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Les clefs d'une vie avec Christine Murillo

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-03-26##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessy.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06Vous avez hésité à vous lancer dans l'aventure du théâtre avant de passer aux actes.
00:10Vous ne l'avez jamais regretté et le public non plus.
00:13Vous avez fait beaucoup de cartons pleins.
00:15Et cela bien avant d'évoquer à la scène une légende du théâtre et du cinéma, Pauline Carton.
00:20Bonjour Christine Murillo.
00:21Mais bonjour Jacques. Je vois que vous avez bien potaché votre sujet
00:24parce que peu de gens savent que j'hésitais à faire du théâtre avant.
00:28Effectivement, les animaux me remercient. Je ne suis pas vétérinaire.
00:32Mais vous n'êtes pas cabot non plus.
00:34Je l'espère.
00:35Alors donc, le principe des clés d'une vie, c'est d'évoquer votre parcours.
00:38L'actualité, c'est ce spectacle étonnant, Pauline et carton,
00:42que vous faites depuis trois ans et que vous avez repris à la Scala.
00:45On va en parler et parler de cette actrice extraordinaire qui a été Pauline Carton.
00:49Que j'ai repris aux artistiques à Thévin.
00:51Exactement.
00:52Voilà, ce que j'avais créé à la Scala.
00:54Et que vous reprenez aux artistiques à Thévin.
00:56Il faut rendre à César, n'est-ce pas ?
00:58Exactement, ce qui appartient à Christine Murillo.
01:00Merci.
01:01Alors, le principe des clés d'une vie, c'est vraiment votre vie à travers des dates clés.
01:06Et la première que j'ai trouvée, c'est le 3 janvier 1973.
01:10Écoutez le générique.
01:15C'est votre premier au théâtre ce soir.
01:17Vous êtes un chœur dans l'Isistrata, d'après Aristophane.
01:21Mais donc, c'était le 1er janvier 1973.
01:25Le 3 janvier.
01:26Le 3 janvier.
01:27Alors moi, je me souvenais d'un passage dans l'Isistrata en 72.
01:33Vous l'avez tourné en 72 et c'est passé le 3 janvier 1973 à la télévision sur TF1.
01:39Écoutez, vous voyez, je me vantais de ne pas avoir joué au théâtre ce soir.
01:43Et bien, je mentais.
01:45Voilà.
01:46En plus, l'Isistrata, au départ, c'est des femmes d'Athènes qui veulent la paix.
01:51Et qui pour ça disent, alors Marie, il ne se passera rien s'il n'y a pas la paix.
01:55Et c'est une adaptation d'Albert Husson.
01:57Un auteur qu'on a un peu oublié.
01:59Parce qu'il a fait aussi bien Aristophane que Francis Blanche dans Adiobert.
02:02Ah oui, oui, oui.
02:04Il y a des grands écarts extraordinaires chez les personnalités.
02:08Voilà.
02:09Et il a dirigé le théâtre des Célestins également.
02:11Effectivement, le théâtre, ce n'était pas votre truc.
02:13Vous étiez à l'école une élève un peu dissipée.
02:16Oui.
02:17Insolente et stupide.
02:19Voilà.
02:20Bête.
02:22D'ailleurs, même maintenant, je me trouve bête.
02:25Mais je trouve que c'est une arme extraordinaire.
02:28Parce que je repars toujours de zéro.
02:30Et je trouve tous les gens autour de moi beaucoup plus intelligents.
02:33Et ça me donne un chemin.
02:38Et j'essaye de les rattraper.
02:40C'est un but qui me plaît infiniment.
02:42Donc, vos études, on oublie.
02:44En revanche, c'est justement Jean Périmonie qui vous a mis sur la voie, par hasard, par une rencontre.
02:49Et vous êtes entrée dans son cours.
02:51Alors, oui et non.
02:53C'est-à-dire que je baignais quand même dans un milieu qui connaissait le théâtre et la danse.
02:57Et c'est maman qui m'a dit,
02:59« Écoute, puisque tu ne veux plus faire vétérinaire, nous attendons la rentrée. »
03:03Et comme elle avait donné des cours de danse aux élèves de Périmonie,
03:08elle a dit, « Péry est tout cuit pour venir t'accueillir. »
03:13Donc, je suis allée chez Péry.
03:15Et c'est lui qui m'a préparée au conservatoire pour l'année d'après.
03:18Et je lui suis redevable de tout.
03:20Alors, il a formé quand même Jean Périmonie, François Cluzet, André Selier, Fanny Ardant.
03:24C'était un grand professeur.
03:26Mais oui, que j'ai retrouvé ça et là.
03:28Et on est toujours contents de parler de lui.
03:31Et là, il a cru en vous immédiatement, Christine Murillo.
03:34Ah oui. Oui, oui, oui.
03:36Et puis, normalement, on devait passer deux ans.
03:38Il m'a fait sauter une année.
03:40Et puis, j'avais de l'aplomb et j'étais vraiment pas bonne.
03:43Je faisais du théâtre pas pour les bonnes raisons.
03:46Et je les ai apprises petit à petit, grâce à Péry.
03:48Mais aussi grâce au conservatoire.
03:50Et je dirais principalement à Louis Saignet.
03:52Qui a été le premier professeur au conservatoire en première année.
03:55Oui, merveilleux, merveilleux, merveilleux.
03:58Il me disait « Oh, c'est Medrano ! »
04:01Et je faisais un peu Medrano, stupidement.
04:04Et puis, avec Jean-Paul Roussillon.
04:06Ensuite.
04:07J'ai creusé, j'ai creusé.
04:08Puis avec vitesse, bon, ben voilà.
04:10Je rencontre les bonnes personnes au bon moment.
04:12J'ai une chance infinie.
04:14Et puis surtout, je crois que ma qualité, c'est d'écouter, quoi.
04:17Voilà, justement.
04:18Il y a donc Jean Périmoni.
04:20Louis Saignet.
04:21On oublie que Louis Saignet a été le premier à créer
04:24des séries radiophoniques à la télévision sur le théâtre.
04:27Avec Jean Nohain.
04:28Ça s'appelait « La compagnie théâtrale radiophonique avant-guerre ».
04:31Eh bien, c'est ce que vous m'apprenez.
04:33Je ne suis pas étonné.
04:34Il était absolument génial.
04:35Et vous savez qu'en 65, quand de Gaulle a été candidat,
04:38il a donné des cours de bonhomie au général de Gaulle.
04:40Il a bien réussi son cours.
04:42Et puis Jean-Paul Roussillon.
04:44Jean-Paul Roussillon qui a été le professeur en troisième année.
04:47Non, en deuxième année du conservatoire.
04:49Deuxième et troisième.
04:51Puisque la troisième, j'alternais avec vitesse.
04:54Et c'était des directions pas toujours se rejoignant.
05:01Mais quand on apprend, c'est absolument merveilleux.
05:04Je me sers de tout le monde.
05:07Dès que je rentre en scène, et surtout pendant les répétitions,
05:10je me sers de tout.
05:12Après, je me sers des metteurs en scène que j'ai rencontrés.
05:15Vincent me sert énormément.
05:17Nils Sarrestreup d'avoir joué à ses côtés.
05:21Tout le monde me sert.
05:23Et puis vous venez d'une époque où il y avait un concours du conservatoire.
05:26C'était très sérieux, plus rigoureux qu'aujourd'hui.
05:30J'étais juste à la jonction.
05:32Le concours s'est arrêté l'année d'avant.
05:35L'année d'avant ma sortie.
05:38Je suis sortie avec ce qu'on appelait les demi-heures.
05:42J'avais une demi-heure et j'ai fait un truc qui ressemblait à ma bêtise.
05:47C'est-à-dire, j'avais créé Bélize, des femmes savantes,
05:55qui rêvait d'être la reine de Rue Blas.
05:58Puisque je n'étais pas d'une nature particulièrement apte à jouer la reine de Rue Blas.
06:03Je me suis offert ce rôle pour ma demi-heure de sortie.
06:10J'étais bien entourée.
06:13J'avais Daniel Martin qui vient de nous quitter.
06:18J'étais avec Benoît Réjean, extraordinaire.
06:22Dominique Valadier.
06:24J'avais une demi-heure de rêve.
06:27Vous avez ensuite fait du café-théâtre.
06:29Vous avez joué Jean Hanouk dans un petit café-théâtre.
06:31Oui, grâce à Péry.
06:33D'abord, il m'a engagée pour jouer au café-théâtre Le Fanal.
06:40Le nom m'échappe parce que c'est Alzheimer.
06:43C'était M. Barnett.
06:45M. Barnett, extraordinaire.
06:47Je jouais avec lui.
06:49Vous avez raison, c'est peut-être la première pièce que j'ai jouée.
06:52Si c'est l'une ou l'autre.
06:54Après, il y a eu la cantatrice chauve de Ionesco.
06:56Vous êtes intervenue aussi.
06:58Oui, mais ça ce n'était pas Péry.
07:01C'était avec Bernard Tixier.
07:04On faisait un trio extraordinaire.
07:07De jouer avec mon professeur dans un café-théâtre,
07:12il faut dire à quel point il était jeune d'esprit.
07:15Il se trouve que la cantatrice chauve,
07:17c'est la pièce qui détient le record du monde
07:19de nombre de représentations sans interruption.
07:21Depuis 1957 à La Huchette,
07:23on est à plus de 22 000 représentations.
07:25Extraordinaire.
07:27Celle-là, je lui suis redevable jusqu'à la fin de mes jours.
07:30Je venais de sortir du conservatoire.
07:32Il était question de rien.
07:34C'est Daniel Benoît qui m'a engagée pour jouer à Saint-Étienne
07:37avec François Berléand.
07:40La cantatrice chauve a un souvenir absolument merveilleux.
07:44Une tournée et tout.
07:46C'est pendant la cantatrice que la Comédie-Française
07:50et Pierre Dux, pour ne pas le nommer, m'ont demandé.
07:53À la sortie du conservatoire, c'est Daniel Benoît.
07:56Après, c'est la Comédie-Française.
07:58Pierre Dux vous demande d'entrer à la Comédie-Française.
08:01Ce que vous n'auriez jamais imaginé, Christine Murillo.
08:03Je pensais à rien.
08:05Je vous dis que j'étais une buse.
08:07Je faisais ce qu'on me disait de faire.
08:10J'étais toujours émerveillée qu'on me demande quelque chose.
08:13Ça n'a pas arrêté, mais ça s'appelle la chance.
08:17La chance, mais le talent,
08:19parce que vous êtes restée 10 ans à la Comédie-Française.
08:21Oui, 10 ans de rêve.
08:23J'ai rencontré des metteurs en scène.
08:25Vous vous rendez compte que j'ai joué les corbeaux avec Vincent.
08:29J'ai joué Ivanov sous la direction de Claude Régis.
08:33Mais c'est inoubliable.
08:36Et surtout, ça vous marque pour travailler.
08:39Est-ce qu'il se rendait compte à quel point
08:43ce qu'il nous indiquait pour jouer une pièce
08:46était valable pour celle d'après,
08:48même si elle n'avait rien à voir ?
08:50C'est inoubliable.
08:51Et puis, vous auriez pu passer votre vie à la Comédie-Française,
08:55Oui et non.
08:56C'est-à-dire que la Comédie-Française
08:58me voyait beaucoup dans des rôles de soubrette,
09:01de nounou, de tout ce qu'on veut.
09:03Et moi, j'ai toujours détesté ça.
09:05J'ai joué Martine des Femmes Savantes
09:09avec grand bonheur sous la direction de Jean-Paul Roussillon.
09:13J'ai joué Lisette du jeu de l'amour
09:17avec grand plaisir.
09:20Mais ce n'est pas mon truc.
09:22J'ai joué l'épreuve avec ma sœur,
09:26qui était au français,
09:28donc qui jouait Angélique de l'épreuve.
09:32Enfin bref, j'ai joué beaucoup de soubrettes,
09:34mais je n'aime pas ça.
09:36Cette abnégation en scène ne me disait rien.
09:40Et au bout d'un moment,
09:42j'ai commencé à les refuser.
09:44Puisque j'étais sociétaire, je refusais.
09:46Et on me disait, bah oui,
09:48et puis on m'a demandé
09:50de jouer Pionnier à Ingolstadt,
09:52dirigé par Bérenger Bonvoisin,
09:54et en même temps, La Mouette,
09:56dirigée par Konchalowski.
09:58Les deux, je pouvais les jouer hors français,
10:00mais on a commencé à tiquer,
10:02à me dire qu'on n'allait pas me donner les congés.
10:04Si je refusais à l'intérieur
10:06et que j'acceptais à l'extérieur,
10:08ça tenait plus debout.
10:10Donc on a élégamment et très gentiment,
10:12et même des amis qui ont préféré
10:14me mettre à la retraite, comme on dit.
10:16Et au bout de dix ans, je crois que j'avais fait le tour
10:18et que tout le monde était content
10:20de me voir partir et de m'avoir gardée.
10:22Nous, on vous garde pour se retrouver
10:24dans quelques instants avec une autre date
10:26importante dans votre vie, le 7 mai 1989.
10:28A tout de suite sur Sud Radio.
10:30Je sais ce que c'est.
10:32Avec Christine Murillo.
10:34Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
10:36Sud Radio, les clés d'une vie.
10:38Mon invité, Christine Murillo.
10:40Nous parlerons tout à l'heure de ce spectacle étonnant
10:42sur Pauline Carton, une légende du cinéma et du théâtre
10:44que vous jouez à l'artistique à T20.
10:46Mais on revient à votre parcours.
10:48Le 7 mai 1989, donc ça vous dit quelque chose.
10:50Ah oui, parce que le 8 mai,
10:52j'étais repartie en Bretagne
10:54et mes voisins de Bretagne
10:56n'en croyaient pas leurs yeux
10:58de m'avoir vue à la télévision
11:00la veille, je pense que vous parliez
11:02de mon premier Molière.
11:04C'est la troisième nuit des Molières,
11:06créée par Georges Craven.
11:08Georges Craven qui a été un roi du tout Paris.
11:10On oublie que son premier scoop, ça a été
11:12à l'occasion, quand il était aux Etats-Unis,
11:14de la liaison entre Piaf et Cerdan.
11:16Et Cerdan le convoque dans l'hôtel,
11:18il lui dit, c'est toi qui a raconté ça ?
11:20Et Craven dit oui, et paf, un coup de poing dans la figure.
11:22Bien fait !
11:24Donc, ce
11:26premier Molière, c'est un trophée
11:28pour un second rôle dans La Mouette.
11:30Oui, c'est pour Masha de La Mouette,
11:32d'une scène par Konchalovski.
11:34À l'Odéon.
11:36À l'Odéon, avec Masha Merrill,
11:38avec Juliette Binoche,
11:40avec, alors à cette époque, c'était
11:42André Dussolier, puisque l'année d'après,
11:44on l'a repris avec toujours Masha,
11:46mais on l'a repris avec
11:48Nils Arestrup, merveilleux,
11:50et
11:52avec Clotilde de Bézère.
11:54Et oui, donc j'ai eu
11:56ce Molière, et juste l'année
11:58d'avant, c'était Salvia, ma soeur,
12:00qui l'avait eu pour un second rôle
12:02dans Le Dialogue des Carmélites, donc
12:04c'est bien, l'ordre d'Ainès était
12:06respecté.
12:08J'entends son nom, justement, et
12:10que vous montez sur scène, il y a un moment d'émotion.
12:12Terrible. C'est pas de l'émotion,
12:14c'est de l'angoisse,
12:16le sang qui tombe aux pieds.
12:18Je crois
12:20que j'étais assise, je suis
12:22passée devant Laurent Terzièvre,
12:24j'ai dû lui serrer
12:26l'avant-bras, il a dû se demander
12:28pourquoi, puisque lui-même avait eu quelque chose
12:30juste avant, ou il l'aura
12:32juste après, je ne sais plus.
12:34Et j'avais juste
12:36une phrase que j'avais préparée
12:38au cas où, parce que c'est terrible,
12:40c'était une phrase de Colline Serrault
12:42avec qui
12:44j'avais tourné Pourquoi Pas,
12:46et qui avait cette phrase
12:48« Je suis vachement
12:50gagnée d'avoir content et j'espère faire foi
12:52à la prochaine mieux ». Voilà, elle avait
12:54ce gag, donc
12:56j'avais dit « Je suis vachement gagnée d'avoir
12:58content le moment
13:00et j'espère faire foi
13:02à la prochaine mieux ». Voilà, et je crois
13:04savoir que c'est Claude Riche qui me le remettait.
13:06Exactement. Il se trouve qu'en plus c'était
13:08le premier Molière, il y en a eu trois autres.
13:10Il y en a eu trois autres, absolument.
13:12« Dis à ma fille que je pars en voyage,
13:14tartuffe et la mouche ».
13:16C'est un record, Christine Murillo ? Non, c'est pas un record.
13:18Je peux vous citer une ou deux
13:20qui en ont plus que moi, mais
13:22alors c'est la course.
13:24Non, c'est absolument
13:26la chance
13:28d'être dans le spectacle que les gens
13:30vont voir. C'est ça qui est inimaginable.
13:32Parce que moi, je suis entourée
13:34de gens que j'admire
13:36vraiment énormément
13:38et qui ne sont pas forcément
13:40dans le spectacle à voir.
13:42Alors que c'est sûr que la mouche,
13:44Christian Eck, tout le monde a envie de rire
13:46et de venir voir
13:48les nouvelles œuvres de Christian Eck
13:50et de Valérie Lessor. Et hop,
13:52qui c'est qui a eu l'idée de me demander de jouer sa mère ?
13:54C'est Christian Eck. Dans
13:56« Tartuffe », je dis à Michel Faux
13:58« Je ne veux pas jouer de bonne ». Il n'y a aucune raison
14:00que je ne le lui dise pas, puisque je le dis
14:02à tout le monde. Et il me dit « Viens avec
14:04moi, tu n'y penseras pas ». Eh bien,
14:06j'ai joué Dorine sans jamais penser
14:08que c'était
14:10la nounou,
14:12la bonne d'Orgon.
14:14Et puis,
14:16dis à ma fille que je pars en voyage. Alors là,
14:18au rond-point, Denise Chalem,
14:20je pleurais
14:22en lisant
14:24la pièce.
14:26Et elle est drôle en plus,
14:28deux femmes en prison.
14:30C'était extraordinaire.
14:32Allez savoir, est-ce que c'était parce que
14:34c'était le début du rond-point ?
14:36Les gens se sont précipités.
14:38Et puis après, bouche à oreille, parce que
14:40la pièce était admirablement écrite.
14:42Le problème, quand on a quatre meulières,
14:44c'est qu'à chaque fois, vous faites un petit discours.
14:46Oui.
14:48Oui.
14:50Le dernier,
14:52c'était complètement idiot, puisque c'était
14:54pendant le Covid. Et c'était
14:56bon, on s'en fout.
14:58C'était un peu intramuro,
15:00ça n'avait pas d'intérêt. Et celui de,
15:02si je me souviens bien,
15:04celui de Tartuffe,
15:06j'avais préparé
15:08officiellement écrit
15:10un texte qui disait
15:12voilà ce que
15:14je ne pourrais pas dire,
15:16parce que je ne l'ai pas.
15:18Voilà.
15:20Mais je vous dis,
15:22je ne suis pas douée pour ça.
15:24Sauf que je ne suis pas douée pour les interviews.
15:26Déjà, vous avez beaucoup de mérite.
15:28Et alors, pour les discours, on repassera.
15:30Alors, l'interview, on continue,
15:32parce que ce qui est étonnant, c'est qu'après la comédie française,
15:34vous avez beaucoup travaillé pour le théâtre
15:36contemporain, Molière, Shakespeare
15:38et beaucoup d'autres, et le théâtre public.
15:40Oui.
15:42C'est-à-dire que moi, je réponds
15:44à la demande, et que ce soit
15:46public ou privé, je ne m'en aperçois pas.
15:48Par exemple, j'ai joué beaucoup
15:50au rond-point, où j'ai même joué
15:52des pièces que j'avais écrites, moi,
15:54avec Grégoire Osterman et
15:56Jean-Claude Legay.
15:58On va en parler.
16:00Vous êtes merveilleux, vous savez tout.
16:02Mais, ça veut dire que le rond-point, je ne peux même pas vous dire
16:04maintenant si c'est public, privé, j'y comprends rien.
16:06Moi, je le savais au moment
16:08où j'étais au français, parce qu'au français,
16:10on ne pouvait jouer que dans des théâtres
16:12subventionnés par l'État, à Paris,
16:14ou alors, évidemment, en province.
16:16Donc, pour moi, Paris était
16:18absolument vide de tout théâtre
16:20possible pour moi, excepté
16:22Chaillot, ou
16:24le Châtelet, mais pas le théâtre
16:26de la Ville, qui, comme son nom l'indique, était
16:28subventionné par la Ville.
16:30Et puis, tout d'un coup, tout s'est bousculé.
16:32Et puis, on commençait même dans des théâtres
16:34publics,
16:36et on les reprenait dans
16:38des théâtres privés. Donc, tout ça,
16:40moi, en fait,
16:42ça ne me fait rien.
16:44Moi, je fais du théâtre là où
16:46on me dit de le faire. – Et du cinéma aussi.
16:48On parlait de Coline Serrault, c'est la première
16:50qui vous est employée au cinéma,
16:52dans, pourquoi pas, qui était une histoire
16:54d'un ménage à trois. – Absolument.
16:56Et qui finit ménage à quatre,
16:58avec le merveilleux
17:00Samy Fray, avec
17:02Mario Gonzales, avec
17:04Nicole Jamais.
17:06C'est absolument
17:08un rêve. On a répété à la
17:10cartoucherie le film,
17:12si bien qu'on arrivait pour tourner,
17:14il n'y avait pas
17:16de trac. C'était comme du...
17:18C'était pas comme du théâtre, puisque
17:20c'était répété comme du cinéma,
17:22mais ça nous ressortait par la bouche,
17:24c'était d'une
17:26facilité, grâce à
17:28Coline, absolument
17:30inoubliable. Et je crois
17:32qu'en le tournant, j'en suis même
17:34sûr, je n'ai pas compris à quel
17:36point le film parlait de
17:38choses très graves pour les gens.
17:40Moi, je me disais, ben oui, c'est un ménage à
17:42trois, ben allons-y, pourquoi pas.
17:44Et après ça, il y a des gens,
17:46je me souviens, près des
17:48colonnes de Buren, quelqu'un,
17:50une dame m'a pris les mains
17:52et m'a dit, c'est ma vie.
17:54Eh ben, je me souviens de cette dame,
17:56je me suis dit, ben mon Dieu, je n'ai même pas
17:58pensé qu'il y avait des gens qui souffraient
18:00de ne pas supporter
18:02le regard des
18:04autres, tout ça. Alors il se trouve aussi,
18:06et ça, vous l'avez dit, vous avez répété
18:08avant de tourner le film, ce qui est
18:10rarissime, je ne connais qu'une personne, c'est Francis Weber,
18:12qui, lorsqu'il faisait un film avec Depardieu
18:14et Pierre Richard, partait huit jours à la montagne
18:16et en apprenait le texte
18:18complètement pour gagner
18:20ensuite du temps au tournage.
18:22Oui, oui, mais c'est la méthode de toute façon
18:24bien connue de Colline Serrault
18:26et je me souviens,
18:28quand j'ai tourné un tout petit rôle avec
18:30Vincent Lindon, Vincent
18:32était lui aussi très reconnaissant
18:34à Colline parce que
18:36depuis qu'il avait tourné
18:38le truc
18:40avec Colline, enfin bref,
18:42tout le monde sait ce que c'est,
18:44il apprenait
18:46son texte, mais au rasoir
18:48parce que ça, c'est la condition
18:50sine qua non de
18:52Colline pour qu'on puisse le restituer
18:56aussi...
18:58Aussi spontanément.
19:00Spontanément, voilà.
19:02Alors il se trouve aussi que vous êtes l'une de celles
19:04qui a participé au seul film
19:06tourné par Pierre Barrou, car il a réalisé
19:08un film, Le Divorcement,
19:10un seul film, alors qu'on le connait pour ses musiques
19:12de films. Et ben oui,
19:14alors je savais pas s'il avait tourné un autre
19:16film ou pas. Il a fait un documentaire sur
19:18la bossa nova. Ah ben ça, ça m'étonne pas,
19:20oui. Quel amour ce mec-là,
19:22mais quel amour. Alors d'abord, il m'a fait
19:24tourner avec Michel Piccoli, du coup
19:26moi je disais mon
19:28Michel Piccoli, puisqu'il m'appartenait
19:30évidemment,
19:32avec Léa Massary,
19:34c'était son
19:36univers complètement
19:38magnifique.
19:40Comment est-ce qu'on s'était rencontrés ?
19:42Je ne me souviens pas,
19:44mais on a perduré
19:46notre amitié parce qu'on avait
19:48quand même un grand... Il aimait
19:50la bossa nova, mais on aimait tous les deux les animaux
19:52et il m'avait
19:54alerté d'un théâtre
19:56pour animaux qui se passait devant,
19:58sur le parvis de la gare Montparnasse,
20:00inoubliable, on était venus avec nos chiens,
20:02moi ma chienne, extraordinaire.
20:04Donc le théâtre pour tout le monde.
20:06Et effectivement, Pierre Barraud, vous faites partie
20:08de cette génération qui a fait beaucoup de musique,
20:10mais peu de films, et vous-même vous avez fait encore
20:12beaucoup d'autres choses, et on va continuer à en parler
20:14avec un spectacle,
20:16la première était le 28 septembre
20:182011. A tout de suite
20:20sur Sud Radio avec Christine Murillo.
20:22Sud Radio, les clés d'une vie,
20:24Jacques Pessis. Sud Radio,
20:26les clés d'une vie, mon invité
20:28Christine Murillo, nous parlerons tout à l'heure de
20:30Pauline Carton et de ce spectacle Pauline
20:32Carton que vous jouez, et qui fait justement
20:34un carton, le 28 septembre
20:362011, c'est la première d'un spectacle
20:38et pour vous mettre sur la voie, car vous ne trouvez pas...
20:40Oui, là je suis dans le choix. Eh bien écoutez cette voie.
20:42Quand j'étais gamin, j'avais l'impression
20:44j'étais très longtemps
20:46enfin ça continue.
20:48Pierre Desproges, un spectacle,
20:50un hommage à Pierre Desproges, chronique
20:52d'une haine ordinaire.
20:54Oh là là, alors, avec
20:56Michel Didim, mais quelle entente
20:58cordiale, je me souviens que je sortais
21:00de la Pépinière
21:02Opéra avec Dominique
21:04Valadier et je disais, je peux
21:06jouer ça jusqu'à ma mort.
21:08Mais c'est
21:10extraordinaire,
21:12en plus Dominique Valadier qui avait connu
21:14Pierre Desproges, qui avait tourné
21:16avec lui ses sketchs de monsieur...
21:18Cyclopède. Cyclopède.
21:20C'est bon d'avoir quelqu'un qui s'y connaît.
21:22Donc elle l'avait
21:24côtoyée, elle avait ce sens
21:26absolument
21:28inégalable
21:30pour jouer. Et moi, je courais
21:32derrière, je vous dis, j'ai toujours
21:34des modèles à suivre
21:36et puis après j'essaye de m'en rapprocher au mieux.
21:38Alors Dominique Valadier était aussi une comédienne du français
21:40que vous avez connue très très jeune
21:42je crois. Oui, elle était dans
21:44ma demi-heure de conservatoire, donc je la connais
21:46depuis 50...
21:4853 ans.
21:50C'est pas mal.
21:52Jouer Pierre Desproges, quand on sort de la comédie française
21:54même après quelques années, c'est pas si courant.
21:56Comment c'est venue cette idée ?
21:58C'est Didim, c'est Michel Didim
22:00qui a eu l'idée de
22:02faire ça. Après, il en a fait un
22:04deuxième spectacle avec Cathy Matisse
22:06plutôt sur le couple.
22:08Mais nous, on s'est
22:10délecté, mais c'était...
22:12Et puis ça fait rire.
22:14C'est éternel.
22:16C'est énorme. C'est énorme.
22:18Alors c'est politiquement incorrect.
22:20Toujours, toujours.
22:22Et surtout dans ma bouche, je vous jure
22:24je suis tellement lisse, moi
22:26que ça me fait du bien
22:28d'avoir des gens qui m'obligent à dire des horreurs.
22:30Alors justement, ce spectacle a été monté
22:32à partir de différents textes de Pierre Desproges
22:34et de textes inédits.
22:36Il fallait fouiller partout.
22:38Ça, c'est Michel qui s'est débrouillé.
22:40Et puis nous, après, puisqu'on a mis
22:42ça sur la table.
22:44Et juste après,
22:46ce qui est drôle, c'est que
22:48moi j'ai appris que Desproges
22:50se réclamait beaucoup de violates.
22:52Et justement, Charles Tordjman,
22:54lui, m'a proposé de jouer
22:56des textes
22:58d'Alexandre Vialat
23:00un peu après. Donc je faisais un peu
23:02le monde à l'envers. Je prenais
23:04l'inspirateur après l'inspiré.
23:06Et
23:08je dois dire que grâce à
23:10Didime et à Tordjman,
23:12j'ai dit des horreurs merveilleuses.
23:14Sauf qu'Alexandre Vialat, ce spectacle s'appelait
23:16Résumons-nous. La semaine a été désastreuse.
23:18C'était un journaliste
23:20aussi, qui faisait des chroniques dans les journaux
23:22humoristiques. Et oui, chronique de la montagne, c'est ça ?
23:24Et puis il faisait un courrier du coeur
23:26qu'il écrivait lui-même.
23:28Oui, mais il y a des gens subversifs
23:30extraordinaires. Moi, j'adore.
23:32Desproges, vous ne l'avez pas connu ?
23:34Non, pas du tout. Non, non.
23:36Parce que c'était un homme d'une modestie. Moi, je l'ai connu
23:38tout jeune journaliste. Il a commencé
23:40à L'Aurore, je ne sais pas si vous le savez. Il faisait
23:42des petits billets humoristiques.
23:44Il prenait un fait d'actualité et il y avait un
23:46encadré dans le journal L'Aurore, qui est un quotidien
23:48qui est disparu aujourd'hui. Des petits encadrés
23:50totalement délirants. C'est comme ça que
23:52Jacques Martin l'a repéré.
23:54Il l'a fait entrer dans ses émissions.
23:56Et on se souvient de ce reportage avec François
23:58Sagan, c'était fausse interview.
24:00Mais c'est extraordinaire ce truc.
24:02Il a tout inventé
24:04du dérisoire.
24:06Et puis c'est surtout aussi Sagan
24:08qui est extraordinaire. Il faut quand même
24:10deux personnes pour faire un bon interview.
24:12Oui, mais je crois qu'ils se connaissaient et qu'ils avaient préparé le coup
24:14avant.
24:16Je m'en fiche, moi j'ai marché à fond.
24:18Je crois que même des proches
24:20ne se rendaient pas compte qu'il inventait un univers
24:22car il était très modeste.
24:26Je ne peux pas
24:28savoir. Qu'il soit modeste,
24:30ça ne m'étonne pas.
24:32Est-ce qu'on pourrait dire tout ce qu'il disait aujourd'hui
24:34sans recevoir des coups
24:36des réseaux sociaux en permanence ?
24:38Hier, j'entendais dans une émission
24:40Jérémy Ferrari qui disait
24:42de tout temps, on a toujours dit,
24:44on pouvait le dire, maintenant on ne peut pas.
24:46J'ai l'impression qu'on peut tout dire.
24:48Moi j'entends des choses énormes
24:50et puis c'est surtout devenu extrêmement
24:52grossier maintenant.
24:54Chacun sa méthode.
24:58Le grossier
25:00me déplaît infiniment.
25:02Mais on dit des choses énormes
25:04alors que les trucs politiquement corrects,
25:06je trouve que les gens quand même
25:08sont très audacieux et surtout
25:10quand c'est fait par des gens très
25:12intelligents, eh bien
25:14tout passe. C'est juste les oreilles
25:16des imbéciles qui voient ça
25:18de travers. Pour vous, on peut rire de tout
25:20à condition de bien en parler.
25:22Bah oui, c'est pas moi qui l'ai inventé.
25:24Evidemment. En revanche,
25:26Christine Murillo, vous avez inventé des mots
25:28parce qu'il y a un livre qui est sorti,
25:30Le balainier, qui est un livre tout à fait étonnant
25:32et vous êtes l'une des trois auteurs.
25:34Exactement. Non seulement c'est
25:36un livre, mais c'est quatre.
25:38Il y a quatre tomes et alors
25:40la chance, ça a été qu'à la fin du premier
25:42tome, Jean-Michel Puif et
25:44Jean-Michel Ryb ont eu la bonne idée de nous demander
25:46d'en faire un spectacle, si bien qu'en
25:48faisant le tome 2 de ce
25:50dictionnaire de tracas, nous avons
25:52élaboré le premier
25:54spectacle qui s'appelait
25:56Gzu, objet bien rangé, mais
25:58où, si vous voyez ce que je veux dire,
26:00dans le genre de tracas,
26:02le troisième tome a été élaboré
26:04pour faire le deuxième spectacle qui
26:06s'appelait Ogzu, objet
26:08qu'on vient enfin de retrouver
26:10et qu'on repère aussitôt,
26:12et le troisième spectacle
26:14a été fait à l'élaboration du
26:16quatrième tome, qui s'appelait
26:18Ogzu, et qui était urne
26:20dont on ne sait pas quoi faire, une fois
26:22les cendres dispersées. Alors, au départ,
26:24Grégoire Osterman et Jean-Claude
26:26Leguedo, comédiens, travaillaient avec vous,
26:28et c'est un livre où vous inventez des mots.
26:30Comment c'est né, qu'est-ce que c'était ?
26:32Alors, d'abord, on vit
26:34les tracas, c'est ça notre
26:36problème, on se retrouvait. Alors,
26:38je vous parle d'un temps,
26:40vous, on s'est peut-être
26:42croisés au
26:44Sherwood, et après le Sherwood, il y a eu
26:46le dos de la baleine,
26:48dirigé par Henri Béart, où nous
26:50traînions toutes nos nuits, et
26:52en traînant la nuit, on parlait de
26:54nos tracas, et en parlant de nos tracas,
26:56on s'est aperçu qu'en les
26:58écrivant, et en les écrivant
27:00bien, ça pouvait faire
27:02un dictionnaire, et donc on a eu l'idée
27:04de mettre des néologismes dessus.
27:06Des néologismes totalement inventés,
27:08par exemple, la plugue pour l'étiquette du
27:10prix oublié sur un cadeau, à bras taffiés
27:12pour le fait de se prendre la manche dans la poignée
27:14de la porte, un bol de café à la main,
27:16comment ces mots sont nés ?
27:18Alors,
27:20si vous aviez vu les spectacles
27:22au rond-point, vous voyez, puisque
27:24les spectacles du rond-point,
27:26c'était justement la recherche
27:28du mot, ou la recherche de
27:30la définition
27:32la plus pure, et c'était vraiment
27:34on faisait une liste
27:36de mots, ou même sur le tas, on lançait
27:38des mots, il fallait qu'ils n'aient
27:40pas de racines, il y a de très
27:42rares, et j'ai
27:44même fait une énorme bourde une fois,
27:46on avait un tracas qui s'appelait
27:48mourir, le même jour qu'un
27:50plus connu que soi. Et moi
27:52j'ai lancé
27:54Biro-Sartre,
27:56puisque Maurice Biro était
27:58mort le même jour que Sartre. Eh bien
28:00non, une fois le tome paru,
28:02je me suis aperçu que j'ai confondu
28:04oh stupide, Sartre
28:06et Aragon.
28:08Alors, donc,
28:10lamentable, le mot était lancé,
28:12et donc dans une
28:14réédition,
28:16nous avons changé,
28:18et au lieu de Biro-Sartre,
28:20mourir le même jour
28:22qu'un plus connu que soi, qui entre
28:24parenthèses est un alexandrin,
28:26eh bien maintenant ça s'appelle
28:28Sibyphe ou Delzire,
28:30comprennent qui veut.
28:32Il y a eu le mot sophrologie aussi, qui n'avait rien à voir
28:34avec ce qu'il était. Le mot ?
28:36Sophrologie, il est dans votre dictionnaire,
28:38j'ai regardé, mais qui n'a rien à voir.
28:40Ah non, il doit pas être
28:42aussi précis que ça.
28:44Je vois pas avec lequel vous confondez.
28:46Je l'ai vu dans un tract
28:48où il y a tous les mots, mais peu importe.
28:50Alors c'est
28:52encore un coup de Wikipédia
28:54qui a fait n'importe quoi. Non, non,
28:56on se serait pas
28:58permis de prendre
29:00un mot qui existe déjà.
29:02C'est quoi la définition là ?
29:04J'ai trouvé aussi
29:06le boule-bosse. Ah bah le boule-bosse, ça c'est le camion
29:08qui vous cache
29:10la sortie
29:12pendant que vous le doublez. Oui, sur l'autoroute.
29:14Sur l'autoroute, bien sûr. Et pourquoi
29:16le boule-bosse ? Bah boule-bosse,
29:18vous voyez, comment on peut être à trois
29:20autour d'une table en train de chercher l'impression
29:22que nous fait cet espèce de gros
29:24camion qui nous cache
29:26les pieds et qui nous empêche de voir
29:28si on se trompe ou pas. Voilà, c'est
29:30venu boule-bosse. Et vous avez donné l'idée à quelqu'un
29:32puisqu'il y a un pharmacien qui s'appelle
29:34Isidore, qui se fait appeler Isidore 3,
29:36qui a inventé comme ça des mots
29:38à partir du latin et du grec pour les
29:40introduire à la langue française avec des
29:42tracts, des pancartes, des envois postaux.
29:44Donc il y avait amenduir, mettre
29:46à portée de la main,
29:48guamatonomie, gastronomie,
29:50bilocoulis, sur stock en pharmacie.
29:52Et c'est exactement ça qu'on se refusait
29:54de faire, parce qu'il y a un autre monsieur
29:56chifflet,
29:58qui a, lui,
30:00fait des mots valise.
30:02Et nous, on voulait pas des mots valise. On voulait
30:04absolument... Alors il y a quand même
30:06des trucs cachés, puisqu'il y a
30:08par exemple laguindouir.
30:10Qu'est-ce que ça vous dit ? Eh bien,
30:12c'est être à côté
30:14de son chien qui fait ses besoins.
30:16Et pourquoi laguindouir ? Eh bien, je vous l'apprends,
30:18c'est que c'était le nom de mon chien.
30:20Mais tout certes...
30:22Il y a un côté canular.
30:24Vous aimez les canulars,
30:26Carstine Murillo ? Oui, alors canular,
30:28je dirais pas
30:30que c'est un canular, parce qu'un canular,
30:32il y a toujours un dindon de la farce
30:34derrière. Alors que
30:36dans le balenier,
30:38le dindon de la farce, c'est
30:40soi-même. Et c'est d'autant
30:42plus vrai que c'est un double.
30:44C'est pas
30:46faire tomber la cuillère dans la
30:48soupe. Ça, c'est un tracas.
30:50Mais un tracas du balenier,
30:52c'est marcher dans
30:54une crotte avec des chaussures neuves.
30:56C'est-à-dire que déjà, il y a un tracas,
30:58mais il est doublé d'un deuxième
31:00et d'un grand...
31:02d'une grande peine pour celui qui le subit.
31:04Voilà. Alors il se trouve que vous avez,
31:06quand on voit tout ce que vous avez fait, vous avez joué
31:08avec, comme metteur en scène,
31:10toutes les générations de metteurs en scène jusqu'à
31:12aujourd'hui, Carstine Murillo. Non, ils sont très très jeunes
31:14par rapport à moi. C'est rigolo.
31:16Edouard Baer, par exemple, c'est pas votre génération
31:18où il vous a mis en scène. Il y en a beaucoup comme ça.
31:20C'est un privilège.
31:22Je faisais un rôle mini-mini.
31:24Mais quelle chance
31:26d'avoir été
31:28choisi par lui.
31:30Je jouais Philippine de Rothschild.
31:32Alors quand on me voit, c'est pas sûr
31:34que j'y ressemble. C'est la confiance d'Edouard Baer
31:36qu'on peut applaudir en ce moment
31:38dans Cyrano, avec ma sœur d'ailleurs
31:40qui joue dedans. Catherine Savia,
31:42avec qui vous avez joué aussi au théâtre.
31:44Oui, Pierre Nott
31:46qui nous a
31:48filé cette pièce
31:50qui n'était pas du tout écrite pour nous.
31:52Elle était écrite pour deux personnes de 80 ans.
31:54Mais il a préféré deux plus
31:56jeunes, mais des vraies sœurs.
31:58Ça, c'est inoubliable.
32:00Vraiment,
32:02c'est mis en scène par
32:04Kerbrat. C'était fratère d'elle.
32:06Jouer avec sa sœur, c'est une complicité
32:08ou il y a des problèmes ?
32:10Les deux. C'est-à-dire que Catherine
32:12est
32:14inégalable en scène,
32:16en représentation
32:18et en répétition.
32:20Moi, je fais n'importe quoi en répétition
32:22pour aller de partout.
32:24Et elle,
32:26elle a une autre méthode.
32:28Donc, on se retrouve le jour de la première.
32:30Et elle a joué au cinéma, dans un film
32:32qui s'appelle « Homard m'a tué », où elle a joué le rôle
32:34d'Élène Guerrière-Dancos. Absolument.
32:36Mais oui, j'y crois.
32:38Parce que Catherine, c'est une tête.
32:40Elle lit, elle va tout voir,
32:42elle connaît tout.
32:44Elle est bien interviewée aussi.
32:46Je la recevrai un jour avec plaisir.
32:48Mais il y a aussi une récompense qu'on vous a attribuée, je crois, l'année dernière
32:50qui est le prêt du brigadier,
32:52qui est une sorte de consécration.
32:54Écoutez, oui.
32:56J'étais éblouie.
32:58Puisque je sais ce que c'est
33:00que de recevoir un Molière, je ne savais pas
33:02ce que c'était qu'un brigadier.
33:04Et je dois dire que c'est incroyablement
33:06chaleureux.
33:08Ça sent les coulisses,
33:10la poussière du théâtre.
33:12C'est très confraternel.
33:14Non pas que les Molières ne le soient pas,
33:16mais c'est un peu...
33:20On sent qu'on parle
33:22de beaucoup, beaucoup de spectacles
33:24que beaucoup, beaucoup n'ont pas vus.
33:26Dont moi, d'ailleurs,
33:28la plupart du temps.
33:30Alors qu'au brigadier, on a l'impression
33:32de quelque chose de fraternel.
33:34Ce côté fraternel, vous le faites,
33:36avec une date qu'on va évoquer
33:38qui a été le point de départ de cette aventure,
33:40le 24 juillet 2023.
33:42A tout de suite sur Sud Radio, avec Christine Murillo.
33:44Sud Radio,
33:46les clés d'une vie, Jacques Pessy.
33:48Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité
33:50Christine Murillo. Nous avons évoqué
33:52votre long parcours.
33:54Très long.
33:56Et qui a continué le 24 juillet
33:582022 avec la première
34:00d'une lecture au Festival de Grignan,
34:02au Festival de la Correspondance, sur Pauline Carton.
34:04Depuis que vous le jouez,
34:06puisqu'il est à l'affiche de l'Artistique Athénien
34:08aujourd'hui à Paris, comment s'est née cette aventure ?
34:10Alors,
34:12Pierre Cordier a contacté Charles Torchman
34:14pour
34:16faire des
34:18correspondances.
34:20Ils se sont mis
34:22d'accord après un essai
34:24où ce n'était pas...
34:26Charlie a dit
34:28qu'est-ce que vous avez en rayon.
34:30Pierre a dit, eh bien, Virginie Berling
34:32a fait un montage sur la
34:34correspondance de Pauline Carton.
34:36Charlie m'a dit, Pauline Carton, ça te
34:38plaît plus ? Alors je lui ai dit, attends,
34:40qui n'a pas lu les Théâtres de Carton
34:42et tout ça ? Donc j'ai dit oui
34:44et on s'est embarqué là-dedans
34:46et on avait une cinquantaine de minutes
34:48consacrées à la
34:50correspondance
34:52très bien retrouvée
34:54par Virginie Berling
34:56où on avait rajouté,
34:58je ne me souviens plus bien qu'est-ce qu'elle avait
35:00mis elle-même, mais on a mis des petites chansons
35:02des trucs, on avait déjà des petits machins
35:04en plus et alors succès
35:06cosmique sur les 60-80 ans.
35:08Alors,
35:10merveilleux et puis
35:12Frédéric Biessi est passé par là
35:14et
35:16a demandé à Charlie,
35:18il n'a rien sous la main, et
35:20Charlie qui venait pour autre chose a dit, bah si
35:22j'ai Pauline Carton
35:24et allez donc, au lieu
35:26de s'appeler je ne sais plus quoi
35:28ça s'est trouvé
35:30que ça s'est appelé Pauline et Carton
35:32et c'est une
35:34esperluette. Pourquoi Pauline
35:36et Carton ? Parce que ça parle à la fois
35:38de Carton qui est
35:40l'avis professionnel de Pauline
35:42Carton puisque c'est son pseudonyme
35:44et Pauline puisqu'il y a sa vie
35:46personnelle, ses avis
35:48ses coups de gueule
35:50et puis ses amours quoi.
35:52D'ailleurs le pseudonyme de Pauline Carton
35:54est né dans une pièce qui s'appelait
35:56Huisseau où elle jouait deux rôles
35:58Mademoiselle Pauline et Mademoiselle Carton
36:00Pour que ça fasse cossu, le monsieur avait mis
36:02Pauline et un peu plus
36:04loin, Carton
36:06et Carton lui est resté. Alors il se trouve
36:08que ce spectacle est devenu un classique
36:10parce que vous l'avez joué à Avignon, vous l'avez joué à Paris
36:12à l'Ascala et aujourd'hui il est à
36:14l'Artistique Athénien ce que vous n'imaginiez pas au début
36:16Ah non, et alors aux
36:18Artistiques Athéviens c'est venu
36:20mais j'allais justement écouter
36:22Catherine, ma sœur, dans
36:24un spectacle sur Madame Tallien
36:26qui au demeurant j'espère deviendra
36:28un vrai spectacle parce que c'est formidable ce qu'on y apprend
36:30et Dominique Bourde
36:32donc qui est à la tête
36:34des Athéviens
36:36m'a dit
36:38et si vous veniez ici
36:40et qu'est-ce que vous avez en rayon ? Et comme
36:42j'avais arrêté en décembre
36:44à l'Ascala
36:46Pauline
36:48et la tournée
36:50je lui ai dit ben voilà j'ai
36:52Pauline et Carton et elle me dit
36:54mais vous pouvez jouer quand ? Et ben je lui ai dit ben demain
36:56et ben à une ou deux
36:58semaines près c'est ce qui s'est passé
37:00et c'est formidable parce que
37:02ça donne une deuxième vie
37:04à l'Ascala ça s'essoufflait sans doute un peu
37:06et puis on jouait que deux jours
37:08par semaine, c'est pas toujours les jours
37:10que les gens veulent
37:12alors que là ils ont le choix puisque c'est du mardi
37:14au dimanche. Alors il se trouve aussi que
37:16on connaît la voix de Pauline Carton, on connaît ses second
37:18rôle dans sa chagriderie
37:20comme canard. Exactement et
37:22on ne connaît pas sa vie. Par exemple moi j'ai découvert
37:24que son père, je ne sais pas si vous le savez, avait été
37:26le bras droit du Baron Haussmann dans la construction
37:28de Paris. Et bien non, vous me l'apprenez
37:30je savais qu'ils étaient des grands bourgeois
37:32et
37:34des têtes mais je ne savais pas
37:36de quel univers.
37:38Il se trouve qu'elle a commencé à jouer
37:40les concierges, les domestiques
37:42très très jeunes Pauline Carton.
37:44Ah ben oui, elle n'a joué que ça et elle n'aimait
37:46que ça et elle n'a jamais cherché à jouer
37:48autre chose. Ce qu'elle aimait c'était
37:50l'ambiance du théâtre et puis après l'ambiance
37:52des tournages. Mais elle parle surtout de
37:54la poussière des théâtres, des coulisses.
37:56On dit aussi que
37:58moi je me suis renseignée, je ne connaissais rien
38:00à part les théâtres de Carton, je ne connaissais
38:02rien d'elle et de l'avoir vue
38:04évidemment dans les films.
38:06Et dans La Voyante, je me demande
38:08si je l'ai vue dans La Voyante
38:10à Marigny, justement
38:12au théâtre ce soir. Elle a donc pris le rôle de
38:14Popesco dans La Voyante. Non, de
38:16Fuségir. De Fuségir dans La Voyante.
38:18Elle a joué avec Popesco. Oui. D'ailleurs, toutes les deux avaient
38:20des cannes. Elle disait qu'elle allait faire un festival de
38:22cannes. Oui, alors, pour être
38:24très honnête et pour rendre à César,
38:26j'ai pris l'anecdote et j'ai dit
38:28que j'avais gardé ma canne. En fait,
38:30elle raconte l'anecdote que
38:32Popesco avait de l'arthrite, que
38:34elle-même était tombée dans
38:36l'escalier, mais qu'elle est allée voir
38:38Popesco en lui disant, moi je ne vais pas
38:40prendre ma canne pour que ça ne fasse pas
38:42un festival de cannes.
38:44Et en plus, pourquoi je l'ai mis dans
38:46l'adaptation ? Puisqu'avec Charlie
38:48et Torchman, on est
38:50quand même grandement responsables des rajouts.
38:52J'ai mis que des choses personnelles
38:54que personne ne sait
38:56et que c'est un vide grenier d'un mois.
38:58Mais moi-même,
39:00je croyais avoir
39:02inventé, puisque dans la vie,
39:04malheureusement, j'ai souvent une canne.
39:06J'ai cru que c'était
39:08moi qui inventais le festival de cannes
39:10en plaisantant, en voyant une spectatrice
39:12qui disait toujours, c'est un festival
39:14de cannes, et bien Pauline était passée
39:16avant moi. Il se trouve aussi que Pauline
39:18Carton, dans cette pièce, je ne sais pas si vous le savez,
39:20elle a un trou de mémoire un jour
39:22et au lieu de raconter la pièce, elle a parlé
39:24du décollage de Apollo 4
39:26et Apollo 5. C'est dans le spectacle.
39:28C'est extraordinaire. Oui, oui, absolument.
39:30Et elle dînait tous les soirs dans la loge
39:32de la concierge, plutôt que dans sa loge pour...
39:34Oui, oui, et même,
39:36je crois que j'ai lu la même chose
39:38que vous, quand
39:40Pesco lui a dit, venez, vous avez une loge
39:42formidable à Marigny pour vous.
39:44Elle a dit, non, non, moi je suis très bien. Elle voit passer
39:46les gens. Ce qu'elle aimait, c'était les gens.
39:48Elle finissait son petit rôle,
39:50elle allait dans la salle pour regarder la fin de la pièce.
39:52Elle ne partait jamais
39:54si elle n'était pas la dernière.
39:56C'est vraiment un amour du théâtre
39:58et des gens de théâtre. C'est inouï.
40:00Et son amour du théâtre est aîné, je ne sais pas
40:02si vous le savez, Christine Murillo.
40:04Lorsqu'elle était enfant, ses parents
40:06l'avaient déguisée en petit garçon, parce que
40:08pour aller voir des cafés-concerts
40:10et des pièces un peu olé olé.
40:12Non, ce que je savais, c'est qu'elle faisait
40:14des pièces chez elle et qu'elle nomme
40:16d'ailleurs une pièce qui lui est restée
40:18chère au cœur. Mais bon, je n'ai pas gardé
40:20toutes les anecdotes, bien sûr. Mais
40:22elle jouait déjà des petits rôles dans le
40:24salon, comme beaucoup.
40:28D'ailleurs, je le dis dans le spectacle,
40:30histoire qu'on comprenne bien que c'est pas
40:32un historique de Pauline Carton.
40:34C'est la vie de Pauline Carton.
40:36C'est très, très cocasse. Et par exemple,
40:38elle dit, depuis ma naissance,
40:40je savais que j'avais été mise au monde
40:42pour faire du théâtre.
40:44Alors, je vais vous faire ce que je fais. Je vous
40:46expliquerai après. Je savais que j'avais
40:48été mise au monde pour faire du théâtre,
40:50comme Jeanne d'Arc, pour bouter
40:52les chrétiens hors de France.
40:54Les chrétiens. Les anglais.
40:56Les anglais. Hors de France.
41:00Et alors, dans le
41:02spectacle, ça n'est que des
41:04anecdotes drôles,
41:06puisque c'est principalement ça
41:08qu'on garde de Pauline.
41:10Émouvante, parce qu'elle n'a eu qu'un seul amour
41:12dans sa vie. C'est Jean-Violette,
41:14un poète suisse. Et puis, son
41:16admiration s'emborne pour
41:18Sacha Guitry.
41:20Sacha Guitry, qu'elle a vue au départ
41:22dans deux bureaux, au départ.
41:24Elle est tombée inconditionnelle.
41:26Elle a été presque, je veux dire,
41:28une des muses de Sacha Guitry.
41:30Et alors, muse,
41:32c'est même
41:34plutôt... Vous voyez
41:36qui est Margot Capelier, qui était
41:38la première casting de
41:40film. Elle était casting pour
41:42Guitry. Alors,
41:44mieux, l'histoire dit,
41:46j'ai lu,
41:48c'est pas moi qui étais présente,
41:50Idine, j'ai encore oublié le nom
41:52de la comédienne assez
41:54peu moins connue, mais
41:56Guitry dînait avec
41:58une comédienne
42:00son chef d'aile à lui.
42:02Et il expliquait à cette dame
42:04qu'il cherchait un rôle
42:06pour désirer
42:08d'une domestique et il cherchait
42:10quelqu'un qui ne soit pas
42:12convenu, qui soit plutôt original.
42:14Et là, la dame
42:16qui les servait à table, donc la
42:18femme de chambre de la comédienne,
42:20pendant qu'elle servait, a dit
42:22« Mais madame, est-ce que vous ne trouvez pas que ça
42:24ressemble à la
42:26comédienne que nous avons vue dans je ne sais plus
42:28quoi ? »
42:30Elle avait dû l'emmener au théâtre ou je ne sais pas quoi.
42:32Renseignement
42:34pris Guitry, le soir même, il va
42:36la voir et c'est comme ça qu'elle a été
42:38engagée pour Désirer.
42:39C'était Pauline Carton, elle a aussi fait des recherches
42:41pour lui à la Diathèque Nationale.
42:43Incroyable ! Pour ses films d'époque.
42:45Et puis Pauline Carton, on la connaît quand même au-delà
42:47des films de Guitry, pour une
42:49chanson qui est restée
42:51culte.
42:59Tous les palétuviers,
43:02tout le monde le chante encore aujourd'hui.
43:04C'était une opérée de toi et moi.
43:06Si vous me demandez,
43:08je ne le chante pas.
43:10Je le cite.
43:12Pourquoi ? Parce que,
43:14c'est une petite dramaturgie,
43:16au moins, qui se respecte.
43:18Elle chantait
43:20les palétuviers quand l'amour de sa vie,
43:22son amour de 50 ans
43:24durant,
43:26était malade et allait mourir.
43:28Donc,
43:30les palétuviers, on l'a entendu 3 secondes,
43:32mais elle chante merveilleusement, même
43:34avec sa voix de canard. C'est un duo.
43:36Et puis, c'est inégalable.
43:38Donc, je n'allais pas essayer de chanter
43:40ça, alors que je chante d'autres trucs qui sont plus
43:42faciles. Donc, je n'avais pas envie de le
43:44chanter, mais il y a une raison dramaturgique.
43:46C'est que peut-être,
43:48elle n'avait pas envie de rechanter les palétuviers
43:50puisque c'était concomitant avec la mort
43:52de Jean-Violette.
43:53Elle n'avait pas envie non plus, Pauline Carton,
43:55d'être embêtée à vivre dans un appartement
43:57pendant 40 ans. Elle a vécu au
43:596e étage de l'hôtel Saint-James à Paris-Rue
44:01de Rivoli. Absolument. Alors,
44:03moi, on m'a dit qu'on disait Saint-James.
44:05Je vous le dis comme je le pense,
44:07mais je fais ce qu'on me dit. Et
44:09oui, 40 ans à l'hôtel.
44:1140 ans à l'hôtel. Dans une petite chambre
44:13avec une vue sur les tuileries.
44:15Et avec ses 3000 bouquins dans un
44:17grenier sur le dessus. Mais,
44:19inimaginable quand même
44:21cette obsession. On dit même,
44:23j'ai cru voir dans une anecdote,
44:25elle avait été
44:27convoquée par Guitry dans le sud,
44:29dans la maison de Guitry, pour parler
44:31d'une pièce avec Drot comme à un stage.
44:33Je ne me souviens plus
44:35du détail. Et elle avait
44:37naturellement sa chambre. Et le lendemain matin,
44:39Guitry va pour la réveiller pour
44:41qu'elle vienne au petit-déjeuner. Eh bien,
44:43non, elle n'était pas dans la chambre. Elle avait
44:45été à l'hôtel à côté. Elle ne supportait
44:47pas, je ne sais pas, les meubles, la famille.
44:49Je ne sais pas. Après moi, je l'ai interviewée
44:51à la fin de sa vie, dans cet hôtel.
44:53Et alors, elle ne pouvait plus marcher.
44:55Et c'était un valet de chambre qu'il a porté sur
44:57son dos, pour l'amener
44:59à une table. Je vois le tableau.
45:01Non, non, mais elle s'encombrait de rien.
45:03Plus subversive, plus trash,
45:05elle est.
45:07Moi, je laisse entendre
45:09tout ça. Je suis très, très,
45:11très en deçà de son intelligence
45:13et de sa culture.
45:15Je répète, je dis,
45:17je lis rien, je suis nulle.
45:19Au moins, je suis une page
45:21blanche. Sur la page blanche,
45:23j'ai mis toute l'intelligence et toute
45:25la trashitude de
45:27Pauline, dans la mesure de mes moyens.
45:29Elle disait, car elle avait beaucoup d'humour,
45:31qu'elle était tarte au rangement
45:33des cuisinières. Et surtout,
45:35elle disait, dans les concours de beauté, on place toujours dans le jury,
45:37car elle n'était pas dupe de son charme.
45:39Oui, alors, elle exagère
45:41beaucoup sur sa laideur, parce que
45:43quand on voit les photos d'elle jeune,
45:45elle n'est pas du tout moche. Elle est
45:47extrêmement correspondante à l'époque.
45:49Mais, elle
45:51dit bien qu'elle ne voulait pas mettre de corset quand
45:53tout le monde en mettait. Elle était
45:55subversive.
45:57Et féministe avant l'heure.
45:59Ce qu'elle écrit à un mec qui
46:01dit que toutes les comédiennes sont des
46:03putes, c'est clair.
46:05Elle répond,
46:07ma très sale gueule est un garant dans ce métier
46:09où je ne dois rien à la prostitution.
46:11Voilà, exactement. Juste,
46:13anecdote, si ça vous chante. Par exemple,
46:15le spectacle commence à une lettre à Clément Vautel
46:17qui, justement, disait que
46:19les comédiennes couchaient pour avoir un rôle.
46:21Et bien, Clément Vautel n'était
46:23pas un inconnu pour moi,
46:25parce que Clément Vautel
46:27avait écrit dans le journal du
46:29Minotaure, et je reviens au balaignier,
46:31notre dictionnaire de tracas, il fallait bien
46:33au début, on met une dédicace,
46:35et Clément Vautel,
46:37il y avait
46:39une enquête dans le Minotaure
46:41où on demandait, avez-vous
46:43rencontré une personne
46:45importante dans votre vie
46:47et qui est-elle ? Alors, tout le monde
46:49avait dit, ma mère, ma soeur, une comédienne,
46:51je ne sais pas quoi, je ne sais pas quoi. Et on avait,
46:53moi, j'avais repéré, parce que j'avais le journal,
46:55Clément Vautel qui avait dit
46:57je n'ai jamais rencontré personne.
46:59Et compte tenu
47:01de ce qu'on disait dans le balaignier, c'était
47:03exactement notre état d'esprit. Et bien,
47:05comme quoi, il pouvait être intelligent dans le Minotaure
47:07et être un sacré con d'avoir
47:09dit ça sur les comédiennes.
47:11Et Pauline Carton avait une particularité,
47:13elle allait donner des croissants, des morceaux de croissants
47:15aux moineaux dans les tuileries.
47:17Ah oui, oui, oui, elle le dit bien
47:19dans ses interviews,
47:21elle adorait les petits oiseaux des tuileries,
47:23c'était ses compagnons,
47:25sur son appui
47:27de fenêtre,
47:29dans sa petite chambre minuscule, avec vue sur les
47:31tuileries, c'était... C'était un personnage.
47:33D'ailleurs, un jour, il y a une série
47:35de journalistes qui viennent l'interviewer,
47:37elle en avait dit j'en veux 12, le 13ème
47:39il s'est fait jeter, il n'a pas eu d'interview.
47:41Elle est repartie. Ah, je ne savais pas qu'elle était
47:43superstitieuse. Non, mais elle ne voulait pas,
47:45elle était comme ça. C'est quand même un personnage
47:47qui touche toutes les générations
47:49et que vous faites revivre aujourd'hui.
47:51Oui, et ce qu'il y a de merveilleux,
47:53c'est que je ne sais pas par quel miracle
47:55ça parle à énormément de gens.
47:57Alors évidemment, ça parle aux gens qui savent
47:59à peu près qui est Pauline Carton
48:01et qui sont Guitry, Michel Simon,
48:03Jean Marais,
48:05Popesco, tout ça.
48:07Elles défilent un peu sans être
48:09un répertoire.
48:11Mais
48:13même les jeunes gens
48:15entendent l'amour pour le théâtre et surtout
48:17la cocasserie qu'elle a
48:19toujours vue dans tout ce qui lui est
48:21arrivé parce que
48:23le truc principal de Pauline Carton,
48:25c'est qu'on ne peut même pas écouter 3 secondes
48:27sans rigoler. Exactement. Alors c'est à l'artistique
48:29AT20 le plus longtemps possible,
48:31Christine Murillo. Je le souhaite.
48:33Merci d'avoir fait revivre cette personne
48:35qui a touché une génération et qui mérite
48:37de toucher les autres. Est-ce que je peux rajouter
48:39que le spectacle ne serait rien
48:41sans Charles Torgeman avec qui
48:43le compagnonnage de
48:45l'adaptation
48:49et de la direction sur scène
48:51est inégalable.
48:53Et moi, c'est mon dernier,
48:55mon seul seul en scène.
48:57Premier et dernier.
48:59Parce que c'est trop cruel dans la loge, on est tout seul.
49:01Mais grâce à
49:03Christian Pinault qui fait des éclairages
49:05et qui fait que ça n'est pas une
49:07grande tranche de vie,
49:09mais c'est au contraire un spectacle.
49:11Moi, je suis redevable
49:13à tout le monde pour la joie que j'ai en scène
49:15tous les soirs. Eh bien, merci de nous avoir donné la joie
49:17de partager ce moment et on conseille
49:19à celles et ceux qui nous écoutent d'aller voir Pauline
49:21et Carton à l'artistique AT20.
49:23Je vous en remercie. Merci, merci
49:25Christine Murillo. Le Quai d'une vie s'est terminé pour aujourd'hui.
49:27On se retrouve bientôt. Restez fidèles
49:29à l'écoute de Sud Radio.