• il y a 21 heures
Le 18 novembre 2023, à Crépol, Thomas Perotto, 16 ans, était tué à l'arme blanche lors d'un bal de village dans la Drôme. Jean-Michel Décugis, grand reporter police-justice au "Parisien", est co-auteur avec Pauline Guéna et Marc Leplongeon de "Une nuit en France, anatomie d'un fait-divers qui a déchiré le pays" (Grasset). Les auteurs de ce livre sont aujourd'hui menacés de mort, victimes d'une campagne de haine sans précédent sur les réseaux sociaux...

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:008h46, comment une fête de village a viré à l'aryx mortel, à un drame, c'était en novembre 2023,
00:06le jeune Thomas, 16 ans, tué d'un coup de couteau, la scène se passe à Crépole, dans la Drôme,
00:10un livre vient de sortir, Une nuit en France, anatomie du fait d'hiver qui a déchiré le pays,
00:16c'est aux éditions Grasset, trois auteurs, la romancière Pauline Guenat,
00:20le journaliste à l'équipe Marc Leplongeon et le grand reporter aux Parisiens,
00:24aujourd'hui en France, Jean-Michel Décugis, bonjour !
00:28Bonjour !
00:28Pourquoi vous êtes-vous intéressé à ce drame, pour l'emballement médiatique qui l'a entraîné ?
00:34D'abord parce que c'est un drame qui a marqué la France, l'a divisé, l'a déchiré,
00:40parce qu'effectivement il y a eu un emballement politico-médiatico-judiciaire,
00:46et que cet emballement se reproduit assez régulièrement pour un certain nombre de faits divers,
00:53et que pour Crépole, il y a eu un prisme idéologique, politique et un récit médiatique
01:01fait par un certain nombre de médias d'extrême droite,
01:04qui a posé une grille de lecture sur les faits,
01:09et a transformé ces faits, et a transformé la réalité judiciaire.
01:14Les faits, parlons-en, vous reconstituez méticuleusement la soirée du 18 novembre 2023,
01:20vous décrivez la mécanique du drame, la montée des tensions lors de cette soirée,
01:25lors de ce bal entre jeunes de Crépole et des jeunes venus du quartier de la Monet à Romand-sur-Isère,
01:31la scène est tout de même d'une rare violence, il y a des armes blanches, des couteaux.
01:37Non mais c'est un drame atroce, c'est un jeune de 16 ans qui vient s'amuser, danser à un bal,
01:44et qui finit avec un coup de couteau en plein cœur, qui meurt dans les bras de ses amis,
01:52il y a du sang partout, c'est horrible.
01:54Effectivement, il y a des couteaux, et ils ne sont que d'un côté,
01:58et c'est insupportable aussi que des gamins se baladent avec des couteaux en permanence,
02:04mais de là à dire qu'ils se sont armés pour venir au bal dans le but de tuer,
02:10et de faire un raid, comme il a été dit, anti-blanc, ce n'est pas la réalité judiciaire, en tout cas à ce stade,
02:18et le dire, le faire croire, c'est instrumentaliser un fait divers à des fins politiques, idéologiques.
02:26Et très vite Jean-Michel Décujis, l'identité des suspects est dévoilée dans la presse,
02:31il y a cette phrase qui ressort, tuer des blancs, est-ce qu'elle a été prononcée cette phrase ?
02:36Je ne sais pas si cette phrase a été réellement prononcée,
02:38ce qui est sûr, c'est que des témoins, neuf témoins, très vite vont dire qu'ils ont entendu, pendant l'ARICS,
02:45des jeunes dire qu'ils voulaient tuer du blanc.
02:49Mais de l'autre côté, il y a eu aussi des jeunes qui ont dit qu'ils voulaient se faire du bougnoule.
02:55Les témoignages sont dans les deux sens.
02:56Ce que vous dénoncez Jean-Michel Décujis avec vos co-auteurs,
03:00en fait c'est la récupération politique de l'extrême droite qui s'est tout de suite emparée du sujet,
03:04qui a qualifié la mort de Thomas de Francocile,
03:08vous accusez aussi la maire de Romand-sur-Isère d'avoir jeté de l'huile sur le feu.
03:12Mais oui, elle a d'abord stigmatisé ce quartier d'où venaient ces jeunes,
03:18qui est un quartier sensible, mais aussi défavorisé, avec une énorme précarité.
03:2350% des gens y vivent sous le seuil de pauvreté.
03:28Quand on lui dit que parmi ces jeunes, il y a énormément de demandeurs d'emploi,
03:33elle dit, sont-ils seulement employables ?
03:35Elle a fait le lien entre ce fait divers, même s'il le nie aujourd'hui,
03:39entre ce fait divers et l'islam.
03:42Oui, elle a mis de l'huile sur le feu, c'est un peu hallucinant.
03:45Et depuis la sortie du livre Jean-Michel Décujis, vous êtes la cible de critiques et d'insultes sur les réseaux sociaux.
03:50Certains médias vous accusent de réécrire l'histoire, comment vous y faites face ?
03:54Tout est parti effectivement de médias, et pour ne pas le citer, Cnews et de l'émission de Pas de Cal Pro,
03:59qui, sans lire le livre, a fait cinq émissions sans avoir lu le livre,
04:03disant qu'on est des menteurs, qu'on est des révisionnistes.
04:08Et puis, bien évidemment, à partir de cette émission,
04:11tout de suite après la fin de cette émission, de la première émission,
04:14eh bien, on a commencé à avoir des tomberaux, excusez-moi du terme de merde,
04:18où on est bien harcelé, dénigré,
04:22où on s'en prend à une personne, on est injurié, mais aussi menacé de mort.
04:27Et aujourd'hui, l'éditeur, notre éditeur, Grasset, a été obligé de faire un communiqué
04:33pour dire stop, il est normal qu'on soit critiqué, qu'il y ait du contradictoire,
04:38qu'il y ait une opposition, mais pas des attaques personnelles, et surtout des menaces,
04:45puisqu'aujourd'hui, on veut s'en prendre à mes enfants,
04:49on dit que je suis un révisionniste, que je vais finir comme Brassiliac, etc.
04:55Donc, à un moment, si vous voulez, stop quoi.
04:58Et donc, on va, effectivement, faire des signalements au parquet,
05:01et on se réserve le droit de porter plainte contre ces gens,
05:04qui, à chaque fois, c'est toujours les mêmes, c'est Monsieur Tout-le-Monde,
05:07c'est pas des militants, forcément, d'extrême droite, c'est Monsieur Tout-le-Monde, c'est l'aménagère,
05:11c'est le routier, c'est... exactement, déjà, les pseudos,
05:14vous avez des gens, eh bien, qui crachent leur frustration,
05:17mais ces gens, eh bien, ils pourrissent la société française.
05:20– Jean-Michel Décujus, le vote RN a doublé à Acrépole, aux dernières législatives,
05:26le Rassemblement National est passé de 20% à 42%, pour vous, ce drame,
05:30il a eu des conséquences concrètes sur le terrain politique ?
05:33– Eh bien, oui, il a eu des conséquences, nous, on y est allé trois fois, à Acrépole,
05:37et la dernière fois, c'était pendant les élections législatives.
05:39Bon, eh bien, on n'a pas réussi à rencontrer un candidat.
05:42Et le RN, pour la première fois, est passé,
05:45dans un département de transition plutôt de gauche.
05:48Et puis, surtout, c'est les conséquences derrière,
05:50c'est-à-dire qu'il y a une fracture, nous, on n'est pas les premiers,
05:52il y a une fracture sociale, aujourd'hui, économique, raciale,
05:55mais cette fracture, ça ne fait pas forcément un mobile criminel.
05:58Mais dans les cours d'école, de collège, de lycée,
06:02eh bien, vous avez deux populations, deux jeunesses,
06:05qui sont côte à côte et qui ne se mélangent pas.
06:07– Alors, on le redit, on attend encore un procès,
06:09l'auteur du coup mortel n'a toujours pas été identifié,
06:13mais quand on lit votre livre, on comprend que tout le monde sait,
06:17dans ce quartier de la monnaie, à Romand-sur-Isère, mais personne ne parle.
06:21– Oui, c'est terrible, j'en parlais hier avec quelqu'un du monde judiciaire,
06:24qui me disait, mais comment c'est possible ?
06:26En fait, c'est la loi de la cité qui est plus forte que la compassion,
06:29ces auteurs présumés, ils savent, en tout cas, ils croient savoir
06:32qui est le véritable, celui qui a porté le coup mortel,
06:35ils se le disent entre eux, puisqu'ils sont écoutés en prison,
06:38puisqu'ils ont des portables par la gendarmerie,
06:40et ils disent, on connaît l'auteur, on aimerait que les gendarmes le trouvent,
06:44mais nous, on ne va pas aller le dire, on n'est pas des poucaves,
06:47on n'est pas des balances, comme ils disent, on a peur des représailles.
06:50Les familles le poussent à parler, parce qu'évidemment,
06:53tout le monde, si ce type n'est pas identifié, personne ne l'a dénoncé,
06:58et aujourd'hui, tout le monde est mis en examen pour omissionner un moment de l'organiser.
07:02Merci Jean-Michel Décugis.
07:04Merci à vous.

Recommandations