• il y a 20 heures
Le sénateur Claude Malhuret était l'invité de France Inter mardi 11 mars, après son discours très remarqué ciblant l'administration Trump.

Retrouvez « L'invité de 7h50 » de Sonia Devillers sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:007h49, Sonia Devillers, vous recevez le sénateur Horizon de l'Allier.
00:05Bonjour Claude Maluray, les Américains ne savent pas du tout où se trouve l'Allier,
00:12mais votre discours du 4 mars au Sénat leur arrive en boomerang, les vues se chiffrent
00:16en dizaines de millions sur Youtube, sur TikTok, sur X, il est repris par CNN International,
00:22par Brut America, par le magazine The Atlantic, le Ouf Post, etc.
00:27Je vous cite Claude Maluray, Washington est devenu la cour de Néron, un empereur incendiaire,
00:32des courtisans soumis à un bouffon sous kétamine, chargé de l'épuration de la fonction publique.
00:39Comment vivez-vous ce quart d'heure war-holien comme on dit ?
00:42Écoutez, je vis comme tout le monde, comme beaucoup de monde ici et aux Etats-Unis, je
00:48suis tellement choqué par ce qu'il se passe depuis un mois et demi aux Etats-Unis, par
00:51les décisions de Trump, par la folie de Musk, y compris sur l'aide humanitaire, tout est
00:58sabré.
00:59C'est une très mauvaise chose d'ailleurs pour les Etats-Unis autant que pour nous,
01:03et puis bien entendu ce qui s'est passé dans le bureau Oval, les retournements d'Alliance,
01:07la trahison, je pense qu'on ne peut pas utiliser un autre mot, donc je suis content que ce
01:13discours ait eu une audience et s'il peut ouvrir les yeux à un certain nombre d'Américains.
01:18D'ailleurs je crois que beaucoup n'ont pas besoin de ce discours pour ouvrir les yeux,
01:22je sens que le sentiment aux Etats-Unis sur le début de l'ère Trump est en train de changer.
01:28De vaciller, de se retourner, comment vous est venue la figure de Néron ?
01:32Écoutez, je ne sais pas, je ne sais pas, Trump me paraît à la fois ridicule, grotesque,
01:42il demande des décisions qui vont dans le sens totalement contraire à son pays, par
01:49conséquent, c'est mon inconscient qui a travaillé, mais ça me paraît plutôt adapté.
01:53Le New Yorker fait cette analyse.
01:55Pourquoi l'opposition américaine à Trump n'a-t-elle pas pu s'exprimer avec autant de
02:00force et de clarté que ce sénateur français ? Les mots, c'est le début de la résistance,
02:06le silence, c'est la défaite.
02:08Oui, moi je pense que le New Yorker a raison, et pourquoi je le pense ? Parce qu'évidemment,
02:17à la suite du discours, j'ai reçu énormément de messages d'Américains, c'est évidemment
02:21la première fois que j'en reçois, et si je fais l'analyse de ces messages, une bonne
02:27partie dit les Républicains, beaucoup de Républicains sont d'accord que ça ne va pas du tout, mais
02:35ils ont une telle trouille de Trump qu'ils ne peuvent pas le dire, il y a les midterms
02:38dans pas longtemps, tant que Trump sera du bon côté des sondages, mais ça ne va peut-être
02:42pas durer, les Républicains ne bougeront pas, et les Démocrates sont complètement
02:46tétanisés, sonnés par leur défaite de novembre dernier, le parti ne s'est pas réorganisé,
02:51et puis le discours sur l'état de l'Union qui a eu lieu il y a quelques jours, c'est
02:55quelque chose qu'on respecte aux États-Unis, donc les Démocrates aujourd'hui ne savent
03:00pas trop sur quel pied danser, sauf l'un d'entre eux qui est Bernie Sanders, qui lui ne mâche
03:04pas ses mots, mais malheureusement son audience et sa position en politique est assez limitée.
03:11Donc qui parle aujourd'hui ? La présidente du Mexique, Trudeau qui s'oppose frontalement
03:17à Trump, ou des gens comme moi qui viennent de l'extérieur.
03:21Est-ce que votre discours est un discours aux accents gaulliens ?
03:25Oui, bien entendu, pour une raison simple, et c'est aussi l'opposition de Merz,
03:34vous parliez tout à l'heure de l'opposition de Merz, qui vient de faire un virage à 180°
03:40de la géopolitique allemande, en disant qu'il va falloir une défense européenne,
03:46il va falloir une autonomie stratégique européenne, alors que depuis que De Gaulle a dit qu'il
03:51faut une autonomie européenne, les Allemands disent « non, non, non, le parapluie américain ».
03:56Et donc, dans mon discours, il y a évidemment cette partie aussi qui consiste à dire « puisqu'ils
04:01nous ont lâchés », et d'ailleurs c'est peut-être le seul remerciement qu'on peut
04:05faire à Trump, c'est de nous avoir lâchés et de nous avoir fait comprendre…
04:09Je vous cite Claude Maluret dans un discours récent, pas le même, « si l'Ukraine perd
04:13la guerre, c'est l'Europe qui la perd, par peur d'annoncer les mauvaises nouvelles,
04:16les gouvernements démocratiques ne préparent pas leurs opinions publiques à cette réalité.
04:20Lorsque j'écoute certains d'entre eux, j'ai l'impression d'entendre le toc-toc
04:24du parapluie de Daladier sur les pavés de Munich.
04:27Alors je crois, j'espère que cette phase est finie.
04:31Pendant longtemps, c'était quand même pas tout à fait du Daladier, on a fourni des
04:36armes à l'Ukraine, on a aidé l'Ukraine, on s'est pas couché complètement devant
04:40Poutine.
04:41Mais le fait de ne pas dire qu'on est en guerre, c'est ça qui me frappe le plus.
04:45On est en guerre, les Russes disent qu'ils sont en guerre contre nous, en guerre cyber,
04:50en guerre ils coupent les câbles, en guerre pour manipuler les élections en Roumanie,
04:55en Allemagne ou ailleurs.
04:56Ils disent qu'ils sont en guerre, les Chinois disent qu'ils sont en guerre, ils disent
05:00clairement qu'ils veulent changer l'ordre instauré par les Etats-Unis et leurs alliés
05:03en 1945 et qui a permis une paix globalement, une paix dans le monde et un développement
05:09économique fantastique.
05:10Ils disent qu'ils sont en guerre contre ça, ils disent qu'ils sont en guerre contre
05:13nous, ils font la guerre contre l'Ukraine qui est en demande à des alliés.
05:17Ce discours du 4 mars au Sénat, ce discours quand vous dites que les Européens sortent
05:22du déni, que contrairement à la propagande du Kremlin, la Russie va mal, quand vous
05:27dites dans l'histoire américaine, les partisans de la liberté l'ont toujours emporté,
05:31c'est l'appel du 4 mars ?
05:33Je ne suis pas en position de… De Gaulle n'était pas grand-chose dans le gouvernement
05:40à l'époque, mais il était quand même ministre sous secrétaire d'Etat à la guerre
05:45et par conséquent il y avait une légitimité.
05:47Puisque vous vous recommandez du général De Gaulle, est-ce que vous partagez la méfiance
05:52de De Gaulle à l'égard de l'Amérique ? Est-ce que vous êtes emprunt de cette culture-là ?
05:55Alors pour tout vous dire, pour moi ça a été un choc aussi, parce que j'adore…
06:01C'est pas très populaire en France d'aimer les Américains, mais moi j'ai passé…
06:10Je suis souvent allé aux Etats-Unis quand j'étais plus jeune et tout, j'ai découvert
06:16que tout était grand, tout était… Enfin j'étais pas fasciné, mais en tout cas…
06:20Donc cet amour de l'Amérique, est-ce qu'il vient aussi…
06:23Et là d'un seul coup je suis l'un de ceux qui a le plus… Comment dire ? Qui a le plus
06:28tombé de l'armoire, parce que je ne pensais pas qu'un jour un président américain pourrait
06:31trahir son pays comme ça et avoir une majorité.
06:34Où viennent ces formules qui claquent, Claude Maluret ? Je vous cite, pendant le Covid,
06:40l'un de vos discours qui lui aussi a marqué les esprits.
06:44Contrairement à ce que prétendent depuis des mois les trafiquants de fake news, les
06:47résistants des boulevards, les has not been de la chanson française et les saccharophes
06:51de la dictature sanitaire, il faut vacciner le plus de monde possible et le plus vite
06:56possible.
06:57Qui sont vos maîtres en matière d'éloquence ?
06:59Alors je dirais, il y en a un qui ne va pas vous surprendre, c'est Churchill.
07:04Parce que je trouve que l'humour de Churchill était franchement dans le domaine politique
07:10ce qui se fait de mieux.
07:11Et il y en a un deuxième qui peut surprendre plus, d'autant plus que là encore c'est
07:14un américain qui n'est pas populaire en Europe et qui pour moi a été un des très
07:18grands présidents américains puisqu'il a gagné la guerre froide, c'est Reagan.
07:21Quand vous écoutez les discours de Reagan...
07:23C'est Ronald Reagan, votre maître en matière d'éloquence ?
07:26Oui, en matière obligatoirement de...
07:28Mais donc en fait, votre amour de l'Amérique vient du fait que vous avez été de gauche
07:32il y a longtemps, mais d'une gauche résolument anticommuniste.
07:35C'est ça cet amour de l'Amérique ? C'est cette Amérique anticommuniste qui vous a forgé ?
07:40Peut-être, effectivement.
07:41Pourquoi est-ce que j'ai quitté la gauche ?
07:44Parce que j'étais à Médecins Sans Frontières, j'étais président de Médecins Sans Frontières,
07:48j'ai travaillé longtemps dans les camps de réfugiés du sud-est asiatique ou d'autres
07:52pays au moment où Brejnev était en train d'envahir l'Afghanistan, l'Éthiopie, la
07:57fin de la guerre du Vietnam.
07:58Et j'ai découvert sur place, pas dans les livres, mais sur place ce qu'était la réalité
08:03du communisme au moment où ici on encensait la victoire à Saïgon, la victoire des communistes
08:09et où on refusait de voir ce qui se passait chez les Khmers Rouges.
08:13Moi j'étais sur le terrain avec des paysans cambodgiens qui pleuraient de douleur et qui
08:20avaient tout perdu et qu'on accusait d'être des bourgeois de Phnom Penh, la bourgeoisie
08:25Comprador, alors que la bourgeoisie Comprador elle avait été liquidée immédiatement.
08:29Donc oui, ma vision du monde a brusquement changé quand j'étais jeune médecin dans
08:35des pays, j'ai des réfugiés qui fuyaient les pays communistes.

Recommandations