Christophe Molmy publie "Comme un papillon" aux éditions de la Martinière.
Regardez L'invité de 9h40 avec Amandine Bégot et Olivier Boy du 22 avril 2025.
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00:00L'invité du 9-10
00:01Et avec nous en studio, Christophe Molmy.
00:04Bonjour Christophe Molmy.
00:05Amandine le disait, grand flic, ça vous va comme expression ?
00:07Grand flic, c'est comme ça ?
00:08Il n'y a pas de grand flic, il y a des grandes affaires.
00:10Exactement, mais aussi grand écrivain.
00:14Et ça n'est pas une première puisque, je rappelle que vous êtes ancien patron de la BRI notamment,
00:17brigade de recherche et d'intervention, vous avez intervenu notamment lors de l'assaut au Bataclan.
00:22Et vous publiez ce livre, comme un papillon, qui est un thriller psychologique,
00:26qu'on a vraiment du mal à lâcher pour tout dire.
00:30C'est votre cinquième roman, cinquième en moins de dix ans ?
00:33Absolument, oui. Celui-ci, j'ai mis trois ans quand même à l'écrire.
00:37Et comment vous avez décidé de commencer à l'écrire d'ailleurs ?
00:40Oh là, c'est une aventure.
00:42C'est-à-dire que le tout premier, je l'ai écrit il y a très longtemps,
00:44mais juste pour moi en fait. Je ne l'ai pas envoyé à une maison d'édition.
00:47C'est un ami, le seul à qui je l'ai fait lire, qui l'a envoyé sans me le dire à la maison d'édition,
00:51qui m'a appelé et qui m'a dit, on veut absolument vous publier.
00:54Donc j'ai eu de la chance. C'est venu comme ça, presque par hasard.
00:57Mais pardon, comment peut-on être patron d'un grand service ?
01:01Je pense à la BRI, mais je pense que c'est un très grand service, la Brigade des Mineurs de Paris.
01:06Et avoir le temps d'écrire ?
01:08Ah mais je vous l'ai dit, celui-ci, j'ai mis trois ans à écrire.
01:10Le tout, c'est de s'organiser. Ça prend un peu de temps tous les jours.
01:13Pas plus que de regarder la télé ou faire du sport.
01:16Le tout, c'est d'y consacrer un petit peu de son temps.
01:18Une demi-heure, trois quarts d'heure par jour au grand maximum.
01:20Il y a des temps faibles, des temps forts, pendant les vacances.
01:23Mais c'est quelque chose à laquelle vous aviez pensé avant la première fois ?
01:28Petit, vous vous disiez, tiens, je pourrais faire écrivain ?
01:31Non, honnêtement non.
01:32Mais je pense qu'on l'a en soi ou pas.
01:34On a quelque chose, une fibre artistique où on ne l'a pas.
01:37Je l'avais, je pense, rétrospectivement.
01:39J'écrivais comme ça, juste pour moi.
01:41Mais je n'avais pas le désir, avoué en tout cas, d'être auteur.
01:44Est-ce que des polars écrits par de vrais flics font de meilleurs polars, plus réalistes ?
01:50J'espère, oui.
01:51Alors, les trois premiers, c'était des vrais polars.
01:53Vous étiez dans l'intimité d'un service de police, avec les mécanismes d'une enquête.
01:57Les deux derniers sont effectivement des thrillers psychologiques,
02:00où je m'éloigne un peu du piquet et puis du quotidien.
02:02Mais on est quand même au cœur d'une garde à vue, d'une interpellation.
02:05Oui, bien sûr.
02:06Vous, ça vous agacait parfois que si vous lisiez des romans policiers,
02:10que ce ne soit pas assez réaliste, parce que vous avez déjà fait la réflexion ?
02:13Alors, agacé, non.
02:14Mais ça me navrait un peu quand même, oui.
02:16Ce que je lisais ou ce que je voyais aussi,
02:18on était souvent très très loin de la réalité.
02:20Donc, le premier ressort, c'était de vouloir écrire quelque chose de réaliste.
02:24Tout est réaliste.
02:25Alors, tout est réaliste, et à tel point que parfois, vraiment,
02:28on a l'impression que l'histoire est vraiment arrivée.
02:30Comme un papillon, c'est donc un thriller psychologique.
02:33C'est l'histoire de Mathieu, père de famille, marié,
02:36qui voit brusquement sa vie basculer lorsqu'il est arrêté pour un viol.
02:40Et on est, et c'est à la fois troublant, passionnant, on n'a pas envie de lâcher le livre,
02:45parce qu'on est à la fois dans la tête de Mathieu, dans cette garde à vue, en plein milieu de la procédure.
02:52Comment vous faites pour vous mettre dans cette tête-là ?
02:56C'est ça qui est intéressant quand vous êtes auteur, c'est égoïste au début, il faut écrire pour soi.
03:02Se mettre dans les bottes d'une femme, d'un autre acteur, sur le même trait d'histoire, c'est passionnant.
03:08Parce qu'on est aussi dans la tête des victimes, et notamment de la victime qui porte plainte.
03:12Le livre s'ouvre, si vous voulez, sur une scène que vit cet homme, Mathieu, et une jeune femme qu'il rencontre,
03:17mais ils ne vivent pas du tout la même chose.
03:19Lui, il vit un bon moment, et elle a l'impression d'avoir été violée.
03:22C'est ça qui m'interpellait, et c'est ça qui est intéressant dans l'écriture,
03:25c'est se mettre dans la peau de quelqu'un d'autre.
03:28Même d'un sale type, parce que franchement, ce Mathieu, c'est vraiment un sale type.
03:32Oui, c'est un sale type, mais là aussi, ce qui est passionnant, c'est rester sur le fil.
03:36Moi, je ne prends pas partie, je laisse le lecteur se faire son idée.
03:39C'est présenter des faits bruts, sous des aspects complètement différents.
03:43Celui de l'auteur, de la victime, des gens qui l'entourent.
03:46Il y a une chorale de femme autour de cet homme.
03:47Il y a sa femme, il y a sa mère, il y a sa sœur.
03:50C'est un regard contemporain sur un phénomène de société,
03:54avec un homme qui, de mon point de vue, n'a pas vu le monde changer.
03:57Il n'a pas pris le train, il a continué à faire comme avant.
03:59Ce qui est troublant, c'est qu'il n'a pas vu le train changer.
04:01On ne va pas trop en dire, évidemment.
04:03Mais il n'a même absolument pas conscience de ce pourquoi il est placé en garde-à-bas.
04:09Vous l'avez vécu, des gens qui, à ce point-là, ne se rendent pas compte de ce qu'ils font.
04:15Oui, il y a plusieurs histoires dans l'histoire, mais il y a notamment la notion du consentement.
04:20Ça, c'est le centre de votre livre.
04:22Oui, absolument.
04:23Mais c'est vrai que le consentement, il y a 20 ans, 30 ans,
04:27le fait de ne pas dire non, c'était considéré comme dire oui pour une femme.
04:31C'est les femmes, les victimes.
04:32Aujourd'hui, tout a changé, et c'est tant mieux.
04:34Les choses se sont inversées.
04:36Et il y a des hommes qui considèrent que parce qu'une femme ne dit pas non,
04:39elle est réputée, elle dit oui, elle doit être d'accord,
04:41même si elle est saoule, même si elle est complètement inerte, même si elle dort.
04:45Eh bien, non, quoi. Non.
04:47Mais certains n'ont pas compris ça.
04:48Ce Mathieu, il faut l'expliquer, et on ne dévoilera pas trop l'histoire comme ça,
04:52mais effectivement, il consomme des femmes en les rencontrant sur des sites internet.
04:56Et il part du principe que bon, elles ont répondu, elles sont venues au rendez-vous, donc...
05:01Mais je trouve ça fascinant, si vous voulez, il y a 30 ans, je vous avais dit,
05:04voilà, je vais inventer une appli, et dessus vous allez aller choisir des photos,
05:09et puis trouver une femme ou un homme, avec lequel ou laquelle vous allez passer un moment,
05:13et puis plus, au revoir, vous m'auriez dit, mais attends, c'est complètement n'importe quoi ton truc, là.
05:17Et pourtant, c'est un phénomène de société, ça a bousculé les rapports humains,
05:21et voilà, donc sans être moraliste, quelque part, ça m'interpellait, ça.
05:25On le voit, effectivement, dans un...
05:26Mais il y a une part féministe, presque.
05:28Vous dites pas moraliste, mais il y a quand même un...
05:30Alors, féministe, c'est pas mon rôle, mais en tout cas, en tant qu'homme de plus de 50 ans,
05:34on a le droit de s'interroger.
05:36Moi, je m'interroge, en tout cas.
05:37Et je trouve que, oui, le monde a changé.
05:39Il y a des comportements que j'avais, peut-être, quand j'avais 15 ans,
05:42que je n'aurais plus aujourd'hui, et c'est tant mieux.
05:43Christophe Mouly, vous êtes, donc, aujourd'hui, patron de la brigade des mineurs.
05:47Vous avez été, donc, le patron de la BRI, la brigade de recherche et d'intervention.
05:50Sur le lien entre votre rôle d'écrivain et votre métier de policier,
05:55vous vous plongez vraiment dans l'esprit de ce Mathieu.
05:58C'est un thriller psychologique, vous l'avez dit.
06:00Est-ce que c'est un peu ce travail-là aussi, quand on est policier,
06:02quand on a quelqu'un en garde à vue, quand on veut lui faire avouer quelque chose,
06:05forcément, on se plonge dans ce qu'il est, on essaie de savoir ce qu'il y a dans sa tête ?
06:09Est-ce que c'est un peu le...
06:10Alors, c'est empirique, mais les flics sont fonds de la psychologie, oui.
06:14Pas toujours très bien, peut-être, mais en tout cas, apprennent sur le tas
06:18et sont psychologues par principe et par obligation,
06:21parce qu'il faut essayer de comprendre les gens qu'on a en face de soi.
06:23Quitte à être dans l'empathie, parfois, pour faire avouer,
06:25pour essayer de l'amener vers quelque chose ?
06:27L'empathie, je ne sais pas, mais il faut essayer de comprendre les personnes, oui, bien sûr.
06:31Mais pour ce livre, en plus, c'est la première fois que j'ai demandé de l'aide à une psy
06:35pour faire des recherches.
06:38Parfois, ça m'est arrivé d'accueillir des auteurs qui faisaient des recherches en amont.
06:41Cette fois-ci, c'est moi qui l'ai fait, donc je me suis vraiment éloigné de mon quotidien
06:44et elle m'a donné quelques pistes, justement, pour savoir comment se passait un entretien avec un psychologue.
06:50Parce qu'effectivement, une grande partie de l'histoire se situe autour d'un entretien
06:54entre Mathieu et la psychologue qui doit l'expertiser.
06:57Oui, parce qu'au-delà de cette affaire judiciaire de viol,
06:59lui, il a une quête aussi personnelle qui fait jour sur son enfance.
07:03Jusqu'au bout, Christophe Mounmi, on ne lâche pas sincèrement ce livre.
07:10On est tenu en haleine.
07:11C'est quelque chose que vous avez appris, ça, à faire aménager le suspense ?
07:16Oui, oui, oui.
07:17Par rapport au premier, oui.
07:18Vraiment, j'ai appris sur le tas, mais j'ai appris.
07:21Et j'ai vraiment mis du soin dans celui-ci à rythmer d'abord les chapitres,
07:24faire des chapitres très courts avec des cliffs à la fin,
07:27faire des relances de façon à reprendre le chapitre d'après.
07:31On s'inspire aussi de ce qu'on voit.
07:33Il y a certaines séries, je trouve.
07:35Ça pourrait être une série ou un film ?
07:37C'est ce que je me suis dit en le lisant.
07:38C'est très imagé.
07:39Si ça peut inspirer, je suis tout à fait d'accord.
07:41Vous seriez d'accord ?
07:42Bien sûr.
07:43L'appel est lancé pour tous les scénaristes, les plateformes, M6.
07:48Qui pourrait jouer le rôle de Mathieu ?
07:50Je ne sais pas, honnêtement.
07:52Un homme de 40, 45 ans.
07:55Est-ce que le prochain a déjà commencé ?
07:56Vous avez déjà le thème en tête ?
07:58Oui.
07:58Ah oui ? Et ce sera sûr ?
08:01Je ne vous dirai pas.
08:01Vous ne pouvez pas nous le faire, moi.
08:03Cinq romans et donc un sixième, vous nous le dites, en préparation.
08:07Vous vous sentez plus flic ou écrivain aujourd'hui ?
08:10Non, je suis flic.
08:11Mais après, c'est une respiration, c'est un hobby d'écrire.
08:15C'est un moyen de se décharger aussi ?
08:17Ça paraît bizarre quand on voit ce que vous écrivez, sincèrement.
08:20Dans les premiers, oui, c'était cathartique.
08:22Parce que c'était plus près, encore une fois, d'expériences que j'avais vécues,
08:25de choses qu'il y avait besoin de sortir.
08:26Maintenant, j'en suis très loin de tout ça, et c'est vraiment fictionnel.
08:29Bon, écoutez, merci beaucoup d'être venu nous voir.
08:31Merci à vous.
08:31Merci.
08:32Merci.
08:33Merci.