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00:00Le Média sur Europe à 9h30-11h avec Thomas Hill et avec votre invité ce matin, Thomas.
00:03Oui, je reçois ce matin le spécialiste du rock, Philippe Maneuvre, à l'occasion de la sortie mercredi du film
00:09Brian Jones et les Rolling Stones.
00:24Brian Jones, c'est le créateur de ce groupe qui va devenir...
00:28C'est un membre fondateur, c'est un garçon qui avait une vision, comme on dit, il était en 1961,
00:36il pense que le blues est une musique qui va devenir populaire, qui pourrait devenir populaire
00:42et il écrit des lettres enflammées à la BBC en disant le blues ça intéresse les jeunes
00:49et ça devrait plus passer à la radio, voilà. Et puis il va dans des clubs de jazz à l'époque,
00:54il va rencontrer Mick Jagger et Keith Richards, ils viennent tous de petites villes anglaises au sud de Londres.
01:00Donc Brian Jones il vient de Cheltenham et Mick et Keith ils viennent de Dartford
01:05et puis il va y avoir une alliance.
01:06C'est ça en fait, les Rolling Stones c'est la fusion de deux groupes en fait, de deux petits groupes.
01:10Non, Brian Jones il se produisait beaucoup tout seul, parce qu'il jouait du blues et il jouait de la slide,
01:17il avait avec une bouteille en verre ou un briquet Zippo, il faisait la slide guitare,
01:22c'était le truc des bluesmen américains, pour faire des glissandos, en français un glissando,
01:27et ça fascinait les gens. Et donc il rencontre Mick Jagger, il voit bien que c'est un bon chanteur,
01:34il veut devenir chanteur, Keith Richards est derrière à la guitare et donc il se dit
01:38on peut faire un groupe ensemble, il a cette idée et puis ils vont passer une petite annonce,
01:43récupérer Bill Wyman à la basse, Charlie Watts ils vont le convaincre en disant
01:47allez viens, monte à bord, tu vois bien, et puis ça devient, voilà, et ce groupe n'a pas de nom,
01:52il répète, il joue, et Brian Jones appelle un jour la BBC ou un promoteur, parce que Brian Jones
01:58essaie de trouver des concerts, et donc il ressort son truc, le blues, ça peut devenir la grande
02:03musique du futur, et le type lui dit bon ok, on peut vous faire venir à la BBC, comment vous vous appelez ?
02:08Et là ils n'ont pas de nom, ils n'ont jamais discuté de ça, ni les uns ni les autres,
02:14et Brian Jones a cette lumière, il pense, il voit un disque de Muddy Waters par terre,
02:19le best of Muddy Waters, et il y a un titre qui s'appelle le Rolling Stone Blues, c'est ça,
02:24I got a boy child, he's coming, he's gonna be a rolling stone, he's gonna be a rolling stone,
02:33c'est ça qui a inspiré le nom du groupe, donc finalement c'est Brian Jones qui a trouvé le nom du groupe,
02:40c'est lui qui a un peu fondé finalement ce groupe, réuni tout le monde autour de lui, et cette personne est
02:44complètement oubliée aujourd'hui, ou pratiquement, à part par des spécialistes comme vous Philippe Manoeuvre,
02:50d'où l'idée du réalisateur Nick Brownfield de lui consacrer un riche documentaire qui va sortir en
02:56salle mercredi prochain. Parce qu'il y a des centaines d'heures de documents, parce que ce garçon
03:00Brian Jones était une star absolue dans les années 60, enfin c'est son look incroyable, il avait
03:07un casque d'or, on l'appelait casque d'or, il avait vraiment les cheveux blonds incroyables, c'est aussi
03:13une gravure de mode, c'est quelqu'un qui va être dans tous les excès, qui va empiler les
03:17foulards, les bagues marocaines, les ceintures de biker, enfin il invente le style rock, il l'invente
03:23devant nous, et c'est un lutin magique, comme on dira de Kurt Cobain, comme on a dit de
03:30Syd Barrett, il lutin aussi parce qu'il était tout petit, mais très très séduisant,
03:36et alors au début, on apprend que c'est même lui vraiment le leader des Rolling Stones, et c'est à
03:40lui que toutes les fans envoient leurs lettres, c'est lui qui a ramassé la plupart des lettres.
03:45Les gens qui ont eu la chance de voir les Rolling Stones à l'époque disent qu'il y avait vraiment une
03:49masse de filles devant Brian Jones, alors que Mick Jagger attirait beaucoup moins les regards et
03:55l'attention, donc à l'intérieur du groupe va y avoir tout de suite une rivalité, et quand le manager,
04:00il y a un manager qui va arriver et qui va dire on va travailler les chansons, il faut écrire des
04:05chansons, et il met son dévolu sur Mick et Kif, Mick Jagger et Kif Richard, il va leur demander de
04:11composer, qui sont les vrais compositeurs, et Brian Jones va se retrouver un peu mis sur le côté,
04:16comme on dit, parce qu'il ne compose pas, c'est pas lui qui va écrire les grands morceaux mythiques,
04:22mais il va ajouter sa patte, comme sur ce titre par exemple.
04:35La chanson est écrite et composée par Mick Jagger et Kif Richard, mais Brian Jones a apporté sa touche.
04:55Il amène le petit motif de sitar, l'orientalisant, qui fait toute la saveur du morceau, c'est un
05:00multi-instrumentiste de génie, c'est le seul Rolling Stones qui sera invité à jouer sur un
05:05disque des Beatles, il est sur l'album Revolver, et puis c'est un dieu à la guitare, il fait des
05:12trucs incroyables. Il va même jouer avec Jimi Hendrix, on apprend ça dans le documentaire.
05:15Et puis alors Brian Jones, il a un autre côté très bizarre, donc il est très beau, il est
05:21toujours habillé aux dernières modes, et il devient copain avec tous les ennemis des Rolling Stones,
05:27tous les rivaux, il devient copain avec les Pretty Things, il va même habiter avec eux,
05:31il devient copain avec Jimi Hendrix qui a piqué la copine de Kif Richard. Brian,
05:38c'est un personnage fascinant, qui résume à lui seul toute la folie, la poésie, le mythe des années
05:4760. Et c'est pour ça que quand on regarde son histoire, on regarde ce documentaire, comme je
05:52l'appelle, on est fasciné, parce qu'on voit toutes les années 60 nous revenir dessus, avec les filles
05:59qui racontent, avec les fiancés. Il y a beaucoup d'histoires aussi. Il va avoir cinq enfants
06:05illégitimes avec des filles différentes. Cinq enfants en un an, c'est un peu beaucoup quand
06:11même. Et à chaque fois, il les délaisse un peu. Il les délaisse, bien sûr. Il a sa vie de pop
06:16star. A l'époque, une pop star ne peut pas être mariée, pas avoir d'enfants, ce n'est pas possible.
06:21Effectivement, Brian Jones, il est un peu en retrait pour le grand public, mais est-ce qu'il
06:24a déjà chanté ou est-ce qu'il n'a toujours joué que de la guitare avec les Rolling Stones ?
06:28Il joue de l'harmonica comme un dieu, ça aussi, c'est souvent lui qui fait l'harmonica. Et dans
06:33les premiers concerts des Rolling Stones, il chantait « I'm Alright » avec Mick Jagger à la
06:37fin. On les voit, il y a un petit peu un duo à deux. Mais très vite, Mick Jagger, étant Mick
06:42Jagger, il va reprendre les vocaux en main, écartant tout le monde. Mick Jagger, il va
06:48inventer un jeu de scène avec les Maracas. Il a deux paires de Maracas, c'est-à-dire qu'il en a
06:54beaucoup plus que les autres, tout de suite quand il arrive sur scène. Et puis, il faut voir aussi
06:59que Mick Jagger et Keith Richard vont écrire des chansons énormes qui vont les mettre au niveau
07:04des Beatles. Justement, Brian, lui, il n'aime pas du tout le tournant que prend le groupe avec
07:09cette chanson, par exemple.
07:21Pourquoi il n'aime pas cette chanson ?
07:22Il la trouve complètement nulle.
07:23Il la trouve nulle, il trouve sa pop. Mais les autres Stones aussi la trouvent nulle. Mick Jagger et Keith Richard ne voulaient pas la
07:29sortir en single. Ils disaient « ça, c'est un truc qu'on a fait rapido ». Et c'est le manager qui dit « moi, j'ai
07:36l'impression que vous avez écrit l'hymne international des rebelles, moi, je voudrais quand même la sortir
07:40en 45 tours ». Et c'est là, ça va être leur numéro un mondial. Et donc, pour Brian, bien sûr, c'est décevant.
07:47Ce n'est pas un strict blues, c'est plutôt du rock garage.
07:51Et le public adore et en redemande et on revoit dans le doc des images de la folie de l'époque.
07:57À l'époque, il n'y a pas un concert de Rolling Stones qui dure plus de 35 minutes et c'est la destruction immédiate.
08:03Il n'y avait pas de sécurité comme aujourd'hui, les gens montent sur scène, arrachent les rideaux.
08:07Les gens montent sur scène, arrachent les cheveux de Mick Jagger, embrassent Brian Jones, les musiciens se battent à coups de guitare.
08:12Parce qu'il faut qu'ils continuent à jouer. S'ils s'arrêtent de jouer, c'est la destruction totale, l'arrêt du concert.
08:18Donc, il y a cette espèce de règle d'or. On y va, on joue, on se casse.
08:22On va continuer à parler de cette époque un peu folle et de la naissance des Rolling Stones.
08:28Vous restez avec nous, Philippe Manoeuvre. D'abord, dans un instant, c'est l'actu des médias qui arrive.
08:32Oui, avec le journal des médias de Julien Piche.