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00:00Le patron de Renault, Luca De Meo, a été auditionné mardi après-midi à l'Assemblée nationale.
00:05La chasse au grand patron continue après les charges de la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.
00:11Il coule le pays, les rats quittent le navire, 2h30 d'audition et une question est arrivée,
00:18celle de Benjamin Luca, député du Nouveau Front Populaire sur sa rémunération.
00:24Votre rémunération, dit-il, en 2024, est-ce que vous pensez que moralement, intellectuellement, par la force de votre travail,
00:30vous valez 260 travailleurs ? Et le patron de Renault lui a répondu.
00:37On peut peut-être écouter et rappeler ce que disait Sophie Binet il y a quelques jours.
00:41Ses propos, ses comportements sont à l'image du comportement des grands patrons aujourd'hui qui coulent le pays.
00:46Ils n'en ont plus rien à faire de la France, ils n'en ont plus rien à faire de l'intérêt général.
00:51Leur seul objectif, c'est l'appât du gain. Moi j'ai envie de dire, les rats quittent le navire, voilà ce qu'on voit aujourd'hui.
00:58Évidemment, c'est un ton, une couleur qui n'a pas existé toujours dans la société française,
01:05notamment de la part de l'extrême gauche. On a le sentiment aujourd'hui que tout est permis,
01:11et tout est permis avec cet échange entre Benjamin Luca, député du Nouveau Front Populaire,
01:17et Lucas Déméau, directeur général du groupe Renault, écouté hier à l'Assemblée Nationale.
01:22Vous disiez tout à l'heure, tout le monde souffre. Je trouvais ça assez curieux parce que votre rémunération l'année 2024,
01:29c'est 1,7 million d'euros fixes annuels, plus 30% quand même en 2024, ça fera sans doute rêver beaucoup de salariés qui nous regardent.
01:365,5 millions d'euros sur un an hors actions, c'est-à-dire l'équivalent, pour qu'on ait bien en tête ce que ça représente,
01:42de 260 personnes au SMIC. C'est à peu près le nombre de salariés qu'il y a au Fondry de Bretagne, 260, ils sont 300.
01:49Ma question, elle est donc simple. Est-ce que vous pensez, monsieur le directeur général, que moralement, intellectuellement,
01:55par la force de votre travail, vous valez 260 travailleurs ?
01:59Ça, c'est toujours très facile. Je pense qu'il faut aussi comprendre que des gens comme nous, ils sont là parce qu'on a derrière nous
02:07une carrière de 20 ans, 30 ans, etc., où toutes les années, on a dû démontrer des résultats. Et quand nous, on fait des résultats,
02:16on crée de la valeur. Et je peux vous dire une chose, moi, je travaille 60, 70, 80 heures par semaine. Vous pensez que je dors la nuit tranquille
02:24quand il y a ce type de problème ? Donc ne me prenez pas de ce côté-là, parce que nous aussi, on est des travailleurs.
02:30On est des gens qui mettent tout et risquent tout dans le truc. Ça, c'est la vérité.
02:35Moi, je suis quand même étonné que la représentation nationale, aujourd'hui, fasse subir un interrogatoire à un patron qui défend tous les jours
02:43une entreprise et lui demande si intellectuellement et moralement, il vaut ce salaire-là. Alors, moralement, ça n'a pas de sens.
02:52On est dans un système d'offres et de demandes. Moralement, le salaire de monsieur Mbappé vaut le salaire d'un jardinier, d'une femme de ménage
03:02ou de quelqu'un qui est au SMIC. Il n'y a pas de souci là-dessus. Il se trouve qu'après, tu es dans un système d'offres et de demandes.
03:10Ce n'est pas l'état de fixer ce prix-là. C'est le système dans lequel nous évoluons. Il y en a d'autres systèmes.
03:15Il se trouve que ce système, il a plein de défauts, le système des capitalistes, mais c'est le moins mauvais.
03:20Les autres systèmes, visiblement, on a vu où ils ont mené et souvent à un approverissement général.
03:29Alors peut-être peut-on réagir sur à la fois cette question et peut-être sur cette réponse. Je ne sais pas avec qui nous sommes. Nous sommes avec Pierre, je crois.
03:36Bonjour Pierre et merci. Pierre, vous faites quoi dans la vie ?
03:42Moi, je suis commerçant artisan poissonnier sur les marchés.
03:46Ah oui, vous nous avez appelé l'autre jour, effectivement. Je me souviens, à 2-3 heures du matin.
03:52D'ailleurs, ce monsieur qui demande à un grand patron si son salaire est moralement acceptable,
03:59je pourrais lui poser de la même manière à lui, puisque lui, il gagne beaucoup plus que peut-être une femme de ménage, même sans doute.
04:06Donc, au nom de quoi, pourquoi, gagne-t-il plus ? Gagne 5 fois, 6 fois, c'est moralement pas acceptable, peut-être.
04:13Je peux aller jusqu'où ça s'arrête. Mais en revanche, ce qui m'intéresse, c'est votre avis sur les grands patrons et sur les rémunérations. Quel est votre sentiment ?
04:24Alors, moi, je ne sais pas si je suis salarié. Alors moi, j'en ai marre de ces gens qui crachent toujours sur les patrons, comme Madame Binet et une partie de la gauche.
04:32On a besoin des grands patrons, c'est eux qui nous donnent de l'emploi. Ils sont assez taxés, ils payent pas mal de charges.
04:41On a besoin d'eux comme nous on a besoin d'eux, comme eux, ils ont besoin de nous. Et moi, je commence à en avoir marre.
04:47À force de taper sur les grands patrons, tous ces gens-là vont finir par partir. Et après, on n'aura plus d'aide, on n'aura plus d'économie, on n'aura plus de salaire, plus d'emploi.
04:59Et après, on fait comment ? Alors moi, je n'arrive pas à comprendre ces gens-là qui passent leur temps à cracher sur les patrons.
05:05Mais on a besoin des grands patrons, ils nous donnent beaucoup d'emploi, c'est grâce à eux qu'on travaille. Alors, je n'arrive pas à comprendre ça.
05:12Moi, j'arrive assez bien à le comprendre. Le nerf de la guerre, c'est l'argent. Et tous ces gens, il y a une part de ressentiment, d'aigreur, de passion triste qui s'exprime à travers quelque chose de simple, c'est l'argent.
05:24C'est-à-dire que, d'ailleurs, ce monsieur, il gagne sans doute bien sa vie, puisqu'il est député. Mais au fond, ce qui rend fou, peut-être, c'est que d'autres gagnent mieux que lui, visiblement, ou vivent dans des conditions que lui n'a pas.
05:40C'est humain, on peut remettre en cause tous les systèmes dans lesquels nous sommes. Je vous le répète, le système capitaliste, il a plein de défauts.
05:51Franchement, il a énormément de défauts. Jusqu'à aujourd'hui, le capitalisme tel qu'il est en France, parce qu'il est quand même très tempéré, c'est pas la jungle, il y a beaucoup de redistribution.
06:03Un grand patron qui gagne beaucoup d'argent, il paye beaucoup d'impôts, il redistribue. Et croyez-moi, il donne plus à l'État que monsieur Benjamin Lucas, par définition.
06:15Mais il n'empêche que pour certains, l'argent, l'argent, l'argent est au cœur de leur vie. Et ils n'arrivent pas à se départir de ça. Il ne suffit pas tant d'être heureux, encore faut-il que les autres ne le soient pas.
06:27C'est un peu la motivation, souvent, de ces gens.
06:31Je peux parler ?
06:33Oui, je vous en prie.
06:35Je veux dire une seule chose. C'est juste pour vous dire, les patrons, quand ils créent des emplois ou qu'ils créent sa propre boîte, c'est normal qu'ils gagnent plus que nous. C'est tout à fait logique.
06:46Lui, du jour au lendemain, il peut tout perdre. Alors moi, je ne comprends pas de cracher sur tous les patrons. On a besoin d'eux comme on a besoin d'eux pour travailler.
06:56Alors moi, je n'arrive pas à comprendre ça. À force, à force, à force, tous les patrons, vous voyez, il y en a plein qui sont venus à la télé. Il y a eu Michelin, il y a Bernard Arnault, il y a eu Renaud.
07:07Mais à force, ils sont en train de tirer un signal d'alarme. Et ces gens-là qui crachent sur eux, ils n'ont pas compris. À force, ils vont tous partir, on n'aura plus rien.
07:15Mais ils ne partiront pas d'ailleurs, parce que personne n'a envie de quitter la France. Mais c'est vrai que c'est un climat qui ne favorise pas la prise de risque, bien évidemment.
07:25Aujourd'hui, qui ne favorise pas... Vous savez, lorsqu'on voit l'itinéraire souvent de ceux qui sont devenus les chefs d'entreprise, ce qui les définit, c'est la prise de risque.
07:39Souvent, ils ont fait tapis. C'est-à-dire qu'ils étaient salariés, puis ils ont quitté leur boîte dans laquelle ils étaient salariés. Ils ont hypothéqué leur maison.
07:49Ils sont allés voir le banquier, puis ils sont partis avec généralement très peu d'argent. Je parle des PME, des petites entreprises. Souvent, ça se passe comme ça.
07:57Et puis, certains ont gagné. Et puis d'autres, parfois, ont eu davantage de difficultés.