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00:008h13, matinée spéciale narcotrafic ce mercredi. Sur notre antenne, depuis le début de la semaine,
00:06les députés examinent une proposition de loi pour lutter plus efficacement contre le trafic de drogue.
00:11L'objectif de ce texte est de donner de nouveaux moyens d'agir aux forces de l'ordre mais aussi à la justice.
00:18Et vous le savez, vous avez la parole tous les matins. Auditeurs, téléspectateurs,
00:22constatez-vous une hausse des trafics de drogue près de chez vous. On vous attend au 03-84-22-82-82.
00:29Ce matin, je reçois le procureur de la République de Montbéliard. Bonjour Paul-Édouard Lallois.
00:33Bonjour.
00:348 communes sur 10 en France sont concernées par le trafic ou la consommation de drogue.
00:39La tendance se confirme-t-elle sur votre juridiction ?
00:42Exactement, malheureusement. Aucune zone n'est épargnée. Je le disais en préambule de notre
00:48rentrée de cette année 2025. Zone rurale comme zone urbaine, aucun territoire n'est épargné par le
00:54narcotrafic, que ce soit sous forme de points de deal, qu'il s'agisse de modes opératoires plus
01:00élaborés avec notamment le développement exponentiel du ubersheet, c'est-à-dire de la
01:04livraison à domicile. Aucun territoire n'est ainsi épargné par ce qui gangrène véritablement nos
01:09villes et nos campagnes.
01:10Et même une augmentation du trafic ?
01:12Alors une augmentation, c'est assez difficile de parler d'augmentation. Ce qu'on augmente en
01:16tout état de cause, c'est le nombre de procédures. Je n'aime pas trop les chiffres, mais je vais vous
01:20en donner simplement deux. Plus de 60% l'an dernier de garde à vue sur le territoire de Montbéliard,
01:25c'est-à-dire qu'on a effectivement multiplié les opérations qui nous ont conduit à interpeller,
01:30contrôler, interpeller, diligenter des enquêtes. Et puis parallèlement, on a augmenté de 100%,
01:35plus de 100% le nombre de verbalisations de consommateurs. Ça veut dire qu'on agit à la
01:40fois sur la lutte contre les usagers, les simples usagers qui sont effectivement les clients. S'il
01:44n'y a pas de clients, il n'y a pas de revendeurs, il n'y a pas de trafic. Et puis par ailleurs,
01:48on a augmenté notre capacité opérationnelle à tout au long de l'année, diligenter des enquêtes
01:53pour faire tomber des ramifications, des branches et puis essayer d'attaquer le tronc de ce qui est
01:57véritablement un arbre à trafic.
02:00Mais ça veut dire quoi ? Que vous avez eu plus de moyens pour ça ou que vous en avez fait une priorité ?
02:05On en a fait clairement une priorité. Je ne dirais pas qu'on a plus de moyens. Le
02:09nombre d'enquêteurs, de policiers, de gendarmes sur le pays de Montbéliard a malheureusement pas
02:13augmenté. Ce qui a augmenté, effectivement, c'est la priorisation d'un certain nombre de
02:17procédures. On se dit là, effectivement, tous les jours, actuellement, tous les jours, je prends
02:21des réquisitions qui visent à permettre aux policiers et aux gendarmes du territoire de
02:25Montbéliard de faire des contrôles, pas plus tard qu'hier, sur le territoire d'Audincourt,
02:29pas plus tard qu'avant-hier, sur le territoire de Valentinier. Encore avant-hier, c'était sur
02:34Montbéliard. Et donc tous les jours, on a des policiers et des gendarmes qui sont sur le terrain
02:37et qui viennent déranger, essayer de démanteler les points de deal, essayer de gêner également
02:41les consommateurs pour faire en sorte qu'on ait moins de revendeurs. Vous parlez des moyens,
02:45il y a un petit comparatif qui est assez intéressant. Je trouve que le chiffre d'affaires
02:48du trafic de drogue est estimé entre 3,5 et 6 milliards d'euros à peu près par an en France,
02:53et le budget du ministère de la Justice, c'est 7 milliards. Et moi, je me demandais si des
02:58politiques anti-drogue peuvent être financées par les saisies d'argent de drogue. C'est déjà le cas,
03:02en fait. La Grasse, l'agence de recouvrement des avoirs saisis et confisqués, qui gère la
03:08totalité des avoirs confisqués par toutes les juridictions en France, elle s'auto-alimente,
03:14c'est-à-dire qu'elle génère une activité de saisie, elle génère des fonds saisis, c'est aussi
03:19bien de l'argent en espèces, des saisies de comptes bancaires, des saisies d'immeubles, de véhicules,
03:24d'objets de valeur. Tout cela vient garnir le budget de l'État et permet effectivement une
03:27redistribution vers notamment les services enquêteurs et les juridictions. L'an dernier,
03:3153,5 tonnes de cocaïne ont été saisies par les autorités sur tout le territoire. La cocaïne
03:38s'étend de plus en plus. Est-ce qu'il y a un problème particulier avec la cocaïne
03:42sur votre juridiction ? Le problème de la cocaïne, je pense, est global et d'abord
03:46parti d'ailleurs des territoires d'outre-mer où la cocaïne s'est tristement banalisée.
03:50Et avec la cocaïne, les dérivés également de tout un tas de produits qui font encore plus
03:55de ravages, comme je pense notamment au crack, puisque malheureusement ces dernières semaines,
03:58on a vu apparaître ce qu'on ne connaissait pas auparavant, c'est-à-dire des deals qui
04:02comportaient effectivement des quantités importantes de crack. Des drogues encore plus
04:05dures. Exactement, ou des drogues qui sont recoupées avec des produits d'autant plus
04:10dangereux. La cocaïne elle-même s'est manifestée, s'est densifiée sur l'ensemble du territoire
04:17parce que le prix d'achat a considérablement diminué. Donc plus le prix d'achat diminue,
04:22plus le nombre de consommateurs augmente et plus la production évidemment, puisque vous avez
04:27une demande de plus en plus importante, donc forcément l'offre va suivre et tout cela est
04:31très lucratif donc évidemment c'est un puissant fond et donc on a effectivement de plus en plus
04:36de saisies importantes de cocaïne. Alors aujourd'hui qu'est-ce que vous attendez de ce
04:39texte de loi ? J'attends que nos responsables publics prennent la conscience que nous sommes
04:45à un point de bascule. La bascule elle se fait dans le sens où désormais nous sommes l'équivalent
04:52d'un régiment d'infanterie qui fait face à de l'artillerie lourde. Les trafiquants ont des
04:57moyens sans commune mesure avec les moyens que nos services enquêteurs, les juridictions sont
05:02dotés. Il faut avoir à la fois le courage de dire on a besoin de plus de moyens matériels et de
05:07moyens juridiques et faire en sorte de simplifier à la fois l'arsenal législatif, faire en sorte
05:12que la procédure pénale soit plus simple. Aujourd'hui dès l'instant que vous avez une
05:16procédure importante en matière de narcotrafic, quelle va être la technique des trafiquants ? C'est
05:21de non pas se défendre sur le fond mais c'est de faire en sorte d'attaquer la procédure. Et vous
05:25avez des armées d'avocats qui sont engagés justement pour pilonner procéduralement l'enquête
05:30afin de trouver la petite faille. Et effectivement notre droit pénal est ainsi fait aujourd'hui qu'il
05:34y a tout un tas de petites failles qui sont exploissables. Il faut faire en sorte de réduire
05:38ces failles. Mais quid du PNACO par exemple ? Le parquet national anticriminalité organisé qui est
05:43voulu notamment par le ministre de la justice ? Le PNACO part de l'idée que le fonctionnement
05:48actuel avec des juridictions interrégionales spécialisées comme on le connaît notamment
05:52pour notre secteur sur Nancy, sur Paris, sont embolisées et ne sont plus en capacité de pouvoir
05:58gérer à la fois le haut du spectre et le spectre moyen. Et on se retrouve dans une situation à
06:01l'heure actuelle où sur Belfort ou sur Montbéliard on a des procédures qui justifieraient que la
06:06GIRS, la juridiction interrégionale spécialisée de Nancy, soit saisie et elle ne le prend pas
06:09parce qu'elle gère des enfers de plus grande importance. Ces affaires-là pourront être
06:13prises en compte par le PNACO afin justement de désengorger les GIRS et faire en sorte que
06:18le moyen spectre soit géré par les juridictions interrégionales locales.
06:21Très très rapidement, une auditrice nous appelle de Bavan ce matin. Fabienne, votre témoignage sur la drogue en trois mots.
06:27Oui, alors bonjour à tous. J'ai par misgarde obtenu un numéro de téléphone d'un dealer
06:36où il fait des promos. Donc ça, ça m'a absolument révoltée. Ensuite, comment vous dire ça...
06:45Le cannabis est un problème chez les jeunes. On a changé d'établissement, notre fille à l'époque,
06:50je parle de ça il y a dix ans, et on l'a mis en privé. Le cannabis était aussi en privé.
06:55L'assistante sociale que j'ai rencontrée m'a tenu le discours suivant. Madame, le cannabis n'est
06:59pas notre priorité. Tout le monde fume du cannabis. Alors je me suis insurgée. Je lui ai dit non,
07:04je ne peux pas vous laisser dire ça. Je ne fume pas de cannabis, mon mari ne fume pas de cannabis,
07:08donc je ne comprends pas votre discours. Merci Fabienne pour votre témoignage. La réponse aussi
07:12en deux trois mots du procureur de la République de Montbéliard. Cette dame décrit ce qu'on connaît
07:16tristement, c'est-à-dire le déploiement de techniques, le fameux Uversheet. Elle vient
07:21nous expliquer qu'à partir d'un simple numéro de téléphone, vous avez même des cartes de fidélité
07:25qui sont produites. C'est véritablement un business, un marketing complet. Quand je vous parlais de
07:29moyens sans commune mesure avec les moyens dont on dispose pour lutter, c'est véritablement ça.
07:33C'est en ce sens que c'est de plus en plus difficile de lutter avec des moyens traditionnels,
07:37d'où l'intérêt aussi de pouvoir faire en sorte de nous permettre d'accéder aux messageries
07:41cryptées qui sont un gros frein à l'heure actuelle. Il va sans dire aujourd'hui que lorsqu'on dirigeant
07:45des écouts téléphoniques classiques, ça ne sert plus à rien. Il passe par Telegram, par Signane,
07:49par WhatsApp pour ne citer que ces messageries-là. Donc il faut nous permettre de pouvoir accéder
07:53sans difficulté à ces messageries-là pour pouvoir justement attaquer les trafiquants
07:57qui utilisent ces moyens-là.