Rugby EcoXpert, la chronique de Philippe Spanghero.
Le thème de la chronique ce soir : les finances de la Coupe du monde 2023 et la chute sans fin de la FFR
Au programme :
- Le redressement fiscal de 20,7 millions d'euros a été notifié au GIE qui achetait et commercialisait les programmes voyages
et hospitalités de la Coupe du monde 2023.
- Par effet domino, le trou de la FFR causé par la Coupe du Monde 2023 passerait de 19 à 31 M€.
- Quel impact d’un tel redressement dans les comptes de la FFR ?
- Y-a-t-il péril à Marcoussis ?
- L’ancienne gouvernance peut-elle être attaqué sur le plan judiciaire ?
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##RUGBY_ECOXPERT-2025-02-07##
Le thème de la chronique ce soir : les finances de la Coupe du monde 2023 et la chute sans fin de la FFR
Au programme :
- Le redressement fiscal de 20,7 millions d'euros a été notifié au GIE qui achetait et commercialisait les programmes voyages
et hospitalités de la Coupe du monde 2023.
- Par effet domino, le trou de la FFR causé par la Coupe du Monde 2023 passerait de 19 à 31 M€.
- Quel impact d’un tel redressement dans les comptes de la FFR ?
- Y-a-t-il péril à Marcoussis ?
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Catégorie
🥇
SportTranscription
00:00C'est un an avant, c'est un an avant, quoi.
00:02Sud Radio, la radio du rugby.
00:06Des millions, vous êtes charmante.
00:08Vous voyez ce que ça fait déjà, un million, Larmina ?
00:10Où est l'argent ? Où est l'argent ?
00:14En fait, j'ai retiré de l'argent.
00:16Amis, ouvrez vos cœurs.
00:18N'en ayez pas peur.
00:20L'argent ne fait pas de bonheur.
00:24Shut up and take my money !
00:26On va parler de la Coupe du Monde 2023.
00:28Ça peut réveiller une petite douleur sportive,
00:31mais on ne va pas parler de sport,
00:33on va parler d'économie, de finances.
00:35Plus précisément, la Coupe du Monde 2023,
00:37un redressement fiscal qui fait flancher
00:39la Fédération Française de Rugby.
00:42Ça a été une stupeur cette semaine.
00:44Redressement fiscal de 20,7 millions d'euros.
00:48Ce redressement a été notifié
00:50au groupement d'intérêt économique
00:52qui achetait et commercialisait les programmes
00:54voyage et hospitalité de la Coupe du Monde 2023.
00:56Et par effet domino,
00:58le trou de la Fédération Française de Rugby
01:00causé par la Coupe du Monde 2023
01:02passerait de 19 à 31 millions d'euros.
01:07Philippe Spanguero, c'est la douche froide.
01:11C'est plus que la douche froide, honnêtement.
01:13C'est catastrophique ce qui est en train de se passer.
01:15Alors, en espérant toujours une issue favorable,
01:17et je reviendrai tout à l'heure sur
01:19pourquoi on pourrait légitimement l'espérer,
01:21mais pour préciser aux gens
01:23la façon dont les choses se passent,
01:25en réalité a été créé un GIP,
01:27un groupement d'intérêt public
01:29dont étaient actionnaires la Fédération Française de Rugby,
01:31l'État français et le CNOSS.
01:34Et en émanation de ce GIP
01:36a été créé un GIE,
01:38un groupement d'intérêt économique
01:40qui avait vocation à commercialiser
01:42les prestations liées à la Coupe du Monde,
01:44notamment les prestations d'hospitalité.
01:46Le sujet est assez simple, c'est qu'en fait
01:48vous avez une TVA à 5,5 sur la billetterie
01:51et ensuite une TVA à 19,6
01:53sur les prestations annexes de restauration
01:55et les prestations diverses.
01:57Et quand vous associez la billetterie
01:59à cette autre prestation, vous avez une hospitalité
02:01et la règle, normalement, était que la TVA
02:03était à 19,6.
02:05C'est ce qu'avait précisé Bercy
02:07aux équipes de France 2023 à l'époque.
02:09Et puis, Jean Castex est arrivé
02:11au soutien de France 2023
02:14et a écrit à Bercy
02:16en disant qu'il fallait
02:18autoriser une dérogation
02:20avec une TVA à 5,5 pour
02:22accompagner le GIE et le GIP.
02:24Or, Bercy n'a jamais répondu à ce courrier
02:26que les équipes de France 2023
02:28ont pris pour argent comptant.
02:30Mais en réalité, la règle fiscale
02:32était a priori celle-ci.
02:34Et donc, ils ont fait fi
02:36de la règle fiscale, assez simplement.
02:38Et donc, ce sur quoi
02:40on peut quand même s'interroger,
02:42c'est que dans cette organisation,
02:44je le répète,
02:46le GIE était une émanation du GIP
02:48dont l'État lui-même était actionnaire.
02:50Donc, en réalité,
02:52quand Bercy vient chercher
02:54le GIE sur un redressement
02:56fiscal, il sanctionne
02:58l'État et sa défaillance
03:00aussi dans la gestion
03:02et la gouvernance de cette organisation.
03:04C'est là qu'on se dit
03:06qu'on marche quand même sur la tête.
03:08Mais pour bien comprendre, Philippe Spanguero,
03:10pour que tout le monde ait les mêmes clés,
03:12au moment de créer
03:14ces packages-là pour les hospitalités,
03:16pour qu'il y ait toutes ces prestations
03:18regroupées dans un seul pack,
03:20il y a donc cette question
03:22qui est posée à Bercy
03:24et cette aide de Jean Castex
03:26qui évoque, est-ce qu'on peut passer
03:28cette TVA à 5,5
03:30au lieu de 20% ?
03:32Et là, il n'y a pas de retour.
03:34Comment on peut expliquer
03:36que ce GIE, géré notamment
03:38par Claude Hachet,
03:40part du principe que ce sera
03:425,5%
03:44et puis voilà. Est-ce qu'on peut mettre ça
03:46sur le dos
03:48de l'amateurisme,
03:50d'une fraude volontaire
03:52pour rentrer dans les clous ? Comment on peut l'expliquer ?
03:54Là, il n'y a pas de fraude parce que
03:56clairement, le GIE
03:58n'avait pas d'intérêt direct.
04:00Il y a juste une volonté jusqu'au bout
04:02de faire croire que
04:04les chiffres seront plus ou moins
04:06ceux qui étaient annoncés.
04:08C'est une fraude de communication alors ?
04:10C'était plutôt ça ma question.
04:12Mais bien sûr. C'est une manipulation des chiffres.
04:14Depuis le début. Mais il faut se rendre
04:16compte d'où on part. On part
04:18d'une communication de France 2023
04:20sous Claude Hachet expliquant que la Coupe du Monde
04:22allait générer 200 millions
04:24de résultats. Et puis ensuite,
04:26il y a eu une revoyure des chiffres
04:28et on nous a annoncé 100 millions.
04:30Et puis ensuite, 80.
04:32Et au final, c'est 50 millions de pertes.
04:34C'est hallucinant
04:36ce qui est en train de se passer. Et je ne sais pas si on se
04:38rend compte d'à quel point
04:40le rugby français est en train de le
04:42payer. Parce que là, aujourd'hui, dans les discussions...
04:44Je vais reprendre des mots quand même, Philippe,
04:46de l'équipe de
04:48Claude Hachet et Bernard Laporte à l'époque qui disaient
04:50que cette Coupe du Monde, elle va ruisseler jusqu'au
04:52rugby amateur. C'est peut-être lui
04:54d'ailleurs qui va souffrir en premier et on en parlera
04:56dans quelques instants.
04:58Je veux juste quand même signaler ce que nous dit le journal
05:00l'équipe cette semaine. Il dit
05:02qu'il y a un retour du ministère des Finances
05:04en décembre 2019 à Claude Hachet.
05:06C'est même un avertissement. Il n'y aura
05:08pas de taux réduit possible.
05:10Ça, c'est un point important.
05:12Et derrière, du coup,
05:14selon les impôts, le GIE a fait preuve de
05:16mauvaise foi, de négligence volontaire en gros.
05:18Et il a ajouté donc des
05:20pénalités de 4,5 millions.
05:22C'est pour ça qu'on est arrivé à 20,7
05:24de redressement fiscal.
05:26C'est-à-dire que non seulement on n'a pas écouté ce que
05:28dit Bercy, qui est quand même l'autorité
05:30dirigeante sur ce genre de points.
05:32Et en plus, on a refusé
05:34de l'écouter ensuite et on a
05:36endormi, on va dire.
05:38On a caché l'erreur dans le placard.
05:40Non, mais on a caché l'erreur
05:42dans le placard. Alors, ça porte préjudice
05:44à tout le rugby français. Mais là, quelque part,
05:46ce que je trouve terrible, c'est que
05:48l'AFFR n'est pas en train de demander
05:50une aide à l'État français. On sait
05:52que l'effort doit être consenti par
05:54tout le monde, l'effort budgétaire. Et
05:56il n'est pas question de demander une aide. Il est question
05:58de demander une annulation
06:00d'une dette fiscale
06:02dont l'État est responsable
06:04en tant qu'actionnaire du GIP.
06:06C'est quand même l'État.
06:0837%, c'est ça ?
06:1037% du GIP.
06:12Donc, c'est là où on se
06:14dit que cette histoire, elle est quand même
06:16aberrante parce qu'autour de la table
06:18dans ces discussions-là, l'État
06:20était représenté. Donc,
06:22indirectement, Bercy était représenté.
06:24Et c'est ça que je trouve fou.
06:26Mais aujourd'hui, encore une fois, ce que je trouve
06:28vraiment terrible pour le rugby français
06:30et je me demande combien
06:32de temps on va le payer, et tu as raison
06:34de le préciser, c'est malheureusement
06:36en majorité et prioritairement
06:38le rugby amateur qui va le payer, celui-là même
06:40qui devait en retirer les fruits. Mais
06:42aujourd'hui, l'effort, et ça, il faut
06:44le saluer, il est collectif
06:46et il est en train d'être pris par tout le monde.
06:48C'est-à-dire qu'il y a une information qui est un peu passée à l'asse
06:50mais il y a les joueurs du 15
06:52de France qui ont accepté
06:54de baisser leurs primes
06:56et leurs émoluments en équipe de France
06:58pour participer à l'effort.
07:00Et ça, je crois que quand les joueurs
07:02les premiers montrent l'exemple, il faut
07:04savoir... C'est super, mais combien de temps
07:06il va falloir faire des efforts comme ça
07:08pour rembourser une telle somme ?
07:10Mais des années et des années. Cette situation
07:12économique, elle crispe aussi forcément
07:14les relations entre la Ligue et la Fédération
07:16parce que la Ligue, qui est plutôt
07:18saine financièrement, qui a des moyens
07:20la Fédération peut considérer
07:22que le rugby professionnel doit
07:24participer à l'effort parce que
07:26le socle de la viabilité
07:28du rugby professionnel, il provient du rugby amateur
07:30et donc il y a des discussions
07:32en ce sens en ce moment, mais
07:34encore une fois, on paie les pots cassés
07:36d'une gestion catastrophique
07:38donc quand il y a quelques années, on nous expliquait
07:40que tout ça
07:42était politique et qu'on noircissait le tableau
07:44pour essayer de mettre
07:46en difficulté les gens de l'ancienne
07:48gouvernance, aujourd'hui, mois après
07:50mois, quand les chiffres sortent
07:52la réalité des faits, elle est quand même
07:54implacable et elle est terrible
07:56pour le rugby français parce que
07:58le premier choix, on y revient souvent
08:00mais ça a été celui, comme les autres
08:02nations du Six Nations, de
08:04faire rentrer CVC qui a injecté beaucoup de
08:06cash, qui devait servir au développement
08:08et à la structuration de
08:10la base du rugby amateur
08:12tous les revenus exceptionnels de CVC
08:14n'ont servi qu'à éponger des pertes d'exploitation
08:16et on attendait tellement
08:18de cette Coupe du Monde pour repartir
08:20sur une dynamique positive, qu'au final
08:22elle n'est même pas à l'équilibre
08:24elle laisse des dettes colossales
08:26Est-ce que c'est la Coupe du Monde
08:28dans l'histoire du rugby, est-ce que c'est la Coupe du Monde
08:30la plus néfaste
08:32en termes de retour, la plus déficitaire
08:34pour une fédération qui l'organise ?
08:36Mais bien sûr, c'est
08:38une catastrophe économique
08:40ça ne s'est jamais vu
08:42ça fait mal, non ?
08:44C'est terrible pour le rugby français, et puis on va repréciser
08:46quand même aussi que dans le GIE
08:48au-delà de cette nouvelle
08:50mauvaise nouvelle, il y a eu avant
08:52un dossier qui est quand même hallucinant
08:54c'est-à-dire qu'on a offert
08:56la commercialisation
08:58des hospitalités à l'international
09:00hors de la France
09:02à une société qui s'appelle Daimani
09:04pour un montant de 45 millions d'euros
09:06société à laquelle on a demandé
09:08une caution bancaire que de 12 millions d'euros
09:10ce qui n'arrive jamais
09:12normalement un organisateur
09:14un ayant droit
09:16celui qui donne les droits
09:18il se couvre
09:20à la hauteur de ce qu'il offre
09:22et là donc il s'est passé
09:24ce qui devait se passer, c'est-à-dire que
09:26Daimani s'est engagé sur une caution
09:28de 12 millions pour 45 millions
09:30de produits et ils ont déposé le bilan
09:32et aujourd'hui on est encore
09:34à essayer de trouver
09:36de récupérer les sommes dues
09:38même s'ils ont été condamnés au tribunal
09:40mais c'est toujours compliqué puisque leur
09:42société mère est en Suisse
09:44Phyllis Fanguero, dernière question
09:46est-ce que l'ancienne gouvernance de la Fédération Française de Rugby
09:48peut être attaquée sur le plan judiciaire
09:50pour ses « négligences » ?
09:52Alors en l'occurrence
09:54il y a quand même
09:56je reviens là-dessus, mais l'État
09:58français
10:00est quand même indiscipliné
10:02On n'a pas entendu dans l'affaire pour l'instant
10:04Non on n'a pas entendu mais encore une fois
10:067% du capital, ce n'est pas une
10:08participation symbolique
10:10il y avait quand même un pouvoir
10:12de décision
10:14donc c'est compliqué aujourd'hui de venir
10:16attaquer la Fédération
10:18au-delà, sans compter que
10:20les responsabilités
10:22elles sont quand même plus individuelles
10:24que collectives
10:26on ne va pas tirer sur l'ambulance mais
10:28Claudace a quand même été beaucoup ciblé
10:30dans la mauvaise gestion
10:32dont il est question
10:34et encore question de lui
10:36sur ce sujet-là, puisque c'est lui
10:38qui a pris la liberté
10:40de passer outre les recommandations de Bercy
10:42donc je pense que
10:44le sujet est plus individuel que collectif
10:46en tous les cas
10:48ce qui est terrible, c'est de se dire
10:50que le rugby français
10:52qui est déjà en reconstruction
10:54économique, se retrouve
10:56plombé à nouveau par ça, j'espère qu'il y aura
10:58une issue, alors quels sont les éléments
11:00qui nous permettent d'être un tout petit peu
11:02optimistes ? Il y a celui
11:04que je viens d'évoquer, qui est
11:06le fait de dire que l'État étant actionnaire
11:08il doit prendre aussi sa part
11:10de responsabilité
11:12et accompagner la Fédération
11:14dans cette
11:16négociation avec Bercy, et
11:18deuxièmement, le fait de dire que
11:20cette notion de rescris permettant
11:22une exception sur des
11:24taux de TVA réduits, etc
11:26c'est déjà pratiqué dans le foot
11:28notamment, alors je n'ai pas les détails
11:30techniques et juridiques de la façon
11:32dont ça a été monté et accepté
11:34mais en tous les cas, il y a des précédents
11:36et la FFR s'appuie sur ça aussi
11:38pour prouver sa bonne foi
11:40et expliquer que potentiellement
11:42Bercy aurait pu accepter ça
11:44mais encore une fois, voilà, il y a
11:46un truc à saluer, et c'est important de le dire
11:48les joueurs de l'équipe de France
11:50les premiers, ont accepté
11:52sans sourcier de participer à l'effort
11:54ça je crois que ça n'a pas encore été trop dit
11:56mais c'est quand même important de le souligner
11:58que globalement
12:00la Ligue et la Fédération
12:02ont, je crois
12:04une vision commune
12:06et une envie d'avancer ensemble
12:08et ça, il faut que ça perdure
12:10et en ça, l'élection qui arrive
12:12est très importante dans la consolidation
12:14de ces relations Ligue-Fédé
12:16les enjeux à venir sont
12:18très importants, et puis
12:20malheureusement, le rugby amateur
12:22va en faire les frais
12:24dans une moindre mesure parce que
12:26la Fédération fait ce qu'il faut
12:28mais voilà la situation
12:30honnêtement, je trouve ça
12:32triste, parce que
12:34cette Coupe du Monde
12:36sportivement, elle n'a pas été
12:38ce qu'on attendait, et on se consolait
12:40en se disant qu'on avait
12:42produit un beau spectacle pour le monde
12:44du rugby, pour le pays
12:46et qu'économiquement, ça allait être
12:48un socle pour
12:50une nouvelle dynamique et un rebond du rugby français
12:52et c'est complètement l'inverse
12:54de ce qu'on est en train de vivre et honnêtement, c'est triste
12:56Merci beaucoup Philippe Spanguero
12:58pour cette chronique et donc ce redressement
13:00fiscal qui fait flancher
13:02la Fédération française
13:04de rugby autour de la Coupe du Monde 2023
13:06Merci Philippe, très belle soirée à toi
13:08et encore une fois, une chronique que vous pouvez retrouver
13:10évidemment sur sudradio.fr
13:12on approche du million sur
13:14sur la chaîne Youtube
13:16de Sud Radio, évidemment
13:18sur sudradio.fr, vous avez le direct vidéo, le direct audio
13:20et sur l'application aussi
13:22c'est disponible et en plus ça fonctionne extrêmement bien