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Aurélien Martini, vice-procureur tribunal judiciaire de Melun, communique sur les magistrats menacés en France : «Il faut des outils législatifs qui permettent de taper plus fort». 

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00:00des coups durs à la criminalité organisée et que la criminalité organisée en face,
00:04comme a pu le faire la mafia en Italie il y a quelques dizaines d'années,
00:07se dit comment répliquer et au fond,
00:09est-ce qu'on n'essaierait pas d'atteindre les magistrats qui conduisent ces enquêtes ?
00:13Et avec les magistrats, il y a aussi évidemment les enquêteurs spécialisés,
00:16policiers, gendarmes, douaniers qui travaillent sur ces matières.
00:18Donc oui, le risque, il est réel.
00:20Le ministre a donné des chiffres.
00:21Nous, on a des chiffres qui concordent à peu près.
00:24On est sur un ordre vidé de 20 magistrats protégés en France,
00:28mais il y a beaucoup de magistrats qui ne le sont pas,
00:30trop de moyens aussi du ministère de l'Intérieur.
00:32Donc c'est un vrai enjeu parce que si mes collègues qui sont en première ligne
00:38ne font plus leur travail, personne ne le fera ce travail-là.
00:41Donc il faut absolument qu'ils puissent le faire dans des conditions de sécurité optimales.
00:44Le problème, c'est qu'aujourd'hui, on a le sentiment qu'il y a des menaces partout.
00:47C'est ce que je disais, quand on regarde l'émission depuis le début,
00:50il y a des menaces sur le personnel pénitentiaire,
00:52il y a des menaces sur les policiers, il y a des menaces sur les magistrats.
00:55Le seul problème, parce qu'il faut être réaliste,
00:57c'est qu'on ne va jamais pouvoir protéger tout le monde.
00:59Donc comment on va s'en sortir ?
01:03Alors, comment on s'en sort ?
01:04D'abord, effectivement, vous avez raison, le problème, c'est là on traite la cause.
01:08Les conséquences, pardon, on ne traite pas la cause.
01:11La cause, c'est effectivement la puissance du crime organisé
01:13qui est en capacité de mobiliser des moyens, du matériel, des gens
01:18pour aller commettre des intimidations, des violences, voire des meurdres.
01:22Ça, c'est un fait acquis.
01:24Comment on fait ?
01:25On se dote d'outils pour lutter contre la criminalité organisée.
01:28À cet égard, je vous confesse que nous sommes assez déçus
01:30du résultat du projet de loi narcotrafic.
01:33Il était sorti du Sénat avec beaucoup d'ambition
01:35et cette ambition a été très largement revue à la baisse sur beaucoup d'aspects.
01:39Mais ce qu'il faut, c'est d'abord se doter d'outils juridiques nouveaux.
01:42Nous avons été les premiers à porter le fait que c'était un enjeu vital
01:46pour la démocratie que constitue le narcotrafic,
01:49disons, le haut du spectre de la criminalité organisée.
01:51Pour ça, il faut des outils nouveaux, des cours d'assises spécialisés,
01:55un statut de repentir revisité, une association de malfaiteurs italienne,
02:00repenser, une saisie des avoirs criminels beaucoup plus facilitée.
02:06Bref, des outils législatifs qui permettent de taper plus fort.
02:10Mais il faut aussi des moyens.
02:11Et pardon, on ne fera rien, et il faut dire la vérité,
02:14on ne fera rien quand on a quatre fois moins de procureurs en France
02:17que la moyenne européenne et deux fois moins de juges.
02:19On n'y arrivera pas dans cet état-là.
02:21On peut dire les choses comme on veut, on peut les eurober.
02:24Les collègues marseillais ont dit devant le Sénat,
02:26nous sommes en train de perdre la guerre.
02:27S'ils le disent alors qu'ils l'amènent tous les jours,
02:30c'est une réalité qu'il faut entendre.

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