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Le fameux « équilibre régional », structure politique et culturelle sur laquelle des générations entières d’élites camerounaises ont construit ou tout simplement profité de leur époque est probablement menacé par l’accentuation des écarts dans l’accès à l’éducation entre les zones rurales et les urbaines, sur toute l’étendue du pays. Les Zones d'Education Prioritaire (ZEP) avaient pourtant été pensées comme mécanisme d’égalisation sociale, portant à résorber les disparités qui se creusent en matière d'éducation, dans trois Régions spécifiques : l'Adamaoua, le Nord, l’Est et l'Extrême-Nord. Situation aggravante : le refus de très nombreux fonctionnaires d’aller s’installer dans ces régions enclavées, du fait de la faible ou non disponibilité de biens publics de base, tels que les logements, l’eau courant ou l’électricité. Illustration ici dans les régions du Centre, de l’Est et du Nord.

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00:30Il se pourrait bien que Jodonyi Nyime, proviseur du lycée de Ngelme Duka,
00:49tragiquement disparu le jour de Noël 2024, et dont le corps a été découvert le lendemain par
00:55les habitants du quartier Minka Mayondi, n'ait pas tout à fait été impressionné par les grandes
00:59ruelles posséreuses du centre-ville de Ngelme Duka. Cette localité de bout du monde,
01:06dont il avait été contraint de situer ses habitudes et ses arts de vivre sur les
01:10quatre dernières années d'une vie professionnelle remplie de frustrations diverses et de vexations,
01:15les moindres d'entre toutes n'étant pas d'être confrontés à la difficulté de
01:20se loger et d'avoir accès aux plus élémentaires des commodités.
01:23Raison essentielle pour laquelle, pour prendre la mesure du désenchantement de
01:32ses nombreux fonctionnaires affectés ici, le maire de la ville remutiait les
01:36terres afin de faire sortir ici une cité administrative.
01:40On se rend compte que les choses n'ont pas véritablement bougé tel que nous le souhaitions.
01:51On a pu s'implanter sur les quatre bâtiments qui doivent être implantés. Il n'y a qu'un seul
01:57bâtiment qui a déjà fait l'objet de toutes les fouilles et que les autres bâtiments sont
02:02encore en train d'être implantés. Même l'appareil de chantier n'est pas encore achevé.
02:08Cela démontre simplement qu'il y a eu pas mal de retard. Or, nous souhaitons que les choses
02:14aillent très rapidement et que, à l'échéance de mai 2035, ce chantier soit totalement achevé.
02:21L'urgence d'agir dans cette direction en tout état de cause, car le temps presse.
02:31Depuis des années, en effet, Guelmeduca, comme tant d'autres localités de ce type,
02:38souffre du même syndrome d'abandon de poste qui frappe massivement de très
02:43nombreuses administrations et accentue en fin de compte leur déclassement.
02:46On le voit ici par ces bâtiments couverts de broussailles aux murs rougis par la boue,
02:52dont les portes n'ont pas été ouvertes depuis des mois, voire des années,
02:56et que seuls les lézards et moutons ont pris l'habitude de la fréquentation.
03:00Cet établissement ne tient plus bien. Les directeurs ne font que déserter les
03:09établissements et que tous les enfants de voyages qui partaient fréquenter ailleurs
03:14ont eu des diplômes ici. Voilà des maisons qui sont conçues par des parents. Les directeurs
03:22n'habitent jamais. Ils arrivent, ils désertent. Nous, on ne comprend pas. Nos enfants, à l'heure
03:29actuelle, on peut les appeler, qui sont ici et qui se baladent un peu partout, ne sont pas suivis
03:35par nos directeurs. Nous sommes dans une zone très enclavée. Nous avons des problèmes de routes,
03:42des problèmes de lumière. Ça veut dire que même l'ordinateur, quand on essaie d'exploiter au
03:48niveau des TIC, nous avons des soucis. L'école, en même temps, connaît d'autres soucis comme
03:53des bâtiments que vous voyez. Je suis arrivé ici en 2017 avec ces salles de classe, de l'abri,
04:01mais jusqu'au jour d'aujourd'hui, nous avons toujours ces mêmes problèmes. Malgré les
04:05rapports et tout le reste, nous sommes toujours dans ce genre de situation. Par ailleurs, l'enseignant
04:13qui vient ici connaît beaucoup de problèmes parce que beaucoup d'enseignants sont envoyés ici et
04:18n'arrivent pas à résider. Pourquoi ? Il y a un manque de logements et tout le reste, nous sommes
04:24pratiquement abandonnés comme si nous n'étions pas au Cameroun. Il n'y a pas de réseau, il n'y a pas
04:28de route, il n'y a pas de lumière. Nous essayons de faire avec. Vous voyez, la réalité est là parce
04:35que nous n'avons pas de bâtiment. Vous voyez l'état du bâtiment en matériel provisoire et comme
04:43aujourd'hui il y a eu une grande pluie, les élèves ne pouvaient pas rester là sous les
04:48intempéries. Ils ont préféré repartir à la maison. Quelques élèves sont restés. Voilà la réalité et
04:56sur ce, j'aimerais lancer un grand appel aux élites, surtout au gouvernement camerounais,
05:04de faire un effort pour ces enfants, ces jeunes qui veulent s'épanouir dans l'enseignement,
05:12qui veulent avoir de la connaissance pour un Cameroun de demain.
05:16Y compris à la sous-préfecture, l'occupant du poste confesse son impuissance à agir,
05:32quoique refusant de le dire devant caméra.
05:36Reste aux seules élites de devoir défiler régulièrement, comme ici le 24 mars dernier,
05:52pour entonner l'hymne de leur satisfaction au Père de la Nation.
05:55L'état de santé du lycée technique de Ngedvendouka n'est pas différent de l'état
06:04de santé de tous les autres établissements de la République. Nous connaissons ce que nous
06:10endurons. Quand il faut parler français, nous connaissons ce que nous endurons. Il y a les
06:16infrastructures, il y a le personnel. Les élèves, nous sommes dans une zone rurale où les parents
06:32peinent à payer. L'état se retrouve donc confronté au défi d'établir autrement que par
06:39le seul salaire, l'attractivité de ces nombreuses localités que chacun préfère regarder de loin,
06:44comme des zones exotiques indignes de sédentarisation.

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