François Bayrou, qui avait promis que les discussions sur la réforme des retraites n'auraient pas de "tabou", a fermé la porte à un retour à l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans.
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00:00Autre dossier chaud du moment, évidemment, le conclame.
00:03Le Premier ministre a confirmé hier à l'Assemblée nationale
00:06ce qu'il avait dit dimanche dernier.
00:08Autrement dit, son opposition au retour à la retraite à 62 ans,
00:12c'était devant les députés hier après-midi.
00:15J'ai considéré, est-ce que c'était possible
00:19de supprimer la réforme et de revenir aux 62 ans ?
00:23Je prétends que ça n'est pas possible.
00:25Je dis comme citoyen, comme observateur,
00:28que ça n'est pas possible.
00:29Et je ne crois pas que qui que ce soit
00:32qui travaille sur ce sujet puisse prétendre
00:34qu'on peut en revenir à la retraite à 62 ans.
00:37Je dis comme citoyen, il est Premier ministre.
00:39Évidemment.
00:40C'est pas une boulette.
00:41Vous vous souvenez de Thierry Pastore ?
00:43Un jour, c'est oui, un jour, c'est non.
00:45Un jour, c'est d'accord, un jour, c'est non.
00:47Pas question, mais ainsi navigue François Bayrou,
00:51le seul Premier ministre que la France ait connu
00:53capable d'être en cacophonie avec lui-même.
00:55Moins d'un mois après l'installation du conclave
00:57qu'il avait créé de toutes pièces
00:59pour discuter de tout, sans totem ni tabou,
01:02cette sortie sur la retraite est un condensé
01:03de la façon dont il fait de la politique,
01:06et en l'occurrence de la vieille politique,
01:08pour ne pas dire de la mauvaise politique.
01:10C'est-à-dire une politique où on ne croit pas
01:12un mot de ce qu'on raconte, où on fait semblant,
01:13où on change d'avis au gré du vent,
01:15où on prend les gens pour des imbéciles,
01:17où tous les moyens sont bons pour garantir sa survie,
01:20où l'on finit par ne rien faire et voire ne rien défaire.
01:23On le voit aujourd'hui sur les retraites,
01:24on le verra peut-être demain sur l'Algérie
01:25ou sur la fin de vie,
01:26car comme le chantait aussi Thierry Pastore,
01:28c'est pas fini, t'as rien compris, coup de folie.
01:32– Le conclave, lui, en revanche, il est bien fini.
01:35– Oui, parce que certains ont préféré claquer la porte,
01:38il y a en tout cas beaucoup de plomb dans l'aile,
01:39parce que certains, je le disais,
01:41ont déjà préféré claquer la porte
01:42plutôt que de se prêter à cette mascarade,
01:44côté syndical, vous vous souvenez que France Ouvrière
01:47l'avait fait dès la première séance,
01:49la CGT décidera ce soir, mais elle prend le chemin du départ,
01:52côté patronale, l'UDEP qui regroupe les petits patrons,
01:56à elle aussi, jeter l'éponge, alors pour des raisons différentes,
01:58son président est opposé aux 62 ans,
02:00mais il dit, on est dans un piège, le Medef se tâte,
02:03et la poursuite des négociations dépend désormais
02:05de ceux qui restent, comme la CPME côté entreprise
02:08ou la CFDT côté salarié, qui prouve une nouvelle fois
02:11qu'elle sait être responsable pour deux
02:13quand le politique fait défaut.
02:14Marie-Elise Léon le dira peut-être tout à l'heure
02:16à Pauline de Malherbe, son syndicat estime
02:19que le plus important, c'est quand même d'améliorer la réforme,
02:21notamment pour les femmes et les carrières pénibles.
02:23Mais je vais vous dire, au-delà de ce conclave,
02:24c'est surtout un très mauvais coup que François Bayrou
02:26a porté à la démocratie sociale.
02:28La démocratie sociale, c'est celle qui existe
02:29en dehors du champ politique, mais qui représente,
02:32parce que les gens sont élus, des centaines de milliers
02:34d'entreprises et des millions de salariés,
02:37après avoir été cornérisés, méprisés depuis l'élection
02:39d'Emmanuel Macron.
02:40Voilà les partenaires sociaux aujourd'hui instrumentalisés
02:43pour des raisons de petite politique.
02:45Ces gens-là, ils n'étaient pas tous demandeurs
02:46de cette réunion, mais ils ont joué le jeu,
02:48ils étaient prêts à montrer que le dialogue
02:50et la négociation n'étaient pas forcément impossibles
02:52en France, qu'on pouvait réformer sur la base de compromis
02:55et pas seulement d'ou-cas.
02:57Bref, de permettre au pays de continuer d'avancer,
03:00malgré tout, alors que le système politique
03:01n'a jamais paru aussi bloqué.
03:03Eh bien, François Bayrou avait la possibilité
03:04de faire un pas en avant.
03:06Il enclenche aujourd'hui la marche arrière
03:08et ajoute à la crise de défiance et de discrédit.
03:12Et Thierry Pastor est là.
03:13C'est pas fini, coup de foule.
03:16T'as rien compris.
03:17Que p'tit, Mathieu !