• il y a 19 heures
Vladimir Fédorovski, ancien diplomate Russe, auteur du livre "Staline et Poutine, dialogues d’outre-tombe", était l'invité du Face à Face sur BFMTV et RMC ce mercredi 12 mars 2025.

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Transcription
00:00Il est 8h32 sur RMC et BFM TV, et cette question ce matin, que va faire la Russie ?
00:06Bonjour Vladimir Fedorovski, merci d'être dans ce studio ce matin pour répondre à mes questions.
00:10Quel plaisir, quel plaisir d'être à côté de vous.
00:13Merci, vous êtes ancien diplomate russe, Russie, vous êtes auteur russo-ukrainien d'ailleurs.
00:18L'Ukraine a accepté...
00:20Le plus édité en Europe, et j'ai sorti beaucoup de livres,
00:26et notamment « Dialogue entre Staline et Poutine » qui marche de tonnerre,
00:31mais je vais vous faire un cadeau.
00:33Je vais sortir le mois prochain, et je n'ai pas annoncé ça,
00:37le livre explosif qui est « Poutine, Trump, Poutine et Yvan le Terrible ».
00:44La psychologie de Poutine, les faces cachées de ça,
00:48et les références historiques.
00:51De Vladimir Poutine, c'est exactement ce dont on a besoin ce matin,
00:55je dois vous le dire Vladimir Fedorovski,
00:57puisque hier, cette déclaration commune des Américains et des Ukrainiens,
01:01l'Ukraine a accepté une proposition américaine pour un cessez-le-feu immédiat de 30 jours,
01:07et de prendre des mesures pour rétablir une paix durable après l'invasion russe.
01:12La balle est dans le camp russe, voilà ce que disent les Américains et les Ukrainiens.
01:17Est-ce que Vladimir Poutine peut accepter les termes de ce cessez-le-feu ?
01:23C'est très difficile à dire, la question que Poutine va parler,
01:28d'après mes informations, ce soir ou demain matin,
01:32avec Trump, demain matin, sur les heures américaines,
01:37avec Trump, la clé est tout d'abord militaire.
01:41On ne sait pas ce qui se passe, on n'en dit pas ici assez,
01:46mais à Koursk, la situation est dramatique.
01:50Là-bas, dans la région de Koursk, je pense qu'aujourd'hui,
01:54une ville, dernière ville que les Ukrainiens ont pris,
01:58elle est en train d'être prise par les Russes,
02:01ça change la donne sur le plan militaire,
02:04et il y a une pression de la part de militaire de continuer.
02:07Ça veut dire que dans les toutes prochaines heures, sur le terrain,
02:12et on le voit bien, les combats continuent,
02:14à la fois les drones ukrainiens qui ont été envoyés sur Moscou,
02:19et effectivement, Koursk, je rappelle à ceux qui nous écoutent ou qui nous regardent,
02:23Koursk, c'est la plus grande avancée ukrainienne en territoire russe,
02:27et elle est en passe d'être perdue pour les Ukrainiens,
02:29les Russes qui sont en train de reprendre peut-être le contrôle de Koursk,
02:32voire même d'encercler les soldats ukrainiens sur le terrain.
02:36C'est ça ? C'est déjà plié ?
02:39C'est plié, c'est sûr.
02:42Vous savez, je vais vous dire, je dis souvent, vous ne mentez pas,
02:46mais vos collègues, parfois, ils prennent leur désir pour les réalités,
02:50et je leur dis, faites attention, parce que tout est vu dans l'espace.
02:54Et aujourd'hui, vous savez, je regardais ce qui se passe dans l'espace,
02:58aujourd'hui, ce matin, avant de venir.
03:01On connaît qu'il y a des choses pittoresques,
03:03qu'ils sont entrés dans un pipeline,
03:05mais ça, c'est le côté pittoresque, l'affaire est pliée.
03:08Mais même d'une manière plus générale, la situation là-bas est dramatique.
03:12Ce n'est pas la première fois que les Ukrainiens,
03:15quand il y a des situations dramatiques, ils n'acceptent pas.
03:18Mais il ne faut pas sous-estimer ce qui s'est passé.
03:20Ça veut dire que, Vladimir Fodorovsky, vous nous dites ce matin qu'au fond,
03:24vu d'Europe, on a tendance à maximiser les avancées ukrainiennes
03:28et à minimiser les victoires russes ?
03:31Non, vous savez, je vais vous dire, il y a le narratif,
03:34le narratif qui était donné pendant longtemps,
03:38pendant les néoconservateurs américains, vous les avez repris.
03:41Mais je vous signale, pas vous, je vous félicite d'ailleurs,
03:46mais franchement, il y a certains de vos collègues qui,
03:49humainement, racontent les choses.
03:52Et moi, je suis parfois trop poli.
03:55Je me reproche, j'ai dit, j'aurais dû leur faire,
03:58quand ils ont raconté sur beaucoup de choses, sur l'économie, etc.
04:04Il ne faut pas prendre ses désirs pour la réalité,
04:07disait l'homme le plus populaire en Russie parmi les Français, c'est Napoléon.
04:12Ne pas prendre, quand il analysait son échec en Russie,
04:15il a dit, j'ai fait une erreur de prendre mes désirs pour la réalité
04:19et de vendre la peau de l'ours avant de le tuer.
04:23Ce qui s'est passé.
04:24Vladimir Fodorovsky, aujourd'hui, vous le dites,
04:27il y aura une conversation entre Donald Trump et Vladimir Poutine,
04:31dans un moment où les militaires poussent Vladimir Poutine
04:36à continuer la guerre.
04:37Évidemment, évidemment, il y a une très grande poussée.
04:39Et je vous signale qu'en même temps, il y a quand même,
04:43en Poutine, un peu de Macron.
04:45Il est en même temps.
04:47Il dit, c'est une occasion, quand même.
04:50Les Américains, il y a toute une filière des Américains
04:54qui ont dit, c'est pas seulement Trump, mais c'est le vice-président,
04:58c'est maintenant tout l'équipe de Trump,
05:01il dit que la guerre ne devait jamais commencer
05:05et le choix est simple.
05:07Et ça, je suis désolé de vous dire, je suis d'accord avec eux,
05:10le choix est simple, soit on continue, on livre les armes, etc.,
05:14soit on trouve le modus vivendi avec les Russes
05:18et évite la guerre mondiale.
05:20Et je pense que Poutine, il va parler non seulement avec Trump,
05:25mais dès que l'affaire sera vraiment annoncée officiellement,
05:29il va s'adresser à la nation en disant, voilà,
05:33les Ukrainiens, ils ont essayé de prendre Koursk,
05:35ils ont essayé de prendre le nucléaire, etc.
05:39Maintenant, l'affaire est pliée et je m'adresse à vous,
05:43et peut-être il va faire des gestes en faveur des Américains.
05:47J'en sais pas jusqu'à quel point il peut résister à cette pression
05:52qui vient, c'est très intéressant.
05:54Mais qui résiste à qui ?
05:55C'est-à-dire que Vladimir Fedorovski, on a eu l'impression ces derniers jours
05:58que c'était plutôt Donald Trump, avec ce volte-face, effectivement,
06:01hier soir, mais Donald Trump, en supprimant l'aide américaine,
06:05en la mettant sur pause, l'aide américaine aux Ukrainiens,
06:08en les privant du renseignement américain,
06:12qu'il a immédiatement rétabli dès hier soir, après l'accord.
06:17Le chaud et le froid.
06:18En faisant cela, il a effectivement soufflé le chaud et le froid.
06:20Vous êtes diplomate, vous avez longtemps travaillé,
06:23y compris avec des hommes comme Gorbatchev,
06:25ou en France, des présidents français.
06:27Vous savez comment ça fonctionne.
06:29Mais au fond, le sentiment que ça donnait pour les commentateurs français,
06:33et y compris pour les politiques européens,
06:35c'était que Donald Trump avait donné à Vladimir Poutine tout ce qu'il voulait.
06:40Si je vous écoute, vous qui regardez aussi les informations côté russe,
06:45vous dites, ça n'est pas aussi simple que ça.
06:48La Russie, également, va faire des concessions aux Américains.
06:50Et aux Ukrainiens ?
06:51Evidemment, pas du tout.
06:52Pas du tout.
06:53Et aux Ukrainiens, vous savez, j'ai mené beaucoup de négociations.
06:57Je fais une reproche maintenant aux gens d'aujourd'hui.
07:00Ils font beaucoup votre métier.
07:02Ils font beaucoup de la télé à la place de la diplomatie.
07:07La diplomatie à travers les médias, etc.
07:10J'ai travaillé beaucoup avec les choses discrètes.
07:13Parfois les négociations secrètes.
07:15Et je souhaite tellement qu'aujourd'hui, on renoue avec ça.
07:19Les négociations, vous savez, j'ai bien connu Kissinger.
07:23On a travaillé avec lui.
07:25La diplomatie, la diplomatie.
07:28On renoue avec ça.
07:30Les concessions seront données.
07:32Mais ça ne sera pas facile.
07:34Parce que la pression, je vous dis, de la part de l'armée,
07:38est bien là, qui dit que le vent est en poupe,
07:43que la situation est en train de changer.
07:45Je vous ai parlé de la situation là-bas, dans la région de Kursk.
07:48Mais j'aurais pu vous raconter avec les noms,
07:50je suis d'origine ukrainienne, avec les noms ukrainiens,
07:53comment ça se passe.
07:54Les choses comme ça.
07:55Le problème, c'est que tout le monde joue son destin.
07:58Trump, c'est le prix Nobel.
08:00Ce n'est peut-être pas tout de suite le destin.
08:02Mais s'il réussit, il aura son prix Nobel.
08:04C'est ce qu'il souhaite.
08:05Il joue ce destin-là.
08:06Ce destin-là.
08:08Il y a aussi les gens autour de lui qui disent
08:12qu'avec les Russes, il y a beaucoup de choses à faire.
08:16Et il y a, je tiens à vous signaler,
08:19que les vraies négociations sont menées par les gens très importants.
08:22L'un s'appelle Vitkov.
08:24C'est un ami de Trump qui a préparé tout ça.
08:29C'est les gens qui sont souvent d'origine de là-bas.
08:33Ils ont arrière-grand-père, etc. de la Russie
08:36et qui veulent renouer avec ça, qui sont très importants.
08:39Et du côté russe, c'est une nouvelle génération.
08:42Retenez son nom aussi.
08:44C'est un ami de la fille de Poutine.
08:48Pas ami sentimental, mais ami proche de ça.
08:53Il s'appelle Cyril Dmitrieff.
08:56Et eux, ils mènent des négociations très pointues
08:59pour renouer dans le domaine économique.
09:03Ça, c'est les choses qui existent.
09:05Ça, c'est les liens qui se réconcilient entre Amérique et Russie.
09:09C'est d'autant plus intéressant de vous entendre, Vladimir Fédorovski,
09:11que vous êtes l'un des artisans de la fin de la guerre froide.
09:13Vous travaillez à l'époque avec Gorbatchev.
09:17Vous vous décrivez vous-même, et notamment dans le livre Poutine de A à Z,
09:22comme faux soyeur de la guerre froide,
09:24mais aussi écrivain russe le plus édité de la langue française.
09:26Ça veut dire que vous avez ce regard des deux côtés
09:28et vous êtes aussi ukrainien par votre père.
09:30Vladimir Fédorovski, quand vous nous parlez de ces personnages,
09:34qui sont des personnages clés du moment que l'on joue l'Ukraine dans tout ça,
09:39est-ce qu'elle peut espérer...
09:41Au fond, on a l'impression, quand on vous écoute,
09:43que ça se joue effectivement désormais entre les Américains et les Russes.
09:47Quelles conséquences pour l'Ukraine et quel rôle pour l'Europe ?
09:50Je vais vous dire, pour l'Ukraine,
09:53je vais parler cette fois-ci avec mon côté ukrainien,
09:57parce que mon père était un très grand Ukrainien.
10:00Vous savez, c'est lui qui a libéré Auschwitz.
10:02C'est un grand héros de la guerre.
10:04Et je tiens à vous dire, pour l'Ukraine,
10:06j'étais toujours persuadé que maintenant il y a une chance pour l'Ukraine.
10:10Il faut que ça s'arrête le plus rapidement possible pour nous tous,
10:14mais surtout pour les enfants ukrainiens.
10:16Vraiment qu'on s'arrête, parce que les pertes sont énormes.
10:20Et je suis persuadé que si ça s'arrête,
10:23l'Ukraine indépendante et prospère peut être reconstruite très vite.
10:28Je suis partisan de l'entrée de l'Ukraine le plus rapidement possible dans l'Union européenne.
10:34Ça coûtera très cher, mais puisqu'on est dans le désir de changer la donne,
10:40peut-être qu'il faudra le faire.
10:42Et dans ce cas-là, c'est autour de ça qu'on peut trouver le compromis.
10:47Parce que Poutine, il accepte l'idée de l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne.
10:55En revanche, Trump l'a déjà annoncé hier dans les négociations.
10:59On s'était dit plusieurs fois que la perspective de l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN,
11:06c'est absolument irréaliste.
11:10L'Union européenne et l'OTAN, ça c'est déjà le compromis.
11:15En ce qui concerne l'Europe, l'Europe était dans le désarroi.
11:18Vous avez raison de souligner ça, parce que vous savez,
11:21les négociations sont même entre les Russes et les Américains,
11:24maintenant avec les Ukrainiens,
11:26et les Européennes sont un tout petit peu en retrait.
11:29Francophile que je suis, je voudrais vous reconforter quand même.
11:33Je vous donne l'information.
11:34Vous savez, les négociations ont été préparées par les Anglais
11:38et surtout par les Français du côté ukrainien.
11:40On m'a décrit que la lettre que Volodymyr Zelensky a envoyée à Trump,
11:49c'était d'inspiration directement française.
11:53Et je dois vous dire, le fait qu'on a renoué ce contact,
11:56le président Macron a dit, je tiens à travailler pour renouer ce contact
12:03après ce désastre, vous vous souvenez,
12:05de la scène complètement surréaliste.
12:08On a renoué.
12:11Alors la diplomatie française a déjà joué sur ce plan-là un certain rôle.
12:16Maintenant, la question s'oppose,
12:19de quelle manière la question qui intéresse les Ukrainiens le plus,
12:23c'est la question après d'assurer la sécurité,
12:28dans le contexte de sécurité.
12:31Mais il y a une...
12:32Vous avez eu la gentillesse de rappeler mes contacts avec le président Mitterrand
12:36et autant quand j'ai travaillé sous Gorbatchev.
12:39Vous savez, à l'époque, on a inventé quelque chose de très intéressant.
12:43On a inventé la notion des équilibres des intérêts.
12:46C'est-à-dire qu'on prenait chacun en compte
12:50et la notion de la sécurité équivalente pour tous.
12:53Ça peut donner quelque chose.
12:55Bref, maintenant, le choix est simple aussi sur le plan de négociation.
13:00On annonce la possibilité de cesser le feu, un peu à la coréenne.
13:06Moi, je n'y crois pas, franchement, autour de ça.
13:10Mais en revanche, je crois beaucoup,
13:13et ça, c'est le vice-président Vence qui pousse ça,
13:16et puis les gens autour de Trump, Maske, etc.
13:19Ils poussent la négociation autour de l'idée de neutralité de l'Ukraine
13:24dans le style d'accord de l'État de l'Autriche.
13:29Et ça, autrefois, ça a joué.
13:32Peut-être qu'on s'oriente vers ça.
13:34Ça veut dire quoi, ça ?
13:35Ça veut dire que quand vous dites que vous ne croyez pas à une situation à la coréenne,
13:39c'est-à-dire avec deux territoires gelés
13:42et une sorte de ligne de démarcation entre les deux,
13:45quand vous dites que ce serait plutôt l'Autriche,
13:47à quoi faites-vous référence ?
13:48Ça marche comment ?
13:49Ça marche pour que chacun puisse avoir des garanties de sécurité.
13:54Le mot garantie de sécurité n'est pas inscrit dans l'accord d'hier soir.
13:58Ce n'est pas inscrit, mais c'est dans la tête des Ukrainiens.
14:01Je vais vous dire, la grande concession qu'il a faite hier Zelensky,
14:05c'est justement autour de ces questions de sécurité,
14:08ils n'ont pas été posés comme préalables.
14:11Ce qui était le cas lorsqu'il est arrivé à la Maison Blanche.
14:14Est-ce que ça veut dire que ces garanties de sécurité ne seront pas là
14:18ou est-ce que ça veut dire qu'il espère les obtenir autrement ?
14:20Oui, vous savez, je vais vous dire.
14:22Les Russes acceptent.
14:23Il y avait un accord qui était autrefois saboté par les Anglais et par les Américains,
14:28les accords d'Istanbul, vous vous souvenez ?
14:30Juste après le commencement, quand vous m'avez si bien reçu autrefois,
14:34autour du début de la guerre.
14:37À l'époque, dans cet accord d'Istanbul, il y avait la notion des garanties de sécurité.
14:42Simplement, les notions de garanties de sécurité,
14:46ce n'était pas nécessairement l'envoi des troupes sur place.
14:52Parce qu'envoyer des troupes sur place, il y a, je tiens à vous dire,
14:55j'ai beaucoup travaillé sur les casques bleus aux Nations Unies.
14:58Quand j'étais aux Nations Unies, vous savez, il y a plusieurs solutions.
15:02Pour envoyer les casques bleus, il faut avoir l'avance du conseil de sécurité.
15:07Le conseil de sécurité, c'est les Chinois et les Russes.
15:09Ils vont voter contre.
15:10Deuxième chose, il y a pour avoir, pour envoyer...
15:14Ils ont un droit de veto, on le rappelle.
15:16Exactement.
15:17D'autre part, il y a pour avoir n'importe quel accord sur ça,
15:22sur les forces de maintien de la paix, il faut avoir l'accord de deux parties.
15:27Et on est loin de ça.
15:29Et si on envoie simplement les forces des Anglais,
15:34ils ne veulent plus aller et aller, mais enfin,
15:37imaginons que quelqu'un envoie les forces maintenant.
15:40Les Russes, ils ont déclaré avant-hier qu'ils vont considérer que c'est un acte de guerre.
15:44C'est-à-dire que c'est une escalade de plus.
15:46Dans le contexte où je suis certain, il faut parler plutôt de la paix
15:51et pas de la guerre.
15:53Il faut essayer de trouver l'issue.
15:55Je pense que le compromis, c'est autour de cette possibilité de reconstruire l'Ukraine,
16:01de faire de l'Ukraine un trait d'union au centre de l'Europe entre les Russies
16:07et comme membre de l'Union Européenne, d'une part.
16:11Et d'autre part, des garanties réciproques de sécurité qui étaient prévues par les accords.
16:17Et là-dessus, vous êtes plutôt confiant.
16:19Mais Vladimir Fédorovski, sur quelles frontières
16:22est-ce que l'Ukraine va devoir accepter de renoncer à une partie de son territoire ?
16:27C'est prémonitoire pour le dire.
16:30Le Trump a utilisé hier le mot qu'il faut que les Ukrainiens...
16:35Ils ont accepté d'être réalistes.
16:38Qu'est-ce que ça voulait dire ?
16:39Il voulait suggérer quelque chose comme ça, mais encore une fois...
16:42Vous avez décrypté derrière le mot réaliste.
16:44Réaliste. Vous savez, il a dit réaliste qu'ils sont pour la paix.
16:47Ils sont devenus réalistes.
16:49Il est prêt à les recevoir, etc.
16:51C'est la réalité politique.
16:52C'est Kissinger, etc.
16:54Mais vous savez, je vais vous dire, il ne faut pas brûler les étapes.
16:57J'ai mené des négociations.
16:59Les premières choses qu'on peut...
17:01Ce qui est sûr, c'est que Poutine va faire les gestes.
17:05Ils ont demandé des gestes militaires, les échanges de prisonniers.
17:08Première chose.
17:09Deuxième chose, renouer les contacts.
17:11De quelle manière ?
17:13La question que Poutine pose sur la nécessité de voir...
17:20Ce n'est pas son affaire, en réalité.
17:22Il dit qu'il veut avoir un interlocuteur juridiquement reconnu.
17:29C'est-à-dire qu'il prie les partisans de mener les négociations autour...
17:35Pas négociations, mais les élections en Ukraine.
17:38Les élections en Ukraine et la question de l'avenir de Volodymyr Zelensky ?
17:41Il ne devrait pas s'en mêler, Donald Trump non plus ?
17:44Ce n'est pas son affaire.
17:45Non, Trump est partisan de ça.
17:47Vous savez, Trump a sa manière de faire, etc.
17:50Mais simplement, vous comprenez, c'est une chose...
17:54Moi, j'étais hier...
17:56Vous avez peut-être lu, il y a un article complètement ahurissant
17:59du journal le plus pro-ukrainien en Occident.
18:03Dès les mails.
18:04Ils ont publié l'article en disant qu'il faut que ça change là-dedans,
18:08que l'élection soit organisée le plus rapidement possible.
18:12Donc, si eux-mêmes poussent pour des nouvelles élections,
18:16pour que ce soit un autre homme que Volodymyr Zelensky, potentiellement...
18:19Mais, Vladimir Zelensky, je voudrais vous poser une question
18:23sur le mot « menace existentielle ».
18:25C'est la phrase qui a été prononcée par Emmanuel Macron
18:28lors de sa dernière allocution.
18:29Il a dit que la Russie était désormais une menace existentielle,
18:32y compris pour la France.
18:34Est-ce que vous partagez ce constat
18:35ou est-ce que vous estimez que les mots sont trop forts ?
18:37Vous savez, vous me rajeunissez.
18:40Parce que quand j'ai commenté les propos du président,
18:45quand j'étais porte-parole de la Perestroïka,
18:48moi je suis partisan de trouver quand même les choses...
18:53Regarder ça d'une manière un peu plus pondérée.
18:56Et je vais vous dire sérieusement en parlant,
18:59dans le contexte actuel, c'est pas le mot « guerre » qui doit venir.
19:04C'est le mot « la paix » qui doit venir.
19:07Mais sur la menace existentielle.
19:09Est-ce que la Russie est une menace existentielle ?
19:12Je ne crois pas, non.
19:13Vous ne le croyez pas ?
19:14Pas du tout, pas du tout.
19:15Donc pour vous, c'est une expression excessive ?
19:18Non, ce n'est pas une expression excessive.
19:20Vous savez, vous vous souvenez au début,
19:23soutenu le président Macron,
19:24quand il a essayé de renouer négociations avec ça,
19:29que je tiens à vous dire, je pense qu'au contraire,
19:32il faut trouver l'équilibre des intérêts avec la Russie,
19:35que renouer les contacts avec la Russie.
19:37Et la meilleure chose pour garantir la sécurité de l'Ukraine,
19:42je vais vous dire, c'est d'assurer ce qui s'est passé
19:45entre Mitterrand et Gorbatchev,
19:47trouver vraiment l'Europe de paix, de sécurité,
19:52et des sécurités équivalentes pour tous,
19:54évidemment pour les Ukrainiens.
19:56Merci Vladimir Fedorovski d'être venu nous éclairer ce matin,
19:59ancien diplomate russe.
20:01Je rappelle les titres de vos livres,
20:03Poutine, itinéraire secret, Poutine de A à Z,
20:08et le prochain qui sort dans 15 jours,
20:10Poutine et l'Ukraine, les faces cachées.
20:12Merci à vous.
20:13Il est 8h52 et vous êtes bien sûr à l'AMC BFM TV.

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