Un déjeuner partagé avec Jean-Louis Debré, ancien président de l'Assemblée nationale, pour parler du pain français, de la meilleure baguette tradition et également des tables des Présidents.
Loin des codes classiques de l´interview, LCP a concocté un nouveau programme aux petits oignons pour croquer la politique autrement.
Avec la complicité de Jean-Pierre Montanay, Brigitte Boucher mettra son grain de sel dans cette cuisine pour passer le politique sur le gril.
« Cuisine et Confidences »... Quel rapport l´invité politique entretient-il avec la
gastronomie ? Sa gourmandise, ses talents ? Les orientations culinaires de ce boulimique de la politique ? Mais aussi « Les pieds dans le plat »... pour aborder les sujets d´actualité.
Et enfin « La face cachée de nos assiettes »... ou comment le contenu de nos assiettes en dit long sur notre société face à ses nouveaux enjeux.
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#LCP #Politiquesatable
Loin des codes classiques de l´interview, LCP a concocté un nouveau programme aux petits oignons pour croquer la politique autrement.
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NewsTranscription
00:00...
00:10Nous avons appris, mardi matin, la disparition,
00:12à l'âge de 80 ans, de Jean-Louis Debré.
00:15Il fut ministre de l'Intérieur, président du Conseil constitutionnel,
00:18mais surtout président de cette assemblée entre 2002 et 2007.
00:22Nous l'avions reçu à cette table, en octobre 2021,
00:25autour d'une noix de Saint-Jacques et de Girole.
00:27Je vous propose de voir ou de revoir cette émission,
00:30au cours de laquelle il raconte ses expériences gourmandes
00:33avec Jacques Chirac, dont il était très proche.
00:36...
00:54Bonjour à tous et bienvenue dans Politique à table, sur LCP,
00:57l'émission où on parle cuisine, alimentation,
01:00agriculture, écologie, mais aussi politique.
01:02Avec moi, pour présenter cette émission,
01:05Jean-Pierre Montanay.
01:06Bonjour, Brigitte.
01:07Bonjour, Jean-Louis Debré.
01:09Bonjour.
01:10Bonjour, Jean-Louis Debré.
01:12Vous êtes écrivain, auteur de nombreux livres historiques,
01:15de fiction, de polar,
01:16votre dernier ouvrage,
01:18Quand les politiques nous faisaient rire.
01:20Maintenant, vous montez sur les planches,
01:22avec ces imitations, et avec cette pièce,
01:25Les femmes qui ont réveillé la France,
01:27à La Guêté-Montparnasse, vous y êtes jusqu'en décembre,
01:30avant de partir en tournée.
01:32Une seconde vie pour vous, après un parcours politique bien rempli,
01:36puisque vous avez occupé les plus hautes fonctions
01:39sous la 5e, ministre de l'Intérieur, président de l'Assemblée nationale,
01:43président du Conseil constitutionnel.
01:45Votre nom est indissociable de celui de Jacques Chirac,
01:48avec qui vous avez cheminé depuis vos plus jeunes années,
01:52de lui, vous disiez, Chirac, je l'adore, je l'aime,
01:55mais je suis aussi lucide sur le personnage.
01:57Chirac avait un très bon coup de fourchette.
02:00Dites-nous, Jean-Pierre, est-ce aussi le cas de notre invité ?
02:03Absolument, et la meilleure preuve avec ce menu terre-mer
02:06à Saint-Jacques-aux-Giroles,
02:08et en dessert, sorbet pomme dopé au calva,
02:10à consommer avec modération, bien sûr.
02:13Le sorbet, à consommer avec modération.
02:15Dans le dessous des plats,
02:16la tête de veau est-elle le plat préféré de Jacques Chirac ?
02:20Marion Becker a fait le tour des restaurants parisiens
02:23qu'affectionnaient nos présidents. Dégustation à suivre.
02:26Dans les pieds dans le plat,
02:27à quoi ressemble la meilleure baguette tradition de France ?
02:31Les Français sont-ils toujours aussi amateurs de bon pain ?
02:34Réponse dans quelques minutes.
02:36Allez, on passe à table, tout de suite, cuisine et confidences.
02:40...
02:46Jean-Louis Debray, en me documentant,
02:49j'ai un peu compris que votre mentor culinaire
02:52était aussi votre fidèle compagnon politique,
02:54à savoir Jacques Chirac.
02:55Les anecdotes de gueuleton avec ce président rablaisien
02:59ne manquent pas, donc je m'attendais à retrouver
03:01dans votre menu du jour quelques traces
03:04des lubies culinaires chiraciennes.
03:06S'il y a bien une chose dont j'étais sûr,
03:08c'est qu'avec Brigitte, on échapperait la tête de veau,
03:11que vous détestez, carrément,
03:13mais j'imaginais bien me régaler d'une pote au vergnat,
03:16d'un osso bucco, d'un boudin aux pommes,
03:18d'un président, et finalement,
03:20on a droit aux coquilles Saint-Jacques au girole.
03:23Alors, chiracien ou pas, ce plat, j'allais dire un peu quand même,
03:26car lui, Chirac, adorait les Saint-Jacques aux truffes.
03:29On n'est pas loin avec votre mélange terre-mer,
03:32vous avez remplacé les truffes par des champignons,
03:34plus abordables, donc plus politiquement correctes.
03:37C'est ça, Jean-Louis Debray ?
03:39C'est pas faux. C'est pas faux.
03:41Il y avait un président qui, j'ai dit,
03:43s'avait dit qu'il aimait les oeufs aux truffes.
03:46C'est Giscard.
03:48Bonjour, monsieur, bonjour, madame.
03:50Non, moi, j'aime bien cette alliance
03:53de la mer, de la terre.
03:55Et si j'ai pris ça, c'est que, depuis que Chirac n'est plus là,
03:59j'essaie de perdre le poids qu'il m'a fait prendre
04:02pendant des années.
04:03Le premier souvenir que j'ai, j'allais en Corrèze,
04:07et il me dit, tu vas en Corrèze,
04:09tu vas déjeuner là, tu vas dîner là.
04:12Chaque fois que j'arrivais dans le restaurant,
04:14chez Francis Abril, ou à Tulle,
04:17le menu était déjà fait.
04:18Chirac avait appelé pour faire le menu.
04:20Il y avait la tête de veau.
04:22C'était assez rebondit.
04:24C'était affreux.
04:25Il y avait plusieurs plats.
04:28J'ai même un souvenir.
04:29Chirac n'était plus président,
04:31et un matin, il me dit,
04:33on va aller à Rungis,
04:37au marché de la viande,
04:38voir les gens qui travaillent,
04:41on va y aller vers 4h du matin.
04:44-"Tête de veau à 4h du matin",
04:46c'est ça ?
04:47On va à 4h du matin,
04:49Chirac, très content,
04:51et en réalité, il voulait aller au petit déjeuner,
04:54que tous ces personnages qui travaillent la viande,
04:58à partir de 4h ou 3h du matin,
05:00vers 6h.
05:02Et je vois mon Chirac...
05:03Je vois mon Chirac, il est 6h du matin,
05:07s'envoyer une entrecôte de 800 grammes,
05:10avec deux verres de bière,
05:12il y avait tous les maquillons qui étaient là,
05:15qui regardaient, et il se tourne la main,
05:17il dit, tu ne vas pas prendre un café ?
05:20J'ai un petit morceau de pain.
05:22Servez-lui une entrecôte !
05:23Et je me sers.
05:25Ca, c'est très light pour vous.
05:26Est-ce qu'il faut y voir,
05:28parce que vous avez été élu de Normandie,
05:30un petit signe à la Normandie,
05:32aux Normandes ?
05:34J'ai hésité à un autre plat,
05:36mais je tenais un peu à mon régime,
05:38comme je joue au théâtre le soir,
05:40qui était un plat que j'adore,
05:42qui est le poulet
05:43sauce normande, sauce vallée d'Auge.
05:46Il y a autant de poulet que de crème.
05:48Là, c'est plus digeste.
05:50Ca, c'est plus digeste.
05:51Je me suis dit que vous aviez du travail après
05:54et qu'il fallait que je prenne soin de votre santé.
05:57Vous allez la goûter, nous dire si ça vous plaît.
06:00Pendant ce temps-là, Jean-Pierre,
06:02vous allez aussi nous parler de la girole.
06:04Trois choses à savoir sur les giroles.
06:07La girole, ou chanterelle,
06:08il faut bien savoir que c'est le même nom,
06:11ça pousse de juin à novembre.
06:13En plaine, on la trouve, Brigitte,
06:15dans les sous-bois feuillus,
06:16et en montagne, sous les conifères.
06:19Ses régions de prédilection sont la Sologne et le sud-ouest,
06:22le massif central des Vosges.
06:24Deux, la girole est facilement reconnaissable
06:26à sa couleur jaune et son petit chapeau
06:29qui forme un petit creux.
06:30Sa chair est ferme et son goût fruité et poivré.
06:33Pas de souci d'intoxication avec la girole,
06:36car même si vous vous trompez avec des espèces qui lui ressemblent,
06:40et on ne finit pas à l'hôpital.
06:42Trois, elle se consomme, cette girole,
06:44crue ou cuite, comme ici, avec une poêlée.
06:46Vous ne les lavez pas, on les brosse avant,
06:49car elles vont se gorger d'eau et seront moins bonnes.
06:52Il faut les gratter avec une brosse à dents,
06:54brosse dure, et vous les essuyez.
06:56On les fait cuire à sec avant,
06:58ensuite, on met de la matière grasse.
07:00Il faut compter 20 minutes pour cuire cette poêlée.
07:03Ca vous plaît ?
07:04D'abord, deux petites remarques.
07:06Le champignon est l'élément le plus ancien
07:10dans la nourriture des hommes.
07:12D'ailleurs, dans Homer ou dans Pline l'Ancien,
07:15on trouve trace du champignon.
07:17Ca, c'est la première chose.
07:19Deuxièmement, si j'ai pris ce plat,
07:21c'est que j'aime les plats qui sont de saison.
07:24Là, on est en pleine saison de la girole,
07:27mais aussi de la coquille.
07:29Ca commence au début octobre.
07:31Ca se termine le 15 mai.
07:33Oui, mais ce qui est important,
07:36c'est de ne pas être à contre-courant de saison,
07:39de manger des fruits, de manger des plats,
07:42des mets qui sont liés à l'époque.
07:45Ca, c'était le cas avant.
07:47J'ai l'impression qu'on fait plus attention
07:49à consommer plus local, plus de saison.
07:52Je vous adore. Vous m'avez pas connu avant.
07:54Vous avez toujours consommé...
07:56Dans ce que vous avez dit, sur mes vies,
07:58il y a une vie auquel je tiens beaucoup,
08:01qui a été d'être magistrat pendant très longtemps.
08:04Je sais que vous aimez le pain.
08:06J'adore le pain, mais il faut qu'il soit très cuit.
08:09Il est pas mal, il est pas mal.
08:13Oui, non, mais je fais attention...
08:17Je fais attention avant et après,
08:19mais pendant, je fais pas attention.
08:21Je pense qu'il faut pas aborder un plat,
08:24quel qu'il soit,
08:26avec attention, ça va me faire rossir.
08:29Si vous voulez maigrir, avant, après, pas pendant.
08:32Et pour ce qui concerne les menus ou ce qu'on mange,
08:37j'aime tous les plats,
08:39parce que je trouve que la nourriture crée une émotion.
08:42J'ai pas un plat favori.
08:44J'ai des plats que j'aime bien.
08:47Des produits plus que des plats ?
08:49Des produits.
08:50Et quand je vais dans...
08:52Pour le théâtre, on va aller dans des régions différentes.
08:55Et à chaque fois,
08:57je ne veux pas prendre une cuisine internationale ou nationale,
09:00mais je veux le plat de la région.
09:02Quand j'étais élu de l'Eure, je disais aux restaurateurs
09:05de faire des plats de la région.
09:07Et lorsque j'étais...
09:08-"Le terroir, avant tout."
09:10-"Oui, le terroir, le savoir-faire..."
09:14Il y a des plats en Normandie qu'on ne peut faire que là.
09:17Le poulet valedo,
09:21vraiment, dans la région, on sait le faire.
09:24D'abord, on a des bons poulets, on a la bonne crème.
09:28D'ailleurs, vous ne faites jamais, j'ai un reproche,
09:31des dîners fromage.
09:34Parce que c'est extraordinaire
09:35de découvrir la France à travers ces fromages.
09:39On en parlera au moment du pain.
09:41Vous, Jean-Louis Dobré,
09:44aimez-vous cuisiner ?
09:45Vous aimez juste déguster ?
09:48Oui. C'est déjà pas mal.
09:51Vous êtes incapable, devant des fourneaux,
09:53de faire quelque chose.
09:54Comment vous faites quand vous êtes tout seul ?
09:57Vous faites cuire un oeuf ?
09:58Il y a quelque chose que j'adore, c'est les sardines à l'huile.
10:02Il suffit d'ouvrir une boîte.
10:04Eh bien oui. Et vous avez différentes sardines.
10:07Sardines à l'huile, sardines à l'huile d'olive,
10:10sardines avec la tomate.
10:12J'aime beaucoup ça.
10:14Et j'aime beaucoup, deuxièmement,
10:17mais là, je me les fais sandwich.
10:20Mais avec du bon pain, du beurre salé.
10:23Mais un classique, le jambon-beurre qu'on trouve habituellement ?
10:26Je ne trouve plus, généralement, de bons sandwiches.
10:31Je préfère aller chez mon boulanger,
10:34de me choisir ma baguette bien cuite,
10:36et puis, de la faire chauffer un tout petit peu,
10:39je mets du beurre salé et trois tranches de jambon.
10:43Au milieu du jambon, des cornichons.
10:45Un petit mot sur ces singes-là.
10:47Qu'en pensez-vous ? Elles sont snaquées.
10:49C'est comme ça que vous les aimez ?
10:51Elles sont un peu caramélisées.
10:53Il faut que ça soit un peu caramélisé et pas trop cuit.
10:57Je trouve que c'est très bien.
10:58Elles sont chaudes.
11:00Avec les girolles, ça se marie très bien et c'est très digeste.
11:03On va voir si vous êtes incollables, maintenant.
11:07C'est le quiz.
11:11On vient de voir que vous êtes amateur de girolles,
11:14on va voir si vous êtes incollable sur tous les champignons.
11:19Celui-ci, celui dont je vais vous parler,
11:21pousse de février à avril, surtout en montagne.
11:24Son goût très fin rappelle celui de la noisette et cru,
11:28il est toxique.
11:29De quels champignons s'agit-il ?
11:31A, le cèpe.
11:33B, le mousseron.
11:35C, la morille iconique.
11:37D, la trompette de la mort.
11:39-"La trompette de la mort".
11:40La morille.
11:41Pourtant, j'adore la morille.
11:43Il ne faut pas en manger trop et surtout pas la manger crue
11:47parce qu'elle est vraiment toxique.
11:49Dans le mot trompette de la mort, il y a mort,
11:51donc on peut penser qu'elle est toxique,
11:54mais c'est parce qu'elle arrive au niveau de la fête des morts.
11:58J'ai deux champignons que j'aime.
12:01J'aime les cèpes.
12:02Les cèpes poêlées, ça, c'est fantastique.
12:05Un peu persillé, là ?
12:07Un tout petit peu persillé et pas trop d'ail.
12:10L'ail va faire prendre le goût.
12:12Tuer le goût du champignon.
12:14Quand on allait en Corrèze,
12:16la Corrèze, il y a beaucoup de...
12:18On avait des plats de...
12:20Des plats de cèpes. C'est génial.
12:22Et une omelette aux cèpes.
12:24Délicieux.
12:25On poursuit ce quiz avec la malbouffe,
12:27qui est souvent combattue à l'Assemblée nationale
12:30par un arsenal législatif.
12:32Ce phénomène n'est pas nouveau.
12:34Une circulaire ministérielle datant de 1885
12:36s'alarmait de l'utilisation dans la pâtisserie
12:39d'un drôle de produit pour remplacer le beurre.
12:41De quel produit s'agissait-il ?
12:43Réponse A, l'huile de moteur.
12:46Réponse B, le pétrole.
12:47Réponse C, la graisse de phoque.
12:50Réponse D, l'arsenic.
12:53Il y a des pièges.
12:54Oui, je dirais l'arsenic.
12:56Alors non, c'est le pétrole.
12:58On a remplacé le beurre dans la pâtisserie.
13:00Ce n'était pas l'hydrocarbure qui sortait,
13:03mais un substitut du pétrole qui était un peu gras.
13:06Certains pâtissiers ne mettaient pas de beurre
13:08et mettaient ce substitut du pétrole dans leur pâtisserie.
13:11Moi, je n'aime que le vrai beurre.
13:13Le beurre salé de Normandie.
13:15Le beurre demi-sel.
13:16Il y a plusieurs endroits.
13:19Il y a le beurre salé de Normandie,
13:23mais vous avez au sel de Guérande, au sel de Noirmoutier,
13:26qui sont pas mal et qui sont différents.
13:29Vous, vous avez goûté aux plus belles tables,
13:32aux plus grandes tables, tout au long de votre carrière.
13:35Vous êtes plutôt étoilé ou plutôt bistrot ?
13:38Pas du tout étoilé.
13:39Pas du tout.
13:41Je crois qu'il y a très longtemps
13:42que je n'ai pas mis les pieds dans un truc étoilé.
13:45Je trouve que c'est de la cuisine stéréotype
13:48et les gens l'admirent parce que c'est une étoile.
13:52Moi, je peux vous emmener dans quelques bistrots
13:55dans mon ancienne circonstance pour raconter l'histoire.
13:58Un jour, Chirac vient en Normandie
14:02et après, le service de l'Elysée
14:06voulait qu'il aille dîner dans un grand restaurant.
14:10Arrêté.
14:11Arrêté.
14:12Moi, j'ai un bistrot...
14:14J'ai un bistrot près de Nonne-en-Cours,
14:17de campagne.
14:19Oui, mais...
14:20J'ai un Chirac, vous me laissez faire.
14:22Et là, on va dans un petit bistrot de campagne
14:25qui était fantastique.
14:27Il avait fait des civets de lapins...
14:31Génial.
14:32Chaque fois que Chirac revenait en Normandie,
14:35à chaque fois, il s'arrêtait là.
14:38Une autre histoire.
14:39Un jour, Chirac reçoit
14:43à Paris le chancelier allemand.
14:46L'habitude, c'était d'aller dans des grands restaurants.
14:49Je dis à Chirac de l'arrêter. Arrêtez.
14:51Ridicule.
14:52N'allez pas dans ces grands restaurants,
14:55puisque l'image politique n'est pas bonne.
14:57J'ai un endroit.
14:58Malheureusement, il est mort depuis.
15:01C'est Chirac-Hidou qui avait un petit restaurant,
15:05rue Chaumet,
15:06où il y avait de la bière, de la choucroute, et c'est tout.
15:10Il aimait ça.
15:11Il avait un restaurant favori à Strasbourg,
15:14Chez Yvonne.
15:15Chaque fois que je vais à Strasbourg,
15:18je vais chez Yvonne.
15:19C'est une institution,
15:21chez Yvonne à Strasbourg, grâce à Chirac.
15:24C'est incontournable.
15:26Et donc, on va...
15:29Je les incite à partir dans ce petit restaurant rue Chaumet.
15:33Le lendemain, Chirac me dit
15:35qu'il irait tout le temps.
15:36Parce qu'il y avait...
15:39Il aimait les étoilés, mais il aimait aussi
15:41ses petits biscuits du coin.
15:43Il aimait bien bouffer, il faut le dire.
15:45Il aimait bien manger.
15:47Il aimait... Il avait des plats.
15:49C'est là où on se séparait un peu,
15:52parce que la tête de veau, je pouvais pas.
15:56J'aime pas la tête de veau, mais lui, il a une passion.
15:59Ce qui me gênait, quand il venait en Normandie,
16:02c'est qu'au lieu de rester à table avec nous,
16:06il allait à la cuisine pour voir comment ça se fait.
16:09Et la dame qui avait sa petite auberge
16:12près de Danencourt, pendant le dîner,
16:15en réalité, il dînait avec elle à la cuisine.
16:18Nous, on était là.
16:19A vous écouter, à vous entendre,
16:21Jean-Louis Dobré, on sait que le plat
16:23occupe une place très importante en politique.
16:26C'est souvent là que se nouent les deals politiques,
16:28que se fait la petite et la grande histoire.
16:31C'est le comptoir.
16:35Vous avez raconté beaucoup d'anecdotes,
16:37mais on voulait vous demander un souvenir politique
16:40que vous auriez autour d'un repas en politique.
16:43Il y en a beaucoup, il va falloir en choisir un.
16:46Oui, il y en a plusieurs.
16:47Un, moi, qui aime beaucoup la bière et le vin,
16:52comme il n'y a pas de vin, je vais en commencer une par le vin.
16:55Parce que je pense que, naturellement,
16:58il faut pas boire trop.
17:00Avec modération.
17:01Mais...
17:04Là aussi, le vin,
17:06c'est l'expression d'un terroir,
17:09c'est le travail des hommes, et ça se marie avec les plats.
17:12C'est un art de vivre, aussi.
17:14Attention, il faut pas aller trop loin.
17:17Mais je me souviens très bien,
17:20un jour, je recevais au Conseil constitutionnel
17:23le président de la Cour suprême américaine.
17:26Un personnage considérable,
17:28première fois qu'il vient en France,
17:30et, naturellement, il est reçu par le gouvernement,
17:33et déjeuner au Conseil constitutionnel.
17:36Et alors, là, le gouvernement, le Quai d'Orsay,
17:40m'avaient fait parvenir le cadeau officiel
17:42qu'il fallait lui remettre, une belle médaille sur Paris,
17:46il doit en avoir 350 000 chez lui,
17:48et un magnifique livre en français sur Paris,
17:52il parle pas français.
17:53Un mot de français.
17:54Et moi, j'avais préparé une caisse de vin,
17:58avec deux bouteilles de chaque région,
18:01de Bordeaux, de Bourgogne, de Côte-du-Rhône,
18:04de Alsace, qu'on oublie,
18:07et, au moment du dessert, je me lève,
18:09je dis, M. le Président, je suis très heureux,
18:12la France est très heureuse de vous recevoir ici,
18:14il y a deux cadeaux, mais le protocole dit qu'il faut qu'un.
18:18J'ai, à ma gauche, le cadeau du gouvernement français,
18:21et j'ai mon petit cadeau, pour moi, c'est du vin.
18:24Il se lève, il n'avait jamais parlé
18:26un mot de français, il dit,
18:28M. le Président, je reviens.
18:29Elle dit, oui, alors, le vin.
18:32Rires
18:34Et chaque fois qu'il est revenu,
18:37ou qu'il y a eu une délégation, il revenait,
18:39et j'avais pris l'habitude, comme j'ai pris, d'ailleurs,
18:42quand j'étais à l'Assez...
18:44Il y a une bonne cave, d'ailleurs.
18:46Il y a une belle cave, mais quand un étranger vient,
18:50il faut lui donner un produit qui montre
18:54que vous avez fait attention à lui.
18:55Et pas cette éternelle médaille.
18:58Je me souviens...
18:59-"La grandeur de la France", le précice.
19:01Et je me souviens, au Conseil constitutionnel,
19:04d'après les Russes, qui étaient venus,
19:07et j'avais, à ce moment-là,
19:09parce qu'on passait le message qu'ils aimaient les fromages,
19:12j'avais fait pour chacun de m'ordre de la délégation
19:15un petit paquet avec un camembert,
19:19Normandie, du Cantal,
19:22la région de Cantal,
19:23le chèvre, Pays de Loire,
19:26j'avais le roquefort,
19:28parce que j'aime beaucoup le roquefort,
19:30pour montrer, et les poisses,
19:32la diversité des fromages français.
19:34Je mettais sur chaque fromage la région.
19:36Je sais pas comment était l'avion après,
19:39quand ils sont rentrés,
19:40parce qu'on avait fait 12 petits paquets.
19:42Ca devait sentir fort.
19:44C'est depuis ce jour-là qu'on parle des fromages qui puent
19:47aux Etats-Unis.
19:48Mais le fromage doit puer !
19:50Arrêtez de bouffer des trucs qui sont aseptisés !
19:53Le drame, je me bats contre certains avec le camembert.
19:57Le camembert, il doit couler,
19:58il doit être fait, il doit sentir.
20:00C'est vrai que le repas a une importance particulière
20:04en politique.
20:05C'est là qu'on peut trouver des accords politiques ?
20:08Je sais pas, madame.
20:09Je pense que le repas est important en tout.
20:14Et forcément en politique.
20:17Vous voulez dire pour le lien social ?
20:19Le lien social, le lien familial.
20:21Le lien familial, le lien social...
20:23Vous dites que...
20:25Le lien entre les communautés aussi.
20:27Les liens entre les communautés différentes.
20:29On va découvrir des saveurs qu'on ne connaît pas.
20:32Ca rapproche.
20:33Je peux le dire, mais quand j'étais ici,
20:36lorsqu'il y avait une séance de nuit,
20:38je faisais un dîner à la CES,
20:40où j'invitais les députés présents dans l'hémicycle.
20:43Je les plaçais à table,
20:44à droite, à gauche, à droite, à gauche,
20:47pour qu'ils soient pas ensemble.
20:48Et je présidais après,
20:51et l'ambiance était différente.
20:53Vous pouvez pas avoir passé une heure avec quelqu'un
20:57et repartir dans une agressivité.
21:00Ca veut pas dire qu'on renonce à ses idées,
21:03mais je crois qu'en démocratie,
21:05et c'est là, pour la politique, où le repas est important,
21:08c'est le moyen d'échanger.
21:11La démocratie, c'est quoi ?
21:12C'est la capacité pour chacun de vous dire en face,
21:16en vous regardant, qu'il ne pense pas comme vous
21:19ou qu'il ne vous aime pas.
21:20Et de se respecter.
21:21Et de faire se respecter.
21:23Et le repas est la dédramatisation de ça.
21:28Donc, moi, je suis très...
21:29On retient rarement ce qu'on a mangé, non ?
21:32Mais le problème n'est pas de retenir ce qu'on a mangé.
21:35Le problème, c'est de retenir qu'on a eu une émotion.
21:39Que... Mmh, c'était bon.
21:41Mmh, ça sentait bon.
21:43Et donc, on ne mange pas pour manger,
21:47on mange pour éprouver une émotion.
21:50Et c'est pour ça qu'il ne faut pas avoir un plat favori,
21:53il faut avoir des plats favoris.
21:56Et à travers... Vous voyez, en mangeant ces coquilles Saint-Jacques,
22:00je vois... J'étais allé voir les pêcheurs de coquilles Saint-Jacques.
22:04Il y a le goût des envins, de la mer, du vent.
22:07Le mer, l'algue...
22:09C'est fantastique.
22:11Et puis, ces champignons,
22:13je retrouve, parce qu'on en trouve aussi en Normandie,
22:16les promenades en forêt,
22:19où là, vous sentez l'odeur des champignons.
22:22Et puis, la traque, la quête du champignon, c'est...
22:26Il n'y a pas que ces produits.
22:28Nos restaurants disent beaucoup de notre politique
22:30menée en matière d'alimentation.
22:32On va passer au-dessous des plats.
22:40Les chefs d'Etat sont toujours associés à la gastronomie française.
22:44Ils ont chacun leur restaurant et leur plat de prédilection.
22:47Parfois, ils inspirent aussi de grands chefs.
22:50Marion Becker a fait la tournée des tables des présidents
22:53pour le bonheur de nos papilles.
22:55Il est sans doute le président le plus associé
22:58au plaisir de la table.
23:00Jacques Chirac avait ses habitudes ici, au Père Claude.
23:03La première fois, c'est sur cette photo.
23:05C'était la fin du Festival de Cannes.
23:07Et c'est Madame Annie Léritier, qui travaillait à l'Elysée,
23:11qui a organisé le repas.
23:13Il y avait M. Grégory Pecq,
23:15il y avait Eline Renaud, il y avait Anconina,
23:18il y avait tout ça.
23:19Il est toujours resté fidèle.
23:20Toujours fidèle.
23:22Et puis, une simplicité.
23:23On pouvait s'asseoir avec lui, on pouvait discuter avec lui.
23:26C'était un homme d'une convivialité fabuleuse.
23:30Jacques Chirac venait ici deux à trois fois par semaine,
23:34toujours à la même place.
23:36Voilà, c'était sa table privilégiée.
23:39Et puis, tous les bons moments, avec sa famille,
23:42avec son petit-fils, avec ses amis politiques, tout ça,
23:46ils se donnaient rendez-vous à cette table.
23:49Quand il arrivait, il prenait un petit appareil,
23:52un petit pastis, tout ça.
23:53Et en plat, il aimait bien les escargots,
23:56les coquilles Saint-Jacques.
23:57Ici, il mangeait de la tête de veau.
23:59On lui proposait toujours de la tête de veau.
24:02Il en mangeait, ici.
24:03Musique jazz
24:04A chaque président, sa table de prédilection.
24:07François Mitterrand appréciait particulièrement
24:10les produits de la mer du Divelec.
24:12Il s'y installait chaque semaine, lorsqu'il venait déjeuner
24:15avec Mazarin.
24:17Quand il savait que je recevais des barres de ligne,
24:20comme ceci, et il me disait,
24:21vous me le faites comme d'habitude au naturel,
24:24et je lui servais tel que avec un beurre fondu ou une huile d'olive.
24:28Au menu de la cagouille et du pichet qu'il fréquentait régulièrement,
24:31là aussi, une douzaine d'huîtres et du poisson.
24:34Il adorait les spéciales,
24:35parce qu'ici, nous avons des spéciales très particulières,
24:39qui viennent de Charente-Maritime
24:41et qui sont vraiment le top niveau de ce qui se fait en spécial de Claire.
24:45Autre époque, autre style.
24:47Nicolas Sarkozy, lui, est un amoureux de la gastronomie italienne.
24:51Il a ses habitudes au Rebellato.
24:54Musique jazz
24:55Voilà, je vous montre la table de M. Sarkozy.
24:59Il a l'habitude d'être avec sa famille.
25:02Musique jazz
25:04Donc, en principe, lui, il se met là,
25:07les enfants, son épouse.
25:09Il l'accuse régulièrement ?
25:10Tout à fait, depuis 30 ans.
25:12Il était vraiment très ami avec le fondateur du restaurant,
25:15M. Rebellato.
25:17Donc, ça continue son fils, qui est vraiment très proche d'eux.
25:21Donc, voilà, c'est une affaire de famille.
25:25En famille ou pour des déjeuners politiques,
25:27il est fidèle à cette table et à ses préférences.
25:31Des petits escalopos marsala,
25:34une sauce marsala accompagnée de quelques pâtes truffes.
25:38En ce moment, c'est la table d'été, donc c'est un peu truffes,
25:41des pâtes, quelques épinards.
25:43Voilà.
25:45Musique jazz
25:46Si le mystère plane sur les préférences culinaires
25:49d'Emmanuel Macron,
25:50le président est associé au restaurant La Rotonde.
25:53C'est là qu'il est venu fêter le premier tour
25:56de l'élection présidentielle.
25:58Ce que l'on sait, c'est qu'il est un habitué
26:00de cette table parisienne depuis de nombreuses années.
26:03Un président aura lui donné son nom à un plat,
26:07la soupe Valérie Giscard d'Estaing.
26:09Petits légumes, viande, foie gras et truffes noires
26:12sous un feuilletage.
26:14Imaginée en 1975 par Paul Bocuse,
26:17la soupe VGE est toujours au menu de son restaurant historique.
26:21Jean-Louis Debré, vous qui avez bien connu Jacques Chirac,
26:24avez-vous des souvenirs avec lui, au Père Claude,
26:27ce fameux restaurant ?
26:28J'ai un souvenir...
26:30J'ai le souvenir d'une... Il n'était plus président.
26:34Il commençait à être un peu souffrant.
26:36Le drame, pour moi, quand j'allais au restaurant avec Chirac,
26:40c'est qu'il commandait pour moi.
26:41C'est très le pâtire familial.
26:43Et je me souviens du dernier repas.
26:48Il était déjà fatigué.
26:50Il avait commandé pour moi et pour lui
26:53une andouillette.
26:55Après, on a pris un boudin.
26:57Après, on a pris six escargots
27:00et un foie de veau.
27:01Il m'a dit...
27:02-"Tous ses plats préférés dans le même menu."
27:05-"On ne prend pas de dessert."
27:07C'est... Oui.
27:08C'était un bon mangeur, mais c'était un connaisseur aussi ?
27:11Oui. Il était plus gourmand que gourmet.
27:14Ou gourmet.
27:15C'est une question de définition.
27:17Je l'ai vu me dire, dans un autre restaurant,
27:20ce foie de veau, il n'est pas terrible.
27:23Donc, il savait très bien.
27:25Il était bien élevé, etc.
27:27Euh...
27:28Le problème, c'est qu'il fallait le suivre,
27:30il mangeait très vite.
27:32Mais il était gourmand, il avait ses plats,
27:35il avait... Très terroir, aussi.
27:37-"La tête de veau", c'était le plat préféré de Jacques Chirac.
27:41Est-ce que c'était la réalité ?
27:43Certains ont dit qu'il n'en mangeait pas forcément tant que ça.
27:46C'est pas...
27:47C'est pas autant que ça.
27:49Il aimait beaucoup la joue de bœuf.
27:52La joue de bœuf, c'était le pied de cochon.
27:54Il fallait qu'il soit désossé.
27:56Euh...
27:58-"La tête de veau", il y avait des plats très français.
28:02La cuisine française.
28:03On dit souvent que Jacques Chirac connaissait bien
28:06les cuisines étrangères, notamment celles du Japon.
28:09Quand on lit, on ne voit jamais Jacques Chirac...
28:12La culture japonaise, peut-être ?
28:14Oui. Est-ce que c'est vrai ?
28:15Est-ce qu'il vous a déjà emmené dans un restaurant de sushis ?
28:19Qu'est-ce qu'il émet dans la cuisine japonaise ?
28:21Chirac, là, semble-t-il,
28:24le plat est le reflet d'un pays ou d'une région.
28:27Et comme il aimait beaucoup l'Extrême-Orient,
28:32je suis allé deux ou trois fois dans un restaurant japonais.
28:37Il m'a emmené plusieurs fois dans un restaurant antillais,
28:41car il aimait beaucoup les Antilles,
28:43et il aimait les plats antillais qui étaient assez forts.
28:47Le piment, etc.
28:49Donc, il est très éclectique, simplement.
28:52Chez les Japonais, il aimait les sushis,
28:56les nouilles japonaises, les plats très sophistiqués.
28:59Le canard laqué, je ne suis pas un spécialiste.
29:03C'est plutôt chinois, ça.
29:04Mais il aimait aussi la charcuterie.
29:07Je vais vous raconter une histoire, un jour, si je peux.
29:10Un jour, il dit...
29:12Parce que l'entourage avait un peu tendance à le mettre au régime.
29:17Alors, comme souvent, le dimanche,
29:20je déjeunais avec lui,
29:22et qu'il y avait Mme Chirac,
29:25on ne pouvait pas prendre trop de choses.
29:28Un jour, il me dit...
29:29On déjeune à une heure, mais on se retrouve à midi,
29:33ensemble, pour prendre un casse-croûte.
29:36Rires
29:38Et je vois arriver, là,
29:41on arrive à midi et quart,
29:43un plat de charcuterie énorme.
29:45Et au bout de la troisième fois,
29:47Mme Chirac est arrivée plus tôt que prévu.
29:50A ce moment-là, Chirac a poussé le plat de charcuterie devant moi.
29:54J'ai dit, ah, Bernadette, Jean-Louis veut maigrir.
29:57Rires
29:58Il assumait pas tellement, finalement.
30:00Autre souvenir, si je peux.
30:02Il vient d'être élu président de la République.
30:05Il va en Roumanie.
30:07Et il emmène en Roumanie
30:09Mme Barre,
30:11qui était, je crois, originaire de Roumanie.
30:14Et on prend l'avion,
30:16et arrive le petit déjeuner.
30:19Et Chirac, moi, j'étais en face d'eux,
30:21et je dis à Chirac, Mme Barre,
30:23qu'est-ce que vous voulez ? Un thé.
30:25Et je vois mon Chirac un peu...
30:27Il dit aux hôtesses de l'air,
30:33moi, comme d'habitude.
30:35Et on voit arriver un énorme plat de pâté, de chaussons.
30:39Et Mme Barre, qui est à côté de lui,
30:41au fur et à mesure que le pâté faisait sentir ses odeurs,
30:45devenait blanche.
30:46À un moment, je lui ai dit, Chirac,
30:48parce que ça va mal se terminer.
30:51J'ai vu que Chirac pouvait faire plusieurs repas
30:53à l'heure du déjeuner ou au dîner.
30:55Ca arrivait souvent ?
30:57Oui, oui, oui.
30:58Deux, trois fois.
30:59Première rencontre avec Chirac. Une des premières rencontres.
31:03Je suis à son cabinet,
31:05et on va présider l'Assemblée permanente...
31:08Il va présider l'Assemblée permanente
31:10des chambres d'agriculture.
31:12On y va. Il fait son discours.
31:14On déjeune. On commence à déjeuner.
31:16Dégueulasse.
31:17C'est dégueulasse.
31:18C'est les traiteurs, vous savez, tous les mêmes.
31:21On bouffe tous pareil.
31:23Alors, Chirac me passe un petit mot,
31:25en disant, on se taille.
31:27Je lui dis, monsieur, vous pouvez pas vous tailler.
31:30Vous présidez.
31:31Je vais dire que j'ai une urgence.
31:33On avait déjà pratiquement entamé
31:37les trois quarts du déjeuner.
31:39Alors, il se lève, il dit, écoutez, je suis désolé,
31:42j'ai une urgence, il faut que je rentre, etc.
31:46On monte tous les deux et on va au resto.
31:49Et là, on était dans un petit restaurant
31:51qu'il connaissait, et on a bouffé pour la deuxième fois.
31:55Autre histoire, si je peux.
31:57On les écoute avec attention.
31:59C'est la dernière fois où je suis allé au salon de l'agriculture
32:03avec lui, parce que j'ai calé.
32:05Un jour, on voit au salon de l'agriculture...
32:07Il y passait des heures,
32:08et alors, on mange à tous les ateliers.
32:12Du salait, du sucré, du lait, de la bière, du citron.
32:15Moi, ça bouillait là-dedans.
32:17Et après avoir passé 5 ou 6 heures,
32:20je le ramène chez lui,
32:22qui n'était plus président.
32:24Et moi, je vais me fondrer sur un lit en demi-coma,
32:29et vers 5h30, je l'appelle.
32:31Et je lui dis, qu'est-ce que vous faites, maintenant ?
32:35On se retrouve tous les deux,
32:36et on va se prendre dans un petit bistrot.
32:40Euh...
32:42Au Saint-Germain, un petit ponche, un petit ponche,
32:46et des...
32:48Je sais pas comment ça s'appelle.
32:50Des acras.
32:52Je lui dis...
32:53On prend ça, je le ramène chez lui vers 20h,
32:55et il me dit, qu'est-ce qu'il fait, maintenant ?
32:58Je vais me coucher, et je dis à vous, je vais dîner.
33:01Rires
33:02C'est assez fantastique.
33:04Probablement, il brûlait beaucoup de graisse.
33:07Moi, j'ai pas le souvenir.
33:08Il était charpenté, mais il était grand, surtout.
33:11Parlez-nous de la table de l'Assemblée nationale.
33:14Elle était particulièrement bonne,
33:16meilleure qu'au Conseil constitutionnel
33:18ou dans les autres ministères ?
33:20D'abord, il y avait de très bons cuisiniers.
33:24Ils sont... Oui.
33:26Mais j'avais une particularité aussi bien, ici,
33:29qu'au Conseil constitutionnel.
33:35Je regardais les menus.
33:37Et pour les étrangers,
33:41c'était toujours des plats régionaux.
33:44D'accord.
33:45Et il y avait... Je faisais, par exemple...
33:48J'ai mangé énormément de choucroute,
33:52de poulopo,
33:54parce que, derrière le menu,
33:57j'écrivais l'histoire de la poulopo et de la poularde, etc.
34:02Et le vin était le vin de la région.
34:06Pour montrer qu'il y avait un lien très fort
34:10entre notre histoire et la gastronomie.
34:15Donc, il n'y avait jamais de plats très sophistiqués.
34:19C'était des plats régionaux avec l'histoire.
34:22Il y a une histoire qui a secoué l'Assemblée nationale.
34:26C'est cette histoire de homard commandée par François de Rugy.
34:29Qu'avez-vous pensé de cette histoire ?
34:32Est-ce qu'elle vous a...
34:33Je me demandais où est-on.
34:39Qu'à la table du président de l'Assemblée nationale,
34:43il y ait un convive qui ait sorti son appareil
34:47pour faire une photo, c'est une décadence des mœurs.
34:51Il y a un endroit où on se tient correctement.
34:53Je vais chez vous, je ne vais pas prendre une photo.
34:56Je reprends la question de Brigitte.
34:58Sur le homard à table,
35:00ça vous choque de servir des homards à un repas privé ?
35:03C'est une maladresse.
35:04C'est pas politiquement correct, les truffes.
35:07C'est une maladresse.
35:08Je pense que quand on a une fonction importante,
35:11surtout à une époque où plus personne ne respecte rien,
35:16il y a un peu de décence et on ne fait pas ça.
35:19Il y a une distinction entre les repas publics et privés ?
35:23Quand vous étiez à la Serre, rien n'est privé.
35:25Et aujourd'hui, c'est encore plus vrai
35:29qu'il y a 30 ans.
35:31Juste une petite question.
35:32Qu'est-ce qu'elles font, les coquillages ?
35:35Vous avez encore faim, peut-être ?
35:37Ca y est, il fait son chirac.
35:38Monsieur Debré, en Suède, les ministres
35:41mangent à la cantine, les parlementaires aussi.
35:44En France, on a cette culture, on a vu les restaurants.
35:47Brigitte parait de la table de Lassay.
35:49Un jour, on abandonnera ces grandes tables,
35:51ces fastes de la cuisine française pour aller à la cantine ?
35:55Ca vous paraît...
35:56Alors, moi, je suis allé souvent à la cantine, ici.
35:59Simplement, quand la France reçoit
36:03un hôte étranger,
36:06il y a une tradition et il y a une image.
36:09Cette tradition, c'est la cuisine et l'image, c'est le sérieux.
36:14Et donc, ne renonçons pas à ça.
36:16Ne renonçons pas à ce qui est
36:18une des caractéristiques de l'esprit français.
36:22Alors, il ne s'agit pas de provoquer,
36:25mais, encore une fois, je dis à tous les présidents,
36:29arrêtez cette cuisine internationale.
36:32Prenez des plats de région, prenez des huîtres,
36:35au moment des huîtres.
36:37Il y a plein de recettes avec des huîtres.
36:40En même temps, ce que je faisais,
36:43d'ailleurs, au Conseil et ici,
36:45quand il y avait du vin,
36:47je mettais le nom du viticulteur.
36:50Et dans la cave du viticulteur,
36:53il affichait ses menus.
36:55C'est une manière de rapprocher
36:57la politique au niveau national
37:01de l'élu local et de l'éleveur.
37:05On va continuer à parler de la cuisine française
37:08et d'un totem. Servez-vous.
37:10C'est la baguette que vous nous aviez confiée,
37:13que vous aimiez beaucoup.
37:14Le pain, un vrai savoir-faire avec cette baguette tradition,
37:18mais que se cache-t-il derrière ?
37:20On en parle et on met les pieds dans le plat.
37:23...
37:28Comme vous le savez, la France est le pays du pain.
37:31Pour susciter des vocations, valoriser cette profession,
37:34à chaque année, depuis 7 ans,
37:36est organisé par la profession un concours,
37:38celui de la meilleure baguette tradition de France.
37:41Nous avons assisté à la phase finale
37:43avec les 6 meilleurs boulangers.
37:45Retour sur une compétition croustillante.
37:47Reportage de Maël Morin et de Cléa Joanneau.
37:50C'est Valentin Lecoeur de la Normandie !
37:52Acclamations
37:54C'est la consécration pour Valentin Lecoeur,
37:57boulanger de 30 ans à Agnaux, en Normandie.
37:59Il est le grand vainqueur du concours
38:02de la meilleure baguette de tradition,
38:04qui y opposait 20 boulangers.
38:05Nous avons donc cherché le secret d'une baguette de compétition.
38:09Hydrater correctement la pâte
38:11pour avoir justement cette migrasse
38:13qui va former toutes ces alvéoles,
38:15et une bonne fermentation,
38:17c'est un tout, vraiment.
38:18C'est du début jusqu'à la fin.
38:21Belle mie dorée.
38:24Un alvéolage irrégulier.
38:27Et un bon petit goût de vin.
38:29Je pense que c'est pas mal.
38:31La qualité des farines, un pétrissage lent,
38:33une bonne hydratation des baguettes dans le four,
38:36mais aussi une bonne météo,
38:38la liste des facteurs est longue pour obtenir une bonne baguette.
38:41Le jury a-t-il trouvé aujourd'hui le pain parfait ?
38:44Alors, celle-là, par exemple,
38:47elle manque un tout petit peu d'acidité pour mon goût.
38:50Je la trouve assez belle.
38:51Je la trouve très consistante à toucher.
38:55Elle a un merveilleux ressort.
38:57Elle est même assez dense, un peu costaud.
38:59Et il n'y a pas besoin de faire partie du jury
39:01pour avoir son expertise.
39:03Bien cuit ou bien blanc, les avis sont très tranchés.
39:06Bien cuit.
39:07Le pain blanc, c'est pas du pain, c'est de la pâte.
39:11La cuisson de la croûte, elle pénètre dans la pâte.
39:14C'est ça qui lui donne toute la salleur.
39:17Le pain qui craque, comme j'écoutais, il y a une musique, le pain.
39:21Dans la France d'après-guerre,
39:22on consommait plus de deux baguettes par jour et par personne.
39:25Aujourd'hui, c'est moins d'une demi.
39:27La France souhaite inscrire la baguette
39:29au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO,
39:32une façon de sauvegarder cette tradition.
39:34Il y a la boulangerie artisanale,
39:36avec laquelle on est encore à 55 % du marché.
39:39Et ensuite, il y a la boulangerie industrielle,
39:41avec lesquelles il y a les terminaux de cuisson
39:44et l'industrie claquue, le reste de ce marché.
39:46On est encore majoritaire en France,
39:48puisque partout en Europe, c'est l'inverse.
39:51Cette boulangerie artisanale est encore très présente
39:54dans les villes, les villages.
39:56Les boulangers proposent l'organisation d'une route des pains.
39:59Cela donnerait une meilleure visibilité à cette profession.
40:02Aujourd'hui, 9 000 postes restent encore à pourvoir.
40:05Vous l'avez dit tout à l'heure, j'aime le pain,
40:08dans un joli cri.
40:09Pour vous, quelle qualité doit avoir
40:11une bonne baguette tradition quand vous l'achetez ?
40:14Quels sont les critères ?
40:15Je la regarde.
40:16Une baguette doit avoir une belle allure.
40:19Elle ne doit pas être trop blanche.
40:21Elle doit être déjà un peu grillée.
40:24Après, je regarde pour ne pas qu'elle soit trop mou.
40:28Monsieur parlait d'une musique quand on caractérise une baguette.
40:32Je ne parle pas de mon musique,
40:34mais j'aime, quand j'achète une baguette,
40:36immédiatement...
40:38Et s'il y a un tout petit craquement, allez-y.
40:41Donc bien cuite, quand même.
40:43Il y en a qui aiment bien les baguettes blanches.
40:45Non, c'est comme le camembert, il ne faut pas qu'il y ait du blanc.
40:49Et farine blanche au levain ?
40:51Farine complète ?
40:53Aux graines ?
40:54Vous savez, c'est comme les plats.
40:56Changez d'habitude.
40:58Ne prenez pas toujours la même chose.
41:01Éclatez-vous avec d'autres...
41:03Parce qu'il n'y a pas que la baguette.
41:05Il n'y a pas une campagne.
41:07Il y a...
41:08Bon, eh bien, il faut adapter ça.
41:12Le pain au noix, qui est très bon.
41:14Vous en mangez beaucoup, du pain ?
41:16On en mange beaucoup moins qu'avant.
41:18Avant, c'était vraiment très...
41:20Ca faisait partie du repas et c'était très consistant.
41:23Oui, parce que ça correspondait à une situation de niveau de vie.
41:28Vous savez, l'évolution des consommations et des produits,
41:32c'est aussi lié au niveau de vie des Français.
41:35Si sous Henri IV, on a imposé la poulopo,
41:39c'est pour qu'il y ait de la viande au moins une fois par semaine.
41:43Euh...
41:44Donc...
41:45Oui, moi, je conçois...
41:48Pour moi, un bon repas,
41:50c'est un repas qui se termine par du fromage.
41:54Donc du pain.
41:55Et donc du pain et du beurre.
41:57Vous avez dit qu'il n'y a plus de bon pain.
42:00J'ai l'impression qu'en contraire, les pains sont meilleurs.
42:03Vous trouvez que le pain, depuis votre enfance,
42:06le goût du pain s'est dégradé ?
42:08Oui, parce que je...
42:10J'ai quelques boulangeries.
42:11Moi, je connais mes boulangers dans mon quartier.
42:15Sur les 4 ou 5, il y en a un qui fait du bon pain.
42:19Les autres, ils le font...
42:21Parfois, ils se font livrer la farine du pain,
42:24ils l'ont tout fait, ils le cuisent longtemps à l'avance.
42:27La baguette, tu ne la cuiseras pas trop longtemps à l'avance.
42:31Il faut qu'elle soit fournée.
42:33Moi, je demande toujours aux boulangers près de chez moi
42:36à quelle heure est-ce fournée ?
42:37Il y a des fournées d'après-midi, parfois, pour du pain chaud le soir.
42:41Ils rivalisent d'innovation avec des graines, comme disait Brigitte.
42:45On va peut-être rentrer au patrimoine immatériel de l'UNESCO
42:48avec la baguette de pain.
42:50Vous soutenez cette initiative ?
42:52Regardez tous les films avec Bérébaste...
42:55C'est typiquement parisien. On dit la baguette de Paris.
42:58Oui, la baguette de Paris, mais...
43:01Euh...
43:02Le pain fait partie de la vie.
43:04Le pain, le vin...
43:06Ca structure le repas, aussi ?
43:08Oui, oui, Bibi.
43:10Encore une fois, pour moi,
43:12il y a des plats, il y a le fromage, le beurre et le pain.
43:16Le fromage, vous n'avez pas pu rater cette information.
43:19Il paraît que la mozzarella a supplanté le camembert.
43:22En France, les Français achètent plus de mozzarella.
43:25Mais c'est pas supportable.
43:27Pour vous, l'élu de Normandie...
43:29Moi, je ne mange...
43:32J'ai arrivé de manger de la mozzarella,
43:34mais ce que j'aime dans le fromage,
43:36c'est qu'on rêve...
43:37Souvent, quand j'avais mes petits-enfants,
43:40je prenais un fromage et je leur expliquais la région.
43:44C'est une manière d'apprendre la géographie.
43:46Le Cantal... On prend du Cantal.
43:48Où est-ce ?
43:49De Gaulle parlait de la France.
43:51Le Saint-Nectaire.
43:52Où passes-tu le Saint-Nectaire ?
43:54Le Camembert, le Pont-l'Evêque,
43:56le Livaro,
43:57la Normandie.
43:58La géographie.
44:00La mozzarella en Italie. On apprend l'Italie, l'Europe.
44:03On apprend l'Europe.
44:04Il y a des Français qui font de la mozzarella.
44:07On fait tout.
44:08Justement, pourquoi ?
44:10Parce que la différence du camembert,
44:13c'est qu'il y a un terroir.
44:15La mozzarella, puisqu'on la fait partout,
44:17c'est un produit hors continent.
44:20Et ça, j'aime pas ça.
44:22Pour moi, encore une fois,
44:23l'alimentation et le reflet...
44:25Il y a des AOP sur les mozzarellas.
44:27Vous croyez qu'on mange toujours le plateau de fromage ?
44:31On fait toujours des repas comme à l'ancienne ?
44:33Entrée, plat, fromage, dessert ?
44:35Quand je vais avec des amis,
44:39on fait parfois
44:41salade et fromage.
44:42Un repas de fromage ?
44:44Oui.
44:45C'est bien.
44:46Mais le plateau de fromage avant le dessert...
44:49Le camembert, il souffre de ça,
44:51parce qu'il se mange à la coupe.
44:52La mozzarella se met dans les pizzas, dans les salades.
44:56Encore une fois, changeons nos habitudes
44:58et revenons à le repas émotion.
45:02Je vous assure qu'un jour, vous arrivez,
45:04vous prenez un plateau de fromage,
45:06vous avez des amis, une salade.
45:08Bonheur.
45:09Après, un sorbet.
45:11Et regardez,
45:12puisqu'on ne peut pas servir de vin chez vous,
45:15je me suis fait mettre un peu de calva.
45:17Regardez la couleur.
45:18Il n'y a pas d'alcool dans le calvados.
45:20On va parler de votre péché mignon, Jean-Louis Debré.
45:26Oui, voici venu le temps du dessert, Brigitte.
45:29C'est historique, Brigitte,
45:31parce qu'un tabou vient de tomber.
45:33L'alcool s'invite sur notre plateau.
45:35Enfin, j'allais dire, c'est l'ancien boss qui décide.
45:38C'est lui qui nous a proposé ce dessert
45:41avec, donc, ce sorbet à la pomme
45:43et surtout ce calva qu'on a rajouté en petites quantités.
45:47Une rasade pour...
45:48Avec modération, bien sûr.
45:49Pour doper un peu le sorbet à la pomme.
45:52Alors, à les pommes, j'allais dire,
45:54encore, c'est la voix de Jacques Chirac.
45:56Qu'est-ce qu'il disait ?
45:57-"Sur les calvas ?" -"Non, sur les pommes."
46:00-"Mangez les pommes."
46:01Vous l'avez écouté, voici la version givrée.
46:04Un petit sorbet avec du calva.
46:05C'est votre dessert préféré ?
46:07Ca permet de faire digérer tout ce qu'on a mangé avant ?
46:10Non.
46:11J'aime pas les glaces, mais j'aime les sorbets.
46:14Le sorbet, c'est plus sain.
46:16Moins de sucre, moins de crème, plus léger.
46:18Sorbet aux fruits.
46:20Vous voyez, hier soir, après le théâtre,
46:22il était minuit,
46:23je me suis envoyé un petit sorbet
46:27au pamplemousse.
46:28Bonheur.
46:29Ca fait pas grossir. Ca va.
46:31Il y a un moment où il faut oublier ça.
46:35Il vaut mieux ne pas bouffer des bonbons toute la journée,
46:38comme vous faites, j'ai vu, tout à l'heure,
46:41vous aviez les bonbons.
46:42Non, là, il ne vaut pas raconter les secrets de fabrication.
46:46Arrêtons de boire des espèces de soda,
46:48toute la journée, qui sont pleines de sucre, dégueulasses,
46:52et buvons de l'eau, la journée,
46:54et un petit coup de vin.
46:57Mais là, il y a du sucre, dans le carré d'eau.
47:00Un peu de sucre, mais pas un verre entier, une gorgée.
47:03Vous êtes autant salé que sucré ?
47:05Mais encore une fois, il y a les moments où il y a le salé
47:08et le moment où il y a le sucré. Ne résumez pas à ça.
47:11Il faut toujours finir le repas par une note sucrée ?
47:15Un petit sorbet.
47:16Un petit sorbet.
47:17J'aurais pas eu l'idée de le commander,
47:19mais goûtez, Brigitte. C'est bon, c'est frais,
47:22c'est tonique, c'est bon, un tout petit peu de calva.
47:25C'est vert, mais c'est vrai que c'est agréable.
47:27Oui ?
47:28C'est très bon.
47:30On a moins de calvados que vous, mais c'est très bon.
47:33Ce qui est dramatique, c'est qu'aujourd'hui,
47:35on ne peut plus rien dire sans dire que c'est dramatique.
47:38Boire une gorgée de soda, de calva,
47:42une fois par semaine, une fois par mois,
47:45c'est pas dramatique.
47:47Y a des mecs, je vais pas donner les noms,
47:49mais qui s'envoient 15 canettes de...
47:52Je sais plus comment ça s'appelle, du Coca-Cola.
47:54...entièrement de produits chimiques.
47:58C'est pire que ça.
48:01Et on est en pleine folie.
48:03Faites-vous plaisir. La vie est dure.
48:06Prenez un petit sorbet au calva,
48:09tranquillement.
48:10Bonheur.
48:11Bonheur.
48:13La présidentielle occupe déjà, ça ne vous a pas échappé,
48:16le débat politique.
48:17En campagne, l'alimentation joue un rôle important.
48:20On va s'intéresser au repas des candidats des présidents.
48:24C'est notre nouvelle rubrique,
48:26festin de campagne.
48:30Festin de campagne qui commence avec le quiz présidentiel.
48:33Le quiz président, on est toujours autour de notre personnage,
48:37Jacques Chirac, on sait qu'il adorait La Tête de veau,
48:40mais en 12 ans de présence à l'Elysée,
48:43savez-vous combien de fois on lui a officiellement servi
48:46de la Tête de veau ?
48:47Deux fois.
48:48B, jamais.
48:50C, 12 fois.
48:52Et D, 36 fois.
48:54En 12 ans de présence à l'Elysée.
48:56Est-ce que c'est dans les repas officiels ?
48:58Oui, c'est les repas officiels.
49:00C'est les repas officiels.
49:02Cette information, je la tiens de Guillaume Gomez,
49:05chef des cuisines de l'Elysée.
49:07Bravo.
49:08Bravo.
49:09Il connaît bien Jacques Chirac.
49:11Finalement, c'est pas tant que ça.
49:13Sur 12 ans, ça fait pas beaucoup.
49:15Avant d'être à l'Elysée, il faut être en campagne électorale.
49:18Vous en avez fait, vous.
49:20Est-ce qu'il faut bien se nourrir en campagne ?
49:22Est-ce que Jacques Chirac faisait attention ?
49:25Il fait attention à quoi ?
49:26Il fait attention à ne pas se nourrir des sucres lents
49:29comme un sportif professionnel.
49:31Non, il avait un estomac extraordinaire.
49:34Et au contraire, je l'ai vu...
49:36Je l'ai vu un jour sur...
49:38C'était, je crois, sur quel port...
49:41Euh...
49:42On se promenait.
49:43Les pêcheurs faisaient cuire des sardines.
49:46Il s'est engouffré une quinzaine de sardines.
49:48Je pensais que le déjeuner était terminé.
49:51Après, on est allés dans un bistrot.
49:53Il avait une constitution exceptionnelle.
49:55Non, non, il avait, à ce point de vue,
49:59des dispositions tout à fait remarquables.
50:01Et vous, puisque vous jouez au théâtre le soir,
50:04vous faites attention un petit peu à ce que vous mangez ?
50:07Vous n'avez pas une baisse de l'indice glycémique ?
50:09Il vous faut un peu de sucre, de barres chocolatées ?
50:12Je vous rassure, je ne déjeune pas sur la scène,
50:16mais...
50:18Comme j'ai fait un effort pendant une heure et demie à jouer,
50:21après, je dîne bien.
50:24Je dîne bien.
50:25Parfois, hier soir, on a un prix,
50:28et puis j'ai pris du fromage.
50:30J'avais trouvé...
50:33Un petit restaurateur que je connais,
50:35il m'a dit qu'il y avait un brie coulant.
50:38Rires
50:40Parce que le brie, c'est coulant.
50:42Des barres entre brie de veau, brie de molin...
50:45Ca se ressemble.
50:46C'est ridicule.
50:48Donc, il y avait un bon brie.
50:49Il sait que j'aime du pain,
50:51et j'avais du beurre de Guérande.
50:54Et je me suis envoyé ça avec deux bières.
50:57Corona ou pas corona ?
50:58Non, parce que ça aussi, c'est des légendes.
51:01Moi, j'aime la bière brune,
51:03mais ce soir-là, j'avais envie d'une bière brune.
51:06J'ai pris une bière brune.
51:07Quel bonheur.
51:09Après la représentation, c'est ça.
51:11Oui, oui.
51:12Oui, parce qu'après,
51:13vous êtes un peu dans une expérience d'excitation.
51:16Il y a de l'adrénaline.
51:18Bon, et ce soir, je prendrai autre chose.
51:20Peut-être une choucroute, je sais pas, j'adore les choucroutes.
51:24Vous avez des restaurants ouverts à cette heure-là ?
51:27Ca dépend à quelle heure vous finirez.
51:29Oui, on termine tôt.
51:30Vous avez remporté beaucoup de victoires électorales.
51:33Ces victoires, on les associe souvent à des boissons.
51:36Pour vous, c'est quoi le verre de la victoire ?
51:39On a plusieurs propositions à vous faire.
51:42Est-ce que vous préférez un verre de champagne ?
51:45Est-ce que vous préférez un verre de vin, rouge ou blanc ?
51:48Une bière ? Ou un jus de fruits ?
51:50Je prends une bière.
51:52Prenez une bière. C'est ce que faisait Jacques Chirac ?
51:54Oui, il faisait des verres matin, midi et soir.
51:57Par exemple, qui remporte l'élection présidentielle ?
52:00Moi, je me souviens de l'occasion de bonheur,
52:06de l'avoir...
52:09Vous savez, on peut le dire maintenant,
52:12quand il était président,
52:14il venait souvent dîner à l'Assemblée.
52:17Le président de la République ne vient pas à l'Assemblée,
52:20mais j'avais considéré que l'Assemblée n'était pas l'Assemblée.
52:24Et donc, quand il venait dîner en famille,
52:28je lui mettais une ou deux bières.
52:31Et des bières différentes.
52:33Des bières d'abbaye, des bières...
52:35Parce que là aussi, ne nous cantonnons pas.
52:38Arrêtons cette monotonie de la bouffe.
52:40On bouffe toujours la même chose, on boit toujours la même chose.
52:44Non. Etonnez-vous.
52:45Il y a cette diversité. Profitons-en.
52:47On ne gagne pas toujours. Parfois, on perd.
52:50Quel est le verre de la défaite pour vous ?
52:52C'est l'eau.
52:53Vous perdez de l'eau et vous allez vous coucher ?
52:56Depuis de nombreuses années, j'essaie de me détacher de l'eau.
52:59Ca fait rouiller, paraît-il.
53:01Non, l'eau, le...
53:03Donc, une camomille, un tilleul,
53:05et vous allez vous coucher.
53:06Non, parce que, là aussi, il faut faire attention.
53:10N'assimilons pas les tisanes
53:13à des périodes reprises au soir.
53:15On dit bonnet de nuit.
53:17Quel bonheur, après avoir écouté LCP
53:20jusqu'à 11h du soir et avoir été tenu en éveil,
53:25de s'envoyer une petite camomille
53:28ou un tilleul,
53:30ou alors, ce que j'aime beaucoup,
53:33c'est de l'eau, du citron et du gingembre,
53:37avec un tout petit peu de romarin, détox.
53:42Bonheur.
53:43Quand on gagne, on associe souvent une musique.
53:46Vous avez choisi celle-là. On l'écoute ensemble.
53:49Un grand chantant
53:53Nous offre la barrière
53:56La liberté guide nos pas
54:00Et du nord au milieu
54:04C'est le chant du départ.
54:06Oui, c'est La République nous appelle.
54:08C'est un très beau chant
54:10qui exalte le patriotisme, le rassemblement.
54:15Voilà, c'est... Je pense que...
54:17Je ne vais pas parler des élections,
54:19parce que je suis sorti de tout ça,
54:21mais ce qui m'énerve, c'est que je vois progressivement
54:25le sentiment national, qui est très fort en France,
54:28se diluer.
54:30Et vous savez ce que disait Renan ?
54:33Renan disait qu'une nation, c'est un rêve d'avenir partagé.
54:36Retrouvons autour de La République ce rêve d'avenir partagé.
54:40-"La République", elle est menacée, aujourd'hui ?
54:42-"La République", elle est menacée par l'individualisme,
54:45par...
54:49L'égoïsme.
54:51On ne pense plus en collectif.
54:53La vraie question qui se pose,
54:56quelle France voulons-nous ?
54:58Quelle France voulons-nous ?
54:59Et la France, elle est construite dans la solidarité.
55:04La République a rassemblé,
55:07a rassemblé autour de Marianne, symbole de la République.
55:10Et retrouvons cet idéal de la France,
55:14de la France diverse, de la France...
55:18qui s'oppose les uns aux autres dans les régions,
55:21mais qui se rassemble autour...
55:23-...d'un projet commun. -...d'un avenir,
55:25autour de la liberté.
55:27Mais il n'y a pas de liberté sans égalité,
55:29et il n'y a pas de liberté et d'égalité sans fraternité.
55:33Les trois sont liés.
55:34Et bien, retrouvons tous ensemble
55:37cette envie de vivre ensemble
55:39à travers les bons plats, la cuisine française,
55:42la tradition française,
55:44et n'ayons pas peur de notre histoire.
55:46Merci, Jean-Louis Debré, d'avoir partagé cette émission.
55:50Merci, Jean-Pierre.
55:51Sachez que si vous voulez voir Jean-Louis Debré,
55:53vous pouvez aller à la Gaîté-Montparnasse,
55:56les femmes qui ont réveillé la France,
55:58ou le lire, quand les politiques nous faisaient rire.
56:01C'est votre dernier ouvrage. Merci à vous.
56:03Merci à Chez Françoise,
56:05qui nous a cuisiné comme chaque semaine ses bons petits plats.
56:08On vous donne rendez-vous pour un nouveau Politique à table sur LCP.