Dans son édito du 31/03/2025, Paul Sugy revient sur le procès du RN et de Marine Le Pen ce lundi.
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00:00Oui, on le sait bien, vos téléspectateurs l'ont d'ailleurs exprimé à l'antenne,
00:04que ça va peser évidemment dans les prochaines années,
00:07puisque Marine Le Pen est une candidate extrêmement importante,
00:10dotée encore de 37% dans certains scénarios de premier tour,
00:13d'intention de voix dans un sondage paru dans le GDD ce week-end.
00:16Et c'est vrai qu'on se retrouve dans une situation pour le moins étrange,
00:20qui ressemble au fond un petit peu au suspense que ressentent les téléspectateurs,
00:23quelques heures avant le moment où les journalistes annoncent en direct à la télévision
00:27le résultat d'une élection.
00:29Sauf qu'évidemment, les urnes sont vides, personne n'a voté.
00:33Le sort de Marine Le Pen et donc l'avenir d'une partie de la vie politique française
00:37dans ces prochaines années, n'est aux mains de quelques juges.
00:40Et l'impression que cela donne, c'est qu'effectivement,
00:44des répercussions qui ont une importance telle
00:47qu'on pourrait les comparer au fond pratiquement à une élection,
00:50puisque au fond, ce qui se joue là, c'est la primaire en quelque sorte,
00:53au sein du Rassemblement National,
00:55puisqu'on a bien compris que si Marine Le Pen était écartée pour 2027,
00:58ce serait Jordan Bardella qui prendra le relais.
00:59C'est en quelque sorte une primaire, mais ce sont les juges qui tranchent.
01:02Cette situation, et je pèse mes mots, est déconcertante.
01:06La grande question, c'est de savoir si Marine Le Pen va être condamnée
01:09ou pas à une peine d'inéligibilité avec exécution provisoire.
01:13Alors, tout le monde à peu près sait ce que c'est maintenant l'exécution provisoire.
01:16En fait, de provisoire, elle est immédiate, même si Marine Le Pen décide de faire appel.
01:21Le terme juridique, c'est provisoire,
01:23mais la réalité, c'est une exécution immédiate, même si elle fait appel.
01:26Oui, exécution. Et d'ailleurs, le mot est assez bien choisi.
01:29C'est ce qui serait le plus incompréhensible, bien sûr, si cette décision était prise.
01:33Si Marine Le Pen était condamnée immédiatement à cette inéligibilité,
01:37elle serait de fait mécaniquement privée de la possibilité
01:41de se présenter à l'élection présidentielle de 2027.
01:44Et le juge qui prendrait une telle décision s'accorderait là un pouvoir exorbitant.
01:49Mais il y a une autre possibilité.
01:50Et c'est d'ailleurs mon collègue Paul Lebaché qui l'explique très bien dans le Figaro ce matin,
01:54qui inquiète aussi au sein du Rassemblement national.
01:56C'est-à-dire que si Marine Le Pen est condamnée à de l'inéligibilité,
02:00mais que cette peine n'est pas soumise à une exécution provisoire.
02:04À ce moment-là, Marine Le Pen fera appel et un nouveau procès se tiendra.
02:07Mais là, le calendrier devient compliqué.
02:09Est-ce que le procès en appel se tiendra avant ou après le premier tour de 2027 ?
02:13Sans doute un peu avant.
02:15Et donc, ça voudrait dire que finalement,
02:16le sort de Marine Le Pen resterait suspendu au bon vouloir des juges.
02:19Simplement, ce serait remis à plus tard,
02:22mais dans un calendrier toujours aussi hasardeux,
02:24si ce n'est plus encore par rapport à l'élection présidentielle.
02:27Donc, on voit bien que quel que soit au fond l'issue du verdict,
02:31s'il y a une peine d'inéligibilité qui est prononcée,
02:33avec ou sans exécution provisoire,
02:35le destin de Marine Le Pen restera de toute façon aux mains des juges.
02:39Et c'est vrai que cette perspective est vertigineuse.
02:41Et vous nous dites que dans tous les cas,
02:42la candidature de Marine Le Pen pourrait donc être empêchée.
02:44Oui, une candidature de plus empêchée en Europe au sein du camp nationaliste.
02:48Si je dis une de plus, c'est parce qu'on pourrait par exemple
02:51faire des parallèles aussi avec ce qui s'est passé en Roumanie,
02:53où le candidat Kéline Giorgescu a été écarté aussi
02:56par des décisions administratives et judiciaires,
02:58puisqu'il était considéré comme un relais de la propagande du Kremlin.
03:02Alors, évidemment, ce sont deux affaires très différentes,
03:04mais du point de vue des électeurs en Europe,
03:06qui ont l'impression qu'il y a, à mesure que les partis nationalistes montent,
03:09et on a bien vu cette poussée depuis maintenant une dizaine d'années,
03:12portée aussi par la vague migratoire,
03:14qui a renforcé en Europe, et bien en retour, ce vote nationaliste.
03:18Il y a une forme de mécanisme de protection
03:20qui semble se mettre en place,
03:22comme si, au fond, il fallait, à tout prix, par tous les moyens possibles,
03:25empêcher certains candidats d'accéder aux élections.
03:28C'est en tout cas ce que peuvent se dire un certain nombre d'électeurs.
03:31C'est ce qui pourrait d'autant plus se dire,
03:33s'il voit par exemple que Marine Le Pen serait condamnée
03:35dans un procès où, pour des faits similaires,
03:37François Bayrou, par exemple, avait été relaxé en première instance,
03:40même s'il est encore sous le coup d'un procès en appel,
03:42puisque le parquet avait fait appel.
03:43Vous voyez, c'est par exemple ce deux poids deux mesures aussi
03:46qui pourraient nourrir un très fort mécontentement démocratique,
03:50qui pourrait avoir des conséquences dramatiques
03:51pour la confiance que les électeurs placent dans la démocratie,
03:54dans les juges et, de façon générale, dans la vie politique française.