• il y a 3 jours
Quand on regarde les vidéos humoristiques de James sur TikTok, on est loin de s’imaginer que c’est quelqu’un de très angoissé. Pendant longtemps, ses crises d'angoisse l'ont empêché de sortir de chez lui et de vivre une vie normale. Mais grâce aux réseaux, il a trouvé le moyen de se reconnecter aux autres.

Je suis Mina Soundiram, journaliste chez Brut, et mon métier, c’est de raconter des histoires. Pour moi, un des meilleurs endroits pour les trouver, c'est les réseaux sociaux.
Du revenge porn, des retrouvailles inattendues, en passant par des histoires d'amour toxique et dévastatrices... Les personnes que j’ai rencontrées ont toutes vécu une histoire qui a bouleversé leur vie,
et dans ce podcast, ils me racontent ce qu’ils ont vécu derrière leur écran.
Transcription
00:00Ça fait plus de, on va dire maintenant, quasiment 15 ans maintenant, que je fais des crises
00:09d'angoisse.
00:10Ça a été depuis...
00:11Enfin, tout le temps, comment je vais faire si je fais une crise d'angoisse à ce moment-là.
00:15En fait, ça s'est transformé en peur de faire une crise d'angoisse.
00:17Donc, en fait, je ne sortais plus.
00:19Toute ma vie était chronométrée.
00:21Il fallait que je fasse gaffe à quelle heure je sortais de chez moi pour pas qu'il y ait
00:24trop de monde au intermarché.
00:26Il fallait que je fasse gaffe quand je promenais Pamela pour pas qu'il y ait trop de monde,
00:30trop de collégiens lycéens en même temps qui arrivent.
00:33Mais voilà, en fait, quelqu'un qui est toujours en train de penser.
00:37Là, c'est James que vous venez d'entendre.
00:40Alors, sur le réseau, on le connaît plutôt sous le nom de Noelito.
00:43Il a percé pendant le premier confinement avec ses vidéos humoristiques qui ont fait
00:46des millions de vues.
00:47Alors, on ne dirait pas comme ça, mais derrière ce tempérament excessif, James est un homme
00:52assez anxieux.
00:53Au fil des années, ses crises d'angoisse l'ont privé de vie sociale jusqu'à l'empêcher
00:57de sortir de chez lui et d'avoir une vie normale.
00:59Aujourd'hui, James va mieux parce qu'il a réussi à dompter ses angoisses, notamment
01:05en les partageant avec sa communauté.
01:06Avant de le rencontrer, je me suis demandé si les réseaux pouvaient nous guérir, mais
01:10genre vraiment nous guérir.
01:12Si partager ses expériences et briser des tabous devant ses abonnés pouvait réellement
01:16nous aider à aller mieux.
01:17Je suis journaliste chez Brut et mon métier, c'est de raconter des histoires.
01:22Et pour moi, un des meilleurs endroits pour les trouver, c'est les réseaux sociaux.
01:25Du revenge porn, des retrouvailles inattendues ou encore des relations d'amour toxiques
01:30et dévastatrices.
01:31Les personnes que j'ai rencontrées ont toutes vécu une histoire qui a bouleversé
01:34leur vie.
01:35Et dans ce podcast, elles me racontent ce qu'elles ont vécu derrière leur écran.
01:38Je suis Mina Sundiram et vous écoutez C'est Réel.
01:42Bonjour à tous, alors aujourd'hui, on se retrouve pour une nouvelle vidéo, c'est
01:50pour vous raconter mon histoire, qu'on n'est pas seul et qu'il y a toujours des solutions.
02:01Salut James ! Salut, quelle belle introduction !
02:04Comment ça va aujourd'hui ? Ça va très bien, je me suis levé tranquille,
02:10j'ai fait un petit cauchemar où je ne voyais pas mes laces noyer, donc bon, on va dire
02:13que ça va très bien, mais je me suis levé un peu en sursaut, mais là ça va.
02:16Ça veut dire quoi quand quelqu'un se noie dans un rêve ?
02:19Je ne sais pas, c'est vrai que je demande à chaque fois dans mes stories, je demande
02:22les significations de rêve, mais enfin, j'entends tout et son contraire, donc je ne pourrais
02:26pas dire.
02:27J'espère que ce n'est pas un rêve primonitoire, je ne le pense pas, elle a son petit gilet
02:30de sauvetage.
02:31Oui, parce que sa piscine, elle n'est pas très profonde.
02:32Non, et même si elle pourrait se noyer, je mets trois centimètres d'eau pour pas qu'elle
02:37se noie, donc ça devrait aller.
02:40J'aimerais bien qu'on commence la discussion par le tout début, avant les réseaux sociaux.
02:43James, tu étais qui avant les réseaux ?
02:46J'étais quelqu'un qui préparait le concours, mais ce n'est même pas un concours, je ne
02:51sais même plus le terme, je vais me faire attaquer par tous les avocats, mais l'examen
02:55d'entrée à l'école des avocats, je l'ai préparé une fois, je l'ai raté brillamment
02:59dès les écrits.
03:00Après ça, j'ai voulu le retenter une deuxième fois et en même temps, je faisais ça toute
03:05la journée.
03:06Je me suis dit, vas-y, on va en même temps commencer les réseaux sociaux et j'ai raté
03:12une seconde fois le concours d'avocat et du coup, après, je me suis lancé sur les
03:17réseaux sociaux.
03:18Et psychologiquement, tu étais quel genre de personne ? Est-ce que les réseaux t'ont
03:22changé ?
03:23On va dire qu'avant, j'ai toujours été stressé, ça n'a pas changé avec les réseaux
03:27sociaux, j'ai toujours été angoissé.
03:28Après, j'ai toujours eu la joie de vivre.
03:30En fait, c'était les deux.
03:31Avec mes amis, ma famille, j'ai toujours été genre en train de rigoler, faire le
03:35con, le pitre.
03:36Voilà, c'est ce qui m'aligne de faire rire les gens, ça me fait vivre, ça me fait plaisir
03:39et de voir sourire les gens, c'est un bonheur.
03:41En même temps, avec l'arrivée des réseaux sociaux, j'ai pu continuer ça et le faire
03:45à plus grande échelle.
03:46Donc, ça a été super et j'ai pu continuer là-dessus.
03:48Est-ce qu'on peut parler plus précisément du fait que tu as dit que tu étais stressé
03:52et angoissé ? Comment tu définis ça ?
03:55Je pense que c'est aussi dans la cellule familiale où je suis né.
03:59Ma mère est très angoissée, mon père est très angoissé.
04:01J'avais vu une hypnotiseuse, elle m'avait dit « Bon, généralement, l'enfant est
04:05angoissé quand on a un des parents, mais alors les deux, c'est encore pire.
04:08» J'avais pas le choix.
04:09On va dire que toute ma vie, pour parler des crises d'angoisse, vu que ça fait quasiment
04:1615 ans maintenant que je fais des crises d'angoisse, ça a été depuis tout le temps.
04:21Comment je vais faire si je fais une crise d'angoisse à ce moment-là ?
04:24Ça s'est transformé en peur de faire une crise d'angoisse.
04:26Donc, je ne sortais plus.
04:28Toute ma vie était chronométrée, il fallait que je fasse gaffe à quelle heure je sortais
04:32de chez moi pour pas qu'il y ait trop de monde au intermarché.
04:34Il fallait que je fasse gaffe quand je promenais Pamela pour pas qu'il y ait trop de monde,
04:38trop de collégiens lycéens en même temps qui arrivent pendant que j'étais en train
04:42de ramasser les crottes de Pamela.
04:44Surtout, ce n'est pas très glamour.
04:46En fait, quelqu'un qui est toujours en train de penser, toujours en train de réfléchir.
04:50Je ne suis jamais dans l'instant présent.
04:51Même là, je pense, je réfléchis, je parle, mais j'arrive à penser à d'autres choses
04:54en même temps.
04:59Tu dis que ça fait plus de 10 ans que tu es angoissé.
05:02Comment ça se manifestait, tes angoisses ?
05:05Elles se manifestaient dès que je me disais que je vais potentiellement faire une crise
05:08d'angoisse.
05:09Donc, j'allais angoisser, me poser des milliers de questions.
05:11Comme là, j'ai expliqué directement, je me disais il faut que tu ailles faire les
05:14courses.
05:15Tu n'as plus, je ne sais pas, tu n'as plus de lait.
05:16Imaginons.
05:17Je me disais non, mais là, tu ne peux pas y aller.
05:18Là, tu as vu l'heure qu'il est.
05:19Là, il est midi.
05:20Tout le monde va faire ses courses.
05:21Donc, paf, paf, paf, je me pose des questions, plein de questions.
05:23Et puis alors là, tu angoisses encore plus.
05:25Ça te posait des questions.
05:26Tu imagines encore plus le pire, quoi.
05:28Et du coup, c'est comme ça qu'elles se manifestaient.
05:30Peut-être qu'elles se manifestaient autrement avant, mais je n'en ai plus le souvenir vu
05:33que ça fait 10, 15 ans que je fais des crises d'angoisse.
05:35C'était surtout axé sur les crises d'angoisse.
05:37Et quand tu étais enfant, est-ce que tu étais déjà angoissé ?
05:40Alors oui, c'était d'autres formes d'angoisse.
05:43C'est vrai que j'étais angoissé sous plusieurs formes.
05:45Au début, quand j'étais tout petit, je me faisais vomir parce que j'avais l'impression
05:48de ne pas avoir assez d'attention de mes parents.
05:50Enfin, tout du moins, c'est ce que je pense.
05:51C'est ce qui en ressort.
05:52Je ne peux pas parler.
05:53Je ne me souviens plus trop, tout petit, comment ça fonctionnait dans mon cerveau.
05:57Mais en attendant, j'avais besoin d'attention.
05:59J'en avais énormément.
06:00Mais dès que je n'en avais plus, il fallait que j'aie de l'attention tout le temps.
06:04Et donc, je me faisais vomir.
06:05Donc après ça, j'ai arrêté.
06:06J'ai vu une psy.
06:07Je n'en ai plus le souvenir.
06:08C'est ma mère et mon père qui m'en ont parlé.
06:09J'ai été voir une psy pour ça.
06:10Je ne m'en rappelle pas du tout.
06:12Je devais avoir 5 ans.
06:14Pourtant, j'ai des souvenirs de là, petit, mais pas ça.
06:18Et après ça, j'ai commencé à avoir des migraines nerveuses.
06:20Donc ça aussi, la nervosité, bref, on peut partir sur l'anxiété.
06:23Tout se relie.
06:24Et j'ai commencé à avoir des migraines tous les jours.
06:28Et je pense que c'était un peu, entre guillemets, un appel à l'aide.
06:31Genre, d'avoir encore de l'attention.
06:33C'est qu'il y avait un mal-être à moi.
06:35Et après ça, j'ai réussi à...
06:38Je fais toujours des migraines nerveuses, mais très rares.
06:41Elles peuvent être violentes, mais il doit y en avoir deux dans l'année.
06:44Donc ça va, c'est supportable.
06:46Et après ça, j'ai réussi à...
06:48On va dire que j'arrivais à dompter les effets des crises d'angoisse.
06:51Mais les crises d'angoisse et l'angoisse, tout ça, étaient toujours là.
06:54Et est venue les crises d'angoisse en elles-mêmes.
06:57Et celles-là, je n'ai pas réussi à les faire partir.
06:59Là, maintenant, je comprends qu'il ne faut pas les faire partir,
07:02mais juste les dompter, les accepter.
07:04Et s'accepter soi-même.
07:05C'est comme ça que tout le reste se suit, normalement.
07:09Est-ce que tu peux m'expliquer, ainsi qu'aux gens qui vont nous écouter,
07:13qu'est-ce que c'est une crise d'angoisse, concrètement ?
07:16Alors, je peux expliquer la mienne,
07:18mais les crises d'angoisse sont tellement différentes.
07:20Chacun en fait différemment.
07:21Moi, je sais qu'une crise d'angoisse, ça va...
07:23Déjà, vu qu'en fait, je suis en amont.
07:25C'est-à-dire que je réfléchis d'abord à la crise d'angoisse.
07:28Ça fait très longtemps que je n'ai pas fait une grosse crise d'angoisse.
07:31Parce que du coup, je suis en amont.
07:33Je suis en amont.
07:34Ça fait très longtemps que je n'ai pas fait une grosse crise d'angoisse.
07:37Parce que du coup, je prévois à l'avance de faire tout pour ne pas en faire.
07:41Mais une crise d'angoisse, chez moi, c'était le cœur qui palpitait,
07:44qui commençait à palpiter.
07:45J'avais l'impression de ne pas être dans la pièce,
07:48enfin, sur le moment présent.
07:50J'avais l'impression...
07:51Alors, c'est très imagé.
07:52Pour ceux qui n'ont pas vécu, ils ne vont pas comprendre.
07:53Mais d'être dans une télé.
07:54Comme si, en fait, il y avait un voile qui était entre les gens et moi.
07:57Et que j'étais dans ma bulle et qu'en fait, je ne pouvais pas en sortir.
08:00Ça pouvait durer quelques minutes, comme ça pouvait durer une heure, deux heures.
08:03Donc, c'était très long.
08:04Le cœur qui palpite, du mal à respirer, bouffer de chaleur.
08:08Enfin, c'est toutes ces choses-là.
08:10Et en fait, moi, il y en a qui font des crises d'angoisse et qui ont peur de mourir.
08:13Moi, j'avais conscience que je n'allais pas mourir.
08:15Mais ça me faisait peur.
08:16Je me disais, est-ce que je vais en sortir de ces crises ?
08:19À quand remonte ta première crise d'angoisse ?
08:21Celle dont tu te souviens le plus, qui t'a marquée ?
08:24On se souvient toujours de la première crise d'angoisse.
08:26C'est assez violent.
08:28Mais alors, la toute première, je ne vais pas la raconter parce que celle-là, je pensais que j'étais juste fatiguée.
08:35Par contre, au lycée, c'était en maths.
08:37Je m'en souviendrai toujours.
08:38C'était un jeudi matin.
08:39On avait deux heures de maths entre 8 et 10 heures.
08:42Et je ne sais pas, j'ai entendu un de mes camarades parler.
08:45J'ai entendu sa voix résonner.
08:47Et je ne sais pas pourquoi, à partir de là, il y a une crise d'angoisse qui s'est faite.
08:50J'ai commencé à avoir le cœur qui palpite, à ne pas pouvoir dire à la prof, il faut que je sorte ou quoi, à rester enfermée là-dedans.
08:56J'ai cogné un peu avec mon coude ma camarade de classe.
09:01Je lui ai dit, est-ce que tu peux lui dire ?
09:03Elle me dit quoi ? Je n'arrivais pas à parler.
09:05J'étais vraiment bloquée.
09:06Et je lui ai dit, est-ce que tu peux lui dire qu'il faut que je sorte ?
09:09Donc, elle lui a dit, je suis sortie.
09:11Et après, ma mère est venue me chercher à la vie scolaire.
09:14Et là, j'en ai parlé.
09:16Alors, ma mère, elle m'a rassurée.
09:17Elle m'a dit, ne t'inquiète pas, c'est comme une crise de spasmophilie.
09:19Alors, peut-être que c'est la même chose.
09:20Peut-être que tous rejoignent, crise de spasmophilie, crise d'angoisse.
09:23Mais elle m'a dit, c'est comme une crise de spasmophilie.
09:25Donc, je me suis dit, bon, c'est rien.
09:27Mais je m'inquiétais.
09:28Et en fait, j'avais peur de la semaine d'après en maths que ça recommence.
09:31Et évidemment, comme j'avais peur, ça recommençait.
09:33Et après, j'ai commencé à en faire en physique-chimie.
09:37Je me rappelle, pourtant c'était à plus de 10 ans,
09:39mais je me rappelle vraiment le cheminement.
09:40Après la physique-chimie, ça a été en SVT.
09:42Et puis après, il y avait des jours où je me disais,
09:44là, je ne me sens pas et je n'y allais pas.
09:45Bon, pas tout le temps.
09:46J'arrivais quand même à me forcer à aller en cours.
09:49Et ça s'est fait crescendo.
09:51Et voilà.
09:52Et après, je n'en ai plus parlé.
09:53Je n'ai plus voulu en parler.
09:54Pourtant, ma mère comprenait, vu qu'elle faisait des crises de spasmophilie.
09:56Mais je me suis dit, t'es zinzin, personne ne va te comprendre.
09:58Et donc, je suis resté dans ma bulle pendant quelques mois.
10:00Et après, j'ai commencé à en parler à mes amis un peu.
10:02Donc, après le lycée, tu entames, comme tu l'as dit, des études de droit.
10:06Oui.
10:07Comment ça se passe à la fac, tes angoisses ?
10:09Mes angoisses se développent encore plus.
10:11Parce qu'en plus, il y avait le stress des examens, le stress des cours.
10:14Parce que tout le temps, on est en train de bosser.
10:16On ne sort quasiment plus.
10:18J'étais dans ma bulle en train de bosser.
10:20Et là, j'ai commencé, petit à petit, à avoir peur d'aller en amphithéâtre.
10:26Parce qu'en amphithéâtre, on se retrouve avec 1000 personnes.
10:28Donc, pour quelqu'un d'angoissé.
10:29Donc, au début, j'y allais.
10:31Tout allait bien.
10:32J'ai commencé à faire des crises d'angoisse.
10:34J'ai commencé à me dire, je vais me mettre sur le côté.
10:36Comme ça, si jamais je fais une crise, je n'ai pas besoin de pousser tout le monde.
10:38Je peux partir de la salle.
10:40Et après, j'ai commencé à me dire, tout en haut.
10:42Comme ça, là, c'est encore mieux.
10:43Je peux directement partir et personne ne me voit.
10:45Et en fait, ça se fait vraiment petit à petit.
10:47Et comme ça se fait petit à petit, je ne voyais pas que c'était un problème dans ma vie.
10:50Ce n'est pas comme si c'était arrivé brusquement.
10:52Les angoisses m'ont accompagné petit à petit à faire leur chemin.
10:54Et après ça, j'ai arrêté d'aller à l'amphithéâtre.
10:57Mes amis m'envoyaient les cours en PDF.
11:00Et après ça, il y avait les travaux dirigés.
11:03Et ça, je n'y allais plus aussi à la fin.
11:05Donc, j'ai pu être dispensé.
11:06Donc, en fait, je n'avais pas de zéro dans la moyenne.
11:08Mais j'étais dispensé et je n'avais pas à y aller.
11:11Mes notes étaient juste sur mes contrôles.
11:14Enfin, mes partiels.
11:15Et voilà.
11:16Donc, petit à petit, j'ai commencé à m'enfermer et à ne plus aller à la fac.
11:20À quel point c'est handicapant parce que vivre la vie d'étudiant telle qu'on l'imagine,
11:24il y a des soirées, c'est rencontrer du monde.
11:27Comme tu l'as dit, c'est être dans un amphi.
11:29Donc là, tu racontes que c'était dur pour toi.
11:32Mais en dehors de ça, en dehors de la fac, être un étudiant ?
11:35Oui.
11:36Alors, en dehors de la fac, il y avait aussi, par exemple, des fois, on faisait des soirées.
11:39Mais c'était généralement chez mes amis.
11:41Donc, je les connaissais.
11:42Je me sentais rassuré.
11:43Après, sortir pour aller en boîte, ça allait.
11:45Bon, après, il faut dire qu'on était complètement torchés.
11:47Donc, les angoisses étaient moins là quand j'allais en boîte.
11:50Quand la boîte se remplit vers 3-4 heures du matin, je commençais quand même à suffoquer.
11:55Donc, à des moments, je disais que j'en avais marre et je partais.
12:00Généralement, on me suivait.
12:01On ne me laissait pas partir tout seul quand même.
12:03Mais après, je n'ai plus commencé à aller en boîte.
12:06Il y a eu une boîte où j'ai dû sortir parce que c'était le jour de l'an
12:10et on était tous enfermés.
12:11C'était sur une péniche.
12:12Je ne comprends pas comment ils ont mis autant de personnes là-dessus,
12:14comment on n'a pas coulé.
12:16Je ne sais pas.
12:17Mais ça m'a angoissé.
12:18Mais sinon, je continue à aller en boîte.
12:20Mais après, avec les réseaux sociaux, j'ai plus du mal.
12:23Parce que comme on me reconnaît, je sais que je ne peux pas profiter pleinement des boîtes.
12:28Et alors, ça va m'angoisser.
12:29Donc, je sais que les boîtes, c'est…
12:31Ou alors, il faut…
12:32Ça existe apparemment les Caraïbes VIP ou je ne sais pas quoi.
12:35Peut-être là-dedans, on verra bien.
12:41Alors là, je t'écoute parler et puis je me fais une réflexion.
12:44Je me dis, on a eu le confinement.
12:45Est-ce que tu as vécu ta meilleure vie pendant le confinement ?
12:48Mais j'ai vécu ma meilleure vie et en plus sans culpabiliser
12:51parce que tout le monde était dans le même cas que moi.
12:54En fait, les gens ont vécu ce que je vivais, on va dire, quotidiennement.
12:59Bon, c'était quand même pire parce que quand on était confiné,
13:01on ne pouvait ni voir sa famille, ni voir ses amis.
13:03Moi, je veux dire…
13:05En fait, quelqu'un de confiné a vécu ce que j'ai vécu
13:07avec au moins les amis de la famille.
13:09J'avais au moins ça quand même.
13:10Heureusement que j'avais des liens, j'avais des liens.
13:12Mais j'ai vécu ma meilleure vie parce qu'en fait, il n'y avait pas besoin de sortir.
13:16Ou alors je ne sortais juste pas, mais là, il n'y avait personne dans la rue.
13:19Donc, j'étais tranquille.
13:20Du coup, je ne me disais pas…
13:22Je ne culpabilisais pas.
13:23Je ne me disais pas quand mes amis me disaient, tu veux venir au resto ?
13:26Bon, on me demandait par principe, mais ils savaient que j'allais dire non.
13:28Mais quand même, ils me demandaient, c'est normal.
13:30Je disais non et je culpabilisais.
13:31Je me disais, merde, tu pourrais y aller là ?
13:34Mais c'était du pain béni.
13:35Personne ne me proposait rien.
13:36Tout le monde était enfermé.
13:37Donc, pas de culpabilité.
13:38On n'avait pas le choix.
13:39Donc oui, j'ai vécu très bien moi le confinement.
13:42Sauf niveau amitié et famille.
13:44Je ne voyais pas mes amis.
13:45J'étais tout seul dans mon studio.
13:46Et ça, je l'ai très mal vécu par contre.
13:48C'était horrible.
13:59On est en 2019.
14:02Dis-moi, si je me trompe, tu te lances sur les réseaux sous le pseudo Noolito.
14:06J'ai commencé, on va dire, fin 2018-2019.
14:11Oui, pendant la deuxième fois où je tentais l'examen du concours d'avocats.
14:15En fait, au début, je faisais des stories Snapchat juste à mes amis.
14:19Et du coup, ils m'ont dit, lance-toi sur Instagram.
14:21Peut-être que ça va marcher.
14:23Franchement, tu nous fais rire.
14:24Pourquoi tu ne ferais pas rire à d'autres ?
14:26Pendant que je révisais le concours, je me disais, entre midi et deux,
14:30je fais mes petites conneries.
14:31Le soir, pareil, ça me permettait au moins de sortir un peu des révisions.
14:35Et donc, du coup, j'ai commencé à poser sur Instagram.
14:38Et petit à petit, 100 abonnés, 200, 300, 400, ça fait son petit chemin.
14:44Noolito, moi, je connais Noolita.
14:46C'est quoi ? C'est une parodie de cette influenceuse ?
14:49Oh là là là là.
14:51Non, oui, en fait, ce n'est pas une parodie.
14:54Si, c'est une parodie.
14:55C'est au début, en fait, moi, je ne comprenais rien aux réseaux sociaux.
14:57Je suis arrivé, je voyais des outfits of today, of the day, je ne sais pas,
15:01des try on all, des trucs comme ça, d'influenceuses.
15:04Et la reine mère de cette époque, c'était Noolita.
15:08Et donc, du coup, je me suis dit, vas-y, fais un compte inverse.
15:12Moi, je ne comprenais pas.
15:13En fait, j'étais là.
15:14Mais pourquoi les gens sont intéressés à voir quelqu'un s'habiller ?
15:16Je n'étais pas du tout dans ce délire-là.
15:18Et je me suis dit, tu vas faire l'inverse.
15:20Donc, j'ai essayé de présenter une mayonnaise, un truc complètement opposé,
15:24des trucs où personne ne propose une mayonnaise sur les réseaux sociaux.
15:27Et je montrais des trucs comme ça.
15:29Et puis, à un moment donné, je me suis dit,
15:31ce n'est peut-être pas le bon truc de faire caricaturer des gens.
15:36Je me dis, en fait, si tes amis te disent que tu es drôle, c'est comment t'es.
15:40Ce n'est pas en critiquant ou en caricaturant des autres.
15:43Donc, j'ai gardé le pseudo.
15:44Je lui ai demandé si elle voulait que je change.
15:46Je lui ai demandé si elle voulait que je change.
15:48Ah oui, c'est ce que j'allais te demander.
15:49Et du coup, j'ai fait mon petit bout de chemin,
15:51sans continuer là-dessus.
15:52Ça n'a plus aucun lien entre Nolita et Nolito.
15:55Et alors, au moment où tu lances Nolito,
15:58dans quel état tu te trouves psychologiquement ?
16:01Ça allait, parce que là aussi, il n'y avait aucune culpabilité des crises d'angoisse.
16:06Parce que comme je révisais chez mon ex-beau-père en campagne,
16:10je passais mon temps à réviser.
16:11C'était aussi super bien de réviser,
16:13parce qu'en fait, je faisais ça toute la journée.
16:14C'était une excuse.
16:15Je n'ai pas besoin de sortir.
16:16Je n'ai besoin de rien faire.
16:17Juste de réviser.
16:18Donc, je continuais à être dans ma bulle.
16:19Et en fait, les réseaux sociaux m'ont quand même permis de sortir un peu de ça.
16:22C'est que virtuel.
16:23Mais au moins, ça me permettait d'avoir un autre quotidien.
16:26Quand j'ai vu que ça commençait à prendre de l'ampleur,
16:29je n'ai pas changé mon comportement ou ma personnalité.
16:32Mais je me suis dit, c'est peut-être pas mal.
16:35Ça a l'air de marcher, donc continue.
16:37Ce n'est pas une raison de vivre.
16:39Je ne vais pas dire ça, mais au confinement,
16:41ça a été quand même heureusement que j'avais ça,
16:43parce que j'étais enfermée tout seule dans mon 18 mètres carrés avec Pamela.
16:47Au moins, ça me permettait de me lever et de faire des trucs.
16:50De m'occuper et de faire des choses.
16:51Donc, ça a été bénéfique, les réseaux sociaux, quand même.
16:57Alors, on va dire que Nolito, c'est James, mais une partie de James.
17:02On va dire James, il peut être là, comme là, très calme, très posé.
17:05J'ai fait des études de droit, donc il faut quand même être posé.
17:07Je ne peux pas non plus avoir le cul à l'air avec le pyjama de Rihanna,
17:10comme je l'ai pu faire sur Instagram.
17:12Je ne peux pas faire ça à longueur de journée.
17:14Enfin, je ne pouvais pas faire ça à cette époque.
17:16Mais voilà, il y a le James très calme qui peut discuter.
17:18Et il y a aussi le James foufou quand il est avec ses amis.
17:20Et sur Instagram, je suis le foufou comme quand il est avec ses amis.
17:26Quoique, il y a des moments où je peux être sérieux et en même temps dire de la merde.
17:28Donc, il doit y avoir des fois les deux penchants en même temps.
17:31Mais c'est comme tout le monde.
17:32Je pense qu'on a tous un côté calme et un côté un peu foufou.
17:36Bon, des fois, on n'ose pas le montrer, le côté foufou.
17:38Moi, je le montre complètement.
17:44Ça dépend, en fait.
17:45Quand je te vois rigoler, c'est Nolyto.
17:47Quand je te vois sérieuse, quand je te parle, c'est James.
17:50Bon, je vais essayer de rester sérieuse.
17:54Donc, finalement, tu as envie de mettre un peu plus de James dans ton Nolyto
17:58quand tu dis « je suis sérieux ».
17:59À des moments, oui.
18:00À des moments, oui.
18:01Ce n'est pas que ça m'ennuie ou quoi.
18:03J'adore toujours autant faire rire en story.
18:04Parce qu'en fait, ce n'est même pas que je me sens obligé.
18:06Il m'arrive une connerie dans la journée.
18:08Enfin, je le raconte à mes amis de manière drôle.
18:09Donc, je vais le raconter aussi de manière drôle en story.
18:11Je ne vais pas changer et devenir quelque chose de très froid.
18:14Mais c'est vrai que j'ai eu une petite pression
18:17à des moments où je me disais qu'il faut quand même faire des stories tous les jours.
18:20Il faut quand même être là quotidiennement.
18:22C'est stressant.
18:23Et quand on voit que ça marche, du coup, on a une pression.
18:26Là, maintenant, je me dis que ça marche, ça marche, ça ne marche pas.
18:29Bon, tant pis.
18:30Est-ce que tu suivais et est-ce que tu suis toujours des influenceurs ?
18:34Oui, j'en suis.
18:35Au tout début, comme j'expliquais, j'avais que mes amis.
18:39Je ne comprenais pas.
18:40Je suis arrivée sur ce réseau à faire mes trucs.
18:43Mais je ne suivais personne.
18:45Je me suis lancée, mais en n'y comprenant rien.
18:47Et je sais qu'aussi sur TikTok, je n'y comprenais rien.
18:49Et je sais que c'est ça aussi qui a marché sur TikTok.
18:51C'est parce qu'au début, je partageais mes vidéos à Insta.
18:54Mais quand j'ai commencé à me lancer, à faire des TikTok, je n'y comprenais rien.
18:57Je ne comprenais que de chez la banane, ce truc.
18:59Et donc, les gens rigolaient parce que c'était là.
19:00Mais qu'est-ce qu'il fait ?
19:01Je vais essayer de faire des transitions.
19:02Les transitions ne suivaient pas.
19:03Et du coup, je pense que c'est peut-être le côté naturel.
19:07Est-ce que les gens s'identifient à toi ?
19:11Il y en a, apparemment, qui s'identifient.
19:14Il y en a qui me disent que ça fait du bien d'avoir du naturel.
19:17Quelqu'un de léger, qui a envie de rigoler.
19:19Je montrais mon godemichet il y a 4 jours dans ma story.
19:22Ce n'est pas qu'il y a des tabous.
19:24Il y a des choses que je veux garder dans mon intimité.
19:26Mais il y a des trucs où je me dis que je ne vais pas.
19:29C'est bon, soyons naturels.
19:32Instagram, c'est un peu le temple du fake à des moments.
19:35Et moi, je me dis que c'est dommage.
19:37C'est dommage qu'on perde en naturel.
19:39Si à des moments, je fais des choses où j'essaie de rendre ça joli,
19:43je monte de temps en temps mes plats sur le soir en story.
19:47J'essaie de faire la plus belle photo.
19:49En fait, ça va être une petite anecdote drôle.
19:52Par exemple, il y avait mon père la semaine dernière.
19:54J'ai fait une recette.
19:56Voilà ce que j'avais fait. J'étais fière de moi.
19:59Mon assiette était dégueulasse.
20:01J'ai juste fait à mon père une belle recette pour qu'elle soit jolie en story.
20:03Moi aussi, des fois, je me prends au jeu à faire des choses jolies,
20:06à faire des choses belles.
20:08C'est bien que tu cuisines et tout.
20:10On essaie de montrer son plus beau jour, mais il ne faut pas être dans l'excès.
20:14Il faut aussi garder son naturel.
20:15Il y a des moments où je pleure.
20:16Il y a des moments où je suis en colère.
20:18Il faut aussi le montrer.
20:19Parce que sinon, les gens, ils regardent ça.
20:21En fait, sa vie est belle.
20:22Mais tu te dis que ma vie est merdique quand tu vois les stories des gens.
20:32Est-ce que tu te parles des crises d'angoisse sur les réseaux ?
20:35Oui. Au début, pour moi, c'était tabou.
20:38J'avais peur qu'on ne me comprenne pas.
20:40Donc, je n'en ai pas parlé.
20:41Et puis, à un moment donné, j'ai fait une vidéo YouTube en 2019.
20:45Elle a été longue, cette vidéo.
20:46Je ne savais même pas si j'allais la publier à cette époque.
20:49J'ai eu énormément de retours.
20:50Le malheur des uns fait le bonheur des autres.
20:52Mais d'avoir plein de gens qui me disent moi aussi, moi aussi,
20:55je me disais que je ne suis pas toute seule.
20:57C'est horrible, mais c'est rassurant de ne pas être toute seule.
21:00Après, il y a plein de gens qui m'ont posé des questions,
21:03qui se sont dit, grâce à toi, je mets des mots sur mes problèmes.
21:06Donc, après ça, je me suis dit, OK, il faut en parler.
21:09Alors, je ne me suis pas dit que j'allais être le porte-parole,
21:10mais en tout cas, je me suis dit, il faut peut-être en parler.
21:13J'en parlais de temps en temps.
21:14Et puis après, j'ai commencé à écrire un journal intime sur les crises d'angoisse.
21:18Et là, des maisons d'édition sont venues et en a découlé un livre.
21:21Et c'est ça aussi, je pense que ce livre a marché
21:24parce que s'il n'avait pas du tout de but d'être un livre,
21:26c'était un journal intime pour moi.
21:28Et je disais aux gens qui m'écrivaient, ça fait du bien d'écrire.
21:31Ça fait tellement du bien quand on n'arrive pas à verbaliser.
21:33Et ça a été très thérapeutique.
21:35Et justement, là, tu viens de donner un conseil.
21:38Écrivez, écrivez, ça fait du bien d'écrire.
21:40Mais toi, c'est quoi le meilleur conseil qu'un abonné, par exemple, ait pu te donner ?
21:45Ou une abonnée ?
21:46En fait, on me donne plein de conseils.
21:48Mais le truc, c'est que je pense que, en fait, ce n'est pas une recette miracle.
21:51Et je sais que j'ai eu plein de conseils tout au long de ma vie.
21:53J'ai dû en avoir aussi des abonnés.
21:54Mais en fait, des fois, ça marche sur quelqu'un et ça ne marche pas sur quelqu'un d'autre.
21:57Donc, en fait, il faut trouver sa voix.
21:59Mais par exemple, on a pu me dire d'essayer de méditer.
22:02C'est très compliqué pour calculer.
22:03Mon cerveau est toujours comme ça.
22:04Donc, en dix secondes, je vais essayer de me concentrer à, je ne sais pas, regarder un oiseau.
22:08Là, il y a un oiseau qui passe.
22:10Mais au bout de dix secondes, je vais commencer à penser.
22:14L'oiseau, il a disparu.
22:15Je ne l'ai même pas vu s'envoler.
22:16Il n'est plus là.
22:17On m'a donné ce conseil.
22:18Mais c'est très, très compliqué.
22:19J'essaye tous les jours.
22:21Mais je pense que c'est bien.
22:23Mais il faut s'entraîner.
22:24J'imagine.
22:25On te l'a sans doute déjà dit.
22:27Mais personnellement, je trouve que c'est impossible de deviner que tu es quelqu'un d'angoissé quand on te voit sur les réseaux.
22:33Non, non, parce qu'au début, je ne le disais pas.
22:36Donc, déjà, j'ai été tout le temps joyeux.
22:38Jamais à montrer le moment où je suis down, je suis triste.
22:41Je ne montrais pas tout ça.
22:42Donc, déjà, sur les réseaux sociaux, on ne pouvait pas le deviner.
22:44Et c'est ce qu'on m'a dit.
22:45On m'a dit mais c'est très drôle parce que sur les réseaux sociaux, tu parais très avenant.
22:48Et dans la vie réelle, en fait, je suis aussi très avenant avec les gens.
22:53Justement, pour ne pas faire une crise d'angoisse, il faut que je m'imprègne des lieux.
22:57Je ne vais pas non plus être extravertie à crier dans tous les sens, mais je vais m'imprégner des lieux.
23:01Essayer de discuter avec les gens, de créer un lien.
23:04Et comme ça, ça me permet aussi de réduire mes angoisses.
23:06Donc, je suis très avenant aussi dans la réalité.
23:08Mais c'est vrai que quand on se dit angoissant, on se dit que c'est une personne qui est fermée, tout seul de son côté, qui broie du noir.
23:14Alors oui, il y avait des moments où je broyais du noir, mais je ne voulais pas le montrer sur les réseaux.
23:17Donc, c'est vrai que ça ne se voyait pas, mais pas du tout.
23:20Et aujourd'hui, tu as décidé un peu d'en parler.
23:23À quel point tu dirais que l'angoisse te définit ?
23:26J'ai l'impression que ça fait quand même beaucoup partie de ta vie maintenant que tu en as parlé, que tu en as fait un livre.
23:31Déjà, avant, avec les crises d'angoisse, ce n'était même plus moi qui vivais.
23:35C'était mes crises d'angoisse qui vivaient à l'intérieur de moi.
23:37Je ne pouvais même plus décider par moi-même.
23:39Et maintenant, c'est vrai que j'ai fait un livre dessus.
23:42Donc, on m'en parle souvent.
23:43J'en parle souvent.
23:44Et c'est bien aussi d'en parler.
23:46Moi, je trouve que déjà, ça me fait du bien d'en parler.
23:48C'est du positif, en fait.
23:49On va dire que maintenant, les crises d'angoisse sont autour de moi, mais de manière beaucoup plus positive.
23:52Est-ce que ça a été dur d'en parler sur les réseaux, de t'ouvrir comme ça à des gens, à des milliers de personnes qui te suivent ?
24:01Ce qui a été dur au début, c'est que je me suis dit...
24:04En disant que je fais des crises d'angoisse avec ma première vidéo YouTube,
24:07je me suis dit, est-ce que les gens vont se dire, il nous a menti, en fait ?
24:09Ce n'est pas la même personne.
24:10C'est une personne complètement opposée de ce qu'il y a sur les réseaux.
24:13Ce n'est pas du tout ça.
24:14C'est juste le côté que je ne voulais pas montrer sur les réseaux sociaux.
24:17Donc, ça a été très bien perçu.
24:18Cette peur-là est partie directe.
24:19Après, ce n'est pas des millions de personnes, mais c'est plus.
24:22Mes parents, j'avais peur qu'ils prennent mal par rapport au livre, parce que je parle d'eux quand même.
24:26J'avais peur de leur réaction.
24:28J'ai encore des troubles, encore des angoisses et tout.
24:30Mais des gens, non, parce que j'ai appris à moins me soucier du regard des gens.
24:35De toute façon, en fait, on ne peut pas être parfait et il y aura toujours à dire.
24:39Il y aura toujours des gens qui diront du négatif.
24:41Donc, en fait, j'ai sorti ça.
24:42Je me suis dit, ça fera du bien, ce livre.
24:43Ça fera du bien de parler des crises d'angoisse dans les vidéos à certaines personnes.
24:46Ceux qui ne comprennent pas, tant pis.
24:47Ce n'est pas grave.
24:54Est-ce que ça a été ça, un peu, ta thérapie?
24:56Est-ce qu'on peut parler de thérapie sur les réseaux?
24:59Oui, ça a été une thérapie.
25:01Oui, déjà d'en parler, de pouvoir découler des projets, comme j'expliquais, professionnels,
25:06de pouvoir sortir de ma zone de confort, de pouvoir voyager.
25:10Enfin, tout ça me permet.
25:12En fait, voilà, tout ça m'a permis de.
25:15Oui, oui, oui, tout simplement.
25:17Il n'y a pas besoin d'aller plus loin.
25:18Oui, c'est une question qui est assez difficile et assez personnelle.
25:22Est-ce que tu estimes avoir perdu des années de ta vie à cause de ces crises d'angoisse?
25:27Avec le recul, oui.
25:29Sur le moment, je n'avais pas l'impression de perdre du temps et perdre des années,
25:34des mois de vie où j'aurais pu beaucoup plus profiter.
25:36Sur le moment, non.
25:37Et pendant très longtemps, pendant même quand j'ai commencé à aller voir la psy,
25:42ça continue.
25:43Non, c'est normal.
25:44C'est ma vie.
25:45Elle est comme ça.
25:46Et maintenant, avec le recul, je me dis bah ouais, mais t'as quand même perdu plein
25:50d'occasions, plein.
25:51J'ai été bloqué sur plein de choses, sur découvrir le monde, découvrir plein de choses.
25:55Mais en même temps, le positif, c'est que grâce à tout ça, j'ai pu avoir les réseaux
26:00sociaux.
26:01J'ai pu.
26:02Je vis bien maintenant grâce aux réseaux sociaux.
26:03Je gagne bien ma vie.
26:04Honnêtement, je peux faire ce que je veux maintenant.
26:06Enfin, ne serait-ce que j'en parle sans tabou, mais ne serait-ce de moins regarder mon compte
26:10en banque, à devoir faire attention à la fin du mois.
26:12Voilà.
26:13Je veux dire, je peux vivre ma vie.
26:15Donc, on va dire que j'ai perdu du temps, mais en même temps, je suis heureux maintenant
26:20grâce aussi à ça.
26:21S'il n'y avait pas eu les crises d'angoisse et pas eu tout ça.
26:23Est-ce que j'aurais fait les réseaux sociaux?
26:25Je ne sais pas.
26:26Finalement, ce podcast, il parle d'histoires qui sont arrivées à cause ou grâce aux réseaux
26:31sociaux.
26:32Et toi, c'est un peu l'inverse.
26:33Finalement, c'est des crises d'angoisse qui t'ont poussé à être sur les réseaux.
26:38Je pense parce que peut-être que je me sentais seule.
26:41Déjà, pendant mes révisions, je me sentais seule, enfermée chez moi.
26:43Et peut-être que ça a été un échappatoire.
26:45Donc, je ne vais pas cracher dans la soupe.
26:49Je ne vais pas me morfondre et me dire mon Dieu, j'ai perdu tant d'années.
26:52Oui, j'en ai perdu, mais d'un autre côté, il y a du positif qui en est sorti.
26:58À un moment dans ton livre, 28 ans d'angoisse, tu écris
27:01C'est si triste de dépendre des gens pour créer son propre bonheur.
27:05Je suis incapable d'être heureux par moi-même.
27:07Est-ce que c'est toujours le cas?
27:09Oui, et même actuellement, je le remarque.
27:12C'est le suivi de ce que là, c'est ce qu'on fait avec la psy sur mes relations sentimentales
27:18et amicales envers les garçons.
27:20Et quand il n'y a aucun garçon dans ma vie, ça va très bien.
27:23Je dépends de personne.
27:24Quand il y a un garçon dans ma vie ou sentimentale ou amicale, je dépends très clairement.
27:30C'est comme de la dépendance affective.
27:32C'est très flou parce que je suis en train de voir ça avec la psy.
27:34Là, c'est plus les crises d'angoisse qu'on traite, mais c'est sur un problème d'attachement.
27:38En gros, entre guillemets, ce que m'a expliqué la psy depuis tout petit.
27:42En fait, on a un attachement sécure ou un attachement insécure ambivalent ou évitant.
27:48Et j'ai un attachement sécure ambivalent.
27:51On est en train de traiter ça, donc c'est très compliqué en ce moment.
27:53Cette question, elle tombe à pic.
27:55C'est vraiment actuel.
27:58J'ai une dernière question.
27:59C'est une question que j'aime bien poser à mes invités.
28:02Ta vie a changé grâce au réseau.
28:04Et toi, qu'est-ce que tu aimerais changer sur les réseaux ?
28:08Qui est beaucoup plus naturel.
28:10C'est bien de montrer des fois que notre vie est belle et tout.
28:15Mais des fois, c'est bien de montrer aussi les autres côtés.
28:17Parce qu'il y a beaucoup de gens qui s'identifient en nous, en nos histoires.
28:21Et en fait, en montrant qu'une partie, les gens se disent qu'ils ont une vie de merde.
28:25Ou peut-être pas qu'une vie de merde.
28:27Mais se dire que leur vie est parfaite et pas la mienne.
28:30Pourquoi ? Elle est trop belle.
28:32Alors qu'il y a plein de filtres sur le visage.
28:34Et la personne serait très belle, même sans les filtres.
28:36Il faut montrer ça, il faut montrer ce côté naturel.
28:38Parce qu'en fait, on se perd, on s'oublie.
28:40Et c'est triste.
28:42Merci beaucoup, James.
28:43Merci de t'être confié à ce micro.
28:45Merci pour ton témoignage qui fait du bien.
28:47Merci à toi.
28:49C'était super, je n'ai pas vu le temps passer.
28:51Moi non plus.
28:55Vous venez d'écouter un nouvel épisode de C'est Réel.
28:58Retrouvez-nous sur toutes les plateformes d'écoute.
29:01Et découvrez nos autres podcasts originaux.
29:03L'Envers de l'Assiette et Bruit.
29:05A bientôt pour un nouvel épisode.
29:09C'est Réel est un podcast original de Brut.
29:12Produit par Paradiso Media.
29:14Écrit par Mina Sundiram et Lysiane Larbani.

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