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A l'occasion de l'édition 2025 des Magritte du Cinéma, Gaëlle Moury et Catherine Makereel, journalistes au pôle culture, reviennent sur quatre films belges qui se détachent comme favoris dans cette compétition : "Quitter la nuit", "Amal", "La nuit se traîne" et "Il pleut dans la maison".

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Transcription
00:00Quitter la nuit, c'est le premier long-métrage de Delphine Girard, une réalisatrice qu'on
00:06connaît déjà bien parce qu'elle avait été sélectionnée aux Oscars en 2020 avec
00:10Une Sœur, son premier court-métrage, ce qui est une véritable performance pour une
00:14jeune réalisatrice.
00:15Alors, c'est deux films qui sont un peu liés.
00:17Tout commence la nuit sur une route sombre.
00:20Ali est montée en voiture avec Dari, un type qu'elle ne connaît pas très très bien
00:25et donc elle panique.
00:26Elle prétend appeler sa sœur, mais elle appelle les secours et au bout du fil, une opératrice
00:32va l'aider à s'en sortir.
00:48Ça, c'est l'histoire qu'on retrouvait dans Une Sœur, le court-métrage, et cette
00:51histoire, on la retrouve aussi au début de Quitter la nuit, mais on la prolonge.
00:56Delphine Girard cherche à comprendre comment la société prend en charge ces questions
01:01d'agression.
01:02C'est un film fort, maîtrisé, qui est déjà la patte d'une réalisatrice qui se questionne
01:06sur le monde qui l'entoure.
01:07C'est vraiment un film porté par un trio d'acteurs, Guillaume Duesme, Selma Alaoui
01:12et Verle Watens.
01:21La nuit se traîne, d'abord, c'est notre chouchou absolu, d'abord parce que c'est
01:33un polar, comme on n'a pas l'habitude d'en voir en Belgique.
01:36C'est un thriller urbain qui prouve qu'on n'a pas besoin d'être américain ni de
01:41tourner dans les rues de New York ou de Los Angeles pour faire un bon film d'action.
01:51La nuit se traîne, c'est l'histoire de Mahdi, qui est un jeune étudiant le jour
02:00et serrurier la nuit, un jeune homme noir qui va tomber dans un guet-apens qui va l'entraîner
02:05dans une histoire de grand banditisme.
02:07Alors pourquoi c'est une pépite ? D'abord parce que c'est filmé de manière hyper
02:16efficace avec des courses-poursuites et un suspense du tonnerre, et puis aussi parce
02:23qu'en filigrane, en toile de fond, sans que ce soit jamais moralisateur, c'est aussi
02:28une critique des injustices raciales et des violences policières.
02:32Et donc c'est un film social belge comme on les aime.
02:35Jawad Khalib, c'est un réalisateur qu'on connaît déjà bien parce qu'il a fait
02:41beaucoup de documentaires, notamment « Au temps où les Arabes dansaient ». Et c'est
02:45en faisant ce film, en le projetant devant du public, devant un public scolaire, qu'il
02:51a eu l'idée de Hamal.
02:52« C'est un petit étage journée ? » « C'est une journée un peu compliquée.
02:55Qu'est-ce qu'il y a de drôle, là ? Qui a fait ce dessin ? »
03:01Hamal, c'est vraiment un film porté viscéralement par Loubna Azabal, qui est au cœur du film.
03:06Elle y incarne une prof du genre super passionnée, qui veut défendre la liberté d'expression,
03:13qui veut aider ses élèves à s'ouvrir au monde, à l'autre, à tout ce qui l'entoure.
03:19« Aujourd'hui, vous allez découvrir un nouvel auteur, Abu Nawas, il est musulman
03:25et il aimait aussi bien les hommes que les femmes. »
03:27Sauf que dans l'école où elle enseigne, elle fait face à une communauté musulmane
03:33qui n'aime pas trop son franc-parler, qui n'apprécie pas tellement qu'elle enseigne
03:38par exemple Abu Nawas.
03:40Et malgré tout, elle va tout faire pour rester fidèle à elle-même, à cette position,
03:47parce qu'elle le dit très bien elle-même, elle est musulmane elle aussi,
03:49elle en a marre de s'excuser pour le comportement d'une minorité de gens, finalement.
03:54« C'est juste un crépage de chignons entre camarades de classe.
03:56Ce que je peux vous dire, c'est que c'était isolé et exceptionnel. »
03:58« Tu parles bien comme s'il avait 4 ans et demi, ça va, on parle quand même d'une gamine
04:02qui s'est fait agresser physiquement, qui s'est fait menacer, harceler,
04:06tout ça en l'espace de trois jours. »
04:08Ce qui est très fort dans ce film, c'est qu'il montre à quel point les enseignants
04:12sont vraiment la pierre angulaire nécessaire dans la société, ils sont vraiment très importants.
04:17C'est un film qui appelle à résister face à l'obscurantisme, ça fait forcément écho
04:24à l'actualité, aux assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard.
04:28C'est vraiment un film incarné par Loubna El Azabal, qui est une de nos grandes actrices.
04:35« Il pleut dans la maison », c'est un film de la jeune cinéaste belge Paloma Sermondaï,
04:42qui est l'héritière directe des Frères d'Ardennes, parce que c'est un cinéma brut,
04:47un cinéma engagé, un cinéma social, un cinéma très dépouillé,
04:51qui filme ses personnages au plus près, sauf qu'on n'est pas à Serein, dans la province de Liège,
04:55mais sur les bords du lac de l'Odeur, dans l'ONU.
04:58« Je veux avoir 18 ans, je dors avec mon frère. »
05:00« Moi, je n'aime pas les films. »
05:01« Déjà, il renouffle et en plus de ça, il pue des pieds. »
05:04Le temps d'un été, on suit un frère et une sœur, Perdé et Mackenzie,
05:10qui sont d'ailleurs frères et sœurs dans la vraie vie aussi.
05:12On les suit et on les observe traverser la vie, tant bien que mal.
05:16Eux, qui sont des grands ados, qui sont délaissés par leur mère,
05:19qui a des problèmes d'alcool, et qui est donc très absente,
05:22et qui sont donc confrontés à une grande précarité aussi.
05:25D'où le titre « Il pleut dans la maison ».
05:28« Non ! »
05:30« Allez, venez ! »
05:31« Mack ! »
05:33« Mackenzie ! »
05:35« Je te vois ! »
05:36« Viens, dépêche-toi ! »
05:37Et donc, on suit comme ça ce frère et cette sœur qui vont traverser les épreuves,
05:43mais en se serrant les coudes avec une force,
05:49une solidarité qui n'est jamais dite, mais qui est très puissante,
05:52et qui confère au film, de ce fait, une lumière et une humanité qui crèvent l'écran.
05:59Donc, c'est un film qui est dur, mais c'est un film qui est très beau.

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