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00:00Il est 20h13, nous sommes en direct sur Europe 1.
00:03Jules Torres et Paul Melun m'ont rejoint et je suis très heureuse de les accueillir.
00:07Samuel Pitoussi est avec nous dans ce studio.
00:10Bonsoir Samuel Pitoussi.
00:11Vous êtes essayiste et auteur de cet ouvrage que je tiens dans les mains.
00:14Pourquoi les intellectuels se trompent aux éditions de l'Observatoire ?
00:18C'est très intéressant, votre livre est très intéressant.
00:21Je le montre aux auditeurs qui peut-être nous suivent sur les réseaux sociaux.
00:25Vous expliquez en substance, alors je simplifie évidemment votre propos,
00:30pour les auditeurs d'Europe 1 et vous allez pouvoir l'étayer.
00:33Plus on fait des thunes, plus on est bardé de diplômes, plus on a des chances de se tromper.
00:39Ça va pousser les jeunes à bosser en course.
00:40Voilà, c'est ça.
00:41Alors Samuel Pitoussi, est-ce que vous pourriez expliquer pourquoi ?
00:44Vous me dites en gros que tous les grands penseurs, les grands intellectuels au fil du XXe siècle,
00:49parfois ont été, à force de recherche, à force peut-être de, je ne sais pas, couper le cheveu en quatre,
00:56attirés par des idées extrêmes.
00:59Oui.
00:59Le nazisme, par exemple, viendrait des grands intellectuels.
01:02Non mais c'est très intéressant ce que dit Samuel Pitoussi.
01:04Oui c'est ça, je pense que déjà il faut rappeler le constat,
01:07contrairement à ce qu'on a longtemps, enfin ce qu'on explique souvent,
01:11ce n'est pas l'homme ordinaire qui s'est beaucoup trompé au XXe siècle,
01:14c'est l'élite, c'est l'élite en tout cas, l'élite intellectuelle.
01:18Hitler était particulièrement populaire dans les années 30 sur le campus des grandes universités allemandes.
01:23Il enregistrait des meilleurs scores de popularité chez les professeurs et les universitaires
01:30qu'au sein de la population allemande dans son ensemble.
01:33Et puis en France, la deuxième moitié du XXe siècle, c'est une suite d'aveuglement de la part des intellectuels,
01:39surtout de gauche d'ailleurs.
01:40Simone de Beauvoir par exemple, qui a pourtant été indéniablement brillante,
01:44a été en Chine dans les années 50, elle en est revenue,
01:47elle a écrit un livre de 450 pages à la gloire de Mao,
01:50en expliquant que le maoïsme était un humanisme,
01:53et en implorant la France d'adopter les politiques publiques mises en place en Chine,
01:58politiques publiques qui commençaient, ont fait des dizaines de millions de morts.
02:01Oui c'est incroyable, ça part toujours d'un bon sentiment ce que vous dites,
02:03ça part d'un bon sentiment, mais en fait on va droit dans le mur.
02:06Alors comment se fait-il que des personnes brillantes perdent la notion peut-être de la réalité ?
02:12Il faut avoir un peu les pieds sur terre,
02:14en gros ils décollent, ils s'imaginent des choses,
02:16et ça finit dans le sang malheureusement.
02:18Voilà, je pense qu'il y a beaucoup de raisons pour lesquelles les intellectuels
02:21peuvent être prédisposés à l'erreur.
02:24En fait dans mon livre je parle beaucoup des mécanismes cognitifs de l'erreur,
02:27et je montre que la capacité à raisonner n'a pas été façonnée par l'évolution
02:33pour nous permettre d'accéder à la vérité nécessairement,
02:35mais aussi pour nous permettre de rationaliser ce qui fait consensus dans notre entourage.
02:39Parce que notre survie dépend souvent plus de notre réputation
02:42que de la validité de nos idées.
02:45Donc le cerveau humain souvent rationalise l'erreur à la mode.
02:50C'est comme ça qu'on est programmé pour raisonner.
02:51Et c'est particulièrement le cas lorsque le prix de l'erreur est faible.
02:55Donc si vous voulez pour le boulanger,
02:57s'il se trompe dans la fabrication de son pain,
02:59son pain sera mauvais, il n'aura pas de client, il n'aura pas d'argent,
03:01il subira lui-même les conséquences de son erreur.
03:04Le pilote d'avion s'il commet une erreur,
03:06il meurt en même temps que ses passagers.
03:08Alors que l'intellectuel, lui, peut se tromper sans cesse,
03:12sans jamais subir lui-même les conséquences de ses erreurs.
03:14Si vous voulez, Sartre,
03:15qui a applaudi Staline,
03:18qui a applaudi le goulag,
03:19qui a applaudi le terrorisme palestinien au Gio de Munich,
03:21qui a applaudi la révolution islamique en Iran,
03:24qui a applaudi Fidel Castro,
03:25qui toute sa vie, quand il s'est engagé en politique, s'est trompé,
03:27a toujours et toujours resté une idole intellectuelle de son vivant,
03:30a toujours vendu des millions de livres.
03:32Comment vous l'expliquez, c'est incroyable.
03:33Comment on n'explique qu'aujourd'hui encore,
03:35parce que vous êtes assez minoritaire,
03:37il y a, je crois, Michel Onfray qui a fait un livre qui s'appelle
03:38L'autre collaboration où il démonte un peu Sartre,
03:40mais aujourd'hui, dans le monde intellectuel,
03:43Sartre et Beauvoir continuent à faire autorité,
03:46et ceux qui se risquent à rappeler, par exemple,
03:48le passé un peu vichiste de Simone de Beauvoir ou de Sartre,
03:52sont tout de suite renvoyés, eux, au nazisme, à la fascisation,
03:55une sorte d'aversion accusatoire.
03:56Comment vous expliquez ça, vous qui vous attaquez à ces intellectuels-là ?
04:01Oui, je pense qu'il y a une forme...
04:02Déjà, les intellectuels de gauche se sont plus trompés
04:05que les intellectuels de droite,
04:06mais certains intellectuels de droite, bien sûr, se sont trompés aussi.
04:09Mais voilà, il y a des intellectuels de gauche,
04:10les intellectuels de gauche, c'est vrai,
04:12c'est qu'à écouter Européens par contre du soir,
04:13vous diriez bien que...
04:14Mais je pense qu'il y a, effectivement,
04:18dans l'ébat public, une forme de double standard,
04:20où quand la gauche se trompe, on considère qu'il s'agit...
04:22C'est pas grave.
04:22Et c'est pas grave, parce que ce serait un dévoiement de sa nature réelle,
04:27une dérive...
04:27Si le communisme n'a pas marché, c'est qu'il n'y avait pas assez de communisme.
04:30Oui, c'est ça.
04:31Alors que quand la droite se trompe,
04:33on considère que ça y est, elle a laissé tomber le masque,
04:36elle a laissé entrevoir sa nature réelle,
04:37qui foncièrement, par essence, serait mauvaise.
04:38Après, on va rentrer dans les détails.
04:40Comment vous expliquez ça ?
04:41Effectivement, que les intellectuels de gauche ont le droit de se tromper,
04:44à droite, pas.
04:45D'ailleurs, effectivement, peut-être que, du coup,
04:47ça a coupé l'herbe sous le pied de certains.
04:49Mais comment vous l'expliquez, dans l'inconscient humain ?
04:52Je pense que c'est peut-être...
04:53Je montre dans mon livre que certains réflexes mentaux,
04:56certaines idées peuvent rester perdurées pendant longtemps,
04:59alors qu'ils n'ont plus vraiment lieu d'être.
05:00Et une façon d'expliquer ça, c'est qu'à la sortie de la Seconde Guerre mondiale,
05:04ce double standard était assez rationnel.
05:05La droite, c'était discrédité avec le...
05:07Enfin, c'était pas la droite, c'était l'extrême droite, évidemment.
05:11Mais pardon, le nazisme, c'était de la gauche ?
05:13Ah, c'est discutable quand même.
05:15C'était le national-socialisme.
05:16C'est discutable.
05:18Moi, je suis plutôt d'accord avec vous parce qu'elle me le tourne pas.
05:20C'est du national-socialisme.
05:21C'est l'extrême-gauche.
05:22Non, mais cela dit, pour aller dans votre sens...
05:24On dit que c'est la droite, mais c'est du national-socialisme, c'est de la droite.
05:27La droite ne s'en revendique pas.
05:28Pour aller dans votre sens, Jean-François Revelle a beaucoup montré
05:33qu'il existait énormément de points communs
05:35entre l'idéologie nazie et l'idéologie communiste.
05:38Ça a longtemps été tabou de le dire.
05:40Et par ailleurs, entre l'idéologie nazie,
05:43et là, c'est plus provocateur ce que je veux dire,
05:44et l'idéologie post-moderne devenue woke,
05:47avec Hitler qui pensait qu'il existait une science blanche,
05:49une science aérienne, etc.
05:50C'est vrai, vous avez raison, ça.
05:51Mais il y a des woke aujourd'hui.
05:53Jules Torres.
05:54Les autos d'affaires, la destruction de livres,
05:56l'interdiction de livres,
05:57sont des choses qu'on a vues, effectivement, dans les années 30
05:59et qu'on voit aujourd'hui par ceux-là même qui critiquent
06:01et qui disent que tous ceux qui ne sont pas d'accord avec moi
06:03sont des nazis.
06:04Je pense qu'il y a certains réflexes humains intemporels
06:07qui se réinventent en fonction de l'idéologie totalitaire
06:10à la mode du moment.
06:11Le nazisme à une époque, le wokeisme, etc.
06:13Mais cela dit, il ne faut pas non plus être de trop mauvaise foi intellectuelle.
06:16Le nazisme était une idéologie,
06:17en tout cas sur le spectre politique de l'époque,
06:19soutenue un peu plus par la droite que par la gauche quand même.
06:22Il ne faut pas le nier.
06:23Ça a été la grosse erreur, je pense,
06:25de certains intellectuels de droite
06:26dans l'aveuglement vis-à-vis du nazisme dans les années 30.
06:30Mais bon, en face,
06:31les intellectuels de gauche étaient très aveugles
06:33sur le communisme.
06:34Par exemple, dans les années 30,
06:35c'est le New York Times qui niait
06:36la famine en Ukraine,
06:38qui faisait 5 millions de morts
06:39en raison, évidemment, du système communiste.
06:44Et ceux qui essayaient de dire la vérité
06:47étaient diffusés par le New York Times,
06:48qui les traités de menteurs.
06:49Samuel Fitoussi, hasard du calendrier,
06:51il y a 50 ans, le 17 avril 1975.
06:55Les Khmer Rouges,
06:56les Khmer Rouges emparés de Pnone Pen,
06:58début d'une terreur, d'un génocide,
07:00qui a fait près de 1,5 million de morts.
07:04Et alors là, la presse de gauche de l'époque,
07:07Libération, le monde, l'humanité,
07:09était très positif.
07:11des ex-régimes communistes
07:13étaient formidables.
07:15Ça paraît incroyable.
07:17Oui, ce qui est étonnant, c'est...
07:18Samuel Fitoussi, ça vous voit,
07:18on ne vous dérange pas les deux là ?
07:20Laissez parler Samuel Fitoussi.
07:21Non seulement la libération,
07:23mais aussi l'humanité et tout,
07:24on saluait l'arrivée des Khmer Rouges au pouvoir.
07:26Khmer Rouges qui ensuite,
07:27il faut le rappeler,
07:28ont tué 2 millions de personnes,
07:30c'est-à-dire à peu près un quart
07:31de la population cambodgienne.
07:34Non seulement ils ont salué
07:35l'arrivée au pouvoir des Khmer Rouges,
07:37alors que déjà,
07:38on pouvait se douter
07:38des conséquences qui allaient à venir,
07:40on connaissait la réalité
07:41à ce moment-là sur la Chine,
07:43sur l'URSS,
07:44mais pendant deux ans,
07:46Libération s'est acharnée
07:48à nier l'existence d'un génocide,
07:51à traiter de menteurs
07:52les gens qui faisaient état
07:54d'un bilan humanitaire peu reluisant,
07:55à comparer les récits de réfugiés
07:58aux, je cite,
07:59grands guignols.
08:00Donc oui,
08:01c'est cette persistance
08:02dans le déni et l'aveuglement
08:03qui est intéressante à expliquer.
08:05Et dans mon livre,
08:05je donne un certain nombre de mécanismes,
08:07notamment le fait que
08:08quand on a fondé une partie
08:10son identité sociale
08:11sur ses idées,
08:12pour le journaliste,
08:12le correspondant
08:13qui s'est félicité publiquement
08:14de l'arrivée au pouvoir
08:15des Khmer Rouges,
08:17de venir changer d'idée,
08:19aller entraîner pour lui
08:19un coût social immense.
08:21C'est-à-dire,
08:21on ne peut pas,
08:22quand on a fondé
08:22son identité sociale
08:23sur ses idées,
08:24on ne peut pas se renier
08:24parce qu'on baisse
08:25dans l'estime de ses amis,
08:26on peut perdre ses chroniques,
08:27on peut perdre son emploi,
08:28etc.
08:28et ça,
08:29c'est le lot des intellectuels
08:30plus que des gens
08:31qui n'évoluent pas
08:32dans la sphère des idées
08:32et donc,
08:34c'est très très difficile
08:35pour un intellectuel
08:36de changer d'avis.
08:36C'est absolument terrible.
08:37L'honneur du vrai intellectuel,
08:39ce ne serait pas finalement
08:40d'assumer qu'il a eu tort
08:42lorsqu'il a eu tort,
08:43quitte à se faire traiter
08:44de personnes qui changent
08:45tout le temps d'avis
08:46ou de versatiles.
08:47Voilà,
08:47exactement,
08:48et on devrait d'ailleurs,
08:50on a tort,
08:51je pense,
08:51de se moquer de ceux
08:52qui changent d'avis
08:53parce que c'est tout
08:53à leur honneur.
08:54Mais alors,
08:54ce qui est incroyable,
08:55c'est que les intellectuels
08:56donc,
08:57et plutôt de gauche,
08:58si je reprends ce que vous disent,
08:59ont le droit de se tromper.
09:00En revanche,
09:00le citoyen lambda
09:01que nous sommes,
09:02allez,
09:03au sens large,
09:04le badaud.
09:05Le badaud.
09:06Non,
09:06mais franchement,
09:06non.
09:07C'est-à-dire que là,
09:07effectivement,
09:08il y a ces deux poids,
09:09deux mesures.
09:10Oui,
09:10après,
09:11on a tous le droit
09:12de se tromper,
09:12mais simplement,
09:13dans certains cas,
09:13les conséquences sont plus graves
09:14que dans d'autres.
09:17Et ce qui est tragique,
09:19c'est que souvent,
09:20celui qui est puni,
09:20c'est celui qui dit la vérité
09:22quand la vérité est impopulaire.
09:23Exactement.
09:24Un bon exemple de ça,
09:25c'est le cas de Simon Leis.
09:26Peut-être que...
09:27Non,
09:27expliquez-nous aux auditeurs.
09:29Dans les années 70,
09:29l'intelligentsia française
09:31révérait la Chine maoïste,
09:32révérait Mao,
09:33ne jurait que par le petit livre rouge.
09:35Et Simon Leis a écrit un livre
09:36pour dire que
09:37des dizaines de millions de morts,
09:38en réalité,
09:38s'accumulaient en Chine.
09:39Mais le monde l'a traité
09:41de charlatan.
09:42Le Nouvel Obs,
09:43voilà,
09:43le Nouvel Obs a dit
09:44qu'il ne savait pas
09:45de quoi y parler.
09:46Et globalement,
09:46le narratif dominant,
09:47même si le mot n'existait pas à l'époque,
09:48c'était que
09:49Simon Leis racontait des fake news.
09:51C'est dingue.
09:52D'ailleurs,
09:52si la lutte contre les fake news
09:53existait à l'époque,
09:53peut-être qu'on aurait voulu censurer
09:54les extraits du livre de Simon Leis,
09:56qui faisait état,
09:57tout simplement,
09:57de la réalité, en fait.
09:58Et ce qui est très intéressant,
09:59c'est que
10:00ceux qui diffamaient Simon Leis
10:01n'ont pas subi
10:02le prix de leur erreur,
10:03alors que Simon Leis lui-même
10:04a dû partir vivre en Australie,
10:07a vu les portes de l'université
10:08se refermer sur lui
10:09alors qu'il ambitionnait
10:10de faire une belle carrière universitaire.
10:12Et donc,
10:13la tragédie,
10:13c'est que non seulement
10:14dans le monde intellectuel,
10:15l'erreur ne coûte rien,
10:17mais souvent,
10:17celui qui dit la vérité
10:18quand cette vérité est impopulaire,
10:20se fait ostraciser
10:21et subit les conséquences,
10:23le prix,
10:24le coût social de la vérité.
10:26Et donc,
10:26dans ces conditions-là,
10:27le cerveau humain
10:28nous pousse vers
10:29la rationalisation
10:30de l'erreur à la mode.
10:31C'est passionnant,
10:33c'est fascinant.
10:33On va reprendre l'affaire de Cripol,
10:35dont on a parlé sur Europe 1,
10:37évidemment,
10:37qu'on a suivi avec beaucoup d'intérêt.
10:39Dans cette affaire,
10:40il y avait des zones d'ombre
10:41qui démerraient
10:41et toute une partie
10:42de la classe médiatique,
10:43politique, intellectuelle,
10:44effectivement,
10:45considéraient
10:46qu'il s'agissait
10:47d'une simple rixe
10:48entre bandes rivales
10:49au lieu d'évoquer,
10:50pardon,
10:50le racisme anti-blanc,
10:52qui est encore
10:53un tabou en France.
10:54Et une expédition punitive.
10:55Et une expédition punitive.
10:57Ça, c'est un exemple ?
10:58Oui, c'est une forme
10:59d'aveuglement intellectuel
11:00contemporain, je pense.
11:02Moi, pour analyser
11:03l'aveuglement
11:04sur les questions
11:04régaliennes
11:07et de sécurité,
11:08etc.,
11:09aujourd'hui,
11:10j'aime bien
11:10la notion
11:11qu'utilise un chercheur
11:13américain
11:13qui s'appelle
11:13Rob Anderson,
11:14la notion de croyance
11:15de luxe.
11:16Oui, c'est ça.
11:17Avant,
11:18on signalait
11:19notre statut social
11:20et notre richesse
11:20souvent par les biens
11:21de luxe,
11:21les montres,
11:22les bijoux,
11:22etc.
11:23Mais à mesure
11:23que ces biens-là
11:24se sont plus ou moins
11:25démocratisés,
11:25maintenant,
11:26son hypothèse,
11:27c'est qu'on signale
11:28notre statut social
11:29par des opinions.
11:31Et la question,
11:32c'est quelles opinions ?
11:32Et lui, il dit
11:33que l'élite socio-économique
11:35souvent signale
11:36son statut
11:38en adhérant
11:38à des opinions
11:39dont ils sont protégés
11:41des conséquences.
11:42Donc, en fait,
11:43par exemple,
11:44aujourd'hui,
11:44ricaner de la demande
11:45de sécurité
11:46exprimée par les Français,
11:47c'est montrer
11:47que soi-même,
11:49c'est un marqueur social,
11:50parce que ça veut dire
11:51que soi-même,
11:51on est protégé
11:52de l'insécurité,
11:53on habite derrière
11:53des frontières symboliques.
11:55Prenez l'immigration
11:55incontrôlée,
11:56c'est envoyer un message
11:57qui dit
11:58« Moi, je n'habite pas
11:58dans une banlieue chaude,
11:59je n'habite pas en Seine-Faint-Denis,
12:00je ne connais pas
12:01les tensions liées
12:01au multiculturalisme,
12:02j'habite dans un beau
12:03quartier de Paris. »
12:04Donc, voilà,
12:04c'est une façon
12:04de se positionner socialement
12:06et je trouve cette analyse
12:07très intéressante,
12:08même si, bien sûr,
12:08elle a ses limites aussi.
12:09Et comment vous voyez,
12:10comment vous analysez
12:11les prises d'opposition
12:12depuis le 7 octobre
12:13en France,
12:14notamment avec un parti,
12:15pardon,
12:16LFI,
12:17qui prend fait et cause
12:18pour la bande de...
12:20Non, non, mais...
12:21La bande de Gazan...
12:22Non, non, mais c'est très intéressant.
12:23La bande de Gazan...
12:24Avec des intellectuels,
12:25des compagnons de l'OFI
12:26qui, comme jadis,
12:27les maoïstes,
12:28refusent de condamner l'homme.
12:29Ceux qui ont lié
12:30tous ces génocides
12:30vous disent aujourd'hui
12:31qu'il y a un génocide à Gazan.
12:32Ils en inventent un.
12:33Ceux qui ont lié
12:34des génocides
12:34inventent un génocide aujourd'hui.
12:35Mais c'est ça,
12:35mais Samuel Fittou,
12:36si c'en est un exemple concrètement...
12:37Mais ils ont défendu
12:38jadis les clés rouges,
12:39aujourd'hui,
12:39ils défendent le Hamas.
12:40En fait, ce qu'il faut comprendre,
12:41je pense,
12:41c'est que la cohérence,
12:43elle est dans la détestation
12:44de leur propre civilisation.
12:46Orwell, dans les années 40,
12:47parlait déjà ça.
12:48Il parlait de l'anglophobie
12:49des intellectuels anglais.
12:51Il disait,
12:51il y a quelque chose
12:52d'assez étrange
12:53mais incontestablement vrai,
12:54c'est là que je le cite,
12:55c'est que l'intellectuel
12:56de gauche moyen aujourd'hui
12:57préférerait être aperçu
12:59en train de voler
12:59dans une boîte à dons
13:01pour pauvres
13:01qu'en train de chanter
13:02l'hymne national
13:03la main sur le cœur.
13:04Donc il disait,
13:05le patriotisme
13:06chez les intellectuels de gauche
13:08est tellement mal vu
13:09que les intellectuels
13:10se cherchent des patriotismes
13:11de substitution.
13:12Et c'est pour ça,
13:12disait-il,
13:13que les intellectuels anglais
13:14ont développé
13:15une loyauté nationaliste
13:17à l'égard de Staline
13:17et c'est toujours lui qui parle,
13:19considèrent que dire du mal
13:20de l'URSS
13:21c'est une forme de blasphème.
13:22Et donc,
13:23on peut penser
13:24que par opposition
13:26à leur propre civilisation,
13:27à leur propre nation,
13:28les intellectuels
13:28sont prêts à adopter
13:30gaiement
13:30tous les contre-modèles.
13:32Et donc,
13:33j'ai dit
13:33le communisme
13:35en Chine,
13:36en URSS,
13:36etc.
13:37Aujourd'hui,
13:38une certaine complaisance
13:39pour l'islamisme
13:41là où il est implanté,
13:42que ce soit même en France,
13:44dans les territoires
13:45perdus de la République
13:45parce que c'est un contre-modèle
13:47au modèle
13:47des démocraties libérales
13:48avec des valeurs occidentales
13:49ou la fascination
13:51pour Gaza
13:52gouvernée par le Hamas.
13:53Oui,
13:53puis on voit
13:54les drapeaux palestiniens
13:55par les Français.
13:55En revanche,
13:56flotter place de la République,
13:57ça ne dérange personne.
13:58En revanche,
13:58les drapeaux français,
13:59ça, ça dérange.
14:00Le drapeau palestinien,
14:01c'est tout à fait normal.
14:02Dans les meetings de gauche,
14:03il y avait beaucoup
14:03de drapeaux français.
14:04Il y avait des marées
14:05de drapeaux français.
14:05Oui, vous avez raison.
14:06En meeting de Georges Marchais,
14:07par exemple,
14:08vous aviez beaucoup
14:08de drapeaux français.
14:09Vous vous rendez compte,
14:09il a disparu,
14:11Georges Marchais,
14:11cher Paul.
14:12Jules Thorey,
14:13de toute façon,
14:13il n'a jamais été de gauche,
14:14donc il ne va pas être déçu.
14:15Non,
14:15je n'ai jamais été communiste,
14:18je vous l'assure.
14:19Mais il le fait aussi,
14:20depuis quand le drapeau français,
14:21par exemple,
14:22les personnes à Nantes gratin
14:23en France,
14:23vous voulez à peu près
14:24que tout le monde
14:25n'a pas une réponse exacte ?
14:26Je ne sais pas,
14:27mais c'est vrai
14:27que ça s'est accéléré
14:29ces dernières années.
14:31Mais Georges Marchais,
14:32que peut-être vous aimez bien,
14:34Jean-François Revelle
14:35montre quand même
14:35dans ses livres
14:36que Georges Marchais
14:37était un compagnon de route
14:38de ce qui se passe.
14:39Il prenait ses ordres
14:40à Moscou.
14:40Il prenait ses ordres
14:41à Moscou.
14:41Voilà, c'est ça.
14:42Il prenait complètement
14:43ses ordres à Moscou.
14:44Donc, c'est le bilan moral
14:45même de cette gauche
14:47qui, il est vrai,
14:48était moins antipatriotique
14:49que la gauche actuelle,
14:50n'est quand même pas...
14:52Elle était patriotique
14:53et connectée,
14:54la différence
14:54avec la gauche contemporaine.
14:55À mon avis,
14:56la gauche de marché
14:56était connectée au peuple,
14:58au peuple de France
14:59qu'aujourd'hui,
15:00elle est fille, rejette
15:01et qu'il a mis
15:02dans les bras de Marine Le Pen.
15:03Par conséquent,
15:04je crois que le grand changement
15:05de paradigme,
15:05il est là.
15:06Après, c'est vrai
15:06que les liens entre Moscou
15:08et le colonel Fabien en France
15:10étaient...
15:11Aujourd'hui,
15:11ils sont avérés, évidemment.
15:13Il y a une question
15:14puisqu'on parle un peu plus
15:15de politique.
15:16Vous parliez
15:16de l'irresponsabilité
15:17des intellectuels de gauche
15:20qui, finalement,
15:21peuvent tout faire,
15:22tout défendre
15:22et il n'y aura
15:23jamais aucune conséquence.
15:24Vous avez l'impression aussi
15:25que c'est le cas aujourd'hui
15:26pour les politiques
15:27et notamment
15:27les politiques de gauche.
15:29Ils peuvent dire
15:29tout et n'importe quoi.
15:31Dans les médias,
15:32bon, certes,
15:32ils vont se faire
15:32un petit peu plus attaquer
15:33mais la conséquence
15:35pour leur vie politique,
15:37elle est quasiment zéro.
15:39Oui, c'est ça.
15:40Souvent,
15:40il est vrai
15:41qu'il y a un deux poids,
15:42deux mesures
15:42où on considère
15:43qu'au nom
15:43des belles intentions,
15:45on se fiche
15:46des conséquences
15:47que portent concrètement
15:48certaines politiques publiques.
15:50Moi,
15:51je m'appuie beaucoup
15:51dans mon livre
15:52sur un penseur
15:52qui s'appelle Thomas Sowell
15:53qui critique beaucoup
15:55ce type d'intellectuels
15:57qui veulent en fait,
15:58par les idées
15:59qu'ils défendent,
16:00leur objectif
16:01c'est de se regarder
16:01dans le miroir,
16:02être fiers d'eux-mêmes
16:03et ils se fichent
16:03complètement
16:04des conséquences concrètes
16:05de leurs idées
16:05sur la vie des gens.
16:07Évidemment,
16:07il y a une part de ça.
16:09Mais ça manifeste aussi
16:10pour que les idées
16:11se retournent,
16:12il faut forcément
16:13des drames.
16:13Oui,
16:16pour réveiller les gens
16:17vous voulez dire ?
16:17Non,
16:17mais ce n'est même pas
16:18pour réveiller les gens
16:18mais vous nous dites
16:19effectivement cette presse
16:20de gauche libération,
16:21le Monde
16:21qui soutenait
16:22les Khmers rouges,
16:24à un moment ça s'est arrêté
16:24bien entendu
16:25quand on se rend compte
16:26de l'ampleur
16:26de la catastrophe.
16:27Aujourd'hui,
16:28vous voyez la situation
16:30comment en France ?
16:32Est-ce qu'il faut
16:32qu'on en arrive
16:33à des extrémités ?
16:35Mais on a déjà
16:36connu certaines catastrophes.
16:39Moi,
16:39je suis assez pessimiste
16:40sur la capacité
16:40de la réalité
16:41à faire changer
16:42les gens d'avis.
16:45Jean-François Revelle
16:46dans La Connaissance Inutile
16:47montre que
16:48l'histoire
16:48de la deuxième moitié
16:49du XXe siècle,
16:50c'est les intellectuels
16:51de gauche
16:51qui s'aveuglent
16:52alors que la connaissance
16:54est librement accessible.
16:56On peut penser
16:57qu'à l'époque
16:57ils n'avaient pas
16:58les réseaux sociaux,
16:58l'information circulait moins,
17:00etc.
17:00Mais en fait,
17:01tout était parfaitement documenté
17:02et le cerveau humain
17:03est très fort
17:03pour fuir l'information
17:05susceptible
17:05de réfuter ses croyances.
17:06Ça aussi,
17:07c'est quelque chose
17:08que je m'envoie.
17:08Est-ce qu'il y a une responsabilité
17:10de la droite aussi
17:10d'avoir laissé
17:11ce champ libre
17:11aux intellectuels de gauche ?
17:13Il y a eu des Raymond Aron,
17:14etc.
17:14Mais il n'y a pas quand même
17:15que la deuxième moitié
17:16du XXe siècle,
17:17vous demandez une liste
17:18d'intellectuels de droite
17:18très connues,
17:19la plupart des gens
17:20peineront à vous en citer dix.
17:22Oui, mais je pense
17:23qu'il y a des raisons...
17:25Il existe certaines raisons
17:26pour lesquelles
17:26il y a moins d'intellectuels
17:27de droite
17:27comme il y a moins
17:28de journalistes de droite.
17:29C'est notamment
17:30qu'en général
17:31la droite aime
17:32un peu plus que la gauche
17:35la civilisation
17:35dans laquelle elle habite
17:36et donc n'a pas
17:36l'ambition de la changer.
17:38Elle veut la préserver,
17:38elle ne veut pas la changer.
17:39Donc, quelqu'un de brillant de droite
17:42veut plus devenir entrepreneur
17:43qu'intellectuel
17:44pour déconstruire
17:45et reconstruire.
17:45Ce n'est pas son ambition.
17:46Non, mais c'est très intéressant.
17:47Passionnant.
17:48Ça manifeste aussi
17:49pourquoi les intellectuels
17:50se trompent.
17:51On vous le recommande vivement
17:51ce soir sur Europe 1.
17:53Merci d'être venu
17:54dans ce studio
17:55et de nous avoir éclairé.
17:55Merci à vous pour l'invitation.
17:56Très intéressant.
17:57Non, mais c'est très intéressant.
17:58Très intéressant.
17:59Très intéressant.

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