Lors de l’Appel Pour l’Égalité du Think & Do Tank Marie Claire, à l’Hôtel de Lassay, à l’Assemblée nationale, plusieurs experts ont échangé autour des enjeux de l’éducation, de l’orientation et de la formation pour favoriser l’égalité femmes-hommes dans les métiers d’avenir.
Frédéric Duval, VP Country Manager France & Belgium chez Amazon, Céline Calvez, Députée de Clichy-Levallois, et Marie-Pierre Rixain, Députée de l’Essonne, partagent leurs analyses et les leviers d’action pour garantir à toutes et tous un accès équitable aux opportunités professionnelles et à des parcours éducatifs inclusifs.
Frédéric Duval, VP Country Manager France & Belgium chez Amazon, Céline Calvez, Députée de Clichy-Levallois, et Marie-Pierre Rixain, Députée de l’Essonne, partagent leurs analyses et les leviers d’action pour garantir à toutes et tous un accès équitable aux opportunités professionnelles et à des parcours éducatifs inclusifs.
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00:00Madame la Présidente, Madame la Ministre, vous avez toutes deux avec clarté et conviction
00:14rappelé que l'égalité femmes-hommes n'est pas seulement un objectif à atteindre mais
00:19un principe fondamental qui doit structurer toutes nos actions et toutes nos politiques.
00:24Votre engagement constant sur ce sujet est une source d'inspiration et un rappel puissant
00:29que cette lutte est loin d'être achevée. Vos propos résonnent avec une actualité où les
00:36inégalités persistent encore dans de nombreux domaines, dans l'accès aux responsabilités,
00:41dans les choix de carrière, dans la rémunération ou encore dans la reconnaissance des contributions
00:47des femmes à la société. Vous nous rappelez que le combat pour l'égalité exige courage,
00:54persévérance et unité. A toutes et tous, je déclare ouvert le premier chapitre de cette
01:02matinée dédié à un sujet essentiel pour l'avenir de notre société, plus de femmes
01:06dans les métiers d'avenir. Nous vivons à une époque où les progrès technologiques,
01:12les défis environnementaux et les transformations économiques redéfinissent en profondeur notre
01:19monde à une vitesse sans précédent. Ces changements ouvrent des opportunités immenses,
01:25mais ils posent également une question cruciale. Comment garantir que ces métiers d'avenir
01:31soient accessibles à toutes et à tous sans distinction de genre? Gwenaëlle Thébault
01:37l'a rappelé en introduction d'ici à 2030, c'est un million de nouveaux emplois qui sont
01:44susceptibles d'être créés dans ces secteurs dits d'avenir. Or, les femmes représentent,
01:48vous le savez, plus de la moitié de la population mondiale, mais elles sont encore sous-représentées
01:54dans de nombreux domaines clés comme les sciences, la technologie, l'ingénierie et
01:59les mathématiques, les fameux secteurs STEM ou encore les métiers émergents liés à
02:04l'intelligence artificielle, à la transition énergétique ou encore aux biotechnologies.
02:10Ce constat ne se limite pas à une simple inégalité, c'est aussi un immense gâchis
02:16de potentiel humain et de créativité. Ensemble, nous allons explorer pourquoi il est urgent
02:22d'agir pour briser ces barrières, comment encourager les jeunes filles à se tourner
02:27vers ces carrières porteuses d'avenir et quelles sont les actions concrètes que nous
02:33pouvons entreprendre dès aujourd'hui pour construire un futur plus inclusif. Car intégrer
02:39davantage de femmes dans ces secteurs, c'est non seulement répondre à une exigence d'égalité,
02:45mais aussi enrichir nos innovations, diversifier nos points de vue et bâtir une société
02:51plus forte et plus juste. Démarrons tout de suite notre première partie de matinée
02:57dédiée aux femmes dans les métiers d'avenir avec le rôle de l'éducation qui est primordial,
03:02vous le savez, dans la lutte contre les inégalités de genre. Et pour en parler, j'appelle tout
03:07de suite Marie-Pierrick Saint, députée de l'Essonne et membre du Haut Conseil à l'égalité
03:12entre les femmes et les hommes, Céline Calvez, députée des Hauts-de-Seine et Frédérique
03:17Duval, VP Country Manager France et Belgique d'Amazon.
03:21Merci à tous les trois d'être venus témoigner. Marie-Pierrick Saint, on commence avec vous.
03:39Déjà peut-être une réaction à ce que vous avez entendu en introduction.
03:43D'abord, peut-être vous dire que la place des femmes dans les métiers d'avenir, au-delà du fait qu'évidemment,
03:53il y a un enjeu, j'ai envie de dire républicain, éthique et absolument scandaleux qu'encore en 2025,
04:01nous soyons toutes et tous ici réunis pour rappeler à quel point il est important que les femmes, les filles,
04:07les jeunes filles puissent avoir leur place dans tous les secteurs d'activité.
04:10Dire aussi que c'est un phénomène en cascade, c'est-à-dire avoir insuffisamment de femmes dans les métiers d'avenir.
04:15Je pense par exemple à l'aérospatiale, ça signifie évidemment en cascade, avoir moins de travaux de recherche
04:23qui concernent précisément des sujets sur lesquels les femmes sont particulièrement concernées.
04:28Je pense notamment par exemple à l'agriculture dans les pays émergents.
04:32Je pense par exemple évidemment aux enjeux de santé et on peut décliner cela évidemment à l'infini quand on parle d'innovation,
04:39de tech, c'est là encore effectivement des enjeux à la fois de santé.
04:43Ce sont des enjeux qui sont liés également aux conditions de travail dans lesquelles les femmes sont les plus nombreuses
04:49et en particulier les métiers du care, quand on pense à l'IA par exemple.
04:52Donc en fait, à chaque fois, c'est une problématique qui est en cascade.
04:56Et la réalité, c'est qu'en effet, à la fois Aurore Berger et Yael Brown-Pivet ont rappelé l'importance d'avoir ce type d'événement
05:04aujourd'hui qui nous réunit et en effet, la réalité, c'est que depuis que nous avons une femme présidente de l'Assemblée nationale,
05:11il faut bien le dire, ici à l'Hôtel de la Serre, à l'Assemblée nationale, il n'y a jamais eu autant d'événements
05:16qui concernent précisément les enjeux d'égalité et la question de la place des femmes à la fois dans les enjeux économiques, sociétaux et institutionnels.
05:25Donc oui, nous avons besoin effectivement d'avoir des femmes qui soient présentes à la fois dans les secteurs d'avenir,
05:32à des postes de responsabilité et qui feront effectivement émerger et découler cela pour l'ensemble de la population.
05:41Parce que faut-il encore rappeler que ces problématiques sont évidemment clés pour les femmes elles-mêmes, mais également pour les hommes,
05:48pour les institutions et j'ai envie de dire pour la performance économique et notre paix sociale.
05:53Et donc vous avez lutté, on l'a entendu, pour les quotas et notamment pour les quotas maintenant dans l'enseignement.
06:00Est-ce que c'est important de s'y prendre dès le plus jeune âge ?
06:06Oui, en effet. Cela a été rappelé. Le texte que j'ai initié porte des quotas, notamment qui s'imposent aux plus grandes entreprises,
06:16des quotas qui sont contraignants. Et vous savez, aujourd'hui, la question que me rapportent un certain nombre d'entreprises, c'est de dire
06:24« Vous savez, madame la députée, on aimerait bien voter les femmes. » Et la réponse, je vous la donne en mille, mais nous n'en trouvons pas.
06:33Sauf qu'en fait, il faut à la fois avoir davantage d'imagination et puis effectivement, il faut regarder plus en amont la question des viviers.
06:41Or, la réalité, c'est qu'il y a une responsabilité en cascade. Il y a une responsabilité, en effet, dès le plus jeune âge, cela a été rappelé,
06:50notamment concernant l'école primaire, le collège, le lycée. Et il y a également une responsabilité qui est liée à l'enseignement supérieur.
06:57Or, aujourd'hui, je le dis parce que les décrets ont été publiés il y a maintenant quasiment un an, c'était en décembre 2023, un décret qui impose,
07:08notamment lié à la loi, un baromètre et un index de l'égalité aux établissements d'enseignement supérieur, avec deux types d'indicateurs.
07:17Les indicateurs qui rappellent les conditions dans lesquelles les jeunes femmes doivent être accueillies dans les établissements d'enseignement supérieur.
07:23Donc, par exemple, le fait qu'il y ait des dispositifs de prévention contre les violences sexuelles, par exemple, mais également un certain nombre d'indicateurs
07:32qui mesurent, et il y en a dix, je pourrais vous les lister si vous voulez, mais vous les retrouverez facilement sur le décret en question,
07:38et qui rappellent très précisément la proportion de femmes à l'entrée de chaque établissement d'enseignement supérieur,
07:44la proportion de jeunes femmes à la sortie de ces établissements, la proportion de jeunes femmes et de garçons à l'intérieur des différentes options,
07:53la question des salaires, Aurore Berger en parlait 24 mois après la sortie de ces établissements sur les salaires entre les filles et les garçons.
08:04Donc, en fait, les outils existent.
08:07Donc maintenant, aux entreprises aussi d'abord de faire en sorte, aux établissements de mettre en place ce décret, et ça c'est le législateur qui veille,
08:15et nous en reparlons avec lui, nous sommes toutes les deux très vigilantes, mais aux entreprises également, j'ai envie d'exercer une forme de pression sur les établissements.
08:24Les entreprises ont des liens avec les établissements d'enseignement supérieur, donc à elles de s'assurer lorsque, par exemple, une taxe d'apprentissage est proposée
08:35à un établissement de s'assurer, peut-être, c'est une forme d'égal conditionnalité à la hauteur des entreprises, de s'assurer que les décrets d'application
08:43sont bien mis en œuvre par les établissements en question. Et donc, c'est une responsabilité en cascade, et je crois que nous y reviendrons après,
08:52et puis ensuite il y a la question effectivement des quotas. Moi, personnellement, je suis absolument favorable à la question notamment des quotas dans les classes préparatoires
09:01parce qu'il y a aujourd'hui des quotas inversés, et je terminerai par là. Peut-être que certaines ou certains d'entre vous ont notamment passé quelques temps
09:11dans une école préparatoire bien connue de Versailles, qui est dans un établissement privé, mais avec contrat avec l'État, et dans lequel il y a un quota inversé
09:22puisque tous les élèves doivent être pensionnaires dans cette classe préparatoire. Or, il n'y a que 30 à 40% de place dans le pensionnat,
09:34et donc forcément c'est une forme de quota inversé. Et on a cela également dans d'autres établissements parisiens très prestigieux.
09:44Donc, effectivement, moi je suis absolument favorable à ce qu'il y ait des quotas, notamment dans les classes préparatoires.
09:50Voilà. Les quotas, mais aussi la budgétisation. Il faut s'y prendre dès cette origine-là, parce que c'est important de prendre en compte l'égalité en amont
10:01dans la budgétisation des politiques publiques, notamment de l'éducation. Céline Calvez.
10:05Merci, Mélie. Bonjour à toutes et à tous. Je voulais rebondir sur la notion des quotas quand même, parce qu'on peut évoluer. Moi-même, j'ai évolué sur la nécessité des quotas.
10:15Et ce que j'ai coutume de dire, et ça va dans le sens de ce que disait Marie-Pierre, les quotas, ce n'est pas seulement un devoir moral pour faire de la place aux femmes,
10:24c'est pour rattraper tous les obstacles que les femmes ont pu connaître dans leur vie, qui sont des préjugés, qui sont effectivement des non-évidences,
10:33alors qu'on a tout le potentiel intellectuel et physique. Eh bien, les quotas, c'est une manière de rattraper tous ces obstacles. Moi, j'y suis favorable.
10:42On l'a vu dans le terrain politique avec la mise en place de la loi parité. On l'a vu dans le terrain économique. Et Marie-Pierre et il y a grandement contribué.
10:51On l'a encore sur les places de quotas dans les écoles d'ingénieurs. Et on a entendu exactement le même type d'argument que nous avions entendu il y a 20 ans, il y a 10 ans.
11:02Et donc, ça veut dire qu'on peut avoir l'espoir qu'on les dépasse. Mais je tiens quand même à éveiller la vigilance de chacune et chacun. On voit très bien,
11:11et Yael Broun-Pivet l'a souligné, le backlash de toutes les politiques d'égalité, de diversité qui sont terriblement convaincues. On en a des exemples tous les jours
11:21par des acteurs à l'international, mais aussi au niveau national. Et donc, cette politique de quotas, il faut qu'on puisse encore y veiller parce que certains
11:30veulent la voir reculer. Donc, ce n'est pas seulement la mettre en place dans d'autres espaces, c'est aussi de pouvoir la maintenir parce que nous ne sommes pas
11:39encore arrivés jusqu'à l'égalité. Et Émilie, vous pointez la budgétisation intégrant l'égalité entre les femmes et les hommes. Qu'est-ce que c'est ? Il y a quelques années,
11:49j'avais pu travailler sur la place des femmes dans les médias et on avait soulevé la question des aides publiques à la presse pour des organes de presse qui ne respectaient pas
11:59vraiment l'égalité. Et donc, on touchait un mot qui a déjà été verbalisé, c'est l'égaconditionnalité. Comment on peut tolérer que de l'argent public vienne contribuer à des entreprises
12:11qui ne respectent pas l'égalité entre les femmes et les hommes ? Et donc, on peut bonifier ces aides, on peut aussi les amoindrir quand on ne met pas en place des politiques
12:21d'égalité suffisantes, mais on peut aussi dire qu'on les conditionne. Et cette réflexion nous a mené au sein de la délégation aux droits des femmes de l'Assemblée nationale
12:31à réfléchir plus globalement sur le rapport entre les finances publiques et l'égalité. Alors, on pourrait se dire qu'on va regarder combien l'État consacre à l'égalité entre les femmes
12:43et les hommes. Et puis, on va regarder un programme, peut-être deux programmes dans le budget de l'État, ce qui ne représente jamais assez, et puis aller un petit peu plus loin
12:53en disant que finalement, dans notre politique de soutien industriel, dans notre politique de l'éducation nationale, est-ce qu'on dépense vraiment dans le sens de l'égalité à chaque fois ?
13:02Et en fait, on peut se rendre compte que, sans le savoir, on va soutenir des projets qui ne contribuent pas à l'égalité et au contraire, parfois, les creusent.
13:11Vous avez eu plein de recherches et d'applications à l'étranger, que ce soit des pays dont on attend souvent qu'ils soient un peu en avance sur nous, la Suède, mais aussi le Maroc,
13:21dont on attend moins, et bien ils ont mis en place une manière de scruter la manière dont on va dépenser, mais aussi prélever ce qui fait nos ressources publiques,
13:31et d'orienter par la mise en place d'indicateurs que ce soit chaque euro de nos finances publiques contribue à l'égalité. C'est un vaste chantier.
13:41Nous avons remis en mai 2023 un rapport, à l'époque, Gabriel Attal, ministre des Comptes publics, fait s'engager la France dans une démarche.
13:49C'est maintenant dans la loi. Il faut maintenant que ce soit appliqué. Ce n'est pas encore le cas. On a une méthodologie qui a été creusée par des inspecteurs des finances,
13:56mais aussi des affaires sociales. Elle est prête ? Elle est là ? Il faut la mettre en place ? Surtout à un moment où nos finances publiques sont contraintes.
14:06Vous le savez, on a de l'endettement, on a du déficit, donc autant bien les dépenser et faire que chaque euro contribue à l'égalité.
14:14C'est important dans le domaine de l'éducation dont on l'a vu. C'est peut-être le premier choix qu'on devrait investir.
14:20Merci, Céline. Dans le domaine de l'éducation, dans le domaine de l'entreprise, on a la chance d'avoir avec nous Monsieur Frédéric Duval.
14:27Alors, chez Amazon, parlez-nous de ce que vous faites et notamment, je crois que vous avez un programme qui s'appelle Futur Engineer qui va dans ce sens. Expliquez-nous.
14:36Merci. Très heureux d'être là aussi. Je suis le quota masculin.
14:41Oui, on a fait le même constat chez Amazon il y a quelques années. C'est que dans nos équipes techniques, on avait moins de représentativité de la population féminine.
14:53Et on s'est demandé ce qu'on pouvait faire pour lutter contre ça à notre niveau. Et on a monté ce programme qui s'appelle Amazon Futur Engineer qui consiste à sensibiliser les jeunes filles,
15:05les étudiants, mais en particulier les jeunes filles à des niveaux bas, c'est-à-dire on va dans les écoles, on va dans les collèges, on va dans les lycées.
15:14On va aussi dans certaines écoles. J'en parlerai un petit peu, mais on sensibilise les jeunes femmes au métier de la tech au moyen de différents programmes.
15:24On est très content parce qu'on est arrivé à désormais un million de jeunes enfants sensibilisés à la fin de l'année 2024. Donc ça commence à faire du volume et on le fait au travers de 3 moyens simples.
15:41La première chose c'est qu'on a mis en place des moyens techniques avec des partenaires comme Tralalaire ou France IOI. On a développé des programmes qui vont dans les écoles pour sensibiliser de façon technique au métier de la tech.
15:55On a créé ce programme qui s'appelle Citizen Code Python. Citizen Code Python c'est un programme qui est gratuit, disponible pour l'ensemble des Français et qui permet de s'entraîner à coder en Python ou en Blocky.
16:12C'est un programme qui est maintenant à 85 000 utilisateurs et qui prend de l'essor et qui sensibilise les jeunes femmes. Nous avons mis à disposition nos salariés. On est une entreprise très paritaire.
16:28En France on est 24 000 salariés mais on est à moitié-moitié jusqu'au comité de direction et donc nos femmes sont là pour inspirer les jeunes filles puisqu'on est une entreprise qui est évidemment très technique.
16:45Une dernière chose c'est qu'on s'est aperçu que certaines femmes ne pouvaient pas faire des études techniques par l'intermédiaire de notre partenariat avec l'Epita et l'Epitech et donc on finance les frais de scolarité d'environ 120 étudiantes désormais, environ 30 par an.
17:01Ce qui fait qu'au bout de la quatrième année, cinquième année, on est à peu près à 120-150 étudiantes qui font des études par notre intermédiaire. C'est ce qu'on fait dans le cadre de Future Engineers et on est très content de le faire.
17:12Merci beaucoup. Marie-Pierre, où est-ce qu'on en est de la loi qui impose effectivement au moins 30% de femmes et d'hommes, on en a parlé dans les instances dirigeantes, à compter du 1er mars 2026 à au moins 40% à compter du 1er mars 2029. Où est-ce qu'on en est ? Est-ce que vous avez des chiffres ?
17:30Alors d'abord, si vous le permettez, je dirais de manière préliminaire que d'abord cette loi, elle ne s'applique pas encore complètement. Et je crois que c'est important de le dire. En effet, il y a urgence à agir et il y a urgence à mettre en place un certain nombre de dispositifs.
17:47Mais si on ne conçoit ce texte que comme un instrument, j'ai envie de dire arithmétique, on passe à côté du texte et on va avoir effectivement des entreprises qui vont de manière un peu artificielle peut-être féminiser leurs instances sans même revoir un certain nombre de fonctionnements à l'intérieur des entreprises.
18:09Donc oui, il y a eu un phénomène d'accélération, c'est-à-dire qu'en l'espace de 4 ans, on a gagné 9 points, donc on a accéléré 3 fois plus vite, j'ai envie de dire, que précédemment.
18:20Donc on était à 18% en début 2020. Nous sommes aujourd'hui à 27,3%. Donc on a gagné en effet 9 points. On a dépassé les Etats-Unis qui sont à 26,4% et qui reculent. Je tiens à le dire aussi.
18:38On a ce phénomène en effet de backlash qui commence à se mettre en place dans les entreprises américaines et en Grande-Bretagne également, où on a à la fois un recul sur le périmètre des cadres et à la fois un recul également parmi les codir et les comex, ce qui n'est pas le cas dans les boards.
19:00Donc on a effectivement une attention à avoir. Ce dispositif législatif qui est assez inédit dans le monde, il faut bien le dire, va j'espère permettre, comme le disait Céline, à ce que nous gardions une vigilance à la fois sur un acquis et qui parfois pourrait être remis en question par des soubresauts idéologiques et qui va nous permettre en effet de tenir bon sur ces quotas.
19:25Donc on a une progression. L'idée, c'est quand même de, je le redis, c'est un dispositif qui vise à accompagner les entreprises. Donc ce sont des entre, ce sont des dispositifs, le législateur, les services de l'État sont à la disposition également des entreprises pour être accompagnés dans ce, dans ce, sur ce chemin.
19:42Mais cela ne peut être opérant que s'il y a véritablement une remise en question à la fois du fonctionnement en matière de recrutement, de rétention des talents et également de faire, de permettre à ce que chacune et chacun trouve sa place dans les entreprises.
20:00Parce qu'on voit bien qu'en effet, en Allemagne, vous avez dû voir des articles récents sur notamment la féminisation de certains comme Execodir, où on a clairement des hommes qui ont été remplacés par des femmes, ce qui n'est pas du tout l'objectif du texte en question.
20:16Donc laissons aux entreprises le temps de pouvoir revoir leur leur modalité de RH et de management. Mais ce sont effectivement des codes qui doivent être profondément être revu pour pouvoir être opérant en vue de l'application de la loi.
20:34Frédéric Duval, je vous voyais réagir. Dites-nous comment ça se passe chez Amazon. Donc on a entendu en France, c'est paritaire, c'est ça? Et dans le monde?
20:42Oui, mais on est une entreprise qui est fondamentalement paritaire et qui le fait par intérêt, par intérêt d'innovation, par intérêt d'équité, de développement d'éthique. Et on est bien persuadé que la parité est une base sur laquelle, évidemment, l'efficacité de l'entreprise va se développer.
21:08Donc on est effectivement en France 24000 salariés et on est très paritaire. Je voudrais juste dire quand même que sur les 24000 salariés, il y en a plus de 22000 qui sont des préparateurs de commandes dans des entrepôts et que dans les métiers de la logistique, on est environ à 45% de femmes et 55% d'hommes, alors que la moyenne française de la logistique est plutôt à 28.
21:32Donc on a fait un énorme effort d'intégration des femmes dans les métiers de la logistique et c'est très important. Et puis on continue à les développer. Et puis, on est aussi constamment à l'écoute et au management des index. On est à 94% sur l'index Pénicaud.
21:54On travaille pour arriver à 100%. Donc on est véritablement engagé dans l'idée d'une parité sur l'entreprise.
22:02Et je crois que l'investissement massif que vous avez fait dans les formations notamment va dans ce sens également.
22:07Oui, on est en train de former véritablement l'ensemble du personnel. On s'est engagé à 50 millions d'euros d'ici 2030 pour former les gens aux technologies nouvelles partout sur le territoire à nouveau d'IA, de cloud, etc.
22:22Mais on va au-delà puisqu'on a aussi pris l'engagement avec notre filiale AWS, Amazon Web Services, de former 600 000 Françaises et Français d'ici 2030, qui ne sont pas des salariés Amazon, aux technologies de l'intelligence artificielle, aux technologies du cloud et aux technologies de la sécurité des données, qui sont les grands piliers de la tech et qui seront nécessaires dans les années qui viennent.
22:50Merci beaucoup, Céline Calves. Peut-être pour conclure cette première table ronde, vous soulignez l'importance de l'inspirationnel et notamment des rôles modèles des femmes, que ce soit dans les médias, mais aussi les fictions. Expliquez-nous.
23:04Quand on parle de l'orientation des filles et des garçons, souvent, et on leur a demandé plusieurs fois, comment tu représentes un chercheur, c'est toujours un vieux monsieur barbu, c'est difficile de se projeter. Il y a vraiment eu un travail, je souligne, parce que je vois Eleanor Thomas qui représente notamment l'Oréal pour le travail qui a été fait par la Fondation pour les femmes et les sciences.
23:30En fait, cette fondation a plus de 25 ans, je crois maintenant, et ça a permis de voir qu'il fallait de plus en plus parler et montrer des modèles, pas forcément des femmes qui sont au bout d'une carrière phénoménale en sciences, mais aussi de pouvoir faire dialoguer peut-être des chercheurs qui ont 28 ans ou même des gens qui s'engagent dans des études pour les faire parler avec des collégiens.
23:54Et je pense que ça, c'est ça nous a permis aussi d'avoir de plus en plus de modèles et de voir comment on pouvait faire interagir ces modèles et ces modèles. Il faut qu'on les voit. Alors il faut qu'on les voit quand beaucoup et je sais qu'il y a des intervenants dans les collèges et les lycées.
24:09J'en ai vu aujourd'hui qui vont témoigner de leur carrière et répondre comme ça. Mais il faut aussi qu'on les voit dans tout ce que sont les médias, qu'ils soient traditionnels ou que ça soit les réseaux sociaux. Et ça, il faut qu'on les encourage. Vous savez, on a toujours été très marqué par des films, par des séries et la manière dont sont représentées parfois les femmes dans ces fictions ne sont pas forcément à leur avantage.
24:36Il existe le test de Bechdel qui permet de montrer, vous le savez, je vois quelques têtes qui opinent. En fait, ça nous permet de voir dans quelle mesure on parle des femmes et qu'elles ne sont pas juste en train de parler des hommes, par exemple. Et bien là, c'est d'encourager à ce que les créateurs puissent nous offrir des modèles qui sont calqués sur des vrais modèles.
24:57D'ailleurs, on a. Je me souviens, en 2018, quand Marie-Pierre présidait la délégation des droits des femmes, il y a eu tout un travail qu'on a fait sur les femmes et les sciences. Et c'est bien de montrer que des programmatrices reconnues dans leur domaine. Et bien, ils pouvaient être aussi des femmes qui avaient de la pêche, qui arrivaient aussi à montrer qu'elles n'étaient pas simplement des codeuses, même si Python peut être passionnant.
25:20On peut aussi montrer que ce sont des femmes actives et ça peut inspirer. Moi, j'ai vu des jeunes de 13, 14 ans se dire. Ah oui, ça m'intéresse davantage. Et puis, peut-être aussi. Et c'est aussi la tenue de cette journée qui me fait penser à ça. On parle des métiers d'avenir.
25:38Mais à nous aussi de montrer que les métiers qui sont occupés parfois aujourd'hui par les femmes sont les métiers d'avenir. On a parlé des métiers du CAIR tout à l'heure. Mais en fait, de dire aussi que c'est pas seulement de mettre davantage de place pour les femmes dans les métiers d'avenir. C'est peut-être de reconsidérer aussi.
25:55Quels sont les métiers qu'on considère comme étant de l'avenir ? Est-ce que c'est forcément que les STEM ? Pas forcément. On sait que les STEM vont avoir beaucoup d'importance pour tous les métiers. Tous les métiers, que ce soit du social jusqu'à la recherche la plus économétrique possible. Donc, je pense aussi de la manière dont on doit qualifier les métiers d'avenir. Il faut qu'on réfléchisse aussi à peut-être changer un peu de discours sur ce qu'on qualifie.
26:20Donc, les modèles vous en êtes. Les modèles aujourd'hui, cet événement, contribuent aussi à en montrer. Eh bien, quand on est un modèle, la seule responsabilité qu'on a, c'est de se montrer, d'en parler et de communiquer notre passion pour que ce soit le métier ou le domaine dans lequel on est. Merci à vous par votre présence et par votre action d'y contribuer.
26:42Ce que fait très bien le magazine Marie-Claire d'ailleurs. Merci beaucoup à tous les trois. Je vais vous laisser rejoindre nos deux charmantes coprésidentes pour la photo.