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Consacrer au minimum 20 % de la surface des magasins d’alimentation de plus de 400 mètres carrés au vrac est l’un des objectifs de la loi Climat et résilience. À l’occasion du mois du vrac et du réemploi, en mars, Thomas Parouty, fondateur de l’Agence Mieux, et Laurent Odino, cofondateur d’Eureco, nous présentent les enjeux de développement de ce mode de vente responsable.

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00:00Le mois de mars c'est le mois du vrac et du réemploi et on en parle tout de suite dans le débat de ce Smart Impact avec mes invités Laurent Oudinot, bonjour.
00:14Bonjour. Bienvenue, vous êtes le cofondateur d'Eureco. Thomas Parouty, bonjour, fondateur de l'agence Mieux, habitué de Smart Impact, agence Mieux, agence de communication RSE.
00:24Je veux bien que vous nous présentiez Eureco en quelques mots. Oui, Eureco, c'est une start-up industrielle qui est basée dans le sud de la France, à côté d'Arles.
00:34Et on a inventé une solution de distributeur de produits alimentaires en vrac à destination de la grande distribution et des circuits bio spécialisés.
00:44Donc c'est quoi ? C'est pour qu'on imagine ce que c'est ? C'est des contenants ? Exactement. Vous connaissez, si vous êtes acheteur en vrac, ces bacs dans lesquels on se sert.
00:55On a inventé un nouveau système qui est innovant, qui est un système de vrac à poche souple, sur lequel on pourra revenir un peu plus tard, qui garantit une hygiène,
01:05une sécurité alimentaire, une traçabilité et donc qui est très rassurante pour le consommateur et qui est beaucoup plus simple d'utilisation également pour les magasins.
01:14On va partir du constat et peut-être de l'objectif de la loi Climat et Résilience, objectif 2030, dédier au minimum 20% de surface au sol, au vrac, dans les magasins d'alimentation
01:26de plus de 400 m². Alors c'est là, c'est dans 5 ans. On en est où aujourd'hui ? Alors on en est à environ à 12-13% aujourd'hui. C'est-à-dire que...
01:37Ce n'est pas si mal, je m'attendais à pire. Ce n'est pas si mal, mais le travail est encore long, est encore très important parce que le vrac, c'est assez compliqué en termes de supply chain,
01:47en termes d'hygiène, de traçabilité, de logistique. Oui, ce n'est pas si simple. Ce n'est pas d'un claquement de doigt, on décide de passer ou d'augmenter la surface vrac.
01:54Exactement. Donc il y a beaucoup de travail collaboratif entre différents acteurs qui permettent à la distribution de s'organiser pour tendre vers ces 20%.
02:04Comment accélérer le mouvement, Thomas Parouty, et pourquoi c'est important ? Alors, dans cette loi Climat et Résilience, l'objectif, c'est évidemment de réduire les emballages,
02:14de les réemployer et de recycler les trois R habituels. Le vrac est une solution, la consigne, etc. Donc il y a une pression réglementaire avec cet objectif de 20%,
02:24mais on s'aperçoit aussi qu'il y a plein d'opportunités pour les distributeurs, parce que c'est une attente des consommateurs, donc il y a du trafic supplémentaire quand on repasse du vrac.
02:36Les consommateurs en veulent, alors ils ont encore quelques attentes qui ne sont pas totalement atteintes et auxquelles les marques ne répondent pas forcément,
02:44mais les consommateurs en veulent parce qu'ils veulent du prix et le vrac est 10 à 15% moins cher aujourd'hui, alors qu'il n'y a pas beaucoup de volume,
02:53et parce qu'ils veulent arrêter l'emballage et surtout les sur-emballages qu'on peut avoir dans pas mal de produits, qu'ils soient secs ou liquides.
03:03– Et pourtant ça coince encore un peu, le mois du vrac, ça sert à quelque chose Monsieur, c'est toujours la question de vous inviter à mettre un coup de projecteur, ça d'accord ?
03:13– Non mais ça sert parce qu'aujourd'hui le rayon vrac n'est pas traité comme les autres rayons, vous rentrez dans un rayon classique, il y a des promos partout,
03:22le rayon vrac est assez austère, il n'y a pas un corner où on dit, le distributeur pourrait dire, venez ici vous allez faire des affaires parce que c'est moins cher,
03:32parce que vous avez acheté la juste quantité aussi, parce qu'en fait une consommatrice elle n'a pas besoin peut-être d'acheter un kilo de riz ou un kilo de pâtes,
03:39ou un kilo de noix de cajou au curry, le fameux truc qu'on trouve dans tous les rayons vrac, donc en fait ça répond à plein d'attentes des consommateurs,
03:49le distributeur doit traiter ça un peu plus agressivement en promo, donc le mois du vrac ça met en avant ce segment de marché,
03:58et ça devrait permettre de le développer dans les prochaines années.
04:02– Cette innovation dont vous parliez c'est quoi ?
04:05– Alors le vrac à poche souple, je vais vous expliquer comment cette idée est venue, en fait avec le mois du vrac il y a d'autres initiatives,
04:13comme une qui s'appelle l'en avant vrac, qui a réuni tous les industriels, les marques, les distributeurs et les apporteurs de solutions pour imaginer le vrac de demain.
04:24Tous ont convergé sur une innovation qui s'appelle, un concept qui s'appelle le vrac à poche souple,
04:29donc le principe c'est du produit vrac qui est servi dans une poche de 10 litres, imagine un gros sac de chips,
04:40qui viendrait s'insérer dans un silo, dans un distributeur, l'avantage de cette solution c'est que le produit n'est jamais touché,
04:48jamais transvasé, est à l'abri potentiellement d'insectes ou de mites alimentaires comme ça peut malheureusement arriver,
04:55c'est hyper simple à fabriquer pour n'importe quel distributeur, n'importe quelle marque, et ça offre une souplesse.
05:04– Mais ça ne crée pas un emballage supplémentaire ?
05:06– Non, alors c'est une bonne question parce que le vrac arrive en magasin aujourd'hui avec un emballage logistique,
05:13aujourd'hui c'est cet emballage logistique qu'on transforme, qu'on adapte pour être un contenant alimentaire,
05:20donc il n'y a pas de création, au contraire, il y a des économies de nettoyage et des économies de transport sur de la reverse logistique,
05:29il y a des économies de gaspillage parce que le produit est mieux conservé,
05:33et opérationnellement c'est beaucoup plus facile pour un magasin de s'approprier ce type de solution.
05:40– Thomas Parouty, est-ce que les géants de la grande distribution s'y sont vraiment mis ? Je rajoute vraiment.
05:47– En fait, dans les géants de la grande distribution, c'est plein de petits chefs d'entreprise, d'adhérents, intermarchés, Leclerc, etc.,
05:55et donc il y en a certains qui sont vachement en avance.
05:58– Donc c'est un peu disparate en fait, ça dépend du patron de grands magasins ?
06:02– Hier avec Laurent on s'est croisés sur le périphème D,
06:05le périphème c'est l'association des distributeurs justement sur tous ces sujets de VRAC, de RSE, de remploi, mais aussi de sécurité, etc.,
06:14et on s'aperçoit qu'il y a un intermarché Adole qui fait vachement de choses,
06:18et l'adhérente est très motivée sur le remploi, la consigne, etc.,
06:24et il y a des initiatives un peu partout comme ça.
06:26Dans les grands réseaux classiques comme Carrefour, ça progresse,
06:34il y a une sensibilité, il y a des tests un peu partout, chez Franprix aussi, chez Système U,
06:40enfin voilà, il y a des initiatives un peu partout, aujourd'hui ce n'est pas massifié, c'est ça le problème.
06:44– Mais l'aiguillon réglementaire dont on parlait, il va pousser à le faire de toute façon ?
06:48– Bien sûr, et globalement dans 5 ans il faudra y être, donc c'est pour ça qu'il y a des initiatives.
06:54Alors ce qui est intéressant c'est qu'il y en a sur le sec avec des innovations comme ça,
06:58mais il y en a aussi sur d'autres produits, notamment les produits liquides ou visqueux,
07:03c'est-à-dire typiquement il y a une opération qui est en train de se monter qui s'appelle le défivrac,
07:08où il y a des industriels comme Le Groupe Belle, Danone, Le Sueur,
07:14et les apiculteurs famille Michaud qui font l'Une de Miel qui est la marque la plus connue.
07:19Et donc là, on va arriver avec un contenant en verre, récupérer de la vache qui rit,
07:24ou du yaourt de velouté, ou de la compote materne, ou de l'huile, ou du miel pour récupérer ça,
07:30et après il y aura un objet de consigne en verre qu'il faudra laver, ramener, etc.
07:35À quel point c'est un défi logistique quand même ?
07:37À quel point ? Parce qu'on se dit tous les directeurs d'hypermarché ou de supermarché s'y mettent pas,
07:43parce que c'est pas si simple, on peut dire ça ?
07:46Oui, alors il y a une complexité opérationnelle de lavage qui est très forte,
07:51et c'est la raison pour laquelle cette solution de vrac à poche souple vient répondre à ces problématiques.
07:57Pour autant, ce système de vrac à poche souple a un inconvénient,
08:01c'est que les fabricants doivent harmoniser les poches souples avec des dimensions standardisées.
08:10Faut pas faire comme les recharges de téléphone où on s'est battu pendant des années,
08:13voire des décennies, pour avoir une charge universelle.
08:15Exactement. La bonne nouvelle, c'est que tout le monde sait faire des poches souples aux bonnes dimensions.
08:20Mais ça veut dire que l'uniformisation, elle n'est pas encore gagnée là, c'est ça ?
08:24Elle est en train de se mettre en place. Thomas parlait de différents distributeurs.
08:28Hier, Thierry Cotillard, le patron des mousquetaires,
08:32annonçait justement le déploiement dans une trentaine de magasins intermarchés, ce concept de poche souple.
08:40Il y a des industriels, des marques, notamment comme Panzani et Dacobello,
08:46et d'autres qui sont les à nature bio de Manon, qui sont en train de s'y mettre.
08:50C'est tout un écosystème qui est en train de faire sa transition.
08:54Ça met un petit peu de temps. On a jusqu'en 2030, les solutions sont prêtes.
09:00Est-ce que ça suppose des investissements importants de la part des magasins de grande distribution ?
09:07À court terme, non, parce qu'il y a des packers, c'est-à-dire des entreprises qui vont récupérer
09:12une tonne de café carte noire et qui vont mettre ça dans des poches.
09:15Après, à moyen terme, oui, il va falloir que les lignes s'adaptent,
09:19de la même façon que, par exemple, Coca, qui relance la bouteille consignée en un litre,
09:25a fait des gros investissements pour pouvoir proposer cette bouteille de Coca en verre sur de la consigne.
09:30Donc, il y aura des gros investissements.
09:32À quel point l'impact environnemental est positif ?
09:36Dans tous les calculs, globalement, ce que dit Citeo, c'est qu'il y a une économie d'emballage,
09:42il y a une économie de carbone sur les sujets RSE,
09:47il y a une économie d'emballage final pour le consommateur.
09:50Donc, globalement, il y a des chiffres.
09:53Il y avait un calcul qui avait été fait par Eureco, je crois, qui disait
09:57qu'habituellement, c'est 200 grammes de CO2 pour 5 kilos de cacahuètes.
10:04Alors, ce n'étaient peut-être pas des cacahuètes, et ils étaient passés à 22 grammes de CO2 sur l'emballage.
10:08Donc, ils divisent par 10. C'est un gros impact.
10:12Vous parliez du prix. Je lisais une étude, je crois que c'était un magazine d'association de consommateurs,
10:18qui disait que les prix étaient plus abordables, sauf pour certains produits les plus courants.
10:22Par exemple, ils avaient fait un test sur le riz, les lentilles, etc. Est-ce que c'est vrai, ça ?
10:27Alors, on a généralement 10 à 15 % de prix inférieur sur le vrac, en général.
10:35Après, ça dépend des catégories.
10:37C'est beaucoup plus vrai sur le bio.
10:38Les produits chers ont plutôt des écarts de 20 à 25 %.
10:42Sur les produits conventionnels moins chers, c'est plus difficile d'avoir cet écart-prix.
10:48Généralement, il est de l'ordre de 5 %, ça peut aller au-delà.
10:53Mais effectivement, plus les prix sont bas, plus il est compliqué de s'aligner.
10:58C'est aussi parce qu'il n'y a pas assez de volume.
11:01C'est-à-dire que demain, si Tanzanie déploie une stratégie vrac forte,
11:05ils vont avoir des prix plus accessibles pour le consommateur.
11:09Et là, ça va pouvoir décoller.
11:11Il y a une attente.
11:1254 % des consommateurs français veulent plus de marques, veulent retrouver leurs marques.
11:17Le problème du vrac aussi, c'est qu'on se retrouve face à un trémie, un silo, une poche avec des produits.
11:24On ne sait pas forcément quelle marque on achète.
11:26En fait, les marques sont encore des repères forts, évidemment, pour les consommateurs.
11:30Après, il y a une bascule culturelle à faire.
11:32Évidemment, chez les distributeurs, ils sont en train de la faire.
11:34Il y a vachement de motivation.
11:36Il y a un sujet de rentabilité qui va arriver.
11:39Après, pour les consommateurs, le problème aujourd'hui, c'est que le consommateur vrac,
11:43donc c'est à peu près 40 % des Français qui vont au moins une fois au vrac,
11:47mais la moyenne, c'est 6,5 achats par an.
11:50Donc en fait, là, on n'y est pas.
11:52Donc il y a une bascule culturelle, sujet que j'aime bien.
11:56C'est-à-dire comment on fait changer le comportement du consommateur
11:59pour l'amener vers une consommation plus récurrente.
12:01Merci beaucoup à tous les deux et à bientôt sur Bsmart40Age.
12:04On passe tout de suite à notre rubrique start-up.

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