Rencontre avec Taky Marie-Divine Kouamé, championne du monde 2022 sur le 500 mètres en cyclisme sur piste. Pour le magazine "Origines", la sprinteuse revient sur sa carrière, de ses grands débuts dans la discipline, aux Jeux Olympiques de Paris 2024.
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00:00Musique
00:00Je m'appelle Taki Marie-Djane Kouamé, je suis en équipe de France de cyclisme sur piste.
00:17Musique
00:29J'ai commencé quand j'avais 3 ans, j'ai rencontré mon premier coach qui s'appelle Gilbert Rousseau
00:34et qui travaillait à ma cantine de l'école primaire.
00:37Il avait une association de cyclisme, jeunesse cycliste koudrisienne à l'époque
00:41et donc à chaque fois qu'on passait avec nos plateaux, il nous disait qu'on avait des jambes de cyclisme,
00:45qu'on devait venir s'inscrire dans son association.
00:47Et donc c'est ce que j'ai fait et j'ai adoré.
00:49J'étais quand même assez hyper active comme enfant, donc je faisais toujours deux sports.
00:53Tous les ans je changeais de deuxième sport, mais le cyclisme ça restait toujours.
00:57Donc j'ai fait du foot, j'ai fait du basket, j'ai fait de l'athlétisme, j'ai fait de la natation, j'ai fait du triathlon.
01:04Je m'entraîne pour faire du sprint quoi, donc je fais toutes les disciplines du sprint.
01:09Vitesse par équipe, Kérine, vitesse individuelle et maintenant kilomètres.
01:13Je ne me suis pas vraiment spécialisée sur le 500 mètres.
01:15Le 500 mètres c'est une discipline que je n'ai jamais préparée.
01:17Parce qu'en fait je pense que c'est des qualités qui sont un peu innées.
01:20J'ai des facilités sur le départ et ça me donne un certain avantage.
01:25Surtout que je peux emmener du gros braquet sur le départ.
01:27Avec mon développement, faire un tour supplémentaire,
01:30c'est moins compliqué que si tu mets un petit braquet pour aller vite sur le départ.
01:33Il y a eu un petit micmac avec le Covid et donc ça m'a permis d'espérer une sélection parce qu'il y avait une nouvelle année pour se qualifier.
01:45Et donc je suis rentrée un peu précipitamment entre guillemets en équipe de France pour ça.
01:49Et donc je me suis entraînée pendant toute une saison.
01:52J'ai fait les stages de sélection, j'ai fait les essayages de tenue.
01:57Une semaine avant l'annonce officielle où j'allais enfin pouvoir me libérer parce que j'avais un peu de pression de ma famille et tout.
02:02J'ai été convoquée pour me dire qu'en fait, je n'allais pas y participer.
02:05Pas parce que je n'étais pas compétitive ou quoi, mais parce qu'il me manquait 10 points UCI.
02:09Et 10 points UCI, c'est juste s'inscrire à une course.
02:11C'est ridicule.
02:15Après Tokyo, c'était compliqué.
02:16Donc je vais au championnat d'Europe et je me blesse.
02:18Première grosse chute de toute ma vie, je n'étais jamais tombée sur la piste.
02:23Donc je me suis fait une entorse acramio-claviculaire.
02:25Et après ma rééducation, j'étais de retour sur le vélo.
02:28Grégory Boger est arrivé à la tête de l'équipe de France.
02:32Au début, ce n'était pas facile.
02:34On a eu du mal à se trouver, à se comprendre.
02:36Et une fois que notre relation était faite, ça a été tout droit jusqu'au championnat du monde ici, à Saint-Quentin-en-Yvelines.
02:43Où c'était mes premiers championnats du monde élite et je remporte pareil le titre sur le 500 m.
02:52C'était l'apogée, c'était incroyable.
02:54C'était du kiff, à aucun moment je me suis dit je vais au travail.
02:58La bascule, elle s'est vraiment faite après ça, pour la préparation des Jeux de Paris.
03:07À partir du moment où je suis rentrée dans l'Olympiade de Paris 2024, il n'y avait plus d'amusement.
03:12Et je pense que ce n'est pas positif.
03:14Si c'est ça qui rend la carrière entre guillemets sérieuse, je pense que ce n'est pas bien.
03:18À aucun moment, en 2022, je me voyais en professionnel, je ne sais pas quoi, non, je faisais du vélo parce que ça me plaît.
03:24Je pense que c'est une période qui n'est pas trop facile.
03:30Là, on sort des Jeux olympiques de Paris qui ne se sont pas passés comme on l'espérait.
03:34En tout cas, pour ma part, ce n'est pas comme je l'espérais.
03:36Que ce soit la compétition en elle-même ou toute l'Olympiade en elle-même, ça a été deux ans vraiment difficiles.
03:43Mais c'est vraiment le retour à la maison, quand tout est fini, que là tu te rends compte que tu viens de vivre un truc qui n'est pas si ouf que ça.
03:52C'est un moment de doute, j'ai envie de dire, de reconstruction, retrouver ce pour quoi j'ai commencé le vélo.
04:01La nourriture en général, etc. et la cuisine, j'adore ça.
04:04Je m'y suis intéressée justement parce que j'ai eu des petits problèmes au niveau de mon poids, etc.
04:09Donc il fallait que je m'intéresse à la nutrition pour comprendre ce dont j'avais besoin.
04:12Je suis encore dans un processus d'apprentissage de ce dont j'ai besoin, etc.
04:16Et donc j'ai un compte Instagram où je partage des recettes sans gluten, etc.
04:20parce que maintenant je suis passée au sang gluten.
04:22En fait, je partage un peu toutes mes passions, la photo, la vidéo, la food, la lecture.
04:28Et c'est des choses qui me permettent de m'évader au-delà de ma carrière d'athlète.
04:32Là, je suis vraiment concentrée sur essayer de me reconstruire psychologiquement.
04:39Parce que je pense qu'on ne se rend pas compte, mais en tout cas, les Jeux, ça a vraiment été une épreuve.
04:44C'est une épreuve encore aujourd'hui, ça m'arrive encore d'en pleurer.
04:47Ça a été vraiment dur.
04:48Donc là, je suis plus dans un processus de reconstruction, reprendre confiance en moi,
04:52reprendre confiance au staff que je suis en train de construire, kiffer la vie.
04:55Et après, on verra pour les Jeux, mais je pense que j'ai un peu de temps.