Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Il est 11h16, je vous propose d'écouter Bruno Retailleau qui s'est exprimé ce matin sur ce sujet.
00:06Peut-on tuer un enfant de 11 ans parce qu'on a perdu, parce qu'on a été contrarié, parce qu'on est frustré à force d'addiction à des jeux vidéo ?
00:16Ce qui montre bien d'ailleurs que les écrans, les jeux vidéo, il faut y faire très attention, mais très franchement, de là à commettre cet acte absolument irréparable.
00:26C'est absolument terrible et ça montre un ensauvagement, ça montre quelque chose quand même de notre société.
00:32C'est ça qui est difficile et on en parlera tout à l'heure notamment avec Stéphane Clerget de tirer des conclusions définitives sur ce qui me paraît moins un fait divers pur
00:46et qui a toujours existé dans les sociétés françaises et qu'on ne peut pas forcément rattacher à quelque chose de général.
00:56Mais en même temps, c'est vrai que les jeux vidéo, c'est quelque chose qui n'existait pas il y a 50 ans.
01:02Donc on est là en train de naviguer avec parfois des pensées, disons-le, qui sont contradictoires.
01:09On va écouter Thibaud de Montbrial, président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure. Il est invité de Sonia Mabrouk ce matin.
01:16Ce qui est terrible, si on prend un peu de champ et si on regarde ce qui est devenu notre pays en quelques décennies, c'est qu'aujourd'hui autour d'un établissement scolaire, il y a trois menaces.
01:26La première, c'est la menace du prédateur contre les enfants qui est une menace séculaire et qui malheureusement toujours fait partie des sociétés humaines.
01:37C'est pas pour ça, évidemment, qu'il ne faut pas tout faire policièrement et judiciairement pour la minimiser.
01:42La deuxième, c'est la menace terroriste. Et puis la troisième, c'est sans doute la plus terrible en termes sociétal.
01:48C'est que désormais, il y a une violence des jeunes et des mineurs absolument terrifiante avec une banalisation absolue d'un passage à l'acte avec des armes blanches.
01:59Et puis, je voulais vous faire écouter Naïma M. Fadel qui est une éditorialiste qui intervient régulièrement sur l'antenne de CNews et sur Europe 1.
02:06Et elle disait hier, elle portait la voix, j'imagine, de milliers et peut-être millions de femmes.
02:12Et peut-être l'avez-vous écouté, Géraldine ? C'est d'ailleurs la question que je vous ai posée hier.
02:16Est-ce que votre fille est géocalisée ? Et vous m'avez dit oui, bien sûr.
02:21Et votre fille, elle va donc en métro à l'école ?
02:24Je l'accompagne en métro, je la laisse à la station de métro et elle a à peu près 5-7 minutes de marche où je ne suis pas totalement sereine.
02:31J'attends le texto pour me dire, maman, je suis arrivée.
02:34Bon, elle a 13 ans.
02:3512, oui.
02:3612 ans et ça fait partie de la responsabilité aussi d'un enfant à 12 ans, 13 ans dans Paris qui doit pouvoir se mouvoir tout seul.
02:42Exactement, elle n'a pas envie que sa maman l'accompagne devant le collège, ce qui est naturel.
02:45Exactement.
02:46Je vous propose donc d'écouter Naïma M. Fadel qui avec beaucoup d'émotions, hier soir sur CNews, traduisait, je le disais, la pensée de beaucoup de parents.
02:57Je ne l'ai jamais fait attracer mes enfants, j'ai 4 enfants.
03:00J'ai ma gamine de 25 ans, je la trace maintenant.
03:03T'imagines ? T'imagines ?
03:06Donc venir dire comme ça d'une manière tout à fait détachée, on ne peut pas être détaché.
03:11Parce qu'aujourd'hui, dans notre pays, on est en insécurité, on a peur pour nos enfants.
03:16Moi, la petite Louise, ça aurait pu être mon enfant.
03:19Et quelques années, quand je l'ai laissé rentrer de l'école, en primaire déjà, ils allaient à l'école, ils rentraient de l'école.
03:25Là, j'ai une gamine de 25 ans que je géolocalise.
03:28Et elle le sait, vous voyez ?
03:30Et je lui dis, tu prends un Uber.
03:32Le soir, quand c'est fini, à 11h, tu prends un Uber.
03:35Et quand tu rentres, tu me le dis.
03:37Et quand je m'endors, je me réveille pour regarder.
03:40Si ma gamine est bien rentrée à la maison.
03:42Voilà la situation dans laquelle on est aujourd'hui.
03:45Donc il faut savoir entendre cette douleur aussi, et notre peur.
03:49Et nos politiques doivent se saisir de tout cela.
03:51Il faut protéger nos enfants, les innocents, c'est eux qu'il faut protéger en premier.
03:55Naïma M. Fadel, hier soir, sur l'antenne de CNews.
03:59Alors, François Daoust qui écoute, qui est ancien directeur de l'Institut de Recherche en Criminologie de la Gendarmerie Nationale.
04:06Aujourd'hui, vous êtes à la retraite, si j'ai bien compris.
04:08Alors, oui et non.
04:09Oui, de l'Institut de Recherche Criminelle à la Gendarmerie.
04:12Non, parce que je suis toujours le directeur du Centre de Recherche à la Gendarmerie Nationale.
04:15Et je suis aussi le directeur de l'École de Sciences Forensiques, c'est-à-dire la criminalistique, à l'Université CYS-Paris.
04:23La question que je voulais vous poser, c'est, vous êtes entré dans cette vie professionnelle, il y a combien de temps ?
04:29Oh, il y a plus de 35 ans.
04:31Bon, est-ce que vous diriez aujourd'hui que chez, notamment, ces jeunes gens, les choses ont changé ?
04:36Une violence est plus grande ? Ou est-ce qu'elle est séculaire, parfois ?
04:40Et si cette violence a changé, en quoi a-t-elle changé ? Comment a-t-elle changé ?
04:45Ce sont beaucoup de questions, et il y a des questions qui intéressent aussi les sociologues.
04:50Mais, en dehors de ça, ce qui a changé, c'est effectivement ce tissu ou ce fond de violence
04:58et qui a pris, paradoxalement, une montée exponentielle après le confinement.
05:05On voit avant et après, même s'il y avait déjà un mouvement qui était très allant.
05:11Et là, on parle d'une violence entre jeunes, des jeunes vers les adultes, plus de limites.
05:17On voit la moindre dispute dégénère, des armes par destination ou des armes blanches qui sont diffusées.
05:26C'est clair et net là-dessus.
05:29Concernant la petite Louise, je reviendrai à vos paroles initiales.
05:33C'est un petit peu ces agressions séculaires.
05:36Les enfants ont fait l'objet de tout temps d'agressions particulières par des adultes, des jeunes adultes,
05:42ou des adultes pas jeunes non plus, que ce soit pour des motifs de colère,
05:48que ce soit pour des motifs de vengeance, que ce soit pour des motifs sexuels,
05:53sexuels directement ou par destination, par l'intermédiaire d'outils,
05:57c'est-à-dire qu'il y en a qui ont une telle frustration sexuelle
06:00qu'ils vont compenser par des armes et un déchaînement de violence sur le corps de leurs victimes.
06:10Donc, ça ne veut pas dire qu'il faut négliger, bien au contraire.
06:14Si on peut prévenir, ce serait tellement mieux.
06:16Et en tout cas, il y a deux aspects.
06:19L'ensemble de cet ensauvagement de nos jeunes.
06:23Est-ce que c'est le manque d'éducation, d'encadrement, tout ce que l'on veut,
06:26tout ce qui s'est accumulé depuis des années avec l'excuse de minorité qui est toujours poussée à son extrême,
06:33ou au contraire, et les autres faits qui sont des faits liés à la nature humaine propre.
06:40Je crois qu'on a un auditeur avec nous qui s'appelle Stéphane,
06:43qui est chauffeur routier et qui voulait peut-être ou vous poser une question ou nous faire part de son émotion.
06:50Bonjour Stéphane !
06:51Bonjour Pascal !
06:53Vous habitez où Stéphane ?
06:55J'habite à Rouen Pascal, donc on a déjà eu l'occasion de savoir de ton relation à l'antenne régulièrement.
07:02Je suis très très peiné, c'est l'émotion.
07:09Je suis très très ému de par la mort de la petite Louise.
07:13Je voudrais simplement dire que nous, nos enfants, on les accompagnait à l'école, on allait les rechercher déjà.
07:21Moi j'ai un fils qui a 23 ans, le deuxième, on faisait déjà ça il y a 23 ans.
07:26Mais je pense que comment actuellement, c'est vrai que les parents ont de quoi être inquiets quand on entend ce genre de choses.
07:34C'est très triste quand on apprend la mort d'une petite fille de 11 ans.
07:41C'est un mal profond, il n'y a pas de mots pour ça.
07:48Je retiens quand même que vous-même, avec des enfants de 23 ans, à l'époque, donc il y a 10 ou 15 ans, alliez chercher vos enfants.
07:57Donc déjà, pensiez-vous que cette violence existait ?
08:03Et je fais le parallèle avec ma génération où ces sujets-là n'existaient pas.
08:09Je peux témoigner que l'été, je partais, j'avais 8 ans, 9 ans, et j'allais tout seul sur la plage du Pouliguin, quittant ma maison.
08:20Et que jamais mes parents m'ont même dit, je crois, alors on disait si tu rencontres quelqu'un, on disait les choses qu'on disait banalement, tu cours ou des choses comme ça.
08:30Mais en fait, non seulement ça n'existait pas, mais il n'y avait pas aussi tenté que ça existe, c'était tout à fait rarissime.
08:37Et de la même manière, on allait à l'école à pied, bien évidemment, tout seul, on partait le matin, on partait le soir, etc.
08:44Donc ce climat-là n'existait pas.
08:47Donc c'est la question d'ailleurs que je posais à M. Daoust.
08:50C'est toujours difficile d'ailleurs, parce que ce qui est difficile, c'est d'avoir des statistiques précises qui mettent en fiche l'impression que nous avons.
09:03Mais il est certain aujourd'hui que cette affaire du couteau fait que dès que tu vas dans un endroit public,
09:10et dès que le ton monte, tu penses que la personne en face de toi peut sortir un couteau.
09:15Bien sûr que tout le monde pense ça.
09:17Que tu sois en voiture dans un quartier, dans n'importe quel quartier d'ailleurs de Paris,
09:22et que ta tentation, s'il y a quelqu'un par exemple qui est pris à partie, ta tentation c'est peut-être de ne pas t'en mêler.
09:31Parce que la peur est tellement grande, souvent on dit ça, si tu réponds, on ne sait pas qui tu es en face de toi.
09:37On ne sait pas, alors peut-être tu te fais insulter dans la rue, tu ne vas pas répondre.
09:41Parce que tu ne sais pas qui tu es en face de toi.
09:43Et cette affaire du couteau est absolument incidérante.
09:46Mais vous-même Stéphane, par exemple, est-ce que vous avez dans votre travail de chauffeur routier,
09:51un exemple récent d'une violence qui a pu vous surprendre, que ce soit au volant ou en dehors du volant ?
09:59Au volant, c'est des incivilités routières régulièrement, je veux dire des queues de poissons ou des choses comme ça.
10:07Je vais vous rejoindre après sur ce que vous disiez récemment, parce qu'on est quasiment du même âge.
10:14Je dirais simplement que depuis le Covid, les mentalités ont changé, Pascal.
10:18Nous on le voit dans notre métier de chauffeur-livreur, les mentalités ont changé et les gens ont conservé cette mentalité.
10:23C'est-à-dire que nous on était en deuxième ligne, si vous voulez ce qu'on appelle les deuxièmes lignes, et il leur fallait tout, tout de suite.
10:30Donc ils ont gardé un petit peu cette mentalité de tout de suite, et si vous n'avez pas, le temps monte.
10:36Mais nous, il faut savoir que dans nos entreprises, on est paramétré pour canaliser la violence des mots de ces gens-là.
10:42C'est-à-dire que nous, on nous paramètre, on nous forme à redescendre, si vous voulez, la personne qu'on a en face de soi, s'il tombe.
10:51Vous voyez ce que je veux dire ?
10:53Donc on est habitué à ce genre de choses.
10:57On sait très bien que par rapport à la personne qu'on va avoir en face de soi, ça reste une minorité, je vous l'accorde.
11:04Mais il y a toujours une personne qui est censée vous gâcher la journée, et ça peut vite, comme vous disiez, partir en live.
11:10Moi je suis étonné pour que les pouvoirs publics ne fassent pas des grandes campagnes de civisme, pour tout vous dire.
11:16Je pense que le civisme, c'est sûrement un des traits les plus importants dans une société.
11:23Alors c'est quoi une campagne de civisme ?
11:25Par exemple, on pourrait imaginer des publicités, lorsque vous êtes arrêté par un policier, comment vous devez réagir ?
11:31Que devez-vous dire ? Comment vous comportez ça ?
11:36Puisque manifestement, les gens ont perdu ce sens-là.
11:40Peut-être qu'il faut leur réapprendre.
11:42Je vous remercie en tout cas beaucoup Stéphane de votre témoignage.
11:46Je vais remercier également monsieur François Daoust, police technique et scientifique Le Choc du Futur.
11:54C'est également l'occasion de saluer notre ami Jacques Pradel, que j'aime beaucoup, qui vit en Corse je crois.
12:00Jacques vit en Corse, il vient de temps en temps sur Paris, et ça a été un plaisir.
12:05Et bien on l'embrasse parce que c'est un très grand professionnel, et c'est un homme charmant.
12:08Oui, je confirme.
12:09Donc merci, et puis Guillaume, vous allez peut-être aller aux informations et revenir dans la deuxième partie de cette émission.
12:1611h27, à tout de suite.
12:18Restez bien avec nous, la suite de Pascale, croyez-vous, c'est dans un instant sur Europe 1.
12:21Et vous pouvez bien sûr réagir au 01 80 20 39 21.