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00:00Plus.
00:01Europe 1.
00:02Pascal Proevo.
00:03De 11h à 13h sur Europe 1.
00:05Comment redonner vie à nos villages ? Les députés ont adopté hier en commission
00:09un texte qui facilite l'ouverture des cafés et des bistrots dans les communes de moins
00:13de 3500 habitants.
00:15L'idée est de faciliter l'obtention de la licence 4 obligatoire pour les établissements
00:19qui souhaitent vendre de l'alcool.
00:20Le nombre de bistrots traditionnels a été divisé par 5 en 60 ans dans les villages
00:25et c'est un endroit de convivialité, les bistrots, le lieu où les habitants peuvent
00:29se retrouver.
00:30Donc ça je trouve que c'est vraiment une initiative intéressante parce qu'on dit parfois
00:33que le monde politique est déconnecté de la réalité, et bien là c'est une volonté
00:38d'aller vraiment sur le terrain, dans les villages et d'ouvrir, pourquoi pas, ce lieu
00:42de convivialité, de favoriser son ouverture.
00:45Alors on est avec Guillaume Casbarian qui est député de la première circonscription
00:51de Réloir.
00:52Bonjour.
00:53Bonjour Monsieur Proevo.
00:54Je peux vous présenter en disant que vous êtes macroniste ? Vous êtes député ?
00:58Oui, je suis dans le groupe Renaissance, tout à fait.
01:01Exactement, vous êtes dans le groupe Renaissance.
01:02Alors je voulais savoir, l'idée c'est de faciliter l'obtention, mais en quoi précisément ?
01:07Eh bien on avait une vieille règle qui empêchait aujourd'hui toute création de licence 4
01:14dans la ruralité et partout en France, c'est-à-dire qu'il est interdit de créer un nouveau débit
01:18de boisson.
01:19Or on peut se retrouver dans des petits villages où il n'y a plus rien, plus de café, plus
01:23de bistrots, plus de commerce, et se retrouver avec des porteurs de projets, des entrepreneurs
01:28qui souhaitent créer un café, un troquet, un lieu de convivialité, mais qui n'ont pas
01:32le droit d'avoir une nouvelle licence 4.
01:35Et donc il faut parfois attendre très longtemps avant d'obtenir un transfert, et ça coûte
01:39de l'argent puisqu'il faut acheter la licence à quelqu'un d'autre.
01:42L'idée que nous proposons est très simple, elle est de dire que quand on est dans un
01:46petit village de moins de 3500 habitants et qu'il n'y a dans ce village aucun café
01:51et aucun bistrot, alors on vous donne la possibilité de créer une licence 4 par simple déclaration
01:57et donc il vous suffit de déclarer que vous allez ouvrir votre bar, votre café dans
02:01le village pour enfin pouvoir obtenir ce précieux sésame qui vous permet de vendre de l'alcool
02:07de plus de 18 degrés dans l'établissement.
02:09Et c'était important de donner cette simplicité administrative pour éviter d'avoir des entraves
02:14bureaucratiques qui vous empêchent, alors que c'est déjà difficile, de créer un café
02:18dans un village où il n'y a aujourd'hui plus rien.
02:20Et donc cela permettra de remettre, en tout cas de tenter de remettre un peu de vie dans
02:24le village, de lien social, de convivialité, puisque quand on va dans ces cafés-là,
02:28qui sont d'ailleurs des hauts lieux de patrimoine français, de notre culture française, et
02:32bien on s'y retrouve pour prendre des nouvelles des voisins, pour jouer aux fléchettes, pour
02:36boire un verre, pour lire la presse, éventuellement consommer quelques produits locaux s'il y
02:40a une petite épicerie intégrée à ce café.
02:42Ce sont des commerces multi-services qui manquent beaucoup dans certains villages où il n'y
02:46a plus rien, alors qu'issus d'un temps ils étaient très nombreux dans notre pays.
02:50Donc voilà l'idée simple qui est de lever les obstacles bureaucratiques qui empêchent
02:56certains de réaliser leur projet dans des petits villages qui aujourd'hui sont dépourvus
03:00de café.
03:01Alors vous nous abronnez quelque chose, moi que je ne savais pas, c'est-à-dire qu'une
03:04licence 4 j'imagine on peut l'ouvrir dans Paris, mais la loi interdite, je ne sais pas
03:08depuis combien de temps, sans doute pour des raisons idéologiques, parce qu'il faut lutter
03:11contre l'alcoolisme et ça peut s'entendre, mais on n'a pas le droit d'ouvrir en France
03:16dans un petit village, dans la ruralité, on n'a pas le droit d'ouvrir, c'est absolument
03:21interdit d'ouvrir une licence 4.
03:23Alors ça fait partie des absurdités de nos droits, il faut savoir que la loi sur les
03:26licences elle date de 1941, elle a été publiée à l'époque sous l'ICI, et à l'époque
03:30il y avait énormément de cafés, de bars, etc. et donc je crois que l'objectif de l'époque
03:35c'était de contingenter l'offre d'une distribution d'alcool, sauf que c'est très ancien, c'est
03:42une réglementation assez poussiéreuse.
03:44Et donc si vous voulez aujourd'hui, dans notre législation, créer un café, et bien
03:49vous n'avez pas le droit d'avoir de création de licence 4, il faut que vous puissiez bénéficier
03:53d'un transfert, c'est-à-dire que vous attendiez qu'un autre cafetier fasse faillite éventuellement
03:57dans votre département, et que vous lui rachetiez sa licence, moyenne en finances c'est parfois
04:02plusieurs dizaines de milliers d'euros, et donc à la fois ça prend du temps, ça coûte
04:06de l'argent, c'est très aléatoire parce que c'est pas automatique que vous ayez le
04:09transfert, et donc ça pose des problèmes de bureaucratie quand vous souhaitez créer
04:14votre commerce.
04:15Mais l'Etat ne distribue plus aucune nouvelle licence depuis bien longtemps, et la loi interdit
04:22à ce stade la création de nouvelles licences, y compris donc dans des petits villages où
04:26il n'y a strictement plus rien.
04:27Et donc comme c'est un peu absurde, c'est ça que nous essayons de le faire en se disant
04:30qu'on n'est plus dans le même contexte que dans les années 40, 50, 60.
04:34J'entends.
04:35Bon, là ça a été donc hier adopté en commission, ça va passer quand devant les
04:41députés ? Parce que j'ai vu par exemple lundi, à priori, j'ai vu que la France Insoumise
04:46a annoncé s'opposer au projet au nom de la lutte contre l'alcoolisme.
04:50Alors c'était son point de vue de départ, mais ils ont un petit peu évolué en commission.
04:54Est-ce que vous savez, est-ce que vous pensez que ça va passer ? Parce que je trouve que
04:58c'est une bonne idée.
04:59Je pense qu'on a une large majorité, en tout cas en commission c'est passé, on a eu une
05:03large majorité.
05:04Ceux qui, au début, étaient très réticents, notamment, vous l'avez dit, la France Insoumise
05:09mais aussi le Parti Socialiste, ont finalement légèrement fait évoluer leur position qui
05:13est plus modérée aujourd'hui.
05:14Et on a de solides arguments pour montrer que ces lieux, ces cafés, ne sont en réalité
05:18pas des lieux de débauche et de consommation excessive.
05:21En réalité, aujourd'hui, l'écrasante majorité de la distribution d'alcool se
05:25fait dans les grandes surfaces, et donc en réalité, les habitants des villages où il
05:28n'y a rien vont au supermarché acheter leurs bouteilles, et c'est ça qui en réalité
05:32est le principal canal et le principal vecteur de l'alcoolisation dans notre pays.
05:36Donc, créer des cafés et des bars, c'est plus créer des lieux de convivialité, de
05:41sociabilité, que de développer l'alcoolisme.
05:43Donc on a de solides arguments pour contrer cette image que certains essayent de véhiculer
05:48et que je trouve pas bonne, qui est celle du bistrot qui ne serait pas un bel endroit.
05:53C'est un bel endroit, ça fait partie de notre culture, ça fait partie de notre patrimoine
05:56et il faut se réjouir quand un café ou un bistrot ouvre ou réussit à perdurer dans
06:00nos villages.
06:01C'est un lieu de rencontre pour tout le monde et tout le monde s'y retrouve.
06:03Guillaume Casbarion est avec nous, c'est un député de Renaissance, de la première
06:08circonscription de Réloir, vous êtes sur Europe 1, il est 12h24, ça nous fait plaisir
06:12d'abord d'être avec vous, mais vous étiez ministre de la fonction publique, de la simplification
06:18et de la transformation de l'action publique, de septembre à décembre, avec Michel Barnier,
06:23avant cela vous étiez également ministre sous Gabriel Attal, puis moi je vous suivais,
06:27je trouvais que c'était plutôt intéressant vos prises de position, vous étiez assez
06:31libéral, ce qui n'est pas toujours le cas de tous les ministres aujourd'hui, et puis
06:37tout d'un coup ça s'arrête, et je me dis toujours pourquoi ça s'arrête, qu'est-ce
06:41qui fait, alors que vous êtes un macroniste, qu'est-ce qui fait que le 23 décembre vous
06:46n'êtes pas retourné dans un ministère, monsieur Casbarion ?
06:52Eh bien, qu'est-ce qui fait que ça s'arrête ? Déjà c'est la censure, puisque comme le
06:56gouvernement de Michel Barnier a été censuré, eh bien le gouvernement a démissionné.
06:59Ça ne m'a pas échappé, mais qu'est-ce qui fait que, c'est-à-dire que, moi j'aimerais
07:03toujours comprendre la coulisse, par exemple, est-ce que François Bayrou vous appelle,
07:06est-ce qu'il vous dit « je ne peux pas te reprendre parce qu'il y a des équilibres
07:10que sais-je », ou est-ce qu'il vous dit « ben non, tu ne corresponds pas exactement
07:14à une ligne politique », donc est-ce qu'il est possible que vous nous disiez des choses
07:20telles qu'elles sont, et sans langue de bois, ça m'intéresse.
07:23Alors, sans langue de bois, non mais ce n'est pas mon habitude d'avoir de la langue de
07:26bois, donc sans langue de bois, vous l'avez très bien dit, vous savez que j'ai un positionnement
07:29qui a toujours été pour la liberté libérale, réformateur, et parfois que j'ai osé porter
07:36des sujets qui parfois hérissaient un peu le poil des syndicats ou de certaines personnes
07:40à gauche.
07:41Je pense à ma proposition de loi à l'époque sur les squats, ma PPL anti-squats, qui à
07:46l'époque avait hérissé des poils, ou alors ce que je proposais sur la fonction publique
07:49avec les jours de carence qu'avaient des plus hauts syndicats.
07:52Bon, je crois que François Bayrou était dans une équation politique où il cherchait
07:56plutôt à avoir le soutien de la gauche et du parti socialiste pour éviter la censure,
08:00et que mon positionnement libéral-réformateur n'était pas forcément en adéquation avec
08:04la ligne du Premier ministre.
08:06Donc c'est plus des questions, à mon avis, de fond qu'autre chose, donc sans vouloir
08:09trahir de secret, vous connaissez mon positionnement idéologique, et il n'est peut-être pas
08:13compatible avec une ligne politique du nouveau gouvernement qui essayait plutôt d'aller
08:19sécuriser un accord de non-censure avec le Parti de l'Etat.
08:21Il est 12h27, je suis obligé de vous couper parce que nous avons une pause à arriver,
08:27puis une page de publicité.
08:28Vous qui êtes libéral, il faut bien vivre, M. Casparian, et je vous remercie grandement
08:33parce que vous avez répondu sans langue de bois, une question politique, donc ce n'est
08:37pas toujours le cas parfois de ceux qui font de la politique leur métier.
08:43Donc je vous remercie grandement et bon courage et bonne chance pour cette loi qui nous paraît
08:47intéressante.
08:4812h27, on est avec André Rieu dans une seconde.