus larges parce qu'il fait chaud.
45:16Plus vous montez vers le nord et plus vous avez
45:18de rangs qui se sont serrés les uns à côté des autres.
45:20Qu'est-ce que sont en train de faire certaines régions ?
45:22D'élargir.
45:24Je ne sais pas si on peut parler de réduction de domaine
45:26ou si on va parler de changement...
45:28D'espacement.
45:30Pour pouvoir réguler ce changement climatique qui fait que
45:32nous, on l'a vécu dans le sud, donc il y a longtemps
45:34qu'on l'a commencé, quand on entend parler
45:36de 50 hecto-hectares, on ne sait même pas ce que c'est depuis
45:38très longtemps. Pas parce qu'on nous l'a interdit,
45:40pas parce que 35 hecto-hectares,
45:42on ne pourrait pas produire plus. On peut le faire.
45:44Il y a des endroits qui pourraient le faire, mais d'autres pas.
45:46Dans d'autres régions. Mais si on fait ça,
45:48on va devoir irriguer. À un moment donné,
45:50il faut se poser la question de l'équilibre.
45:52On a tous eu cette réflexion-là. On a tous eu
45:54l'envie de se dire, tiens, on sent
45:56que dans nos vins, il ne se passe pas.
45:58On n'a plus ce qu'on devrait avoir. D'où ça vient ?
46:00On a découvert qu'en fait,
46:02la biodynamie, ce n'est pas un dogme,
46:04c'est quelque chose qui existait
46:06il y a 80 ans, voire avant.
46:08Si on regarde une de nos vignes à 90 ans,
46:10qu'on a réappris le geste de taille,
46:12qu'on appelle aujourd'hui la taille douce, c'est-à-dire
46:14qu'on respecte le flux de sève. Si vous prenez un tuyau,
46:16je pense qu'on l'explique à n'importe quel consommateur,
46:18on lui dit, tu prends ton tuyau
46:20et tu le vris comme ça, il ne sortira pas d'eau.
46:22C'est ce qu'on a fait à la vigne.
46:24Et vous regardez une vigne à 80 ans,
46:26on savait ce que c'était comme flux de sève.
46:28Donc on réapprend des gestes qu'on a oubliés,
46:30des gestes ancestraux, et donc
46:32effectivement, on réadapte nos parcelles
46:34en fonction de ce que
46:36chaque année, il se passe.
46:38Au fond, ce que vous me dites, Christine Sorel, c'est que l'avenir du vin
46:40est peut-être à chercher dans le passé, dans les cépages
46:42oubliés, les pratiques ancestrales
46:44ou les 10 000 ans d'histoire
46:46paysanne. Le monde de demain,
46:48c'est un sujet d'Emma Guizot et Ibar Ahiba.
47:00À Porte-Benoge,
47:02au sud-est de Bordeaux,
47:04Gérald Macieux se prépare pour les vendanges
47:06de ses 5 hectares de vignobles.
47:14Le viticulteur produit
47:16du vin en agriculture biologique
47:18depuis 2004.
47:20Et en attendant la date de récolte,
47:22son âne et sa mule s'assurent
47:24qu'aucune mauvaise herbe ne perturbe le développement
47:26de ses fiers de vigne.
47:28Un des arbres naturels qui lui
47:30évite d'utiliser des pesticides chimiques.
47:34C'est cette plante-là.
47:36C'est une plante très concurrente
47:38pour la vigne. Si jamais on laisse
47:40le siège chiendant, c'est une des difficultés
47:42en bio d'ailleurs, quand on n'utilise pas
47:44d'herbicide, c'est d'arriver à trouver
47:46cet équilibre pour que la vigne ait suffisamment
47:48de vigueur. Et si
47:50le chiendant est trop implanté,
47:52de ce fait, la vigne
47:54peut arriver à ne plus pousser.
47:56En guise de récompense,
47:58Prince, son âne,
48:00est autorisé à manger aussi du raisin.
48:04Il est bon, Prince, ce raisin ?
48:06Est-ce qu'il est bon ?
48:08Gérald peut se permettre
48:10de lui en offrir. Sa récolte
48:12s'annonce belle cette année encore.
48:14Anne Calderoni,
48:16oenologue et conseillère en vin,
48:18est venue s'en assurer.
48:20Là, il y a un bel équilibre.
48:22Pourquoi c'est encore épais ?
48:24Si la météo reste comme ça 15 jours, 3 semaines,
48:26ce serait parfait.
48:28...
48:30Disons qu'on est sur
48:32une très belle récolte.
48:34Oui.
48:36Disons que
48:38j'en espérais pas autant.
48:42Non seulement il n'utilise pas
48:44de pesticides,
48:46mais il enrichit aussi les sols
48:48en matière organique, avec des arbres
48:50fruitiers qu'il a plantés lui-même.
48:54Là, il y a un pommier,
48:56deux cerisiers, un plant de soja
48:58et un figuier.
49:00Ça fait partie
49:02de la richesse, de la diversité.
49:06Les oiseaux, d'ailleurs,
49:08se nourrissent de tout ça.
49:12Faire coopérer des arbres et des cultures agricoles,
49:14c'est le principe
49:16de l'agroforesterie.
49:18Gérald protège
49:20aussi les petits bois qui entourent ses vignes
49:22et qui apportent de la fraîcheur
49:24et préservent la biodiversité.
49:28C'est dans cette forêt
49:30qu'il a découvert une grotte à 20 mètres
49:32sous terre.
49:36Là, il faut faire attention
49:38à la tête.
49:40Jamais à court d'idée,
49:42le viticulteur compte y aménager
49:44une chambre froide pour éviter
49:46les caves climatisées.
49:48Là, il y a au moins presque un mètre
49:50de pierre, de calcaire,
49:52que je voudrais enlever
49:54pour avoir suffisamment de hauteur
49:56et ensuite stocker mon vin dedans.
49:58Là, c'est à 12 degrés toute l'année,
50:00donc pas besoin d'artifice, de clim
50:02ou autre, c'est top.
50:04C'est super, c'est une condition idéale
50:06pour stocker du vin.
50:08On n'a pas de grosses variations de température.
50:10Utiliser l'existant
50:12pour produire son vin tout en respectant
50:14le vivant, un système qui semble
50:16efficace, tous les ans, le Vigneron
50:18produit 18 000 bouteilles.
50:20Christine Sorel, vous pratiquez aussi
50:22l'agroforesterie ?
50:24On a des forêts autour des parcelles,
50:26il y a des animaux sauvages, des insectes,
50:28on sait, il y a des études qui ont montré depuis plus de 30 ans
50:30que même les insectes ou certains petits animaux
50:32ne vont pas quitter la forêt
50:34pour venir dans vos parcelles
50:36si c'est tout sans rien,
50:38si c'est tout nu.
50:40D'où la biodiversité.
50:42Et il y a des Vignerons, nous on ne le fait pas,
50:44qui dans les parcelles, aujourd'hui, mettent des arbres.
50:46Bernard Fange, vous plantez des arbres fruitiers
50:48dans vos parcelles ?
50:50Non, mais j'ai beaucoup d'arbres, nous sommes dans une région
50:52où il y a beaucoup de forêts, beaucoup d'arbres, beaucoup de bosquets,
50:54souvent sur des haies, mais aussi
50:56énormément d'arbres sont plantés
50:58dans le Vigneron.
50:59Bernard Fange, vous êtes l'incarnation du en même temps
51:01macronien, conventionnel et bio,
51:03en même temps.
51:05Je ne suis pas sûr que vous le présentiez comme étant
51:07quelque chose de très positif,
51:09mais en tout cas, j'assume...
51:11Vous êtes en pleine transition, vous transitionnez.
51:13Je vous sens en train
51:15de transitionner.
51:16Oui, comme tous mes collègues.
51:18Parce que, justement,
51:20le tout oppose...
51:22Je me moque gentiment de vous.
51:24Je le prends très bien, je vous assure.
51:26Et cette idée d'opposer les modèles
51:28ne me semble pas être source
51:30d'évolution et d'adaptation.
51:32Amener le plus de monde possible
51:34dans la transition, avec le temps,
51:36et je remercie Christine d'avoir
51:38rappelé ça, est extrêmement important
51:40et extrêmement positif aussi.
51:42Est-ce que vous saviez que l'Alsace est la région de France
51:44où il y a le plus de jeunes repreneurs de domaine
51:46et 95 %
51:48y sont en bio, en biodynamie
51:50ou en conversion ? C'est quand même un sacré marqueur
51:52de changement, ça.
51:54En Alsace, oui. Après, il y a aussi la proximité
51:56avec l'Allemagne qui fait qu'ils sont très sensibles à la biodynamie
51:58et, historiquement,
52:00ils ont toujours été très sensibles à la biodynamie.
52:02Mais c'est vrai qu'il y a
52:04une scène viticole de jeunes
52:06aujourd'hui en Alsace
52:08qui est très enthousiasmante
52:10et je trouve que c'est plutôt positif
52:12parce qu'en plus, l'Alsace a eu une image
52:14assez mauvaise, pour certaines raisons,
52:16après-guerre, par rapport à ses vins
52:18et là, aujourd'hui, on trouve des vins absolument exquis.
52:20Il y a des vignerons dans trois
52:22pays transfrontaliers qui ont eu l'idée de se fédérer
52:24autour de la Moselle. Est-ce que vous avez
52:26entendu parler de cette association ?
52:28Ils gèrent 10 000 hectares de vignobles,
52:30c'est unique en Europe.
52:32Est-ce que la mutualisation des terres,
52:34des coûts et des risques pourrait être aussi une piste ?
52:38Mutualisation d'une terre propriété,
52:40peut-être. En tout cas, là encore,
52:42il n'y aura pas de modèle unique.
52:44Je le dis, je le redis,
52:46il y a des propriétés de toute petite taille
52:48qui vont très bien s'adapter, qui vont très bien
52:50s'en sortir, d'autres plus grosses qui iront,
52:52mais la mutualisation, du partage
52:54et de l'expérience, il est extrêmement important.
52:56Vous parliez de mutualisation, moi je voudrais parler de mutualisation
52:58avec le vivant. Vous me disiez
53:00en quelques mots ce qu'est la biodynamie.
53:02Vous êtes prête ? Oui !
53:04La biodynamie, c'est la recherche des équilibres.
53:06La recherche des équilibres entre ce qui se passe dans le sol
53:08et dans ce qui se passe dans la partie aérienne.
53:10La plante, elle est reliée entre
53:12les forces du soleil et les forces de la terre,
53:14comme nous tous d'ailleurs, tout être vivant.
53:16Donc, cette plante, elle ne peut pas bouger.
53:18Elle est domestiquée par l'homme.
53:20Le but du jeu, c'est d'arriver à lui apporter tout ce qu'elle ne peut pas avoir
53:22si on lui met des produits chimiques.
53:24Ça commence toujours en automne,
53:26ça commence toujours avec une préparation qui va ramener
53:28la vie dans les sols. Et le monsieur qui nous a fait
53:30pratiquer la biodynamie, qui s'appelait François Boucher,
53:32nous avait dit, vous verrez, vos sols, ils vont changer de couleur.
53:34Alors, on a fait comme ça, ils vont changer de couleur.
53:36Nos sols ont changé de couleur en un an.
53:38Ils sont devenus noirs. Pourquoi ? Parce qu'ils sont devenus vivants.
53:40Comme dans une forêt.
53:42Vous avez remis des microbes dans le sol du vivant.
53:44Et ensuite, vous avez toute une partie
53:46sur les feuilles, vous passez les préparations,
53:48dont une, pour être très simple,
53:50c'est une cuillère à café de poudre
53:52de quartz pour
53:54600 litres d'eau que vous dynamisez.
53:56Donc, vous créez un vortex.
53:58Quand le vortex est formé,
54:00vous partez dans l'autre sens. C'est ce qu'on appelle le chaos.
54:02Le chaos, c'est la naissance de toute chose.
54:04C'est la destruction des choses. C'est la naissance de toute chose.
54:06Et vous pulvérisez cette préparation
54:08que vous avez faite pendant 20 minutes
54:10dans vos vignes, pour l'avoir vécue.
54:12Alors, on me croit ou on ne me croit pas, c'est pas le propos.
54:14Je l'ai vécue
54:16sur des fleurs de vignes. J'ai brûlé nos fleurs de vignes.
54:18Bernard Farge, il prend des notes.
54:20Il est en train de...
54:22Je vous ai vu le prendre des notes.
54:24C'est passionnant.
54:26Il va bien vous voir.
54:28Avec plaisir. On essaie de convaincre autour de nous aussi,
54:30par l'exemple.
54:32Oui et non.
54:34Pourquoi oui et non ?
54:36Je vais vous dire pourquoi.
54:38Je suis très à l'écoute. Je pense qu'effectivement,
54:40les cultures dépendent toujours de la complexité
54:42de l'environnement dans lequel elles se situent.
54:44Il y a des interactions qui sont très fortes, effectivement.
54:46Et il faut
54:48les respecter.
54:50Après, il y a parfois
54:52certaines propositions qui sont faites
54:54qui m'interrogent quand même.
54:56Quand on parle de vortex, j'ai un peu plus de difficulté
54:58pour tout vous dire. Mais sinon, j'y suis très attentif.
55:00Je pense qu'il y a vraiment,
55:02dans la qualité des sols, dans le fait de rentrer
55:04dans la complexité de son environnement
55:06pour produire, est un élément qui est
55:08primordial. Donc l'agroforesterie, effectivement,
55:10en fait partie, très honnêtement.
55:12Quand on parle des politiques de l'eau et de permettre à l'eau
55:14de pénétrer dans les sols, c'est une dimension
55:16qui est effectivement très importante.
55:18C'est pour ça que là où on peut, il faut mettre des...
55:20Et pour engendrer une forme de biodiversité
55:22qui participe à un équilibre.
55:24Donc ça, effectivement, j'y adhère.
55:26Christine Sorel, il faut inviter RBJD
55:28aussi chez vous.
55:30C'est l'heure de notre coup d'œil dans le rétro.
55:32Comme chaque mois, Charlotte Epal est allée fouiller
55:34dans les archives de l'INA et elle nous a
55:36exhumé ceci hier encore.
55:38Ce, maintenant, c'est bien sûr
55:40à consommer sans modération.
55:46Docteur Genetti, êtes-vous
55:48pour ou contre le vin ?
55:50Je suis pour le vin. Mais on ne doit
55:52jamais, de toute façon, dépasser
55:54trois quarts de litre par jour.
55:56On peut dire aussi qu'une notion
55:58qualitative du vin intervient.
56:00Et les vins frolatés, un peu
56:02tourmentés par les uns et les autres, seront des vins
56:04beaucoup plus nocifs.
56:06D'autre part, vous êtes médecin sportif,
56:08donc vous devez avoir, pour les sportifs,
56:10des normes encore plus sévères.
56:12Les sportifs peuvent
56:14boire du vin, même en période
56:16de grande compétition et même
56:18s'ils ont la classe internationale,
56:20mais du vin en quantité très restreinte
56:22pendant les repas seulement.
56:24D'ailleurs, aux Jeux olympiques
56:26de Londres, les Français avaient
56:28manqué de vin et cet incident
56:30avait joué sur leur état
56:32d'esprit pendant un certain temps.
56:34Ça n'avait pas amené des contre-performances, tout de même ?
56:36Non, pas de contre-performance tout de même, mais des incidents
56:38psychologiques. A Tokyo, les Français
56:40emmènent leur vin.
56:42A Tokyo, les Français emmènent leur vin.
56:44Vous en pensez quoi, les uns et les autres ?
56:46Que du bien.
56:48C'est super.
56:50C'est comme tout, c'est toujours une question d'équilibre.
56:52J'adhère aussi au sens...
56:54Une question de biodynamie.
56:56Vous y êtes !
56:58Je suis ouvert
57:00par rapport à ça, mais par contre,
57:02il y a certains éléments qui me questionnent.
57:04Mais au sens de l'OMS, la santé, c'est effectivement
57:06un équilibre. Et c'est un équilibre et un art de vivre
57:08aussi qui participe à un bien-être.
57:10Donc, avoir une consommation modérée, mais qui participe
57:12à un bien-être, peut participer
57:14aussi à une bonne santé, je crois.
57:16Ça sera le mot de la fin. Avant de nous quitter, et pour bien choisir
57:18ce que vous buvez, je vous conseille l'appli
57:20à bouteille, qui vous informe sur le degré d'alcool,
57:22le taux de sucre, les additifs, sulfites
57:24ou résidus de pesticides présents
57:26dans une bouteille, l'équivalent un peu de
57:28Yucca pour les vins, et spiritueux.
57:30Et puis, je vous signale bien sûr, votre essai,
57:32Alicia Doré, à nos ivresses,
57:34chez Flammarion, l'ivresse est une inépuisable
57:36matière, haressie, autant qu'un
57:38miroir de notre société. C'est à consommer
57:40sans modération.
57:42Et pour conclure, rappelons
57:44ce que disait Saint-Exupéry,
57:46nous n'héritons pas de la terre de nos ancêtres,
57:48nous l'empruntons à nos enfants.
57:50En conclusion, et ce sera le mot de la fin,
57:52il faut raisin garder.
57:54Voilà, c'est l'heure de se quitter, pour mieux
57:56se retrouver le mois prochain. D'ici là, prenez
57:58soin de vous, et buvez avec
58:00modération.

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