François Bayrou a écarté ce dimanche 17 mars un retour d'un départ à la retraite à 62 ans, réclamé par les partenaires sociaux au cours du conclave sur le sujet. Mais combien coûterait réellement un âge de départ à la retraite à 62 ans.
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00:00Avec Nicolas, ce matin, nous continuons de parler de cette fin de non-recevoir de François Bayrou, qui écarte désormais l'hypothèse d'un avancement de l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans.
00:09Est-ce qu'économiquement, il a raison de dire « ne revenons pas à 62 ans » ?
00:13Totalement. C'est indiscutable. Ça ne devrait pas être un sujet politique. C'est un sujet totalement arithmétique avec des paramètres bien incontournables qui n'ont rien de gauche ou de droite.
00:23Combien vont cotiser les gens qui travaillent ? Combien de temps vont travailler les actifs ? Et puis combien va recevoir le retraité tous les mois ? C'est ça, l'équation des retraites. Rien de plus.
00:34Donc tout est dans la mission flash de la Cour des comptes qui a été publiée tout récemment.
00:38Ça coûte 390 milliards d'euros par an, les retraites en France. Les cotisations payées par les actifs ne couvrent que les deux tiers de ce montant. Donc on soit pour ou contre la réforme.
00:48Ensuite, la dernière réforme qui nous amène progressivement à 64 ans épargne tout de même 40% des gens avec toutes les dérogations qui avaient été mises en place, 40% des gens qui partiront avant 64 ans.
01:01Enfin, la mission flash a chiffré. Ce qui se passe si on va de 64 à 63 ? Ça coûte 13 milliards. Paf ! D'un coup. Entre les dépenses supplémentaires et les recettes en moins, c'est 13 milliards.
01:12La Cour des comptes a fait le même exercice si on est à 64 et qu'on va à 65. Ça ne coûte pas 13 milliards, ça rapporte 15 milliards avec des dépenses en moins, des recettes en plus. Voilà la photographie.
01:23Évidemment, les syndicats sont au vent debout. On a entendu des mots comme scandaleux, trahison. Est-ce qu'ils ont raison ? Après tout, ils sont dans leur rôle.
01:31Autant je dis que les 63-62 ans, c'est juste impossible économiquement, c'est un déni de la réalité. Autant la manière dont on la leur fait à l'envers, je comprends qu'effectivement, il est un peu mauvaise.
01:44Allez-y, il n'y aura pas de totem, pas de tabou. On vous confie quand même le sujet le plus structurel de la nation. 17 millions de retraités, 390 milliards d'euros de dépenses tous les ans, une soutenabilité financière qui n'est plus assurée.
01:59Et puis là, il y a un météo qui change, il y a le bruit des milliards pour la défense. Globalement, ces gens qu'on a réunis en leur demandant un peu l'impossible en l'espace de trois mois, on leur dit « dégage, on n'a plus besoin de toi, ton truc, c'est dérisoire ».
02:11Qu'il l'ait mauvaise, objectivement, je le comprends. Qu'il faille revenir en arrière sur l'âge de la retraite, je pense qu'économiquement, c'est indonnable.
02:19Le conclave est mort, Nicolas ?
02:20Je pense qu'il est mort, ça sent quand même un peu le sapin. Alors, Éric Lombard a voulu apaiser la situation sur BFMTV hier, c'est aux partenaires sociaux d'en décider.
02:29Ok, on aura peut-être deux, trois bricoles sur les critères de pénibilité, peut-être des avancées sur les carrières des femmes, mais il ne va pas se passer grand-chose.
02:37Et politiquement, Sébastien Chenu sur BFMTV, il a, sans vraiment le dire, laissé entendre que ça pouvait assombrir l'avenir de M. Bayrou à Matignon, sous-entendu.
02:46Tiens, une petite censure RN à ce sujet. Et puis, je vous rappelle que ce conclave, ça faisait partie d'un des éléments constitutifs de l'accord de non-censure que M. Bayrou avait obtenu auprès des socialistes.
02:55Donc, si le conclave est mort, derrière, il peut y avoir des conséquences politiques.
02:59Merci, Nicolas.