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Qui pour succéder au Chancelier social-démocrate Olaf Scholz ? Les Allemands se rendent aux urnes dimanche pour élire leurs 630 représentants au Bundestag, l'équivalent de l'Assemblée nationale en France. Il s'agit d'élections législatives anticipées.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 21 février 2025.

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00:00RTL Soir. Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Il est 18h43. Bonsoir Hélène Kohl.
00:06Bonsoir.
00:07Vous êtes notre correspondante en Allemagne, merci d'être avec nous.
00:09Qui pour succéder au chancelier social-démocrate Olaf Scholz ?
00:13Les Allemands se rendent aux urnes dimanche pour élire leurs 630 représentants au Bundestag,
00:18l'équivalent de l'Assemblée Nationale en France.
00:20Il s'agit d'élections législatives anticipées.
00:22Comment fonctionnent ces élections Hélène ?
00:24Alors figurez-vous que chaque électrice, chaque électeur ici dispose de deux voix.
00:29C'est une spécificité allemande, c'est un peu farfelu,
00:31mais en fait ça permet quand même de combiner pas mal d'avantages,
00:34parce qu'on élit à la fois un député pour sa circonscription,
00:37alors c'est une règle simple, scrutin majoritaire,
00:39en gros celui qui a le plus de voix est élu, il n'y a qu'un seul tour.
00:42Et puis la deuxième voix, elle permet d'organiser un scrutin proportionnel,
00:46c'est un peu comme les européennes en France, on vote pour la liste d'un parti.
00:49Et le Bundestag, le Parlement allemand, c'est le reflet de tout ça,
00:52avec à la fois le côté très représentatif du scrutin proportionnel,
00:56une chance pour tous les petits partis,
00:58et puis quand même une prime au travail de terrain des élus dans leur circonscription.
01:02Et puis ensuite cette chambre doit s'organiser pour dégager une majorité.
01:05Là les sondages sont assez clairs, c'est les conservateurs de la CDU-CSU
01:08qui sont à 30% des intentions vote, qui vont avoir le plus grand nombre de sièges,
01:12et donc ils étaient dans l'opposition jusqu'à présent,
01:14on va avoir une alternance politique à Berlin.
01:16Et comment le chancelier est-il élu ? Je rappelle qu'il s'agit du chef du gouvernement allemand, Hélène.
01:22Voilà, sur le papier le chancelier ce n'est pas forcément celui qui sort gagnant du scrutin,
01:26en fait c'est celui qui arrive à monter une majorité au Bundestag.
01:29Et donc grosso modo il n'y a pas de règle, tout le monde peut parler avec tout le monde.
01:33L'objectif c'est donc d'avoir la majorité, 613 sièges exactement,
01:37et le mot d'ordre c'est la stabilité avant tout,
01:40et donc c'est pour ça que la tradition veut que ce soit le chef du parti
01:43qui a le plus grand nombre de députés, qui organise les discussions de coalition,
01:48et là vu le rapport de force des sondages, ça sera le chef des conservateurs, Friedrich Merz.
01:52Il a exclu de gouverner avec l'extrême droite, donc à priori il va faire une alliance au centre
01:57avec les sociodémocrates ou bien les Verts, ou peut-être les deux, on verra dimanche.
02:00Alors expliquez-nous Hélène, quels sont les principaux thèmes de débat
02:03qui dominent la campagne législative allemande ?
02:06Alors très clairement c'est l'immigration et l'insécurité.
02:09Les deux sujets qui sont liés sont passés en tête des préoccupations des Allemands
02:13après l'attaque du marché de Noël de Magdebourg fin décembre.
02:16Ça a fait un bond dans les sondages de 14 points, donc ça s'est vraiment imposé.
02:19Et depuis il y a eu encore deux autres attaques en Bavière.
02:23Au total on a quand même eu en 7 mois en Allemagne 5 attaques ou attentats
02:27menées par des ressortissants étrangers, des demandeurs d'asile souvent déboutés
02:32qui auraient dû être expulsés.
02:34Et donc il y a un sentiment très très fort ici parmi toutes les couches de l'associé,
02:37le sentiment un peu d'une perte de contrôle, que les autorités sont débordées,
02:41que le pays n'est plus tenu.
02:43Et puis vous rajoutez à ça la perte, la peur d'un déclassement économique
02:48après deux années de récession.
02:50Et tout ça, ça donne un grand désarroi collectif qui, évidemment,
02:53alimente colère et doute et ça profite à l'extrême droite.
02:56Et la campagne est assez particulière cette fois.
02:59Elle a été perturbée ces dernières semaines par des sabotages,
03:02des cyberattaques, des fausses informations.
03:04C'est du jamais vu ?
03:06Alors effectivement, d'une façon générale, cette campagne a subi beaucoup d'ingérences.
03:11Il faut quand même rappeler que directement Elon Musk, dès le mois de novembre,
03:14dit qu'il faut voter pour l'AFD.
03:16Il met son réseau X complètement au service de la campagne électorale de l'extrême droite,
03:21le parti AFD.
03:23Il y a une étude qui vient d'être publiée, là,
03:25qui indique que vraisemblablement 95% des messages de soutien à l'AFD
03:28qui circulent en masse sur les réseaux sociaux ici,
03:31sont en fait des messages artificiels créés par des comptes sans abonnés
03:35et gonflés par les relais des réseaux de Musk.
03:39Le vice-président américain, directement, il est intervenu à la conférence de Munich,
03:43on sait qu'il a rencontré aussi l'extrême droite.
03:46Tout ça, évidemment, c'est du jamais vu.
03:48On a vraiment la sensation, avec en plus ces attaques sur le territoire allemand,
03:52d'un grand vertige et d'être un peu une boule de billard
03:56dans un grand jeu comme ça international.
03:58Ça déstabilise quand même beaucoup les électeurs et les électrices.
04:01Et je pense qu'on a 30% d'indécis encore.
04:03Je pense que c'est aussi parce que les gens se disent jusqu'au dernier moment
04:05j'attends de voir ce qui va se passer.
04:07Alors justement, Hélène, les autorités allemandes ont annoncé aujourd'hui
04:10l'arrestation d'un ressortissant russe, de 18 ans,
04:14soupçonné d'avoir projeté, je cite, un attentat à motivation politique à Berlin.
04:18Que sait-on de cet homme au moment où nous parlons ?
04:21Alors, pas grand-chose. 18 ans, ressortissant russe,
04:25mais visiblement, d'après plusieurs médias qui citent des sources de la police,
04:28un homme d'origine tchétchène qui aurait ciblé l'ambassade d'Israël à Berlin
04:34dans les derniers jours de cette campagne électorale.
04:36Pour l'instant, c'est les informations dont on dispose, pas beaucoup plus jusqu'à présent.
04:39Mais c'est vrai que les services de renseignement allemands ont mis en garde,
04:42d'une façon générale, pendant toute cette campagne.
04:44Ils ont accumulé des preuves.
04:45Il y a des tentatives de déstabilisation organisées par Moscou pour cette campagne électorale.
04:49Vous nous parliez de l'AFD.
04:51Vraiment, tous les yeux sont braqués sur cette extrême droite allemande.
04:55Son leader est Alice Weidel.
04:58Qui est cette femme et quel est son programme ?
05:01Alice Weidel, si l'on le prononce à l'allemande exactement,
05:06c'est un personnage très particulier.
05:07Elle a toujours ses chignons assez serrés, ses colliers de perles.
05:10C'est le visage très conservateur, bourgeois, fréquentable, on va dire,
05:14d'une extrême droite qui, en réalité, ne s'est pas du tout dédiabolisée.
05:18Contrairement à ce qu'on a pu connaître en France, en Italie, peut-être aux Pays-Bas aussi,
05:22l'extrême droite allemande, c'est une exception en Europe.
05:24C'est-à-dire qu'elle a progressé tout en devenant de plus en plus radicale.
05:28Alice Weidel, pendant longtemps, a essayé de contenir ce mouvement
05:32et d'être cette figure un peu posée, très libérale aussi sur les mœurs.
05:37Elle vit avec une femme qui est elle-même d'origine Sri-Lankaise.
05:41Donc, on a un personnage un peu particulier dans ce parti qui,
05:45quand on regarde le programme, est profondément raciste.
05:48C'est un parti qui repose sur une idéologie très nauséabonde du peuple allemand
05:53avec ses racines identitaires, ce que c'est que le Volk allemand, le peuple allemand.
05:59Et le programme, il est assez simple.
06:01C'est que pour garantir que ce peuple allemand survive dans ce monde mondialisé terrible
06:09et ne subisse pas le grand remplacement, il faut remigrer massivement des gens d'Allemagne.
06:14Re-migrer, c'est expulser massivement.
06:16Il y a même des gens à l'AFD qui parlent de déportation massive.
06:19Ça renvoie vraiment à des choses assez nauséabondes.
06:22Et au final, quand on regarde les idéologues de l'AFD,
06:25ils disent que 20% de la population qui vit aujourd'hui sur le sol allemand
06:28pourrait à terme sortir de ce pays, y compris des gens comme moi.
06:31Par exemple, j'ai pris la nationalité allemande.
06:33Mais évidemment, je ne suis pas une bio-deutsch.
06:36Je ne suis pas une Allemande de souche.
06:38Alors, cette femme est soutenue par Elon Musk et Donald Trump.
06:41Ce soutien peut-il avoir une réelle influence dans les urnes allemandes ?
06:45Alors oui, parce qu'il y a effectivement la force de frappe des réseaux sociaux.
06:48Ça, c'est évident.
06:49On l'a vu aussi, elle a directement eu une réunion de travail avec le vice-président américain
06:54il y a une semaine lors de la conférence à Munich.
06:57Donc, on sait qu'ils se sont organisés.
06:59Il y a aussi effectivement des soupçons.
07:01Tout ça n'est pas avéré de financement de ce parti.
07:04Tout simplement, la presse sort hier soir.
07:07On va voir comment, si ça joue vraiment,
07:09si ça a une influence dans les derniers moments de cette campagne.
07:12Il y a aussi la possibilité que ce parti soit financé par les identitaires autrichiens
07:17qui eux-mêmes sont payés par Moscou.
07:19Donc, tout ça montre que ça reste du coup un parti qui a pu faire une campagne assez spectaculaire
07:25et être omniprésent et dominer complètement le débat collectif.
07:31Migration, expulsion, nationalité, tout ça, ce sont les mots qui ont dominé ici.
07:36Et du coup, on n'a pas beaucoup parlé d'autres sujets très importants.
07:40Le modèle économique, le modèle énergétique, la place de l'Allemagne en Europe
07:44et les questions de défense au moment où la guerre en Ukraine
07:48semble prendre un tournant extrêmement dramatique.
07:50Très rapidement, Hélène, peut-il y avoir une surprise dimanche soir ?
07:55Alors, je le disais tout à l'heure, on a quand même encore 30% d'indécis.
07:58Donc, il faudra voir comment ça se positionne.
08:00Après, quand on regarde, on a eu, je le disais, une campagne vertigineuse.
08:04Vraiment l'impression d'un vertige collectif.
08:06Finalement, les sondages sont quand même relativement stables tout au long de cette campagne.
08:10Donc, je pense que ça va, en fait, cristalliser les votes autour de ces grands blocs.
08:1530% la CDU, 20% la FD, 15% chacun des deux partis de gauche.
08:20On n'est pas à l'abri d'une surprise, c'est la démocratie.
08:23Mais grosso modo, le nom qu'il faut retenir, c'est celui de Friedrich Merz.
08:26Il va être le gagnant dimanche soir et ce sera lui qui aura les mains libres pour former la coalition.
08:32Merci infiniment, Hélène Kohl.
08:34Bon vote, puisque vous votez en Allemagne.
08:36Oui, c'est la première fois.
08:38Correspondante d'RTL chez nos voisins allemands.
08:41Dans un instant, nous allons donner une très bonne idée pour votre week-end.
08:45Si jamais vous passez par le Jura, une grosse fondue vous attend.
08:48Et peut-être même la plus grosse fondue jamais réalisée.
08:51A tout de suite.

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