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Il y a les idéologues de l'écologisme (l'écologie politique) qui nous promettent le retour à un état de nature idyllique. Ce nouveau totalitarisme cherche à imposer la décroissance et ses militants les plus extrêmes en appellent à la disparition de l'espèce humaine, considérée comme un cancer pour la planète. De l'autre côté, une foi aveugle dans le tout-technologique incarnée par le courant du transhumanisme, pourrait bientôt façonner un monde tout aussi dangereux. Celui-ci serait contrôlé et surveillé par ceux qui maîtrisent les algorithmes. Après nous avoir plongé dans deux dystopies, "la Collapsocratie", dictature verte décroissante, et "l'Algorithmocratie", monde hyper-technologique vide de sens, Jean-Paul Oury, docteur en histoire des sciences et technologies, l'auteur de "De Gaïa à l'IA - Pour une science libérée de l'écologisme", cherche une voie de sortie pour l'individu. L'auteur s'interroge sur les limites de la science des ingénieurs et celle des législateurs, et nous propose un manifeste de politique scientifique pour échapper aux idéologies de ce nouveau monde et retrouver la libre-responsabilité.

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Transcription
00:00Bonjour à tous. Bienvenue dans notre Zoom aujourd'hui avec Jean-Paul Houry. Bonjour Monsieur.
00:10Bonjour Monsieur.
00:12Jean-Paul Houry, docteur en histoire des sciences et technologies.
00:16Vous êtes l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment « La querelle des OGM » aux presses universitaires de France,
00:22« Le Manifeste des Acteurs Libéraux » et « OGM, moi non plus ».
00:27Alors, vous signez, à la suite de ces ouvrages, une trilogie qui a été commencée par « Greta a tué Einstein »,
00:33ensuite « Greta a ressuscité Einstein » et vous donc publiez le troisième tome de « Gaïa à l'IA »
00:40pour une science libérée de l'écologisme. Je ne sais pas si on le voit correctement, il y a du vert, ça peut peut-être être incrusté.
00:47C'est aux éditions VA. Alors, vous vouliez déjà nous dire un mot introductif sur cet ouvrage
00:54puisqu'il s'agit d'un ouvrage de politique scientifique.
00:57Oui, je voudrais préciser que les trois derniers essais, en fait, sont sur la politique scientifique.
01:02Donc, c'est engagé et ça concerne vraiment tous les citoyens, tous les Français.
01:07On a eu le droit de laisser ça entre les mains des experts, des politiques, des ONG.
01:13C'est à chacun de nous de se prendre en main pour suivre la politique scientifique.
01:19Rien qu'un exemple, on voit le palier de la ménagère de plus en plus cher.
01:25On se dit que c'est l'inflation, on arrête le raisonnement là.
01:28On oublie que derrière, il y a peut-être un problème de sécurité alimentaire.
01:32Et effectivement, il y a de l'insécurité alimentaire puisqu'il y a 37% d'insécurité alimentaire en France.
01:43Et donc, c'est un problème de politique scientifique.
01:46Alors, ces politiques, justement, vous dites qu'ils agissent de plus en plus au nom de la science
01:51pour atteindre ce que l'on appelle aujourd'hui la décroissance.
01:55Vous appelez ceci la collapsocratie.
01:58Mais on est dans un monde aux ressources limitées, évidemment.
02:02Donc, qu'est-ce qui vous choque dans ce mot, dans ce concept de décroissance ?
02:08La collapsocratie, c'est un néologisme que j'ai inventé à partir de collapsologie.
02:14La collapsologie est une science autoproclamée de la décroissance, de l'effondrement,
02:24la science de l'effondrement lancée par Pablo Servigne.
02:27Ça s'inscrit dans le courant malthusien du XVIIIe siècle
02:33qui a revu le jour avec Marshall et Gévanes à la fin du XIXe.
02:37Et puis, dans les années 1970 avec Paul Ehrlich, le club de Rome, et puis Rachel Carson.
02:46Et donc, tout ce courant, aujourd'hui, cherche à démontrer
02:52que l'effondrement est la suite de la civilisation des Lumières.
02:59En s'appuyant sur une citation qui est, ou un motto qui est,
03:06une croissance infinie dans un monde fini est impossible.
03:10Oui, alors qu'est-ce qu'il y a de choquant là-dedans ?
03:12Cette citation paraît logique, mais elle ne l'est pas, puisqu'on est face à deux inconnus.
03:18D'une part, l'imagination humaine est infinie.
03:23Et d'autre part, les ressources dépendent de la capacité de l'imagination humaine.
03:30Non pas que nous soyons capables de créer des ressources,
03:33mais je vais vous donner un exemple.
03:35On a décrété le Peak Oil en 2007.
03:39Et puis, un ingénieur du Texas a découvert le moyen de récupérer du gaz de schiste.
03:46Et on a découvert des réserves de gaz de schiste.
03:50Le Peak Oil, c'est, rappelons-le, le moment où on peut produire le plus de pétrole.
03:57Et passé ce moment-là, la production ne fera que décroître.
04:00Voilà, donc la découverte du gaz de schiste a fait reculer le Peak Oil, en quelque sorte.
04:05Et c'est l'invention d'une technologie qui a…
04:09Vous voyez, on a affaire à une inconnue, une double inconnue,
04:13c'est-à-dire non seulement l'imagination humaine,
04:16et d'autre part, les ressources, qu'il ne faut pas confondre avec les réserves, d'ailleurs.
04:22Mais il y a plus que ça.
04:25Il y a également le fait que les politiques encouragent la décroissance.
04:37Vous avez les dévendeurs de l'ADEME, par exemple, désormais,
04:41donc c'est ça que j'appelle la collapsocratie.
04:44Les politiques encouragent la décroissance.
04:47Vous avez aussi le ministre de l'économie, Éric Lombard,
04:51qui a déclaré récemment que les entreprises devront accepter d'être moins rentables.
04:57Donc la question qui se pose, par rapport à la collapsocratie,
05:02est-ce que c'est le travail des politiques d'encourager la décroissance,
05:06sachant que, comme nous, on vient de le voir,
05:09une croissance infinie dans un monde fini est plutôt douteuse,
05:17est plutôt aléatoire, en quelque sorte.
05:22– Alors à côté de cette collapsocratie,
05:25vous dénoncez le début d'emprise d'une technologie utilisée
05:30dans le but d'asservissement des individus.
05:34Vous appelez ça l'algorithmocratie.
05:37Est-ce que vous pouvez nous dire où vous voyez aujourd'hui
05:40cette tentative d'asservissement des individus ?
05:43– Alors l'algorithmocratie, c'est comme la collapsocratie,
05:46c'est un néologisme que j'ai forgé dans l'ouvrage précédent
05:51qui était Greta à ressusciter Einstein,
05:53et qui visait à nommer ces régimes ou ces politiques
06:02qui se servent des algorithmes pour essayer d'influencer les foules,
06:10de changer les opinions, etc.
06:13Donc par exemple, vous avez une société qui…
06:16– Vous ne conseillez pas sur le fait que les gens puissent faire leurs propres idées,
06:22même en ayant une foule d'informations contradictoires ?
06:25– Eh bien par exemple…
06:26– Ce qu'on nous appelle l'ingérence,
06:28aujourd'hui on dénonce l'ingérence russe aux États-Unis
06:31qui seraient capables de dire aux pauvres américains un peu perdus
06:35il faut que vous votiez pour Trump, sinon vous n'avez rien compris.
06:38– Ça c'est encore un autre problème, ça c'est de l'influence politique.
06:42– Oui, mais dans la manipulation quoi.
06:44– Oui il y a de la manipulation, alors on peut imaginer,
06:48donc cette société d'économie a imaginé par exemple une carte bancaire
06:52qui vous indique votre consommation en termes de crédit carbone,
06:56ça peut être juste informatif ou ça peut être limitant,
06:59donc c'est le début du permis carbone.
07:01En Chine, vous avez du soft power qui s'exprime sous la forme du crédit social
07:06qui s'appelle Sésame Credit, vous avez dû entendre parler,
07:10vous avez un certain nombre de points et puis en fonction de vos actions,
07:14on vous retire des points si vous vous comportez mal, si vous votez mal.
07:19– Mais qu'est-ce qui vous ferait croire que ce crédit social
07:22pourrait être implémenté en France ?
07:24On sait qu'il existe en Chine certainement et puis déjà aussi un peu à Bologne,
07:28vous parlez du…
07:29– Il y a des tests qui ont été faits à Bologne, je vois que vous avez lu.
07:33En France, en Europe, il pourrait très bien être implémenté
07:37puisqu'on a, l'Union Européenne est en train de réfléchir
07:41à une espèce de passeport unique où toutes nos informations seraient reliées.
07:47Et puis on a déjà le DSA comme vous le savez, le Digital Service Act
07:53qui fait que l'Union Européenne veut avoir un droit de regard
07:58sur ce qu'on raconte sur les réseaux sociaux par exemple.
08:01– Mise en place par Thierry Breton.
08:03– Voilà, tout à fait, mise en place par Thierry Breton.
08:06– Mais d'ailleurs, est-ce que ça fonctionne comme ils l'entendaient ce DSA ?
08:11– Visiblement non puisque…
08:13– Qu'est-ce qu'ils attendent pour tous nous mettre sous les verrous
08:16parce qu'on ne dira pas ce qu'il faut ?
08:18– Il y a eu quelques… comment…
08:22des ententes avec X et Facebook.
08:26Donc je pense qu'ils ne s'y attendaient pas et voilà.
08:30– Alors vous dénoncez la nature de l'idéologie écologiste.
08:36Vous dites qu'on est carrément en présence d'une religion
08:39avec ses prêtres et même son propre marketing.
08:43– Alors ce n'est pas moi qui dis ça.
08:45C'est Michael Crichton, l'auteur de Jurassic Park
08:49et puis d'autres auteurs aussi qui essayent de démontrer que…
08:54enfin on dit souvent que l'écologie c'est une religion.
08:58Moi je dis surtout que…
09:01j'essaye de démontrer justement que c'est une idéologie.
09:04Et je la distingue bien de la religion
09:08même s'il y a certaines religions qui se comportent comme des idéologies.
09:11La différence c'est qu'il y a une volonté de pouvoir.
09:14Il y a une volonté de prendre le pouvoir justement
09:17de la part de l'idéologie écologiste.
09:21Et puis c'est surtout une théorie alternative par rapport à la réalité.
09:25Alors n'oublions pas, j'aurais peut-être dû préciser ça avant,
09:31qu'il ne faut pas confondre écologisme, je dis toujours écologisme,
09:34et écologie.
09:36Écologie c'est l'idéologie politique et écologie c'est…
09:40– C'est la science.
09:41– C'est la science qui étudie le rapport entre les êtres
09:44et leur environnement ou entre les êtres entre eux.
09:48Donc l'idéologie est une pseudo-théorie,
09:53c'est une explication alternative au réel.
09:56Moi ça ne me dérange pas qu'on ait une forme de relation
10:00de nature spirituelle avec la nature.
10:04Moi-même j'aime la nature.
10:08– C'est comme la mondialisation et le mondialisme.
10:11Il y a la mondialisation qui est inexorable,
10:15le fait de voir les hommes échanger des biens et des services entre eux,
10:19et le mondialisme qui serait autre chose,
10:21qui serait quasiment comme l'écologisme, dirigé en religion.
10:24– C'est-à-dire une idéologie de la mondialisation, c'est ça ?
10:28Oui, peut-être, en quelque sorte.
10:33Mais si vous voulez, l'idéologie a besoin de s'opposer pour exister.
10:41Elle a besoin de se créer des ennemis, des adversaires.
10:45Et donc pour moi, ma thèse c'est que l'écologisme a voulu faire
10:51une OPA sur le concept de nature pour reprendre celui-ci à la science.
10:55– La science que vous appelez la science prométhéenne,
10:59que vous opposez à cet écologisme. – Exactement.
11:02– Qu'est-ce que ça veut dire la science prométhéenne exactement ?
11:05– Alors la science prométhéenne, je la définissais déjà dans Greta Thunenstein,
11:09où je montrais comment l'écologisme avait fait tomber
11:17la science prométhéenne de son piédestal au travers de quatre tabous.
11:25Les quatre tabous suivants, il est interdit de modifier le vivant,
11:30il est interdit de fissionner l'atome, donc ça c'est pour le nucléaire,
11:35il est interdit de diffuser des ondes, ça c'est les antennes relais,
11:39et puis il est interdit de manipuler les molécules,
11:43ça c'est les pesticides, le Roundup, enfin tout ce que vous voulez.
11:48Donc c'est une des premières entreprises de l'écologisme,
11:52un changement de paradigme de s'en prendre à la science prométhéenne.
11:56La science prométhéenne c'est aussi, on peut la définir comme
12:02la science qui a recours à l'invention, à l'innovation pour changer la nature.
12:07L'invention c'est la découverte bien évidemment,
12:12suite à des recherches scientifiques ou pas, ça peut être du hasard,
12:16et l'innovation c'est la validation de cette invention
12:19par l'opinion publique, par le marché.
12:22Et donc on peut la mesurer, cette science prométhéenne,
12:26en termes de croissance, c'est ce que, je vais vous donner quelques chiffres,
12:30c'est ce que fait Václav Smil, un auteur américain célèbre,
12:34dans un livre qui s'appelle Growth, où il remarque que par exemple,
12:40on est passé de 500 kg de blé par hectare au 19ème siècle,
12:46fin 19ème siècle, à aujourd'hui 6 tonnes de blé par hectare.
12:50Qu'on est passé de 2600 calories jour, on n'arrivait pas à les fournir
12:56avec l'agriculture traditionnelle, et aujourd'hui, 2600 kg calories jour,
13:03c'est le minimum, je dirais vital, pour être en forme,
13:07et aujourd'hui on en est à 3400 kg calories jour, donc c'est supplétif.
13:14La fourniture énergétique, à l'après histoire,
13:19on était à 20 gigajoules par capita, fin 18ème, 25 gigajoules par capita,
13:26et aujourd'hui, 240 gigajoules par capita.
13:29Donc on peut encore donner d'autres chiffres,
13:32début 18ème, 80% des individus vivaient sous le seuil de pauvreté,
13:3920% au-dessus, et les proportions se sont inversées,
13:43aujourd'hui c'est 20% en dessous du seuil de pauvreté,
13:4680% au-dessus du seuil de pauvreté.
13:48– Mais quand vous dites que ces innovations sont, in fine,
13:51validées par le marché, est-ce qu'elles ne doivent pas aussi
13:55être validées par la santé humaine ?
13:57Est-ce qu'on a suffisamment de recul aujourd'hui pour se rendre compte
14:01que la chimie qu'on utilise pour notre agriculture
14:05est si bonne que ça pour nous ?
14:07– La santé humaine semble validée puisqu'on est passé à un âge moyen
14:14de 71,4, ça c'était en 2015, qu'en Chine et en Inde,
14:21le taux de mortalité à la naissance est chuté à 70%,
14:27donc effectivement, on est de plus en plus nombreux,
14:33on est passé également, il nous a fallu 200 000 ans
14:36pour arriver à un premier milliard d'individus sur la planète,
14:40puis il suffit de 120 ans supplémentaires pour arriver au deuxième milliard.
14:44– Mais qu'est-ce que vous répondriez, monsieur, par exemple,
14:46à ceux qui nous disent que l'homme est deux fois moins fertile,
14:50l'homme moderne, que dans les années 60,
14:52est-ce que ce n'est pas dû à notre environnement ?
14:54– C'est un paradoxe de la civilisation qui fait que plus l'homme accède
14:59à la civilisation, plus le taux de remplacement chute,
15:06c'est-à-dire que, ça c'est un argument qui devrait aller en faveur
15:11du malthusianisme, c'est-à-dire qu'on s'aperçoit que tout ce qui est lié
15:17à la civilisation a pour effet de ralentir les naissances.
15:25– Oui, mais vous ne répondez pas à la baisse de la fertilité des hommes.
15:29– Je ne suis pas compétent sur le sujet.
15:32– Bon, alors vous faites la promotion des OGM,
15:34par ailleurs Jean-Paul Horry, ces organismes génétiquement modifiés,
15:39qu'est-ce que vous répondez à ceux, comme les écologistes,
15:43qui dénoncent les apprentis sorciers,
15:45ceux qui, comme vous le disiez tout à l'heure,
15:47veulent modifier le vivant dans leur laboratoire ?
15:50– Alors là, je ne fais pas la promotion des OGM,
15:53j'ai fait une thèse sur les OGM et c'est là, en 2000,
15:56quand j'ai commencé ma thèse, que j'ai commencé à comprendre
15:59ce que c'était l'idéologie écologiste, c'est pour ça que je reprends cet exemple
16:06et je montre surtout, que je l'utilise pour montrer
16:09qu'est-ce que c'est, d'une part, une théorie alternative
16:12par rapport à la réalité, et puis d'autre part,
16:15un développement scientifique qui peut être bénéfique pour l'environnement,
16:20c'est-à-dire que la théorie alternative à la réalité
16:22qui s'oppose aux OGM est contre l'environnement et l'humanité,
16:27alors que cette innovation technologique,
16:31elle montre de véritables succès par rapport à des enjeux environnementaux.
16:37Donc, comment j'ai…
16:41je vais vous parler d'une expérience que j'ai eue
16:43quand j'étais jeune thésard, en 2000,
16:46vous parlez d'apprentis sorciers,
16:49justement, je lisais plein d'articles dans la presse
16:53qui parlaient d'apprentis sorciers, de food frankenfood, etc.
16:58et donc, je me suis dit, ok, je ne sais pas trop quoi penser, etc.
17:07puis un jour, je tombe sur un article de presse régionale locale,
17:14presse quotidienne régionale, qui parlait d'un jardinier amateur
17:17qui avait mis au point une tomate tigrée, mais tout à fait par hasard.
17:21Et là, le journaliste en parlait en termes l'audateur,
17:24l'audateur, oui, et donc il disait du bien,
17:28alors que le gars ne savait pas ce qu'il avait fait,
17:32il avait trouvé son fruit au hasard.
17:36S'il avait fait ça du fin fond d'un laboratoire,
17:40du fond d'un laboratoire, on aurait dit, sans aucun doute,
17:45on l'aurait traité d'apprentis sorciers et de manipulateurs du vivant.
17:53Donc c'est là que j'ai senti qu'il y avait une dissonance
17:55avec le traitement de la réalité, et je me suis dit,
17:58il y a une idéologie qui fait qu'on refuse la transgenèse végétale.
18:03La transgenèse végétale, on le sort, l'idéologie écologiste la sort de la nature.
18:08Et du fait, elle en déduit que, comme c'est avec la transgenèse végétale
18:13qu'on fait des OGM, elle en déduit que les OGM sont mauvais,
18:15ne sont pas naturels.
18:16Bon, la transgenèse végétale fait partie de la nature.
18:19Vous voyez, c'est une réappropriation de la nature par l'idéologie.
18:26Et donc, si on regarde aujourd'hui, 25 ans plus tard,
18:30on a 220 millions d'hectares cultivés d'OGM,
18:36par 27 pays, 90% de petits agresseurs.
18:40Les agriculteurs en profitent.
18:44Des tonnes de pesticides ont été économisées par le fait.
18:49On a des plantes plus résistantes à la sécheresse.
18:52On émet moins de CO2 parce qu'on a moins besoin d'aller dans son champ
18:55pour s'occuper de ses plantes, etc.
19:00– Si c'est si génial que ça, pourquoi les écolos ne crient pas victoire ?
19:04– Allez leur poser la question.
19:06– Alors, vous encouragez aussi, Jean-Paul Houry, dans votre ouvrage,
19:10une science entre les mains des ingénieurs.
19:13Est-ce que ces ingénieurs doivent se fixer des limites ?
19:18– Alors, en fait, il y a des limites au développement de la science des ingénieurs.
19:24C'est ce que j'ai rappelé, parce que l'argument de l'écologie,
19:28c'est toujours dire, d'une part, c'est un développement
19:34qui est anarchique et qui est discontinu par rapport à l'évolution,
19:42par rapport à la nature.
19:44C'est-à-dire qu'ils opposent l'homme et la nature,
19:47et tout ce que fait l'homme est forcément mauvais.
19:50Toute l'évolution, toutes les technologies humaines sont mauvaises,
19:55et sont des externalités négatives par rapport à la nature.
20:00Donc ça, c'est une première chose.
20:02Et ensuite, c'est un développement anarchique.
20:05Moi, j'ai essayé de montrer qu'il y a une continuité et qu'il y a des limites.
20:09Je vais vous donner une limite, si on a encore un peu le temps,
20:13pour vous donner un exemple.
20:16Quand on parle de limites économiques, de mains invisibles du marché,
20:21vous savez sans doute que le moteur électrique a été inventé
20:24quasiment en même temps que le moteur thermique.
20:28Et pourtant, c'est le moteur thermique qui s'est développé,
20:34et pas le moteur électrique.
20:37Et donc ça, c'est un exemple qui prouve qu'il y a des lois, en quelque sorte,
20:44qui font que certains produits se développent avant d'autres.
20:48Alors aujourd'hui, on est obligé de faire de la politique
20:51pour essayer de réimposer le moteur électrique par rapport au moteur thermique.
20:58Voilà.
21:00– D'accord.
21:01Alors cette science, vous allez aussi dénoncer une science des apprentis dictateurs,
21:08donc on en parlait un petit peu tout à l'heure,
21:10qui veulent freiner l'activité humaine jusqu'à la décroissance.
21:15Est-ce qu'il faut contrôler, on en parle beaucoup depuis une vingtaine d'années,
21:20est-ce qu'il faut contrôler l'humanité aujourd'hui pour contrôler le climat ?
21:25– Alors, c'est une question que je traite déjà dans l'ouvrage précédent,
21:29c'est le deuxième changement de paradigme de l'écologisme.
21:33La science des apprentis dictateurs, c'est récupérer la science
21:36pour instaurer des limites et non plus repousser les limites.
21:40Par exemple, on va faire un modèle, une modélisation pour dire
21:44que l'humanité doit vivre dans 19 mètres carrés,
21:48plutôt que de réfléchir par quels moyens, par quels biais
21:56on va pouvoir construire de nouveaux EPR ou des small modular reactors, des SMR, etc.
22:04Donc le réflexe, c'est dire on va créer des nouvelles limites,
22:08on va trouver des lois, on va créer des modélisations,
22:11on va créer des lois et on va freiner le développement
22:16et mettre des limites aux individus.
22:20Alors, pour répondre par rapport à votre question sur le climat,
22:24j'en parle longuement dans le livre, je ne suis pas climatologue,
22:30je me range derrière l'avis général dont certains disent qu'il s'agit d'un consensus.
22:38Toutefois, je suis épistémologue et je sais que le consensus
22:42n'est pas la première qualité qui fait une proposition scientifique.
22:47Ce qui fait une proposition scientifique, c'est la falsifiabilité.
22:53Or, il y a des controverses, on ne peut nier sur le climat.
22:59Moi, j'ai listé dans cet ouvrage une paire de scientifiques,
23:06climatologues ou d'autres spécialités qui, sans contester le réchauffement climatique,
23:14sans remettre en cause la parole du GIEC,
23:18posent des questions sur les causes et les implications.
23:21C'est-à-dire, oui, il y a un réchauffement qui est dû à l'homme,
23:27mais l'homme n'est pas le seul.
23:30On ne peut pas déterminer la part de l'humanité dans ce réchauffement.
23:38Judith Curie, par exemple, propose des modèles qui, eux, sont plus complets
23:44et prennent davantage en compte les causes naturelles du changement climatique.
23:53Ce qui m'intéresse, c'est les controverses sur le climat.
24:01Et puis, les questions en tant que contribuables,
24:07c'est-à-dire, est-ce que les mesures sacrificielles rapportent vraiment quelque chose ?
24:13C'est-à-dire, on dépense de l'argent pour la mitigation,
24:1680% des crédits alloués à la mitigation, 20% à l'adaptation.
24:23Est-ce qu'il ne faudrait pas inverser les proportions à un moment,
24:26puisqu'on ne pose jamais la question de l'adaptation ?
24:29On part du principe qu'on va pouvoir maîtriser le climat, changer le climat,
24:35mais est-ce que ce n'est pas, comme toujours, nous qui devons nous adapter au climat ?
24:42– Alors, vous proposez, et ce sera ma dernière question, Jean-Paul Horry,
24:45une politique alternative à l'écologisme et au transhumanisme.
24:49Quels en seraient les grands axes ?
24:52– Alors, le premier de tous, c'est le scepticisme, c'est douter des idéologies.
24:59C'est ce que je fais dans les ouvrages que j'ai écrits.
25:04Ensuite, c'est remettre la libre responsabilité au centre du jeu.
25:09Si j'ai choisi deux idéologies, qui sont d'une part l'écologisme
25:14et d'autre part le transhumanisme post-humaniste, les deux extrêmes,
25:20ce n'est pas par hasard, c'est pour me dire que je ne dois pas choisir
25:25entre revivre à l'âge des cavernes et me transformer en super-conscience de silicone.
25:36L'idée, c'est quel est le critère politique, de politique scientifique,
25:44pour faire les bons choix et optimiser notre adaptation.
25:52Pour moi, c'est la libre responsabilité, je la mets au cœur de la politique scientifique
25:59comme concept qui permet d'optimiser, d'une part, l'innovation avec la liberté,
26:08et d'autre part, la responsabilité avec le fait que je m'adapte
26:13et je protège l'espèce humaine et les générations à venir.
26:20Concrètement, ça donne quoi ?
26:23Si je dois choisir entre deux types de sources d'énergie,
26:31le nucléaire ou les énergies renouvelables, je remets à plat tout le débat
26:38et je cherche laquelle de ces deux sources optimise davantage ma libre responsabilité.
26:45Je ne dis pas que je veux le nucléaire parce que c'est la technologie, c'est le progrès,
26:49donc c'est la science, donc c'est bien.
26:52Non. Est-ce que ça optimise le mieux ma libre responsabilité ?
26:57De même, pour l'éolien, je me pose la même question, etc.
27:08Il y a dix principes.
27:14Dix principes développés dans votre ouvrage de Gaïa Alia pour une science libérée de l'écologisme.
27:20C'est sur la boutique en ligne de TV Liberté. Merci à vous, monsieur.
27:25Merci, monsieur.

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