Avec Sylvain Grataloup, Président de l’UNPI (Union nationale des propriétaires immobiliers)
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00:00Le Petit Matin Sud Radio, 5h-7h, Benjamin Aiglaise.
00:066h38 Sud Radio, la vie en vrai, le budget 2025 finalement adopté.
00:11En attendant, on verra ce qu'il en est d'émotions de censure demain soumises à l'Assemblée Nationale.
00:15En tout cas, deux dents dans ce budget de nombreuses mesures.
00:18Concernent l'immobilier, l'élargissement du prêt-à-tôt zéro, la baisse de l'enveloppe pour MaPrimeRénov'
00:23ou encore l'augmentation de droits de mutation.
00:25Ça concerne tous les propriétaires, ils sont pas loin de 20 millions dans ce pays.
00:29C'est aussi ceux qui souhaitent le devenir.
00:31On fait le point avec vous, Sylvain Grattaloup. Bonjour.
00:34Bonjour.
00:35Président de l'UNPI, l'Union Nationale des Propriétaires Immobiliers,
00:40l'adoption du budget était très attendue de la part du secteur de l'immobilier,
00:44secteur en crise, est-il nécessaire de le rappeler ?
00:47C'est un soulagement qu'il ait été enfin adopté, ce budget, Sylvain Grattaloup ?
00:53Oui et non. C'est un soulagement, oui et non. Pourquoi ?
00:56Parce que d'abord, on ne sait pas encore ce qui va se passer avec la boussole de censure qui va être votée.
01:01On commence un peu à s'habituer à cette instabilité politique qui est vraiment préjudiciable
01:05à une vraie politique du logement.
01:07C'est un soulagement parce qu'il y a effectivement quelques mesures qui sont prises
01:12en faveur de l'immobilier et du logement en général.
01:16Le Premier ministre l'avait annoncé dans sa déclaration politique générale.
01:20Pour autant, il n'est pas certain que les mesures qui soient prises soient très pertinentes
01:26parce qu'en réalité, on valorise essentiellement la construction du neuf.
01:32Alors nous, à l'UNPI, on est contre le neuf.
01:35On soutient la propriété comme valeur fondamentale.
01:38Pour autant, on valorise le neuf au mépris du ZAN, de cette zéro artificiation nette,
01:45des possibilités de densification des centres-villes.
01:48Et que font ce que sont ces mesures pour tous ces propriétaires
01:53qui sont notamment propriétaires de logements qu'il faut rénover,
01:57de logements vacants qui ne cessent de croître.
02:00Et aujourd'hui, plutôt que de construire, il y a urgence à rénover le parc existant
02:06plutôt que de construire du neuf.
02:08Alors bien sûr que la construction du neuf est importante en résiduel,
02:12mais il y a aussi des propriétaires extrêmement inquiets
02:15parce qu'ils sont propriétaires de logements qu'il faut rénover.
02:20Mais il faut relancer la construction pour quoi ?
02:23Pour construire des logements ou pour sauver des filières ?
02:26Je crois que l'objectif à atteindre avant tout, c'est de loger des Français.
02:29Donc il y a à la fois pour loger des Français de l'existant, de l'ancien,
02:33et puis il y a aussi du neuf.
02:35L'ensemble des mesures ici, si on regarde bien,
02:38ne concernent que le neuf et pas l'ancien.
02:40On rabote la prime d'après-midi.
02:42C'est le cas, si je peux me permettre Sylvain Grattaloup,
02:44c'est le cas notamment de l'élargissement du Préatozéro,
02:47accessible pour l'achat de logements neufs sur tout le territoire,
02:51y compris dans les zones rurales.
02:53Ça veut dire qu'ici, ce que vous demandez,
02:55c'est que ça soit étendu à l'ancien également ?
02:58Mais bien sûr.
03:00Parce que les centres-villes contiennent des logements
03:03qu'il faudrait rénover.
03:05Les centres-villes se vident.
03:08Et aujourd'hui, on va construire, on va accélérer
03:12non seulement la construction, mais aussi l'éclatement de la population
03:15aux périphéries des villes.
03:17Parallèlement, on rabote ma prime réneuve.
03:19C'est-à-dire qu'on dit « rénover, rénover ».
03:21Et si vous ne rénovez pas, il y aura une interdiction
03:23notamment pour les étiquettes G de louer.
03:26Et on diminue les aides qui sont apportées.
03:29Il n'y a aucune modification qui est prévue dans le calendrier
03:31pour les étiquettes énergétiques.
03:33Les propriétaires sont inquiets.
03:35Et aujourd'hui, ils sont en phase d'arbitrage.
03:37Ils sont dans une impasse.
03:39Et il y a une vraie crise sociale qui va venir.
03:41Parce que là, on s'occupe de 2025 avec le G.
03:45Mais après, vous connaissez les chanciers,
03:47on fait F, E, D, C et B.
03:51C'est-à-dire qu'à un moment donné,
03:53sur toutes ces années-là,
03:55on va avoir des propriétaires qui ne pourront plus rénover
03:57et qui vont abandonner la propriété
04:00au profit de valeurs mobilières et de placements.
04:04Je crois que l'un n'empêche pas l'autre.
04:06Mais pourquoi ne pas soutenir aussi l'existant
04:10dans la rénovation et dans l'acquisition ?
04:12Alors le gouvernement nuance un petit peu
04:14le diagnostic que vous faites sur MaPrimeRénov'.
04:18Notamment les crédits qui vont baisser,
04:20les crédits alloués pour MaPrimeRénov'
04:22de 460 millions d'euros.
04:24C'était, si je ne me trompe pas,
04:26prévu à l'origine une baisse de 700 millions.
04:28Donc c'est peut-être un moindre mal,
04:30un signal donné par le gouvernement ici, non ?
04:33C'est un moindre mal, bien sûr.
04:35Mais ceci étant, ça reste un mauvais signal.
04:37Comment peut-on encourager les propriétaires
04:41à rénover et par la même occasion les sanctionner
04:43s'ils ne le font pas, alors même que les aides
04:45qui sont offertes diminuent ?
04:47Elles diminuent moins, peut-être, mais elles diminuent.
04:49Et parallèlement, qu'est-ce qu'on fait ?
04:51On va encourager la construction
04:53alors qu'on a de l'existant.
04:55C'est incompréhensible.
04:57Les 600 000 logements qui ont été retirés
04:59du marché locatif
05:01dès le 1er janvier 2025
05:03à cause des étiquettes qui sont l'étiquette G,
05:05qu'est-ce qu'on en fait ?
05:07Si on pouvait faciliter cette rénovation,
05:09on remettrait immédiatement 600 000 logements.
05:11Quand on construit,
05:13la construction ne sera pas immédiate,
05:15il faut attendre deux ans
05:17avant même que ceux
05:19qui font l'acquisition de ces logements neufs
05:21puissent emménager.
05:23Donc on a des solutions qui sont immédiates.
05:25Dans un premier temps, c'est rénover le parc existant,
05:27éventuellement construire dans des zones,
05:29parce que le territoire français est extrêmement hétérogène,
05:31il y a des endroits où il faut construire
05:33parce qu'effectivement, on a besoin de logements.
05:35Mais on a un parc immobilier
05:37qui est extraordinaire,
05:39qui est la vraie pierre,
05:41qui est du vrai logement,
05:43qui est beau, et on va construire dans des conditions
05:45qui vont être difficiles parce qu'il y a un problème
05:47de financement.
05:49– Ce que vous dites là, vous êtes en contact
05:51avec le gouvernement,
05:53Sylvain Gradaloup,
05:55qu'est-ce qu'on vous répond ? Parce que c'est vrai qu'on a l'impression
05:57à vous entendre qu'on marche un petit peu sur la tête
05:59à ce niveau-là, comment justifie
06:01le gouvernement ? Qu'est-ce qu'il vous répond ?
06:03– La réponse est extrêmement simple.
06:05Oui M. Gradaloup, on est d'accord avec vous,
06:07on est d'accord avec vous, sauf qu'il y a
06:0911 groupes parlementaires aujourd'hui
06:11au Parlement, et il n'y a pas
06:13de consensus qui peut se dégager.
06:15C'est qu'une recherche de consensus pour l'instant
06:17au Parlement, et chacun essaye d'y mettre
06:19sa petite note.
06:21Donc si vous voulez, c'est le problème
06:23d'un Parlement qui aujourd'hui
06:25n'a pas de ligne de conduite,
06:27de perspective, et qui
06:29essaye, par rapport
06:31à des pressions diverses et variées,
06:33de faire passer telle ou telle mesure.
06:35Je crois qu'il y a aujourd'hui,
06:37et les choses doivent être claires, des Français
06:39qui doivent être logés, des Français qui sont
06:41propriétaires et qui sont embarrassés, même plus
06:43qu'embarrassés, qui sont inquiets, parce qu'ils ne
06:45savent pas quoi faire de leur bien,
06:47et plutôt que de les soutenir, de les aider
06:49dans un premier temps, c'est-à-dire de s'occuper
06:51de cela, eh bien on va
06:53aider une filière qui est celle de la construction.
06:55Bien sûr qu'il y a lieu de s'inquiéter
06:57quand on ne construit pas, mais en fait ce qui
06:59pose difficulté, c'est qu'il faut aussi envisager
07:01que ces professions
07:03se réinventent. La sur-élévation,
07:05les dents creuses, les divisions
07:07parcellaires, la rénovation globale,
07:09ça ce sont des niches extraordinaires
07:11pour ces entreprises, mais c'est tellement
07:13plus facile aussi de construire du neuf
07:15en périphérie, dans des conditions
07:17qui sont beaucoup plus aisées.
07:19Sylvain Grattaloup, merci, c'était très clair. Merci d'avoir
07:21été avec nous ce matin sur Sud Radio, président
07:23de l'UNPEI, l'Union Nationale
07:25des Propriétaires Immobiliers. Merci d'avoir été
07:27avec nous ce matin sur Sud Radio.