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Août 1944. Paris libéré. La guerre a laissé des blessures profondes, mais le Gouvernement provisoire se met en place. De Gaulle le préside et s'attache à la reconstruction du pays. La tâche est ardue malgré le soutien d'André Malraux. Et en janvier 1946, le Général, refusant le jeu des partis politiques, quitte le pouvoir. C'est le début de sa « traversée du désert ».

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Transcription
00:30...
00:38-"Ma chère petite femme chérie,
00:41j'espère que tout va bien à Algiers
00:43pour toi, Élisabeth, et notre petite Anne.
00:47Ici, en Normandie,
00:50les Alliés ont écrasé les dernières divisions blindées allemandes.
00:56Revoir la France.
00:58Fouler le sol de la patrie.
01:01Quelle sensation.
01:03Il aura fallu quatre ans, mais me voici enfin.
01:06Nous traversons tous ces villages fraîchement libérés,
01:11et il n'en est pas un seul
01:13où je n'entends acclamer mon nom.
01:15...
01:17Merci, Général. On vous attendait. Vive la France !
01:20...
01:22Mais malgré ce formidable soutien,
01:26les Anglais et les Américains
01:28refusent toujours de reconnaître
01:30notre gouvernement provisoire de la République.
01:33...
01:36Alors que nous progressons vers Paris,
01:39nous parvient la nouvelle d'une insurrection populaire
01:43qui vient d'éclater dans la capitale.
01:45...
01:47Au fond, quoi de plus naturel.
01:49...
01:53Mais le plus terrible
01:55est que les Américains n'entendent pas agir en conséquence.
01:59Je viens d'apprendre par le général Koenig
02:02que le président Roosevelt
02:04avait ordonné au général Eisenhower
02:07de contourner Paris.
02:09...
02:13Je ne puis laisser un tel désastre se produire.
02:17Les Allemands tiennent toujours.
02:19Ils massacreront le peuple qui se soulève
02:22si nous n'intervenons pas.
02:25Je sais que la solution a un nom et des moyens.
02:29C'est Leclerc, avec ses blindés.
02:32...
02:35...
02:37...
02:39...
02:41...
02:43...
02:45...
02:47...
02:50...
02:52...
02:54...
02:56...
02:58Comme vous le savez, général,
03:00les Allemands se sont repliés vers la Seine.
03:03...
03:05Voilà où nous en sommes.
03:07...
03:10Nous allons passer la Seine ici et ici.
03:14...
03:16Et comme le débarquement de Provence a réussi,
03:22nos troupes effectueront leur jonction ici,
03:27à l'est, fin septembre.
03:29...
03:32Et Paris, général ?
03:34...
03:36Général Eisenhower,
03:38au nom de notre bonne amitié
03:41et de ce qui est convenu entre nous
03:45depuis plus d'un an,
03:47je vous demande de faire entrer des troupes dans Paris.
03:50...
03:52Et de désigner la 2e division blindée du général Leclerc
03:56pour en prendre la tête.
03:58...
04:00...
04:02Général, les Allemands peuvent à tout moment détruire Paris.
04:06On tire des coups de feu dans les rues.
04:08La population est au bord de la famine.
04:10...
04:12...
04:14Moi, je le veux.
04:17Qui le refuse ?
04:19...
04:21Kay, donnez-nous un moment.
04:23...
04:25...
04:27...
04:29Il y a deux ans, le président Roosevelt
04:32donnait l'ordre de confier les territoires français d'Afrique du Nord
04:37à l'admiral Darland, puis au général Giraud.
04:40Et vous avez obéi.
04:42Parce que je suis un soldat.
04:45Même si je pensais comme le général MacArthur.
04:48La France, c'est le but.
04:50...
04:52...
04:55J'ai obéi.
04:57Et aujourd'hui,
04:59je vais désobéir.
05:01...
05:03Je m'obéis parce que...
05:05je suis le premier des Américains
05:07à croire
05:10que sans la résistance française,
05:12le nominé Landlings
05:14aurait failli.
05:17La France compétente
05:19entrera la première dans Paris.
05:22Elle est chez elle.
05:24...
05:26...
05:28Merci, général.
05:31Je veux dire à Leclerc de se mettre en mouvement
05:34immédiatement.
05:36...
05:38...
05:40...
05:42...
05:45...
05:47...
05:49...
05:51...
05:53...
05:57Trépin, Guilbon, EBui sont prêts.
06:00La drone foncera sur l'hôtel de Ville.
06:03Les Allemands tiennent toujours les accès de Paris.
06:06Billotte, vous passez par la porte d'Orléans
06:10et vous foncerez sur l'hôtel Meurisse
06:12Entendu, mon Général.
06:14Massu, vous prendrez la direction de la Porte de Saint-Cloud,
06:18puis de la Place de l'Étoile.
06:20À vos ordres, mon Général.
06:22Messieurs, la France vous regarde.
06:25Elle vous regarde depuis votre serment de Koufra.
06:28Mon Général, c'est un honneur.
06:31Vive la France.
06:33Vive la France.
06:38Je ne veux pas retarder votre marche,
06:41mais le pouvoir était nécessaire.
06:45Ce sera la dernière fois avant Paris.
06:49Quand comptez-vous être à Paris, mon Général ?
06:52Où serez-vous ?
06:53Gare Montparnasse. On y rassemblera les prisonniers.
06:56Je partirai vers 15h. Je vous y rejoindrai.
06:59Il faudra être vigilant, mon Général.
07:01Les Allemands sont encore là.
07:03La ville reste dangereuse.
07:05Où pensez-vous vous installer ?
07:07Je ne veux pas me mêler au Conseil National de la Résistance
07:10ni à aucun comité.
07:12J'irai au ministère de la Guerre.
07:26Ma famille est à Alger, mais...
07:28je sais que mon fils est parmi vos troupes.
07:31J'espère qu'il va bien.
07:33C'est un combattant de grand courage.
07:36Mon Général,
07:38l'amiral d'Argenlieu sera là ce soir.
07:40Merci, Guy.
07:45Vous allez avoir cet honneur
07:47et cette chance de libérer Paris.
07:50Cette chance, oui.
07:53Vive la France, Leclerc.
07:55Vive la France, mon Général.
08:09Vive la France !
08:25Alors, monsieur, tu en es où ?
08:29Ça pète toujours ici.
08:31On va perdre des vies, Tom.
08:39Paris, mon vieux !
08:40Je veux à Paris !
08:42Pédard !
08:44Tout peut arriver, Thomas.
08:47Un tireur, même mal habile,
08:49peut en finir avec deux gauves.
08:51Ne pensez pas à cela.
08:54On saura un jour la force d'âme qui est la vôtre,
08:56parce qu'elle ne vous aura jamais quittés.
08:59Mais moi, je suis le seul à savoir que quoi que j'ai pu faire,
09:02j'ai réussi.
09:05Mais moi, je suis le seul à savoir que quoi que j'ai pu faire,
09:08la même question m'a toujours hanté.
09:11Et j'eus raison.
09:17Père d'Argenlieu,
09:20cette force qui me manque parfois,
09:23Dieu la donne à la petite fille
09:26qui est là-bas, à Alger.
09:29Et c'est elle qui me l'offre en retour.
09:33Ce soir, elle se demande encore
09:36pourquoi son papa n'a pas lu chanter
09:39la petite chanson qu'elle aime tant.
09:43La petite fille vous montre le chemin, mon général.
09:47Entendez-la.
09:54Au fond,
09:56qui accepte qu'un rebelle devienne légitime ?
10:00Ceux qui se couchent dans les tempêtes
10:02ne pourront jamais s'empêcher de juger ceux qui restent debout.
10:07Mais pour nous, il n'est que de questions qui vaillent.
10:10Il y a quatre ans, que serait devenue la France sans de Gaulle ?
10:14Et aujourd'hui ?
10:16Que deviendrait-elle sans lui ?
10:19Eh bien,
10:21tentons de redonner aux hommes la paix
10:25et le pain.
10:28Et autre chose encore, le plus important.
10:34Faire pleuvoir sur les hommes quelque chose
10:36qui ressemble à un chant grégorien.
10:39Redécouvrir une vie de l'esprit
10:42plus haute encore que la vie de l'intelligence,
10:46la seule qui satisfasse l'homme.
10:50Saint-Exupéry.
10:53Je l'ai négligé parce qu'il n'avait pas rejoint la France libre.
10:57J'ai eu tort.
10:59C'était à nous d'aller le chercher.
11:01Il serait venu.
11:04Il est mort en soldat.
11:06C'était il y a trois semaines,
11:08le 31 juillet.
11:11Vous voyez,
11:13la certitude, le doute,
11:16les deux sont indispensables.
11:19Ils seront mes visiteurs dans les temps à venir
11:22quand il s'agira de pardonner ou pas.
11:28Faire d'argent lieu.
11:31Parlez-en à Dieu.
11:34Il vous entend plus sûrement qu'il ne m'écoute.
11:50C'est l'heure !
11:52C'est l'heure !
11:54C'est l'heure !
11:56C'est l'heure !
11:58C'est l'heure !
12:00C'est l'heure !
12:02C'est l'heure !
12:04C'est l'heure !
12:07C'est l'heure !
12:09C'est l'heure !
12:11C'est l'heure !
12:13C'est l'heure !
12:15C'est l'heure !
12:18C'est clair ?
12:20Mon général, voici l'acte de reddition
12:22de la garnison allemande de Paris,
12:24signé par le général von Scholtitz.
12:26Nous allons regarder ça.
12:28Je vous présente le colonel Roll Tanguy,
12:30chef des FFI de la région parisienne.
12:32L'insurrection que vous avez menée
12:34depuis la semaine passée
12:36a été capitale.
12:38Quoiqu'on en dise, ici ou là,
12:40sans la résistance intérieure,
12:42nous n'y serions pas arrivés.
12:44Merci, mon général.
12:46Et voici le Général Chabannel Mas, délégué militaire national.
12:50Général ? Quel âge avez-vous ?
12:5229 ans, mon Général. Vous m'avez fait l'honneur de me nommer Général de Brigade il y a deux mois.
12:57Eh bien, vous commencez dans de grandes circonstances. Très bien, Chabann.
13:02Merci, mon Général.
13:04Acte de reddition en bonne et due forme.
13:16Vous m'avez... Que fait la signature de Roll Tanguy à côté de la vôtre ?
13:20C'est une demande du Général Chabannel Mas, qui était justifiée.
13:23Par quoi ?
13:25Chabann a raison sur un point essentiel, mon Général.
13:27Ce n'est pas le moment de se mettre les communistes à dos.
13:30Ils ont leur part dans la libération. Vous l'avez dit vous-même.
13:33C'est vrai. Mais ne les poussons pas à vouloir tout contrôler.
13:37Ils y viendront d'eux-mêmes, bien assez tôt.
13:41Je vous entends, mon Général.
13:51Allons.
13:54Écoutons le grand jour.
14:21Vive la France !
14:45Merci. Merci, mon garçon.
14:49Vive la France !
14:51Vive la France !
14:53Merci, mon gars.
14:55Merci.
14:57Merci.
14:59Vive la France !
15:01Vive la France !
15:03Merci.
15:05Merci, mon Général. Merci.
15:07Merci.
15:09Bravo !
15:11Bravo !
15:15Bon sang, mon cher garçon.
15:22Je suis très heureux de vous revoir, père.
15:24Tu vas pouvoir venir avec nous, maintenant.
15:27Je suis en mission, mon Général.
15:29Mon Général, l'enseigne de vaisseau de Golbe
15:31veut se rendre auprès de la délégation allemande du palais Bourbon
15:33pour lui remettre l'ordre de reddition.
15:38Avez-vous des nouvelles d'Alger ?
15:40Ta mère et tes soeurs vont bien. Je leur écrirai demain.
15:44Je suis heureux, moi aussi.
15:46Je t'ai vu, enfin.
16:05Et pourquoi voulez-vous que nous dissimulions l'émotion qui nous étreint tous ?
16:12Hommes et femmes qui sommes ici, qui sommes ici chez nous,
16:19dans Paris, levés, debout, pour se libérer,
16:25et qui a su le faire de ses mains.
16:28Non, nous ne dissimulerons pas cette émotion profonde et sacrée
16:36qui, à l'art des minutes, nous le sentons tous,
16:41qui dépasse chacune de nos pauvres vies.
16:47Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé,
16:59mais Paris libéré.
17:06Libéré par lui-même, libéré par son peuple,
17:11avec le concours des armées de la France,
17:15avec l'appui et le concours de la France toute entière,
17:20c'est-à-dire de la France qui se bat,
17:24c'est-à-dire de la seule France,
17:27de la vraie France,
17:29de la France éternelle.
17:50Mon général.
17:52Oui, Bidon.
17:54Nous vous demandons ici, au nom de la France résistante,
17:58de proclamer solennellement la République devant le peuple rassemblé.
18:02De quoi parlez-vous ?
18:04La République n'a jamais cessé d'être.
18:07La France libre, la France combattante,
18:10le Comité français de libération nationale l'ont tour à tour incorporé.
18:15Vichy fut toujours et demeure nul, et n'en a venu moi-même.
18:21Je suis président du gouvernement de la République.
18:24Pourquoi irai-je la proclamer ?
18:26Je ne suis que le président du Conseil national de la résistance,
18:29et je vous faisais part d'un souhait unanime.
18:33Eh bien, nous aurons l'occasion de marquer cette unanimité demain,
18:37aux Champs-Élysées.
18:39Pour l'heure, je dois retourner au ministère de la guerre.
18:42J'entends montrer que l'État est de retour chez lui.
18:48En général, on vient d'arrêter deux miliciens armés qui ont tenté de s'approcher de vous.
18:52Il faisait partie du commando qui a assassiné Georges Mandel.
19:18Guy, prévenez-moi quand vous aurez des nouvelles de Beyond.
19:21Bonjour, Schumann.
19:23Bonjour, mon général. Quelle journée.
19:25Quelle journée, oui. C'est incroyable. Rien n'a changé.
19:29Mon bureau est exactement comme je l'ai quitté en 40.
19:35Vous voyez, Schumann, c'est comme si l'histoire envoyait un signal.
19:40Le jour où je me retrouve dans ce ministère à jamais habité par Clemenceau,
19:46on met la main sur les assassins de celui qui lui fut si proche.
19:49Georges Mandel. Le sort de ces bourreaux est-il entre vos mains ?
19:54Qu'ils aient cherché à m'atteindre importe peu.
19:57Mais pour avoir tué Mandel, ils subiront le châtiment suprême.
20:01Comment rendre la justice à partir de maintenant ?
20:04La question se pose. Et ne va pas faciliter votre tâche ?
20:08C'est pourquoi je dis que l'Union Nationale ne se fera
20:11que si l'État sait distinguer les bons serviteurs et punir les criminels.
20:15Mais doit-on prononcer le mot épuration ?
20:19Ceux qui ont encore notre sang sur les mains n'ont rien à espérer.
20:23Faut-il en passer par là ?
20:25Vous croyez que les assassins de Mandel se sont posés la question ?
20:29Oui.
20:32Merci.
20:35Dites au commandant que j'en reçois tout de suite.
20:37Puis-je vous demander, mon général,
20:39puisque vous avez voulu revenir ici au ministère de la guerre,
20:42pourquoi n'avoir pas choisi le bureau de Clemenceau ?
20:45Vous étiez avec moi à Londres, Schumann.
20:47Tous les soirs, vous parliez au français, à la radio.
20:50Vous étiez bien placé pour savoir ce qu'il se disait,
20:52que je me prenais pour Jeanne d'Arc.
20:55Que dirait-on aujourd'hui si j'allais m'asseoir dans le fauteuil de Clemenceau ?
20:59Les critiques pleuveront toujours, mon général, quoi que vous fassiez.
21:03Vous êtes déjà critiqué cet après-midi pour avoir refusé de proclamer la République.
21:07Vous l'auriez été pareillement si vous aviez accepté de le faire.
21:10Proclamer la République ? Et pourquoi pas annoncer la naissance de la France ?
21:15Je compte sur vous demain soir, Schumann.
21:17Bien, mon général.
21:24Faites entrer le commandant.
21:29Mme Maurice, elle t'a parlé de l'hôtel de ville ?
21:32Elle lui demandait de proclamer la République, c'était risqué.
21:35Il a pensé que c'était un piège.
21:37Il voit la main des communistes partout.
21:39Il n'a pas tort, reconnais-le.
21:41Les communistes sont en train de faire leur nid avec le duvet de la Libération.
21:44Il t'a dit de venir dîner demain ?
21:46Oui, ça m'a étonné. Il va y avoir les Champs-Élysées, Notre-Dame.
21:49Je sens qu'il redoute cette journée autant qu'il l'espère.
21:52Il t'a invité parce qu'il a plus que jamais besoin d'être soutenu.
21:54Il m'a parlé d'écrivains qu'il souhaitait rencontrer.
21:56Ah oui ? Et qui ?
21:58Bernanos, qui est à l'élève de son père.
22:01Mauriac, Malraux, Valéry Camus et toi.
22:05Claude, je suis un journaliste.
22:07Oui, mais un journaliste qui réfléchit.
22:09Et ça, aux yeux du général, ça fait toute la différence.
22:19J'ai enfin vu Philippe. Nous pouvons être fiers de lui.
22:24Aujourd'hui, manifestation inouïe aux Champs-Élysées.
22:28J'ai marché sous la tempête des voies qui faisaient retentir mon nom.
22:33Cela s'est terminé à Notre-Dame.
22:36Il y a eu une sorte de fusillade.
22:39Beaucoup de gens sont armés et tirent à tout propos.
22:42Je trouvais peut-être parmi eux des résistants de la dernière heure.
22:47La seule espèce qui refleurisse en toute saison, c'est celle des opportunistes.
22:54Je t'embrasse de tout mon cœur, ma chère petite femme.
22:57Nous allons continuer notre chemin, tous les deux.
23:01Bien appuyés l'un sur l'autre.
23:06Embrasse cette fille, Elisabeth.
23:08Et Anne, notre tout-petit.
23:11Ton pauvre mari, Charles.
23:16Ceci encore.
23:18Je suis au ministère de la Guerre, mais c'est provisoire.
23:21Quand tu viendras, nous prendrons une maison avec jardin, du côté du bois de Boulogne.
23:26Et j'aurai mes bureaux ailleurs.
23:29Et j'aurai mes bureaux ailleurs.
23:52Capitaine Guy.
23:54Les hommages respectueux, Madame.
23:56Monsieur Bruyais m'a annoncé votre visite.
23:58Je crois que ce n'est pas M. Bruyais qui est appelé.
24:00Mais un nouveau venu au cabinet du général, M. Pompidou.
24:04Pompidou.
24:05Très bien, je tâcherai de m'en souvenir.
24:08Suivez-moi, je vous en prie.
24:12Je n'ai pas très bien compris l'objet de votre visite.
24:15C'est un grand jour, Madame.
24:16Les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Union soviétique
24:19viennent de reconnaître le gouvernement provisoire de la République française.
24:22Ils auront pris leur temps.
24:24Le général a dit à l'ambassadeur américain qui lui demandait son sentiment
24:27que le gouvernement français était satisfait qu'on l'appelle enfin par son nom.
24:32Je pense que le général voudra marquer l'événement.
24:34C'est l'objet de ma visite, Madame.
24:36Je dois voir avec vous pour l'organisation de la dîner ici même.
24:39Il faudra prévoir une douzaine de personnes.
24:42Cette grande maison est en partie faite pour ça, je suppose.
24:46Vous n'aimez pas cet endroit, Madame ?
24:50Nous ne sommes ici que depuis un mois, mais...
24:54Cette ville-là est un degré au-dessus de ce que j'aurais aimé.
24:58Mais nous n'avons pas le choix.
25:01Notre maison à Colombay a en partie été détruite par la guerre
25:03et le général a d'autres soucis.
25:06Oui, monsieur le ministre d'État,
25:08messieurs les ministres,
25:10je répète que nous sommes une grande nation,
25:13mais une nation malade et appauvrie.
25:17Ce qui veut dire que nous devons sans cesse soutenir notre effort
25:21et aiguiser notre volonté,
25:24car la libération n'est pas achevée.
25:27Leclerc et Delattre se battent encore en Alsace
25:31et rien ne sera fini tant qu'on ne verra pas,
25:34comme le général Leclerc en a fait le serment,
25:37nos couleurs flotter sur la cathédrale de Strasbourg.
25:51Ma bien chère Geneviève,
25:54quelle joie j'ai éprouvée,
25:57partagée par ta tante Yvonne,
25:59tes cousines et ton cousin,
26:02de te savoir enfin libérée de l'horreur de ces camps.
26:07Nous espérons beaucoup te voir à Paris, très bientôt.
26:11Toute ta vie.
26:21J'étais prêt pour ton retour.
26:40Au camp de Ravensbrück, nous n'étions pas des prisonniers.
26:46Nous étions des bêtes traquées.
26:49On essayait de conserver une apparence humaine, mais...
26:53c'était inutile puisqu'il n'y avait plus rien d'humain.
27:00Nous n'étions même pas des esclaves.
27:03Simplement des numéros.
27:06Des matricules sur lesquelles les SS pouvaient s'acharner.
27:11Dans l'atelier, j'ai vu mourir des camarades sous les coups des surveillants.
27:19Pendant plusieurs jours, j'ai souffert du score but.
27:27Mes yeux me brûlaient, mes mains tremblaient.
27:31Les SS ont cru que je refusais de travailler.
27:35Et pendant une semaine, j'ai été battue.
27:38Plus que pendant tout mon séjour au camp.
27:44Ce sont des camarades tchèques qui m'ont sauvée.
27:48C'était...
27:51les nuits sans repos, à lutter contre la vermine,
27:56la faim,
27:58la soif.
28:05Mais ce n'était rien
28:08comparé aux atrocités qui se passaient chaque jour
28:12et chaque nuit.
28:15Les prisonnières âgées ou malades
28:18qu'ils entassaient dans des camions et qu'on ne revoyait jamais.
28:26Les Juifs.
28:32Les tziganes.
28:36Et ces femmes qui arrivaient au camp et qui étaient enceintes.
28:42Leurs bébés
28:45noyés sous leurs yeux.
28:49Et puis...
28:54ces pauvres infirmes qui...
29:12Dis.
29:15Il faut dire.
29:19Les infirmes qu'on envoyait dans les chambres à gaz.
29:25Ce n'était pas l'enfer, non.
29:29L'enfer est plus doux.
29:38Est-ce qu'ils vous laissaient prier ?
29:43La seule petite flamme qui restait en nous,
29:46c'était quand nous cherchions à savoir pourquoi Dieu nous avait abandonnés.
29:55C'était cela notre prière.
29:58Ce n'était pas celle des Églises.
30:03Mon oncle,
30:05je veux que vous sachiez que je n'ai jamais regretté de m'être engagée dans la Résistance.
30:16Il est tard, mon ami.
30:18Oui.
30:20Je dois prendre une décision.
30:22Vous y verrez plus clair demain.
30:25Vous non plus, vous ne ferez pas le sommeil ?
30:30Ton oncle doit décider de ce qu'on doit grâcier.
30:33Ou pas.
30:39Je ne sais pas.
30:40Ou pas.
30:45Je refuserai toujours l'impunité
30:47pour les chefs et pour les instigateurs.
30:50Ceux qui ont mis en place
30:52l'abomination dont tu nous as parlé,
30:55ou ceux qui en ont été complices,
30:57doivent payer.
30:59Même cela ne pouvait imaginer.
31:01Oh, je connais leur discours.
31:03L'horreur est excusable parce qu'on ne savait pas qu'elle existait.
31:07Et Pétain ?
31:11La justice le condamnera à mort.
31:14Mais lui,
31:16il faudra le grâcier
31:18et l'envoyer finir ses jours dans quelque endroit oublié.
31:23De toute façon, Pétain est mort en 25
31:26quand il s'est pris pour Lyoté.
31:28Ton oncle et moi avons parfois des discussions
31:31à propos de certaines demandes de grâces.
31:34Quand elles concernent des femmes.
31:36Elles sont tout à fait responsables de ce qui se passe.
31:38Elles sont tout à fait responsables de leurs actes.
31:41Je suis d'accord avec vous, ma tante.
31:43Les femmes se sont battues quand il le fallait, comme les hommes.
31:46Alors il ne faut pas avoir une attitude particulière.
31:49C'est même au nom de cette égalité
31:51que l'an dernier, je leur ai donné le droit de voter.
31:54Mais
31:56je leur accorde la grâce
31:58quand elles sont condamnées.
32:00Car il y a dans la femme quelque chose de sacré.
32:03Elle peut devenir mère.
32:05Et une mère,
32:06c'est plus qu'un individu.
32:09C'est une lignée.
32:17Certes, la guerre est terminée.
32:20La France est dans le camp des vainqueurs.
32:23Mais dans cette vaste entreprise
32:26commencée il y a quatre ans,
32:29j'entends que les intérêts particuliers
32:32cèdent à l'intérêt général.
32:34Que nos richesses profitent à tous
32:37et non à quelques-uns.
32:40Et que chacun des fils
32:42et chacune des filles de la France
32:44puissent vivre, travailler
32:46et élever ses enfants
32:48dans la sécurité et la dignité.
32:50Alors oui,
32:52il faut augmenter les salaires
32:54et les aides aux familles.
32:56Oui, il faut la sécurité sociale.
32:59Oui, il faut nationaliser ce qui doit l'être.
33:02Après Renault,
33:04l'électricité, les charbonnages,
33:06les transports aussi
33:08devront revenir dans le giron national.
33:10La France, messieurs,
33:12attend qu'on l'entraîne vers les forts
33:15et qu'on lui redonne sa grandeur.
33:21Mon général, vous nous appelez en quelque sorte
33:24à faire la révolution.
33:26Sauf qu'il n'y a pas de révolution
33:28sans révolutionnaire.
33:30Et en France, il n'y en a pas.
33:32D'accord. C'est moi.
33:44Anne a l'air d'aller bien aujourd'hui.
33:47Même si sa santé est de plus en plus fragile.
33:53Tu te rends compte, toutes les fois où il a fallu déménager,
33:56à part les bombardements à Londres, elle n'a jamais eu peur.
33:59Elle a toujours été entourée par sa famille.
34:02C'est ce qu'il y a de plus important pour elle, ma tante.
34:05J'en suis sûre.
34:10Justement, papa et maman ont décidé de créer une fondation
34:13pour que les jeunes filles comme ma sœur soient accueillies et soignées.
34:17Je vous aiderai.
34:19De toutes mes forces et de tout mon cœur.
34:24Mais tu n'as encore rien dit à ta cousine.
34:28Vous faites bien des mystères.
34:30Il n'y a plus que la date à fixer.
34:33Tu vas me fiancer ?
34:36Avec le commandant Alain de Boissieu.
34:38Il a rejoint papa en Angleterre et actuellement, il a l'état-major.
34:41Quand je pense que pour avoir une vie tranquille, je ne voulais pas épouser un militaire.
34:45Vous avez bien fait de changer ta vie, maman.
34:47Faut croire que nous avons un destin familial.
34:51Mon cher André, que pensez-vous du rapprochement de la Chine avec l'Union Soviétique ?
34:56Je n'y crois pas du tout. Il n'y a pas de rapprochement entre Pékin et Moscou.
34:59Vous comprenez ? L'âme, l'âme de la Chine.
35:02Messieurs, le président du gouvernement provisoire de la République.
35:10Monsieur le ministre de l'État.
35:22Le régime exclusif des partis a reparu.
35:26Je le réprouve.
35:29Il me faut donc me retirer.
35:32Car il serait vain et même indigne d'affecter et de gouverner
35:38dès lors que les partis ont recouvré leurs moyens
35:42et repris leur jeu d'antan dans lesquels la France n'a plus qu'une place accessoire.
35:49Êtes-vous en train de désigner le parti communiste comme responsable de votre décision ?
35:54Entre les communistes qui s'estiment lésés s'ils n'occupent pas tous les postes
35:59et les socialistes qui veulent diminuer les crédits de la défense nationale,
36:04vous voyez, Thorez, que pour ce qui est de désigner des responsables,
36:09je n'ai que l'embarras du choix.
36:14Messieurs.
36:18Nous étions camarades, nous étions amis.
36:21Nous étions camarades, nous serons désormais adversaires.
36:36Mon général, une fois de plus, vous êtes l'homme du refus.
36:39Mais comme en 40, vous devez montrer que le refus ne s'exprime que par l'action.
36:44La suite, nous verrons.
36:46Mais pour les motifs, vous avez raison.
36:48J'ai écrit hier soir à mon fils qu'on ne pouvait être à la fois
36:51l'homme des grandes tempêtes et celui des basses combinaisons.
36:59Au fond, vous venez d'annoncer votre retour à la solitude.
37:07C'est peut-être mon lot, après tout.
37:12Mais s'il y a quelqu'un que je veux continuer à voir et à écouter,
37:16c'est vous, Malraux.
37:39Mon cher De Gaulle, vous vous souvenez-vous ?
37:43Vous vous souvenez-vous ?
37:45Il y a six mois, quand vous m'avez gentiment écrit après ma défaite aux élections en juillet.
37:57Je vous avais dit que l'ingratitude était la marque des grands peuples.
38:04Nous voilà maintenant après avoir porté nos pays dans la tempête.
38:10Tous les deux, seuls.
38:13En train d'écrire nos mémoires.
38:44Tu es prêt à passer à table ?
38:49As-tu travaillé comme tu le souhaitais ?
38:52Je n'ai pas trop de mal à me souvenir.
38:56Mais écrire, trouver le mot juste,
39:00c'est un peu comme le travail.
39:03C'est un peu comme le travail.
39:06C'est un peu comme le travail.
39:09C'est un peu comme le travail.
39:11Trouver le mot juste,
39:13la phrase adéquate,
39:15c'est un vrai casse-tête.
39:18Et voici les volos.
39:20Merci, Louise.
39:21Merci, Louise.
39:25En tout cas, je préfère te savoir occuper à écrire.
39:30Je sais bien à quoi tu penses.
39:33Qu'est-ce que je pense ?
39:35Que je n'attends qu'une chose,
39:37c'est qu'on revienne me chercher.
39:39Et personne ne viendra.
39:41Ce sont des petits,
39:43tous occupés à faire cuire leur petite soupe sur leur petit feu.
39:47La France ne les intéresse pas.
39:51Et parce qu'ils ne le feront pas, tu iras de toi-même.
39:54Je n'ai pas oublié ce que tu as dit l'autre jour quand Philippe est venu.
39:58Créer un grand rassemblement des Français.
40:01Tu m'as trouvée contre toi, d'ailleurs.
40:03Vous n'y connaissez rien, ni l'un ni l'autre.
40:05C'est possible.
40:09Je sais que dans la famille, certains t'encouragent,
40:11à commencer par mon frère et Geneviève.
40:13Mais enfin, Charles, tu as condamné les partis.
40:16Et tu veux en créer un ?
40:19Eh bien, moi, je dis que ceux qui te suivront te trahiront à la première occasion.
40:22Je suis assez grand pour savoir ce que j'ai à faire.
40:27Je te supplierai.
40:29Si te supplier pouvait changer quelque chose, mais...
40:34Je ne suis qu'une pauvre femme
40:36qui voudrait garder son pauvre mari
40:38dans leur maison.
40:43Eh bien, tu vois,
40:45je suis là.
40:55La France est une idée
40:58et...
41:00chacun s'en fait la sienne.
41:06Toute ma vie,
41:08je me suis fait une certaine idée de la France.
41:14Le...
41:16Le sentiment me l'inspire
41:19aussi bien que la raison.
42:07Monsieur le curé, pourriez-vous m'accompagner d'urgence à la boisserie ?
42:09Mademoiselle Anne de Gaulle est au plus mal.
42:36Bonjour, madame.
43:07Maintenant, elle est comme les autres.
43:28Ma chère petite fille Elisabeth,
43:30je vous écris
43:32à vous qui êtes si loin.
43:35Après le grand chagrin qui est venu sur nous,
43:39votre pauvre petite sœur
43:42est morte
43:44vendredi à dix heures et demie du soir.
43:49Le docteur est venu au début de l'après-midi
43:53et nous avons fait la preuve.
43:56Le docteur est venu au début de l'après-midi
44:00et a reconnu une pneumonie double,
44:04d'autant plus grave que le petit cœur lui paraissait faible.
44:12Elle est morte dans mes bras,
44:15avec sa maman à côté d'elle.
44:21Monsieur le curé est accouru pour la bénir.
44:26C'est une âme libérée.
44:31Mais la disparition de notre pauvre enfant souffrante
44:35nous fait une immense peine.
44:38Je sais qu'elle vous en fait aussi.
44:44Puisse la petite Anne
44:47nous protéger du haut du ciel
44:50et protéger d'abord vous-même,
44:52ma bien chère Elisabeth.
44:56Hé !
45:14Oui, allô ?
45:17Général,
45:19c'est votre vieil ami.
45:21Nous deux anges sont en paradis.
45:28Et moi,
45:31je suis avec vous.
45:34Je vous tiens en main.
45:39Merci, cher ami, merci.
45:44Mes hommages à votre épouse.
45:52Ma petite fille m'aidait
45:55à dépasser
45:57tous les échecs
45:59et tous les honneurs.
46:02Elle m'aidait
46:04à voir plus haut.
46:08Un jour,
46:09j'ai dit à Dargentlieu,
46:12Dieu
46:14lui donnait une force.
46:16Elle me rendait.
46:21La perte d'un être aimé,
46:25c'est la foudre.
46:28On ne sait pas si
46:31on existe encore soi-même.
46:36La vie résiste à la mort.
46:40La vie résiste à la mort.
46:42La vie résiste à la mort.
46:46Anne désormais vous accompagnera,
46:49comme j'avais auparavant.
46:51Votre force n'est pas amoindrie, elle est décuplée.
46:54Et cette force
46:56s'appelle la grâce.
47:00Et vous dites que vous n'avez pas la foi.
47:05Oui.
47:08Votre chemin et le mien
47:10sont tout entiers spirituels.
47:14Que nous le voulions-nous ?
47:19Je voudrais bien comprendre
47:22ce que la mort veut me dire.
47:25Il y a deux mois,
47:27c'était mon cher Leclerc
47:30disparu dans cet accident d'avion.
47:35Vous allez voir l'amiral Dargentlieu ?
47:38Oui, il vient demain.
47:40Je lui en suis déjà reconnaissant.
47:43L'Indochine, là, épuisée,
47:46et peut-être même dégoûtée de tout.
47:52Vous êtes tout comme lui,
47:55mon ami.
47:57Et il me parlera, comme vous le faites.
48:01Alors,
48:03il vous dira
48:06que tout recommence.
48:09Toujours.
48:32Je veux rendre hommage
48:34à ses chefs et d'abord au général Salant.
48:38Au général Mathur.
48:43Vive la République !
48:45Vive l'Algérie française !
48:48Et vive De Gaulle !
49:38Abonnez-vous !

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