Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00A tout de suite, mais d'abord, Philippe Vall est avec nous sur Europe, bonjour Philippe !
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous !
00:04Je vous entendais fredonner tout à l'heure, c'était quelle chanson ?
00:07C'était Garo Gori de Georges Brassens, vous savez ?
00:11Depuis l'élection de Trump, ça me tourne dans la tête, surtout la fin du premier couplet.
00:17« Avec impudeur ses comères, l'ornier même un endroit précis
00:21Que rigoureusement ma mère m'a défendu de nommer ici. »
00:24Comme les comères de la chanson, j'ai l'impression qu'une partie de nos observateurs politiques
00:29sont tombés dans l'obsession admirative de la virilité de Trump.
00:34À mon sens, ça témoigne d'un grave trouble de la vision.
00:38Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
00:39Je veux dire que Trump a sans doute des qualités,
00:42mais que celles qu'à tort ou à raison on attribue à la virilité ou à l'abondance de testostérone
00:49ne sont pas celles que j'associerais au président des Etats-Unis.
00:52En revanche, il a un don certain pour maquiller ses reculades en bon en avant,
00:56sa trouille en courage et son wokisme en anti-wokisme.
01:00Vous pensez que Trump est woke ?
01:01Enfin bah oui, ça crevait les yeux dans la scène avec Zelensky et Vance dans le Bureau Oval.
01:07« Ouh là là, Zelensky est différent de moi et ses différences m'offensent, du coup je le cancel ! »
01:13Il y a un wokisme de droite, comme celui de Trump, et un wokisme de gauche.
01:18L'un comme l'autre consiste à se sentir offensé par qui n'est pas comme soi.
01:23Seul change l'objet de l'offense, mais la débilité est la même.
01:27Pour le reste, résumons-nous.
01:28Trump, ce n'est pas l'homme de décision qui avance, c'est l'homme qui capitule et se retire.
01:34Il s'est retiré d'Afghanistan, même si c'est Biden qui a dû boucler les valises
01:38sous les insultes du monde entier.
01:40Au lieu d'affronter une négociation sur les aberrations du Green Deal,
01:43il s'est retiré du traité de Paris pour ne pas affronter
01:46les conséquences économiques des précautions à prendre pour que la planète reste habitable.
01:50Il s'est retiré de la résistance à l'impérialisme russe,
01:54tête de pont de l'hostilité des BRICS envers l'Occident,
01:57dont il est censé être le leader.
01:59Il s'est couché devant Kim Jong-un.
02:01Il s'est retiré de l'Ukraine.
02:03Il se retire de la compétition commerciale en se barricadant derrière des droits de douane,
02:07qui, au bout du compte, seront payés par les populations.
02:10Il s'est retiré de l'accord de Vienne,
02:12laissant les Iraniens faire tourner leur centrifugeuse en cachette.
02:15Et devant Poutine, il se retire en glapissant la queue entre les jambes.
02:19Bref, il passe son temps à se retirer.
02:21S'il était le mâle reproducteur dans un élevage,
02:24on s'acheminerait irrémédiablement vers l'extinction de l'espèce.
02:27Il a quand même raison de demander aux membres de l'OTAN de contribuer davantage à son armement.
02:32C'est vrai, nous n'avons pas été équitables avec les Etats-Unis.
02:36Mais il a eu tort de dire, vendredi dernier,
02:39sur le ton rigolard de celui qui éclaire une évidence,
02:43« Si les Etats-Unis sont attaqués, je doute que la France ne vole à notre secours ».
02:47Bah oui, il oublie sans doute, mais l'a-t-il jamais su,
02:50que la seule fois dans l'histoire de l'OTAN où l'on a déclenché le fameux article 5,
02:56c'est le 11 septembre 2001,
02:58et que le premier allié à avoir acheminé des hommes et du matériel en Afghanistan
03:01pour voler au secours des Etats-Unis, c'est la France.
03:04Vous ne trouvez rien pour sauver Donald Trump ?
03:06Quand son vice-président à Munich vante la liberté d'expression,
03:10on applaudirait dès demain.
03:12Mais qu'est-ce que c'est que cette liberté d'expression
03:14qui interdit à l'agence presse américaine, la Société de presse,
03:17d'entrer à la Maison-Blanche pour y faire son boulot ?
03:20Quand on est pour la liberté d'expression,
03:21on est aussi pour celle de ceux qui nous énervent.
03:24Sinon, ça ne veut rien dire.
03:26Mais je trouve une vertu à Trump.
03:30Dans Gare aux Gorilles, la chanson de Brassens,
03:32tout bascule au moment où, tout à coup la prison bien close,
03:36où vivait le bel animal, s'ouvre on ne sait pourquoi,
03:38je suppose qu'on avait dû la fermer mal.
03:41Et c'est à ce moment où, lâchés par la coardice de Trump
03:44et menacés par la Russie,
03:46les Européens se mettent enfin à se réarmer
03:49en poussant leur cri de guerre, Gare aux Gorilles !