Le Premier ministre François Bayrou était l'invité de "Questions politiques" le 16 mars 2025.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00on va avoir des exigences, qui vont être des exigences de contribution, de travail,
00:05et bien il faut qu'on en discute.
00:07Il y a beaucoup de gens qui veulent surtout qu'on revienne aux 62 ans, ça va être possible, ça, ou pas, dans le contexte dans lequel on est ?
00:10Non.
00:11Vous le dites clairement, 62 ans, ce n'est pas possible.
00:14La conférence sociale, elle sait très bien, les représentants qui y participent,
00:20savent très bien quel est le rapport numérique, et j'ai fait établir, par la Cour des comptes,
00:26un bilan objectif financier.
00:29Qu'est-ce qu'il dit ce bilan ?
00:30Il dit deux choses simples, nous sommes d'ores et déjà en déficit sur les retraites du privé,
00:35en dépit de la participation de l'État, qui se monte, j'avais dit dans un rapport du plan, à 30 milliards,
00:43pour les retraites du public en particulier, ou pour la contribution qui passe par les retraites du public,
00:50et c'est probablement 42 milliards, dit la Cour des comptes.
00:54Ceci, c'est la charge publique, et nous devons à tout prix avoir deux discussions,
01:00une sur le privé, avec l'exigence de revenir à l'équilibre en 2030,
01:05ce qui a été constamment pour moi le contrat avec les organisations professionnelles et syndicales,
01:12et deuxièmement, à se demander quelle méthode nous pouvons trouver pour ce qui est des retraites du public,
01:18pour qu'on ait à terme un retour à un meilleur équilibre des finances publiques.
01:24Voilà exactement la question.
01:25Une position intermédiaire, 63 ans, c'est possible ou pas ?
01:28Non, mais je ne crois pas que la question paramétrique, comme on dit,
01:34c'est-à-dire la question de dire voilà l'âge pour tout le monde, je ne crois pas que ce soit la seule piste.
01:40Peut-être qu'on en reviendra là, parce que vous vous souvenez que nous avons dit tous ensemble,
01:45que si ça échouait, c'est la loi actuelle qui s'appliquerait,
01:49dont la Cour des comptes a dit qu'elles étaient les limites et les difficultés.
01:54Dernière question, ensuite on change de chapitre.
01:57Je fais confiance à ceux qui ont accepté de s'asseoir autour de la table de confiance.
02:01On voit quand même que beaucoup de syndicats sont très réctifs à essayer de se mettre dans le jeu,
02:06de réduire encore les déficits.
02:08Par ailleurs, il y a un sondage qui est paru dans le Parisien aujourd'hui,
02:12qui montre qu'au fond les Français ne sont pas tellement prêts à travailler plus,
02:16et que supprimer un ou deux jours de congé, comme ça peut être aussi la question, non non plus.
02:22Comment peut maturer l'opinion ?
02:25C'est-à-dire est-ce qu'à un moment il ne faut pas brusquer un peu ?
02:27Regardez l'Allemagne, d'un coup se met en ordre de bataille
02:31pour faire un fonds d'investissement de 500 milliards d'euros.
02:34Est-ce que nous on n'a pas intérêt aussi parfois à brusquer un peu les choses ?
02:39Si vous appelez faire un fonds d'investissement de 500 milliards brusquer les choses,
02:44vous pouvez poser la question dans tous les sondages,
02:49les Français vont dire bravo, faisons un fonds d'investissement de l'État.
02:57Pourquoi est-ce que l'Allemagne peut faire ça ?
02:59Parce qu'ils ont gardé l'équilibre des finances publiques.
03:02Que nous avons abandonné, que nous n'avons pas maintenu,
03:07alors qu'il aurait fallu les maintenir.
03:09Et il n'y a pas beaucoup de responsables dans la vie politique française
03:12qui ont défendu cette question du déficit et de la dette.
03:15Et si vous comptez sur les doigts, il ne vous faudra pas plus des doigts d'une seule main,
03:20et probablement pas plus d'un doigt d'une seule main.
03:22Est-ce qu'à un moment il ne faut pas brusquer un peu l'opinion en disant
03:25on est face à l'Himalaya et le mur de la dette, il faut y aller ?
03:28C'est l'expression exactement que j'ai utilisée le jour où j'ai été nommé à Matignon.
03:33Nous sommes face à cet Himalaya.
03:36Cet Himalaya, ce n'est pas seulement la dette,
03:39c'est avoir une dette de ce montant, des déficits de ce montant,
03:44je dis les plus graves de tous les pays européens pour la dette,
03:48et de tous les pays du monde presque pour la dette,
03:51et cependant des services publics qui ne marchent pas.
03:55J'ai été interpellé sur votre antenne, Nathalie Saint-Cricq,
04:01sur votre antenne le soir de ma nomination.
04:04C'était d'ailleurs fascinant parce qu'on était presque dans l'obscurité
04:07parce qu'il y avait des grèves assez importantes,
04:10ou en tout cas des difficultés à l'intérieur,
04:13et vous avez fait parler dans cette émission Sophie Binet,
04:18la secrétaire générale de la CGT.
04:21Et elle a dit, M. le Premier ministre, vous ne vous rendez pas compte,
04:24il n'y a rien qui marche en France.
04:26L'éducation ça ne marche pas, la santé ça ne marche pas,
04:28les services publics ça ne marche pas, et elle a déroulé ainsi une longue liste.
04:31Et j'ai répondu, vous avez probablement raison,
04:34vous traduisez ce que les Français pensent,
04:37alors que nous sommes le pays du monde qui dépense le plus d'argent public,
04:41et qui prélève le plus d'impôts et de taxes pour financer ses dépenses,
04:46et par le déficit, nous le projetons sur les années qui viennent.
04:50C'est donc qu'il y a un problème d'organisation.
04:53Alors qu'est-ce qu'on fait ?
04:55J'ai convoqué tous les ministres et tous les directeurs d'administration centrale,
05:00il y a trois semaines, en leur disant,
05:03vous allez me faire la liste précise de toutes les missions
05:07que votre administration remplit.
05:11Et on va se poser deux questions.
05:13Est-ce que les résultats sont à la hauteur ?
05:17Premièrement.
05:19Et deuxièmement, est-ce que c'est bien à l'état de faire ce que vous faites ?
05:22Et j'ai reçu la semaine dernière la totalité de ces questions,
05:29de ces missions.
05:31Je vais les partager avec les commissions parlementaires,
05:34dont c'est le boulot.
05:36Et si les Français sont intéressés, je vais les mettre en ligne.
05:39Ça va suffire ?
05:41Ça va suffire les économies dans chaque ministère ?
05:45Vous savez, nous avons un déficit.
05:48Chaque fois qu'on dépense 100 en France d'argent public,
05:53le déficit est de 20.
05:5720% de nos dépenses publiques sont en déficit,
06:01et il y a encore des gens qui pensent que ça ne suffit pas.
06:04Et qu'est-ce que c'est le déficit ?
06:06C'est qu'on fait payer par les enfants qui vont venir
06:10les dépenses que nous faisons aujourd'hui.
06:12Est-ce que c'est acceptable ?
06:14À mes yeux, non.
06:16Est-ce que c'est une remise en cause fondamentale ?
06:18Oui, il faut changer les esprits.
06:20Parce que vous avez expliqué très largement à l'instant,
06:23Françoise Fressoz, que tous les sondages disent
06:27est-ce que les Français sont prêts à faire des efforts ?
06:30La réponse est invariablement non.
06:32À quel moment ça va s'inverser ?
06:36Donc le travail de conviction civique que nous faisons,
06:39que j'essaie de faire à votre micro,
06:41ce travail de conviction civique de convaincre les Français,
06:45et un jour peut-être de les associer à la décision.
06:48Par un référendum ?
06:50Par exemple.
06:52Alors attendez, à quel moment, référendum ?
06:55Parce que la conviction c'est bien,
06:57mais vous vous donnez combien de temps pour y arriver,
06:59et le référendum ça serait sur quoi ?
07:01Il y a un très grand homme politique que j'ai beaucoup aimé,
07:05un très grand intellectuel,
07:07des philosophes et hommes de théâtre,
07:09qui était le président de la Tchécoslovaquie d'abord,
07:11et de la République tchèque ensuite,
07:13qui s'appelait Václav Havel.
07:17Et Václav Havel, il avait une phrase
07:19pour répondre à votre question,
07:21en parlant des impatients,
07:24en politique ou en journalisme.
07:26Et il disait,
07:28ils sont comme ces enfants,
07:30qui pour faire pousser les arbres plus vite,
07:32leur tirent sur les feuilles.
07:34Vous dites, quand ? Quand est-ce que ça va se faire ?
07:36Françoise Fressoz,
07:38si ça s'était fait avant moi,
07:40je ne serais pas là.
07:42Nous sommes les héritiers
07:46de 30 années d'action publique,
07:49dans laquelle aucune de ces questions
07:51n'est apparue,
07:53aucun de ces problèmes
07:55n'a été résolu.
07:57Il y a beaucoup de gens qui avaient des avis,
07:59qui ont essayé de les mettre en œuvre,
08:01qui n'y sont pas arrivés.
08:03Je suis ma méthode.
08:05Et ma méthode, quelle est-elle ?
08:07Elle est de poser les vrais problèmes fondamentaux,
08:09de les poser avec les Français eux-mêmes.
08:11Moi, je ne...
08:13Pour moi,
08:15les petits comptent autant que les grands.
08:18Les provinciaux
08:20comptent autant
08:22que le cercle du pouvoir
08:24intra-parisien
08:26et encore
08:28quelques hectomètres seulement
08:30où se concentrent
08:32tous les pouvoirs.
08:34Moi, je pense à ceux,
08:36je connais, j'en viens,
08:38à ceux qui sont loin,
08:40à ceux qui n'ont pas d'argent,
08:42à ceux qui n'ont pas de relation.
08:44Et c'est ceux-là qui sont les vrais décideurs.
08:46Je m'adresse et je prends le temps nécessaire.
08:48Il n'y a que 90 jours,
08:50vous avez dit 100 jours,
08:52il n'y a que 90 jours que nous sommes là.
08:54C'est déjà pas mal
08:56d'en être à ce point
08:58au moment où le monde bascule,
09:00en effet.